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mardi 4 avril 2023

Estropiés se remettant dans le sens de la marche (1)

C'était un temps déraisonnable
On avait mis les morts à table
On faisait des châteaux de sable
On prenait les loups pour des chiens
Tout changeait de pôle et d'épaule
La pièce était-elle ou non drôle
Moi si j'y tenais mal mon rôle
C'était de n'y comprendre rien
Louis Aragon , "Est-ce ainsi que les hommes vivent"

Dans la Légende des Siècles rapportée plus tard par vos deux familles, on raconte que dans votre enfance vous viviez dans le même lotissement de la banlieue de Perros, cette petite voisine avait deux ans de plus que toi, et elle t'apprit à marcher dans le quartier. Presque soixante ans plus tard, tu tangues un peu en prenant appui sur ta béquille, mais enfin, tu marches à nouveau, et tu apprécies ce début d'autonomie retrouvée, en te dirigeant à l'estime vers le cimetière inondé d'un soleil printanier et équanime, qui prodigue lumière et chaleur aux morts comme aux vivants endeuillés. 
C'est pas le moment d'en jubiler sous cape, ça foutrait par terre ta couverture de VRP du chagrin qui revient de loin, du haut des décennies qui te séparent de la dernière fois où tu crois l'avoir vue vivante. La disparue. Qui n'a jamais été aussi présente dans ton esprit, depuis bien longtemps.
Dans ton dernier souvenir de votre interaction, elle n'était pas de très bonne humeur. 
La rupture n'était pas sereine. 
La relation non plus. 
Sinon, vous ne vous seriez pas séparés.
Et tu te dis qu'à nouveau, elle guide tes premiers pas, après cette nouvelle naissance, cet accident bête dont tu te relèves, après une maladie plus grave et plus sérieuse, il t'a fallu apprendre sa mort pour te remettre debout pour de bon, tu aurais bien aimé savoir ce qu'elle était devenue, tu caressais l’idée de reprendre contact, pas de te rendre à son enterrement après en avoir appris la bien triste nouvelle, comme on dit dans ta famille. 
Des fois ça part en live, des fois ça part en death. On choisit pas toujours.
D'ailleurs, sur ce coup-là, si j'avais le choix, il ne serait pas funéraire.
Tu reconnais que tu ne maitrises pas grand-chose, tu peux seulement moduler un peu tes réactions face à ce que la vie te propose, y compris quand c'est l'option dernier hommage, non négociable.
Tu sentais que tes motivations étaient troubles, tu n’avais pas encore trouvé de prétexte crédible pour l'appeler, alors tu n’as jamais vraiment tenté de renouer, une fois votre histoire finie, sachant que pour toi, dépendant affectif de classe IV, renouer c'était prendre le risque de te rependre, et qu'il te semble aujourd'hui préférable de défaire les noeuds émotionnels, énergétiques, existentiels, tous ces noeuds générés en t’agrippant aux autres pour assouvir tes besoins contradictoires d’intensité, de paix, de sécurité, de folie, d'harmonie, de sagesse et de souffrance. Et comme le disait une amie, rien de tel pour dénouer les nœuds que de le faire sur la corde où ils ont été faits. T'es là pour ça, en fait. Alors merci qui ?
Parti à l'heure où blêmit ta compagne, tu es arrivé au bled en fin de matinée, et comme le rendez-vous pour la sépulture est à 14 heures à l'église, tu passes à la plage, celle avec laquelle tu as un lien fort, que tu ne t'expliques pas, tu t'allonges sur le banc blanc qui claque sous le soleil de Mars, et tu toques à sa portes, et tu talkes à la morte. 

Trestrignel pour moi tout seul, et toi en direct live, ou c'est tout comme.
Que demander de plus ? ah si, que la température de l'eau s'élève au-dessus de 15°.
Sans vouloir abuser de Votre Bienveillance, ni du réchauffement climatique.

Comme elle n'est plus géolocalisée dans son corps, elle est un peu partout, et tu n’as plus besoin d’intermédiaire pour échanger avec elle. En principe. Et surtout pas d'une relation médiatisée par les pingouins sacerdotaux qui t'attendent tout à l'heure avec leurs rituels et leurs fumigènes.
Fais gaffe, quand même : Quand un homme parle à Dieu, on dit qu'il prie. Mais si Dieu lui répond, on pose le diagnostic de schizophrène. Thomas Szasz a dit ça dans Ouest-France, entre deux horaires de marée d'équinoxe. Mais parler à une humaine, morte ? Tu feras quoi si elle te répond ? tu reprendras du lithium ? tu pondras un article sur ton blog de gros tocard ?

