mardi 12 septembre 2006

Petite after entre amis




le 12 septembre 2001, j’ai regardé les images rediffusées ad nauseam des gens qui pour s’échapper des tours infernales n’avaient d’autre choix que de se jeter dans le vide. Ce n’est qu’après 48 heures de pilonnage médiatique que les diffuseurs semblent avoir pris conscience du pouvoir mortifère de ces images et les ont alors retirées de la vente.
Ce jour-là, à mon grand étonnement, je me suis mis à pleurer devant ma téloche comme une vieille tarlouze, émotionné par tant de bétise humaine à tous les étages; j’avais mal à l’espèce humaine, et cette souffrance s’accompagnait d’une rage d’impuissance à constater qu’on m’offrait un strapontin de voyeur aux premières loges du massacre, mais guère plus. Plaisir d’offrir, joie de recevoir.
Mon fils qui passait par là s’est mis à rigoler parce qu’il croyait que je faisais semblant de couiner. Je lui ai mis un coup de latte, pour lui apprendre la décence, mais surtout pour rester seul avec mon affliction et son auto-contemplation.
C’était toujours ça de pris.
Dans sa pièce de théatre "les bâtisseurs d’empires", Boris Vian imagine une famille dysfonctionnelle dont les membres, incapables d’exprimer leurs émotions et dans le déni total de cette incapacité, usent d’un rituel bien rôdé : dès qu’un conflit devient trop angoissant pour eux, ils font appel à un personnage baptisé le Schmürtz, sorte de domestique muet et recouvert de bandelettes, sur lequel ils déchargent leur agressivité à coups de couteau, ce qui leur permet de préserver une sorte de status quo. Malheureusement, après cette cérémonie, d’étranges lumières et des sons inquiétants se manifestent dans l’appartement qu’ils occupent et les contraignent à se réfugier précipitamment à l’étage supérieur, qui se révèle toujours plus exigü que celui qu’ils viennent de quitter; de plus, au cours de leur fuite panique, ils perdent systématiquement un membre de la famille, qui se réduit à la fin de la pièce au père, qui se retrouve seul dans une chambre de bonne, et qui finit par se défenestrer.
J’ai vu cette pièce une seule fois à la télé, je devais avoir 14 ans, et je m’en rappelle comme si c’était hier. Pas moyen de remettre la main sur le texte original, que j’aimerais bien comparer avec ces souvenirs.
Le jeu du jour consiste à repérer votre Schmürtz et à discuter le coup avec lui.
Il en a, des choses à vous dire.

lundi 11 septembre 2006

le 11 septembre des blogs




Superbe photo de Ground Zero par Vincent Laforêt pour le New York Times rapportée par Corine Clesne.
Il y a 6 mois j’émettais ici l’idée que "Y’a(vait) vraiment que le bouddhisme pour me réconcilier avec mes déficiences les plus spectaculaires. C’est pourquoi les déshérités s’y pressent en masse. Bienveillance ne signifie pas complicité. Je développerai plus tard et sans piocher dans un bouquin."
En fait j’y connaissais rien, je parlais des espoirs que je misais sur une éventuelle adhésion aux concepts glanés dans des livres, entre autres ceux du nain De(s)jardins.
En mettant au propre mes notes de stage, je tombe là-dessus : "La nature défectueuse du samsara, la vacuité du moi et l’impermanence des phénomènes composés, qui sont produits et seront donc détruits car produits de causes et de conditions… il faut réfléchir à cette impermanence dans le cadre de ce moi que nous chérissons, et voir ce qu’il a dans le moteur c’est à dire en tant que croyance en notre existence. (not the self to deal with the life, but the conventional self)" Et encore, vous n’avez pas assisté à l’enseignement, qui ce jour là était prodigué par deux disciples occidentaux qui se donnaient des petits airs de happy few à la Philippe Manoeuvre et Jean-Pierre Dionnet période Sex Machine (les Enfants du Rock), bref ça valait son pesant de noisettes décortiquées.
Faut croire que y’a pas que chez les bouddhistes que les méditations sur l’impermanence font des victimes, y’a qu’à voir les derniers posts de Dado et d’Ulysse, qui se désistent tous deux pour le concours 2007 du blog le plus déprimant du monde.
Vais-je rester seul en lice ?

