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vendredi 10 septembre 2021

Vaccination pour tous (2)

 Il y a d'abord eu cet article dans Télérama.


Au moins, ils ont résolu le problème de la cyber-addiction. 
Ex-aequo avec les talibans, qui lapident les e-gamers qui n'ont pas fui à l'étranger.
Et admettons que les Chinois n'aient pas d'addicts au porno parmi leur population, jeune ou vieille, puisque leur Internet n'est qu'un gros Intranet d'entreprise, mais imagine, en Europe ou aux USA, un hologramme tout verdâtre de Macron qui jaillit de ton écran et qui vient te couper ta connexion quand tu te branles plus de cinq minutes sur un site coquin, qui te met une petite tape sur le cul et t'envoie gentiment au lit (il t'appelle par ton prénom puisqu'il t'a identifié grâce à la reconnaissance faciale.)
Les objecteurs de pass sanitaire auraient tôt fait de hurler à la mesure liberticide.
Je suggère vivement à tous nos lecteurs pornoïques de continuer à se branler comme des sourds tant que c'est encore possible (moi-même, je ne sais pas ce qui me retient, à part que j'ai les mains prises par la rédaction de cet article) parce que la reconnaissance faciale, j'ai vu des enquêtes sur Arte, c'est sûr qu'on y va aussi, même si on y va masqués vu que c'est encore un peu interdit par la loi mais que la techno est déjà là.
Justement, j'ai reçu récemment de la part d'un collectif de techniciens intermittents du spectacle (qui ignorent que j'ai un CDI depuis début juin) un message m'invitant à une insurrection polie mais révoltée et surtout juste.

"Nous nous sommes réuni·e·s hier soir pour une AG de lutte.
Beaucoup de sujets ont été inscrits à l'ordre du jour mais la question du pass sanitaire et de ses effets inhumains, liberticides et dévastateurs a occupé une importante partie du débat.
Beaucoup d'entre nous se sentent acculé·e·s face à cette mesure gouvernementale ; pris·e·s en étau entre la position individuelle, la nécessité de travailler et le besoin de faire front collectivement contre cette mesure inacceptable. 
Nous ne sommes pas dupes, le pass sanitaire est un outil du gouvernement pour contrôler nos vies, masquer les vrais sujets et mettre en place un système d'auto-flicage des citoyens.

Beaucoup de questionnements ont été soulevés :
Le pass nous permet-il d'exercer notre métier dans les conditions habituelles ?
Ça veut dire quoi ce pass dans ma vie ?
Ça veut dire quoi ce pass dans mon travail ?
Quels moyens on se donne pour agir ?
Acceptons-nous d'appliquer un pass qui permet à certain·e·s adultes d'accéder à une vie sociale démasquée pendant que nos enfants ont l'obligation d'être masqués à l'école du matin au soir ?

Plusieurs moyens d'action sont envisagés :
Interroger les programmateur·rice·s et directeur·rice·s des structures culturelles de l'agglomération nantaise qui pour la plupart ont mis en place le pass sans même un échange avec leurs salarié·e·s.
Boycott collectif
Se poser la question du pass revient à envisager la question de la grève.
Le recours juridique et la question du secret médical
Rejoindre le mouvement "contrôler n'est pas notre métier".
Créer un kit anti-pass
Mettre en place des brigades d'interventions anti-pass
Interroger les politiques en cette période pré-électorale"
Il me semble qu'ils s'acculent eux-même dans l'impasse. Que peuvent bien leur répondre les programmateurs de structures culturelles sur le sujet du pass, à part leur servir le brouet gouvernemental ? Que de violence verbale en perspective. Misère. Le plus affreux, bien sûr, c'est cette atroce écriture inclusive, Que Bernard Pivot nous en préserve.
Pendant ce temps, ce matin même, à l'autre bout de la planète, et quasiment en direct de notre envoyé spécial permanent en Nouvelle-Calédonie, où un reconfinement venait d'être décidé :

Bon ben ça y est, on est tombés dedans.

Découvertes des premiers cas locaux lundi, aux 4 coins du pays (premier cas sur l'île de Lifou !!), ce qui signifie que ça faisait au moins 3 semaines que le virus circulait, mais sans cas grave ni symptomatique, il est passé sous les radars le temps de bien s'installer un peu partout. Et c'est du Delta indien, de la bonne.

Ironie du sort, vendredi dernier avait été votée la vaccination obligatoire par notre gouvernement local, ce qui avait donné lieu à une manif le lendemain samedi de plus de 1000 personnes antivax (bonjour les contaminations) juste en bas de chez nous, devant le siège du gouvernement...

Et de fait, on part sur les chapeaux de roues : 3 cas avérés lundi, 9 mardi, 66 mercredi, 117 jeudi (au total).  7 cas sont en réa, et premier décès ce matin. (le monsieur était certes porteur de nombreuses comorbidités et âgé de 75 ans... mais il était aussi vacciné depuis le mois de mars ! ) C'est la ruée sur les vaccinodromes généralisés depuis 2 jours partout et sans rendez-vous, 5000 doses ont été injectées dans la seule journée d'hier. Il était bien temps, mais il est déjà trop tard. Avec 26 % de vaccinés seulement et 70% de la population en surpoids ou obèse, ça va être le scénario polynésien (pire qu'aux Antilles), un vrai carnage, ça sent la fosse commune.

On prévoit d'ici 15 jours la saturation totale de l'hôpital et des cliniques qui étaient déjà en déficit de personnels depuis des mois avec le départ de nombreux toubibs rentrés en métropole (on a perdu 10.000 habitants ces 5 dernières années, et ce ne sont pas des kanaks de tribus...) que notre gouvernements ou les institutions idoines ont été incapables de faire remplacer. On est donc très mal préparés, je dirais même plus : très mal tout court.

