lundi 9 février 2015

Les meilleures Blagues de Dieudonné, par Jo Dalton

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce recueil des meilleures saillies du pseudo-humoriste (qui a fait subir à l’Humour ce que Hitler a fait subir aux Juifs à Auschwitz, dont on célèbre ces jours-ci le 70eme anniversaire) n’est pas paru dans l’Almagnot Wermacht, mais dans Le Monde, dont je reproduis ci-dessous l’article dans son intégralité, au péril de mon blog.
Sans déconner, abonnez-vous, ça vaut le coup.
La preuve.

Les rebelles de la « secte Dieudonné »

LE MONDE | 27.12.2014 à  | Par Marion Van Renterghem

Jo Dalton s’appelle Jo Dalton parce que dans sa fratrie il est le plus petit, le plus teigneux et le plus intelligent. Il est champion et maître de taekwondo, le « karaté volant » dont il aime bien rappeler que c’est « le plus violent des arts martiaux ». Jo parle d’une voix grave et calme. Il a des traces de couteau et de balles sur le corps et a gardé d’une bagarre récente une bosse pointue au milieu du front, entre les deux yeux, sur l’un de ces points vitaux que lui et ses frères des quartiers ont appris à viser. Eux, les « combattants », les « guerriers », les « fauves », comme ils se désignent eux-mêmes.
Ce jeudi, il va à Grigny (Essonne) voir son copain Karim qui l’a prévenu : « Dieudonné te cherche des embrouilles. » Jo Dalton a assuré bénévolement pendant des années la sécurité du sulfureux humoriste. Il lui a maintenant déclaré la guerre. Ça chauffe dans « la dissidence », cette vaste nébuleuse « antisystème » agitée par Dieudonné dans ses shows au théâtre et sur Internet, par les écrits et vidéos de son compère idéologue antisémite Alain Soral sur son site Egalité & Réconciliation (E & R), et maintenant par le parti politique Réconciliation nationale que tous deux ont fondé ensemble. Un vent d’opposition commence à souffler de l’intérieur contre les gourous « Soral et Dieudo », acoquinés à l’extrême droite. « Ils nous ont contre eux, et ils flippent grave, dit Jo Dalton. Les banlieues sont leur fonds de commerce, et les banlieues, c’est nous. On fout un gros bordel. Leur système est en train de s’écrouler. »
Jo Dalton. 46 ans. Centrafricain. De son vrai nom Jérémie Maradas-Nado. Jérémie ou « Jéjé » pour les amis d’enfance. Il donne toujours rendez-vous à une porte de Paris. La capitale, ce monde de bourgeois protégé par le périphérique, se résume pour les bandes des quartiers à ses portes ou à son sous-sol – les stations de métro et de RER, le Forum des Halles. Les banlieues, leurs territoires, sont des numéros : « J’ai grandi à Grigny, dit Jo. J’ai fait le 77 à Nemours, le 93 à Saint-Denis, le 95 à Gonesse, beaucoup de 94. Là, je vis dans le 94. » Il a aussi « fait le 92 parce qu’il y avait des skins à Montrouge » : au temps de sa jeunesse et de la guerre des gangs, à la fin des années 1980, Jo Dalton jouait un rôle de leader dans les gangs « antifas » (antifascistes) spécialisés dans la « chasse aux skins » (les skinheads, d’extrême droite).
Son neveu Médéric et lui attendent porte d’Orléans, un bonnet de laine sur la tête, à l’avant d’une Citroën série 5 noire toutes options aux vitres teintées. On trace sur l’autoroute sans se parler, du rap à fond la caisse. En arrivant à la cité de la Grande Borne, à Grigny, Jo devient plus loquace. Le neveu, par respect, coupe le son. « Tu vois, j’ai grandi là. C’est une des cités les plus chaudes de France », dit-il. On gare la voiture dans une zone où trône le gymnase dit « du haricot ».
Karim Baron, c’est le colosse qui s’entraîne sur le ring avec « un petit » qui n’arrive pas à en placer une. « Le baron de Grigny » est une personnalité influente dans les quartiers à Grigny et alentours : médiateur, professeur de boxe, responsable de l’événementiel à la mairie, musulman pratiquant. Il descend pour « checker » avec Jo (la main droite avec la paume et puis avec le poing fermé).
« – Ça va Jéjé ?
– Ouais, ça va frérot. »
Karim et Jo sont des frères d’armes : ils ont produit du rap ensemble, été éducateurs ensemble, bossé dans des associations de banlieue ensemble, « fait les gangs » ensemble : Jo chez les Black Dragons, Karim chez les Félins. Evry, Grigny, Les Tarterêts, ils « chassaient les fachos ». Jo Dalton avait fédéré la majorité des gangs anti-skins : les Red Warriors, les Black Tigers, les Ducky Boys, les Félins… Dans ce vaste bestiaire poétique, Jo Dalton était le « chef de section kamikaze » chez les Black Dragons : la section la plus dure, consacrée aux « expéditions punitives ». On rit bêtement. Par politesse Jo rit aussi, toujours aussi lent et calme. « Ouais, tu vois, c’est pour ça qu’ils ont peur les Dieudo et compagnie. Ils savent ça. » Karim s’est mis à faire des pompes et parle en même temps. « Dieudonné et ses cerveaux, ils m’ont envoyé des gens pour me contacter et essayer de nous faire entrer en conflit avec Jo, raconte le boxeur. Ils m’ont dit “Ouais, qu’est-ce qui se passe avec Jo, c’est quoi son embrouille avec Dieudo sur le Net, t’es au courant que Jo, c’est un envoyé du sionisme, tout ça…” »