nature morte : 
la disparue
Je suis venu te laisser partir // avec mes regrets // De n'avoir pas su t'aimer mieux // on est tous passagers de l'A320 de Germanwings // que le copilote dépressif va écraser sur la montagne // Merci pour ton amour // tu n'y es pas allée de main morte // c'était y'a longtemps mais ça sent avant-hier // ma période sex and drugs and rock'n'roll // suivie en toute logique de ma période "porno partout, désir nulle part", Fraternités de 12 étapes et dark ambiant // tanpistanmieux // Sans déconner, ce coup-ci, je suis vraiment venu te dire adieu // Dans mon bureau de la pièce du fond, où je m'enivre encore à la fumée noire de ta combustion lente // en brûlant des quartiers de chêne humide // dans cette cheminée qui contrairement à nous // n'a jamais bien tiré même quand elle était jeune // j'ai ton photomaton de 82 qui m'accroche l'oeil, mais sur la cheminée y'a aussi une photo de ma femme et de mon fils // ils m'attendent à l'étage // peut-être ont-ils l'oeil moins vif que sur les agrandissement que j'ai fait retirer en grand pour tes parents // mais ils sont vivants // et s'inquiètent pour ma santé.//


nature morte :
femme au foyer
avec enfant
Et que viens-tu faire à son enterrement ? De ce que tu en sais, elle n'a pas eu par la suite une existence très facile, mais elle laisse le souvenir d'une battante. Même si tu traines la pénible impression de chialer sur toi-même et sur ta jeunesse qui va être inhumée là, sans préavis, que tu te sens englué comme un cormoran mazouté dans ce retour vers le passé, auquel nul ne te demandait de participer, ça va sans doute te passer, dès que tu iras au-devant des vivants, des survivants, tu es venu rendre un dernier hommage à la défunte, et tu en profites pour faire u
n peu de rééducation fonctionnelle, et émotionnelle. 
Respire, puisque ça t'est encore possible.
Au départ, une sœur de la disparue s'est exclamée "on a oublié de prévenir John", son propos t'a été rapporté, ça t'a un peu mis le feu aux poutres : si tu le voulais, tu avais une place dans l'histoire, et une lente alchimie s'est amorcée en toi, comme une levure (de bière !) qui fermente et qui gonfle, tu aimerais qu'elle finisse par ranimer la morte, en même temps ça serait un peu flippant, tout le monde affiche un petit air de sépulcre et y va de sa larme, une résurrection miraculeuse ferait foirer la cérémonie...
Tu reconnais que le risque est minime.

Dans ton beau pyjama froissé de fantôme sorti trop tard du placard, tu ne te sens pas très légitime, mais pas vraiment déplacé non plus, tu reconnais certains visages, même artificiellement vieillis par le logiciel du Temps manipulé par Chat_GPT3 ou une autre entité démente à l'humour un peu noir, d'autres sont méconnaissables, et toi tu es juste surnuméraire. 
Les jeunes sexagénaires arborent les stigmates des expériences qu'ils se sont infligées pendant des décennies, tentant de se soigner par l'auto-médication et par des produits aux effets secondaires parfois pires que la mélancolie qu'ils prétendaient combattre. Pas la peine de t'être préparé d'arrache-pied une mine d'enterrement, comme on dit au Cambodge : pour renouer avec tes fantômes, pas de doute, tu es en terrain connu.
Le beau temps se maintient tout l'après-midi. C'est important, car si des funérailles pluvieuses ou venteuses semblent convenir au chagrin funéraire, le soleil persistant nous suggère que la vie peut, et doit, continuer; que parfois la vie doit s'arrêter avant de pouvoir repartir. Tu sembles mûr pour inventer de nouveaux proverbes frappés au coin du bon sens, qui fleuriront le calendrier des marées dans l'almanach du marin breton.

l'église de Saint-Juéry-le Haut
n'est pas très engageante.
Elle est pourtant chaleureuse,
une fois qu'on a poussé la porte.
C'est toujours pareil, 
c'est le premier pas qui coûte.
Tu te dis que quand même, tu progresses : le mois dernier, tu étais en fauteuil roulant dans l'église glaciale de Saint-Juéry (81) pour la messe de funérailles de ta belle-mère, et tu n'en es même pas ressorti avec des pneus neufs. Le seul miracle fut le burn-out poignant du curé, qui prit les vivants à partie par dessus le cercueil de mamie d'Albi, témoignant qu'il était désormais le dernier curé du Tarn, le dernier de son espèce, en chaire et en os, plus que déçu par le refus implicite des participants de partager avec lui le miracle de la transsubstantiation. Seules deux ou trois grenouilles de bénitier s'avancent dans l'allée pour communier par le pain et le vin, alors que cinq minutes plus tôt, tout le monde a chanté les psaumes de bon coeur. 
Enfin, ceux qui s'en rappelaient encore les paroles. 
Il propose alors un amendement à la règle ancestrale jamais dépoussiérée par Vatican II, celle qui stipulait qu'on ne pouvait communier sans s'être confessé avant. Pas d'effet notable. Tu ne te sens pas concerné, tu n'es pas baptisé, t'aimes bien le Christ, tu souhaites ardemment son avènement 2.0, mais tu n'appartiens pas à cette confession. 