Les gens sont assez négligents ici : peu de vaccinés depuis février malgré les fortes incitations par l'assurance que le bouclier sanitaire ne tiendrait plus longtemps face au delta ; malgré les mises en garde par rapport aux taux d'obésité et de comorbidité d'une population gavée de malbouffe, d'alcool et sans aucune hygiène de vie ; malgré l'exemple catastrophique des cousins tahitiens ; malgré l'info qu'une douzaine de connards avait fait annuler leur septaine obligatoire à leur retour de métropole par la justice alors qu'on sait que même vaccinés on peut être porteur, malgré, malgré, malgré... Rien n'y a fait.

En revanche, ils sont aussi très obéissants : tout le monde respecte le confinement strict, les masques sont partout, les rues désertes, etc... La peur a remplacé d'un seul coup le "casse pas la tête"; comme les enfants... La communauté kanake chez qui les cérémonies coutumières de deuil durent un mois va être particulièrement affectée.

Ce qui est sûr, vu le départ en flèche de l'épidémie, c'est que nous ne redeviendrons certainement plus jamais "covid free", c'est mort de chez mort comme me disait mon garagiste parlant de l'embrayage, et qu'on est encore moins près de partir en vacances. On attend des annonces concernant un report éventuel du referendum du 12 décembre...

Nos zélus/crétins ont déjà demandé des bataillons de personnels médicaux en renfort à la métropole... Vive l'indépendance !

C'est la Kanakpanik ! 

PS/ j'oubliais : nous avons dans ce pays de magnifiques spécimens de chauves-souris particulièrement efficaces pour créer des variants bien mortels (genre Nipah, cf un de mes mails en 2020), on vous renvoie le variant kanak dès que c'est prêt...

A noter donc que la vaccination obligatoire votée par le gouvernement local entraine une manif des antivax ET la ruée vaccinale simultanée. Si ça se trouve, c'est les mêmes, qui sont farcis de défiance à l'égard du Pouvoir, et qui vont se faire vacciner quand ils y sont contraints. Puis retournent manifester contre les mesures liberticides. Putain, ça y est, je suis mûr pour regarder Zemmour. L'étanchéité aux faits des réfractaires au vaccin est à pleurer, mais faudrait surveiller le taux de conversion des antivax une fois qu'ils sont contaminés. Les sombres Tristus ne deviennent sans doute pas des Rigolus pour autant, mais ça doit quand même leur en mettre un coup au moral.
En France il s'est publié d'excellents podcasts sur les mécanismes du complotisme et de la malveillance supposée des gouvernants et des soignants, sur la 5, France Inter et/ou France Culture, je ne sais plus mais je vais les coller sous ce paragraphe dès que je les aurai retrouvés... le problème c'est que les complotistes ne sont pas très clients de podcasts expliquant le complotisme, puisque les journalistes sont les valets du pouvoir à la solde des media mainstream...








Ecouter des podcasts sur le complotisme, j'y passerais ma vie, mais qui s'occupe trop de clés devient serrure (proverbe soi-disant turc, lu sur un forum de pornodeps en 2006)
Pour ma part, j'ai involontairement contribué à l'éradication des vecteurs de la pandémie (& de la dictature numérique associée) en réinventant bien malgré moi le piège à frelons asiatiques, ces damnées faces de citron comme les appelait affectueusement Buck Danny (en fait il parlait des Japonais, mais chut !)
J'avais vidé au compost une trentaine de pots de confiture périmés, et guêpes, abeilles, mouches et frelons sont venus en toute amitié y butiner pendant quelques jours; j'avais laissé les pots dehors, les insectes les nettoient aussi. Là-dessus, une petite pluie est tombée, et seuls les frelons asiatiques se sont retrouvés noyés dans les bocaux, dans trois centimètres de vieille confiture réhydratée à l'eau de pluie. J'ai bien retrouvé une trentaine de cadavres. Alors qu'il y a trois jours, j'avais médité un coup de pelle sur ces avatars du péril jaune, mais c'est clair que j'en aurais tué deux, puis aurais été piqué par dix, or je suis allergique. Ca se serait pas bien mis. Alors que là, responsable d'un génocide par hasard et à la tête d'un charnier d'insectes que j'exècre, j'exulterais presque. 
Vous allez me dire, j'ai le triomphe facile. 
On se la pète avec ce qu'on peut.



samedi 27 mars 2021

Le disque dur de Ben Laden

Il y a déjà quelques mois que je m'abstiens d'écrire sur tous les sujets qu'il m'aurait amusé d'aborder d'un peu trop près. C'est d'ailleurs cette excitation pré-liminaire qui me sert de marqueur de zone interdite, d'alarme incendie dans le pavillon témoin désert à cette heure, de signal d'alerte à Malibu boira. Dès que ça commence à impliquer la divulgation d'informations intimes, ou la déclassification maladive d'extraits de ma fulgurante correspondance hyper-secrète avec des entités réelles ou supposées, il vaut mieux que je m'abstienne. Que je lâche prise. 
Les kamikazes de blogs ne sont plus d'accord
pour s'y faire sauter (archive)
Que je ferme ma putain de gueule.
Ainsi donc, vous n'apprendrez rien aujourd'hui de ma longue maladie en cours, de mon immunothérapie qui me réduit pas mal la bande passante énergétique, de mon assignation d'un employeur aux Prud'hommes pour obtenir une requalification en CDI après 23 ans de CDD, de mon blacklistage subséquent au planning, ce qui me donne l'impression d'être en préretraite depuis un an, des errements de ma progéniture qui vient de réintégrer le domicile familial et qui s'occupe maintenant d'autistes adultes & déficients alors que je me demande toujours si lui et moi ne faisons pas partie du public ciblé, de sa phobie administrative aux conséquences multiples et avariées, de la fripouillerie des concessionnaires Opel alliée à leur incompétence crasse, de la recette du kouign amman au variant breton, de ma bipolarité en dents de scie avec les icebergs qui se déchaussent de ma gencive et tombent à l'amer de ma banquise, de mon addiction sexuelle qui barre en couille, ou pas, de mon combat contre les kilos en trop, et pour l'instant c'est eux qui gagnent, de mes progrès en méditation suivis de mes rechutes en ruminations, des copains qui ont eux aussi attrapé des longues maladies et c'est bien de notre âge, de l'effet de Steve Roach sur mes acouphènes, de la réclusion psychologique à perpétuité à laquelle je soumets mon père depuis déjà 9 mois, de mon oncle qui vient de survivre à 80 ans passés à un Covid gratiné + un pneumo-thorax + un infarctus et qui rêve maintenant de me réconcilier avec son frère ainé alors qu'il dit nous avoir vus, mon frère et moi nous faire martyriser par lui pendant des décennies, de ma récente vaccination prioritaire à l'AstraZeneca goût banane, annulée puis désannulée, c'est ça la cancel culture, de ma femme qui ne s'appelle pas Comorbidité mais franchement, y'a des jours, on se demande, parce que y'en a qui cumulent. Non, franchement, pour tout ça, ne comptez pas sur moi. Allez voir ailleurs si j'y suis. Et faisons donc diversion, le temps que ça me passe, et que l'orgie d'indiscrétions à base d'exhibition de slips sales au Centre Pompompidou puisse reprendre.

