samedi 27 janvier 2007

Voeux & renoncements


Cette année j’ai fait une carte de voeux bien moins dépressive que l’an dernier, dans l’petit bois derrière chez moi, alors que trois jours avant, j’avais envie de rentrer mes gosses dans le ventre de ma femme et de me trancher la gorge. Facéties de l’orgueil, que j’ai laissé me traverser comme on observe un autocar de supporters bourrés rater un virage et sombrer dans un ravin. Quand tout est affaire de mise en scène, l’image devient support ostensible de mensonge.


Deux semaines que je vis autre chose, ordinateur éteint, sans tabac, ma cuisine finie… c’est bien joli le renoncement, mais après quelques crises d’angoisse vite estompées, ça crée du vide. Avec quoi vais-je le remplir ?

Le lopön dit de la compassion qu’elle doit nous faire éprouver une sensation interne comparable au sentiment d’une mère qui voit flamber devant elle son enfant unique dans un brasier. Evidemment elle n’a pas la capacité d’entrer dans le brasier, donc elle ne peut rien faire et elle est là, impuissante, à regarder son enfant se consumer. Eh bien, c’est exactement imaginer ce sentiment en vous-même, voilà ce qu’est la compassion. Il ne suffit pas d’employer des mots, il faut qu’il y ait un sens derrière.

J’ai de la marge, comme dirait Homer Simpson. C’est pour retrouver ce sens derrière les mots que je vis le plus souvent possible ailleurs que devant ma bécane, et ça me fait du bien d’avoir redécouvert le bouton OFF après l’avoir laissé ON pendant 10 ans. Ca me rend plus clair, ce qui ne veut pas dire moins sombre, et surtout plus vivable. J’ai rangé ma panoplie de cyberprêcheur dans l’armoire. Elle peut resservir. Je pars un mois à Paris monter un documentaire sur un Suicidé de la République, ça va me changer les idées.

“Que les puces d’un millier de chien galeux infestent le cul de celui qui gâchera une seule seconde de votre année et que les bras de cet abruti deviennent trop courts pour qu’il puisse se gratter… “ J’ai lu ça quelque part en guise de voeux de nouvel an et ne trouve pas très cool de souhaiter des accidents karmiques pareils, bien que je comprenne qu’on puisse en arriver à invoquer ce sort sur des ignorants ou des malfaisants, la malfaisance étant une forme aggravée d’ignorance, synonyme de “méconnaissance des propriétés de la loi de cause à effet”.

Mon débloggage fera regretter les dessins de Xavier Gorce (©LeMonde.fr) qu’on peut lire tous les jours en s’abonnant à la version électronique du journal, 6 €/mois.


























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Commentaires

  1. Tu devrais essayer de tenir la nuque comme ta fille. Elle est parfaite. En fait tu es celui qui se tient le plus mal de la famille…

  2. Un peu sévère ta réflexion, Flo ! John fait déjà assez d’efforts pour se tenir debout, non ? Pour le moment, il redresse la barre, il ne peut pas tout faire en même temps, tu comprends ?

  3. Elle est sympa ta photo de famille, John. Ça fait plaisir à voir. Vraiment. Quand j’avais l’age du gauchiste chevelu qui essaie sans doute de ressembler à l’inimitable John Warsen quand il fut jeune, j’admirais Lemmy, de Motorhead, car j’avais lu quelque part qu’il ne dessoulait jamais. Depuis, il y a de la Quezac qui coule dans mon verre.
    Bon séjour à Paris !

