jeudi 21 décembre 2006

all you need is Gode (2) : Indignités

Un dépendant écrit “je pense vraiment qu’il faut effectivement renoncer a souffrir pour quitter le pattern de la dépendance, parce qu’il faut être maso pour s’y replonger”. Je ferai un article sur le masochisme parce qu’il le vaut bien, mais notons au passage qu’il infère l’amour de la souffrance du constat qu’il y est très attaché par le biais du comportement qui l’y replonge. On peut invoquer le syndrôme de Stockholm , mais pourquoi pas ? En attendant, renoncer à souffrir, on est mal barrés : l’univers dans lequel nous nous débattons n’est fait que de souffrance, ou tout du moins on comprend qu’y renoncer serait aussi efficace que de refuser de mourir quand ça sera l’heure. Ce qu’il veut dire, c’est “renoncer à souffrir de notre propre chef” c’est à dire cesser de se punir de fuir nos problèmes, comme le gars qui picole pour oublier qu’il est alcoolique. Et ça, on ne peut y renoncer tout seul, parce que ce serait comme tenter de dévier le cours d’une rivière souterraine qui passe sous notre maison. Il nous faut un support extérieur, et nous connecter à lui de façon durable et répétée pour éroder son emprise sur nous. D’où ce recours dans les mouvements de rétablissement en 12 étapes à une puissance supérieure, dont la nature ultime est laissée à l’entendement de chacun, devant laquelle nous abdiquons notre volonté déchaînée qui nous a menés à succomber sous nos propres coups sans jamais prendre le risque d’en mourir vraiment, ou alors de honte et de culpabilité, bien qu’on se doute que ça finira par arriver quand même, et si c’est la bière à la main ou le pantalon sur les genoux, ça sera pas la grande classe. Dans les premiers temps, il nous faut amoindrir l’emprise de la peur, qui nous a conduit à nous recroqueviller sur notre souffrance et à la chérir comme un objet de culte, en lui substituant la foi. Car la peur, c’est de la foi inversée : c’est la croyance dissimulée en la supériorité du mal sur le bien, c’est l’égo qui s’est bâti sur ses propres égoûts (il prend ce qu’il trouve) et qui me chante sa petite chanson pour me soustraire à mes nécessités évolutives. Je suis donc invité à poser des actes de foi et m’abstenir des actes de peur. On apprend aisément à les discerner à leurs fruits. Et mes “performances” de pratiquant, ou d’ apprenti croyant, ne sauraient jeter le discrédit sur les Ecritures (chez les dépendants, les cathos, les bouddhistes et même le bokononisme )

J’ai dit chez Bruno, parce qu’il s’excusait presque de rouler chrétien, qu’aucune des faillites “historiques” des religions ne nous affranchissait de cette nécessité de la foi, ne serait-ce que pour réduire l’égo, sinon c’est lui qui nous met minable : il prend tout le lit. S’il est branché épanouissement exogène, pas de problème. S’il se heurte au réel, si la satisfaction de ses désirs le laisse insatisfait et que boire de l’eau salée lui donne de plus en plus soif, il a une chance de découvrir à ses dépens, puis volontairement s’il insiste, qu’il y a nécessairement autre chose à chercher. Ce qui serait suspect chez nous, dépendants, c’est cette nécessité de la foi (qui semble par son énoncé même en interdire l’accès) comme condition d’apprentissage de la survie en milieu présumé hostile. On nous soupçonne de ne lâcher la bouteille que pour nous engouffrer dans des sectes douteuses ou de nous faire embrigader dans des casernes tantriques où nous subirons un lavage de cerveau à base de mantras imbitables, sorts funestes auprès desquels nos précédentes addictions offriront l’image d’aimables passe-temps. Substituons-lui le mot espoir, qui n’est pas trop marqué à la culotte. Alors, peut-on quitter l’enfer de l’addiction en remettant son sort entre les mains de ce Dieu “tel qu’on le conçoit ” ? Aux amants forcenés du malheur que sont les compulsifs, on ne peut chanter “Dieu est amour” sans risquer la strangulation prématurée. Soit ils pensent en être déshérités (et de fait, ils se sont coupés eux-mêmes de toute possibilité de recevoir une quelconque aide en se murant dans leur malheur) soit la fréquentation assidue des démons ne les ont pas convaincu de l’éventualité des anges, forcément mièvres. Vu d’en bas, l’angélisme pue. D’ailleurs, vu d’en bas, tout pue la tartufferie tartignolle. Et la contrainte est exclue. On ne peut imposer l’espérance à ceux qui hésitent encore à renoncer à l’Innnomable et à ses séductions glaçantes. Dans quoi pouvons-nous avoir la foi ? je ferai un post là-dessus parce qu’il faut que je potasse un peu des vieux textes de gourous morts, mais entretemps nous pouvons nous rappeler que toutes les valeurs issues du désir égotiste valent peau de balle.

Dans mon rétablissement de l’alcool, j’ai plus que renâclé devant ce concept de puissance supérieure, et je suis longtemps resté là, le cul entre deux chaises, me contentant de la première étape (acceptation de mon impuissance devant le produit) et de la douzième (transmettre le message à l’alcoolique qui souffre encore.) Je me sentais indigne d’un Dieu d’amour (qui m’avait pourtant conçu si déficient, ce qui était pourtant une preuve qu’il n’était pas tout à fait clean et que je pouvais m’en faire un pote ou un parrain bienveillant.) Ca fait rigoler, cette notion d’indignité, mais c’est un travers répandu chez les alcooliques. Et comme j’avais du mal avec cette fichue troisième étape (Nous avons décidé de confier notre volonté et nos vies aux soins de Dieu, “tel que nous le concevions”) j’ai un peu calé sur les suivantes aussi, qui nous suggèrent simplement de cesser de focaliser sur ce qui est irrémédiablement (adjectif favori des plaignos) endommagé pour nous attacher à reconstruire ce qui peut l’être, et de faire le ménage entre les deux. Et c’est comme ça qu’à force de trainer les pieds, quelques années plus tard, je suis tombé dans le porno. En fait je ne tombais pas de très haut.

Commentaires

  1. arf

    ça, ça vient des tripes … y a pas à dire John …

    Ben comme le lotus qui pousse dans la fange et la vase, la foi s’épanouit sur une vie faite de turpitude …. (ça c’est la version bouddhiste)

    ou les premiers seront les derniers et les derniers seront les premiers( ça c’est notre bon p’tit Jésus)

    ou alors tu prends le blog de FLo en bloc (arf désolé Flo)

    Le message c’est : c’est pas les bien pensants, les bien buvant et les bien baisant qui seront les premiers au Paradis, parce que cheminer vers ce paradis,pardi, c’est un truc de malade ……

    alors si tu es malade au départ ça aide …..