l'église de Saint-Juéry-le Bas,
par contre, est passée du côté obscur :
on y célèbre un culte hideux
à des entités cosmiques oubliées.
Ça te donne juste envie de revoir Fleabag, la série anglaise dépressive et si émouvante, avec sa folle perdue et son curé en chaleur, et sa galerie de monstres existentiels, qu'elle apprivoise avec une empathie peu commune dans la fiction contemporaine. 
C'est quand même autre chose que mon curé chez les Thaïlandaises Albigeoises, qui se dit maintenant prêt à endosser les erreurs récentes de l'Eglise, si les paroissiens voulaient bien retrouver le chemin de la messe. Nul ne peut qualifier le silence attentif qui s'ensuit, mais personne ne se précipite non plus pour s'étouffer sur le champ avec des hosties consacrées.
Heureusement que Jankélévitch n'était pas là, sinon il aurait sorti sa blague sur le pardon qui est mort dans les camps de la mort, et ça aurait un peu cassé l'ambiance.

la blague sur le pardon de Jankélévitch
(nombre minimum de joueurs : 2)


Ensuite, le curé revient aux figures imposées par la liturgie : « le Seigneur nous l’a donnée, le Seigneur nous l’a reprise. » ...aah ça, pour se mettre une grosse tôle à base d’un bouquet fané d’émotions tristouilles et branchées regrets, pertes et deuils, on est là. Faut pas nous en promettre. Ton fils, qui est venu spontanément aux funérailles de sa grand-mère, malgré la distance et une logistique compliquée par des grèves récurrentes à la SNCF, t'avait jadis déclaré, fier de sa trouvaille : "je sais ce que t'es, papa, t'es un regretteur." Il t'avait bien capté, ce jour-là. Aujourd'hui, tu ne regrettes rien. Pourvu que ça dure. Et on sort en rangs, pour aller au funérarium, et l'église redevient une coquille vide et froide. 

nous réconcilier ? on n'était pas fâchés.
C'est inutile de se fâcher avec la mort, 
elle a toujours le dernier mot.
En principe.
Presque un mois plus tard, dans les jours qui précédent l'inhumation annoncée de ton ancienne compagne, avec qui tu partageas une vie littéralement antérieure tellement ça te semble ailleurs et concerner d'autres personnes, une fois é-mu au point que s'impose à toi l'inquiétante évidence d'aller rendre un dernier hommage à la disparue, tu as trouvé au dernier moment un CDD disponible pour te remplacer au bureau le jour où tu devais reprendre pied vers le plein emploi, après deux mois et demi de convalescence dans ton canapé, à parler à tes télécommandes, à ton ordinateur plein d'amis imaginaires et bourré ras la gueule d'images de choses qui ne sont pas ces choses, quand l'inspiration te contraignait à descendre l'escalier qui mène à ton bureau sur les fesses, parce que tu as testé les béquilles dans les escaliers, et c'était pas concluant. Sauf à vouloir en finir, en faisant peur au chat et un barouf du diable, mais pas au point de réveiller les morts, qui le sont pour la vie. 
Maintenant, tu parviens à n'écrire que quand tu t'y trouves contraint, pour abréagir la douleur, et c'est tant mieux. Même si au passage tu ne peux sans doute t'empêcher d'en remettre une petite dose. Le chagrin, c'est ta came, quand même, tu l'admets, à force de remuer ton doigt dans ton oeil à propos de cette femme qui fut tienne, même si c'était dans une autre galaxie, fort lointaine, tu te rends compte à quel point la tristesse, c'est ton carburant de base, et même si c'est la seule promesse que la vie tient toujourscomme c'est toi le dealer, la peur du manque te pousse à la surproduction. Et quand un dealer ne produit sa came que pour pouvoir la consommer, c'est pas bon pour le commerce...
Seul un producteur de porno t'avait jadis placé un argument aussi faible sur le plan logique, prétendant tourner ses films pour maitriser sa conso, et éviter ainsi de devenir accro... 
C'était n'importe quoi, et ça l'est resté. Pauvre John B.Root, et pauvre de toi. Mais pas de pitié pour les camés : au fond, tu sais bien que dans ton effort malsain pour tutoyer la mort, instaurer avec elle une certaine familiarité, tenter de l'amadouer par une morbidité joyeuse, et t'en faire une copine, tu ne vises qu'à dévaloriser les craintes que tu en éprouves, depuis qu'on t'a alerté, bébé, sur ta finitude. C'est de cette angoisse que te vient tout le mal.
Alors tu vas prêchant que la mort n’est qu'un passage, et non un état. Blah-blah blah.
Tu serines à ta cousine Séverine qu'à ta conne essence, la vie n’a pas de contraire, et qu'il s'agit de bien voir comment ça marche, et qui coulisse dans quoi. Que pour l'instant, aucun mort n'est venu infirmer ta théorie. Tu replaces dès que tu peux le fragment de Saint Francis qui t'est comme un mantra secret, et qui selon toi révèle la nature égotiste de ta crainte devant la chose, crainte qui n'est pas non plus la chose mais qui la recouvre d'un voile d'inconnaissance, comme le ferait une bâche goudronnée sur le piano du salon. Ça serait dommage : par beau temps, on peut y jouer du Chopin, amer remède à la mélancolie. 
le fragment de Saint Francis : « être conscient, c'est être conscient de ce qui est maintenant, et pas être à l'affut de ce qui était hier ou sera demain ou dans cinq minutes ou quand on va mourir (snif, je me manque déjà). »

une blague un peu éculée sur le sujet

Et justement, pendant ce temps, dans le réel, à la maison, à force d'évoquer ton amour de jeunesse à table, devant ta légitime dont tu partages la vie depuis bientôt 35 annuités non remboursables, celle-ci a fini par déclencher une grève surprise du ramassage des poubelles émotionnelles, tu l'as bien cherché, et tu as été prié d'aller bricoler ton unfinished business ailleurs.  Du travail pas fini, tu ne sais pas vraiment s'il y en a, peut-être que tu te prends juste les pieds du cœur pas lavés dans ton passé troubleu. 