Une attente : la défense des droits des Noirs


Le « sionisme », dans la planète Dieudonné, est le gros mot qui s’utilise comme l’insulte suprême. Personne n’a l’air de savoir ce qu’il recoupe mais il sert de synonyme à : « le système », « les colonialistes », « les Américains », « certaines communautés privilégiées et soutenues par l’Amérique » ou carrément « les juifs »… Tout ce contre quoi la fameuse « quenelle » inventée par Dieudonné au début des années 2000, mixture gestuelle entre le salut hitlérien et le bras d’honneur, est devenue le signe de ralliement « pour rire ». Bref, poursuit Karim en continuant ses pompes sans compter, « ils ont essayé de discréditer Jo, de le salir. Sauf qu’ils n’ont pas compris que ça marche pas comme ça. Jo, tout le monde le connaît dans les quartiers. Grigny, Evry, Saint-Denis, Paris, on est tous en connexion. Les frères ils m’ont contacté, je leur ai expliqué : ils ont été embrouillés. Dieudonné nous a tous embrouillés, il monte les uns contre les autres, il crée des conflits comme les nations coloniales en Afrique. Il voudrait que les gens s’entre-tuent pendant que lui continue à faire son business vu qu’il est radin comme une pince. Mais s’il s’attaque à Jo, ça va plus marcher comme ça ».
Jo Dalton a assuré bénévolement la sécurité pendant des années de Dieudonné M’bala M’bala. Comme des millions d’autres, dans les quartiers, il a été impressionné par le théoricien blagueur de « l’antisystème » : un gloubiboulga rhétorique et ricanant mêlant la cause des Noirs et l’antisémitisme par le truchement de l’antisionisme, de la concurrence des mémoires et des parallélismes fallacieux entre la Shoah, le nazisme, l’esclavage, la colonisation, le sionisme. La théorie du complot et la haine des juifs qui tiendraient les rênes de la planète sont ses principales obsessions. Son ami essayiste antisémite Alain Soral est le grand horloger. Il était présent au mariage de Dieudonné, en 2012, dans sa somptueuse villa de Saint-Lubin-de-la-Haye (Eure-et-Loir), avec piscine intérieure chauffée. Jean-Marie Le Pen, parrain de sa troisième fille, n’est jamais loin.
De Dieudonné, Jo Dalton n’attendait qu’une chose : la défense du droit des Noirs. Son grand-père était tirailleur pendant la guerre de 1914, « un grand guerrier, décoré par la France ». Son père, plusieurs fois ministre en Centrafrique, a été sénateur français. Ses oncles ont combattu pour la France en Indochine. Lui-même est arrivé en France en 1981 à l’âge de 11 ans et demi, il a été cinq fois champion de France de taekwondo… et n’a pas eu la nationalité française. Il n’en veut plus. Jo Dalton, sportif de haut niveau, éducateur, manager d’artistes, producteur de rap et de musique urbaine, professeur de taekwondo et engagé dans la vie associative, renouvelle sa carte de séjour tous les dix ans. Déçu par Nicolas Sarkozy, maintenant déçu par François Hollande qu’il avait soutenu. « La France était le rêve de mes parents et le mien, raconte-t-il, et on s’est sentis trahis. Pour nous, les Noirs d’en bas, les choses n’ont pas évolué. » Voilà comment Jo Dalton s’est intéressé à E & R, le site d’Alain Soral, puis à Dieudonné. « Tu te retrouves asphyxié, t’arrives pas à respirer, personne ne t’écoute. C’est plus facile de faire entendre sa voix à E & R que dans Libé ou Le Monde. Tous les déchus du système se retrouvent là comme ça. Ils font plus d’Audimat que les autres. » Il écoute Dieudonné qui « a des problèmes avec le système, veut revendiquer sa négritude et se battre pour les Noirs ». Il décide de l’accompagner dans ce qu’il croit être sa « lutte ».
De 2006 à 2008, il assure sa sécurité. A la Main d’or, le petit théâtre parisien où Dieudonné se produit derrière la Bastille, au Zénith ou ailleurs. « J’ai servi. Je suis de la rue, je suis un soldat, je me suis occupé de sa sécurité. J’ai frappé des Noirs pour Dieudonné. Il pointait des gars et m’indiquait qu’ils étaient des traîtres, qu’ils travaillaient pour les Renseignements généraux ou je ne sais quoi. Je vais vers le gars, je lui parle gentiment : “On me dit que t’es un traître, il faut que tu t’éloignes un peu…” S’il insiste, je le neutralise. Je le fracasse, quoi. C’est le milieu des dissidents, des révoltés : on est frontaux. »
Jo Dalton s’est « fait avoir ». Les actions promises par Dieudonné pour les Noirs, il les attend toujours. Dieudo cherchait les financements pour produire un film qui dénonce la traite et le rétablissement de l’esclavage par Napoléon. Il a vendu des tee-shirts pour l’occasion, est allé voir Kadhafi en Libye et le président Ahmedinejad en Iran. Il a obtenu les fonds… et n’a pas fait de film.
L’antisémitisme de « Dieudo » ne gêne pas Jo outre mesure. Ni sa candidature sur la liste du parti antisioniste aux élections européennes de 2009, ni le fait que l’humoriste ait invité sur sa scène du Zénith le négationniste Robert Faurisson, fin 2008, pour lui remettre « le prix de l’infréquentabilité et de l’insolence ». En revanche, l’association officielle de Dieudonné avec Jean-Marie Le Pen est pour l’« antifa », ex-chasseur de skins, la goutte de trop. Dès 2006, Dieudonné se rapproche du Front national, se rendant à la fête du parti au Bourget avant de soutenir un candidat FN aux élections législatives. En 2008, il le prend pour parrain de sa fille. « Les skinheads et les mecs du GUD ont commencé à arriver autour de lui, note Jo. Ils viennent après le spectacle et s’installent avec Dieudo et Soral jusqu’à 2 heures du mat, quand le théâtre est fermé. »
La rupture se consomme quand Jo Dalton demande soudain à être payé pour ses services de protection épisodiques. Il va voir le gourou et lui dit : « Mon Etat (la Centrafrique) est en train de crever, j’ai besoin d’argent pour aider les jeunes, mon association sportive, tout ça. Le deal, il est simple : je ne suis pas ton copain, tes valeurs ne sont plus les miennes, alors, maintenant, tu me paies. » Selon Jo, ils s’entendent sur la somme de 5 000 euros. Dieudonné lui aurait dit de revenir chercher l’argent au théâtre avant le spectacle, le 17 octobre 2014. Quand il arrive, Jo est attendu par la police, qui le place en garde à vue : Dieudonné a porté plainte contre lui pour tentative d’extorsion de fonds. Mes Mirabeau et De Stefano, les avocats de Dieudonné, assurent avoir déposé la plainte. Me Benarrous, conseil de Jo Dalton, ne l’a toujours pas reçue. Jo Dalton est relâché au bout de vingt-quatre heures, faute d’infraction constatée.
La guerre est déclarée. Jo Dalton attaque Dieudonné par le seul biais qui puisse l’atteindre : Internet et sa notoriété dans les quartiers. Il diffuse des vidéos pour expliquer comment l’humoriste a trahi la cause noire qu’il prétendait défendre. « Les serpents comme Dieudonné et Soral sont là pour récupérer tous ceux qui sont à la porte, ils fouinent et exploitent les discriminations, la frustration des gens… » Il rappelle la cupidité de Dieudonné, chez qui la police a récupéré 670 000 euros en espèces alors qu’il avait fait des appels aux dons pour payer ses amendes judiciaires et qu’il n’a jamais versé 1 centime en faveur des déshérités qui l’émeuvent.


