dimanche 22 octobre 2023

Truffes magiques : Les ravages de la guedro (4)

Précédemment, dans le feuilleton truffes magiques :

Après avoir percuté de plein calfouette (quoique de façon temporaire) le mur de la honte mi-septembre, je navets plus trop envie de voyager avec les truffes magiques. 
Si c'était pour me retrouver dans un pays déjà visité plein de fois, et bien que comme le rappelle le poète-pouette, la pornographie soit un dépliant touristique pour un pays merveilleux auquel on n'arrive jamais, alors que je croyais l'avoir quitté depuis un bout de temps, merci bien, c'est gentil de laisser votre siège à un vieillard maniaque, mais je descends à la prochaine, le jeu en valait-il vraiment la chandelle, surtout après l'avoir jadis fumée par les deux trous ?  
Naguère, la quête du sens était mieux balisée.
Hormis les cures de micro-dosage, étalées sur plusieurs semaines, qui me réussissaient assez mieux parce que j'avais l'impression d'y ajouter quelques maillons à la chaine qui me retient au mur de mon histoire personnelle, malgré les problèmes de sommeil de plus en plus léger engendrés en fin de nuits de plus en plus courtes, les prises de risque lors des séances truffières plus intenses généraient des résultats décevants, aléatoires, chaotiques, au goût de pétard mouillé, mais pas dans le sens souhaité, mon Dieu ne nous délivrez pas de l'ambiguïté, bref j'étais loin des amours de près, et tout aussi éloigné de la rencontre enthousiaste entre le consommateur et le produit, comme on dit après-coup dans les groupes de parole des ex-toxicos abstinents. Tox un jour, tox toujours, c'est le bon sens commun et populaire, aussi près de chez nous que le délit crédit agricole quand les publicitaires faisaient tourner le monde avant-guerre, ne précisons pas laquelle, nous serions en retard d'une.

Alors, sans doute grâce aux ressources mises en branle par la vertu de ma demi-heure de méditation quotidienne, je me dis que les psychédéliques sont comme un système de traitement informatique un peu compliqué genre Chat_GPT, d'où ressortira toujours tout ce qu'on lui a rentré dedans, mais pas forcément dans le bon ordre. 
On dira qu'au niveau de l'aoutepoute, con, on voit émerger tout ce qu'on a mis en inepoute, macaniche ! mais selon une hiérarchie éditoriale qui nous reste opaque, et qui ne devient intelligible qu'une fois que le feu d'artifices est fini, qu'on a rangé les chaises et mouché les lampions. Et puis aussi, le mot clé dans paradis artificiels, ça serait-y pas le même que dans intelligence artificielle, c'est-à-dire artificiel
Quand même, si je change l'inepoute, il me semble raisonnable d'espérer voir évoluer l'aoutepoute, à l'heure de la sortie; ça m'a l'air pas si con, con. Au moins ça me donne une hypothèse de travail. Dans cette attente, j'ai profité des soldes de fin d'été du Never Ending Summer des Zamnésiques pour acheter des kits de culture de champignons, qui semblent plus faciles et amusants à produire et à conserver que le kit de truffes qui croupit dans un tiroir métallique de mon bureau depuis une vingtaine de semaines sans que je le voie se couvrir de la moisissure promise. Je devrais peut-être essayer de le ranimer à coups de tapis chauffant, mais la confiance n'y est plus.
Après avoir acquis les rudiments mycologiques auprès des gars de chez Rustica, je me lance, et au bout de deux semaines je vois poindre la première récolte, alors même qu'en forêt la persistance de la sécheresse décourage les amateurs de girolles.

c'est moi, ou ça ressemble à ce que je pense ?
C'est un peu magique, la vitesse à laquelle poussent les champignons, alors on les pèse, on les fait sécher, on les met dans un bocal, on remet le bac en culture et on n'en parle plus, sauf sur son blog hyper-secret, parce que on n'est pas montés bien haut, on est restés prudents et on a appris à gérer depuis la précédente session de microdosage de printemps, qui nous avait fait chauffer le moteur jusqu'au diraisonnable, mais ça fait déjà deux semaines qu'on essaye de redescendre retrouver le sommeil en s'abstenant de tout produit modifiant le comportement, pour ne pas remettre du charbon dans la chaudière.  Bien sûr, la possibilité de faire un mauvais voyage quand on sera de retour aux affaires n'est jamais à exclure.
Mais bon, chez Castorama on connait la musique, au pire, on passera quelques moments désagréables, mais si on parvient à conserver les yeux ouverts, on aura fait avancer la science, au moins sa frange quantique qui défriche la nombrillologie en essayant de ne pas s'éventrer sur ses écueils glacés et glissants.
Parfois, un doute nous saisit; est-ce qu'on serait pas par hasard en train de se mettre le doigt, ce fameux doigt qui nous montrait la lune, dans l'œil ? Est-ce qu'on se sent de taille à devenir un Bouddha à gélules, comme dans le générique d'American Gods ?



