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dimanche 22 octobre 2023

Truffes magiques : Les ravages de la guedro (4)

Précédemment, dans le feuilleton truffes magiques :

Après avoir percuté de plein calfouette (quoique de façon temporaire) le mur de la honte mi-septembre, je navets plus trop envie de voyager avec les truffes magiques. 
Si c'était pour me retrouver dans un pays déjà visité plein de fois, et bien que comme le rappelle le poète-pouette, la pornographie soit un dépliant touristique pour un pays merveilleux auquel on n'arrive jamais, alors que je croyais l'avoir quitté depuis un bout de temps, merci bien, c'est gentil de laisser votre siège à un vieillard maniaque, mais je descends à la prochaine, le jeu en valait-il vraiment la chandelle, surtout après l'avoir jadis fumée par les deux trous ?  
Naguère, la quête du sens était mieux balisée.
Hormis les cures de micro-dosage, étalées sur plusieurs semaines, qui me réussissaient assez mieux parce que j'avais l'impression d'y ajouter quelques maillons à la chaine qui me retient au mur de mon histoire personnelle, malgré les problèmes de sommeil de plus en plus léger engendrés en fin de nuits de plus en plus courtes, les prises de risque lors des séances truffières plus intenses généraient des résultats décevants, aléatoires, chaotiques, au goût de pétard mouillé, mais pas dans le sens souhaité, mon Dieu ne nous délivrez pas de l'ambiguïté, bref j'étais loin des amours de près, et tout aussi éloigné de la rencontre enthousiaste entre le consommateur et le produit, comme on dit après-coup dans les groupes de parole des ex-toxicos abstinents. Tox un jour, tox toujours, c'est le bon sens commun et populaire, aussi près de chez nous que le délit crédit agricole quand les publicitaires faisaient tourner le monde avant-guerre, ne précisons pas laquelle, nous serions en retard d'une.

Alors, sans doute grâce aux ressources mises en branle par la vertu de ma demi-heure de méditation quotidienne, je me dis que les psychédéliques sont comme un système de traitement informatique un peu compliqué genre Chat_GPT, d'où ressortira toujours tout ce qu'on lui a rentré dedans, mais pas forcément dans le bon ordre. 
On dira qu'au niveau de l'aoutepoute, con, on voit émerger tout ce qu'on a mis en inepoute, macaniche ! mais selon une hiérarchie éditoriale qui nous reste opaque, et qui ne devient intelligible qu'une fois que le feu d'artifices est fini, qu'on a rangé les chaises et mouché les lampions. Et puis aussi, le mot clé dans paradis artificiels, ça serait-y pas le même que dans intelligence artificielle, c'est-à-dire artificiel
Quand même, si je change l'inepoute, il me semble raisonnable d'espérer voir évoluer l'aoutepoute, à l'heure de la sortie; ça m'a l'air pas si con, con. Au moins ça me donne une hypothèse de travail. Dans cette attente, j'ai profité des soldes de fin d'été du Never Ending Summer des Zamnésiques pour acheter des kits de culture de champignons, qui semblent plus faciles et amusants à produire et à conserver que le kit de truffes qui croupit dans un tiroir métallique de mon bureau depuis une vingtaine de semaines sans que je le voie se couvrir de la moisissure promise. Je devrais peut-être essayer de le ranimer à coups de tapis chauffant, mais la confiance n'y est plus.
Après avoir acquis les rudiments mycologiques auprès des gars de chez Rustica, je me lance, et au bout de deux semaines je vois poindre la première récolte, alors même qu'en forêt la persistance de la sécheresse décourage les amateurs de girolles.

c'est moi, ou ça ressemble à ce que je pense ?
C'est un peu magique, la vitesse à laquelle poussent les champignons, alors on les pèse, on les fait sécher, on les met dans un bocal, on remet le bac en culture et on n'en parle plus, sauf sur son blog hyper-secret, parce que on n'est pas montés bien haut, on est restés prudents et on a appris à gérer depuis la précédente session de microdosage de printemps, qui nous avait fait chauffer le moteur jusqu'au diraisonnable, mais ça fait déjà deux semaines qu'on essaye de redescendre retrouver le sommeil en s'abstenant de tout produit modifiant le comportement, pour ne pas remettre du charbon dans la chaudière.  Bien sûr, la possibilité de faire un mauvais voyage quand on sera de retour aux affaires n'est jamais à exclure.
Mais bon, chez Castorama on connait la musique, au pire, on passera quelques moments désagréables, mais si on parvient à conserver les yeux ouverts, on aura fait avancer la science, au moins sa frange quantique qui défriche la nombrillologie en essayant de ne pas s'éventrer sur ses écueils glacés et glissants.
Parfois, un doute nous saisit; est-ce qu'on serait pas par hasard en train de se mettre le doigt, ce fameux doigt qui nous montrait la lune, dans l'œil ? Est-ce qu'on se sent de taille à devenir un Bouddha à gélules, comme dans le générique d'American Gods ?



Heureusement, ce n'est que de la télé; dans la Réalité Réelle Ratée chère à mon maitre Louis-Julien Poignard, les Dieux ne font pas de Razzia sur la chnouff. Encore que, si je me récite le mantra de wikipédia pour me remotiver, la collusion drogues / quête du divin est avérée dans de nombreuses cultures humaines à travers les âges.

Typiquement, seuls le fondateur et quelques-uns de ses premiers disciples sont en mesure de revendiquer l’autorité qui découle d’une expérience directe du sacré. Pour ceux qui leur succèdent, il ne reste que la maigre consolation des histoires, des rites symboliques et de la foi. Le temps atténue la puissance originelle de l’expérience, qui se déroule désormais par l’intermédiaire des prêtres. Mais le culte des psychédéliques offre une promesse extraordinaire, celle pour quiconque d’accéder, à tout moment, à l’expérience religieuse originelle grâce au sacrement, qui se trouve être une molécule psychoactive. La foi devient dès lors superflue.