  2. Salut John, Je reprends la réponse que tu m’as faite il y a qq jours: “la spiritualité, c’est la vie de l’esprit”.

    Pour moi, la spiritualité c’est vivre dans l’esprit. Ce n’est qu’un moyen de plus pour échapper à la réalité, comme l’alcool, le tabac, la drogue, les religions, les sectes et maintenant Internet. Ca commence à l’adolescence, quand papa et maman ne sont plus derrière nous dés la moindre difficulté.

    Tu m’as aussi envoyé un mail dans lequel tu me décris une Flo courant vers tous les refuges spirituels possibles: le Tchan, le christianisme orthodoxe, le chi-qong, le bouddhisme tibétain… Pour finir dans ce mail tu me fais comprendre qu’en fait je n’ai rien compris, que je cherche à m’extraire, mais ces efforts sont vains, vu qu’un oiseau qui a les ailes cassées pourra toujours s’extraire, ses ailes resteront cassées à vie.

    Eh bien je suis d’accord: j’ai les ailes cassées. Comme la plupart des gens. Les blessures de l’enfance restent à vie. Seriez-vous donc naïf à ce point de croire que la “norme” est quelqu’un sans aucune trace des luttes passées, sans aucune cicatrice?

    Oui c’est trés dur, j’en ai bavé autant que vous, mais personnellment je préfère croire en moi-même plutôt qu’en autre chose. Choisir soi-même, faire sa vie soi-même, je sais que ça fait ringard, mais c’est une simple question de liberté.

    Je crois John que tu mets l’esprit au-dessus de tout. C’est vrai que l’esprit est fascinant. La réalité elle, l’est moins. Et pour toi renoncer à l’esprit, ne faire appel qu’à sa force et son courage, ce serait en quelque sorte jouer les Rambo. Trop dégradant. Alors que le bouddhisme,.. Mais je suis convaincu que toutes ces panoplies de ressources spirituelles si belles soient-elles ne sont que des panoplies. Dessous il y a toujours toi, rien que toi.

    Je ne crois donc qu’en moi-même, et pour en revenir aux ailes cassées, je me souviens de ce type handicapé suite à un accident qui n’a jamais autant profité de la vie depuis qu’il était en chaise roulante: ce fut une révélation pour lui, alors qu’il ramait auparavant tout en ayant ses deux jambes.

    Pour conclure, je veux témoigner à mon tour: je suis athée, je vis sans Dieu ni bouddhisme, et. je le crie haut et fort: la vie est belle! (bon OK je fume, je picolle, je suis cyberdépendant mais je progresse, je ne fais que progresser et cela par moi-même)

    Ah au fait une dernière chose, je l’ai trouvé mon petit John Warsen sous la neige: http://whoopyguppy.online.fr/img/JohnWarsen.jpg

    Joyeux Noël !!!

    (et attention pendant les fêtes: évitez les spiritueux…) ;o))

  3. Tu devrais faire ton blog Klöd … parce que quand on a des choses personnel à dire, avec sa manière bien à soi, c’est toujours mieux vécu quand c’est sur son propre blog …

  4. La spiritualité, pour ceux qui la pratiquent, permet aussi justement de retourner à soi, de retrouver sa liberté. Donc, pas de problème. ;-)

  5. “je suis athée, je vis sans Dieu ni bouddhisme, et. je le crie haut et fort: la vie est belle!” Heureusement qu’il a ajouté : “(bon OK je fume, je picolle, je suis cyberdépendant mais je progresse, je ne fais que progresser et cela par moi-même)” parce que sinon on se demanderait pourquoi il est dépendant ! Non, Klöd, quand on “crie haut et fort: la vie est belle!” c’est parce qu’on a un truc dans les tripes qui a du mal à sortir. C’est le propre du dépendant de se persuader que, entre deux obsessions compulsives, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Alors, rendez-vous dans quelques mois (ou quelques années) quand à force de rechutes et de propos ambigûs envers toi-même, tu finiras peut-être (je dis bien peut-être!) par reconnaître ton besoin de verticalité…

  6. Orroz a dit: “entre deux obsessions compulsives” Mais je n’ai pas d’obsessions compulsives!

    Quant à faire mon propre blog, oui peut-être… Mais voici les raisons de ma présence sur le blog de John Warsen. D’abord je ne suis pas un troll, je ne suis pas venu pour troller John Warsen. Je suis d’abord venu parce que j’étais épaté par le niveau intellectuel du blog. Lire John Warsen me dépoussière les neurones. Puis sans doute à cause de mon esprit critique (chacun sa personnalité) mes propos sont devenus débat contradictoire. John lui y voit des coups de bâton, alors que je n’ai aucune mauvaise intention. Et mes facéties comme John Warsen sous la neige… c’est pour égayer le “monde de souffrances” évoqué par John juste au-dessus. Je pense sincèrement que choisir la spiritrualité, c’est se mettre le doigt dans l’oeil bien bien profond, même jusqu’au coude. D’ailleurs quand je lis les propos de “spiritueux”, c’est vraiment tout et n’importe quoi. Dorje dit: “il faut commencer par se connaitre soi-même”, ailleurs on nous dit qu’il faut apprtofondir la connaissance de soi-même et des autres… Sur Agoravox, un autre, pour répondre à un article sur la science, nous dit: “la connaissance réelle, c’est le symbole”.

    Personnellment je pense que la réalité, la rationalité, le martérialisme sont des valeurs sûres.

    Donc OK pour un RV dans quelques mois et on verra bien qui a raison, du matérialisme ou de la spiritualité.

  7. “qui a raison, du matérialisme ou de la spiritualité” ça peut faire un chouette sujet de débat, bien que la question soit mal posée : qu’est-ce que la matière ? qu’est-ce que l’esprit ? sont des préalables. Après, on définirait “matérialisme” et “spiritualité” comme des mouvances idéologiques, en décrivant leurs avantages et leurs inconvénients. Est-ce que ça nous ferait avancer ? Claude, tu écris et tu penses ce que tu veux de tout ça. C’est toi qui vois. On dirait que tu commentes mon blog comme tu pesterais devant ta télé. Orroz, il a un site en lien sur mon blog. Il est thérapeute. Moi pas. “en finir avec la dépendance au porno”, ça s’appelle. T’es allé voir de quoi ça cause ? pas concerné ? tant mieux pour toi. Tu m’avais écrit que tu avais 150 Go de snuff movies sur ton disque dur. Je ne sais pas si c’était pour rire ou pas. Tu sais bien que je ne ris qu’à mes blagues. Si tu es cyberdépendant, je ne sais pas si c’est une bonne idée de faire un blog, même si tu l’intitules “Rationalité & valeurs sûres.” Une des clés c’est l’honnêteté (à défaut, sa recherche), mais je ne t’apprends rien. Tu sais bien que ce n’est pas l’intellect qui compte, ça peut même être un sacré obstacle. C’est le coeur. Anyway, bonne fin d’année.