Les dérapages de Soral


L’effet boule de neige a commencé. A la suite de ses vidéos diffusées sur Internet, Jo Dalton a été contacté par une jeune mannequin noire, Binti Bangoura. Celle-ci lui explique, apeurée, avoir dialogué sur Internet avec Alain Soral, puis repoussé ses avances. L’essayiste a défoulé son humiliation par une série de mails et de SMS. Exemples : « Les Blancs prennent les Blacks pour des putes (ce qu’elles sont le plus souvent) ». « Ton destin c’est d’être une pute à juifs. » « Avec ton gros pif sémite (…), tes yeux globuleux et ta tête de vieux chef indien, la seule chose que tu as à vendre, c’est ton cul. (…) Au final il reste quoi ? Une blaquette à juifs et à pédés. »
Dans « la dissidence » où les Noirs croient leur cause défendue, cela fait désordre. Jo Dalton prend la défense de Binti Bangoura. Enregistre un clip vidéo sur son site « Les vrais savent ». Met en circulation sur le Net un des SMS et le selfie en pied d’Alain Soral, tout nu et le sexe fier, qu’il avait envoyé à Binti en prime. Les réseaux sociaux y vont bon train en sarcasmes.
Chez les fans de E & R, l’image de Soral prend un sacré coup. Même Kémi Séba, figure du radicalisme noir français, antisioniste réputé proche de l’essayiste, décroche. Ceux qui, écrit-il, « pleurent en découvrant en 2014 qu’Alain Soral a des préjugés négrophobes violents sont ceux qui ont dû découvrir en l’an 2000 que la Lune était un satellite de la Terre ». Il conclut : « Je ne peux plus me sentir concerné par la dissidence. » Cela vient au moment où d’anciens gardes du corps de Dieudonné, comme Joss et Jessy, se retournent contre l’humoriste. Les affaires d’argent se mêlent à la déception de découvrir l’utilisation cynique que fait l’humoriste de la cause noire. « Je suis entré en guerre contre Dieudo », dit Jessy.
Dieudonné continue son spectacle au Théâtre de la Main d’or, derrière la Bastille, comme si de rien n’était. Deux spectacles successifs en soirée, trois jours par semaine depuis six mois, et la salle de 200 places pleine à craquer. On y vend des places à 40 euros, des tee-shirts et autres babioles. Au bar du théâtre – le bien-nommé « Comptoir de la quenelle » –, on peut se nourrir d’une « assiette quenelle » ou d’un « sandwich hallal ». Rien de kasher, mais qui songerait à en demander ? L’artiste apparaît sur scène enchaîné dans un costume orange, celui des prisonniers de Guantanamo, et rugit. C’est « la bête immonde », mal-aimée et proscrite, qu’il adore être.
Les pulsions antisémites sont édulcorées depuis que le Conseil d’Etat a validé l’interdiction du Mur, le spectacle de Dieudonné prévu en début d’année au Zénith de Nantes. Elles persistent néanmoins, conservées avec soin, au maximum de ce que la loi permet. L’artiste, bête immonde, est aussi une bête de scène. « Le plus fort de nous tous », dit encore son ancien compagnon de sketch Elie Semoun, malgré leur rupture. Les spectateurs, jeunes et sans signe particulier, rient de tout à gorge déployée. A la fin, ils font patiemment la queue pour saluer la bête en vrai. Le gourou signe des autographes à la pelle, se fait prendre en selfie, fait des quenelles en veux-tu en voilà. Quand vient notre tour, c’est pour l’interviewer. Il semble contrarié. Son garde du corps le regarde, prêt à agir au moindre signe. « Bien sûr, je comprends que vous vouliez me parler », dit Dieudonné en fuyant aimablement toute question et… tiens ! justement, ça tombe bien, voilà ses deux avocats qui arrivent : Mes Sanjay Mirabeau et David De Stefano, eux-mêmes auteurs d’ Interdit de rire, un livre sur l’affaire Dieudonné et l’interdiction du spectacle par le gouvernement : « Un précédent inquiétant dans la jurisprudence française. »
Il ne faut s’adresser qu’à eux. Jo Dalton et les oppositions à Soral et Dieudonné au sein de « la dissidence » ? Ils rient : « Jo Dalton, c’est très secondaire pour notre client. » « Oui, c’est très secondaire », renchérit Dieudonné. Bien plus essentiel à leurs yeux est « le message de paix » que vient d’adresser Dieudonné au ministre de l’intérieur. Il s’agit d’une « proposition pour mettre un terme au conflit qui l’oppose à certains représentants de la communauté juive de France depuis plus de dix ans », indiquent les avocats. « La paix est difficile. Elle oblige à des efforts, à la reconnaissance d’erreurs de part et d’autre. C’est une démarche de confiance. Elle est risquée pour les deux parties. » Dieudonné demande un rendez-vous avec Bernard Cazeneuve. Lequel « ne répondra pas », nous indique-t-on place Beauvau.
Les vidéos de Dieudonné peuvent atteindre plus de 1,5 million de vues sur YouTube. Son théâtre est plein. Il s’apprête à entamer une tournée en France en commençant par Nantes, ville pour lui symbolique. Les livres d’Alain Soral se vendent à plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires. Jo Dalton leur oppose sa guerre par les réseaux : les Black Dragons, la rumeur des quartiers, les rappeurs de banlieue. Certaines de ses vidéos sont vues une centaine de milliers de fois, comme celles de Soral. Il reçoit déjà des menaces de mort des « dissidents » : « T’es un traître, on va te buter, nous les radicaux ! » Jo Dalton est rassuré : « C’est bon signe. »



