lundi 4 septembre 2006

des séductions du bouddhisme



"Après avoir été percuté par le bouddhisme, j’ai cru que plus jamais je ne pourrais réécrire sur mon blog" nous déclare le jeune John W., actuellement en convalescence à son domicile et contacté par nos équipes sur le terrain de Handicap International. "…surtout que la cyberdépendance y est replacée dans une perspective plus vaste, qui est celle d’une turpitude samsarique sans aucune prééminence vis à vis des autres, ce qui fout une bonne claque aux objectifs premiers de mon blog" ajoute-t’il d’une voix brisée par l’émotion.
"Vous allez rire, mais je ne vais sans doute pas pouvoir caser pratique spirituelle, forums, blog, taf, famille, maisons et jardins dans la même vie.

Il va falloir faire des choix.

J’arrète là.

C’est là qu’il faut rire.

Finalement, ils m’ont quand même bien fait un deuxième trou.
J’espère qu’un peu d’air pourra passer dedans.

Lu dans "Le Monde des Religions" de juillet-aout 2006, sans doute encore en kiosque, un dossier comparatif genre "Que choisir" assumé et pas mal fait :

"S’il y a une vraie différence entre nos deux religions en matière d’altruisme et de progression spirituelle, elle est plutôt à rechercher du côté de la place qu’y tient la sagesse ou gnose. Pour le Dharma en effet, la connaissance et l’amour sont inséparables comme le jour et la nuit, de même que la vacuité et les apparences ordinaires. D’où une culture de l’expérience métaphysique directe qui s’incarne dans la richesse des méthodes spirituelles - « les moyens habiles » - développées par les traditions bouddhistes. Transmise par des guides qualifiés, cette « technoscience de l’esprit » pèse de tout son poids sur l’actuel succès du bouddhisme en Occident, avide de sa philosophie puissante, sa psychologie subtile et son arsenal pratique. Il suffit de voir la diversité fascinante des rituels, méditations, yogas déployés par son courant tibétain… Des expédients les plus concrets (reliques, porte-bonheur bénis, images saintes) aux supports les plus raffinés, il y a vraiment là de quoi satisfaire le corps, la parole et l’esprit…
Or face à une telle profusion d’outils pour travailler sur soi, le chrétien peut paraître laissé à lui-même et le christianisme bien démuni. Celui-ci ne séparait pourtant pas à ses débuts la sagesse et l’amour spirituel, le souci de la connaissance des mystères divins et des méthodes pour l’atteindre étant attestés dans les premiers temps de l’Eglise. Avec les siècles cependant, cette culture de l’intériorité s’est peu à peu affaiblie, jusqu’à se perdre parfois, surtout dans le domaine catholique. Et ce au profit d’une dérive scolastique et dogmatique, plus soucieuse de contrôler institutionnellement les âmes que de les conduire à une véritable expérience spirituelle. Il n’est que de voir la défiance séculaire manifestée par les autorités de l’Eglise à l’égard des mystiques, qui portent justement au plus haut l’union de l’amour et de la connaissance… Pris entre un moralisme puritain et un étroit rationalisme également fermés aux choses du corps, de l’affectivité et de l’invisible, le christianisme occidental n’a plus eu alors qu’à se déployer vers le monde extérieur. Mue par son activisme aussi humaniste que prosélyte, l’Eglise a couvert ainsi le monde d’écoles, d’universités, d’hôpitaux, d’asiles, en préfigurant l’actuel engouement caritatif et humanitaire. Un élan quasiment sans équivalent en Orient où, « bien ordonnée », la charité active se devait de « commencer par soi-même », à savoir l’application individuelle du « médite et deviens d’abord bouddha pour pouvoir vraiment aider les autres un jour ». Guère compréhensible pour les modernes, ce primat de la contemplation sur l’action a eu au moins le mérite de limiter - un peu - l’implication des institutions bouddhistes dans les affaires temporelles. D’où peut-être, une plus grande facilité que leurs homologues chrétiennes à appliquer des idéaux de compassion communs…"

C’est vrai que le volet social du bouddhisme est plutôt succinct, et que les instrumentalisations massives du catholicisme sont traitées par euphémisme, mais "le monde des religions" est un magazine multiconfessionnel, qui s’adresse sans doute à l’improbable lecteur éponyme.