Heureusement, ce n'est que de la télé; dans la Réalité Réelle Ratée chère à mon maitre Louis-Julien Poignard, les Dieux ne font pas de Razzia sur la chnouff. Encore que, si je me récite le mantra de wikipédia pour me remotiver, la collusion drogues / quête du divin est avérée dans de nombreuses cultures humaines à travers les âges.

Typiquement, seuls le fondateur et quelques-uns de ses premiers disciples sont en mesure de revendiquer l’autorité qui découle d’une expérience directe du sacré. Pour ceux qui leur succèdent, il ne reste que la maigre consolation des histoires, des rites symboliques et de la foi. Le temps atténue la puissance originelle de l’expérience, qui se déroule désormais par l’intermédiaire des prêtres. Mais le culte des psychédéliques offre une promesse extraordinaire, celle pour quiconque d’accéder, à tout moment, à l’expérience religieuse originelle grâce au sacrement, qui se trouve être une molécule psychoactive. La foi devient dès lors superflue.

Et l'année dernière, quand j'ai commencé la méditation en pressentant qu'il me fallait être "clean" avant de goûter les champis, j'avais l'impression de camper à la sortie d'un égout : j'observais l'apparition de pensées peu agréables à leur point d'émergence dans le mental. C'était un peu pénible, même en essayant de ne rien en attendre, comme nous le suggère vivement la littérature spécialisée. Cette année, je ne médite que 25-30 minutes le matin, mais les pensées sont notées "agréables" au lieu d'être taxées de pénibles - vous allez me dire, tout ça, c'est la valse des étiquettes organisée par la grande distribution. Mais ça rend la méditation difficile, car les pensées agréables s'accrochent plus aisément que celles qui étaient vécues comme médiocres ou nauséabondes, et qui allaient se cacher tellement elles étaient gênées d'avoir honte d'elles-mêmes. 
Finissons ce billet d'humeur un peu mossad par un message d'espoir de notre sponsor :


Une étude a révélé que les expériences de type mystique induites par la psilocybine entraînaient des changements positifs plus durables, notamment l'altruisme, la gratitude, le pardon et le sentiment d'être proche des autres, lorsqu'ils étaient associés à une pratique régulière de méditation et à un programme de soutien à la pratique spirituelle.

liens à explorer avant la prochaine réunion de section :

- conférence non gesticulée sur les champis
- les filles et le microdosage
J'ai bien l'impression que les gens, et moi le premier, utilisent le microdosage comme une sorte d'antidépresseur homéopathique pour augmenter leur efficience sociétale. 
Timothy Leary doit s'en retourner dans sa tombe, et c'est bien fait pour lui.

Le Très Saint Livre
qui m'a mis le feu aux poutres 

Post scriptum
liens retrouvés le lendemain dans mes tablettes :
et plus généralement
dans les versions traduites spontanément en français par mon pécé de bureau, la cerise sur le gateau c'est les thérapeutes psychédéliques :
C'est sans doute les gens rencontrés par Michael Pollan quand il écrivait son livre. 
C'est la traduction automatique qui me fait sourire, quand elle crée des néologismes comme "conseillère certifiée en matière d'alcool et de drogues (CADC), facilitatrice de respiration". 
Qui serais-je pour me moquer des facilitateurs de respiration ? Ne présumons pas des besoins du turfu, qui, pour advenir, prend des chemins bien tortueux. Benalla Akbar.

2 commentaires:

  1. fin décembre 2023 : je poursuis mes expériences, alternant les périodes de microdosage et les périodes sans. Je ne ressens plus les effets bénéfiques des périodes avec microdosage, j'ai peut-être déjà passé mon âge d'or; mais j'ai accumulé des truffes, à ne savoir qu'en faire.
    https://www.psychonaut.fr/threads/kit-culture-truffes-mode-demploi.34116/#post-632218
    Il faut bien éponger l'excédent.
    Novembre et décembre, je n'étais pas très bien, je me suis même demandé si je n'allais pas reprendre du lithium, alors que ça fait un an que je m'en passe.
    Comme mon comportement reste le seul levier pour moduler mon humeur, j'ai allongé mon temps de méditation, une heure désormais chaque matin, c'est pas pire, et ça fait deux mois que j'ai lâché le cyber.
    J'espère que les perturbations dépressives ressenties à l'occasion de ce qu'il faut sans doute appeler ce sevrage, perturbations ressenties lors des premières semaines des sevrages précédents (alcool, tabac, porno, ainsi que mes précédentes tentatives de renoncement aux blogs et de manière plus générale à l'auto-addiction) vont s'estomper, et que je vais capter de nouveaux horizons, pour 2024 et la suite.

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  2. Fin 2024, ça fait déjà 14 mois que je ferme ma bouche sur ce blog, et ça fait du bien; par contre, j'ai un nouveau cancer, ça c'est moche. L'urologue veut faire un PET Scan pour savoir s'il y en a ailleurs que dans la prostate, et les secrétaires ont bien du mal à me trouver une place, parce qu'à Noël tout le monde veut faire passer ses dindes dans des scanners pour savoir à quoi elles sont fourrées.

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