dimanche 10 septembre 2006

Quelques vérités sur le mensonge

échange de messages privés sur le forum dépendance sexuelle :

Kiwi : "n’importe qui peut écrire n’importe quoi, comme prétendre que ça fait des mois qu’ils sont en sevrage alors qu’en vérité ils continuent à se tirer sur la nouille derriére l’écran. Enfin bref, c’est un peu du n’importe quoi, car il y aura jamais aucun moyen de vérifier les faits."
John : - à ton avis, quels seraient les effets de tels mensonges sur les menteurs ? et qu’est-ce qu’ils viendraient faire ici si c’est pour continuer à se tirlipoter le schmilbilck ? Réfléchis bien.
Kiwi : - J’ai bien réfléchis et voici ma réponse. Je pense qu’un humain peut s’inventer un personnage virtuel où il aurait de la reconnaissance, du respect par le biais des autres, par des posts , des messages d’encouragement. En manque de reconaissance dans la vie réel, alors il essaye d’en avoir dans le virtuel, même si derriére l’écran c que du mensonge, mais comme tu as plus d’expérience que moi dans la vie, tu sais déjà que les humains sont prêt à tout, même à mentir pour avoir de la reconnaissance, se sentir, aimé, respecté, voir considéré comme des héros, il n’y a qu’ à voir pas mal de joueurs accro aux jeux massivement multi-joueurs, où ils y consacrent leur vie à être un " héros virtuel " et ils sentent aimés, respectés, car dans la vraie vie ils ne sont rien, et n’ont rien de cà, ils aimeraient être des stars mais n’en sont pas, alors ils essayent de le devenir par le biais du net.
Qu’en penses-tu ? c’est une théorie qui se tient.
Devenir le superman de sevrage pour se faire respecter, encourager, soutenir. Pour avoir de la reconaissance.
John : - dans le mille, émile.
J’ai juste changé de carotte et de bâton.
Rien ni personne ne peut t’empècher d’en faire autant."
Peu après cet échange, et alors que j’avais obtenu son feu vert pour le publier sur mon blog, Kiwi a fait effacer par le webmaster les 282 messages qu’il y avait postés (il avait fait le même coup à Orroz sur l’ancien forum avant de réapparaitre quelques mois plus tard sur le nouveau, la queue entre les jambes, si je puis me fermettre.)
Juste au moment où ce garçon commençait à dire, et surtout à faire et à penser des choses différentes de ce qu’il disait/faisait/pensait d’habitude. De son passage sur le forum, il ne reste que cette poignée de mots sauvés du néant.
Le proverbe qui dit "Aux innocents les mains pleines" se garde bien de dire
de quoi au juste sont pleines les mains des innocents. (Pierre Dac)
Ca fait bizarre : on dirait l’éloge funèbre d’un mec dont même la tombe a disparu.
Méditons sur l’impermanence.

Commentaires

  1. D’un coté, ce que dit Kiwi est vrai : ce n’est pas la première fois qu’un type raconte des conneries sur un forum rien que pour se faire mousser, et des fois c’est tellement gros qu’on se demande ce qu’il a dans la tête.

    De l’autre, faire ce genre de remarques dénote un point de vue particulièrement douteux. Il était tout à fait prévisible qu’il disparaisse du forum peu après. Sa vision des choses, telle que je la lis dans son post, c’est : “de toutes façons, ceux qui disent qu’ils se sont sevrés sont tous des menteurs, ou même si c’est pas tous, c’est presque tous. On ne peut pas se sevrer, je ne peux pas me sevrer, donc je quitte le forum car ça sert à rien”.