Jo Dalton (au centre) : "Le vent de la rédemption souffle où il veut."
Quand tu veux tu m'envoies un coup de force 9, Joe !
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Il manque bien évidemment la photo de la pute à Juifs pour donner un peu plus de corps à l'article, mais nos ingénieurs sont sur le coup.

dimanche 8 février 2015

Le démon de Charlie

Dimanche dernier, en démontant les décorations du sapin de Noël (et la petite crèche de santons qui va bien, enfin qui allait bien jusqu'à ce jour maudit) que nous avions déployées pour complaire aux coutumes locales en vogue dans ce pays civilisé et offrir à nos enfants un environnement familial structurant, à un moment donné j'ai dû faire une mauvaise manipe.
Faut dire que j'essayais de ranger ce petit bazar magico-religieux tout en passant l'aspirateur dans le salon et en surveillant le fil d'info à la télé, qui redonnait ses lettres de noblesse au journalisme de complaisance.
Bref, en un rien de temps, la petite Sainte Vierge d'argile s'est retrouvée entortillée dans la guirlande électrique, et à moitié coincée sous le support métallique du sapin.
Et je n'avais soudain plus assez de bras pour finaliser les taches entreprises simultanément, et pour tout dire à la va-vite, au mépris des sémaphores et de la ponctuation.
Focalisant alors mon attention sur l'incident logistique en cours, j'ai rapidement constaté que les dégâts étaient minimes, et que l'idole chrétienne s'en tirait avec quelques éraflures sur sa face de carême.
Songeant alors, en jetant un bref coup d'oeil à la télé restée allumée, qu'aux dernières nouvelles mes amis de 30 ans de Charlie que je n'ai jamais connu personnellement persistaient à rester morts, et depuis peu enterrés, et que leurs veuves devaient bien avoir les boules de se réveiller chaque matin dans un lit tout froid sans personne dedans, et pour longtemps, ce qui m'évoquait une justice divine à plusieurs vitesses, n'en déplaise à Sainte Taubira, un début de ressentiment s'empara de moi, et un voile rouge passa devant mes yeux.
En un éclair je visualisai le gros titre dans le journal du lendemain :
(je lis beaucoup de journaux depuis les évènements, et c'est pas ce que je fais de mieux)


Riposte sanglante au massacre qui a endeuillé le journal d'ultra-gauche :

Pris de folie laïque, un désespéré abat ses santons de Noël à coups de marteaux.


Heureusement, je me suis rappelé à temps la sourate apocryphe de l'Arabe dément Abdul Alhazred, qui nous dit que La colère est comme un feu qui s’élève (…) Ce feu semble nous remplir mais quand il retombe, il nous laisse plus vide (…) On absolutise les créatures (fascination), on oublie Dieu, et le résultat, c’est la colère, car la créature est vide en soi, même si, d’une certaine manière, Dieu ne réside pas en dehors d’elle. 
Alors, au lieu de concasser mes petites idoles en poussant des ricanements plaintifs et de renier cette foi que je n'ai jamais eue, et puisque j'ai accès aux super-pouvoirs de la pensée symbolique, dont je profite que j'ai le micro pour en remercier au passage mes éducateurs laïcs liés par le pacte républicain, j'ai créé Blasphémator®, qui fera le sale boulot à ma place.
Et laissez-moi vous dire qu'il a du pain sur la planche de surf sur internet.
Bon, en fait je l'ai créé avec un copain, mais il m'a vendu tous ses droits d'auteur sur son lit de mort.
On s'était mis d'accord pour en assumer la co-paternité, mais aucun de nous ne voulait faire la mère porteuse.
Blasphémator® nait donc de deux papas désireux de faire les malins sur Internet, prêts à faire semblant d'y mourir pour des idées qu'ils n'ont pas eues à temps et qui ne sont pas les leurs, mais il n'a pas de maman, ça a dû contribuer à forger son mauvais caractère.

Vous admettrez, faut quand même être sacrément désespéré pour flinguer des journalistes d’opinion.
Sous nos cieux, c'est impensable, c'est pour ça que je ne cesse d'y penser.
L'impensable, c'est donc la vraie maman hyper-secrète de Blasphemator®

« Aime, et oublie cette horreur » me susurre Saint Augustin.
« Ferme ton claque-merde, et aboule les cartouches !» lui répond Blasphémator®
Le Christ a dit « aime ton ennemi ». Il n’a pas dit « deviens comme lui ». (La sourate maudite, encore, et surnommée par les infidèles "La sourate à touille", car propre à faire déborder la sauce béchamel dans les courgettes des mécréants et autres non-violents quand la messe est dite et que l'huile d'olive vous monte au nez) (1)
Cet impensable massacre me rappelle cette définition du con, dénichée par feu ma mère dans la copie d’un de ses élèves :
« Un con, c’est quelqu’un qui ne pense pas comme moi. »
Et les cons, ça flingue.
C’est même à ça qu’on les reconnait.
C'est pourquoi j'accorde le bénéfice du doute à l'Odieux Connard et aux djihadistes, qui ont peut-être raison sur un point :
Parfois, qu'il est bon d'être mauvais.

Bref, j'ai bien peur d'être possédé du démon de Charlie.
Et essayez de trouver un exorciste qui opère sans rendez-vous.
Surtout en essayant de lui expliquer le caractère Sacré du Blasphème.



Inutile d'insister, je suis fâché.
Tu iras dormir au garage jusqu'à Décembre prochain.



P.S : j'avoue que j'ai un peu brodé : je n'ai pas de guirlande électrique.

[Edit] :
125 points de montage et raccords divers se sont dissimulés dans ce texte après publication, pour le rendre le plus proche possible de l’illisibilité perfecte, sans toutefois y parvenir tout à fait, mais nos ingénieurs sont sur le coup.
Sauras tu les retrouver ?
Ah c’est pas évident, je reconnais, surtout que c’est peut-être pas fini.
Je ne sais pas si le démon de Charlie bosse ce week-end.
Par contre, les photos n’ont pas été retouchées.
Toutefois, la probité intellectuelle me contraint à avouer que celle du réveillon de Blasphémator® avec la femme du Prophète a été réalisée avec flash, et que celle que Blasphemator® garde dans son portefeuille en cas de crise de foi est toute collante, ça a bien flingué mon scanner.