  8. Je préfère pester ici plutôt que faire un blog où je parlerais tout seul, avec à la rigueur quelques partisans qui viendraient commenter ici et là mes commentaires. Je trouve beaucoup plus enrichissant de débattre avec des personnes qui ne me ressemblent pas et qui pensent différemment de moi. C’est ainsi que je progresse. J’ai par exemple des contacts avec des catholiques vivant à Kinshasa, moi qui suit blanc européen et athée. Ces contacts africains m’apportent beaucoup. Quant à ton blog, je finis par trouver ridicule cette absence de débat contradictoire, ces “amis” ou “adeptes” qui viennent dire “arf, ça c’est du bon John Warsen” Si un jour sur mon blog, il y en a un qui dit “arf c’est du super Klod aujourd’hui”, je l’enverrais paître en lui expliquant que les flatteries ne m’apportent absolument rien sinon une certaine tension nerveuse préjudiciable à mon organisme.

    Ceci dit, comme prévu je reviens dans quelques mois. Je vois qu’un service d’ordre improvisé (Orroz, Dorje…) fait tout son possible pour me faire partir.

    Finalement ceci apporte de l’eau à mon moulin quand je vois comment dans la réalité vous avez du mal à vous dépêtrer de ce KloD, ça me fait rigoler doucement. Le méthodes employées sont vraiment bas de gamme. Les notions spirituelles sont tellement plus faciles à manipuler…

    Pour être honnête je dois rajouter que je fume 7 à 8 cigarettes par jour, 1/2 bouteille de vin et si j’ai effectivement quelques dizaines de Go de films à tendance BDSM, je les parcoure en zappant. Les films vus en entier se comptent sur les doigts de la main. Je passe aussi beaucoup de temps sur mon PC, mais partagé surtout entre Internet et l’informatique. La vidéo X je télécharge énormément mais par curiosité. Le visionnage en lui-même doit faire disons 1/4 du temps passé sur le PC. Mais j’ai tout de même l’objectif d’arrêter tout ça. Voici donc une des raisons de ma présence sur le blog de John Warsen.

    Pour en terminer, je crois plus craindre le cancer que l’addiction. C’est bien le 1er qui aura ma peau et non la 2ème.

  9. “Je vois qu’un service d’ordre improvisé (Orroz, Dorje…) fait tout son possible pour me faire partir.” Faut pas paranoïer, Claude ! Personne ne t’en veut, à part toi bien sûr mais ça tu n’en es sans doute pas conscient. Comment ? Tu veux des preuves, des vrais preuves, scientifiquement exactes ? Voilà une piste : tu ne fumes pas un paquet de clopes en entier, tu ne bois qu’un demi-litre de vin par jour et tu “parcours en zappant des films X dont le visionnage en lui-même doit faire disons 1/4 du temps” En psychologie, cela a un nom, mais je préfère l’appeller “Vouloir le beurre et l’argent du beurre”, justement parce que ça fait moins scientifique. En gros, t’es coupé en deux. Et tu passes ton temps (tu le perds ausi) à chercher qui des deux a raison. C’est sans doute pour ça que tu squattes des blogs ou des forums (celui-ci n’est certainement pas le seul) mais tant que tu n’auras pas choisi ton camp tu resteras comme tu es…

  10. Perso j’ai toujours été méfiante envers les gens qui ne sont pas capables d’exister par leur propre blog mais qui ont besoin du blog des autres. Ce sont des gens qui n’en pas en eux la matière suffisante pour se tenir debout, et qui ne peuvent exister que dans l’approbation ou la contradiction. Des lierres sur pattes, quoi. Cela décrédibilise fortement leur discours, car, justement, ce discours n’est construit que par rapport à celui de l’autre. Enlevez le miroir, reste un mec désoeuvré qui ne sait pas quoi faire de sa peau.

  11. Flo, etant donné que je poste 10 fois moins que toi sur le blog de John, comment peux tu prétendre que j’ai besoin de son blog? J’ai du poster un vingtaine de commentaires tout au plus. Et toi Flo? Lequel de nous deux squatte le plus?

  12. C’est peut-être de ma faute, je me suis mal exprimé, d’autre part il faudrait retracer tout mon parcours dans le blog de John Warsen, mais vous commettez tous des erreurs de jugement. Je ne squatte pas de blog, je ne l’ai jamais fait, et je ne suis pas sur ce blog pour le squatter. Comme je l’ai dit, j’ai été épaté par le discours de John. J’ai envoyé un mail, puis quelques posts sur le blog lui-même. Je suis sans doute maladroit, car il semble ne pas avoir apprécié. Puis petit à petit, j’ai commencé à trouver certains points sur lesquels je n’étais pas d’accord, je me suis exprimé, à ma façon, et voilà le résultat: vous y êtes!

    J’ai donc découvert dans les réactions de John, une personne trés fragile mentalement. C’est d’ailleurs me semblet-il là que se réside la clé qui lui permettrait de passer au stade supérieur, ce qu’il n’a toujours pas fait.. “Le monde ici-bas n’est que souffrance” pour reprendre ses propos. D’où mes allusions à Rambo où ces soldats sans armes d’Aragon, car visiblement John n’est pas fait pour se battre, il semble habillé pour un autre destin. Et il est une nouvelle fois en train de se fourrer dans un piège à con qui s’appelle bouddhisme, quelque chose de totalement inadapté et impraticable de nos jours, car comme le souligne Dorje, il faut au moins 3h de pratique par jour pour commencer à sentir un soupçon de je ne sais quoi. Je dirais même qu’il faut laisser tomber son boulot et y consacrer sa vie, ce qui se concevait il y a quelques siècles, mais aujourd’hui une caissière de supermarché peut-elle décemment concevoir une pratique bouddhiste? Il en est ainsi pour moi de toute spiritualité. Nous vivons aujourd’hui dans un monde productiviste, les gens rentrent crevés le soir de leur boulot, et toute spiritualité parfaitement justifiée dans les millénaires passés, se trouve en porte à faux avec la société Sarcozyste que nous vivons et transforme tous ses adeptes en inadaptés sociaux.