ma belle-mère m'a toujours caché
que quand elle était jeune, sa soeur
n'était pas mal non plus.
Il a fallu que je trouve sa photo
au fond d'un placard
pour m'en apercevoir.
Elle craignait peut-être que je remonte
dans le passé pour épouser Elvire.
Comment lui en vouloir ?
Anyway tu peux bien mimer l'affliction, puisqu'elle est en partie réelle, ce que tu ne peux pas faire c'est recoudre l’irrémédiable, et c'est pas non plus la peine d'envenimer une situation familiale déjà tendue par tes prises de risques en cours, ta tentative de reconnexion à ton émotionnel, l'arrêt du lithium suivi d'un test grandeur nature de microdosage de psychédéliques, et qui t'a mené à ce qui commence à ressembler à une bonne grosse murge émotionnelle, bien que tu ne sois pas vu franchir la ligne rouge que tu t'étais fixée comme garde-fou, mais avec tous ces dépôts d'ordures sauvages en train de cramer doucement aux quatre coins de la baraque, alourdissant l'atmosphère déjà accablée du deuil précédent, cette belle-maman qui était en fin de vie depuis si longtemps qu'on ne croyait plus vraiment à son départ imminent, va savoir si tu y vois encore quelque chose à travers la fumée noire. 
Tu as donc pris ton unfinished business et ta béquille sous le bras, et ta voiture de l'autre main, et tu as roulé 300 km vers le nord, jusqu’à ce petit village d'Armorique peuplé d’irréductibles Gaulois qui résistent encore à l'envahisseur romain et aux fraternités de rétablissement en 12 étapes. Ce village dont tu es aussi issu, tu t'en souviens maintenant que tu arrives sur le port, ça te fait des zigouigouis partout, comme un retour chez soi, alors que tu l'as quitté en 1979. 
Au début du voyage, voulant t’extirper des embouteillages qui paralysaient le périphérique nantais, et qui te faisaient rouler au pas vers l'Armor, tu as pris un projectile inconnu dans ton aile avant gauche, tu as perçu un bruit avant coureur tugudunn tugudunn Schpofffhh !! un missile anonyme tiré d'un angle mort t’a atteint, sans doute un caillou tombé d’un camion. T'arrêtant sur la première aire pour constater les dégâts, ton aile est toute pétée, n’empêche même que, l’aile avant gauche, sans déconner, ça t’a fait sourire, la symbolique du corps, les organes moteurs n’étaient pas touchés, simplement tu partais le coeur à nu…

T'en auras bien pour 700 € de carrosserie, mais quand on aime on ne compte pas...

Tu repenses à ce que tu as manqué avec l'amie défunte, comme avec d'autres, et qui est suggéré dans cet aparté de Flo, qui te revient hanter à marée haute quand la manie de faire des phrases s'empare des marins restés trop longtemps à quai regarder les enseignes des troquets se décrocher du mur par vent fort...
"C’est très simple d'ouvrir le cœur, pas besoin du kamasutra. Il suffit de regarder l’autre comme une fin en soi, et non comme un moyen (pour reprendre l’expression de Kant). De le voir comme un individu, comme une totalité, au lieu de le voir comme le moyen d’obtenir quelque chose pour soi (de la reconnaissance, des sous, du plaisir…). C’est d’ailleurs pour cette raison que les nanas sont frustrées. Elle sont là comme des huîtres et c’est les mecs qui doivent les ouvrir. Dès ce moment, le mec est considéré comme un moyen (le couteau qui va ouvrir l’huître), donc ça ne risque pas de marcher. D’où la frustration. On a juste pété le bord de la coquille, mais l’huître est toujours fermée. Si l’huître pouvait voir qu’elle a en face d’elle un individu, un vrai, ça irait beaucoup mieux. Et vice-versa. Si les mecs arrêtaient de voir les nanas comme des poubelles où déverser leur frustration, ça irait mieux aussi.


rédigé, raclé & repeint en mars / avril 2023
en écoutant à donf tomber la neige 
sur les lunettes de Jan Bang et Eivind Aarset, 
jusqu'à en pleurer des phalanges,
transi dans mon K-Way.
Grâces leur soient rendues.

(à suivre...)

vendredi 15 avril 2022

L'entre-deux tours

 


et puis c'est tout.
La Rock'n'roll Attitude consiste bien sûr à voter Mélenchon au second tour.

samedi 9 avril 2022

Le 3ème Doigt


- Xavière ?
- Oui mon Jean ?
- Je vois des morts partout
- Quand, mon Jean ?
- À chaque élection !