Et l'année dernière, quand j'ai commencé la méditation en pressentant qu'il me fallait être "clean" avant de goûter les champis, j'avais l'impression de camper à la sortie d'un égout : j'observais l'apparition de pensées peu agréables à leur point d'émergence dans le mental. C'était un peu pénible, même en essayant de ne rien en attendre, comme nous le suggère vivement la littérature spécialisée. Cette année, je ne médite que 25-30 minutes le matin, mais les pensées sont notées "agréables" au lieu d'être taxées de pénibles - vous allez me dire, tout ça, c'est la valse des étiquettes organisée par la grande distribution. Mais ça rend la méditation difficile, car les pensées agréables s'accrochent plus aisément que celles qui étaient vécues comme médiocres ou nauséabondes, et qui allaient se cacher tellement elles étaient gênées d'avoir honte d'elles-mêmes. 
Finissons ce billet d'humeur un peu mossad par un message d'espoir de notre sponsor :


Une étude a révélé que les expériences de type mystique induites par la psilocybine entraînaient des changements positifs plus durables, notamment l'altruisme, la gratitude, le pardon et le sentiment d'être proche des autres, lorsqu'ils étaient associés à une pratique régulière de méditation et à un programme de soutien à la pratique spirituelle.

liens à explorer avant la prochaine réunion de section :

- conférence non gesticulée sur les champis
- les filles et le microdosage
J'ai bien l'impression que les gens, et moi le premier, utilisent le microdosage comme une sorte d'antidépresseur homéopathique pour augmenter leur efficience sociétale. 
Timothy Leary doit s'en retourner dans sa tombe, et c'est bien fait pour lui.

Le Très Saint Livre
qui m'a mis le feu aux poutres 

Post scriptum
liens retrouvés le lendemain dans mes tablettes :
et plus généralement
dans les versions traduites spontanément en français par mon pécé de bureau, la cerise sur le gateau c'est les thérapeutes psychédéliques :
C'est sans doute les gens rencontrés par Michael Pollan quand il écrivait son livre. 
C'est la traduction automatique qui me fait sourire, quand elle crée des néologismes comme "conseillère certifiée en matière d'alcool et de drogues (CADC), facilitatrice de respiration". 
Qui serais-je pour me moquer des facilitateurs de respiration ? Ne présumons pas des besoins du turfu, qui, pour advenir, prend des chemins bien tortueux. Benalla Akbar.

mercredi 18 octobre 2023

Truffes magiques : Devenez celui que vous êtes déjà ! (3)

J'ignore pourquoi le conditionnement sous vide
garantit la pérennité des microdoses au frigidaire
bien plus longtemps que les doses "normales".
Je passe 3 semaines sans rien tester, et tant pis si les truffes moisissent au frigo, je ne veux pas me ruer dessus quand ma femme repart en vacances et mon fils au boulot. Je refuse de me droguer. Je ne veux pas non plus revivre mes erreurs de jeunesse, sans être en capacité physique et mentale de les encaisser, et en tirer d'amères leçons, que j'applique déjà sur d'autres produits moins exotiques, alcool et tabac, dont je suis abstinent depuis de nombreuses lunes. Finalement, c'est pas très grave si ça foire, avec les truffes, je suis déjà sous microdosage depuis mi-juillet, un gramme de "truffes magiques" (en fait du mycélium de champis) conditionnées sous vide tous les trois jours, selon le protocole de Fadiman, alors que je croyais que c'était celui de Paul Stamets tel qu'on le voit cité, chez Zamnesia (la World Company des bonbons acidulés) et sur les forums de psychonautes plus ou moins intrépides. 
D'ailleurs, il faut que je fasse bientôt une pause, la cure ne doit pas dépasser 10 semaines, si j'en crois les mêmes forums d'usagers (parfois usagés). La nouvelle variété testée "ENERGY" induit chez moi un effet euphorisant assez sensible, j'ai l'impression d'être à 0.5 g comme dans le film "Drunk", donc je cesse rapidement d'en prendre avant d'aller travailler, je ne veux pas saouler mes collègues et perdre en productivité. 
J'en viens à absorber la microdose le soir avant d'aller me coucher. 
Qu'importent l'ivresse et le flacon, si on a la conscience un peu élargie.


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expérience du 16 septembre

Néanmoins soucieux de la péremption probable des truffes conservées au frigidaire depuis début aout, je mâchonne 15 grammes de la variété "Utopia" un soir à 20h25. Je ne suis plus du tout motivé. Je pense m'être fait avoir par les rois du marketing du développement personnel. Mes expériences de l'été ne sont pas à la hauteur de celles évoquées par Michael Pollan dans son ouvrage de référenceDonc on va voir qu'est-ce que ça fait quand on prend de la psilo sans croire à ses effets. Deux heures plus tard, léger accroissement de la sensibilité musicale, et puis je me laisse prendre par "The Village", film d'atmosphère au twist tordu de M. Night Shyamalan, (malan et demi) dont le mystère vaut bien mieux que sa résolution cauteleuse. Le film se veut sans doute une parabole sur la frilosité et le repli spirituel de l'Amérique. Ce n'est qu'une fable bancale et assez navrante, sur une bande d'Amish laïques qui se complaisent dans le jansénisme. 
Au moins j'ai appris ce nouveau mot, en parcourant le lendemain les critiques de l'œuvre sur hallucinéAprès le film, je suis sorti sur ma terrasse en bois exotique, et j'ai passé un moment à regarder les étoiles, en regrettant l'éclairage périurbain, mais je me sens quand même tout d'un coup un privilégié, de disposer de tout cet espace, de ce petit bout de canopée qui s'avance au-dessus de chez moi. Au temps pour l'expansion de la conscience de la jouissance du propriétaire, qui ne devrait pas durer puisque mon voisin met un bout de sa parcelle mitoyenne en vente, dans l'espoir que quelqu'un veuille bâtir son habitation sur une bande de terrain toute en longueur de 500 m2, dont il espère tirer 185.000 €, et il lui faut aussi détruire sa piscine s'il trouve acquéreur. Je ne peux qu'avoir foi dans le marasme immobilier et l'inflation des couts de construction pour penser que ma paix restera inviolée encore un moment.  La nuit est tiède, et j'ai peut-être une légère amélioration du discernement concernant la préconscience de mes processus mentaux en amont de leur émergence, encore que dit comme ça, on se demande de qui se moque-t-on.  
Ben de toi, couillon de la lune.

ma terrasse, ici légèrement anamorphosée par les psychotropes, mais sinon elle est bien.


