Depuis qu’on sait que Frantico n’est pas un onaniste velléitaire jouant la carte d’une certaine honnèteté mais le pseudonyme utilisé par Lewis Trondheim pour sortir un peu des nouveaux sentiers (qui de ce fait se sont à nouveau retrouvés balisés ! ) de la figuration narrative, la France respire. C’était juste une mystification à la Gary/Ajar.
D’ailleurs, maintenant que tout le monde le sait, on peut s’amuser à repérer ce qui ressort de la technique, du lâchage et de la trouvaille : Frantico, c’est un personnage de fiction concernant une certaine frange de la jeunesse, abordé à travers les habituels filtres corrosifs, on devrait peut-être dire la moulinette Trondheim. Il ne fait qu’appliquer ses recettes habituelles à un sujet sur lequel on ne l’attendait pas.
Recettes qui ont dû finir par le gonfler, car Trondheim était devenu au fil des albums de Lapinot, sa création phare, une sorte de moraliste lowfi, c’est pourquoi à mon avis il a zigouillé son personnage principal au bout de 9 épisodes.
La série où il se tire le mieux de ses propres rationalisations, c’est Donjon, avec Sfar, mélange d’héroïc fantasy et de monty python.
Si un réalisateur talentueux s’en emparait ça ferait passer le Seigneur des Anneaux pour un docu-fiction un peu empesé et pontifiant.
Dado, l’obsédé de la conclusion non-allusive, devrait jeter un oeil sur le blog de Trondheim qui est auto-effaçable : les pages les plus anciennes disparaissent progressivement à notre regard, comme quand on se déplace dans un paysage.
Trondheim est le pseudonyme de Laurent Chabosy, qui lui n’a sans doute rien à dire, comme le gars qui se planque derrière John Warsen.
Depuis cette histoire, je finis par me demander si Moebius n’est pas le pseudonyme de Jean Giraud, le dessinateur de Blueberry, qui cohabiteraient avec plus d’harmonie du fait de n’avoir pas à vivre cachés l’un de l’autre.
Cyberdépendance virtuelle, auto-addiction, rédemption de l’objet fascinatoire, progrès dans l’intention de pratiquer le bouddhisme.
samedi 21 octobre 2006
Pseudos
mercredi 18 octobre 2006
Peur de la mort, mon cul
Toujours dans les films pour marchands de pizzas jusqu’au cou, mais il ne faudrait pas se laisser noyer sous des flots de sauce tomate sans réagir.
Quelqu’un sur le forum des dépendus notait l’autre jour que le cyberX lui semblait "lié à une sorte de comportement suicidaire dû paradoxalement à une peur de la mort."
Pour moi cette peur de la mort traduit en fait une peur de la vie, ou plutôt un obscurcissement ou ignorance sur ce qu’elle est et ce qu’on est venus y faire.
Dimanche soir en bossant un peu l’allemand avec mon fils, j’ai une fois de plus constaté son incapacité à manier les rudiments de la langue de Goethe, qui se présente comme un jeu de légos sans grande fantaisie quant à la structuration grammaticale des propositions interro-négatives, pour ne rien dire de la rugosité lexicale ou de la soumission de son professeur à des diktats issus d’un autre âge; d’accord, c’était sans doute une connerie de lui faire prendre allemand première langue, alors qu’avec l’initiation Pink Floyd que je lui ai fait suivre, il est tiré d’affaire en anglais, puisque son intérèt est suscité. Mais l’allemand, avec sa dyslexie dysorthographique - quels mots savants ils ont inventé pour décrire des gamins déficients à l’écrit - c’est un peu trop schwer pour lui, et bien qu’il engloutisse le PNB d’un petit état africain en cours du soir, c’est pas avec ça qu’il va remonter sa moyenne générale.
Est-ce que je vais pour autant me lamenter d’avoir été absent pendant les 24 heures de souffrance foetale qui ont précédé sa naissance et qui l’ont peut-être prédisposé à subir cette affection pas trop rare - du fait d’avoir fêté un peu trop fort et en avance sa venue au monde, ne réintégrant la clinique qu’à l’heure fatidique où il me fallut sectionner le cordon ombilical quasiment avec les dents tellement ma main tremblait en tenant les ciseaux du fait d’une gueule de bois carabinée ?
