le 12 septembre 2001, j’ai regardé les images rediffusées ad nauseam des gens qui pour s’échapper des tours infernales n’avaient d’autre choix que de se jeter dans le vide. Ce n’est qu’après 48 heures de pilonnage médiatique que les diffuseurs semblent avoir pris conscience du pouvoir mortifère de ces images et les ont alors retirées de la vente.
Ce jour-là, à mon grand étonnement, je me suis mis à pleurer devant ma téloche comme une vieille tarlouze, émotionné par tant de bétise humaine à tous les étages; j’avais mal à l’espèce humaine, et cette souffrance s’accompagnait d’une rage d’impuissance à constater qu’on m’offrait un strapontin de voyeur aux premières loges du massacre, mais guère plus. Plaisir d’offrir, joie de recevoir.
Mon fils qui passait par là s’est mis à rigoler parce qu’il croyait que je faisais semblant de couiner. Je lui ai mis un coup de latte, pour lui apprendre la décence, mais surtout pour rester seul avec mon affliction et son auto-contemplation.
C’était toujours ça de pris.
Dans sa pièce de théatre "les bâtisseurs d’empires", Boris Vian imagine une famille dysfonctionnelle dont les membres, incapables d’exprimer leurs émotions et dans le déni total de cette incapacité, usent d’un rituel bien rôdé : dès qu’un conflit devient trop angoissant pour eux, ils font appel à un personnage baptisé le Schmürtz, sorte de domestique muet et recouvert de bandelettes, sur lequel ils déchargent leur agressivité à coups de couteau, ce qui leur permet de préserver une sorte de status quo. Malheureusement, après cette cérémonie, d’étranges lumières et des sons inquiétants se manifestent dans l’appartement qu’ils occupent et les contraignent à se réfugier précipitamment à l’étage supérieur, qui se révèle toujours plus exigü que celui qu’ils viennent de quitter; de plus, au cours de leur fuite panique, ils perdent systématiquement un membre de la famille, qui se réduit à la fin de la pièce au père, qui se retrouve seul dans une chambre de bonne, et qui finit par se défenestrer.
J’ai vu cette pièce une seule fois à la télé, je devais avoir 14 ans, et je m’en rappelle comme si c’était hier. Pas moyen de remettre la main sur le texte original, que j’aimerais bien comparer avec ces souvenirs.
Le jeu du jour consiste à repérer votre Schmürtz et à discuter le coup avec lui.
Il en a, des choses à vous dire.
Cyberdépendance virtuelle, auto-addiction, rédemption de l’objet fascinatoire, progrès dans l’intention de pratiquer le bouddhisme.
mardi 12 septembre 2006
Petite after entre amis
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