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expérience du 18 septembre


De déception en rendez-vous manqué, j'en viens à tenter le diable, ou tout du moins l'expérience interdite : suite aux conseils donnés par un ami pour « booster » l'effet truffier, je mélange une dose de 15 grammes de truffes Atlantis + 15 grammes de Utopia, je les broie au mini-mixer et je les laisse infuser 15 minutes dans du jus de citron.
A postériori, qu'en dire ? 
Putain de la vache de sa mère en tongs à la Bourboule. 
Sur le moment, ça m'a juste mis par terre, et j'ai totalement perdu le contrôle, si tant est que je l'eusse jamais eu; et celui qui prit possession du navire en mon absence, c'était pas le Supramental, ça c'est sûr madame Chaussure. Tout à fait le même type de perte d'identité et de squattage de soi par des entités basses du front que pendant une ivresse alcoolique. 
avec Zamnesia vous y seriez déjà,
avec Gévéor vous y seriez encore !
(merci Coluche)
En amont, je me disais "elles sont en train de périmer au frigo, je peux y aller, ça va encore rien me faire", et il s’est avéré qu’elles n'étaient pas si périmées que ça, ou alors le lemon tek démultiplie les effets, bref, alors que j'étais tranquillement la tête encastrée dans mon canapé à écouter un disque de psybient emprunté à la médiathèque sur un serveur russe, belle mentalité, disque qui déroulait ses ors et ses pompes et convertissait les sons en images architecturales, je perdis conscience et m'absentai un moment; quand je me réveillai j'étais en train de contempler d'un œil épouvanté démons & succubes en train de s'empapaouter sur un stream HD de ma tablette tactile en essayant de me tirer sur l'Anouilh, qui restait flaccide. (terme utilisé en médecine pour qualifier un organe, ou tout autre tissu du corps humain, qui a perdu de sa réactivité et de son tonus, suite à une pathologie ou à une réaction à une substance) 
Des démons ? aucun doute là-dessus, je sais ce que c'est, parole d'expert, j'en ai déjà croisés en rêve et dans des films de David Lynch, et des succubes, ou "démon judéo-chrétien féminin qui séduit les hommes et abuse d'eux durant leur sommeil et leurs rêves", j'en ai beaucoup fréquenté sur internet, ce non-lieu où les hommes rêvent beaucoup. Tout habillés, et parfois sans leur bas de pyjama. 

On a dit beaucoup de mal de ce monsieur Satan, jusqu'à ce que Roman Polanski
le dédiabolise dans Rosemary's Baby, profitant de la libéralisation des mœurs de 1968.
Après avoir revu le film, je ne suis pas certain qu'il faille dissocier l'homme de l'oeuvre. 
"Il renversera les puissants et dévastera leurs temples !: Il rachètera ceux que les bons ont persécuté,
et vengera ceux qu’on brûle, qu’on torture et qu’on damne !"
On dirait un plaidoyer pour l'alternance droite / gauche, 
impoissible tant que Macron occupe les deux bords de l'échiquier. 
Benalla Akbar !

Depuis l'écran de ma tablette, les bougresses m'adressaient des œillades moqueuses et des grimaces grotesques, tout en se faisant grimper dessus par des ayatollahs furibards, prédicateurs turgescents qui maudissaient ma présence voyeuriste, qu'ils détectaient aussi, d'où leur colère. Et je ne peux pas leur donner tort. Qu'est-ce que je foutais là ? C'est quoi, cette débandade soi-disant extra-lucide ? C'est vrai que je ne lis que des trucs sur les démons en ce moment, c'est un peu logique que ça soit ça qui ressorte. Quand je dis que je vois des démons, c'est peut-être juste une partie de moi qui se prend les pieds dans l'avidité (la peur du manque).Ça ne serait pas improbable, et ça me pendait au nez. Et je manquais de préparation, j'avais prophétisé l'an dernier qu'il me faudrait plusieurs mois de nettoyage corporel et spirituel (méditation, vie saine et hygiène intime dans tous les domaines de ma life, endormissement les mains sur les couvertures) avant de m'initier aux crèmes à récurer le verbe Être. Je n'ai pas appliqué ce programme aussi sérieusement que j'en manifestais l'intention. Et c'est pas après que la poule a pondu qu'elle doit serrer les fesses.

John Constantine aux prises avec un succube : c'est pas lui qui gagne.
(Hellblazer #272)
Je lis dans Le peyotl chez les Indiens Huicholes du Mexique que ceux-ci usaient du cactus sacramental pour voir leur futur. Pute borgne de macarel ! Si c'est un futur possible qui m'a été montré, il vaut peut-être mieux que je me les coupe. Ou que je fasse une overdose de psychédéliques, bien qu'on ne soit jamais assuré d'y rester, on reste juste avec les séquelles psychologiques et les biais cognitifs des cramés de l'acide et des champis. En tout cas, ça m'a bien fait flipper. J'étais dans une tristesse froide et alcaloïde, abruti comme un désespéré, et quand je suis allé voir ma tête dans le miroir de la salle de bains, j'arborais le masque arrogant et meurtri d'un vieil allemand sexuellement impuissant, pornoïque et bedonnant. 
Au temps pour la haine du Boche, dont je présumais récemment qu'elle s'était éteinte avec les survivants de la seconde guerre mondiale, et je m'excuse par avance s'il y a de vieux Allemands pornographes parmi vous, mon but n'était pas de froisser leur sensibilité. 
Et je ne vais dénazifier ni l'Ukraine ni la bande de Gaza, si j'arrive à me dénazifier moi, ça sera déjà pas mal. 