De toutes façons, de mes petites mythochondries cinématiques, on s'en moque : 
Le réel vient d'être annulé. On va pouvoir passer aux choses sérieuses.

La culture est là pour ça. Pour que la mémorisation/régurgitation d'informations puisse procurer l'illusion de la sagesse, et surtout meubler ces grandes pièces intérieures, qui sinon résonneraient des échos lugubres des gémissements de dépit de la quête infructueuse du Soi (il ne s'y trouve pas).

Et non seulement ça, mais l'impasse des pensées, déjà dénoncée par les écoles philosophiques orientales,
est aujourd'hui frappée d'une annulation de sens interdit. Je ne sais pas trop quoi en penser,
sinon que ce questionnement implique que je suis déjà dans l'erreur.
Je vois bien, depuis 2 mois que j'ai un smartphone et qu'il me canarde de nouvelles improbables que je ne tenais pas à connaitre (mais la vraie modernité semble inclure dans son pack une certaine tolérance à l'intrusivité) que ma sous-culture augmente dans des proportions inquiétantes. Le fil d’actualités Google Discover collecte pour moi des informations en fonction de critères d'intérêt basés sur mon historique de recherches et mes préférences. C'est la garantie de ne plus jamais m'extraire de mes obsessions et certitudes auto-démontrées. Ma première trouvaille de la journée, c'est de découvrir qu'une biographie semi-clandestine de Philip K. Dick avait été tournée en 2006 avec Bill Pullman.
Bill Pullman ! Un avatar occidental du Bouddha, quand il joue dans The Sinner, avec une touche de Jean-Pierre Filiu. J'ai hâte de ne pas voir ça. La bande-annonce décourage toute tentative. De tout cela, on se tamponne avec une élégance teintée de nostalgie, en songeant à l'époque où ça nous paraissait important. Mais quand mon téléphone me propose un article sur le contenu du disque dur de Ben Laden, ça c'est forcément du lourd ! 
Les dangers de l'Occident sont
signalés par la Sécurité Routière
Jusqu'ici, je ne considérais pas Ben Laden comme un grand Saint de l'Islam, mais comme il avait appelé au djihad avant de partir en live, je me disais que quand même, dans son disque dur on allait trouver quelques sourates apocryphes, la photo encadrée de la mère du Prophète, et 
des Commentaires du Coran annotés par des théologiens comme seuls les pays du Golfe savent en produire. 
Hé ben, au final, pas plus de sourates que de beurre en broche : dans son disque dur, on a découvert notamment des mèmes, des gifs animés, du porno, le film L'Âge de glace, des épisodes de Tom et Jerry ainsi que de Mister Bean ! Et si ça se trouve, en plus il avait téléchargé tout ça illégalement !
A partir du moment où un ennemi de la démocratie télécharge illégalement du Tom et Jerry, il est fichu, car le ver est dans le fruit : la frustration et l'insatisfaction se répandent dans son organisme à la vitesse de la métastase issue du mélanome colonisant le système nerveux central. Car comme le disait Malek Boutih, à qui on n’avait rien demandé, dans le Charlie Hebdo du 11 mars 2015 : 
« Il ne faut pas oublier une chose : le point de départ de l’intégrisme islamiste, ce ne sont pas les théories des Frères musulmans, mais l’arrivée de la parabole dans les pays arabes. C’est quand, tout d’un coup, la modernité, le sexe, la liberté, tout fait irruption. Et les intégristes se sont sentis débordés.
- Vous voulez dire que la démocratie propose une image que théoriquement ils refusent mais qu’instinctivement ils désirent ?
- Exactement. Le fait de pouvoir avoir cette image mais de ne pas la consommer en même temps, ça rend fou. Et c’est le cœur de tout.»
Papounet en train de draguer
une des soixante-dix vierges
en arrivant au paradis d'Allah, 
par Omar Ben Laden
Pour oublier tout ça, et surtout le passé sulfureux de papa, le fils de Ben Laden se noie dans la peinture ! Tous nos détails en pages intérieures !
Mais bon, faut pas généraliser. Si mon téléphone intelligent voit le mal partout, c'est sans doute parce que mon historique de navigation n'est pas très net. Pour que l'enquête soit objective, il faudrait aussi aller farfouiller dans la clé USB de l'évêque de Nevers (Never say Nevers again) et même de certains bouddhistes thaïlandais qui abusent un peu de la sauce piquante.
On ne va pas abattre tout le troupeau de croyants pour quelques brebis galeuses. On se demande quand même si défroquer un moine convaincu de pédophilie est la meilleure attitude à adopter. Attendez, j'en connais une autre, sur les bouddhistes, c'est pas dans mon curé chez les Thaïlandaises que je l'ai entendue ?
Un jeune homme de 21 ans s'embarque dans une virée meurtrière contre trois salons de massage d’Atlanta et ses environs. Six des huit victimes sont d’origine asiatique, et sept sont des femmes. Robert Aaron Long « affirme ne pas avoir de mobile raciste »Se présentant comme un « obsédé sexuel » soucieux de supprimer « une tentation », il a insinué qu’il avait des problèmes d’addiction sexuelle et pourrait avoir fréquenté plusieurs de ces lieux dans le passé. 
C'est un peu plus radical que de demander aux femmes de se voiler pour éviter aux hommes d'être excités par leur beauté, avec les résultats que l'on sait sur le contenu du disque dur de Ben Laden.
Xing Hua, Américaine d’origine asiatique, confie être « très en colère » que le bain de sang de mardi n’ait pas encore été qualifié de « raciste » par la police. « Le fait est que six femmes asiatiques sont décédées », dénonce la trentenaire à Washington, la capitale des Etats-Unis, où plusieurs centaines de manifestants se sont rassemblés dimanche. « Je ne suis pas une tentation », fustige sur sa pancarte Kat, 31 ans, regrettant une hyper-sexualisation des femmes asiatiques. « J’ai été accostée par des hommes sur des applications de rencontre qui me disent “Je dois soigner ma fièvre jaune” », raconte-t-elle à l’Agence-France Presse. 