  4. Flo a raison, je ne me tiens pas bien. Enfin, là sur la photo c’est parce que je me grouille de rejoindre les autres après avoir enclenché le retardateur, mais je suis toujours un peu voûté ou de travers; si j’avais pris Flo comme professeur de maintien, tout cela ne serait pas arrivé. Elle a une sorte de super-pouvoir pour détecter des choses dans l’attitude corporelle. C’est sans doute lié à ce qu’elle épingle de façon très juste sur son blog :”le problème vient de ce qu’il y a chez les occidentaux une espèce de base culturelle de culpabilité et de détestation de soi qui n’existe pas chez les orientaux (et que je ne perçois pas en effet chez mon traiteur chinois). Les chinois et les tibétains, eux, ils savent ce qu’ils veulent : gagner plein de pognon, réussir dans la vie, être admirés et ça, pour eux, c’est BIEN. Donc, quand on leur dit que ça n’est pas bien, mais que c’est futile, et qu’il faut s’en détourner, cela ne fait que produire un sain rééquilibrage. Maintenant, prenez un français moyen qui pense qu’il est un nullos, qu’il est coupable de la dépression de sa vieille mère, que la vie de toutes manières ne l’intéresse pas parce que c’est de la merde, et que lui même c’est de la merde aussi, et dites-lui de se détourner de cela. Le résultat sera la dépression. Ce type n’a déjà aucune vitalité à la base, le bouddhisme ne fera que lui enlever le peu qui lui reste. D’où cette atmosphère sinistre des centres bouddistes. Nous sommes les bénéficiaires de tout ce joyeux héritage judéo-chrétien comme quoi la vie doit être difficile, qu’il faut se punir parce que par définition nous sommes mauvais, et ainsi de suite. Je n’exagère pas. Cette discussion était partie d’une phrase du dalai-lama, comme quoi il avait mis très longtemps à comprendre que les occidentaux se détestaient, et dans quel état cette détestation de soi les plongeait. Car ça ne lui serait même pas venu à l’esprit que ça pouvait exister. Ce qui explique aussi que Chepa se marre quand quelqu’un lui dit “je ne m’aime pas”. Il répond rigolant “mais si, tu t’aimes, tu joues du piano, tu manges bien”… Il ne s’agit pas de cela évidemment. Un tibétain n’a pas d’arrière-pensée. Quand il mange bien, en effet, c’est qu’il s’aime. Tout va bien pour lui. Un français, quand il mange bien, pour commencer on lui a dit au catéchisme que le plaisir était illicite et qu’il fallait vivre une existence austère. Donc déjà, il se sent coupable. Il n’est pas en train de gagner sa vie à la sueur de son front. Il n’est pas à l’hôpital en train d’aider les mourants. En plus il pense à tous les enfants qui meurent de faim dans le monde. Et quand il essaie de prendre l’air content de lui, on voit que c’est complètement faux. Les plaisirs de la vie n’ont jamais été permis pour lui. Alors si en plus on lui dit qu’ils sont illusoires, il va déprimer, et la dépression n’est pas du tout un état correct pour pratiquer. Donc sa pratique ne donnera pas de résultat, et il va déprimer encore plus et ainsi de suite. Alors que le tibétain, lui, il pratique sur une vitalité. La pratique ne fait que détourner son énergie vers des buts plus nobles que l’accumulation d’argent. Mais quand on n’a déjà plus d’énergie parce que rien ne vaut la peine ? Sur quoi va-t-on pratiquer ? Sur le néant ? Sur le désir de se punir ?
    Bien sûr, tout le monde n’est pas comme ça, il y a des gens qui ont une vie sympa (dans leur perception) et qui en sont contents. Mais le problème, c’est que ceux qui sont attirés par le bouddhisme sont principalement les dépressifs, les coupables, ceux qui pensent que la vie ne vaut rien et qu’eux-mêmes ne valent rien, ceux qui veulent aller s’enterrer dans le froid et la neige. Ils vont vers le bouddhisme car ils pensent que le bouddhisme dit la même chose qu’eux, qu’en effet la vie et eux-mêmes ne valent rien. Mais la réalité c’est que le bouddhisme dit cela à des gens qui ont une haute estime d’eux-mêmes. Un jour, un grand lama disait à un traducteur :”Cessez de vous sous-estimer, et de croire que vous ne valez rien !”. Il avait perçu cette tendance, assez marquée chez cette personne au demeurant.
    Le problème, c’est maintenant d’arriver à gérer l’orgueil bien réel qui résulte du sentiment de sa propre nullité, car plus une personne se trouve nulle, plus en général est aura développé de l’orgueil par-dessus pour arriver à survivre. Et que faire aussi de cette énorme tendance à la distraction qui est la fuite de tout cela ? Un chinois qui travaille 14h par jour dans son magasin fera un bon pratiquant si on arrive à le détourner de son compte en banque. Mais un gars qui passe 14h par jour devant un jeu video ?
    L’esprit occidental est vraiment compliqué.”
    Vu que je suis à Paris, je vais peut-être lui demander un entretien.
    Le choix entre tenir debout et ramper par terre, je ne me pose pas la question en ce moment. Je squatte l’appartement et garde le chat d’une amie partie en Inde dont la bibliothèque regorge d’ouvrages de spiritualité depuis qu’elle a un parcours parallèle au mien - AA puis NA.
    Orroz et Bruno, vous avez relevé que Hugo “ressemble” à papa quand il était petit. Vous n’y êtes pas : oncques n’eus les cheveux longs, j’étais keupon.
    Lemmy fut un mythe fondateur, qui a survécu à sa légende, mais qui tourne toujours à une bouteille de Jack Daniels par jour, d’après de nombreux témoignages. Il n’en semble pas particulièrement affecté. Mais c’est Lemmy.