Les archéologues de l'an 3000 qui découvriront mon blog sous les cyber-gravats se gratteront la tête pour savoir qui sont les personnages évoqués dans l'intro du morceau "Le 3ème Doigt" de  Gomez & Dubois. En 2002, face au scandale des faux électeurs du 5e arrondissement dans les campagnes municipales de Paris conduites par Jean et Xavière Tibéri, Gomez & Dubois suggèrent de voter pour "Le parti du 3ème Doigt ", si vous voyez ce que je veux dire. Sinon, réécoutez l'inusable tube que j'ai encodé sur Youtube en cette belle après-midi pré-électorale.

Dans le temps, on disait que ce genre d'image faisait le jeu de la droite.
Maintenant, elle fait le jeu de l'extrême droite.

[Refrain] C'est Gomez et Dubois, vote pour nous, lalalalala Notre parti, Le Troisième Doigt, fais comme nous, lalalalala C'est Gomez et Dubois, vote pour nous, lalalalala Notre parti, Le Troisième Doigt, fais comme nous, lalalalala

merci Complots faciles

Cette semaine, j'ai répandu autour de moi l'opinion qu'on peut bien aller voter ce qu'on veut au premier tour, et même voter pour Le 3ème Doigt c'est à dire ne pas y aller, ça n'aura aucune incidence sur les candidats présents au second tour, ni sur l'issue du scrutin, dans deux semaines. 
Perso je vais aller voter pour un programme, en désespérant du mickey autocrate qui prétend l'incarner. Au second tour j'hésite à voter utile ou pour le 3ème Doigt (lalalalala) parce que là où certains voient Batma(cro)n, je vois autre chose.








samedi 5 juin 2021

L'été sera chaud chez Hache & Aime

Après avoir encouragé la vocation de plusieurs générations d'adolescentes envers la maladie vraiment très sympa qu'est l'anorexie, les publicitaires de la mode prennent un virage à 180° et réhabilitent aujourd'hui la pêche au gros, sans tenir compte de l'épuisement de la ressource. 
Je vais leur écrire pour découvrir les modèles les plus irresponsables. S'ils en ont.

C'est un peu tard, les gars. Il n'est jamais trop tard, en principe, mais des fois, il est tard, quand même. Il y a un moratoire sur le thon rouge et le boudin créole en Méditerranée, je sais pas si vous êtes au courant. De leur part, c'est au moins aussi sincère et émouvant qu'Enedis (entreprise anciennement connue sous le nom d'EDF) faisant la promotion des éoliennes offshore, au mépris des pêcheurs bretons et de l'écologie littorale, après avoir combattu pendant quarante ans toutes les énergies renouvelables pour imposer leur dictature énergétique au tout-nucléaire.


C'est beau, aussi. Ca nous change des publicités pour maillots de bain portés par des sardines sans huile. Faut que je retrouve mon slip de bain en kevlar et mon fusil sous-marin au garage, l'été s'annonce exceptionnellement poissonneux. Sauf en Nouvelle-Calédonie, où un requin vient de boulotter un quatrième plongeur en moins de six mois, sans même recracher une arête. Selon notre envoyé spécial permanent là-bas, on est passés 1er mondiaux en terme de terrorisme requinal, plus personne n'ose se baigner nulle part, la psychose gagne...


Sur place, une société commercialise un sharkbanz, " bracelet équipé de puissants aimants de néodymium capables de perturber les récepteurs sensoriels des squales". Mais c'est déjà la rupture de stock. J'admire secrètement l’homme qui va nager équipé d’un sharkbanz : il fait preuve d’une foi dans la technologie (et dans la publicité) qui n'est pas la mienne. Surtout après quatre morts en l'espace de six mois. Un peu comme dans le proverbe africain « Celui qui avale une noix de coco fait confiance à son anus ». 

Cthulhu peut aller se rhabiller. Une nouvelle terreur monte de l'océan.

Et c'est bien joli de stigmatiser les squales, habituellement effrayés par l'homme, ou les publicitaires,  habituellement grossophobes, mais qui nous dit que la victime n'a pas été dévorée par un monstre issu des profondeurs revêtu de son Haut de maillot bandeau paddé à 4,99 € ?

La vengeance des sushis. Toshio Saeki est un génie

si tu as apprécié ce billet d'humeur, n'hésite pas à fréquenter sa soeur :