Bashung avait pourtant écrit
une bonne chanson sur sa bite.
Mais c'était de son vivant.
Une fois mort, c'est moins facile.
J'espère juste que c'est une extériorisation de ce qui trainait, exhibée à ma conscience pour que ça ne traine plus, et non la bande-annonce de l'avenir de mon futur, un flash forward qui laisse un mauvais goût dans la bouche. A tel point que je répugne à en parler, même ici, l'exhibition a ses limites, et on vient de les franchir, trop tard. Ça fait quand même un mois que je sue sur ce compte-rendu. C'est pas facile de lui prêter un tour humoristique, et mon auto-éditeur préfèrerait sans doute que ça reste dans le tiroir, avec les autres polichinelles à ne publier qu'après ma disparition, comme les rogatons des maquettes ratées de Bashung qu'on trouve pourtant à pleines mains quand on les plonge dans les bacs des disquaires. 


Heureusement que quand je suis sous psilo, je sais que je ne dois rien croire de ce que je vois, car un bout de moi se rappelle alors que mes sens sont abusés. Ce que j'appelle faute de mieux une conscience objective (bien qu'elle traite des perceptions et non des objets perçus) se manifeste comme garde-fou en me rappelant de reporter les décisions à plus tard, quand je serai redescendu; il y a eu un sacré trou noir conscientiel, avant que je me retrouve à surfer sur du p0rn sur la tablette, et à me dire "putain mais c'est pas vrai, j'en suis encore là ? " J'ai enfin l'âge d'être pédophile, mais ça ne me branche toujours pas. Incapable de bander, et les cyber-greluches n'étaient pas non plus dans leur état normal, elles me lançaient des oeillades et des grimaces torves et carrément vulgosses, elles avaient l'air de s'emmerder à mort, et leurs ramoneurs avaient des têtes d'éfrits, ces génies malfaisants de la mythologie arabe; les scènes aux contours tremblotants étaient maculées de trainées et d'échos vidéos, de rémanences visuelles comme on en obtenait jadis en filmant une source de lumière vive avec une caméra tritube, ce qui avait pour effet secondaire de marquer le tube et de flinguer la caméra.

Visuellement, c'était un peu comme ça, mais avec des couleurs qui bougent. 
En image arrêtée, on dirait juste de l'art vidéo malaisant.
Certes, l'art contemporain se doit de mettre en question les formes et les structures.
Mais il s'affranchit trop souvent du sens.

le premier qui parle de dénazifier Israël
se prend deux heures de retenue
face au Mur des Lamentations.
Les scènes n'avaient rien de particulièrement sexuel, c'était de pauvres pantomimes de domination et de soumission, dont tous les participants-victimes étaient enchainés à leurs karmas foirés, tels des damnés, accomplissant de lugubres simulacres d'un désir qui n'était pas le leur. Une horde exténuée et hargneuse de fantômes affamés, diraient les tibétains. Et moi, condamné à poser un œil épouvanté sur leurs pauvres rituels, en plus d'être vieux, gros, impuissant, et allemand, comble de l'infâmie, j'étais moi aussi un fantôme affamé, juif allemand, peut-être, mais parvenu au stade ultime de la solitude et de l'isolement. 
Il était sans doute temps de me mettre à lire "Avoir le courage de ne pas être aimé : Le phénomène japonais qui vous montre comment changer votre vie et atteindre le vrai bonheur."


Ça a l'air bien, surtout si on est Japonais.
Les Coréens, eux, n'ont pas besoin de lire ça
pour avoir le courage de ne pas être aimés
des Japonais, et lycée de Versailles.
Enfin, j'en suis pas là. Sur le moment, une fois la fièvre retombée à El Pao, je suis affreusement vexé, je fais un débriefing à chaud dans l'après-midi, un peu de ménage aussi, en marmonnant des évidences de gueule de bois, comme quoi j'étais quand même au courant qu'internet était truffé de démons, c'est pas une nouveauté pour moi, le mieux pour les éviter c'est encore de pas y aller, je fais aussi un peu de méditation sur ma terrasse en bois exotique, je me dis qu'il me faut racheter un pyjama mental en urgence, que je trouverai bien un moyen d’évoquer cette expérience douloureuse sur mon blog de slips sales (même sous forme d'une obscure allégorie), vu qu'au départ je l'avais créé pour ça, suite à la fermeture du forum d'Orroz en 2006, mes lecteurs les plus assidus comprendront à demi-mot, dans l’intervalle, je vais passer un vrai week-end en famille, travaux des champs etc…
et il me faut impérativement reprendre une hygiène de vie exemplaire avant de finir ces maudites truffes gratuites, la preuve est faite, ensuite j'ai encore les champis de cet été à tester, mais la résurgence des cauchemars pas enterrés assez profond sous le tapis, c’est quand même violent, j'aimerais qu'on ne m'y reprenne plus. 
Au moins, ça va calmer mes ardeurs psychédéliques pour un moment.

si en plus de fumer on pète au lit,
ça devient carrément l'horreur,
un accident industriel de type Seveso,
que même Stephen King
il redoute d'écrire dessus.
Si je regarde de quoi je me suis nourri ces dernières semaines, rien d'étonnant à l'irruption du bestiaire de ce petit pandémonium :
- le bureau des atrocités (et ses multiples suites) de Charles Stross, un mélange de Lovecraft et de James Bond
- la créature des marais de Len Wein et Bernie Wrightson, relayés ensuite par Alan Moore, du Frankenstein dans le bayou
- Rosemary's baby, le film de Polanski sur l'avènement de l'antéchrist
- Legion Saison 1, la série de super-héros handicapés de la tête de Noah Hawley et Sharp Objects : possession démoniaque et féminité toxique à tous les étages.
Shade, The Changing man, et Damn You All, comics US délétères et bourrés d'entités cheloues...
- les nouvelles de Mariana Enriquez vantées par le Monde des Livres... 