Avant de me rendre à un enseignement bouddhiste, j’ai poireauté 25 ans en rongeant mon frein - celui de l’immobilisme - en me disant que ç’aurait été aussi ridicule de ma part que d’aller me faire évangéliser par des missionnaires cathos si j’étais un black vivant dans des régions reculées de l’afrique subaustrale.
Or, le regard que les maitres portent sur nous avec leur redoutable acuité (ainsi que sur les progrès que nous pouvons éventuellement manifester dans notre pratique et dont je ne peux que supputer le succès au vu des têtes qu’affichent les membres les plus avancés de la sangha vu que j’ai pas commencé à m’y mettre) sont sans équivoque et accréditent cette évidence : nous sommes effectivement des sauvages ignares et incultes, la tête farcie de concepts mortifères, inutiles et contre-indiqués, ce qui en dit aussi long sur leur compassion que sur leur habileté à nous piquer nos sous pour sauver leurs traditions de l’oubli.

Je reviendrai sur les raisons qui m’ont poussé à trainer mes bottes vers cette tradition et ce qu’elle peut m’apporter.

Commentaires

  1. Ne te sousestimes pas John, les maîtres bouddhistes sont à l’abri des bassesses de ce monde mais ils sont peu nombreux. Avant de devenir lama, on doit passer des années à devenir moine et là c’est pas facile du tout car le nombre de règles à observer est pratiquement le même que chez les cathos. Voici la réponse à une question posée à un lama sur “savoir si les moines/nonnes bouddhistes prononcent des vœux lors de leur ordination, comme c’est le cas en occident. Si oui, quels sont ces vœux ? Et quelles peuvent être les sanctions si le moine/la nonne ne respecte pas ses vœux ?
    http://www.geocities.com/athens/Forum/2359/qregles.html

  2. Comment pourrait-on se mettre à l’abri des bassesses de ce monde ? Le samsara nous cerne de toutes parts, il ne nous reste plus qu’à apprendre à nager dedans, et certaines bouées pourraient s’avérer fort utiles.
    Merci pour ta collèque de rêgles moniales, que j’avais déjà en double :http://www.dhammadana.org/samgha/vinaya/227.htm
    ce qui est cool dans le bouddhisme, c’est que tout ce qui n’est pas interdit est fortement recommandé ;-)
    précisons néanmoins à nos lecteurs les moins avertis qu’il n’en faut pas tant pour commencer à pratiquer sérieusement.

  3. salut john,,

    jme ferais sans doute une petite retraite vipassana..

    je lisais dans un bouquin du dalai lama… qu’on pouvais apprendre dans les bouquins puisque les charlatans sont légions…

    mais au vue de ton parcours… tu va etre difficile à berner..

    je te laisse ce lien vers des mp3 que j’ai trouvez excelent http://www.geneva-vihara.org/ (case mp3)

  4. p’tain c’est la rentrée, mais c’est déjà noël !
    pour le vipassana, tu as une bonne approche avec www.dhammadana.org mais pour la retraite, je pense que tu peux te fier aux bons tuyaux de la mère flo :
    http://www.french.dhamma.org/
    la blague du dalaï-lama est une preuve par l’absurde.

  5. Il me semble lire une délicate pointe d’ironie dans le dernier paragraphe, non? ;)

  6. ah vraiment, je ne puis t’emprunter un de tes célèbres effets de manche (”je reviendrai plus tard sur…”) sans que tu viennes chercher ton pourcentage !
    les raisons qui m’ont poussé sont évidentes, et je ne compte effectivement pas faire étalage de mes progrès dans cette gazette.
    merci à toi de m’avoir pointé l’erreur.

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