    Il est assez remarquable qu’un des menteurs que nous avons choppé sur notre forum de rêves lucides tenait exactement le même type de raisonnement, dans une optique radicalement opposée mais avec un but identique. L’un se complaît dans son rôle d’escroqué, l’autre dans son rôle d’escroc. Mais le point commun, c’est que ça les relève tous deux de leurs responsabilités.

    Ceci dit, putain, ça m’enlève au moins la moitié de mes sujets d’articles de blog, ce genre de remarques trop lucides ! Grrr !

  2. salut john..

    kiwi il me rappel un vieux pote quand on le regardais il avais un avenir tout tracé….

    petit faible suceptible mefiants….

    maintenant il fait la manche quelque pars dans paris…

  3. Quand c’est dur dur d’en sortir, et surtout, quand on a l’impression que mettre en pratique les conseils de ceux qui avancent un peu plus vite oblige à changer de vie en n’étant pas certain d’y arriver tip top du premier coup, on a deux solutions : ou faire justement le grand saut pour passer à la vérification et donc mettre en pratique, ou remettre en cause ce que disent les autres dépendants. À de nombreuses occasions la vie nous réserve cette rencontre le doute et la foi.

  4. Kiwi nous pointe les travers de l’assistanat, dans lequel nous avons tous basculé à un moment ou à un autre à son endroit; dans certains cas, il vaut mieux mettre l’accent sur la responsabilité individuelle et les efforts à fournir pour se sortir les doigts du cul plutôt que de proposer un soutien qui a toutes les chances de rester virtuel.
    cf. un des derniers messages de kiwi : “il n’y a pas de ” messie ” car le messie est considéré comme le libérateur des autres, alors que c’est nous même qui devont nous libérer et pas quelqu’un d’autre qui va le faire à notre place.” et ma condescendante réponse : “Djizeus ! Bouddha ! je suis content d’avoir vécu jusqu’à aujourd’hui pour entendre cette limpidité tomber de ta bouche, ô doux prince au nom de Fruit qui n’est pas sans évoquer la rebondie (et juvénile par la teinte) coucougnette.
    Continue comme ça et je te réserve une place à ma droite quand ils me crucifieront ;-) ce que je veux dire, mon kiwinounet, c’est que si t’as pigé ça, on s’est pas usé les yeux, les doigts et les claviers en vain. Ceci dit, on t’a déjà bassiné pendant quelques éons avec l’opportunité qu’il y aurait pour toi à entamer une thérapie avec un psy gratos comme il y en a partout et comme tu t’obstines à prétendre que ça te gave, je vais pas insister ni nous gâcher plus avant cette soirée qui s’annonce sous les meilleurs auspices (de Beaune) (car il habitait Beaune)

samedi 9 septembre 2006

des séductions de la publicité (2)

first published dans un très vieux numéro du petit psikopat illustré by Courtesy of Goossens® and the Conspiracy of Darkly & Dicky Scanners

Commentaires

  1. Il est trop bon ce Goossens. P’têt qu’il a atteint la clarté en pratiquant une forme inconnue de zen belge ?

  2. Le zen belge est une idée à creuser, voire à lui soumettre (bien qu’il me semble qu’elle ait été exploitée par Francis Lebrun, il faudra que je recherche dans mes archives.) Je l’ai rencontré il y a 20 ans, j’avais un projet de film avec lui mais j’étais trop impressionné et trop peu inspiré pour que ça débouche sur quelque chose.