  5. Qui êtes vous, John Warsen (à la fort jolie famille) qui venez commenter dans mon blog ? Serait-ce le mandala qui vous a attiré ? Ou le parenchyme ? Votre adresse est fort sympathique mais je suis incapable de dire si je continue à me ressembler. La cinquantaine approchant à grand pas, j’ai plutôt tendance à penser que je ne suis plus ce que j’étais… Hélas, l’andropause est un sujet tabou. La seule fois où j’ai tenté d’évoquer mon état d’âme sur le sujet, c’était à table et les autres hommes se sont dressés contre moi. Les femmes (une tante, une cousine et une très bonne amie) ne m’ont pas soutenu. Je devais être trop folle ! Là, je ne changerais jamais.
    Cordialement…

  6. CHOC ! (une clope, un rhum/pamplemousse et le rappel de mon cardiologue). Kristof P. Le fils de la Reine de la ratatouille, celui que je cite au top-ten de mes jules d’antant ! (Que ses proches d’aujourd’hui me pardonnent ce qui peut être des indiscrétions). Evidement, avec un pseudo pareil, ma vue défaillante et les palmipèdes du Grand Nord n’étant pas une piste probante… C’est en fouillant dans le blog… CHOC ! Le K. à la trentaine avenante… Je reviens en avant, le même (quadra et demi)… J’ai la banane qui s’allume, des kilotonnes de souvenirs se concentre à la surface du cortex et un soupçon de culpabilité. Le marseillais que je suis depuis quelques temps est dans une nouvelle aventure - Le K. connait mes capacités à négocier les tournants - et n’a qu’une envie à l’heure présente : renouer. Affectueusement donc !

  7. haha
    je t’ai vu hier chez Chepa !!!

    Bon alors John, cette nouvele vie ça va ?

  8. ben chepa si elle est nouvelle… en tout cas elle ne m’inspire rien sur mon blog. pourquoi t’es pas venu dire bonjour ? j’étais avec un autre john, mais ça aurait été sympa de te rencontrer.

  9. Ahh bah j’ai 4 mois de retard moi. J’avais bien lu les 10 premières lignes du billet et les deux premiers commentaires.. donc je m’étais arrêté à la fête du nouvel an et à la photo de famille !