Pas étonnant que mes poubelles existentielles soient si mal vidées, si mal rincées, parfois re-remplies à la hâte avec ce qui passe à portée, et qu'elles m'éructent à la face. 
Heureusement que les 25 minutes de méditation quotidienne rétablissent un peu l'équilibre et relativisent les aléas de la navigation à l'estime (de soi).
Aah, j'étais si bien, bourgeoisement encastré dans mon canapé, à écouter bien stoned les nappes de synthés en margarine astrale du psybientcette musique abstraite et instrumentale puissamment évocatrice d'autres mondes, ça pouvait pas durer, avant d'être inquiété par les nazis et les pédophiles, comme si c'était des agents du changement travestis en métaphores tourmentées de mon passé de cyberdépendant sexuel. En tout cas, je reconnais bien là, sinon la présence du Malin (le Gros, pas le petit !) tout du moins un envoûtement puissant, témoignant de mes obsessions et de ma santé sexuelle un peu branlante, sans doute une fragilité incurable mais que je peux maintenir à distance en la privant de carburant et en me tenant loin des falaises surplombant internet. Celles auxquelles même l'arabe dément Abdul Al-Hazred-Benalla-Akbar avait fini par mettre une rambarde, dans son Best Seller Google Books : "Si ti as li courage di regardi l'abime, oublie pas mon zami qi'il ti rigarde aussi".

Charb, qui sait de quoi il parle, vu qu'il y est depuis 2015.

Après tout, cela fait 31 ans que je suis abstinent d'alcool, par exemple, et je n'en suis encore jamais mort. Alors d'un côté, je me dis que je n'avais pas vraiment besoin de psilocybine pour voir ça, et confirmer mes préacquis, mais je suis quand même impressionné par la puissance de la réaction, et par la violence de la pulsion, même incapable d'atteindre son but ; l'aspect hallucinatoire du porno sous psilo est très répulsif. Un souterrain hideux, et très mal fréquenté. Toutes ces entités travesties en humains, franchement, ça fait peur. Et je peux difficilement prétendre que ça ne soit pas arrivé. Si c'est un spot de prévention contre le danger de "moi dans dix ans si je ne fais rien",  un petit cauchemar hypnotique à l'usage des visages pâles pour qu'ils aillent chercher des couleurs ailleurs, c'est assez efficace. Pour l'instant. Ca sent la refondation du Parti Socialiste après une branlée à 6% aux dernières érections pestilentielles.
Dans ce songe obscur, j'étais bien ce fantôme affamé que nulle vidéo n'aurait pu rassasier, comme l'eau salée ne peut étancher la soif, et cette malédiction qui consumait ma pitoyable existence était un châtiment auto-engendré par le fait que je n'avais pas l'amour, ce liant de la vie (pour ceux qui ignorent ce que c'est, prière de se référer au texte de Saint Paul l'épitre aux Corinthiens, un autre  Best Seller Google Books) Du coup, il ne me restait que Thanatos pour me raccrocher aux branches basses de l'arbre de vie, dont tous les os saillaient sous les corps suppliciés, car Satan l'habite.
Le truc vraiment flippant, c'est que l'impuissance du psilocybé qui se pognait sur le canapé n'empêchait pas le désir; avant cet épisode onirique, je me disais que l'eunuque, dans son malheur, était délivré du désir, mais là j'ai le sentiment d'avoir testé expérimentalement son sort peu enviable : il n'est délivré de rien du tout, il subit juste l'inextinguible soif de la damnation éternelle (d'ailleurs j'ai trouvé ça très long, surtout vers la fin) et tous ses efforts ne font qu'aviver sa blessure. C'est cruel, quand même.
Prochain test : au lit avec un bandeau noir sur les yeux mais sans trous dedans sinon c'est Zorro, et un bon psybient genre Hearing Solar Winds dans les oreilles. 
Et les mains ligotées dans le dos, nom de diousse.

Loïc Sécheresse a fait beaucoup mieux que Polanski
dans sa réhabilitation du satanisme.
Question de génération.
L'urgence climatique n'est pas la même, non plus.

vendredi 15 septembre 2023

Je t'en foutrai, moi, des truffes magiques (1)

Résumé des épisodes précédents :

le titre ferait croire
à un tome inédit et surnuméraire 
de "Introduction
à la psychologie de Bazar"
 de Daniel Goossens, 
mais en fait pas du tout.
Alors que j'approchais de la soixantaine, j'ai voulu tester les suggestions de Michael Pollan insinuées, et on pourrait même dire inceptionnées ( en référence au film de Christopher Nolan, puisque l'Inception consiste à implanter une idée dans les rêves d'un homme) dans son livre "Voyage aux confins de l'esprit", qui postulait puis se voyait contraint de démontrer par la pratique qu'un usage raisonné des psychédéliques pouvait être de quelque utilité sur le plan spirituel. Dans ma jeunesse, les plantes et substances dites enthéogènes n'étaient pas disponibles dans mon environnement immédiat, alors qu'elles le sont devenues dans ma vieillesse, par la grâce d'Internet, du commerce mondialisé et de la dictature numérique. 
Il m'a fallu pour cela interrompre mon traitement thymorégulateur (lithium) incompatible avec les psychédéliques, ce qui se passa inexplicablement sans aucune anicroche, et aussi démarrer chaque journée par 30 minutes de méditation vipassana, histoire d'avoir un peu de recul sur ce qui se présentait à la grille du parc de la conscience. Je me disais qu'il valait mieux démarrer "clean" et éviter les remontées d'obus non explosés enfouis dans les sables du Temps pendant les séquences de psychotropes, et c'est vrai que c'était pas du luxe; tous ces préliminaires sont abondamment décrits et commentés dans une série d'articles démarrés en mars 2023
et qui m'ont mené jusqu'à fin avril,
un peu débordé par l'afflux sanguin cortical engendré par cette première expérience de microdosage répartie sur plusieurs semaines, à l'issue de laquelle j'étais redevenu un éditorialiste forcené sur le web, alors que j'avais juré de ne plus jamais tomber dans le panneau
Voici les comptes rendus de mes expériences plus récentes, à base de doses "normales". J'y suis allé très prudemment, alors que l'efficience des produits est très volatile. 
Attention, n'essaye pas de refaire ça chez toi si tu n'es pas stable psychologiquement et si tu es aussi vieille que moi, ça peut secouer. Enfin, ça dépend surtout dans quelle étagère t'erres quand t'es lucide et conscient ( à jeun, quoi...)