    Pour en revenir à moi, j’ai en quelque sorte mué à l’âge de 45 ans (j’en ai 50) avec un nouveau cerveau sorti de sa prison mentale, qui a vu ses capacités passer de 20 à 80% (non pas par une quelconque expérience spirituelle mais par simple psychiatrie) . Je ne suis pas là non plus pour démontrer une certaine supériorité envers qui que ce soit. Moi aussi je suis dépendant du tabac, de l’alcool et d’internet. Dans une moindre mesure par rapport à d’autres. Mais je laisse quand même derrière moi un enfer vécu de l’âge de 8 ans jusqu’à 45 ans (ça fait long oui) et qui porte un nom: phobie sociale. Les séquelles sont encore présentes: je suis plus à l’aise en discutant par internet que directement en face à face. Mais j’en suis conscient, j’y travaille, et je viens de faire un exposé il y a peu devant une vingtaine de personnes. Ca a l’air con pour vous mais je suis parvenu à réaliser sans trop de dégât ce qui auparavant était pour moi une terreur sans nom. Cela me permet d’affirmer maintenant que je progresse. Mais côté dépendance je progresse aussi. Je peux donc en toute sincérité dire aujourd’hui: la vie est belle. Enfin je ne veux pas alourdir le blog de John, aussi j’écrit là mon (ou mes?) dernier commentaire. Je repasserais dans quelques mois. Quelques liens:

    Jean-Paul Baquiast : Pour un principe matérialiste fort (site inaccessible ce WE semble t-il) http://www.automatesintelligents.com/echanges/2006/avr/materialisme.html

    Exemple d’article où j’interviens: http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=16888

    Mon site africain: http://chariteplus.online.fr/

    Comment mettre John Warsen sous la neige: http://www.imagechef.com/

    Autre création graphique en ligne: http://www.pikipimp.com/

    Comment transformer un texte en javanais ou version enrhumé: l’argoteur: http://www.lewub.com/guide.php?catid=97

    bonnes fêtes à tous

  13. Si tu créais quelque chose dans ta vie tu saurais la différence qu’il y a entre l’échange et le parasitage.

  14. Qu’as-tu créé Flo?

  15. Des revues de rêve, des revues de sport, un peu de littérature, un peu de musique, un peu de dessin, mais la création d’objets ne me paraît pas ce qu’il y a de mieux à faire, alors maintenant je crée des méthodes pour entraîner l’esprit qui sont différentes de ce qui a existé jusqu’à présent. Presque personne n’est capable de faire ça, ma méthode de rêve lucide n’a pas d’équivalent dévoilé.

  16. Ah oui, et j’oubliais de dire que j’ai créé un site internet florissant de videos de lutte mixte et domination… mwahaha !

  17. Mais quel est donc ton métier?

  18. le métier de flo, c’est décrocher la lune. Elle en ramène souvent de chouettes pépites. Son blog actuel est fermé au public, mais y’a des traces d’alunissage sur l’ancien http://blog.france3.fr/blogchen/ et dans son journal de rêves http://florence.ghibellini.free.fr/revelucidej/floindex.html

    c’est vrai que grâce à ses travaux, et à ceux de quelques autres, cette nuit j’ai été salement coincé dans un film de stephen king, puis j’ai incarné un rabbin dans un épisode chelou de deadwood. Deux grands films pour zéro balle. Sinon, si tu persistes à te sentir attaqué, je vais publier notre correspondance privée, comme ça tu pourras te commenter toi-même sur mon blog et je pourrai retourner faire du ski.

  19. Mon métier, c’est la pratique du bouddhisme sponsorisée par les cyberdeps. Sans vous, j’aurais plus qu’à faire un travail honnête…

  20. Du pur charlatanisme pour moi… Quelques lignes de Flo me suffisent pour comprendre la supercherie. Mais pourquoi John dis-tu que je me sens attaqué? Tu retournes la situation il me semble? Moi ça va trés bien, je m’aperçois que le trio John, Flo, Orroz est empreint de spiritualité ce qui fait perdre toute crédibilité à vos panoplies de sauveurs de l’humanité que vous endossez, pour le plus grand danger des jeunes et faibles d’esprit.

  21. “Presque personne n’est capable de faire ça, ma méthode de rêve lucide n’a pas d’équivalent dévoilé.” Tes paroles Flo sont d’une prétention inégalée… Madame Flo “crée”! Et ceux qui bossent sont des merdes…

    C’est ça la sagesse bouddhiste?

  22. C’est ma foi vrai que Flo attend lovée dans sa toile tel le perroquet dans son sac de couchage d’enivrer le client par ses billevesées pour l’enrôler ensuite dans ses casernes tantriques. Qu’Orroz est un père-la-morale qui détourne l’innocent websurfeur de loisirs hautement récréatifs pour l’enserrer dans un corset rigoriste. Quant à moi, tu sais bien que je ne roule que pour moi. Ce qui est étonnant c’est ta capacité spontanée à éveiller chez nous la sympathie et la compassion dont nous nous réclamons par devant (pour mieux les ruiner par derrière ) dans nos soirées conspirationnistes de francs-maçons judéo-bouddhistes en vue de flétrir la jeunesse et l’innocence de nos lecteurs les plus naïfs. Heureusement qu’on est interdits aux mineurs, tiens.

  23. m’est d’avis qu’on aurait vite fait de finir sur un buchet …..

  24. Wééé ! Je suis d’une prétention qui n’a d’égale que celle de tout le monde !

  25. Finalement je crois que je vais moi aussi créer ma méthode spirituelle “Bienvenue dans la confrérie des 33 streptocoques” ou mieux encore un site web “Créer vous-même votre méthode spirituelle” Avant que des chercheurs s’en chargent. Ils travaillent déjà sur la conscience artificielle, la spiritualité, autre activité cérébrale propre à l’être humain, sera sans doute reproductible un jour ou l’autre. Si ce n’est dans 20 ans, ça le sera dans 200.

  26. Je pense que la parano t’égare. Si les ordinateurs deviennent des bouddhas, ça ne changera pas nos problèmes d’un iota (cf le premier dessin de l’article ” Notre-Dame des Motherfuckers”) Orroz disait “n’ayons pas peur des mots quand on parle de spiritualité. Quelles que soient les croyances de chacun, quel que soit le nom que l’on attribue à la Divinité, on sait très bien que sans cette dimension, sans cette verticalité, la lutte pour s’en sortir est dix fois plus dure. Alors, n’ayez pas peur de vous RELIER et surtout de DEMANDER de l’aide. Vous serez, si vous êtes SINCERE, entendu tôt ou tard.”