Heureusement, Robert Aaron Long
ne lisait pas de mangas.
C'est déjà assez gore comme ça.

On se croirait revenu au bon vieux temps du Lotus Bleu, où selon Lao-Tzeu, pour trouver la Voie il fallait couper des têtes. Mais c'était un Asiatique qui voulait découper Tintin, et qui ne passait pas à l'acte.
Le type qui décide consciemment de génocider l'objet de son désir (en lui déniant au passage la qualité de sujet) en pensant que ça va résoudre son problème d'addiction pourra méditer à l'ombre de ce qu'il lui reste à vivre en prison sur la condition fluctuante dudit objet.
L'autre jour, en sortant de chez Feu vert, j'ai vu un jeune rebeu suivre en voiture et importuner verbalement une jeune femme qui passait à pied entre le parking du Leclerc et la station d'entretien des véhicules. Elle n'a ni accéléré ni ralenti son pas, il a balancé divers arguments que je n'ai pas entendus, puis a abandonné son véhicule quelques instants au milieu de la voie d'accès à la sortie du Feu vert pour l'emmerder plus librement à pied, elle souriait toujours sous son masque, ne s'est pas retournée et a poursuivi son chemin. Réaliste, il a alors lâché l'affaire et il est revenu vers sa voiture. Juste au moment où j'allais intervenir, et où mon fils m'a fait remarquer qu'il avait trois potes à l'arrière de sa caisse, que je n'avais pas vus. Je regardais la fille. Et comment elle s'en sortait. Il n'avait pas l'air encombré de questions sur la légitimité de son désir. 
Qu'il soit reubeu ou pas, on s'en fout, il témoigne d'une belle vitalité, faudrait juste l'aider à la réorienter vers des trucs plus utiles que d'emmerder des nanas. Sans doute une carence dans l'éducation. Et vitalité que n'a pas, que n'a plus l'intello dépressif campé par Houellebecq dans Soumission, qui abdique devant l'Islam même s'il reste attiré par plusieurs femmes, du pouvoir, plus d’argent… et  qui est loin d’en avoir fini avec l’insatiabilité de l’Occident, sans parler de ce qu’il boit et fume (5 cartouches pour écrire l’intro de Huysmans dans la Pléiade)

Le président du Comité pour l'Abolition du Désir
(archive)
Mais avec tout ça, et aussi avec les blagues tardives de PPDA, je me dis que dans notre culture, y'a un truc qui va pas, parce qu'un mec entreprenant, c'est un séducteur, alors qu'une fille qui prend l'initiative, c'est une pute. Y'a encore du chemin à faire. #Metoo m'aura au moins appris ça.
Comme j'ai commencé à prendre langue avec les derniers gauchistes islamo-écolos de mon coin, parce que j'en ai marre de rester confiné à lire les conneries dont mon smartphone me bombarde, l'autre jour ils m'ont envoyé de la réclame :
Bonjour ! 8 mars 2021, journée internationale pour les droits des femmes : ** se mobilise avec les boulangeries de ** ! En distribuant avant fin mars des sacs à baguettes dans les boulangeries de ** avec les numéros d’urgence et le violentomètre pour prévenir les violences conjugales !

Le violentomètre vous permet de mesurer à l'aide d'une baguette graduée
la quantité de violence dans votre couple. Avouez que c'est rudement pratique.
Et en plus après, on peut se faire un sandwich aux phalanges avec.












Je leur ai répondu :
Bravo ! 
Grâce au violentomètre, impossible maintenant pour ma femme de confondre «ramener une baguette» et «prendre un pain»
… ok, je sors.
Pardon, mais la multiplication des supports publicitaires, même pour une juste cause, me fait toujours un peu blasphémer.
- 😂 pour le jeu de mot mais honnêtement c’est un message pas aisé à passer car il devient banalisé . Au moins on fait des essais 😃
- nan mais c’est une bonne idée, il faut tout essayer, sinon rien ne change; le problème c’est que les gens « sensibilisés » (les filles aux prises avec des pénibles) savent souvent à qui elles ont affaire, et choisissent quand même de rester.  Ca s'appelle l'emprise.
C’est les mecs à qui il faudrait faire ouvrir les yeux sur leurs pratiques, je le sais, j’en suis un.
Mais comme je lis Causette aux cabinets, je me sens intouchable.
;-)))
surtout parce que l’âge (et ma femme, et ma fille) m’ont ôté mon illusion de toute-puissance.
Je préfère être un chantre clandestin de la nouvelle morale intersectionnelle et féministe.


