lundi 30 janvier 2017

Consolidation des Projets avec FCP X

L'abandon de FCP 7 par Apple en 2011 a surpris plus d'un monteur-truquiste. Ca marchait trop bien ! Ergonomie et productivité étaient au rendez-vous.
J'ai attendu 4 ans, et d'avoir de sérieux problèmes avec, du fait de sa compatibilité déclinante avec Mac OS X, pour chercher un remplaçant qui monte / mixe / truque / archive aussi bien les projets;  les solutions alternatives existaient : son bâtard illégitime FCP X, Avid, Première... Comme on truque beaucoup avec Motion par chez nous, malgré les mauvais échos que j'avais sur les premières moutures de FCP X, j'ai voulu tenter le coup. Prise en main déroutante : disparition des in-out et des pistes vidéo et audio au profit de scénarios (principal et secondaires). Toutes les fonctions un peu sympa semblaient avoir disparu, au profit d'autres, nettement plus absconses.

Plusieurs tutoriels m’ont convaincu de l’urgence d’attendre, jusqu’à ce je tombe sur celui de Martin Gosset qui m'a redonné la fibre pédagogique avec son site "Dans les chaussettes de FCP X" (devenu depuis « dans les baskets »…)
Non seulement j’ai retrouvé mes petits, mais la logique industrielle de ma Très Petite Entreprise m’a conduit à rechercher des solutions pour pallier à l’absence d’une fonction pourtant bien pratique : la Consolidation, c’est à dire le fait d’archiver après montage la partie utile des rushes exploités.

Voici donc le premier chapitre de "Dans le calbute de FCP X"

0/ Contexte

En institutionnel, il arrive que des clients nous demandent une nouvelle version d’un film, ou de réexploiter tout ou partie d’un film monté sous une forme inédite, parfois des siècles après sa sortie. C’est pourquoi nous archivons tous nos films. Nous essayons de conserver un maximum de souplesse à ces archives, et de réduire au maximum le poids de ces archives après montage, pour ne pas avoir à gérer des Téraflops de données.

Voici donc une méthode qui marche pour ne conserver que la partie utile des rushes montés dans un film sous FCPX. 
C’est assez fastidieux, mais ça permet de conserver une archive propre et légère, comme un projet anciennement consolidé avec FCP 7. Hormis les poignées (handles), qu'on pourrait générer, en compliquant un peu plus ce topique.

Rappelons-nous d'abord que FCP X recopie à priori l’intégralité des rushes qui ont servi au film.
Qu’il appelle ça une consolidation, par abus de langage, mais qu’en fait FCP X ne sait pas le faire. 
On va donc devoir lui apprendre la propreté.

1/ Méthode : Déconstruire les séquences FCP X, et puis les reconstruire après.

Le principe général, c’est d’exporter les (groupes de) rushes montés, puis de les réimporter. C’est la seule solution que j’ai trouvée au problème.
Après montage, on crée des versions POUR CONSO des séquences finales à consolider.
Ces séquences POUR CONSO permettront de préparer le travail d’export des briques de base de la consolidation future; à l’intérieur de chacune de ces séquences on va regrouper les clips qu’on veut conserver « assemblés » (les "nouveaux" rushes, unités indivisibles de la consolidation future) et convertir ces groupes de clips sous forme de plans composés, que nous « consoliderons » en les exportant, puis en les réimportant plus tard dans de nouvelles copies, sinon ça sera le bazar.

Pourquoi et comment choisir les plans à regrouper ?
Je pars du principe que je n’ai aucune envie de me taper une consolidation plan par plan, qui consisterait à « ré-enrusher » l’ensemble du matériel. Je subirais sans doute le syndrome du démontage, affection psychologique sévère qui menace le petit peuple des monteurs tout comme la déréalisation (altération de la perception ou de l'expérience du monde extérieur qui apparaît étrange, irréel, et extérieur) affecte les réalisateurs. 
Si c’est pour finir ma conso sous benzodiazépines, en aucun cas merci. 
Donc je regroupe mes plans selon plusieurs critères objectifs :

Critère zéro : tous les plans cut sont associés au sein du même groupe.

Premier critère dissociatif
- présence d’un fondu sur la piste ou d’un effet de transition entre deux clips : 
Si je veux pouvoir « défondre » ultérieurement les deux plans, il vaut sans doute mieux créer deux plans composés de part et d’autre de la transition. Idem pour les plans truqués, qu’il faudra décomposer en autant de plans composés que nécessaire pour pouvoir réutiliser les originaux (si on veut pouvoir « détruquer » les plans plus tard… en restant prudent pour ne pas finir victime de "détruquage")

Idem sur les scénarios secondaires : si un groupe de plans d’illustrations commence en fondu sur la v2, pardon, sur un scénario secondaire, l’export de la « précomposition » ne se passe pas bien si on crée le plan composé en incluant le fondu d’entrée, qui gère l’opacité progressive du clip entrant sur la piste supérieure. 
Il faut rentrer à l’intérieur du plan (= en excluant le fondu d’entrée) pour créer le plan composé.
- plusieurs plans d’illustrations sur une piste supérieure => plan composé. De cette façon on gardera un maximum de souplesse aux éléments, sachant que chaque segment va être exporté comme un film quicktime séparé, sans amorce ni paramètre d’opacité.