Prospection (2)

Je viens d’envoyer chier gravement un mec de Vivrélec, filiale EDF spécialisée dans les économies d’énergie, qui me proposait une étude gratuite pour du double vitrage et un plan d’amortissement fiscal. J’étais parti pour éconduire dans l’élégance, mais le fâcheux s’incrustait. Toujours ce caractère de plus en plus intrusif des appels, -ah oui, vous investissez dans d’autres travaux pour l’instant, et de quelle nature ? c’est de la technique d’entretien téléphonique, ça permet de rebondir, mais j’ai ma cuisine presque finie qui m’est montée au nez et je lui ai dit que ça ne le regardait pas, brisant les rêgles tacites de la convivialité de base. Après, y’avait plus qu’à suivre la faille. Il a pris la peine de me rappeler (-on a été coupés Monsieur -non pas du tout c’est moi qui vous ai raccroché au nez) pour me signaler qu’en plus d’un problème d’isolation thermique j’avais un problème d’éducation.
Je trouve ça un peu facile de tout mettre sur le dos des parents. Enfin, il fallait bien qu’il ne reste pas avec mon impolitesse sur le bide, et il était sans doute malaisé de son point de vue de reprocher à quelqu’un qu’il sollicite commercialement d’être un trou du cul récalcitrant à une offre que je reconnais par ailleurs pertinente.
J’attends avec impatience le prochain appel, ça sera mon chef d’oeuvre. De sobriété : d’entrée de jeu, il faut opposer un ferme et définitif “-je vous arrète tout de suite, car je suis opposé au principe de la prospection téléphonique. Vous pouvez m’envoyer de la documentation papier, mais je vais interrompre cet appel” sans fioritures : c’est le seul moyen de rester dans le respect mutuel.

Trou de Mémoire

Je fais ma visite annuelle aux Assedic-Spectacle pour rouvrir de nouveaux droits à partir de mes certificats d’emploi de l’année écoulée. On m’y demande un justificatif sur deux jours fin novembre, qui n’est pas dans ma pile, et je n’ai aucun souvenir des affaires traitées lors de ces deux dates, ni même de m’être rendu dans certaine société de prestations de services à cette période. J’ai juste noté dans mon agenda avoir travaillé ces jours-là. De plus, il semble que mon employeur ait oublié de me faire un contrat de travail pour ces deux journées, et que son rétro-planning ne soit guère mieux tenu que mon cerveau. Quand vous vous acquittez de tâches répétitives pour subvenir à vos besoins matériels sans prendre la peine de conscientiser aucun des actes qui se déroulent pendant des journées qui se déroulent selon des processus optimisés pour que votre cerveau y dépense un minimum d’énergie, en fait vous dormez, puisque quand vous tentez de vous repasser la bande en accéléré, vous ne trouvez dessus que des parasites et des fragments d’impressions dont le puzzle refuse de se reformer. J’ai un copain qui vient de passer 15 ans à plein temps dans l’antenne régionale d’une chaîne privée avec suffisamment de femmes, d’enfants et de chichon pour ne pas remettre en cause les tropismes qui l’animaient, et il se réveille brusquement chômeur de 45 ans avec un savoir-faire obsolète dont personne n’a besoin - la chaîne n’avait consenti à investir dans aucun des bonds technologiques qui secouent périodiquement le milieu hautement technicisé de l’audiovisuel - et il est hébété comme ces Japonais mythiques qui ignoraient que la guerre était finie et qu’on les avait laissé moisir sur un îlot du Pacifique après la reddition de l’Empire nippon. S’il me fait mal aux miches, c’est surtout parce que demain ou après demain mon sort pourrait ressembler au sien. Souhaitons-lui de se ressaisir rapidement.
Je commence par m’en remettre à des procédures obliques du genre aller mater dans l’historique du forum des dépendants pour voir si j’ai été actif sur le forum ce jour-là, ce qui indiquerait plutôt une journée maisoning. Puis je regarde l’historique de mes mails. Rien de probant. Puis je songe enfin à regarder mes débits CB, qui indiquent bien un trajet autoroutier à la somme habituelle, ainsi qu’un pantagruélique repas à 8,15 à la Cafète du Leclerc. Je commence à me sentir comme Bob Arctor dans Substance mort , qui mate au bureau les kilomètres de bandes tournées at home par les caméras qu’il y a lui-même dissimulées, pour finir par se suspecter d’être le dealer local parce qu’il s’est cramé la tronche avec une dope qui favorise la dissociation des hémisphères cérébraux pour infiltrer le milieu des stupéfiés et qu’il devient progressivement incapable de se reconnaitre sur les vidéos. Muni de ces indices, je rédige un mèl ironique à mon employeur, avec qui j’entretiens des rapports tendus (j’ai récemment demandé et obtenu à l’arraché des frais de mission qui “l’assassinent” mais me permettent de ne pas me sentir volé) mais cordiaux (respect mutuel entre professionnels de la profession, performances et réactivité décentes de ma part). Dans le privé, c’est paraît-il un fervent catholique et pilier de sa paroisse vendéenne. Dans le boulot, c’est un affable requin fan de Louis De Funès dont on sent la queue frétiller dans le bénard quand il peut réduire ses frais généraux de trois francs six sous sur le dos de ses salariés, parce que le profil du job qu’il a dans la boite le prédestine à cette tâche ingrate et qu’on le sent soumis à une pression patronale kolossale dans ce sens. Il s’agit de rester concurrentiel et d’éponger la dette toujours croissante du fait des investissements dans la technologie de pointe, et il n’est pas question de délocaliser, il faut donc marger sur la bête. La cloison en parpaings de 12 qu’il a dû dresser entre ces deux pôles de son activité cérébrale ne regarde que lui, j’ai déjà fort à faire avec les miennes.
Ma bonne foi et mes notes de frais auront raison de ma mauvaise mémoire, mais ça donne une idée des gouffres abyssaux que prétend franchir chaque jour notre conscience diurne - en fait elle les zappe. Ne parlons même pas des cas où l’émotionnel viendrait rajouter ses voiles aux obscurcissements de la pénombre cognitive ainsi mise à jour. Mon blog basculerait alors tout entier dans “l’exhibitionnisme narcissique” du désastre, avec lequel il surfe parfois dangeureusement, mais qu’il évite pour l’instant à un poil de cul près.