    Ce qui me manquera de ce blog, c’est les petits pics et les dessins, car des fois je dois l’avouer je décrochais des messages codés et second degré de tes messages John.. j’ai pas l’esprit assez intello ou pas assez cultivé pour comprendre toutes tes références. Ma foi avec un peu de temps, j’aurais pu monter les cieux un part un lol

    Au plaisir de te relire dans un autre blog encore plus secret ;)

  10. Dis moi John, c’est quoi ton documentaire ? ça m’interresse cette histoire… Tu l’as monté ? Tu peux m’en dire plus ?
    Tu sais où me joindre !
    Bonne journée à toi !
    Hyalf

    PS : Tu fais des références cinématographique à “Coup de tête” sans t’en rendre compte (Ah Dewaere….)? C’est l’image que j’ai eu en lisant ton intro de post au sujet des supporters… Nous sommes rassuré, “Perrin n’a rien !! Perrin n’a rien !!”…

vendredi 12 janvier 2007

Petit bilan (mes premiers adieux au music-hall)



Annoncer ses intentions est une excellente façon de faire rigoler Dieu, comme le rappelle Al Swearengen dans Deadwood. N’empêche. Sur les effets indésirables des blogs et des forums, pour des cyberdépendants en voie de rétablissement, ou simplement animés du désir sincère de quitter le champ addictif, la réponse est un peu contenue dans la question, même s’il a fallu plus d’un an pour que l’athénien s’atteigne. Ce qui est une aide et un support peut se révéler contre-indiqué ensuite, ce qui est signe d’évolution (manifeste ou simplement vigoureusement suggérée.) Cet espèce de long mantra autofascinatoire® touche sans doute à sa fin. Comme me le rappelle Orroz, le côté positif d’une rechute après le sevrage, c’est qu’elle conforte dans la voie choisie. On sait que, raisonnablement, on ne peut revenir en arrière (ou alors on est maso à vie!) donc ça renforce la détermination et la volonté. Ce qui me rassure aujourd’hui c’est d’avoir constaté que je n’ai rien de très original à dire ni sur la cyberdépendance, l’addiction sexuelle, l’arrêt du tabac, et encore moins sur le bouddhisme. Et que ce que je peux en vivre est contre-sensique avec le besoin de le raconter ici.

Je rentre donc dans une nouvelle phase telle qu’elle m’apparaît suggérée : ces derniers temps, mon utilisation de l’outil informatique a entériné le retour (bien qu’elle ait toujours été présente en tâche de fond et que je m’en sois trouvé souvent indisposé, ce qui donnait lieu à des effets de manche rigolos mais vains) à une forme de schizophrénie expérimentale, un dédoublement désagréable mais instructif. Comme ça ne me dit rien de me retrouver à court ou moyen terme à nouveau en bas de la chaîne alimentaire, je change de stratégie. Tout se résume à un déficit d’actes non posés. Il y a eu des signaux, je les ai ignorés. L’ordinateur, c’était au départ un dérivatif à la boisson. De dérive en dérive, la banquise a continué de fondre et les pingouinous de s’interroger. Basta. Ca me ferait chier d’avoir à relire tout mon blog pour voir si je suis encore capable d’entendre ce que j’y ai dit des dérivatifs, en l’empruntant parfois à d’autres, mais en gros je crois me rappeler que c’est pas bon. Une fois atteintes les limites des aspects positifs de la reconnaissance entre pair(e)s… aah, la solitude du cliqueur de fond, dont le contrepet ne console pas ! Je vais donc suivre les conseils reçus et me protéger, en pliant les gaules ici et en réduisant fortement ma participation sur le forum dépendance (je pourrais être tenté d’y relire les 400 messages que j’y ai postés et trouver que je suis quand même chié comme mec).

Pour les éventuelles mises à jours, je vous conseille de vous abonner au flux RSS (lien “syndiquez ce site” dans le bandeau de gauche) mais honnêtement, john warsen, il va aller s’occuper ailleurs.

Bises à tous.


Commentaires

  1. Déconne pas. Je trouve dérivagations très drôlatiques et en plus, attachantes. Je comprends que tu ne veuilles te libérer de la technique alors si tu veux on peut aller voir Election 1 et 2 de Johnnie TO ou un classique, Crazy Kung Fu. Naturally…
    Horizon

  2. Salut !

    J’aime bien ce que tu écris et franchement, je trouverais dommage que tu ne continues pas. C’est pas tous les jours que l’on rencontre quelqu’un qui se dévoile et se dévoiler, c’est exister.
    En tout cas, quelque soit ta décision, merci d’exister. Ce que tu fais est courageux.

