lundi 18 décembre 2006

Gode is all you need 1 : mon bambin Motorho



Samedi, j’ai rendu les 30 € que je devais depuis quelques temps à mon fils, et je l’ai accompagné chez un ami. Ils devaient aller se ballader à Nantes. Quelques heures plus tard, je suis allé le récupérer. Il arborait un nouveau sweat-shirt orné du subtil logo de Motorhead reproduit plus haut. Coup de sang, devant son copain : “t’as acheté ça avec mon pognon ? n’espère pas aller au collège avec ce truc, déjà que là-bas tu passes pour un branleur, t’aurais pu en choisir de meilleur goût”. Sur le trajet du retour, dans la voiture, il me reproche de l’avoir humilié devant son pote. J’en discute avec ma femme, mais j’ai déjà mon idée : c’est moi qui l’ai branché sur le groupe métal, et je supporte mal de le voir arborer l’effigie que j’ai ostensiblement revendiquée il y a 25 ans pour emmerder mes vieux, car ça veut dire que maintenant c’est lui le jeune, et qu’il n’y a pas de place pour deux jeunes dans la famille. Il me renvoie dans mes 25 mêtres tout en revendiquant la connivence père-fils puisque j’ai commis l’erreur pédagogique de lui transmettre avec succès mes préférences par identification, ce qui le contraindra à trouver d’autres modes de transgression. Cette explication des origines de ma colère me vient dans un insight très rapide et sans fioritures, après m’être posé sincèrement la question. Une autre réponse arrive dans la foulée : si je suis blessé par cette évidence que je n’ai plus 20 ans, c’est parce que je n’ai pas vu le temps passer, ne sortant d’une intoxication que pour en aggripper une autre, entre mes rapports passionnels avec l’alcool, la sexualité, le cyber, la vidéo et la littérature spéculative. L’addiction, c’est la négation du temps, c’est la tentative vouée à l’échec dans son essence de pisser à la raie de l’impermanence des phénomènes, dont on ne sort que par de vigoureux et constants efforts qui ne peuvent se borner à une étude intellectuelle du pourquoi et du comment, que l’égo aura tôt fait de se réapproprier en se foutant de notre gueule au passage. Comme dit Orroz, pour dépasser cela, une seule solution: piéger l’ego, lui faire plier les genoux, le faire revenir à sa seule fonction positive : la dignité. Voilà pour mes mauvaises & bonnes raisons de me tourner vers le bouddhisme et de remettre le nez dans les 12 étapes et 12 traditions du programme de rétablissement des AA, qui est difficile à pratiquer parce que c’est un programme simple pour des gens compliqués, qui se sont beaucoup mentis et qui ont du mal à cesser.

Commentaires

  1. Peut-être aussi que ce qui t’a mis en colère, c’est de constater que l’expression “jeune et con” se vérifie tellement bien. Ils veulent être originaux, résultat c’est des clones idiots, nous l’étions aussi à leur âge… Avoir des enfants si peu créatifs, ça ne donne pas une super image de soi, ni de l’humanité d’ailleurs. Et pire, ça prouve qu’il y a du boulot.

  2. Dans le passé tu as fait ça pour énerver tes parents, pour faire un truc qu’il ne ferai jamais.

    La c’est TRES différent.

    je pense qu’il a fait pour te plaire, pour se revendiquer de la même essence que toi …

    En gros il vient de te dire “papa, t’es vraiment un mec extra, ta culture je l’accepte et je la revendique, parce que c’est pas un truc de vieux crouton”.

    Enfin, bon, tout ça pour te dire que c’est vraiment une réaction de vieux con que ta eu ….

    me remercie pas, ça vient du coeur ….

  3. Du temps où l’on trouvait des mots dans le lexique français pour indiquer la propension d’un individu à trouver sa survie dans la monomanie, le mot addict n’existait qu’aux states. Notons que l’addiction est pour les sciences darwiniennes la raison de notre existance sur terre. Cette accroche sensitive à un objet positif permet en effet de répéter à l’infini une attitide bonne à notre santé. Je mange un fruit, il est bon, j’en mange un autre, il est bon. Sans analyser je distingue ce qui est bon par répétition de l’acte primordial, au bout d’un certain temps le fruit m’est indispensable.. Tant mieux puisqu’il est bon! Je ne risque donc pas de m’empoisonner en tentant un autre fruit. Les autres fruits meurent parce que nous ne plantons plus les noyaux et le fameux tropisme naturel de la fleur et de l’insecte, du fruit et de l’homme qui aime les fruits est né. Yep!Idem pour le sexe! Idem pour la sublimation! Sans alcolique, pas d’alcool, sans paraphile du bon Dieu, pas de curé. Le problème n’est jamais l’addiction mais toujours l’objet de l’addiction. Et encore, n’est ce un problème que pour celui qui en est l’acteur. Dans les années 80, tous les thérapeutes savaient sans l’avouer que les sectes restaient le meilleur moyen d’échapper à la dope. On savait tous que le taux d’addiction sublimatoire pour la poudre et les Dieux divers et variés était identique mais ça faisait sérieusement chier les psy généralement gauchisants et agnostiques. So long John.. Etienne Liebig

  4. Le problème n’est jamais l’addiction mais toujours l’objet de l’addiction

    ah ben non …

    l’objet on s’en fout puisqu’il est interchangeable, c’est bien à l’addiction et à sa racine à laquelle il faut s’attaquer…

  5. Liebig, je ne pense pas que le bouddhisme puisse être assimilé à un programme méthadone. En tout cas s’il en est un pour moi, comme mon résumé de parcours peut le suggérer, je doute qu’il le soit pour les tibétains à l’origine du truc. Et un des premiers trucs qu’ils disent, c’est que le samsara (l’univers phénoménal) est un océan de souffrance. C’est très moyen comme objet d’addiction. La théorie du “bon” objet d’addiction était aussi celle du regretté Dado (http://impossibilia.blogspot.com/2006_10_01_archive.html

    premier post en partant du bas de la page)

    mais renvoie à la notion d’addiction saine, nonsensique aux toxs - et après tout, ce qu’on demande à une théorie ce n’est pas d’être juste mais utile.

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