Commentaires

on a le cerveau qui fuit …

en ce moment je met tout par écrit. J’ai un logiciel ou je peux dicter et ça crache du texte tout bien. Et comme ça je peux relire ma vie. Je le fais pour les enseignements, pour les phénomènes de la pratique, pour les rêves (pas pour le boulot, parce que ça ça me trouerai vraiment trop le cul) Et ben dès fois je me relie, et non seulement je ne m’en souviens pas, mais en plus c’est comme si c’était quelqu’un d’autres qui l’avait écrit.

Depuis, j’ai moins le cerveau qui fuit, ne serait-ce que pour me rappeler ce que j’ai fait dans la journée.

La vie comme dans un rêve, sans souvenir, sans impression …

on est des zombies … rien qu’un gros tas de zombie tout moue …

moi je dis, tous à Dragon naturally speaking … ce truc là ça change ma vie autant que mon lama …..

tiens d’ailleurs je vais en parler sur mon blog ….

Merci John ….

mercredi 20 décembre 2006

Prospection



Je suis démarché au téléphone par une femme qui se prétend comme d’habitude mandatée par un institut de sondage à l’acronyme nébuleux , qui veut deux minutes de mon temps pour parler impôts, patrimoine… d’habitude je coupe court, là je suis un peu dans le pâté, elle a l’accent arabe et débite son questionnaire d’une voix hachée, et je me prends les pieds dans une pensée pseudo-compassionnelle pour les gens qui font ces boulots de merde qui sont souvent occupés par des maghrébins ou des africains à condition qu’ils aient une bonne maitrise de la langue, ils y sont mieux tolérés par les français parce qu’on ne les voit pas les occuper, ils doivent être payés au lance-pierre et à la commission, et bon prince je lui accorde ses deux minutes. Le questionnaire devient très vite intrusif, elle me demande si je suis au dessus de 300 €/d’impots par an (et je me sens comme un disque dur investi par une souche Troyenne), si je suis au courant des 33 nouvelles mesures fiscales décidées par le gouvernement, (et je me sens une burne autiste), si la faillite probable des systèmes de retraite ne me donne pas envie de souscrire une assurance privée (et je me sens coupable par incurie du sabotage prochain des systèmes de retraite par répartition )… oké là je vois où elle veut en venir, (et je me sens maintenant honteux de lui faire perdre son temps et de perdre le mien), et je lui dis que je descends là, parce qu’en plus j’ai les boules d’avoir réagi comme papa quand il croisait quelqu’un en difficulté dans ses relations et qu’il disait “je vais m’en occuper person-nel-le-ment” en détachant bien les syllabes, ce qui dénotait l’étendue de sa mansuétude et de sa miséricorde, et que je me retrouve à couiner avec les intonations de mon frère quand il est dépassé par les évènements dans mon téléphone pourri qui grésille que je suis content de ma situation et que j’espère bien transmettre mon patrimoine à mes enfants et que je n’ai besoin de rien, et que je suis furieux d’avoir à proférer des inepties pareilles, que j’ai joué le faux naïf et que je me retouve donc faussement scandalisé… ce match de ping-pong entre des pensées prémâchées se joue dans une arrière-cour en terre battue de mon mental en moins de 5 secondes, elle me remercie de mon accueil et au revoir.
Tout cela ne me dit pas comment j’aurais réagi person-nel-le-ment si je n’avais été submergé de pensées adventices, enfin pas submergé, parce que j’ai déroulé l’écheveau jusqu’à un certain point, assaillants nombreux, défense faible, inexistence de programme propre au lieu du cruel “formidable, ça ne m’intéresse pas du tout!” que je leur assène d’habitude au bout de deux phrases de leur petit boniment, mais globalement je pense que je n’étais pas mûr pour souscrire une retraite complémentaire aujourd’hui.


Commentaires

C’est réconfortant de trouver quelqu’un qui se donne la peine de s’indigner par écrit de prospections téléphoniques.
Je viens de faire l’objet d’une telle sollicitation, ce soir même, assez “originale” : l’appelant prétend me joindre dans le cadre d’une enquête commanditée par le ministère des impôts. Elle veut m’aider à économiser sur mon imposition (jusqu’à 40% de diminution) grâce aux nouvelles mesures gouvernementales.
Je finis par l’éconduire poliment, mais je n’arrive à avoir comme information que le nom de société : phonétiquement “thésaurus”. Je cherche sur Internet à ce nom : rien.
Je fais le 3131 (dernier appelant), et j’obtiens le numéro du … pénultième - et non pas dernier - appel, le portable d’une amie.
Tiens, l’appelant qui me veut du bien masque son numéro…

J’hésite sur le diagnostic du profil du commanditaire : spam politique sarkosien (il a déjà fait des bavures en la matière, soulignées par la CNIL) ou simple “accroche” commerciale pour vendre des assurances vie ?

Quelqu’un a-t-il récemment fait l’objet cet appel type ?
Etes-vous parvenus à “retracer” l’entreprise prospectrice ?

Merci pour tout info.

Pirlouit d’Euskadi

Rédigé par: Pirlouit d'Euskadi - Recherche spammeur politique désespéramment | le 22 janvier

mardi 19 décembre 2006

Un peu raide à 14 ans

Comme je me sentais nigaud d’avoir reproché à mon fils d’avoir fait des choix qui me rappelaient mon âge, je lui ai proposé le soir même de regarder un moyen métrage de la série Masters of Horror - je pensais que celui de Joe Dante serait assez cool. Mais dès le générique de début, je vois “Dario Argento” et je le préviens : tu sais, Argento, c’est plutôt hard, on en essaye un autre ? - non, c’est oké, on s’arrête si j’ai peur” - et on s’est tapés “Jenifer ” sans pouvoir s’arréter en route, récit éprouvant d’une Lolita des temps modernes, qui avec ses pouvoirs de sirène (elle est défigurée et incapable de parler mais elle a un beau cul et sait s’en servir), finit par détruire le corps et l’âme de tout homme malchanceux croisant son chemin.
L’occasion de se rappeler qu’un bon film d’horreur laisse épouvanté ou au moins nauséeux. Ici le seul argument fantastique est celui de la nature chimérique (mi-femme mi-bête) de Jenifer, grâce à quoi elle réduit les hommes en esclavage par son animalité, en leur inspirant d’abord de la pitié puis du désir - pour le reste c’est une farce noire et cruelle sur les liaisons dangereuses avec en toile de fond “l’enfer est pavé de bonnes intentions”.
A ce sujet, je peux voir cette soirée télé comme encore une transmission inutile à partir du besoin d’être revalorisé auprès de mon fils, bien que ça ait été l’occasion de discuter ensuite des relations funestes, et de revoir quelques Futuramas pour se nettoyer la tête. Une autre bouffée d’adolescence transgressive : sa mère était au lit, sinon elle ne nous aurait pas laissés mater l’inscrutable. Je peux le regretter, je peux surtout redérouler le truc en essayant de l’intégrer pour ne pas recommencer avant ses 16 ans, âge auquel on n’a plus besoin de son père pour se faire peur.