Allez, et que la paix soit sur vous.






dimanche 14 février 2021

Entre ici, Navalny, avec ton terrible cortège

L’homme ne cesse de chercher une vérité qui corresponde à sa réalité.
Étant donné notre réalité, la vérité ne peut y correspondre.

Werner Erhard
cité par Frank M. Robinson dans « Destination Ténèbres »

La colonisation de Mars :
la version préférée de Poutine

« En juillet 2020, les Émirats Arabes Unis, la Chine et les États-Unis ont envoyé une sonde spatiale sur Mars. C’était le moment où nos orbites respectives étaient les plus favorables pour raccourcir la promenade. Il y a très peu de stations de gonflage ouvertes sur le trajet. Après sept mois de voyage et 470 millions de kilomètres avalés tranquillement en écoutant RFM avec un doigt sur le volant et l'autre sur le régulateur de vitesse, elles arrivent enfin tour à tour à destination.
Sur ce sujet, les Émirats, la Chine et les États-Unis affichent les mêmes ambitions : comprendre l’atmosphère martienne, son climat, sa géologie, son passé… et apposer une empreinte durable sur la planète rouge. Car au-delà des questions scientifiques, ce sont des enjeux économiques et géopolitiques qui se jouent dans l’espace.
Mars, une nouvelle colonie ? On en débat avec nos invités. »
C’était à peu près le lancement chanté par Elisabeth Quint du magazine 28 minutes sur Arte jeudi soir dernier, et disponible jusqu’au 11/02/2022. 


Hein ? 
Quoua ? 
jusqu'en 2022 ? 
ha ben, ça, c’est vraiment de la science-fiction, car je ne sais même pas ce qu’on va faire à manger ce soir. Il faut que je le revoie, ce débat, je mâchais trop fort ma purée, j'ai pas tout compris. 


Ce que je note c'est l’image étonnante de ces émirs arabes unis, coiffés de leurs chapeaux de cheikhs, en train de se congratuler du succès du lancement de leur sonde au milieu des ordinateurs quantiques, offrant un spectacle un peu anachronique pour mon islamophobie rampante qui n’attendait que ça pour ricaner, et je ne dois pas être le seul parce qu'il n'y a guère qu'Amazon pour avoir le courage de m'aider à nommer ce Chapeau arabe traditionnel pour homme composé d'un foulard carré (Ghutra), également connu sous le nom de Yashmagh, Kufiya et bague de tête (Igal). 

c’est Jean-Pierre Filiu, le célèbre chercheur islamo-gauchiste, 

qui s’est prêté de bonne grâce à la fantaisie du déguisement.

Arrête, Jean-Pierre, tu fais le jeu du Hamas.


Jeff Bezos sert peut-être la soupe aux Pays du Golfe, en bon commerçant transfrontalier, mais au moins, grâce à son érudition, la science du couvre-chef avance, et nous connaissons mieux nos voisins et partenaires, fournisseurs officiel du combustible fossile de nos véhicules et nouveaux conquistadors de l'Eldorado spatial. 
Ces gens qui ont inventé l'arithmétique quand nous pataugions dans la boue du Haut Moyen-Age, cette arithmétique que nous leur avons "empruntée" et jamais rendue, et qui nous permet aujourd'hui de nous envoler vers les étoiles, ces gens qui refusent de se laisser imposer la démocratie, la laïcité et le droit au Blasphème, qui sont pourtant parmi nos joyaux civilisationnels les plus enviables.
Je note aussi les deux grands absents de cette ruée vers Mars : l’Europe et les Russes. 
L’Europe, en panne de projet politique, en panne de gouvernail, en panne tout court, navire de commerce à géométrie variable mais afflligée de 27 capitaines irréconciliables, je comprends. C'est compliqué. 
Avec l'Europe, tout est compliqué.
Voici les 17 principaux programmes spatiaux sur lesquels 
l'Europe va travailler dans les cinq années à venir.
Nous lui souhaitons bon courage, et de bien s'organiser, aussi.



Le premier Spoutnik : une dégaine

à répandre la Covid-19 sur l'Occident Chrétien

par le biais des antennes 5G.

Mais les Russes ? 
du temps du premier Spoutnik, question conquête spatiale, c’était eux les rois du pétrole. C'est en observant leur progrès ahurissants que Kennedy a ordonné à la NASA d'aller sur la Lune avant 1970, pour ne pas se faire griller la politesse par Brejnev.
Ils ne sont plus dans la course, les Russes ? 
Ils ne veulent pas aller sur Mars ?
Vladimir montre ses muscles face à l'Europe, face à Navalny aussi, parce qu'il n'a plus grand-chose d'autre à montrer : le PIB de la Russie est aujourd'hui plus modeste que celui de l'Italie, juste derrière la Corée. C'est lors d'un débat de cette rudement chouette émission de 28 minutes sur Arte que je l'ai appris. Ainsi que l'info, plus troublante, et reprise nulle part ailleurs, sur la véritable nature de Navalny, opposant antisémite et nationaliste qui brigue le pouvoir pour le pouvoir, et non pas pour pouvoir pouvoir, comme le suggérait Patrick Font. C'est une journaliste de l'Humanité invitée sur le plateau qui balançait, peu suspecte de partialité (c'est ainsi que j'ai appris que l'Humanité, le journal, existait encore.)
Les Russes se sont peut-être recentrés vers des objectifs plus réalistes et moins laborieux que la terraformation et la colonisation de la planète Mars, que des auteurs de science-fiction très sérieux comme Kim Stanley Robinson ou moins avenants mais plus télévisés comme James S. A. Corey ont résolu depuis belle lurette. 

