mercredi 18 janvier 2017

La genèse de Charlie





L
e saviez-vous ?
Avant Charlie Hebdo,
il y eut Charlie Mensuel.

Né de la volonté de ses créateurs (Cavanna, Choron et Delfeil de Ton) de faire découvrir au public français des bandes dessinées contemporaines, à la fois françaises, italiennes et américaines : comme son homologue italien Linus, il tire son titre du nom de l'un des personnages des Peanuts (en l'occurrence Charlie Brown).

N’oublions pas qu’à l’époque, la presse BD adulte n’existe pas, puisque la BD adulte n’existe pas.

Tout est dans le wiki.

J’ai retrouvé un strip des Peanuts publié dans un des premiers numéros du mensuel qui pourrait s’intituler « Naissance d’une vocation » à propos de l’hebdo.


En quatre cases, tout est dit, et résumée toute l'histoire du futur hebdomadaire satirique.
J'appelle tout de suite Pompidou pour le mettre au courant de ma trouvaille.

Plus tard, Umberto Eco dira dans "La vie et un rêve, Charlie Brown" :
« ces enfants (Les Peanuts) nous affectent parce qu'ils sont des monstres. Ils sont les réductions monstrueuses et infantiles de toutes les névroses des citoyens modernes de la civilisation industrielle (...) L'univers de Peanuts est un microcosme, une petite comédie humaine pour le lecteur candide comme lettré »

C’est vrai qu’à côté, le chien avec un chapeau dans l’incendie en flammes® fait pâle figure.
Même quand après l’instrumentalisation de son dessin "This is fine", il se livre à une métaphore autoréflexive sur la portée de son travail.



On imagine mal Charb faire ce genre d’autocritique s’il avait survécu à l’attentat de 2015.




A part les Peanuts, il y eut un autre ancêtre à Charlie, c’est "L’âge d’or" de Bunuel « film injurieux pour la patrie, la famille et la religion. »






Et leurs enfants ?
Charlie survit, tant bien que mal.
L'actualité lui donne tous les jours tort d'avoir raison.
Mais la disparition de ses plus fines plumes n'aide pas : il est tout déplumé.

Enfin, les dessinateurs passent, l'esprit satirique reste.
Qu'il serve à quelque chose ou pas.
Heureusement qu'il n'est pas le monopole de Charlie.











En ce moment, je lis le Fluide Glacial Or-Série (en vente partout) consacré à Franquin.
Certaines de ses Idées Noires auraient pu être publiées dans Charlie.
Simplement, ça n'était pas sa culture.

«Lorsqu’après avoir lu une page d’«Idées noires» de Franquin, on ferme les yeux, l’obscurité qui suit est encore de Franquin.» 
disait le regretté Gotlib.




"Influencé par le style sombre de Guido Buzzelli, qu’il vient de découvrir au salon international de Lucca, Franquin ose se rebeller, faire exploser une partie de ses codes (plus de héros récurrents, un graphisme plus personnel, de fortes prises de position) et cibler avec prédilection l’imbécilité des chasseurs, la morgue déshumanisée des militaires ou le rôle moralement paradoxal des bourreaux. Anticlérical et anticapitaliste, Franquin évitera de parler de certains sujets comme le showbiz ou la sexualité. 
Impressionné par son propre négativisme, Franquin arrêtera la machine en pleine production du tome 2 des « Idées noires », cependant paru en juin 1984."

Que sont-ils devenus ?

- Charles Schultz, créateur des Peanuts, est mort après avoir travaillé jusqu'à la fin, mais il doit bien avoir quelques héritiers illégitimes parmi les 100 milliards de bloggers bd américains. J'ai un peu la glu de chercher.
Kendra Walls, peut-être ?
mais c'est une fille, c'est tout de suite plus subtil.




- De la première équipe de Charlie, il ne reste que Willem (dessin) et Delfeil de Ton (chroniqueur, qui livre son imperturbable papier toutes les semaines dans l'Obs)

Willem, autant je ne comprenais rien à ses bédés de libertaire néerlandais (les Hollandais, c'est pas des gens comme nous), autant il est devenu en vieillissant un dessinateur politique de génie.






- De la seconde équipe de Charlie... je préfère ne pas en parler.
Y'a le bouquin de Denis Robert pour ça.

- Et la troisième, encore moins.



Anonyme, 2015


Sinon, Mix et Remix est mort, et tout le monde s'en fout.
Il ne dessinait pas dans Charlie, mais c'était aussi un génie, dans son genre.










2 commentaires:

  1. Je préfère le thème utilisé sur ce blog ci. Je dis ça, je dis rien. Et tour le monde ne se fout pas de la mort de Mix et Remix puisque Zep en a parlé sur France Inter.
    J’aime beaucoup son dessin et son humour mais je suis peu compétent en dessin de presse.

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  2. Je comprends. Moi-même, dans cet exposé, j'essaye de progresser en professeur d'explications, mais je ne peux pas m'empêcher de glisser des erreurs débiles dans mes conférences (bien sûr que la mort de Mix & Remix n'est pas passée inaperçue, ils en ont même parlé dans Spirou)

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