Second critère
- présence d’un titre ou d’un élément truqué sur une piste supérieure : doit-on l’intégrer ou pas dans le plan composé ? Si oui il sera exporté dans le quicktime, et après, macache bono pour revenir modifier le Motion, (le titre, l’effet vignette…) exporté.
Il y a donc au fil de l’eau un certain nombre de plans individuels qu’il faudra se résoudre à exporter séparément, dès qu’on constate une complexité dans la séquence d’origine (plans avec effets, plans imbriqués…)

- Certains plans ne nécessitent pas d’être raccourcis à leur partie utilisée par un export :
Plans récurrents d’habillage, musiques… on les laisse alors tels quels dans le montage POUR CONSO, FCP X les recopiera dans le dossier media quand il fera sa propre consolidation.

Dès qu’on crée un plan composé, FCPX demande où le ranger. Il le place par défaut dans l’évènement des séquences de montage, on peut lui en désigner une autre (fastidieux) ou les déplacer après avoir généré l’ensemble des plans.
On les incrémente au moment de leur création : 
« Nom de la séquence- pour conso-planXX »

2/ Exporter les média pour la consolidation

Une fois la déconstruction effectuée, on crée un évènement « POUR CONSO » à la racine du projet. 
On rangera les plans composés dedans.
Chaque plan composé est ensuite exporté au format d’origine.
On les range dans la boite « POUR CONSO », ça fait plus propre.
Exemple : avec des rushes 5D au format h.264 => Fichier => Partager =>  Fichier master (défaut) => h264
On peut aussi utiliser Compressor, avec des settings différenciés (plans composés muets, plans avec du son) 
Problème des plans truqués avec un effet de style « image » (pas de piste alpha générée au moment de l’export, mais l’image est vignettée par dessus une autre) :
- composer le plan
- décocher effets et attributs dans le plan composé
- exporter
- recoucher l’export par dessus
- recopier les effets et attributs

Il existe une solution alternative à ce détruquage laborieux, car on peut générer une couche alpha au moment de l'export cf tuto québécois
http://fcmtl.com/index.php/2016/05/final-cut-pro-x-crash-course-exporter-avec-de-la-transparence-alpha/
Ils sont forts, tabarnak !
Ca permet d'éviter de désosser les séquences truquées complexes.

Une fois tous les plans composés exportés, on crée des séquences CONSO en dupliquant les séquences POUR CONSO  
- il vaut mieux multiplier les chances de vérification si on se plante et pouvoir revenir aux versions antérieures - on crée donc ces séquences CONSO, dans lesquelles on réimporte les exports, en deux temps : chaque export est glissé dans la piste vidéo supérieure du plan composé d’origine pour vérifier sa conformité, puis substitué à celui-ci par écrasement.
(Vérifications possibles dans les séquence d’origine XXX POUR CONSO)

Sous Finder, on crée ensuite dans le dossier client un dossier « consolidation » comprenant une bibliothèque XXX consolidé (le nom du projet client) assorti d’un dossier externe, dans lequel on rangera le cache du projet.
Au moment où l’on bascule les séquences « consolidées » dans la bibliothèque du projet XXX consolidé, il recopie les fichiers d’origine.

Le même travail fastidieux et ingrat peut et doit être effectué sur les plans d’illustrations sonores dont on n’a pas exploité l’image. Sinon au moment de la conformation automatique, FCPX recopiera l’ensemble des rushes images dont on a exploité les sons.
Arg. Essaie encore.
La seule différence procédurale, c’est qu’au niveau de l’export manuel on ne sortira que l’audio, et quand on réimportera l’aif dans le plan composé et qu’on écrasera l’original, faudra aussi le virer à la Mano parce qu’il applique un traitement spécifique aux sons et qu’il glisse les plans d’origine sur les pistes du dessous au lieu de les écraser.
Me demandez pas pourquoi, c’est pas moi qui ai écrit le logiciel.
A la fin du process, créer nouvelle bibliothèque « xxx conso », créer dedans un dossier externe pour ranger les rushes, puis déplacer les projets xxx conso dans cette bibliothèque, et ne pas oublier données multimédia > consolider, parce qu’en fin de process, on n’en peut plus et je me suis surpris à omettre cette phase plus souvent qu’à mon tour.

3/ Motion

Depuis la version 10.3, FCPX dispose enfin d’un outil de consolidation des fichiers Motion.
Propriétés de la bibliothèque =>  Contenu de Motion => dans la bibliothèque => consolider
Ca c’est facile, c’est Martin qui me l’a appris.

Des questions ?

 [Edit du 04/02/2017]

Emu par ma triste condition de prolo du démontage et du détruquage du pixel, Martin me glisse l’info stupéfiante de l’arrivée prochaine sur le marché de Worx4X, un plug forgé par des développeurs externes, qui permettra de consolider les séquences FCPX à partir d’un bête export XML.
Que la paix d’Allah soit sur lui.

dimanche 29 janvier 2017

Nova Verba, Mundus Novus (6)



Suite à l'écoute inopinée du débat Hamon-Valls mercredi soir en allant chercher les filles à la Zoumba,
suite aussi à une campagne de presse finement orientée vers mes motivations citoyennes les plus profondes (le politique, c'est l'art du vivre ensemble), n'écoutant que mon courage de républicain et surtout pas ma grippe, je suis allé voter Benoit Hamon ce midi aux primaires de la gauche.