Regretter d’avoir choisi de le mettre dans une classe de germanistes où j’espérais qu’il serait tiré vers le haut s’il s’y faisait des potes ?
Flipper sur son avenir ?
Rêvasser sur sa scolarité dans le primaire, qui fut bienheureuse, à tel point qu’on ne détecta sa dysorthographie - putain, rien que le mot c’est un test pour savoir si tu en souffres - qu’au cours de sa sixième ?
Allons donc.
La nostalgie est une fuite moins voyante que la culpabilité, mais non moins réelle.
Elle gît là, la peur de la vie, tapie dans les plis d’un repli -une retraite pas du tout spirituelle- sur des gravats dans une maison vide. Embusquée dans sa toile, la peur nous attend, tel le perroquet lové dans son sac de couchage qui tente d’engourdir le client par ses billevesées pour l’enrôler ensuite dans ses casernes tantriques. Il suffit pour lui céder de se sentir fatigué, par une nuit sombre, le long d’une route solitaire de l’information, alors qu’il cherche une citation qu’il ne retrouve pas. Il suffit d’un site web abandonné, et d’un homme que le manque de sommeil a rendu trop las pour continuer son googlage. (merci dado !)
La compulsion pornoïque, comme le dit une revenante plus fantomette que fantomatique sur le forum suce-cité, c’est "1 - j’essaie de me retenir, 2 - je craque, 3 - porno porno porno, 4 - je vais me coucher en me sentant comme une merde. Pour moi, un jour il y a une petite phrase qui m’est venue en tête : mais enfin, QUI t’oblige à faire ça ? Tu es libre ou pas ? Tout de même, y a personne qui te FORCE à faire ça ??"
Une autre amie me dit :"Dépendance aux autres, toujours le même terrain miné."
Et pourtant, très peu d’espoir de s’y faire sauter, parce que c’est nous qui avons placé les mines et qu’on sait les désamorcer quand c’est vraiment important.
Un autre, qui a essayé au moins aussi longtemps que moi de faire le malin avec ses déficiences, en récolte des fruits existentiels si âcres qu’il s’interdit de m’en décrire le goût, dont je me doute néanmoins et m’inspire pour seule réponse : tant que nous attribuons aux circonstances extérieures le pouvoir de nous faire tomber du coté de la confiture, on l’a dans le cul. (enfin je lui ai benné un camion de flo pour faire bonne mesure, mais je réserve ma gentillesse pour ceux qui en ont vraiment besoin)
Et pour chacun de nos scénarios-catastrophes, il y a un antidote, qui s’ancre avec la pratique, et que personne ne peut faire découvrir à ses camarades, mais dont l’existence se propage par la rumeur que certains l’ont trouvé pour eux.
Un fameux poème du XIIIème siècle en fait déjà état :
"Une joie, une déprime, une bassesse,
une prise de conscience momentanée arrive,
Tel un visiteur inattendu.
Accueille-les, divertis-les tous
Même s’il s’agit d’une foule de regrets
Qui d’un seul coup balaye ta maison
et la vide de tous ses biens.
Chaque hôte, quel qu’il soit, traite-le avec respect,
Peut-être te prépare-t-il
A de nouveaux ravissements.
Les noires pensées, la honte, la malveillance,
Rencontre-les à ta porte en riant
et invite-les à entrer.
Sois reconnaissant envers celui qui arrive
Quel qu’il soit.
Car chacun est envoyé comme un guide de l’au-delà."
Plus près de nous, il y a les vieilles vidéos de John Warsen.