Commentaires

  1. bah …
    moi je trouve ça bien …

    que ce soit à tuer des pigeons, ou a tué des poissons, ou à mater des horreurs, les gamins aiment bien passer des moments privilégier avec leur Popa …

    C’est toujours les popa qui apprennent la transgression … avant c’était le popa qui emmenait le fiston au bordel, qui lui faisait fumé sa première taffe à la chasse, qui l’emmenait tué son première homme …

    que des trucs cool entre hom que les gonzesses elles peuvent pas comprendre.

    Je trouve ça très sain au contraire….

    Après quand il sera popa lui aussi, il ressortira la cassete pour son fiston, avec respect et tout et tout, et il dira que c’est une tradition familliale, qu’ainsi tu sera un homme mon fils etc ……

  2. Le problème c’est que cette série est complètement nulle. Tu aurais mieux fait de regarder 1 ou 2 épisodes de Rome avec lui. C’est instructif (on voit comment les gens vivaient il y a 2000 ans) et édifiant (on voit que le système italien a toujours été mafieux). Toutes ces conneries, ça pourrit la tête des gosses. On peut éventuellement en faire quelque chose si on n’est pas un trop mauvais pratiquant des tantras mais sinon ça dérègle les vents et ça ajoute une couche de karma pour rien. Ah il est bien vrai l’article qui disait que les parents modernes pourrissent leurs enfants pour s’en faire aimer. C’est comme moi qui dis que j’aime bien mes perroks. Chepa dirait que c’est complètement faux, sinon ils ne seraient pas dans une cage.

  3. Hugo dit que ça lui donne envie d’étudier la psychologie pour comprendre pourquoi le mec se fait bouffer vivant par Jenifer. Moi je me dis qu’il faut protéger les gamins contre Internet, mais aussi contre la complaisance de leurs parents. Ce qui est certain c’est qu’on passe de meilleures soirées quand on sauve le soldat Ryan ou des vieux Mel Brooks.

lundi 18 décembre 2006

Gode is all you need 1 : mon bambin Motorho



Samedi, j’ai rendu les 30 € que je devais depuis quelques temps à mon fils, et je l’ai accompagné chez un ami. Ils devaient aller se ballader à Nantes. Quelques heures plus tard, je suis allé le récupérer. Il arborait un nouveau sweat-shirt orné du subtil logo de Motorhead reproduit plus haut. Coup de sang, devant son copain : “t’as acheté ça avec mon pognon ? n’espère pas aller au collège avec ce truc, déjà que là-bas tu passes pour un branleur, t’aurais pu en choisir de meilleur goût”. Sur le trajet du retour, dans la voiture, il me reproche de l’avoir humilié devant son pote. J’en discute avec ma femme, mais j’ai déjà mon idée : c’est moi qui l’ai branché sur le groupe métal, et je supporte mal de le voir arborer l’effigie que j’ai ostensiblement revendiquée il y a 25 ans pour emmerder mes vieux, car ça veut dire que maintenant c’est lui le jeune, et qu’il n’y a pas de place pour deux jeunes dans la famille. Il me renvoie dans mes 25 mêtres tout en revendiquant la connivence père-fils puisque j’ai commis l’erreur pédagogique de lui transmettre avec succès mes préférences par identification, ce qui le contraindra à trouver d’autres modes de transgression. Cette explication des origines de ma colère me vient dans un insight très rapide et sans fioritures, après m’être posé sincèrement la question. Une autre réponse arrive dans la foulée : si je suis blessé par cette évidence que je n’ai plus 20 ans, c’est parce que je n’ai pas vu le temps passer, ne sortant d’une intoxication que pour en aggripper une autre, entre mes rapports passionnels avec l’alcool, la sexualité, le cyber, la vidéo et la littérature spéculative. L’addiction, c’est la négation du temps, c’est la tentative vouée à l’échec dans son essence de pisser à la raie de l’impermanence des phénomènes, dont on ne sort que par de vigoureux et constants efforts qui ne peuvent se borner à une étude intellectuelle du pourquoi et du comment, que l’égo aura tôt fait de se réapproprier en se foutant de notre gueule au passage. Comme dit Orroz, pour dépasser cela, une seule solution: piéger l’ego, lui faire plier les genoux, le faire revenir à sa seule fonction positive : la dignité. Voilà pour mes mauvaises & bonnes raisons de me tourner vers le bouddhisme et de remettre le nez dans les 12 étapes et 12 traditions du programme de rétablissement des AA, qui est difficile à pratiquer parce que c’est un programme simple pour des gens compliqués, qui se sont beaucoup mentis et qui ont du mal à cesser.

Commentaires

  1. Peut-être aussi que ce qui t’a mis en colère, c’est de constater que l’expression “jeune et con” se vérifie tellement bien. Ils veulent être originaux, résultat c’est des clones idiots, nous l’étions aussi à leur âge… Avoir des enfants si peu créatifs, ça ne donne pas une super image de soi, ni de l’humanité d’ailleurs. Et pire, ça prouve qu’il y a du boulot.

  2. Dans le passé tu as fait ça pour énerver tes parents, pour faire un truc qu’il ne ferai jamais.

    La c’est TRES différent.

    je pense qu’il a fait pour te plaire, pour se revendiquer de la même essence que toi …

    En gros il vient de te dire “papa, t’es vraiment un mec extra, ta culture je l’accepte et je la revendique, parce que c’est pas un truc de vieux crouton”.

    Enfin, bon, tout ça pour te dire que c’est vraiment une réaction de vieux con que ta eu ….

    me remercie pas, ça vient du coeur ….