Pourtant, François le Sarthois avait jusqu'ici toute ma sympathie, pour avoir niqué Sarkozy en beauté.
Il proposait par ailleurs un audacieux programme pour nettoyer la France de toutes ses sanies.
Mais la vénalité de sa Pénélope m'affecte, ses amitiés poutiniennes, sa complaisance décomplexée avec Bachar, et sa conception rétrograde du christianisme finissent par me l'alièner tout à fait.
Pour rester un homme du futur résolument tourné vers son passé, comme tous les 5 ans, au second tour de la présidentielle j'irai voter Bernard Maris.



jeudi 26 janvier 2017

Resolution (2012)

Une fois n’est pas coutume, grâce à notre toute nouvelle connexion 59 Gigabits au bureau, je peux uploader un film qui m’a bien plu, et dont j’ai refait la traduction parce qu’elle était médiocre.
Il s’agit de Resolution, un petit film de chtrouille de 2012 que j'ai découvert ici.
Faut dire que d'habitude, je n'aime pas ça, les films de chtrouille contemporains.
C'est de l'horreur horrible, et moderne : qui fait pas réfléchir.
Mais de temps en temps y'a un peu de quoi manger pour la tête dedans.
The Pact.
Bone Tomahawk.
ou ce Resolution, film transgenres, qui brasse des thèmes aussi divers que la toxicomanie, l'amitié masculine, le conspirationnisme, les malédictions attachées aux anciens lieux de culte indigènes, la déréliction des peuples premiers, qui suggère des tas de pistes mais n'en épouse aucune, pour nous laisser seuls et hagards quand la lumière revient déjà et que le film est terminé. Un vieux pleure dans un coin, son cinéma est fermé, c'était la dernièr' séquence, c'était la dernièr' séance, et le rideau sur l'écran est tombé.

- écrit avec la grippe - ça change du lumbago.


https://www.mediafire.com/?175m2c66oic7rb2

mercredi 25 janvier 2017

Géo Trouvetou ne trouve rien

Heureuse re-trouvaille : cette histoire complète de Géo Trouvetou lue dans le journal de Mickey en janvier 1971.
Je m'en rappelle encore avec émerveillement, bien qu'à l'époque je n'étais pas équipé pour savourer cette fable sur les biais de la démarche scientifique.
Enorme.






mardi 24 janvier 2017

Nova Verba, Mundus Novus (5)



Vous aimez vivre au présent et changer le monde tout en savourant un grand verre de bière ?

Le livre "Prendre un verre avec Bouddha" vous propose une vision rafraîchissante et originale du bouddhisme qui vous aidera à éveiller votre conscience en douceur.

Prochainement, dans la même collection :

- Se faire un bang avec Krishna

- Fumer du crack shiite avec Mahomet

- Aller aux putes avec Jésus

... complète toi-même la liste.
Les meilleures contributions seront publiées, et qui sait, tu pourras toi aussi écrire un livre de spiritualité vivante nous menant vers une Sagesse moderne et décontractée, briller dans les salons et te faire un max de blé.






 " Prendre un verre avec Bouddha ?
Tous les soirs après mes prosternes ! "
Mathieu R.


____________

Ma chérie me dit "tu te lèves tous les matins à 5 heures pour écrire des conneries sur un blog que personne ne lit".
C'est ma foi vrai, mais pendant ce temps, je ne pense pas à mal.
Et elle ne se rend pas compte du boulot que c'est de donner au Mundus Novus qui s'annonce le Nova Verba qu'il mérite.
Même si, comme pour le doom métal, la p'tite chanson à Warsen est sans doute plus agréable à chanter qu'à entendre.

lundi 23 janvier 2017

Nova Verba, Mundus Novus (4)

Encore une histoire de Nouveau Monde et de Nouveau Verbe.
Dont le souvenir a été réactivé par l'étrange nouvelle de Ken Liu "Nova Verba, Mundus Novus".
Mêmes effets de rétropédalage.
C'est une variante (très) retorse de la planète des Singes.
Mon Encyclopédie de Masse de 1982 est toute jaunie, et sa reliure craque quand je la soumets au scanner, pire qu'un Hérétique qu'on soumettrait à la Question.
Tant pis.
Quand on aime on ne compte pas.








Pendant ce temps là, IRL :
Selon une étude publiée dans Science Advances (article scientifique écrit avant l'élection de Trump et démenti par elle), 60 % des espèces de primates sont en danger d’extinction en raison d’activités humaines d’ici vingt-cinq ans à cinquante ans.
75 % des populations accusent déjà un déclin.
http://www.lemonde.fr/idees/article/2017/01/19/une-planete-sans-singes_5065292_3232.html