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compte-rendu du 26 juin 2023

(adressé au père D* du prieuré de L*)


05h30

Je rêve que tu te transformes en femme. Allons bon. Loin de résoudre nos problèmes, cette trahison subite de ton genre scandalise ma conscience onirique, d’autant plus que tu as conservé ta barbe. Ca me dégoute tellement que ça me réveille. 

La fluidité des genres, c’est comme la tolérance, y’a des maisons pour ça.


07h30

je profite de la fraicheur pour recâbler une partie du réseau d’arrosage du jardin, en remplaçant les sections de tuyaux non-poreux par d’autres, que j’espère plus poreuses. Je pense que le problème de fond vient du fait que j'attaque le réseau avec 4 bars de pression au lieu de 1.5, mais ce n'est pas cette année que je vais trouver la solution.


09h30

ça y est, ils sont tous partis bosser. 8 grammes de Pajaritos, force 3/5.


11h00

Passé un certain âge,
pour ressasser les évidences
au cyber-bistrot du coin, ah, ça, on est là.

je me sens comme dans Drunk : stabilisé à 0,5g/litre. Ecoute musicale amplifiée, et agréable. Moi aussi je voudrais que tout revienne alors que tout est passé (Souchon), enfin, entendons-nous bien, que tout revienne sans la mélancolie des réminiscences. La définition du passé, paradoxalement, c'est ce qui n'est pas passé. C'est ce qui demeure, ce qui persiste indéfiniment, comme le dit Bergson. C’est ça, être vieux et stoned ? Se rappeler de Bergson et de ses intuitions sur la récapitulation créatrice, qui permet d'éviter le ressassement ? Je me doute que c'est dans cette optique que des vieux dans mon genre prennent de la psilocybine. (je trouve ce baratin à moitié postérieurement dans une interview de Charles Pépin que j'entends à la sauvette dans ma bagnole le 11 septembre au matin, sans penser à mal ni aux Twin Towers dont ce serait pourtant le 22ème anniversaire de la disparition, s'il y avait quelque chose à fêter, mais s'être pris une branlée ne semble pas avoir rendu les Américains plus humbles)

11h30

quelques distorsions visuelles. Et j’ignorais que King Crimson avait enregistré la Traviata avec les chœurs de l’Armée Rouge. c’est joli, et quand je ferme les yeux sur mon siège de méditation, mes intérieurs semblent immensément spacieux. ça ressemble aux pétards des débuts, en fait. à part que la conscience de soi perdure.


11h50

c’est tout ? ça frise la supercherie, alors je prends les 7 grammes restants, j’ai fini le ménage de la maison, j’étends la lessive, petites pertes de mémoire immédiate, mouais, j’ai déjà ça à jeun, je vois pas l’intérêt. Le passé nous oblige, sans doute, en observant nos réactions, nous sommes ses obligés. Mais il nous oblige à quoi, exactement ? J’essaye d’écouter Wish you were here, du Floyd, c’est spatial, mais je le connais par coeur, c’est trop téléphonéJon Hassell ou Sigur Ros m'emplissent d’une délicatesse ineffable, parce que j'ai moins pratiqué leurs harmonies que celles du Floyd, dont mon cerveau sait très bien précéder la perception par la projection, décevant par anticipation mon extase programmée.

Je me sens soudain plein d’une grande bienveillance envers mon pauvre chat et ses troubles cognitifs (suite à une enfance cauchemardesque en zone de guerre, il vit dans une insécurité permanente), j’essaye de lui expliquer que chez nous il n’a rien à craindre, mais il reste muet. Par contre je me sens raccord avec l’épitre aux Corinthiens de Saint Paul, c’est toujours bon à prendre, la bienveillance, c’est une direction rassurante, quand c'est pas le responsable des Ressources humaines qui se croit obligé de t'en parler. J’ai hâte d’essayer avec ma femme quand elle rentrera du travail.

quand je donne des champignons à mes poules
elles me font des Picasso de la période mauve.

13h15

note manuscrite : c’est à qui cette main de vieille, qui est en train d’écrire ça ?

après enquête, à tous les coups tu vas voir que c’est la mienne.

il faudrait être deux pour en ricaner, tout seul c’est un peu limité.


14h20

je me suis rappelé de sortir les poules, qui avaient attrapé la couvade (elles peuvent rester au nid pendant des jours et mourir de soif si je ne les fous pas dehors du poulailler puis en condamne l'accès jusqu'au soir)

et si je refaisais un peu de méditation, avant que ça se barre ?


16h00

retour à la mornale. Quelques sourires, mais globalement déçu. pas de grand bouleversement, d’irruption de Surmoi, travesti ou non, d’effondrement monopolaire… à aucun moment je ne me suis senti en difficulté, ni dans un univers qui aurait perdu sa cohérence.

le spectre diraisonnable qui m’a hanté au printemps sous microdosage était bien plus consistant. mais c’était dans la durée, et avec l’écriture comme support, ce que j’ai refusé de faire aujourd’hui.

prochaine tentative samedi, avec des Valhalla séchés la semaine dernière, force 6/5, et mon copain bluesman. Je vais lui proposer un trip champêtre à pied, je ne veux pas aborder la conduite automobile tout de suite, ni prendre le risque d’aller à la mer et d’y rester médusés.


réponse du père D* :

Quelques remarques saisies au vol comme ça en réponse à ta chronique: 

d'abord, en ce qui me concerne prendre 2 demi doses l'une après l'autre n'équivaut pas du tout a prendre une dose complète en une seule fois. Quand je prends une demi dose je trouve généralement la montée très agréable mais la descente plutôt pénible. 