mardi 5 mai 2020

L'âge de pierre, le retour

Pour ceux qui sont addicts au travail (workaholics), cette terrible malédiction à laquelle beaucoup d'entre nous succombèrent dans le Monde d'Avant, et qui souffrent dans leur chair parce que leur sentiment d'identité est douloureusement altéré par le chômage partiel ou total, une petite entreprise de services du numérique a développé une offre en ligne plutôt maligne, même si ça fait deux fois maligne en trois mots, et que du coup c'est sans doute pas si malin que ça.
Après l'acquittement d'une somme raisonnable, et une fois connecté sur leur serveur, le site simule votre environnement informatique professionnel à partir des données renseignées par vos soins, et vous pouvez dès lors commencer à rédiger des rapports de réunions imaginaires, remplir des rétro-plannings pipeau, solliciter des collègues virtuels sur l'avancement du dossier Dupont, et si vous prenez l'abonnement Prémioume®, vous aurez même droit à une dizaine de coups de fil intempestifs donnés par des télédémarcheurs spécialisés dans la simulation de clients pénibles et de sous-traitants pressurés par les délais et les coûts, voire une vidéoconférence avec collaborateurs fictifs sur Microsoft Teams®.
Et si cette entreprise n'existe pas, elle pourrait faire l'effort de commencer à lever des fonds pour voir le jour, parce que ça peut marcher, vu qu'on en a encore pour un moment.
Louis-Julien Poignard ne mange pas de ce pain-là.
Du temps où il exerçait encore une activité professionnelle, il n'aurait jamais commis l'erreur de lui confier la moindre parcelle de son identité.
Même si son mandat actuel de Président du gRRR (groupe de Réalité Réelle Ratée) lui laisse peu de temps pour se complaire dans la rumination mortifère de ses exploits passés quand il allait encore au bureau, c'est un poste purement honorifique, dont il ne tire aucune gloriole.
Ce n'est pas non plus pour le jeune retraité une façon commode d'arrondir ses fins de mois souvent difficiles, après qu'il ait un peu bâclé la collecte des pièces justificatives à l'étude de son relevé de carrière auprès de la Carsat, ce qui fait que l'institution ne lui verse finalement qu'une bien maigre pension, qui suffit à peine à remplir une fois par mois le réservoir de sa Rolls de fonction, bien que le prix du litre ait beaucoup baissé ces dernières semaines.
Et sa Rolls, il ne s'en sert pas comme aspirateur à gonzesses, pour collecter des faveurs auprès de femelles énamourées, un peu promptes à attribuer la récente pandémie à la toute-nuisance supposément déployée par Louis-Julien pour instaurer en si peu de temps(1) cette Réalité Réelle Ratée dont il nous rebattait les oreilles, longtemps avant qu'elle advienne, dans sa radicale altérité.
Non, Louis-Julien est à mille lieux de la mortification/repentance pandémique et ne peut regretter aucun sandouitche au pangolin qu'il aurait mâchouillé un peu machinalement, comme ça,  par goût de la transgression et pour voir si ça donnait un petit coup de jeune à ses fonctions motrices comme le prétendait la connerie médecine traditionnelle chinoise.
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(1)et pour si longtemps ! Qu'il est loin le temps devant nous, comme le chantait Gérard Manchié !

Quand on est une espèce menacée, se déguiser en pomme de pin peut sembler malin.
Jusqu'au jours où les Chinois viennent pique-niquer en masse pour fêter le nouvel An
 et se mettent en quête de petit bois pour allumer  le barbecue.

Ses fonctions motrices vont très bien. Tel un Jim Harrison méridional carburant à la Badoit, plus cajun qu'imbu, il arpente quotidiennement des hectares de bois, de vallées, de futaies, et s'y livre corps et âme à des activités un peu ésotériques qu'il a bien voulu dévoiler pour nous, suite à nos demandes insistantes et réitérées, parce que lui s'accommodait très bien de faire ses trucs cosmiques tranquille dans son coin, sans éprouver le besoin compulsif d'épater la galerie des potes à Warsen, franchement suspects pour la plupart, même les imaginaires, j'ai sous les yeux un fichier de renseignements généreux patiemment tissé par des générations de cookys spécialistes de l'intrusion soft dans les ordinateurs personnels qui en atteste de manière affligeante.
Au nom d’une discrète complicité qui court sur les quarante dernières années (mais qui risque de voir sa fin prochaine lors du douloureux partage des droits d’auteur que ne manquera pas de générer cet article), Louis-Julien Poignard m’a autorisé à consulter ses notes de terrain, et accordé l’exclusivité mondiale sur le journal de bord de ses recherches.

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23 mars

Je vais dans le lit de la rivière ramasser des cailloux plus ou moins remarquables. Je les peins, je les vernis, puis je vais les cacher dans la colline. Parfois je leur construis un abri comme sur la photo en pièce jointe. Je les date mais je ne les signe pas, pour faciliter l'appropriation par ceux qui pourraient les trouver, s'il y a des survivants. Dans le cas contraire, l'espèce de super-prédateurs qui nous succèdera en bout de chaine alimentaire devra déléguer l'énigme à ses archéologues s'ils en ont. ça fera phosphorer leurs méninges, s'ils en ont.
Sécurité des placements à long terme ! 

(le sens exact de cette formule rituelle de salutation a été perdu mais elle est accréditée par nombre d'historiens qui se sont penchés sur les écoles de pensée spéculative magico-religieuses dites "de l'Assurance-vie en fonds euros" du début du XXIeme siècle, soit l'apogée de la période pré-Damasio sus-nommée "le Monde d'Avant")



1 avril

J'ai donné à mon industrie lithique une capacité de production a faire frétiller d'envie le directeur d'usine de fabrication de masques. J'en ai semé une bonne vingtaine dans la colline. Si le confinement dure, je vais vider la D* (rivière anonymisée qui arrose le département 1*).