    Horizon

  3. Ta raison john, a force de se torturer les meninges avec les problemes des autres on fini par allez voir…

    bonne route johnny bee good …

  4. Il y a des jours où on n’a pas envie de perpétuellement se souvenir. Passer à autre chose devient urgent. Une fois le flambeau correctement transmis, on peut, comme Orroz, larguer les amarres. Je ne vais pas tarder à le faire, moi aussi. Besoin d’air frais.
    Bon vent, John !

  5. Bonjour,

    Journaliste chez Mireille Dumas Productions, je me permets de m’”immiscer” dans votre forum pour lancer un appel à témoins pour notre prochaine émission de Vie privée, vie publique, sur France 3, autour du thème des addictions: jeux, Internet, alcool, tabac, pharmacodépendance, “workaholics”, dépendances sexuelles, achats ou troubles alimentaires compulsifs ou toute autre forme d’addiction autre que les droques illicites, originales si possible. Nous recherchons des témoignages aussi variés que possible, que ce soit de personnes actuellement sous l’emprise d’une addiction, d’une personne “sevrée”, ou encore de co-dépendants, des couples par exemple, ou des membres de votre entourage (professionnels ou familial) affectés par ces problèmes.

    N’hésitez pas à nous contacter au 01 43 92 20 00 ou à leila@mdprod.com, et sachez que vous pouvez aussi témoigner de façon anonyme (perruque, maquillages etc).

    Bonne continuation en tout cas,

    Caroline

  6. Horizon, si je plie les gaules c’est parce que c’est l’inverse du “dévoilage” que je ressens : j’ai l’impression de rajouter des couches au lieu d’en enlever. Ce qui me fait expérimenter lâcheté, fuite et trahison. Intéressant mais désagr&able.
    Caroline, vous n’avez qu’à diffuser mon film “contribution à l’étude de la pornographie”, il est libre de droits, sauf la musique qui est © Amon Tobin.
    on peut le télécharger ici :
    http://www.blogchen.net/warsen/divx_warsen/index.htm
    quand vous dites “toute autre forme d’addiction autre que les droques illicites, originales si possible” j’espère que vous prenez conscience de la bêtise que vous énoncez. Les sniffeurs d’ajax WC ou de poudre anti-cafard apprécieront.

  7. Merci John pour ce blog et tes participations sur le forum, qui sont vraiment un plaisir à lire (je veux dire, de part le style d’écriture), mais qui sont également pleine de bon sens.

    Merci, et bon courage pour tout le chemin, avec ses lumières et ses ombres.