  3. Du temps où l’on trouvait des mots dans le lexique français pour indiquer la propension d’un individu à trouver sa survie dans la monomanie, le mot addict n’existait qu’aux states. Notons que l’addiction est pour les sciences darwiniennes la raison de notre existance sur terre. Cette accroche sensitive à un objet positif permet en effet de répéter à l’infini une attitide bonne à notre santé. Je mange un fruit, il est bon, j’en mange un autre, il est bon. Sans analyser je distingue ce qui est bon par répétition de l’acte primordial, au bout d’un certain temps le fruit m’est indispensable.. Tant mieux puisqu’il est bon! Je ne risque donc pas de m’empoisonner en tentant un autre fruit. Les autres fruits meurent parce que nous ne plantons plus les noyaux et le fameux tropisme naturel de la fleur et de l’insecte, du fruit et de l’homme qui aime les fruits est né. Yep!Idem pour le sexe! Idem pour la sublimation! Sans alcolique, pas d’alcool, sans paraphile du bon Dieu, pas de curé. Le problème n’est jamais l’addiction mais toujours l’objet de l’addiction. Et encore, n’est ce un problème que pour celui qui en est l’acteur. Dans les années 80, tous les thérapeutes savaient sans l’avouer que les sectes restaient le meilleur moyen d’échapper à la dope. On savait tous que le taux d’addiction sublimatoire pour la poudre et les Dieux divers et variés était identique mais ça faisait sérieusement chier les psy généralement gauchisants et agnostiques. So long John.. Etienne Liebig

  4. Le problème n’est jamais l’addiction mais toujours l’objet de l’addiction

    ah ben non …

    l’objet on s’en fout puisqu’il est interchangeable, c’est bien à l’addiction et à sa racine à laquelle il faut s’attaquer…

  5. Liebig, je ne pense pas que le bouddhisme puisse être assimilé à un programme méthadone. En tout cas s’il en est un pour moi, comme mon résumé de parcours peut le suggérer, je doute qu’il le soit pour les tibétains à l’origine du truc. Et un des premiers trucs qu’ils disent, c’est que le samsara (l’univers phénoménal) est un océan de souffrance. C’est très moyen comme objet d’addiction. La théorie du “bon” objet d’addiction était aussi celle du regretté Dado (http://impossibilia.blogspot.com/2006_10_01_archive.html

    premier post en partant du bas de la page)

    mais renvoie à la notion d’addiction saine, nonsensique aux toxs - et après tout, ce qu’on demande à une théorie ce n’est pas d’être juste mais utile.

dimanche 17 décembre 2006

Névroses et spiritualité


les dessins sont©Xavier Gorce/LeMonde.fr

Comment faire pour avoir une balance commerciale affective excédentaire ? Pour celui qui a déjà tâté des psys à poil dur ou long et des mouvements en 12 étapes, la question se pose. Car ça semble finalement le seul moyen d’agir juste, hormis la voie qui suppose de se passer de l’affect, et qui ne peut être réservée qu’à des privilégiés de la souffrance, afin de n’être plus tenu par les couilles ou écrasé de rancoeur par les attentes insatisfaites, pris en otage par ce que nous croyons être l’univers mais qui n’est que nos propres réactions infantiles à son incapacité ontologique à nous satisfaire.
Nous sommes toujours débiteurs de l’univers. On lui doit tout, c’est clair. D’ailleurs on rend nos emprunts à la sortie, pas forcément dans l’état où on les avait trouvés en entrant : tout dépend des graines karmiques qui ont germé dans cette existence-ci, et de celles qui sont restées en terre sans se développer, et qu’une incarnation future favorisera peut-être. La spéculation s’arrète là où elle ne porte plus de fruits.
J’en parlais la semaine dernière avec un ami, qui a autrefois vécu auprès d’un swâmi, pour la proximité duquel il était prêt à rester dans l’ashram et à abandonner la vie civile si ce swamî n’était décédé au bout de 11 mois (peut-être mon ami puait-il trop fort de l’âme trop près du swâmi; trente ans plus tard il travaille dans une savonnerie et dit avoir constaté le fossé culturel qui nous interdirait la voie dévotionnelle; pour les Orientaux l’existence serait une malédiction et le but de cesser de renaître, ils viseraient l’extinction, alors que chez nous on est attaché à une certaine joie de vivre (malgré ou à cause de la crucifixion ?) ce qui fait que le plus souvent, quand on se met à mouliner des prières comme des bourrins, on arrive péniblement à se hisser au rang d’honnètes pratiquants.
Il y aurait donc comme un malentendu fondamental. Nous commençons à pratiquer pour de mauvaises raisons : nous en espérons un mieux-être et des accomodements. Une amie qui pratique beaucoup dit quelque part que “dans le bouddhisme, la compassion est censée venir par l’empathie. Ce n’est pas spécialement qu’on devient gentil, mais si on se prend toutes les baffes qu’on donne aux autres, on commence à réfléchir quant à celles qu’il convient de donner vraiment, et celles qui ne sont pas nécessaires.”
Vu comment on est gaulés par chez nous, il vaut mieux demander tout de suite à être libérés de l’ignorance et de l’égo, d’apprendre voir la nécessité de nos névroses et ainsi de suite. Le lama l’a dit comme ça en passant cet été : L’enseignement doit être pris dans son contexte, et non au pied de la lettre, ce que j’ai traduit par “décodez ce qui peut vous toucher au plus intime derrière les rituels et ce que vous pouvez appeler notre folklore.”
Je relie donc cela avec le “plus j’en apprends, moins j’en sais - ce qui me rend humble, mais je désire sincèrement continuer à progresser” trouvé en commentaire au “nous avons demandé Sa protection et son aide, et nous nous sommes abandonnés à Lui complètement” d’un livre de réflexions de membres des Alcooliques Anonymes : du coup, les AA semblent tibétains et les tibétains d’aiguisés discursifs.


Commentaires

  1. Je ne sais pas ce que tu appelles un honnête pratiquant. Pour moi c’est qqn qui n’a pas besoin d’avoir une balance affective excédentaire. Donc c’est possible…

  2. arf oui ça c’est sûr on devient bouddhiste pour les mauvaises raisons. Mais ce qui est fort, c’est qu’on finit par s’en apercevoir, de grès ou de force … et c’est là qu’on se dit, ah oui, en fait je suis même pas débutant, je suis qu’un apprenti débutant ….

    et ça fait regarder les autres pratiquants et le maître d’un autre oeil … avec plus de respect en fait ….

  3. Intéresant ton texte, John. L’attachement à la joie de vivre cela peut-être aussi se détacher de ce qui nous éloigne de l’essentiel, et notamment ce qui nous fait fuir dans les dépendances.

    Il y a aussi cette notion de “décréation” dont parle Simone Weil, qui peut-être mise en relation avec cette confiance suggérée par les AA dans une puissance supérieure.