Commentaires
-
Je suis tombé par terre,
C’est la faute à Warsen,
Le nez dans le ruisseau,
C’est la faute à…nan jdeconne…
le camion de flo est difficilement saisisable…
quand je lit
“lié à une sorte de comportement suicidaire dû paradoxalement à une peur de la mort.”et
“Car chacun est envoyé comme un guide de l’au-delà”je peux m’empecher de penser qu’un a peur de mourir, et ce shoot pour masquer cet peur l’autre
Rédigé par: roul | le 20 octobre 2006 à 12:04| Alerter
na plus peur et s’occupe de ce qui l’entoure… -
Peur de la vie, on se retrouve devant elle, quand elle se pointe avec “une joie, une déprime, une bassesse”, comme une poule avec un couteau, et on cherche ailleurs, en oubliant qu’ailleurs de la vie, ben y’a que la mort. C’est pour ça que le flirt avec le virtuel est dangereux.
Rédigé par: Bruno | le 20 octobre 2006 à 17:32|
Se coltiner le concret, en sachant que dans le noir, ya toujours du blanc, voilà la seule piste possible. roul, j’ai toujours du mal à te lire sans décodeur. Un petit effort sur la syntaxe et l’orthographe, s’il te plait.
Rédigé par: john | le 21 octobre 2006 à 00:18|
Je suppose que plein de gens ont du mal à biter ce que j’excave, mais c’est pas parce qu’on est plus nombreux qu’on a plus raison.
Le camion de flo est garé là :
http://blog.france3.fr/blogchen/index.php/2006/01/04/16048-le-choc-des-pensees
Bruno, je crois qu’il s’agit de se jeter sur le couteau, mais sans se blesser.-
La recette de la digivolvation sur trouve dans “La machine” de R. Belletto (Folio). Petit extrait : “(…) ce que Marc ait pris l’habitude d’entendre par substance psychique : quelque chose qui n’était pas la matière, qui n’était pas non plus l’âme, mais qui aurait manqué à un esprit pur, à une quelconque déité – quelque chose qui n’était pas sans rapport avec cette « corporéité positive » que le théologien allemand Jakob Böhme nommait précisément Wesen, « substance », et qui définit l’homme, l’être véritable. Or cette substance, même si elle conservait en tant qu’influx nerveux une force qui permettait à Marc d’en apprivoiser une partie suffisante, perdrait ses caractéristiques spécifiques hors du cerveau qui la produisant, l’émettait, l’exhalait. Elle n’était pas plus qu’une force sans contenu, un influx vide, elle devenait inutilisable. D’où la nécessité d’une combinaison originale, nouvelle (…)”
Rédigé par: Vincent | le 31 janvier 2007 à 01:25| Alerter
lundi 16 octobre 2006
la précieuse existence humaine
Quand je pense aux centaines de millions d’années où je n’ai pas eu l’occasion de l’ouvrir et aux autres centaines de millions d’années où je l’aurai définitivement fermée, je me dis que je n’ai pas le droit de perdre mon temps à raconter des conneries.
Oups.
Publié dans thank god I am me
samedi 14 octobre 2006
Le paradis des enculés alcooliques
Attention, son blog est déconseillé aux sevreurs de fraîche date.
Raison de plus pour cesser de prendre sa vessie pour une lanterne : pouvoir lire ses âneries sans que ça vous gratouille, c’est quand même que du bonheur.
Commentaires
- Toi qui as des accointances avec Marguerite Duras dans ce fameux paradis où parait-il on est tellement bourré qu’on ne se rend même plus compte qu’un ange nous gidouille la pastille, dis lui que depuis 15 ans je cherche la contrepèterie de ‘L’amant de la Chine du nord” et que je n’ai toujours pas trouvé et que ça m’énerve. Je te remercie et je ne te souhaite pas un bon Halowen ou halloween où des dizaines de gosses mal élevés viennent réclamer des bonbons. Et n’oublie jamais ce proverbe séoulois:” Il ne faut jamais recongeler des bébés décongelés”
Etienne Liebig (j’ai une chambre d’ami si tu passes à Paris)
Rédigé par: liebig | le 14 octobre 2006 à 21:21| - Peut-on rester addictif après une bonne bière?
