Depuis que ma chaudière a pris feu et que mon chauffe-eau m'a lâché, je crois en Dieu. Après une phrase comme ça, il faut s'épuiser en flashbacks ou partir en live.
De l’ordre et de la méthode : je vous propose de commencer par m'épuiser en flashbacks, puis de partir en live.
Tout a commencé par la révision annuelle de ma chaudière au fuel, courant mai, au cours de laquelle un technicien vacataire insuffisamment formé, dénutri et/ou confus du fait de son manque de pratique ancrée dans la vie quotidienne de méditation de pleine conscience MBSR (Mind Based Stress Reduction) à la suite du stage qu'il avait pourtant suivi pour faire redescendre un peu la pression, et pas que dans la chaudière des clients, a sans doute mal réglé l’arrivée d’air de la mienne.
Mais personne ne s’en est aperçu, ni le technicien qui a procédé aux tests habituels sans déceler d’anomalie, ni moi qui lui faisais confiance et qui ne possède en matière d’entretien de chaudière que des connaissances beaucoup plus modestes qu’en matière de chanteurs dépressifs et/ou morts.
Et comme me le disait Ursula Mulinu lors d’une session de méditation de pleine conscience MBSR (Mind Based Stress Reduction), il ne faut pas confondre les pensées avec la réalité.
La réalité du réglage incorrect de l’arrivée d’air de la chaudière s’est imposée à moi sans que j’aie besoin d’y penser la première nuit où je l’ai rallumée, fin septembre, et j’ai alourdi mon bilan carbone d’un seul coup : dans la nuit, un début d’incendie s’est déclaré dans le corps de chauffe, provoquant l’émanation d’un épais nuage de fumée chargée en particules très peu biodégradables, même sur le long terme.
Je n’ai rien vu, rien entendu. Je dormais du sommeil du Juste, largement immérité si vous voulez mon avis. Par contre, au réveil, le salon baignait dans un halo bleuté qui n’était pas sans évoquer les plus beaux clichés de David Hamilton (oui, ceux-là même qui lui auraient valu une condamnation à vie s’il avait débuté sa carrière aujourd’hui, et qu'on doit encore pouvoir s'échanger sous le manteau numérique) et j’ai trouvé qu’il y avait beaucoup de toiles d’araignées dans le salon, et surtout elles je ne pigeais pas pourquoi elles étaient d’un noir d’encre. Les satanées bestioles avaient toutes viré gothique dans la nuit ? WTF ?
Quand je suis descendu au garage, j’ai compris en un éclair ce que la vieille Ursula essayait de me dire avec ses pauvres mots.
J’ai retiré le capot de cette bonne vieille Viesmann, et j’ai constaté que tous les éléments plastiques en façade avaient fondu. L’incendie ne s’était pas propagé, la chaudière s’était bloquée, dans un sursaut de conscience mécanique vraisemblablement acquis au cours d’un stage MBSR pour chaudières.
Les alarmes incendie achetées il y a deux ans suite à une campagne de terreur européenne relayée par les assureurs dormaient sur l'étagère de mon bureau.
Ouf. Je n'aime pas être réveillé en sursaut par le cri strident d'une alarme, ça me stresse, au mépris des acquis MBSR que j'ai moi aussi acquis lors d'un stage de prévention de la rechute dépressive.
Un cri à l'étage ramena mon attention, alors pleinement et conscientiellement absorbée par l'expérience perceptuelle d'être en train de faire un selfie de la chaudière vraiment très hot bien qu'un peu refroidie parce que le sinistre datait de plusieurs heures, vers l'escalier.
(à suivre)