vendredi 8 septembre 2006

en suppliant wakan tanka d’oublier de me réincarner


hier, j’ai rédigé 25 mails personnels, me suis fendu d’une dizaine de posts à vocation avançage de schmilblick sur le forum des pornodeps, (j’y ai visité le salon de l’autosatisfaction, mais il n’y avait pas foule), ai mis au propre quelques pages des transcripts des enseignements reçus la semaine dernière, ai vaincu en fin de soirée les vortex du filtre anti-spam de flo, et me suis acquitté de la majorité des tâches que je m’étais fixées dans le cadre de mon karma yoga quotidien, le tout sans avoir l’impression d’avoir à fournir un effort quelconque.
La dernière période au cours de laquelle je me souvienne avoir croisé une telle quantité d’énergie disponible, c’est lors d’un voyage en Afrique, lorsqu’il me fut permis d’étudier in vivo la tectonique des blacks, sans toutefois avoir l’opportunité de passer aux travaux pratiques.
Mais j’ai aussi fumé 25 cigarettes, et je me méfie de mes démos de niaque : il est fort possible que je tente d’égaler le record d’Armstrong, qui jouait super-bien de la trompette, qui est allé sur la lune et qui a gagné 5 fois le tour de France, auquel cas toute cette agitation (toutefois sans opacité particulière) finira par révéler sa nature vaine et illusoire.
J’en serai informé par les fruits de mes actions.
Comme il nous est rappelé dans le récitatif sur l’impermanence, "Accordez-moi vos grâces afin que naisse en mon esprit le sens de l’inutilité de ce que l’on croit indispensable !"
And I don’t have a drinking problem, except when I can’t get a drink. (Tom Waits)

Commentaires
  1. Et tes prosternes ? Et ton gourou-yoga ? C’est ça qui est indispensable !

  2. Sept fois, il l’a gagné le Tour (tous les ans de 1999 à 2005) ! Mais il est vrai qu’il est dépendant, tout comme nous…

    A bientôt, Nicolas

  3. flo, pour mes prosternes, j’attends la fin du lumbago qui m’a pris pendant la retraite. Le Gourou Yoga, ça rentre, mais j’ai plus d’affinités avec l’impermanence pour le moment.
    Nicolas, je pense comme toi, mais j’espère qu’Armstrong (dont j’oubliais qu’il a aussi enregistré un superbe album de trip hop “The Space between us”) est en sevrage.

jeudi 7 septembre 2006

S’il y a un bon Dieu pour les alcooliques, il ne faudrait quand même pas le pousser en short dans les orties.



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Voilà, si il (m’)arrive quelque chose à mon blog, on pourra pas dire que j’aurai pas été prévenu.

Commentaires

  1. Ben c’est à peu près pareil sur tous les blogs, non ?

  2. Je ne sais pas. J’ai l’impression de transgresser un certain nombre des conditions et rêgles énoncées, dont certaines semblent semblent avoir été conçues à cet effet.
    En ce qui concerne le piratage d’images, c’est vrai qu’on peut citer ses sources et les remercier à titre grâcieux comme tu le fais quand tu reproduis un tableau, mais j’imagine que Goossens, par exemple, pourrait me faire plier les gaules assez rapidement. De même pour le proséthylisme, la propagande et mes appels constants à la débauche. Mes propos contrevenant constamment aux droits d’autrui à s’autodétruire. Ma reprise partielle ou totale de contenus propres au site www.lemonde.fr quand j’ai la flemme d’écrire. Je comprends que notre amie commune, celle qui dit “l’impression d’évoluer se traduit par le fait qu’on donne toujours la préférence à ce qui a été fait en dernier et qu’on a honte du reste” ait fini par monter sa propre boutique.
    Nous restons à la merci de la bienveillance des lecteurs.
    Fragilité du média numérique. On s’habitue, on pactise et on s’addictionne, et un jour, couic ! pus rin. La môme néant.

  3. en tout cas, s’il y a censure ou réclamation un jour, ton blog aura au moins permis à certains et certaines d’entres nous d’essayer de passer de “l’état de larve à celle de papillon” ;-)

Perception sensorielle et inhibition

Mon frère puîné, qui partage avec moi un certain nombre d’idiosyncrasies
bien que nos parcours respectifs aient été fort dissemblables, étudie et pratique depuis des années la méthode Alexander.
Il m’envoie ce petit texte de son cru, qui ne manquera pas d’intéresser Dado

et ses thuriféraires.