(oui bon ben jfais skeuj peux chuis simple petit vermisseau chez mon vénéré maître John Warsen)
Rédigé par: KlöD | le 15 octobre 2006 à 18:21| - Wouf! Il a mis beaucoup de poivre dans cette purée, Mr Liebig. Ca arrache. :/
Rédigé par: Dado | le 15 octobre 2006 à 22:44| - Pauvre Marguerite.
Quand j’ai parlé à mon fils des amis de maman, il m’a dit qu’il ne fallait pas les confondre avec les amants de mamie. Je l’interrogerai plus tard sur la chine du nord, c’est assez d’émotions pour aujourdh’ui.
Etienne, merci pour ta proposition d’hébergement. Si on dîne ensemble, je me permettrai de faire la tambouille moi-même car comme le dit ma chérie, la confiance n’exclut pas la vérification.
Dado pose une intéressante question : quand tu te fais à manger pour toi, pimentes-tu autant les plats que quand tu te lances dans le “plaisir d’offrir, joie de recevoir” ?
tiens, ça me fait penser qu’il faut que je fasse un gateau au chocolat, l’antidépresseur naturel favori des alcooliques, pour mon anniversaire de demain.
Rédigé par: john | le 15 octobre 2006 à 23:50| Alerter
Je m’suis fait bouddhiste auprès du lopön
Pourquoi la mélancolie semble-t-elle un sentiment moins ridicule sinon plus digne que les autres quand il est mis en scène ?
Engouement passager & adhésion au thème et à l’élégance du traitement de la chanson d’Emily Loizeau
Jusqu’à ce que je télécharge son alboum pour découvrir qu’il ne contient que 3 ritournelles dignes de ce nom.
Comme je l’ai volé, je peux même pas crier "remboursez" !
Même problème qu’Alexis HK et toute cette nouvelle génération d’auteurs-compositeurs-interprètes qui ne tiennent pas la marée : faudra qu’elle grandisse.
Moi aussi.
Après 8 jours de mercenariat pour des industriels vendéens, j’ai la tronche d’Arthur H dans son clip avec M, dont le plus beau plan montre les célèbres papounets couvant amoureusement du regard leurs enfants endormis.
Mon client me force à écrire "Faim d’aventure, de rêve et d’émotion ? Mangez des pizzas S…" dans son film. Pourquoi pas ? je me suis bien nourri pendant des années de photogrammes d’organes reproducteurs.
Ce n’est pas la légitimité de la fringale qu’il faut interroger, mais son insatiabilité ontologique.
Des fois je la jouerais bien Al Swearengen, l’avatar de Tony Soprano dans Deadwood : c’est tellement facile de voir les faiblesses des gens fâchés avec leur souffrance et de les retourner les uns contre les autres pour en tirer un profit personnel.
Heureusement que la lucidité est une honnêteté sans amertume.
Lundi j’arrose mes 14 ans sans alcool aux AA. Il y a bien dix ans que je n’ai pas fêté mon annive d’abstinence. Qu’est-ce que je vais leur raconter ? L’alcool, vraiment, maintenant je m’en branle.
En plus, je n’ai rien à me mettre.
Commentaires
- Je proteste énergétiquement ! Al Swearengen n’est pas l’avatar de Tony Soprano ! Il y a de la compassion chez Al, et pas chez Tony. Il ne veut pas que ça se sache, c’est tout. Mais il n’y a qu’à voir par exemple l’handicapée qu’il a recueillie (j’espère que tu as vu la saison 2). Il la traite “apparemment” mal, mais ce n’est pas le fond de son action, qui est bénéfique envers elle. Et s’il préserve cette apparence c’est parce qu’il vit au milieu des serpents et qu’il perdrait son autorité s’il se montrait “bon”. Mais il n’est pas mauvais. Alors que Tony est mauvais.
Rédigé par: flopinette | le 14 octobre 2006 à 22:14| - Bienvenue au club.