(1) La sourate maudite fut retrouvée dans la jarre qui contenait les manuscrits de ta mère morte, mieux connus sous le nom des parchemins de Djemal O’ Qumrân, mystique mésopotamien d’ascendance irlandaise, qui vécut une vie de patachon présocratique en Transjordanie mineure mais avec trois bémols. Ils furent exhumés près de la ziggourat de Babylone, et ce n’est que par un abus de langage et de boisson postérieurs, dûs en partie à la célébration posthume de leur contenu (riche en alcaloïdes métaphysiques) qu’on la rebaptisa la ziggourat à Touill, du nom du chef-lieu du canton situé à proximité, c'est à dire pas très loin. Comme quoi on peut rire de tout, mais ça ne sert pas à grand-chose.

Contributeurs raisonnablement anonymisés : Ta gueule Higgins, Iroquois 73

samedi 7 février 2015

Meilleurs voeux de prompt rétablissement

Riss : « Tout le monde n’est pas obligé d’aimer “Charlie” »

Propos recueillis par Alexandre Piquard

LE MONDE ECONOMIE Le 20.01.2015

Riss « va mieux », même s’il a encore le bras en écharpe à cause de la balle qui l’a blessé le 7 janvier dans l’attaque mortelle à Charlie Hebdo. A la veille de sortir de l’hôpital, le dessinateur raconte au Monde comment, depuis l’attentat, il a vécu les événements, entre son angoisse que des tueurs viennent « achever » les rescapés et le réconfort apporté par le soutien massif à Charlie Hebdo. Malgré les doutes et « l’hécatombe », il confie son envie de poursuivre le travail et de « réinventer le journal ». Directeur de la rédaction depuis 2009 aux côtés du directeur Charb (tous deux étaient aussi actionnaires principaux), Laurent Sourisseau, 48 ans, se dit prêt à « diriger le journal » mais pas « seul ». « C’est la dynamique collective qui donnera la direction », affirme-t-il. « Il faut transformer cette épreuve en quelque chose de créatif. Ce n’est pas évident », estime le dessinateur, qui dit aussi entendre les « voix dissonantes » autour de la mobilisation « Je suis Charlie ».
Quels sont vos souvenirs de l’attentat contre « Charlie Hebdo » ?
On était en conférence de rédaction. On discutait. Et puis on a entendu une première détonation, dont on n’a pas bien identifié l’origine. J’ai cru au début que c’était un radiateur qu’on venait d’installer et qui explosait… Et puis, deux autres coups et là, cela a fait très bizarre dans la salle de rédaction. Tout le monde s’est levé, d’un seul coup. Tout le monde a compris que ce n’était pas normal. Et à cet instant, la porte s’est ouverte, un type en noir a surgi avec une mitraillette. Il s’est retrouvé nez à nez avec Charb. Et là, j’ai vu que les autres autour de moi essayaient de regarder à droite et à gauche, peut-être pour trouver une porte de sortie. Ils étaient debout. Moi, je me suis jeté par terre, face contre terre. Et à partir de ce moment-là je n’ai plus entendu que des sons. Et les sons en question, c’étaient des coups de feu. Pas de cris, pas de hurlements. Juste des coups de feu.
Que s’est-il passé ensuite ?
Moi, j’ai fait le mort, si on peut dire. Le tueur qui était entré m’a tiré dessus un peu au juger. J’ai pris une balle dans l’épaule mais je pense qu’il s’est surtout attardé sur ceux qui étaient debout. Au bout d’un moment, l’un des tueurs a parlé à un autre, il lui disait « non, non, pas les femmes ». Ensuite, ils se sont approchés de Charb – qui était allongé à côté de moi, et ne bougeait pas, je pense qu’il a fait partie des premières victimes – et se sont attardés en disant : « Oui, c’est Charb, c’est bien lui. »
Ce qui était impressionnant, c’est qu’il y avait du silence. A part Nicolino, personne ne gémissait. Donc cela voulait dire que tous les autres étaient morts
Après, j’ai entendu des coups de feu mais dans la rue. J’ai compris qu’ils étaient sortis et que la fusillade se poursuivait dehors mais je continuais à ne pas bouger parce que je me demandais s’il n’y en avait pas un qui était encore là, peut-être à attendre de nous piéger, de voir qui était rescapé et de nous achever. Ce dont j’avais peur, c’était qu’on nous achève.
Puis j’ai commencé à entendre Fabrice Nicolino, un collaborateur, qui gémissait, puis une collaboratrice qui parlait, donc j’ai compris qu’il n’y avait plus personne de dangereux dans la pièce. Ce qui était impressionnant, c’est qu’il y avait du silence. A part Nicolino, personne ne gémissait. Donc cela voulait dire que tous les autres étaient morts. Ce qui foutait les boules, c’était le silence…
Vous avez été amené à l’hôpital, comment avez-vous depuis vécu les événements ?
Je les ai vécus à travers ce que les gens me racontaient, les proches, la famille, les gens du journal… J’ai toujours voulu qu’il y ait un petit décalage entre les événements et le moment ou j’allais en prendre connaissance.
Au début, j’étais assez angoissé à l’idée que les tueurs viennent à l’hôpital m’achever. Je me demandais s’il n’y avait pas une autre équipe en sommeil, chargée de chercher les rescapés. La première nuit, j’ai entendu une porte qui claquait et j’ai commencé à me demander s’il valait mieux me planquer dans les toilettes, quitte à révéler ma présence à cause du loquet fermé, ou dans le placard sans loquet, en misant sur le fait que les gars n’auraient peut-être pas l’idée de regarder dans le placard… Voilà le genre d’idées que j’avais à cette époque-là, donc les manifestations me semblaient un peu loin.