Une seconde prise pendant cette phase n'adoucit pas les effets mais simplement les prolonge. Dans mon cas il y a toujours un aspect hasardeux dans la prise d'une dose complète. Je ne sais jamais à quoi m'attendre à l'avance parce que les effets varient en fonction du moment, du produit, de mon questionnement et sans doute aussi de facteurs aléatoires. Par contre, je serais bien incapable d'aller me promener dans la campagne sous une dose complète ne serait-ce que pour des raisons de coordination motrice.Tu me diras ce qu'il en est dans ton cas.


il faut dissocier la poule de l'œuf,
mais aussi de l'œuvre.

MOI :

oui, les demi-doses à la file, c’est pas super, j’ai lu ça.

c’était un peu désordonné, comme une première fois, avec une fille qu’on connait pas.

et au lieu de m’abandonner à l’invitation au silence et au recueillement, j’ai voulu « faire des trucs », parce que je suis dans une phase où je mets un frein à l’immobilisme, en essayant de mettre les bouchées doubles pour rattraper le temps perdu ces 20 30 dernières années en tant que pionnier de la N.A.O (Négativité Assistée par Ordinateur) dont je me sens un peu, tu vas rire, coupable et redevable. Envers qui ? ça, je t'en cause même pas.


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expérience du 1 juillet 2023


message transmis au fournisseur


Grosse déception avec ces TRUFFES MAGIQUES VALHALLA commandées le 1 juin 2023, conservées 2 semaines au frigo, séchées au tapis chauffant Zamn*. (poids divisé par deux) conservées dans un bocal étanche et opaque, puis consommées une semaine après. Pris un sachet entier séché, aucun effet. 

L’ami avec qui j’ai expérimenté avait acheté des TRUFFES MAGIQUES ATLANTIS, consommées fraiches après 3 semaines de frigo, il n’a rien senti lui non plus.

A part qu'on a marché 17 km et qu'on a eu mal aux pieds.

détails techniques qui pourraient jouer :

- nous avons bu un peu de café avant de consommer les truffes, nous n’avons rien mangé, mais beaucoup marché. Nous avons bu une gorgée d’eau gazeuze chacun avant de nous rappeler que le gaz carbonique était nuisible, et ensuite nous sommes restés à l’eau plate.

Je ne cherche pas un remboursement, j’aimerais comprendre !

(à la suite de mon commentaire, le fournisseur me fait parvenir en dédommagement 6 nouvelles doses de truffes à titre gracieux, en train de périmer rapidement au frigo)


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expérience du 10 juillet 2023

Pour des vacances réussies dans les Landes, il faut : des palmes, un banc de méditation,
un sachet de truffes magiques, un sac d'ordinateur pour mettre l'iPad
plein de bouquins numériques et une brosse à dents pour l'hygiène intime de la bouche.
Pour des vacances ratées, il faut à peu près les mêmes ingrédients.
Au final, tout dépend de votre état d'esprit.


7h30 

je pars de bon matin vers la dune sacrée repérée à jeun en bordure de la forêt du Mordor, au nord de la péninsule de Contis-Plage (c'est dans les Landes). J’ai mâchouillé 15g de PAJARITOS qui ont plus d’un mois de frigo. Que Benalla me vienne en aide. La veille, sur le belvédère dunaire qui domine la plage, j’ai entendu un père dire à son fils « mon seul objectif, en tant que parent, c’est que mes enfants me dépassent en tout. » Après enquête, c’était extrait d’un épisode de Game of Thrones qu’il était en train de lui raconter, mais quand même, ça m’en a bouché un coin, faisant le rapprochement avec mon propre père, dont il m’apparait spontanément que celui-ci a tout fait pour que ses enfants ne le dépassent en rien, en tout cas les 2 ainés mâles.


8h00 

ça me vient comme ça en abordant les contreforts du la forêt du Mordor, qu'il me plait d'appeler ainsi parce que les pins y sont extrêmement rapprochés et n’ont pas été éclaircis par les exploitants de cette forêt industrielle dénoncée dès le XIXeme siècle par Félix Arnaudin, du coup ils laissent peu passer la lumière, comme papa qui a réussi à me faire détester en moi ce qu’il détestait en lui (qu’il avait peut-être appris à détester de son papounet) et qu’il choisissait de dénoncer en nous plutôt que de voir en lui : la petitesse, qu’il assimiliait à la médiocrité. C’était un jugement de valeur, s’il avait entendu parler d’humilité, on n’en serait pas là, 60 ans après le drame. ça me vient comme ça, et ça repart pareil.


selfie "j'apprends à mémé",
réalisé sous influence.
Une fois déshalluciné,
j'vois pas trop
c'qu'y a de drôle,
mais ça c'est à chaque fois pareil,
faut y être, quand on raconte
après, ça le fait moins.

Après avoir lu des vieux bouts de mon blog, Yvan C*, sans doute pernicieusement influencé par son séjour à l’ashram, m’a dit qu’il fallait s’aimer, et il a pieusement recopié dans le Dalva de Jim Harrison des phrases qui l’ont fait penser à moi : « l’auto-dénigrement haineux n’a jamais fait le moindre bien à personne » « l’étude de toutes les permutations de la chimie du cerveau et de leurs conséquences sur le comportement ne vous dispense pas d’être une victime, même si vous souffrez en sachant de quoi il retourne » « les dimensions de la souffrance paraissent excéder celles des plaisirs compensatoires », je retrouve ses post-its manuscrits dans mes poches, alors arrivé au bord de l’océan je lui fais un selfie « comme tu le vois je suis tes conseils, et j’apprends à mémé », après quoi je manque m’étouffer de rire tout seul comme un con. Le ciel au dessus de mon beau chapeau de Laurence d’Arabite a quelque chose d’extra-laiteux, renforcé par les hallucinants, et je suis surpris que mon smartphone en ait capté la texture, ou alors c’est moi qui la projette à chaque fois que je mate mon selfie (c’est pas le but)