8 avril

Je
vis des expériences dans les bois. Tiens, comme tu as été sage, je t’envoie une photo de mon écrevisse géante des sous bois (Austropotamobius Sylves Gigantea). C'est une espèce tellement furtive que certains naturalistes sont allés jusqu'à mettre en doute son existence. Erreur ! J'ai réussi à apprivoiser un spécimen qui vit dans les sous-bois de C**. N'en parle à personne, l'espèce est menacée par le braconnage intensif. Mais c'est bien connu, tu es une tombe.



Je te joins aussi mes expériences de cairn installé d’abord dans ma bibliothèque, puis in-situ dans la nature. 
Je peux plus m'en empêcher.




9 avril (retour utilisateur)

Je prétends n'avoir guère le temps d’aller jeter des cailloux peinturlurés dans la rivière, pourtant c’est sans doute ce que je fais de façon métaphorique sur mes blogs. Par chance, pour l’instant je n’ai assommé aucun poisson avec mes productions, en tout cas aucune de leurs mamans n’est venue s’en plaindre, c’est un peu dommage j’avais déjà acheté du citron, car le spectre du scorbut rôde à bord depuis que nous survivons uniquement à base de conserves périmées. C’était difficile de résister, elles étaient en promo au rayon zéro-gâchis du Super U, et maintenant il faut bien faire descendre la pile.

13 avril

Je dois t'avouer que je n'ai pas attendu pour continuer à truffer ma colline de cailloux. Tu trouveras quelques exemplaires en pièces jointes. Mon écrevisse géante a fait un nid où elle à pondu un œuf. Je me documente sur l'espèce austropotamobius sylves gigantea : son habitat, ses habitudes alimentaires, ses modes de reproduction et j'attends la livraison d'une commande de matos beaux-arts pour mettre en pratique de nouvelles idées.



 (retour utilisateur)

Les Neandertals qui nous succèderont créeront une nouvelle religion à partir de tes cailloux sacrés recueillis dans les collines par leur druide assermenté (poste enviable et envié puisque c’est lui qui régule l’attribution des jodifostères dans la tribu en s’arrogeant les plus gouleyantes). Mille ans plus tard, leurs rituels seront étudiés par les Anthropologues, et la boucle sera bouclés. Je n’invente rien, j’ai lu quelque chose d’approchant quoique mieux écrit dans le livre de Dave de Will Self. 


Et sinon, je voulais vous dire combien j’appréciais chez vous cet inoxydable appétit d’innovation, peut-être pour échapper aux petites roues dentées de l’habituation qui broient à plaisir les joies simples de l’existence, et vous font passer d’une activité inattendue à l’autre : la guitare, la navigation à voile et sans vapeurs, l’écriture, les prémisses de la nouvelle religion de l’an 3000, franchement, je suis édifié, et j’en redemande, en tout cas je tenais à vous faire part de mon enthousiasme, tant qu’internet le permet encore !

23 avril

Petit historique pour ce qui concerne ma manie lithique :  tout a commencé par une lecture trop précoce de Baptiste Morizot. https://fr.wikipedia.org/wiki/Baptiste_Morizot
Je manquais de maturité. Le traumatisme à créé mon obsession. Comme tu le sais, ce philosophe grassement payé par l’Université passe son temps à courir différents écosystèmes sur les traces de divers animaux, si possible nuisibles, en compagnie de sa femme historienne de l'art, qui doit un peu se demander ce qu'elle fout, là, dans mon message.


Morizot, donc, a fait de son attention à la trace, à l'indice laissé par l'animal une pratique de sensibilisation à l'ensemble du vivant et aux relations qui nous y concernent. Déchiffrer la carte du territoire à travers les signes lupins que le grand carnassier y a déposé, c'est se faire un peu loup, se donner une chance d'entrer en diplomatie avec lui et de négocier un mode d'habitat sur ce territoire qui fasse place à l'homme en même temps qu'aux autres vivants, animaux ou végétaux.
D'abord, je me suis dit que j'allais me faire animal humain et laisser des traces sur un territoire que je parcours assez pour le considérer comme un peu mien. De part et d'autre d'un sentier de moins d'un kilomètre. C'était expérimental. Il s'agissait d'installer des signes discrets pour voir si quelqu'un s'en avisait et y prêtait assez d'attention pour y réagir. Un genre de marquage. Si je m'était contenté de pisser au pied des arbres, il y  avait peu de chances pour qu'un humanoïde lambda s'en émeuve. Et puis je pouvais passer pour un pervers lubrique à force de me remuer l'asticot sous les branches. J'ai donc commencé par disperser des cailloux très peu modifiés, ou alors bien cachés. Personne ne l'a remarqué. 
Je me suis mis à rendre mes cailloux plus visibles et à les regrouper. Ce faisant, j'ai été obligé de systématiser ma collecte sur les berges de la rivière et à choisir mes galets au départ (c'est lourd à charrier un sac de galets de contrebande et vaut mieux y réfléchir avant de ramasser n'importe quoi !) J'ai retenu ceux dont je pouvais déjà imaginer le rendu en fonction d'endroits où j'envisageais de les installer. 