En butinant deci delà pour cet article, je retombe sur Gloutonnerie apocalyptique, article inédit pour «Le Monde des livres», signé par Russell Banks, dans lequel l'écrivain américain explique comment la vision du monde séculière et temporelle des Etats-Unis a cédé la place à une vision religieuse intemporelle :
"Quand un groupe de primates supérieurs - chimpanzés ou gorilles - commence à manquer de nourriture, les mâles adultes sont pris de folie dévoratrice, de gloutonnerie apocalyptique. Ils engloutissent toutes les bananes et toutes les baies qui restent sur le territoire du groupe. Et quand il n'y a plus de bananes et de baies, ils envahissent le territoire de leurs voisins et s'en rendent maîtres par la violence. Nous, êtres humains, sommes une variété de primates supérieurs, et notre degré d'évolution ne nous garantit pas d'un accès de folie dévoratrice. Bien au contraire. La seule différence entre les chimpanzés et nous, c'est que nous avons inventé une théologie pour la justifier."
Ca promet.
Arg.

dimanche 22 janvier 2017

Nova Verba, Mundus Novus (3)

Supplément dominical à notre bulletin paroissial d'hier
Toutes ces trumperies de régression langagière et de conception pré-galiléenne du monde m'évoquent une nouvelle de science-fiction de Ken Liu : "Nova Verba, Mundus Novus" (à la surprise générale)

en anglais 

- en français : parue dans La Ménagerie de papier (Bélial, 2015)
Saga #34, Brian K. Vaughan, Fiona Staples

Nova Verba, Mundus Novus, ça a quand même une autre gueule et une autre portée que Valar Morghulis, bon sang de bois.
Nova Verba, Mundus Novus 

AU BOUT DE cent quatre-vingt-quatre jours, le Sesquipédal atteignit le bord du monde. 
L’océan Atlantéen s’y déversait en superbe cascade. Les écailles des poissons qui s’abîmaient dans le vide reflétaient le soleil couchant comme de l’or liquéfié. L’équipage, pris d’un effroi mêlé d’admiration, se tut. On n’entendait que les cris de panique des dauphins qui plongeaient dans l’abysse. 
« Le monde est donc plat, déclara le docteur Denham. Vous avez mérité votre place dans l’Histoire, capitaine. » 
Le capitaine Baffin réagit d’un hochement de tête presque imperceptible. 
Tout le monde retint son souffle tandis que la caravelle, courant sur son erre, se rapprochait du bord. 
« Lancez l’aérostat, décréta Baffin. Simple péripétie. Plus ultra. Il faut continuer, où que le chemin nous conduise. » 
Avec la moitié du navire dans le vide, l’équipage, qui se cramponnait aux haubans, crut que la quille allait se briser en deux. 
Mais l’aérostat, énorme ballon de soie cirée qui mesurait plusieurs fois la taille du vaisseau, se gonfla de l’air chaud issu des bidons enflammés disposés partout sur le pont. Le bateau, suspendu à cette enveloppe, prit son envol pour descendre lentement le long du bord du monde. 
Une vingtaine de marins avaient sauté à l’eau pour rentrer à la nage. Le capitaine Baffin dit une brève prière pour le repos de l’âme de ces pauvres inconscients tandis que leurs corps épuisés passaient en tourbillonnant. 
Le rideau liquide se réduisit à un voile de brume où se dessina un vaste arc-en-ciel circulaire par lequel l’équipage regarda ardemment afin de discerner ce qui soutenait la montagne inversée qui constituait le monde. 
Une énorme créature grise barrit un salut au navire. « Un éléphant, indiqua le capitaine. 
– Les Hindous avaient raison, dit le docteur Denham. Le Sesquipé... » Sa phrase demeura inachevée. « Je parais avoir quelques difficul... » Il écarquilla les yeux. « Voilà que je n’arrive plus à parler ou à penser comme je le voudrais. 
– Il ne peut s’agir que d’une supersti... » Baffin déglutit et secoua la tête. « Ma foi, on dirait bien que nous sommes limités aux mots de trois syllabes ou moins tandis que nous voguons vers l’assise du monde. » 
Les quatre pattes du pachyderme, tels des troncs d’arbre, se dressaient sur le dos d’une tortue géante. 
« La cara... coquille mesure trois cents milles de diamè... » Le docteur se tut. « Flûte, juste les mots de deux sylla... 
– En avant ! cria Baffin. En avant ! »
La bête sortit la tête de sa coquille et scruta le bateau sans un mot.
« Qu’y a-t-il sous elle ? »
Le jour baissait. Ils virent que chaque patte de la tortue géante se 
dressait sur le dos d’une tortue plus petite, dont chacune, à son tour, se tenait sur quatre autres tortues plus menues encore. 
« Le grand se fonde sur le petit, dit le marin, le complexe sur le simple ». 
En bas, rien à voir.
Plus de jour.
« Il fait tout noir au fond.
– Et on n’a plus rien dans la tête », dit le doc. Des pleurs à la ronde. 
« À l’aube fut le Verbe », dit le cap, l’œil plus vif. « La base du monde, que nul ne brise, je la nomme iotam. » 
Tic du doc. « Iotam a trois syl... 
– Les iotams créent des choses neuves, comme les mots font des mots neufs. On peut dire bien des mots d’un coup. Je les nomme “syllanante”. Par mots d’une syllanante, je crée du sens pour des mots qui en ont plus, qui nomment les iotams. Je te nomme “doctiste” et moi “capvaiss”. De par ces lois, je fais des mots neufs en groupes, pas un par un. Un “-iant” à la fin d’un verbe le place dans ce lieu et ce temps, ou le change en nom ; mettiant “-ut” à un mot crée un mot neuf qui dit “plus du vieux” ; mettiant “-ta” à la fin du mot crée le même, dans un temps plus tôt. » 
Le groupe crieta de joie car leur tête, sans ordre, se clarta. La nef cesseta sa chute, puis monta. 
Ils virta des formes dans la brume, des grains se fondiant en grains plus grands, preniant un tour neuf. Jambes, conches, longs cous — « Je te nomme tortée, pour tes pieds torta, dit le capvaiss. 
– Et des tortées grandut se placent sur les moins grandut », dit le doctiste, comme la nef monte et monte. 
Au vrai, de plus grandut tortées se montriant dans la nuit fuitiant. 
À la fin, passiant le neztube géant et par l’arcbrume de toutes teintes, le Ses faitta plouf dans la mer vive puis se lèveta. Les filuants toves hurliffloumèrent, et les borogoves tout smouales gyrèrent et bilbèrent dans la loirbe. 
« Nous sommes chez nous, dit le riant doctiste. – Le même, mais pas le même », dit le capvaiss. 