Tu sais en quoi consiste le samaya dzogchen ? Le samaya c’est l’obligation d’effectuer certaines choses, si tu prends une initiation tantrique pour une pratique particulière tu t’engages à faire cette pratique tous les jours. Le samaya dzogchen est infiniment plus simple et plus difficile, c’est d’essayer de se trouver dans l’état de dzogchen. Non pas d’y être sinon on le romprait tous les jours mais d’essayer. Le plus simple pour essayer c’est le guru yoga qui peut se faire en quelques secondes seulement (il s’agit d’unir son état d’esprit à celui de son maitre).
Pour les pratiques il me semble que l’important c’est d’avoir du plaisir à les faire sinon autant s’en abstenir. Enfin parfois il faut se bouger pour ensuite avoir du plaisir mais le mieux c’est d’avoir du plaisir dès le départ en ayant conscience de la chance que l’on a. Il n’y a pas un endroit ou un moment plus extraordinaire. (Donc si on pense à ce que l’on va faire ensuite ou pourrait faire à la place c’est mal parti). Ensuite tu laisses venir et cela dure le temps que cela dure.
Je dis cela autant pour moi (qui est aussi de la peine à ne pas les interrompre) et parce que je viens de lire un passage sur le samaya.
Sinon c’est pas mal Emily Loizeau (enfin la chanson de youtube), je ne connaissais pas.
Rédigé par: condor | le 14 octobre 2006 à 22:22|
lundi 9 octobre 2006
Anniversaire
Pour mon premier anniversaire d’abstinence cyber-sexuelle, qui précède de peu mon premier anniversaire de blog - à - commentaires, vous êtes tous invités à la nuit de la suce, qui se tiendra au new’s club de cenac saint julien le samedi 27 juillet (près du camping)
Tenue exigée.
Publié dans thank god I am me
Commentaires
-
Bon anniversaire à toi ! ton invitation peut elle concerner une “pochtronne peu connue” ou est-elle réservée exclusivement aux membres du club très fermé des dépendants cyber-sexuel;). Les dépendances se suivent mais se ressemblent t’elles ? il ne faut peut être pas mélanger les torchons et les serviettes…. Ouille, je sens que je vais encore me faire casser ! -;)
Rédigé par: Fabie | le 09 octobre 2006 à 09:18| Salut l’artiste…
tain 1 ans…
c’est beau…
Rédigé par: roul | le 09 octobre 2006 à 09:21|-
“il ne faut peut être pas mélanger les torchons et les serviettes….” pour un dépendant sexuel, cette question peut devenir crucial au moment d’essuyer la vaisselle
Rédigé par: john | le 09 octobre 2006 à 09:45| -
Cénac & St Julien ?
A côté du cinglé de Trémollo ?Pourvu qu’il y ait de la matière à sucer.
Bon anniversaire !
Nicolas.
Rédigé par: Nicolas | le 09 octobre 2006 à 13:37| -
Salut John
Félicitations. Et merci pour ces messages d’espoir que tu diffuses ainsi.
Rédigé par: Bruno | le 09 octobre 2006 à 19:05|
(zavez vu comme je suis sobre ? ] -
BIENVENU parmi les anniversairés du sevrage !!
Rédigé par: orroz | le 10 octobre 2006 à 08:11|
Plus on sera nombreux et plus les nouveaux “conscients de leur dependance” auront du courage pour persévérer.
Bravo John ! -
Bon anniversaire et bravo pour ta prestation très actor studio dans le film d’horreur pour hôtesses d’accueil!
Rédigé par: Dado | le 10 octobre 2006 à 14:11|
dimanche 8 octobre 2006
voler un vélo rouillé à la déchetterie
The Authority volume 4
© Semic Editions
Franchement, qu’est-ce que j’irais me faire secouer les vertèbres au Congo à Noël dans l’espoir de dragouiller la blackette avec l’ami qui me propose de l’accompagner à moto, alors qu’une simple ballade à la déchetterie de V. me plonge au coeur du Tiers-Monde ?
La municipalité a installé sur un terrain jouxtant la voie rapide la communauté rom (chaque agglomération est tenue de proposer un terrain d’accueil temporaire aux nomades.)