La part d'aléatoire tient à ce que je réagis à des configurations de lieux, ou à des formes de cailloux. Aussi dans les réactions des gens qui sont peu nombreux sur ce parcours en cette saison de confinement. Finalement, l'effet que je mesure le plus, c'est sur moi que je le constate. Une nécessité d'aller quasi-quotidiennement déposer des cailloux et inspecter ceux qui sont déjà là. J'ai fait un relevé GPS de tous mes spots. Le coté marquage fonctionne bien. La carte se dessine. J'ai maintenant des repères de distance et d'orientation qui m'avaient échappé sur ce petit bout de pays que je croyais bien connaître. Je me suis construit des bribes de récit, des légendes à usage personnel sur tel ou tel spot. J'habite mieux le lieu. L'écrevisse des sous-bois s'est laissée apprivoiser. 


Les nymphes me signalent des recoins qui mériteraient d'être investis, des autels à redresser, des sémaphores à restaurer, des nids à creuser. Je me sens chez moi sous ces futaies et parfois je me couche sur les mousses juste pour le plaisir d'en éprouver le moelleux. Vais-je me transformer en loup ? Fonder une meute ? Nous le sauront dans la saison 2, après la libération, quand le sentier sera rendu à l'usage de promeneurs innocents.
(..) Tiens, quelques éléments pour documenter sans balancer. Il y a actuellement 28 spot installés pour un total d'environ 50 pierres. Je te joins les photos des dernières installations.
Sécurité des placements à long terme ! 

mercredi 8 mai 2019

Européennes 2019 : Votez Glyphosate !





Hier, j'ai bricolé un teaser d'une minute trente neuf pour une compile en cours. J'ai pas mieux à faire ? Sans doute que si, mais là je me sentais inspiré, et je n'ai pas pu lâcher prise avant l'aboutissement que vous tenez sous les yeux et à portée de clic.
Le plus drôle dedans, c'est Daniel Morin brocardant les députés LRM ayant prolongé l'autorisation du glyphosate il y a quelques mois. Peut-être que j'aurais dû faire de la radio. On saura jamais.

La pochette du disque.
J'aurais pu faire graphiste, aussi.
C'est évident.
Voire directeur artistique.
Cette compilation pour sauver Francis Lalanne, membre de plusieurs espèces menacées (l'espèce humaine, la sous-espèce endémique des gilets jaunes, et celle des auteurs-compositeurs interprètes), est enfin en vente à nos bureaux, pour une somme modique. Elle sert aussi à financer sa campagne électorale, pour nous débarrasser des listes LRM/ Glyphosate et RN / Roundup qui, trois semaines avant le scrutin, accaparent la moitié des voix françaises dans les sondages Ifop.
Tous les dons seront reversés à ses amis gilets jaune devant et marron derrière, avec déduction fiscale.
Quand j'avais 20 ans, Francis Lalanne aussi, et tout allait bien. On filait le parfait amour. C'est Jean-Louis Foulquier qui nous avait présentés, dans son émission du soir sur Inter, où toute la chanson française défilait un jour ou l'autre.
Francis venait de sortir un excellent premier album, intitulé "J'ai 20 ans", ça c'est pas banal, parce que moi aussi, à l'époque. Ah, je vous l'ai déjà dit ? flutalors. Il se livrait à des concerts marathon de quatre heures et plus, c'était Springsteen, c'était Hendrix, et puis c'était Lalanne aussi, on était subjugués.
Si on n'est pas subjugué par Lalanne à 20 ans, on ne le sera jamais plus.
Mais assez vite, on dût déchanter, haha, car l'homme changea, révéla sa nature fantasque, on lui diagnostiqua une rupture du joint d'étanchéité émotionnelle, et nous nous quittâmes vaguement brouillés. Il continua sa vie, sur l'étagère, et moi j'entrai dans la Matrice.
En plus, j'avais beau jouer à la perfection "J'ai de la boue au fond du coeur" en picking, je n'ai jamais séduit la moindre donzelle en exécutant à la tronçonneuse basse cette boucherie pour cockers tristes.
36 ans plus tard, j'ignore tout de ce qu'est devenu Francis, et je ne cherche surtout pas à le savoir : l'artiste m'est devenu indifférent, et l'homme suscite au mieux un sourire gêné.
Et pendant qu'on rigole, les nationalistes de tous pays de la CEE s'apprêtent à se donner la main en une grande farandole pour encaisser les bénéfices du naufrage de l'Europe, dans un timing impeccable.
C'est pour ça qu'il faut me donner vos sous, m'sieu dames.
En attendant, la compile est téléchargeable ici :

https://www.mediafire.com/file/6k6873mpdas8esx/Votez_Glyphosate_%21.zip/file

Le moins qu'on puisse en dire, c'est que dans le genre mollasson, c'est du brutal.



En anglais, le derrière de la pochette du disque s'appelle le back cover.
T'as vu la playlist ? 
Quasiment que des nouveautés vieilles.
On croit rêver.

Cerise sur le gâteux : 
si l'on exclut le jingle de lancement "l'appel des ronds points", la compilation compte 33 titres, soit autant que de listes électorales enregistrées en prévision du scrutin. 
Le jeu consiste à réattribuer chaque chanson à sa liste, pour décrypter le sens caché de la compile !
Les cinquante meilleures réponses recevront la compile dédicacée par Francis !