et me revient le dialogue père-fils d’hier soir, « que tu me dépasses en tout » c’est ça que t’as pas compris, papa, d’aller dans le sens de la vie au lieu de contraindre la vie à aller dans le sens que tu voulais lui imposer (et où tu voyais tes propres enfants comme des concurrents)

je photographie la végétation dunaire comme en extase, et remercie les plantes, grâce à qui nous entendons les dieux, la nature et nous-mêmes (sans majuscule, on se tutoie et on se congratule les uns les autres)

j’ai choisi cet endroit car il y a 3 semaines j’y suis venu sous un ciel d’orage et fus saisi par la majesté du site, embrasé de teintes ardentes jetées sur la toile du Réel par des divinités courroucées : la mer turquoise virant au vineux, le ciel d’obsidienne grondant d’éclairs foudroyant l’océan au-delà de l’horizon, tout présageait d’un accès de colère liquide, que je pris d’ailleurs sur la tête au retour, heureusement, j’étais pas en sucre.


là, ça le fait moins, mais revenez il y a trois semaines, c'était terrible.

Ce matin, y’a juste une dame qui traverse mon champ visuel avec son chien, elle parcourt 200 mètres (sur les 4 km qui nous séparent de toute construction humaine des 2 côtés), elle se déshabille entièrement, fait quelques postures de yoga et va se tremper dans les vagues.

Heureusement que j’ai enlevé mes lunettes et qu’aucun détail de la scène ne me permet de me sentir voyeur; et puis je suis quand même un peu extatique, je sens que la lubricité me ferait grave redescendre.

Enthousiasmé par son initiative, je me dévêts à mon tour, et fais quelques pas vers les rouleaux de bord, animés d’un sac et d’un ressac indifférents, ici on dit « tu crois que tu connais l’océan, mais toi il te connait pas » et comme je sens bien que je suis sous influence et que les vagues sont quand même grosses, je me rassois prudemment, ça fait longtemps que j’ai pas été fumé à 8h du matin, je n’ai plus l’habitude, mais je suis encore assez lucide et conscient pour percevoir qu’elle est froide et inhospitalière, je n’ai amené ni palmes ni banc de méditation, il est plus sage de rester au bord de la noyade virtuelle pour aujourd'hui.

Je m’allonge sur le sable et regarde les nappes nuageuses défiler dans le ciel laiteux et y créer des figures d'interférence fluorescentes en découpant la lumière solaire, car ceux du dessous vont beaucoup plus vite que ceux du dessus. J’ignore si ce sont eux qui sont flous ou moi, et ça ne me préoccupe pas. 


9h30 

je rentre à pied par la plage (4 km pieds nus dans le sable mouillé), j’ai entendu le bas de ma colonne vertébrale faire un « krouïkk » discret, je me dis qu’il faudra être vigilant sur les lombaires. 4 jours plus tard je passerai une journée entière paralysé du dos en vomissant de douleur mes antidouleurs, j'ai sans doute fait un peu trop de sport ces derniers temps, entre la natation la marche et le jogging c'est vrai que je n'y suis pas allé très mollo, mais n'étant pas précognitif j'ignore tout de cette lombalgie à venir et suis exempté de compassion pour mon moi futur, pour l’instant je croise les premiers surfeurs de la matinée à la recherche du spot idéal, leur planche sous le bras, maxillaires serrés, traduisant l’effort et la détermination, j’ai envie de leur glisser « bonne journée au bureau ! » tellement ils ont l'air de ne pas être là pour rigoler, mais je m’abstiens en ravalant mes gloussements.

Je ne voudrais pas épiloguer, si tôt dans la journée, mais pour l’instant, c’est aussi décevant que Deauville sans Trintignant, ça ressemble juste à de l’auto-analyse sauvage, quarante ans trop tard, madame Placard.

Le jour où je vais prendre une dose efficace, ça va me faire bizarre.


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expérience du 29 juillet 2023


6h30

Café, biscuit, 15 g de truffes Tempanensis, dans le frigo d'un ami provençal, que je suspecte d'être un peu périmés. Je pars avec mon banc de méditation démontable dans le sac à dos, en direction de la crête de L*. Question illuminations, on va voir ce qu'on va voir, l'infini n'a qu'à bien se tenir.


7h10

après être allé au bout du chemin des Evêques, je me trouve une petite grotte de méditation, en fait un abri sous un pin, d'où je vois le soleil se lever derrière la vallée de la D*.


il est pas beau mon ermitage ? on dirait un packshot publicitaire pour mon banc de méditation.


7h20

Vertige, fatigue, bâillements, légère nausée. 


8h00

Fourmillements assez désagréables. Incapable de rester sur le siège, je m'allonge avec mes nouveaux amis fourmis. Quelques visions, mais je me sens assez peu concerné, comme si elles parvenaient à quelqu'un d'autre. Un abîme s'entr'ouvre, un mec passe la tête "ah, c'est vous ? désolé, il y a erreur sur la personne, c'est pas votre jour." Et la fenêtre se referme. Il faut que je mange moins de melon et plus de yaourt, ma flore intestinale n'est pas super florissante.


9h00

Il ne me reste plus qu'à redescendre au village avec les intestins un peu secoués. C'est l'occasion de me réjouir du paysage, et de me rappeler ce mantra amérindien :

Avec la Beauté devant moi, je marche,

Avec la Beauté derrière moi, je marche,

Avec la Beauté au-dessus de moi, je marche,

Avec la Beauté en-dessous de moi, je marche,

Avec la Beauté tout autour de moi, je marche,

La Beauté est partout,

Puissions-nous tous marcher dans la Beauté.

Avec les champignons, ça serait peut-être encore plus beau, mais c'est une question d'intensité, pas de nature. J'en déduis que ce rendez-vous raté avec le produit ne l'a pas été tout à fait avec moi-même. Et tac.


Sinon, j'ai fait pas mal de jogging sur la crête de L*, mais l'inconvénient majeur
c'est que tous les chemins de randonnée descendent dans la vallée, 
et qu'après il faut tout remonter à pied.