samedi 21 janvier 2017

Nova Verba, Mundus Novus (2)



J'ai refait une incursion sur Tumblr, site de microblogging (permettant à l'utilisateur de poster et surtout reposter du texte, des images, des vidéos, des liens...) sur lequel pullulent les mèmes du chien avec un chapeau dans l'incendie en flammes®.
Ce qui est souvent signe chez moi d'un passage sur le versant hypomaniaque de la bipolarité, toujours préférable à son versant dépressif, néanmoins plus pentu et dont on pourrait croire qu'il serait plus aisé d'y skier quand il neige, mais une tragique pénurie de remonte-pentes là-bas dans la vallée rend le retour à la station pour y déguster le vin chaud de l'amitié assez laborieux, que voulez-vous c'est le yin de mon yang, et on n'a rien sans rien.
Bref. Sur Tumblr, j'ai trouvé la carte de voeux idéale, en ce beau lendemain de l'investiture trumpinesque.
Trumpinique.
Trumpinale.
Je crois que je vais garder "Trumpinale", bien que ça me fasse derechef songer au Trumpinol®, médicament ressemblant comme le frère d'une goutte d'eau à celui que prenait Emmanuel Carrère au plus fort de sa dépression, et qu'il faudrait sans doute administrer en doses massives au nouveau Président.
"Le seul traitement qui m’ait apporté un peu de soulagement est un médicament pour psychotiques qui, d’après la notice, remédiait aux « croyances erronées ». Peu de choses à cette époque me faisaient rire, mais ces « croyances erronées », si, d’un rire pas vraiment gai."
Le responsable de cette élégante carte de voeux est encore un génie méconnu de l'art graphique, comme Francis Masse.
Qui était aussi un grand malade du Verbe.
Pas de danger que ça arrive à Donald Trump, dont le manque de vocabulaire est tel qu’il complique considérablement la tâche du traducteur.
Au printemps dernier, une étude réalisée par l’université Carnegie Mellon, largement relayée aux Etats-Unis, avait démontré que le niveau de grammaire des discours de Donald Trump se situait juste en dessous du niveau sixième.
C'est pas très marrant de s'apprêter à vivre dans un monde multipolaire (c'est toujours mieux que bi, n'en déplaise aux transgenres) dont un des dirigeants trahit sa pensée étriquée par la frugalité de son vocabulaire.
Vais-je pour autant hurler avec les loups conspirationnistes qui cherchent à identifier l'Antéchrist, et à lui faire bouffer ses sandales ?

mercredi 18 janvier 2017

La genèse de Charlie





L
e saviez-vous ?
Avant Charlie Hebdo,
il y eut Charlie Mensuel.

Né de la volonté de ses créateurs (Cavanna, Choron et Delfeil de Ton) de faire découvrir au public français des bandes dessinées contemporaines, à la fois françaises, italiennes et américaines : comme son homologue italien Linus, il tire son titre du nom de l'un des personnages des Peanuts (en l'occurrence Charlie Brown).

N’oublions pas qu’à l’époque, la presse BD adulte n’existe pas, puisque la BD adulte n’existe pas.

Tout est dans le wiki.

J’ai retrouvé un strip des Peanuts publié dans un des premiers numéros du mensuel qui pourrait s’intituler « Naissance d’une vocation » à propos de l’hebdo.


En quatre cases, tout est dit, et résumée toute l'histoire du futur hebdomadaire satirique.
J'appelle tout de suite Pompidou pour le mettre au courant de ma trouvaille.

Plus tard, Umberto Eco dira dans "La vie et un rêve, Charlie Brown" :
« ces enfants (Les Peanuts) nous affectent parce qu'ils sont des monstres. Ils sont les réductions monstrueuses et infantiles de toutes les névroses des citoyens modernes de la civilisation industrielle (...) L'univers de Peanuts est un microcosme, une petite comédie humaine pour le lecteur candide comme lettré »

C’est vrai qu’à côté, le chien avec un chapeau dans l’incendie en flammes® fait pâle figure.
Même quand après l’instrumentalisation de son dessin "This is fine", il se livre à une métaphore autoréflexive sur la portée de son travail.



On imagine mal Charb faire ce genre d’autocritique s’il avait survécu à l’attentat de 2015.