Vous êtes-vous demandé si vous pourriez redessiner ?
Oui. Dans les locaux de Charlie, avec les pompiers, je me disais « je ne ferai plus ce métier ». Car on ressent le rejet de plein fouet. On ne veut pas de vous. Alors on n’a qu’à disparaître.
Avec le recul, j’ai vu que des gens nous aimaient toujours. Mais c’est une vraie question. C’est pour cela qu’il nous faut réinventer le journal. Il faut transformer cette épreuve en quelque chose de créatif. Ce n’est pas évident. Au journal, certains ont du mal à dépasser cela. Moi-même, je ne sais pas si, une fois sorti de l’hôpital, j’arriverai à le faire. On va essayer, en tout cas. Ce qui plombe tout cela, c’est de penser à ceux qui sont morts. On y pense tout le temps. Tout ce qu’on va créer ensuite, même si ça peut être génial, ce sera toujours un peu entaché par le fait qu’ils ne sont plus là.
L’équipe de « Charlie » n’est-elle pas trop affaiblie, après la perte de Cabu, Wolinski, Charb ?… 
Malgré l’hécatombe, il y a toujours une équipe. Peut-être pas pour faire dans l’immédiat un journal de 16 pages, mais de 12… Après, il y a le problème du dessin, qui est capital pour l’identité de Charlie. Et là, on a vu disparaître des poids lourds et ce n’est pas demain la veille qu’on trouvera des gens aussi extraordinaires. Un jour peut-être, mais il y a presque une autre génération de dessinateurs à faire venir : peut-être est-ce à nous de former les dessinateurs de demain. Le dessin de presse, c’est un genre un peu marginal. Et un métier pas facile. Transmettre aux plus jeunes, c’était une obsession de Cabu, notamment quand il a vu arriver des gens comme Luz, Charb ou moi. Il a réussi. C’est à notre tour.
Quel est l’avenir concret du journal ?
Dans l’immédiat, le but est de reparaître. Il ne faut pas casser le fil rouge. Il faut que nous voyions avec l’équipe ce que nous voulons faire. Le prochain numéro ne paraîtra pas le 28 janvier mais dans les semaines à venir. A plus long terme, il faudra une refondation. Mais il faut la mûrir.
Comment voyez-vous votre rôle ?
La notion de direction à Charlie Hebdo, c’est très collectif. Je vais diriger le journal mais je ne vais pas le diriger seul : il y aura Gérard Biard, le rédacteur en chef, avec moi, et tout le monde. Moi, je suis là pour donner des orientations, pour trancher quand il y a des problèmes, pour motiver. Mais c’est la dynamique collective qui donnera la direction.
On disait qu’il y avait deux patrons à « Charlie », Charb et vous, l’un plus rond, l’autre plus dur. Pouvez-vous diriger seul ?
Il faut refaire des binômes. Je vais travailler avec Gérard Biard. Sinon, je suis dur, moi ? [Rires.] Cela me surprend de temps en temps d’entendre ça. Parfois, certaines choses me paraissent évidentes mais bon… Je peux me tromper.
Que pouvez-vous dire des dons reçus ?
On a reçu plein de dons [1,6 million d’euros, précise l’avocat Richard Malka]. On va demander l’aide de la Cour des comptes, pour les recevoir, les distribuer et les contrôler. Certains ont fait des dons pour les familles des victimes, d’autres pour le journal et d’autres pour « Je suis Charlie » – ce n’est pas une association mais nous sommes en contact avec Joachim Roncin [le journaliste et designer auteur du slogan] pour en faire quelque chose. Les recettes des ventes du numéro en cours vont, elles, à l’entreprise Charlie Hebdo.
Que pensez-vous des gens qui n’ont pas eu envie de dire « Je suis Charlie » ?
Vu l’énormité de la mobilisation, il fallait s’attendre à ce qu’il y ait des voix dissonantes. On a le droit de dire « Je ne suis pas Charlie ». La question est de le dire pour de bonnes ou de mauvaises raisons. Si c’est pour défendre des terroristes, là j’ai du mal… Après, on est en démocratie. Tout le monde n’est pas obligé d’aimer Charlie.
Gérard Biard ou Richard Malka insistent sur le combat pour la laïcité…
Ils ont eu raison de rappeler que Charlie Hebdo a toujours été attaché au combat pour la laïcité, pour la distinction entre la religion, qui doit rester privée, et la chose publique. Il n’y a rien qui change de ce point de vue.
Charlie, on s’est retrouvé au centre de toutes les attentions sur la laïcité. En 1992, quand on a relancé le journal, on ne pensait pas que faire des dessins sur la religion nous emmeraient là où nous avons été emmenés. Nous nous intéressons aussi à l’écologie, l’économie, le cinéma, la culture… Charlie Hebdo a été fait le symbole du combat pour la laïcité à notre grande surprise. Pourquoi sommes-nous en première ligne ? Ca en dit long sur la société française. On aimerait que d’autres prennent le relais.
Faut-il que la laïcité devienne un combat central pour Charlie Hebdo ?
Charlie restera dans la même ligne. Au-delà, il ne faut pas cela devienne obsessionnel et nous empêche de penser à d’autres sujets.
Attendez-vous quelque chose des hommes politiques sur la laïcité ?
On est en droit d’attendre beaucoup d’eux : quand on voit les revendications des religions dans le monde, la laïcité est un vrai projet de société moderne, un sujet en or pour un homme politique.
On a beaucoup parlé du risque d’amalgame et de stigmatisation des populations musulmanes et maghrébines, qu’en pensez-vous ?