Putin absorbing life force of an innocent child
(source: Russia Today, 2015)
Peut-être aussi qu'ils économisaient leurs roubles pour investir dans des secteurs plus rentables de la recherche : ils ont surpris tout le monde en proposant récemment à l'export leur vaccin anti-Covid Spoutnik V, « facile à manipuler, peu coûteux, et fiable comme une kalachnikov » : le vaccin russe affiche apparemment des performances insolentes contre le Covid-19. 
Mais nous hésitons encore à passer commande. On aimerait constater les résultats sur la santé publique d'un pays tiers, de préférence peu influent sur l'échiquier géopolitique. 
Si c'est pas des craques, c'est assez finement joué, de la part d'un autocrate au pouvoir depuis 1999 dont le seul argument lors des négociations avec l'Europe repose sur un chantage au pipeline Nord Stream 2, qui doit prochainement nous ravitailler en gaz via la mer Baltique, si on est sages et qu'on la ramène pas trop avec Navalny. Je me suis laissé dire par le bonimenteur du télémarketing que Spoutnik V s’appuyait sur la technique du « vecteur viral » qui, consiste à injecter une instruction génétique dans nos cellules et à les laisser produire l’antigène qui va lancer la réponse immunitaire. Sauf qu’il s’agit ici non pas d’ARN mais d’ADN, inséré dans le génome d’un adénovirus. C’est ce virus rendu inoffensif qui va porter le bout de ruban génétique jusqu’au noyau des cellules… et se désintégrer. Le fragment d’ADN de SARS-CoV-2 est alors pris en charge par la machinerie cellulaire pour produire l’antigène, en l’espèce, la fameuse protéine Spike. (...) C’est assez malin, commente Jean-Daniel Lelièvre, chef du service immunologie clinique et maladies infectieuses à l’hôpital Henri-Mondor de Créteil. Cela permet d’éviter que des anticorps spécifiques contre le vecteur apparus après la première injection ne risquent de ruiner l’effet de la seconde. » Nous voici pleinement rassurés, et prêts à nous shooter au Sputnik-V dès que la Haute autorité de santé aura donné son feu vert, vers 2040 si tout se passe bien.

Dans l'espace, personne ne vous entend copier un film impérialiste.
Mais ce n'est pas tout : dans le même temps, les Russes sortent aussi "Sputnik - Espèce Inconnue", un film de science-fiction dont le pitch évoque comme par hasard et très puissamment celui d'Alien. 
Alien qui était pour tout dire (dans son incarnation pandémique de 1979) une espèce assez invasive et sans-gène vis-à-vis de l'espèce humaine, Alien qui n'hésitait pas à s'introduire nuitamment dans un pékin lambda puis, une fois installé dans son organisme hôte comme un rat dans le fromage, en profitait pour lui mettre un sacré bazar dans l'ADN, l'ARN messager et toutes ses boites postales, sans parler de ses organes digestifs, qu'il était loin de laisser dans l'état où il les avait trouvés en entrant.
En résumé, une forme de vie assez éloignée de la notre, basée sur la défense de la laïcité, les bons repas entre amis et la lecture attentive de la rubrique Netflix de Télérama.

Je me tâte pour regarder "Sputnik - Espèce Inconnue", le film. 
Je ne voudrais pas me faire contaminer visuellement et à l'insu de mon plein gré par une forme mutante du variant moscovite, qui me contraigne ensuite à me faire injecter en urgence "Sputnik V- Espèce Inconnue", le vaccin. On a vu pire scénario se réaliser dans le Videodrome de David Cronenberg, dont les Russes ont aussi pu s'inspirer, si une copie pirate en a été glissée sous le rideau de fer. Il est aussi arrivé des choses pas très nettes aux jeunes qui ont regardé TF1 sans visière de protection à la grande époque où je travaillais au Club Dorothée. 
Parmi les effets secondaires indésirables de Sputnik V- le vaccin relevés par The Lancet, les cobayes font observer qu'à la première injection, on est parfois pris de l'irrépressible envie de réhabiliter Joseph Staline, à la seconde on rêve de grignoter une merguez avec Georges Marchais à la fête de l'Huma. 
A ce stade, la paranoïa c'est juste la réalité pesée sur une balance plus fine, comme le dit un personnage un peu interlope dans le Strange Days de Kathryn Bigelow, sans doute le prochain blockbuster à être adapté par les Russes. A moins que les Coréens ne s'en emparent les premiers.
En tout cas, il est bien loin, le temps des blagues de Francis Masse sur les Soviets.
Comme les Chinois et les Emirats Arabes Unis, les Russes jouent à nouveau dans la cour des grands.

"Photocopillage" de Francis Masse, in Hebdogiciel n°153, 1986.
Repris dans "La nouvelle encyclopédie de Masse, tome 2, 2016.
Clique sur les images, sinon t'auras du mal à lire.


dimanche 1 novembre 2020

Picsou-Magazine : 2000 blagues sur Mahomet

Demandez à votre libraire (s'il n'est pas fermé)
l'édition spéciale : "2000 blagues laïques et républicaines"
Macron a demandé un petit coup de main à Blasphémator® pour aider les enseignants à évoquer, sobrement mais dès demain lundi (jour de rentrée des classes) l’assassinat de Samuel Paty, la laïcité et la liberté d’expression aux enfants de 6 ans et plus.

https://www.lemonde.fr/education/article/2020/11/01/rentree-scolaire-un-hommage-et-des-inquietudes_6058070_1473685.html  

Parmi les téraoctets de matériel pédagogique à ma disposition, pieusement engrangés chaque nuit que je choisis de consacrer à la veille technologique, j'ai finalement décidé de soulager Manu de ses petites angoisses au bureau en diffusant plus largement auprès des écoles le petit recueil de saynètes humoristiques qu'on trouvait jusqu'ici sous le manteau, encarté dans le supplément illustré de Picsou-Magazine : "2000 blagues contre l'islamo-gauchisme, l'islamo-fascisme, l'islamophobie et l'islamo-islamisme", dont j'extrais l'histoire qui suit. Allez en paix.