A part les Peanuts, il y eut un autre ancêtre à Charlie, c’est "L’âge d’or" de Bunuel « film injurieux pour la patrie, la famille et la religion. »






Et leurs enfants ?
Charlie survit, tant bien que mal.
L'actualité lui donne tous les jours tort d'avoir raison.
Mais la disparition de ses plus fines plumes n'aide pas : il est tout déplumé.

Enfin, les dessinateurs passent, l'esprit satirique reste.
Qu'il serve à quelque chose ou pas.
Heureusement qu'il n'est pas le monopole de Charlie.











En ce moment, je lis le Fluide Glacial Or-Série (en vente partout) consacré à Franquin.
Certaines de ses Idées Noires auraient pu être publiées dans Charlie.
Simplement, ça n'était pas sa culture.

«Lorsqu’après avoir lu une page d’«Idées noires» de Franquin, on ferme les yeux, l’obscurité qui suit est encore de Franquin.» 
disait le regretté Gotlib.




"Influencé par le style sombre de Guido Buzzelli, qu’il vient de découvrir au salon international de Lucca, Franquin ose se rebeller, faire exploser une partie de ses codes (plus de héros récurrents, un graphisme plus personnel, de fortes prises de position) et cibler avec prédilection l’imbécilité des chasseurs, la morgue déshumanisée des militaires ou le rôle moralement paradoxal des bourreaux. Anticlérical et anticapitaliste, Franquin évitera de parler de certains sujets comme le showbiz ou la sexualité. 
Impressionné par son propre négativisme, Franquin arrêtera la machine en pleine production du tome 2 des « Idées noires », cependant paru en juin 1984."

Que sont-ils devenus ?

- Charles Schultz, créateur des Peanuts, est mort après avoir travaillé jusqu'à la fin, mais il doit bien avoir quelques héritiers illégitimes parmi les 100 milliards de bloggers bd américains. J'ai un peu la glu de chercher.
Kendra Walls, peut-être ?
mais c'est une fille, c'est tout de suite plus subtil.




- De la première équipe de Charlie, il ne reste que Willem (dessin) et Delfeil de Ton (chroniqueur, qui livre son imperturbable papier toutes les semaines dans l'Obs)

Willem, autant je ne comprenais rien à ses bédés de libertaire néerlandais (les Hollandais, c'est pas des gens comme nous), autant il est devenu en vieillissant un dessinateur politique de génie.






- De la seconde équipe de Charlie... je préfère ne pas en parler.
Y'a le bouquin de Denis Robert pour ça.

- Et la troisième, encore moins.



Anonyme, 2015


Sinon, Mix et Remix est mort, et tout le monde s'en fout.
Il ne dessinait pas dans Charlie, mais c'était aussi un génie, dans son genre.










dimanche 15 janvier 2017

Le Mème Internet du chien avec un chapeau dans l'incendie en flammes®


J’ai d’abord été intrigué par cette illustration issue de la compilation du Gramophone 2016
Ca sentait le webcomic bien grave.
Alors je l’ai mise dans le truc de Google qui permet d’effectuer une recherche d'images à l'aide d'une image. 
Mais il m’a renvoyé .
Alors j’ai pris une image plus petite, avec juste le dessin.
Le  dessin du chien avec un chapeau dans l'incendie en flammes®.
Bingo.
Je venais de découvrir le monde merveilleux des mèmes.
(de l'anglais meme; calqué sur gène, sans rapport et à ne pas confondre avec le français même, et en effet, c’est pas le même mème) qui est un élément culturel reconnaissable répliqué et transmis par l'imitation du comportement d'un individu par d'autres individus. L’Oxford English Dictionary définit le meme comme « un élément d'une culture (prise ici au sens de civilisation) pouvant être considéré comme transmis par des moyens non génétiques, en particulier par l'imitation »

La planche de blog BD dont était tirée l’intrigante vignette du chien avec un chapeau dans l'incendie en flammes® n’était donc pas une métaphore de la posture de déni de Donald Trump devant la menace du réchauffement climatique, comme je l’avais cru au départ. 

C’est un innocent webcomic créé par KC Green en 2013.



Devenu un mème Internet.
Créature qui semble avoir la fâcheuse tendance d'échapper totalement à son créateur, comme le monstre de Frankenstein.
En effet, le chien avec un chapeau dans l'incendie en flammes® fut instrumentalisé par les Républicains pendant une convention démocrate avant l’élection de Trump, pour se moquer de la feinte sérénité de madame Clinton juste avant le séisme électoral.
Puis provoqua la ruine spirituelle de son auteur originel, si j’ai bien compris.
Enfin, la ruine, pas vraiment, il a trouvé une source de revenus non négligeable avec la vente de peluches et de meugs « this is fine » :




mais disons que ça a cassé son élan créatif et qu’il a fermé son blog BD 
juste avant d’en ouvrir un autre, mais vous savez comment sont les bloggeurs.
Fontaine, je ne boirai plus de ton martini-gin, tout ça.
J’invente rien. 
Tout est là. 