"Presque tous les êtres civilisés sont dans un état dans lequel la perception sensorielle (…) est relativement imparfaite et trompeuse, et il s’ensuit naturellement qu’on ne peut compter sur elle pour la rééducation, le réajustement et la coordination, ou dans nos tentatives pour corriger quelque chose que nous savons aller mal dans nos êtres psychophysiques." (Frederick Matthias Alexander)

Dans la vie de tous les jours, certaines habitudes, certaines manières d’être et de faire, certaines attitudes, ou encore certains mouvements, sont si profondément inscrits en nous qu’ils opèrent généralement en dehors de tout contrôle conscient de notre part. Et pour peu qu’ils apparaissent à notre conscience, celle-ci aura vite fait de les estampiller "naturels", "ordinaires", "normaux", "allant de soi". Issus de notre patrimoine génétique (prédispositions innées) et environnemental (éducation acquise), ils nous suivent comme nos propres ombres, et à notre insu, ils nous dominent très souvent dans le choix de nos conduites et de nos manières de réagir. Pourtant, aujourd’hui, personne ne va contester le fait que le monde civilisé contemporain, avec son haut niveau de stress et son évolution rapide, nous impose d’être plus attentifs que jamais à nos mouvements, nos manières de réagir, nos instincts et nos habitudes, en tout cas beaucoup plus qu’au temps où l’environnement, la culture et les mœurs changeaient peu d’une génération à l’autre. Il y a là un problème à l’échelle planétaire : d’un côté des habitudes acquises de manière instinctive et subconsciente – processus normal de développement de l’individu depuis la nuit des temps – et de l’autre, un environnement exigeant un comportement contrôlé de plus en plus consciemment. Or, comme FM Alexander l’a montré au 20ème siècle, il se trouve que lorsque, pour une raison ou pour une autre, on cherche à la modifier, la force d’habitude de la "manière de faire" ordinaire que chacun développe au cours de sa vie peut s’avérer colossale, voire quasiment insurmontable. Les comportements les plus difficiles à diriger consciemment sont précisément ceux qui sont liés à notre vie de tous les jours, voire à notre survie, et le cœur du problème est que, à priori, notre manière habituelle de les mettre en œuvre nous apparaît comme le seul moyen connu et possible dont nous disposons, pour atteindre les buts que nous nous fixons - déjà connus eux aussi. Nous avons donc naturellement tendance à ne pas souhaiter changer cette manière habituelle, car si l’habituel est connu et permet d’atteindre certains objectifs connus, l’inhabituel est inconnu, et l’inconnu, c’est le risque d’inconfort, d’échec, voire peut-être de danger.
Et pourtant, si on laisse de côté les situations extrêmes où nos instincts ont généralement les pleins pouvoirs, il est clair que dans l’immense majorité des cas, une direction consciente de notre "manière habituelle de faire", peut s’avérer non seulement possible, mais aussi souhaitable et bénéfique. Les métiers artistiques (musiciens, comédiens, danseurs etc.) ont vite compris les bienfaits que pourrait leur apporter la Technique Alexander, mais comme elle concerne la coordination générale de l’individu, n’importe quel secteur d’activité peut également en tirer parti.
Travail sur l’être humain considéré comme un tout vivant et indivisible, l’approche d’Alexander est aujourd’hui unanimement reconnue pour son réalisme, qui oblige à travailler de manière indirecte. En effet, lorsque nous cherchons à modifier une habitude de manière directe et immédiate, nous mettons une fois de plus en œuvre… notre manière habituelle de faire ! Mais comment pouvons-nous espérer nous comporter d’une façon nouvelle tant que nous nous comporterons selon nos habitudes? Par nature, les deux manières de faire s’excluent mutuellement.
C’est pourquoi F.M. Alexander disait : "mon travail ne consiste pas seulement en ce que j’ai fait, mais aussi, et surtout, en ce que je n’ai pas fait."
Le premier pas pour sortir de l’ornière du connu, consistera donc à refuser de répondre, en tout cas de manière habituelle, à un stimulus donné, quitte à ce que ce refus entraîne une absence de réponse immédiate et observable, un "non-faire", au sens habituel du mot "faire" (action physique, observable). Ce refus de consentir immédiatement à l’exécution d’un schéma habituel est appelé "inhibition" dans le jargon de la Technique Alexander, et n’a rien à voir avec la notion freudienne du même nom. Il ne se traduit pas par des mouvements à effectuer dans le but d’obtenir un résultat donné, mais se situant en amont de l’action physique, il déblaie le terrain pour une exécution optimale et rénovée (au sens de "à nouveau neuve", car consciemment libérée de toute idée préconçue) de ces mouvements.
Un autre aphorisme d’Alexander nous renvoie de manière cinglante à ce principe de base de sa technique : "Vous ne pourrez pas faire ce que vous ne savez pas faire, si vous continuez à faire ce que vous savez faire."

