jeudi 14 septembre 2006

Reconnaissons notre besoin de reconnaissance (4) quand il passe à la télé

Voix off : "Lors de son premier jour de sevrage, Bree Van De Kemp trouva un vieux bouchon qui lui rappela combien elle adorait le Chablis. (à l’image, elle le porte religieusement à son nez pour en humer tout l’arôme).
Alors elle appela son parrain en AA, qui vint avec un DVD qu’ils regardèrent jusqu’à ce que l’envie de boire soit passée. Cinq jours plus tard, après une subite envie de Merlot, Peter arriva avec un jeu de cartes. La semaine suivante, il apporta un repas chinois, parce que Bree lui avait dit que ses fantasmes de Chardonnay la consumaient.
A son 20ème jour de sevrage, Bree avait complètement cessé de penser à l’alcool, parce que ses pensées se focalisaient maintenant sur autre chose.
(ils jouent aux échecs, et elle le dévore du regard tout en s’emparant de sa reine.)
-Je suis curieuse, Peter. Quelle est la méthode la plus facile pour surmonter la dépendance à l’alcool ?
-Hé bien, certains ont recours à des thérapies de choc, d’autres à l’hypnose… mais prendre les choses au jour le jour, c’est ce qui marche le mieux, à mon sens. Pourquoi ?
-Je ne sais pas, je crois que je suis juste impatiente de retrouver une vie normale. (elle se penche sur lui et lui colle un bisou sur la joue qui le laisse interdit; il la regarde comme si elle avait pété)
-Qu’est-ce que tu fais ?
-Ben quoi ? ce n’est qu’un petit baiser !
-Pourquoi ?
-C’est ma façon de te remercier pour tout ce que tu as fait pour moi au cours de ces dernières semaines. Qu’y a t’il de mal à ça ?
-Hé bien… je vais te faire une révélation gênante : il se trouve qu’en plus d’être un ancien alcoolique, je suis aussi membre des DASA (elle le regarde sans capter, alors il développe) : les dépendants affectifs et sexuels anonymes.
Elle le dévisage d’un air incrédule, puis éclate de rire. Elle se reprend :
Ooooh… et c’est, heu, un vrai problème ?
-Oui, pour moi le sexe est une addiction aussi réelle que la boisson. C’est pourquoi, quand tu m’excites comme tu le fais, cela me pose un vrai problème.
-Ce n’était qu’un innocent baiser sur la joue !
-Ca ne fait rien, le plus léger contact peut faire s’envoler mes sens !
-Haaa… oooh…et… depuis combien de temps est-ce que tu…
-Un an. Ils ont une règle, tu sais : plantes, animaux, personnes. Si je peux maintenir une plante en vie, alors je peux passer à un animal. Et si j’y arrive, je pourrai recommencer à flirter.
(elle l’écoute avec un sourire)
-Alors, tu en êtes où ?
-A mon quatrième ficus.
-Ah ah.
Et là, elle prend un air très sérieux, lui attrape le visage des deux mains et l’embrasse à pleine bouche.
Il en reste pétrifié, et face à sa stupeur, elle a un soupir compassionné comme une mère en aurait pour son enfant.
-Làaa…tu vois ? je pense que tu es capable de gérer ta maladie davantage que tu ne sembles le croire.
Après un instant de flottement où on verrait presque un ange équipé d’un treuil traverser le salon, il se jette sur elle en une étreinte passionnée, la culbute sur la table du salon tout en arrachant sa chemise, et seul le bris d’un vase qui chute à terre au cours de l’empoignade l’éveille de sa fièvre.
Il se relève, hagard :
-Je… je suis désolé. Je ferais mieux de partir.
-Vraiment ? (elle n’en peut plus)
Oui, vraiment ! (il gémit cela en courant torse nu vers la porte)
-Mais…mais…heu…vous oubliez votre chemise !
-Gardez-là ! (d’un ton péremptoire, et il est déjà dehors)
Elle le regarde s’enfuir d’un air vaguement dépitée, toujours étendue sur la table du salon.
Retour de la voix off : "Sans le savoir, Bree avait répondu à sa propre question : la meilleure façon de surmonter une dépendance, c’est de la remplacer par une autre."
Desperate Housewives, saison 2, prégénérique de l’épisode 18.


Commentaires

C’est marrant, jusqu’à “A mon quatrième ficus”, on dirait du Philip K. Dick, en fait. Je sais pas si c’est d’avoir lu l’article précédent…

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