Et moi pendant tout ce temps, confit dans mon ignorance crasse, je n’étais au courant de rien. 
On me cache des trucs.
Je ne vais pas sur les réseaux sociaux. 
J’y serais scotché en permanence. 
Au lieu de ça, j’ai créé mes propres réseaux, pour maitriser mes vecteurs de communication, songeant sans doute à ce que Jeannot Bistouquette m'avait dit un jour : qu'il était devenu réalisateur de pornos pour tenter de progresser dans l'intention de maitriser sa consommation de films de Q...
Et pourtant, l'image du chien avec un chapeau dans l'incendie en flammes® a fini par m'atteindre. 
Ils sont forts, ces Américains.
Alors c'est quoi l'intérêt de cette débauche d'hyperliens à propos de This is fine ?
Les mèmes sont abondamment utilisés comme images réactives sur les réseaux sociaux, mais finalement ne sont-ils pas surtout autoréférents ? 




mardi 10 janvier 2017

Esprit de Noël (7)

lettre reçue ce matin par moi et ma soeur

Cherzenfants,

Il m'a fallu me retenir de vous écrire plus tôt, dès le 27, tant mon envie était grande. Mais le passage à Marcellaz n'était guère propice, ni la suite, via Villeneuve, Barbizon, le Chesnay, Rouen ... puis j'avais en point de mire ce concert du 7 janvier, où j'avais la plus grosse charge, et la remise en ordre du 8 bis (je viens tout juste de retirer la rallonge de la table de cuisine, mais les lessives -nappes, draps, serviettes, ...- ne sont pas terminées).
Ouf, le concert (s') est (plutôt bien) passé ! Et j'ai pu, un brin vanné, me poser dans un fauteuil, devant une bière, des restes de chips, et, en priorité, téléphoner à mon fils souffrant. Puis, avec Elisabeth, nous sommes allés hier "tirer les rois" chez Viviane, et lui souhaiter bonne année, notre incontournable B.A.
Donc je ne me retiens plus pour vous dire combien votre venue m'a fait du bien, surtout succédant à la "réunion" précédente de novembre 2010. Que de la gaieté, des beaux petits enfants, qu'Adrienne aurait tant aimé voir grandir et s'épanouir! Bonheur tempéré toutefois par les "maux" de Hugo et John, que chacun voulait voir passagers.
Pourquoi cela fait-il tant de bien ? pas facile à expliquer précisément. Le rapprochement soudain avec ceux que j'aime, sans  avoir eu à me déplacer, occulte sans doute l'éloignement, qui me semblait terrifiant, fin 2010, et dont on ne peut jamais s'accomoder, de toute façon, même si l'on sait que le destin en est seul la cause. Et se voir tous dans la joie évoque toutes les autres joies passées. Sans doute aussi que voir grandis ces enfants et petits enfants, tels qu'ils sont maintenant, apporte la preuve que les espoirs que nous y avions mis à leur naissance et pendant leur enfance se sont en bonne partie réalisés.
Il faut dire aussi que cela s'est produit dans une "période faste", alors que j'en ai connu de difficiles, notamment 1983, 1993, ..., 2005, 2006, les disparitions de certains de nos meilleurs amis, fin 2010, été 2011 ...etc.
Période faste où je connais à peine les misères du vieillissement: tout juste quelques "VPPB" guère inquiétants. Mais zéro  souffrance physique, une vue qui se maintient, une autonomie totale, et une activité sociale quasi sans précédent, avec ... la musique, où j'ai  réellement "changé de dimension" au cours des deux dernières années. Sans parler de l'incroyable réussite du pari de 2011, avec Elisabeth, en nous embarquant ensemble pour la "traversée du troisième âge". Son dynamisme et sa gaieté inoxydables, des occasions de voyager, et une "famille d'accueil" chaleureuse !
Bref, la meilleure période de la vie ? comme dirait FOG, ajoutant "dommage que cela se termine toujours mal !".  Non , tout de même pas, car le malheur de 2010 ne peut être effacé. A un rêve que j'ai fait il y a 3 nuits, j'ai réalisé  que je m'étais  résigné seulement après plus de six années, et avais petit à petit relancé une sorte de nouvelle vie, à partir des décombres et de l'affection de ceux qui m'ont entouré.
Tout cela pour vous dire aussi que s'il m'arrive de geindre de ne pas vous voir souvent au 8 bis, il ne faut pas vous en formaliser. La vie l'a voulu comme ça. Revenez quand cela vous chante. 
Tournée générale de bises

Papijami

Une lettre qui se lit à deux :
un qui la tient, et un qui ouvre la fenêtre.
Je nous déconseille de répondre à cette provocation policière.
Commando Bouilloire

[Edit]

Le 10 janv. 2017 à 21:39, e.v. a écrit :

Oyé ! Oui je confirme.  Après son passage à R*** où il m'à chanté la même chanson plusieurs fois jusqu'à ce que je lui dise que ce n'était pas la peine d'insister compte tenu du comportement inapproprié qu'il avait eu à notre égard qui était de nature à nous infantiliser complètement et qu'on avait franchement passé l'âge et pas besoin de ça mais plutôt de détente. J'en suis à me demander si son vice ne va pas jusqu'à prendre un malin plaisir à se rendre insupportable avec son entourage. Pendant le peu de temps qu'il est resté chez nous, on a eu une très bonne copine à déjeuner qui le connaît un peu pour avoir séjourné quelques jours à la marina ces dernières années. Même elle a décelé en quelques heures qu'il y avait un vrai pb d'égo et de centrage sur sa propre personne alors qu'on ne lui avait rien dit de ce qui s'était passé les jours précédents. 
Bref, un bel exemple à ne pas suivre pour nous comme pour les gosse.  C'est dur de devoir leur dire que si ils détectent des symptômes ressemblants, ils doivent nous alerter pour que nous préserver de ce gendre de travers là.