Ceux-ci ont naturellement investi la déchetterie toute proche comme terrain de jeux et pôle essentiel d’activités économiques, y récupérant prioritairement le cuivre et la fonte, mais ne dédaignant pas non plus désosser les téléviseurs et les ordinateurs pour en revendre les circuits imprimés au kilo…
L’honnète citoyen qui vient s’y défaire de son obsolète mobilier y est sollicité sans ambages pour un premier tri avant la benne.
Les fruits de leur chapardage toléré faute de pouvoir s’y soustraire (la seule façon de l’éviter serait d’implanter des miradors et des nids de mitrailleuses tout autour de la déchetterie et de jouer de la musique militaire 24h/24, et encore; l’an dernier on leur a interdit provisoirement l’accès du site, une gamine qui fouillait à l’intérieur d’une benne s’étant pris une plaque de placoplatre sur la tête) deviendront support de fructueux échanges commerciaux, passant sans nul doute entre les mains graisseuses d’obscurs trafiquants moldoslovaques avant d’être recyclés dans quelque atelier clandestin; tout cela au nez et à la barbe des employés municipaux aussi impuissants à se défaire de cette horde d’enfants dépenaillés (par ailleurs scolarisés dans les établissements publics de la ville où ils subissent l’ostracisme des enfants "normaux" bourrés par leurs parents de préjugés à leur égard, j’ai entendu ma propre fille de 6 ans dire que untel avait "volé un vélo rouillé à la déchetterie") qu’un troupeau de vaches à se soustraire aux mouches, et d’adultes tout droit sortis d’un film de Kusturica, avec leur parler franc et leur rubiconde trogne.
Aussi indésirables en Roumanie qu’ici, les mâles alpha en âge de travailler sont parfois raccompagnés dans leur pays, et on leur confisque leurs papiers pendant quelques mois. Ils y vivotent dans des maisons de torchis et touchent 18 euros par mois. Je l’sais parce que j’ai monté un documentaire sur eux l’hiver dernier. C’est une malédiction ancestrale dont l’origine se perd dans la nuit des temps, enfin on pourrait faire une recherche sur wikipédia mais c’est dimanche. Dès qu’on leur rend leurs papiers, ils reviennent ici où ils peuvent prétendre à une allocation de 400 €/mois et à un soutien sans faille de la part d’une armada de travailleurs sociaux et d’associations caritatives, et ont l’impression d’être les rois du pétrole dans leurs caravanes généralement bien entretenues.
En ce sens ils sont quand même plus chanceux que les Africains, qui en connaissent pourtant un rayon de vélo rouillé en termes de malédiction ancestrale.
Publié dans rions un peu
Commentaires
Bonjour,
D’abord merci d’avoir mis mes Itinerances dans vos Ailleurs. Il se trouve qu’elles me conduisent actuellement en Roumanie, a Calarasi. Ici, presque tous les velos sont rouilles et je ne crois pas qu’il y ait de decheterie. Plus qu’un mois a tenir avant de retrouver la Chine. J’aime votre blog, je m’y retrouve un peu parfois. Vos articles sont comme une friandise qu’on s’offre apres une journee de boulot.
Amicalement
Michel
>> Dado, l’obsédé de la conclusion non-allusive.
Euh… c’est quoi une conclusion non-allusive? J’aimerai bien avoir la réponse pour savoir à quoi je suis obsédé.
Pour Moebius-Giraud, tout le monde sait que c’est le même dessinateur. Et vu que tu t’intéresses beaucoup à la BD, et que ça paraît un peu gros que tu essaies nous fais marcher, je suppose que ça doit un nouveau style de conclusion.
Rédigé par: Dado | le 22 octobre 2006 à 20:06|le dimanche, je fais du lobbynage et du taquining.
Rédigé par: john | le 22 octobre 2006 à 21:48| AlerterLa conclusion allusive est le contraire de la conclusion conclusive : on attend la suite car on sent que c’est pas fini, que ça ne saurait l’être.
Moebius/Giraud, ça m’a frappé d’un coup qu’il était le seul parmi cette bande de canaillous à avoir annoncé la couleur d’entrée de jeu, d’ailleurs des fois on ne sait plus trop lequel des deux on est en train de lire.