Au bout d’un moment, on va quand même finir par comprendre que tous les musulmans ne sont pas destinés à être terroristes. On peut être musulman dans une démocratie, ce n’est pas un problème. Seuls des esprits malhonnêtes font l’amalgame. Et on voit très bien d’où cela vient. Les terroristes n’ont rien à voir avec l’immense majorité des Français de confession musulmane.


vendredi 6 février 2015

Nouvelles Révélations Accablantes

Nouvelles Révélations Accablantes : Le personnage en « une » de « Charlie Hebdo » n'est pas le Prophète !

Par Ruth Grosrichard (professeur agrégée de langue arabe et de civilisation arabo-islamique à Sciences Po Paris)

LE MONDE Le 20.01.2015

Le numéro de Charlie Hebdo publié après l’attentat meurtrier du 7 janvier 2015 qui a décimé la rédaction de l’hebdomadaire satirique a suscité la réprobation, voire l’indignation, de nombreuses chancelleries arabes – pourtant représentées dans les premiers rangs de la marche parisienne du 11 janvier – et déclenché la colère de milliers de musulmans à travers le monde. D’Alger au Caire en passant par Amman, Dakar, Niamey, Nouakchott ou Jérusalem, des manifestations violentes ont eu lieu pour dénoncer une nouvelle offense, un blasphème de plus dans la couverture de ce numéro dit des « survivants », où le Prophète Mahomet – non explicitement nommé –, la larme à l’œil, brandit la pancarte désormais légendaire « Je suis Charlie ».
Qui nous dit qu’il s’agit bien là du Prophète Mahomet ? C’est le dessinateur Luz. En 2011 déjà, il avait croqué le personnage sous ces traits. En le nommant, Luz est dans son rôle de caricaturiste attaché à la devise « ni Dieu ni Maître », farouche défenseur de la liberté d’expression et de l’esprit libertaire qui anime Charlie Hebdo. Mais la parole de Luz doit-elle être forcément prise pour parole d’Évangile ?
De nombreux lecteurs, sympathisants ou non du journal, ont vu et verront peut-être Mahomet dans ce personnage. Faut-il pour autant que les musulmans y voient leur Prophète vénéré ? Faut-il qu’ils voient dans cette image caricaturale celui qui dans la tradition musulmane est le modèle de l’excellence et de la perfection humaines ?
En effet, si le Prophète est d’abord et avant tout un homme comme il l’affirme lui-même : « je suis un homme comme vous, à qui il a été révélé que votre Dieu est le Dieu unique » (Coran, Sourate 41), il n’en est pas moins, selon le Coran et la Sunna, un individu hors du commun, un modèle à suivre pour tous les musulmans.
À lire les descriptions de ceux qui, dans la tradition musulmane, affirment n’avoir « jamais vu, ni avant lui ni après, quelqu’un comme lui », on ne peut pas ne pas être frappé par le caractère d’exception du Prophète Mahomet, sur tous les plans. Sur le plan moral : il est décrit, entre autres, comme un esprit supérieur, aux dispositions spirituelles précoces, comme une âme juste, sensible au sort des plus démunis, et bien sûr comme étant infaillible dans la prophétie dont Dieu l’a chargé. Sur le plan physique, son corps est caractérisé par le juste milieu et l’absence de traits marqués à l’excès : « Il n’était ni d’une grandeur excessive ni d’une petitesse ramassée mais d’une taille moyenne. Ses cheveux n’étaient ni très crépus, ni droits, mais longs et ondulés. Son visage n’était pas trop gros ni ses joues trop gonflées. Sa peau était blanche, teintée de rose. Ses yeux étaient très noirs et ses cils longs… Il portait entre les épaules le sceau de la prophétie, lui qui était le Sceau des Prophètes… ». Tel apparaît le Prophète Mahomet aux yeux d’Ali, son gendre et cousin (le premier des imams dans la doctrine chiite).
Autant de qualités qui, comme il est énoncé dans le Coran, font de l’Envoyé de Dieu « l’exemple par excellence » pour les croyants, sur le plan moral et physique. Dès lors se dessine, pour le musulman, un idéal à atteindre et se met en place une forme d’imitation du Prophète. Imitation impossible à réaliser totalement même si l’on peut tenter de s’en approcher, car le prophète est au commun des mortels ce que la langue du Coran est à l’arabe profane, à savoir inimitable. Du coup, de ce point de vue, toute image qui prétend le représenter – a fortiori si elle charge le trait comme il est de règle dans une caricature – ne devrait-elle pas être considérée comme une représentation invraisemblable plutôt que comme négative ou dégradante ? L’invraisemblance se justifiant précisément par l’inimitabilité du prophète Mahomet aux yeux des musulmans.
Il existe pourtant de nombreuses représentations islamiques du Prophète – miniatures notamment. Sur certaines, on voit les traits de son visage, tandis que sur d’autres, un voile les dissimule. L’une d’elles, fameuse, le peint paradoxalement en train d’assister à la destruction des idoles sous forme de statuettes de la Kaaba, lorsqu’il prend La Mecque en 630.

L’idée couramment admise est que l’Islam interdit toute représentation par l’image. Mais qu’en est-il au juste ? Dès les débuts de sa prédication, Mahomet enseigne qu’il n’y a qu’un seul Dieu, et combat en conséquence tous ceux qui vouent un culte à d’autres dieux qu’Allah.
C’était le cas des Bédouins de La Mecque adorateurs de plusieurs divinités, représentées par des pierres et des statuettes. Il s’agissait donc au départ d’un affrontement entre le monothéisme prôné par le nouvel Envoyé de Dieu et l’idolâtrie pratiquée par certains de ses détracteurs.
Dans son ouvrage Y a-t-il une question de l’image en Islam ?  (éditions Téraèdre, Paris, 2004), Silvia Naef nous invite à revenir au Coran. Elle affirme, à juste titre, qu’on n’y trouve pas de « théorie de l’image », ni même de position explicite à ce sujet. En effet, le mot « sûra » qui signifie « image » n’y apparaît qu’une seule fois, à propos de la création de l’homme. Quant au verbe « sawwara », « former, façonner, modeler » qui en dérive, il renvoie uniquement à l’action créatrice de Dieu. Pour la religion musulmane, comme pour le judaïsme et le christianisme, Dieu ne saurait avoir de rival. Lui seul donne vie aux créatures humaines et animales, en leur insufflant le souffle vital (al-rûh). Le Coran dit d’Allah : « Il est le Dieu créateur et formateur ». On ne s’étonnera donc pas que plusieurs sourates du Livre sacré condamnent le culte des idoles (terme qui vient du grec et signifie précisément « image »).
Quant aux hadiths (recueils des dires et actes attribués au Prophète, fixés plus de 150 ans après sa mort), nombreux sont ceux qui font référence à l’image. Qu’ils soient sunnites ou chiites, ils la proscrivent pour trois raisons : d’abord l’image est impure et souille le lieu où elle se trouve, le rendant impropre à l’exercice de la prière : « les anges n’entreront pas dans une maison où il y a un chien, ni dans celle où il y a des images » ; ensuite elle présente le risque que le musulman ne succombe à l’idolâtrie ; enfin celui qui la produit (le peintre, par exemple) se pose en rival de Dieu.
Cela étant, certains Hadiths acceptent l’image sous certaines conditions. Ainsi, un hadith rapporte qu’Ibn Abbas (cousin du Prophète et éminence religieuse) aurait dit à un artiste : « fabrique des arbres et tout ce qui n’a pas d’âme » et il aurait répondu à un peintre perse qui lui demandait si, avec l’Islam, il pourrait encore dessiner des animaux : « Oui, mais tu peux les décapiter pour qu’ils n’aient pas l’air vivants, et faire en sorte qu’ils ressemblent à des fleurs ». C’est donc bien pour se prémunir contre le risque d’idolâtrie et empêcher la créature de rivaliser avec son Créateur que la Tradition musulmane rejette l’image.
On comprend alors pourquoi les artistes musulmans – depuis les peintures arabes et miniatures persanes du XIIIe siècle jusqu’à l’imagerie populaire contemporaine – se sont ingéniés à représenter notamment l’histoire sacrée dans des univers invraisemblables où les personnages ne ressemblent à personne ; où la nature n’a rien de naturel avec ses montagnes roses ou bleues, ses arbres aux branches couvertes d’émeraudes et de perles, et où le cheval ailé du Prophète (Al-Bouraq) est peint en rouge avec des taches blanches…
Comme l’indique Alexandre Papadopoulo dans ses travaux de référence sur l’esthétique islamique, le « principe d’invraisemblance » a permis d’échapper à l’interdit et de rendre licite la production des artistes musulmans qui n’entendaient pas imiter le réel. En somme, ces artistes ne nous disent-ils pas sans l’avoir écrit : « nos images n’ont rien à voir avec la réalité » ? Ce qui les rend singulièrement modernes quand on pense au tableau de Magritte représentant une pipe sous laquelle le peintre belge a inscrit : « Ceci n’est pas une pipe ».