En ce sens, l’inhibition est un acte de volonté, premier et indispensable jalon dans le processus de la direction consciente et constructive de la conduite de soi. Entre la pensée et l’action, elle permet plus qu’un rapprochement : c’est un premier pas vers un décloisonnement, et l’élève en Technique Alexander sera progressivement amené, par son travail et sa propre expérience, à abandonner cette conception habituellement très répandue, et pour cause, de la dichotomie entre le corps et l’esprit, ou encore entre la pensée, les émotions et le mouvement."
Extrait de Sept articles sur divers aspects de la Technique Alexander :

"F.M. Alexander a découvert qu’il est nous est possible d’utiliser avantageusement nos pouvoirs de choix conscient. Décider de ce que nous nous autorisons nous donne la liberté de répondre d’une manière appropriée aux stimuli de l’environnement. Nous trouvons notre autonomie essentielle et notre humanité dans notre capacité de choix conscient. C’est le grand bénéfice que confère la Technique Alexander. Libérer plus de notre potentiel fait avancer l’espèce humaine et améliore notre bien-être. D’un autre côté, quand nous sommes prisonniers d’habitudes qui limitent notre développement, nous restons figés intellectuellement, émotionnellement et physiquement. C’est pourquoi nous ne pouvons exiger le bien-être comme un droit. Nous devons le créer. La plupart des gens qui suivent la Technique Alexander vérifieront qu’elle produit des résultats inattendus qui ne se limitent pas au corps.
(…) Un des aspects les plus libérateurs des leçons en Technique Alexander est l’utilisation de la conscience pour gagner le contrôle de nos pensées et de nos émotions. Cela arrive avec l’acquisition progressive de la capacité à inhiber : être capable de suspendre nos réactions aux stimulations de l’environnement jusqu’à ce nous puissions choisir de répondre au moment choisi, calmement et posément, comment nous voulons répondre – plutôt que d’être l’esclave du téléphone, de la montre, de la télévision, des feux routiers, du patron, des enfants, de l’angoisse… Cela devient possible une fois que nos corps ne sont plus attachés à des réponses stéréotypées."

Commentaires

  1. L’extrait de “Sept articles” fait quand même marchand de tapis… Est-ce qu’en plus de sauver le monde, la méthode Alexander fait aussi la vaisselle ?

    Mais peut-être que tu nous as mis le plus mauvais extrait pour qu’on soit agréablement surpris en lisant le reste ? ;p

  2. en fait je n’en sais rien. La curiosité ne m’a pas poussé jusqu’à présent à “tester” la méthode, ce qui serait la meilleure façon d’arriver à en penser quoi que ce soit, et mon frangin semble s’être habitué à l’idée de faire la vaisselle tout seul.
    En gros, on dirait qu’Alexander s’est mis en chemin vers la redécouverte (en bon autodidacte qu’il était) des 5 agrégats (http://www.dhammadana.org/dhamma/5_agregats.htm), qu’il a dérivé vers la Pensée Perceptive… et à ce moment-là du récit, je finis toujours par m’endormir.

  3. Est-ce qu’il n’y a pas, dans sa proposition, l’idée de rompre avec un fonctionnement, certes routinier, mais hatif devant la vie. En proposant de suspendre certaines attitudes, on dirait qu’il invite à prendre le temps, avant d’agir.