La discrimination scandaleuse

Un instituteur à l’école, classe de CM2 :
– Dis-moi Benoît, qu’est-ce que tu as fait pendant la récréation ?
– J’ai joué dans le bac à sable, monsieur.
– Très bien, Benoît. Viens au tableau. Si tu arrives à écrire « sable » correctement, tu pourras rentrer une heure plus tôt à la maison… voilà, c’est très bien, Benoît.
– À ton tour Bastien, qu’est-ce que as fait pendant la récréation ?
– J’ai joué au bac à sable avec Benoît, monsieur.
– Eh bien, Bastien, si tu arrives à écrire « bac » correctement au tableau, tu pourras rentrer en même temps que Benoît… c’est parfait.
– Et maintenant Mouloud, qu’est-ce que tu as fait à la récré ?
– Euuuuh, mooi, mossu, ji l’a volu jooéé a bac à sable, ma Benoît i Bastien zon pa voolu, tu compris ?
– Mais, quelle horreur, c’est une discrimination scandaleuse d’un groupe ethnique minoritaire dont l’intégration sociale pourrait être mise à mal, et en plus, dans ma classe ! Écoute, Mouloud, si tu écris correctement « discrimination scandaleuse d’un groupe ethnique minoritaire dont l’intégration sociale pourrait être mise à mal » au tableau, tu pourras rentrer chez toi aussi !

Dommage que la blague soit raciste, vu que Mouloud s'exprime en petit nègre. Oups. Mais du coup c'est un support prometteur pour des instituteurs motivés par des débats de classe qui s'annoncent passionnants. 

à paraitre prochainement, dans la même collection :
Le Blasphème sans peine, par Richard Corben


vendredi 1 décembre 2017

Dieu est un chargeur allume-cigares USB (2)

Résumé du chapitre 1
Ma chaudière au fuel a pris feu, mais n'est-ce pas le propre des chaudières au fuel ? puis elle s'est éteinte dans la nuit sans intervention divine apparente; mais n'est-ce pas le propre des interventions divines ? tandis que je médite sur ce koan devant le cadavre encore fumant de ma Viessmann 13156 T, un cri à l'étage ramène mon attention (...) vers l'escalier.

A l’étage, Jeannette Warsen est beaucoup moins dans la pleine conscience que moi. Ou plutôt, comme en s'éveillant du noir sommeil de l'insomnie elle vient de se moucher et que le contenu du mouchoir est tout noir, elle est dans la pleine conscience qu’il y a un problème qu’elle ne parvient pas encore à identifier, mais quand même. Je lui explique que c'est normal, comme dans la chanson éponyme d'Areski et Fontaine.
Paniquée devant l'absurdité rationalisante de mes explications face à la gravity of ze situation, elle fait venir SOS Médecins, parce qu'on est dimanche, qui nous rassure sur notre degré probable d’intoxication. Elle est beaucoup plus sensible que moi à la qualité de l’air. Faut dire qu’avec ce que je me mets dans les poumons… la moindre saloperie présente dans l'atmosphère lui déclenche une allergie. Alors vous pensez, 1000 litres de fuel cramés en une nuit...bref. Maintenant que nous sommes trompeusement tranquillisés sur notre santé à court terme, nous prenons la pleine mesure des dégâts. Une fine pellicule de fuel s’est déposée sur la totalité des surfaces planes, assombrissant la délicate teinte « tarte meringuée » déposée sur les murs l’année précédente par le célèbre peintre du dimanche Matt Brilland.

Matt Brilland posant devant l’oeuvre la plus emblématique 
qu’il nous ait laissée, à part sa facture : 
"Le Monolithre de Rouge", un hommage tardif et turgescent 
au "2001, l’Odyssée d’mes Spasmes" de Stanley Kubi.
Dénonçant ses emprunts pas toujours avouables
à l'oeuvre monumentale de Jeff Koons, ses détracteurs n'hésitent pas
à le surnommer Matt Brigand dès qu'il a le dos tourné.
La légende de cette photo concourra
pour le prix de l'Hypertélie dès que le jury aura été constitué.

Au rez de chaussée, les traces de suie ont épousé les contours des émanations de chaleur dégagées par le radiateur de l’entrée(1), dessinant comme des zigouigouis charbonneux et rupestres sur la peinture « tarte au citron pas cuite ». Je me dis que je vais pouvoir tester si c’est lavable, comme le fabricant l’a garanti à son client Matt Brilland, en vantant les mérites prophylactiques de son produit, parce que c’est une peinture qui absorbe soi-disant les particules viciées de l’air en recrachant de l’oxygène après avoir respiré dans le mur, c’est tout juste si elle ne fait pas la photosynthèse, bien que depuis plusieurs mois nous nous déplaçions avec un grand luxe de précautions dans la maison, parce que si on frôle un mur du coude, ça fait une trace, difficile à ravoir sur le jaune pâle. Quelques coups d’éponge humide me permettent d’étendre avantageusement le sinistre à peine esquissé. J’insiste à la lessive Saint-Marc, j’obtiens une eau-forte de Jérome Bosch.
Je lâche l’affaire, car il est temps d’aller m’engueuler avec la patronne, qui évoque la nécessité de refaire tous les travaux, que la baraque est foutue, qu’on a failli mourir, et que vraiment sa vie c’est de la merde en ce moment. Je reste discret sur mes travaux de rénovation qui ont commencé à l’étage du dessous, j'attendrai qu'elle soit moins dépressive pour lui faire la surprise.
Le moment me semble tout aussi inopportun pour lui citer la réplique de Morty à sa soeur dans la saison 1 rapportée dans le Télérama de la semaine dernière : « L’existence n’a aucun but. Tout le monde va mourir. Viens regarder la télé. »
Vais-je passer le reste de l'après-midi à regretter de n’avoir pas installé les détecteurs de fumée achetés il y a deux ans et qui trônent flambant neufs, c’est le cas de le dire, entre un paquet de Nicopatch et une pile de Hellblazer en v.o. sur une étagère de mon bureau ?
C'est tentant, mais j’ai mieux à faire : l’inventaire des radiateurs à bain d’huile et autres soufflants trainant dans la baraque, qui sont réquisitionnés et remis en état de toute urgence, sauf celui qui avait tellement mal vieilli que quand on l'allumait ça faisait sauter le compteur, puisqu’en plus d'être confrontés au vide de l'existence, on n’a plus de chauffage, et qu’on a beau avoir un automne clément, je n’avais pas rallumé la chaudière la veille au soir pour en finir avec la vie mais parce que ça caillait grave.
La colère tient chaud, mais à nos âges on fatigue vite.
___