En ce sens, les musulmans pour qui le Prophète est inimitable parce qu’il n’a pas d’égal, ne pourraient-ils pas simplement hausser les épaules et dire - en toute logique et en toute sagesse - de toute caricature du Prophète de l’islam : « riez-en autant que vous voulez. Pour nous, ceci n’est pas le Prophète Mahomet » ?

Mamadou est bien déçu.
Comme 7 millions de Français bernés par l'emballement politico-médiatique, 
il ira se faire rembourser son exemplaire au Ministère du Blasphème.

jeudi 5 février 2015

Fluide Glacial met de l'huile pimentée sur nos nems

source image : le site de Fluide



J'en connais qui aimeraient bien tirer à 7 millions d'exemplaires...
Où est mon kit de lettres de dénonciation à la Préfecture ?
Ah zut, y'en a qui ont dégainé plus vite que moi.

Depuis que je me suis fraichement auto-promu Ayatollah du Rire, ils ont quand même publié un bon dessin sur l'affaire en cours.


Et pour faire contrepoids, un article sérieux, remarquable d'intelligence, sur l'empathie et le sentiment du sacré.
Pitit Extrait : "Nous tentons à présent d'expliquer - mais en grande partie en vain - à nos élèves rendus très libertaires ou bien aux Américains, qu'on peut distinguer la satire "obscurantophobe" de Charlie et les appels judéophobes de Dieudonné. Le discours dominant restera que nous ne serions que des hypocrites qui font deux poids deux mesures et la distinction paraît trop difficile ou relative pour être admise par ceux qui ne la soutiennent pas d'emblée."
Bon, j'ai presque réussi à le lire jusqu'au bout, avant de préférer aller me faire bannir de commentaires sur un blog crisal sur lequel j'ai atteint un peu vite mon point de Godwin.
Vais-je sombrer dans la victimisation ?

mercredi 4 février 2015

Psychothérapie du diable

Le point de vue de Boris Cyrulnik, neuropsychiatre :
"La spiritualité n'est pas la contrainte à éliminer le mécréant."

Mais d’où nous viennent les islamistes ?

L'enfance misérable des frères Kouachi (dans la colle)

Martin Meissonier cite Martin Luther King : “Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir ensemble comme des idiots.”

Et pour finir, enfin une bonne nouvelle :
Philip K. Dick adapté par Amazon, et comme par hasard, pas n'importe lequel de ses romans :
le Maitre du Haut Château, furieusement tendance. (Ach !)
Philip K. Dick adapté par Amazon, soit c’est l’hôpital qui se fout de la charité, ou plutôt Big Brother qui se fout du Martyr Onirique, soit nous sommes tombés dans un de ses univers parallèles, où Charlie Hebdo se vendrait à 7 millions d’exemplaires...
mais comme il n’y a que les 60 000 lecteurs d’origine qui continuent de l’apprécier, si je faisais partie de la dream team survivante, je chercherais rapidement de nouveaux locaux sur Uranus, ou à défaut sur une de ses lunes artificielles, parce que ça fait quand même 6 940 000 Grognons potentiels…
(Uranus/artificielles, c'est vraiment nul, comme blague)




mardi 3 février 2015

Djihadisme belge

De nouvelles perquisitions ont eu lieu à Bruxelles, dimanche 18 janvier, dans le cadre de l'enquête sur le réseau terroriste démantelé la semaine dernière, a indiqué le parquet fédéral. Il n'y a eu aucune arrestation.
Néanmoins, un nouvel incident est à déplorer :
Un djihadiste belge moins con que les autres avait réussi à infiltrer la police belge.
L’opération visait à compléter les informations dont disposent les djihadistes après l'assaut de Verviers et la dizaine d'opérations menées à Bruxelles et dans sa périphérie, jeudi 15 janvier. Le groupe voulait « tuer un maximum de policiers » après les avoir attirés dans un guet-apens, pour envoyer un message fort au gouvernement.
L'opération des unités spéciales de la police à Verviers avait entraîné la mort de deux membres d'une cellule, cachés dans un appartement du centre-ville et dissimulés sous l’apparence anodine de trafiquants d’héroïne afghane. Un suspect, le « cerveau » et commanditaire présumé des attentats qui étaient programmés — apparemment pour vendredi 16 janvier — et qui devaient viser prioritairement des policiers, était activement recherché.
Il s'agit d'Abdelhamid Abaaoud Vandenbossche, alias Abou Omar Matuer, alias Abd Al-Wahid ben Papadopoulos, un habitant de Molenbeek-Saint-Jean, qui avait rejoint en 2014 la Syrie et les rangs de Daech — ou Etat islamique. Après avoir fait croire à sa mort lors de combats en Syrie, il avait, sous une fausse identité, rejoint la Grèce (où son téléphone a été localisé avec l'aide des services américains et français, qui apportent leur appui à la Belgique), d'où il aurait dirigé la ou les cellules belges.
Mais parallèlement, les Experts Bruxelles avaient infiltré son réseau, parce qu’ils avaient vu les Infiltrés de Scorsese.
Lorsque sa fausse identité fut percée à jour, le terroriste se serait écrié : « Nach’din Mouk ! Par la barbe du Prophète, je vais me faire un flic ! " avant de retourner son arme de service contre lui.
Il aurait mieux fait d'être bouddhiste zen.

source : probablement le site du GORAFI