Je ne répondrai donc pas car il sait ce que j'en pense.  A moins qu'il n'ait pas entendu ce que j'ai dû lui dire parfois ... ce qui m'étonnerait guère puisqu'il n'écoute pas grand monde d'autre que lui ... Pas la peine donc de répéter s'il n'a pas entendu les 2 itérations précédentes.

Pour ton info, Renaud à décidé de venir à la maison en avril et papa était au courant presque avant moi  ... ce sera du 20 au 23 avril. Donc si vous voulez venir aussi, vous êtes les bienvenus ! On lui montrera que "notre territoire " n'est pas une maison de verre en cristal en Baccarat et que c'est possible dans le calme. Et avec un peu de chance' si vous veniez, on pourrait même lui faire admettre que l'hôtel est complet. Comme ça on pourrait s'entraîner à  faire Noel entre frères et soeur pour voir si c'est possible aussi sans lui !  P'tain là je deviens un peu cinique non ? Parce qu'il le vaut bien !  Mais si c'est pour être stressée qd il est là,  franchement, je préfère qu'il reste chez lui. 

Bon aller j'arrête,  tu vas finir par croire que je le prends pour un gros pervers narcissique !
Bises, je vais coucher ma chouette à roulettes. 
Soeur

Envoyé depuis mon appareil mobile Samsung.

Objet: Rép : Traversée ...

Allo ma soeur
Je comprends toujours pas comment tu parviens à rédiger des pavés sur un appareil mobile.
Au risque de quelques coquilles comme le « gendre de travers », qui doit apprécier.
C’est pas grave.
C’est admirable (de lapin) de ta part.
Pas grand-chose à ajouter.
gros pervers narcissique ?
il n’est pas gros.
Je partage ton diagnostic, et je me contente d’essayer de ne pas lui ressembler, un jour à la fois.
Si je lui rentrais dans le chou, je me ferais plaisir, mais ça ne serait d’aucune utilité.
Le Christ a dit « aime ton ennemi ». Il n’a pas dit « deviens comme lui », lol.
Et de toute façon, comme papa l’a démontré, et le démontrera encore, il n’entend rien. 
Ne peut ni ne veut.
Je crois que ces tendances étaient latentes chez lui depuis pas mal de temps, et ne font que se renforcer avec l’âge et le manque de stimuli externes.
Et je crois que c’est encore et toujours la peur (la peur de tout ce qu’il ne maitrise pas, dont la quantité va croissante, et qu’il pressent vaguement menaçante et au-delà de sa compréhension) qui le fait réagir de façon agressive envers nous, tout en prétendant que nous sommes ce qu’il a de plus cher, et qu’il passe vraiment de bons moments avec nous.
On pardonne beaucoup aux personnes âgées, parce qu’elles ont été jeunes, et qu’elles nous ont engendrés.
On leur pardonne même de nous avoir engendrés (c’est du boulot !)
Il manifeste les symptômes de l’âge tout en prétendant en être épargné à longueur d’antenne.
(Maman avait bien raison de dire qu’il ne connaissait que le mode « émission »)
What the fuck ?
Faut-il tirer sur l’ambulance ?
Prenons un autre exemple : la vieille chatte à ma femme est condamnée par le vétérinaire, qui a diagnostiqué une tumeur de la thyroïde inopérable.
On arrête donc de lui fourguer des croquettes light de chez light à 27,50 € les 2,5 kgs qu’on lui administrait jusqu’à présent pour prolonger son existence par un régime hypocalorique (elle avait été condamnée par le vétérinaire  qui avait diagnostiqué une cirrhose du foie dans un épisode précédent remontant à plusieurs années) et on passe aux succulentes pâtées de chez Félix pour pouvoir lui mixer sa chimio et ses anti-douleurs dedans.
Moyennant quoi elle est trois fois plus infernale qu’avant, ne pense plus qu’à manger, et nous harcèle pire qu’un gang de démarcheurs téléphoniques bourrés et en rut au Salon International de la Bière et des Gonzesses.
On est carrément obligés de se barricader dans la cuisine pour faire à manger, sinon on lui marche dessus. 
Elle n’est plus qu’une petite vieille obsédée par la bouffe, qui nous engueule à longueur de journée pour avoir plus que ce qu’elle pourrait avaler.
C’est vrai que pour les chats difficiles, Fido Boulettes a inventé le coup de pied au cul, mais allons-nous frustrer cette pauvre bête (qui ne semble pas du tout) en fin de vie ? 
Non, nous continuons à lui témoigner notre affection inconditionnelle.
Je vais essayer de me représenter papa en chat, tiens. 
Avec des moustaches.
Ca sera peut-être plus facile à gérer.
Pour le rdv d’avril, avec Renaud, je le note, mais je peux rien dire pour l’instant.
a+
Frêre.  


la vieille chatte à ma femme
(pleine de poussière)