(1) 70 kgs de fonte, même qu’on s’est bien pétés le Q avec Matt Brilland à le déplacer pour le repeindre.

(à suivre)

mercredi 16 décembre 2015

Dans la salle du bar tabac de la rue des Martyrs d’Al-Qaida


Je suis inséré dans la toute petite file d’attente (pour un dimanche matin) du tabac-presse, pour racheter des sucettes à cancer.
Les gens doivent être à la messe, ou au marché.
A mes côtés, un pauvre type, un faux air de Jack Palance avec qui la vie n’aurait pas été tendre, la cinquantaine incertaine, je sens son haleine alcoolisée à deux mètres, et le temps que j’atteigne le comptoir, il alerte de vagues connaissances, présentes dans l'établissement, sur un fait navrant qui vient selon lui de se produire à deux pas, sur la place du bourg.

« Y’a un vieux qui s’est fait tirer son pognon au distributeur Carte Bleue. Par un jeune arabe.
- Non ? pas possible ?
- Si, si, c’est René qui l’a vu ! 

(je parie que René, il n’est pas rené en Alcooliques Anonymes. Pas encore.)

C’est pas la première fois. Ces gens-là, faut vraiment s’en débarrasser. 
Le meilleur des arabes, y vaut pas le pire des français. »

Des petits vieux s’approchent timidement en mode Zombie Walk, et commencent à dessiner un vague cercle autour de lui, irrésistiblement attirés par le rayonnement maléfique de son message fort au gouvernement.

Je me suis arrêté au milieu de mon lancer de billet de 10 euros, et on échange un regard interdit avec le jeune buraliste sympa qui se met d’habitude à sourire dès que je passe la porte, parce qu’il sait que je vais lui faire une blague rigolote qui égaiera sa morne existence de vendeur de drogue de mort. 
Il me murmure « faudrait pas qu’il continue longtemps dans ma boutique, çui-là… »
Je suis rassuré, au fond j’ignorais comment il allait réagir. 
Je lui réplique à mi-voix, sur le même ton de conspirateur parce que Jack Balance est à un mètre cinquante : « Oui, moi c’est pareil, si je te pète un scandale ici, ça va faire désordre… »
Ayant constaté notre impuissance mutuelle à stopper l'évènement déplaisant en cours, nous concluons donc notre transaction.
Je sors du tabac.
J’en allume une.
J’en reviens pas.
On est le fameux dimanche d’élections régionales 2015, deuxième tour, et les racistes sortent du bois après la pluie comme les champignons après la douche électorale du premier tour.


Décomplexés. 
Pour eux, c’est open bar.

Tout ce que cette petite ville de province compte de sexagénaires et plus si longévité, traumatisés par la tuerie du 13 novembre - un mois, déjà - est soudain toute ouïe aux apôtres de la France du Pire, la France de la Haine.

On se croirait en 36.

Je tire sur ma clope.
Jo la Booze tarde à sortir du tabac.
Est-ce que j’aurais dû l’apostropher il y a deux minutes à peine ?
genre « excusez-moi, mais ma femme est arabe » ?

Vanitas too late : l’idée ne m’est pas venue.
En plus, c’est le genre de connard à avoir un surin dans sa poche.
J’aurais eu l’air malin.
Sur le moment, j’ai juste eu envie de lui péter la gueule.
Pas très constructif, comme réaction épidermique.

Je repense à ce que disait Daniel dans une autre incarnation, à propos de disciples bouddhistes occidentaux dépressifs :
«Le problème, c'est (…) d'arriver à gérer l'orgueil bien réel qui résulte du sentiment de sa propre nullité, car plus une personne se trouve nulle, plus en général elle aura développé de l'orgueil par-dessus pour arriver à survivre. »

Je me dis que le raciste, c’est ça son problème fondamental :
gérer l'orgueil qui résulte du sentiment de sa propre nullité.

Pas de bol, il l’externalise sur plus faible, plus pauvre, moins bien loti que lui, qui ne l’est déjà guère à la grande loterie de la Vie.


Puis Jack La Haine sort du tabac, entouré d’un petit aréopage de vieux et de vieilles confits dans leur rancitude inquiète, et s’éloigne à pas mesurés.

J’en reviens toujours pas.
Je passe au marché acheter des huitres et des câpres, parce qu’on n'a qu’une vie, et je rentre.

A table, j’évoque l’incident.
Ma femme me regarde comme si j’étais le dernier des Gogols.
« Enfin, je te dis souvent que ça fait des années que ça a recommencé. Ce type est sans doute payé par le FN pour faire le tour des bars et attiser la haine. C’est sans doute lui qui a dépouillé le petit vieux dont il parlait. » 

Putain ! Pendant que j'avais la tête ailleurs, ma femme a tourné conspirationniste !

Ca m’apprendra à me branler sur Internet.







Edit du 28/12/15 :


Mon ami raciste from john warsen on Vimeo.