mardi 9 janvier 2007

Sensibilité et intellect : 1/0


Un ami m’a offert l’album “ma vie dans le buisson (la brousse ?) des fantômes ” de David Byrne et Brian Eno, sorti en 1981 et qui enterre toute la world music dix ans avant qu’elle naisse. Le lendemain, j’ai replongé sans enthousiasme mais avec une certaine fébrilité dans le porno pendant quatre heures d’affilée. J’avais rechuté aussi en novembre/décembre; un peu de porno et de branlette. Yo.
Je n’en ai pas fait état sur le forum des dépendants, parce que je ne voulais pas me prendre pour une catastrophe nationale et que j’avais peur que ça discrédite mon discours, auquel je tiens moins qu’à mon rétablissement, mais quand même. J’avais l’impression de faire un bon travail d’aide en ligne. Il a fallu qu’un cyberpote de longue date connaisse le même dérapage pour que je me décide à lâcher le morceau à mes consdixslipes. La veille de sa rechute, j’avais rêvé qu’un autre ami, qui porte le même prénom et que je croise régulièrement aux AA, était mort. C’est drôle les rêves. Après une première branlée en novembre, j’avais rêvé que je nettoyais les douves d’un château avec un karcher et que j’avais du mal à gérer le jet parce que le compresseur derrière moi avait une pression énorme et que je n’avais qu’un tout petit tuyau. Passant la main sur des feuilles mortes à la surface de l’eau stagnante pour mieux voir le fond, je la ramenais avec de gros frelons collés sur la paume, mais ne ressentais aucune piqûre. Un ami pas du tout dépendant m’avait fourni un sacré indice sans le savoir “tant que tu refermes pas la main sur le tuyau, tu ne seras pas piqué.” C’est dans le besoin qu’on reconnait ses amis. Bref. A part me dire “fuck” et que je suis peut-être un peu trop collé à l’outil, j’ai serré les fesses, et je continue actuellement. Je ne pense pas que nourrir ce blog soit une si bonne idée que ça en ce moment.
D’ailleurs, NostraWarsen avait prévu de longue date que les plus gros posteurs feraient de bons candidats à la rechute. J’ai remis le nez dans le petit Orroz Illustré, parce qu’il me semble que sans lui on a quand même dérivé le nez dans le guidon. Il se plaignait que la gestion du forum lui gardait le nez au chaud dans une problématique d’addiction. Je suppose que nos crampes lui donnent raison.
Allons bon. Me voici donc reparti à méditer sur “dans le porno, seuls les acteurs se font plaisir, pas moi” que m’avait fourgué mon troll avant de me jeter avec l’eau du bain. Heureusement, le soir même, j’étais en réunion AA sur le thème “le courage d’avancer”. J’y suis tombé sur un article sur “l’esprit de l’athéisme : introduction à une spiritualité sans Dieu” dernier ouvrage en date d’André Comte-Sponville dont l’interview est plaisante aux athées, agnostiques et bouddhistes, ce dont l’intellect d’André lui permet d’être un proche sympathisant sans pratiquer. Ce n’est manifestement pas mon cas. A côté, j’ai trouvé l’épatant article de Jean-Yves Leloup, “Dieu n’existe pas, je le prie tous les jours”. Comme je le disais il y a 14 mois en ouvrant ce blog, j’ai perdu la liberté de surfer sur les sites de cul. Que j’aie momentanément perdu de vue ce fondamental en dit long sur mes limitations (plutôt que de repartir dans un trip “trahison, mensonges & goût immodéré du drame”). Si j’avais le choix de ne pas me branler aujourd’hui, pourquoi aurais-je besoin d’une Puissance Supérieure ? Que les gens qui me connaissent et me croisent dans le réel m’épargnent leur compassion et évitent d’en parler à ma femme. Merci d’avance.

Commentaires

  1. Je suppose aussi que dans le petit Orroz illustré, il y a “viser la perfection à tout prix est une bonne façon de ne rien faire”. Prenons une analogie. Je me suis fixée tant de pratique par jour. Il y a des jours, rares, mais existants, où je n’y arrive pas. Je pourrais me dire “bah c’est trop dur, fais ce que tu peux”. Non, le lendemain, je m’y remets comme s’il n’était rien arrivé. Comme s’il n’y avait jamais eu d’accroc. Cela préserve le sentiment de continuité d’une pratique sans accroc. Ce qui n’est finalement pas un mensonge, car rétrospectivement, un accroc par-ci par-là n’a rien changé. Tout est question de l’interprétation que nous en faisons. Si nous lui accordons la moindre importance, il a des chances de se reproduire. Etrangement, le déni dans ce cas est une bonne chose. C’est le déni de sa faiblesse, qui débouche sur une force qu’on s’ignore. Parce que si je me dis “je suis faible, je vais faire ce que je peux”, je ne vais plus rien faire. J’entretiens donc l’illusion de ma force afin de lui permettre d’exister, et ça marche. Et à la fin de l’année, je vois qu’il y a très peu de jours de rechute. Mais il faut que ça soit clair. Dans l’idée, AUCUN n’est permis. Si ça arrive, on oublie et on continue comme avant : AUCUN n’est permis.

  2. comme il est dit dans les soutras, bouddha a fait son enseignement pour des gens imparfaits. Comme je le disais sur le blog de Flo, c’est nos trébuchages qui nous donnent la conviction que seul, on ne peut rien. Et c’est tous nos manquements qui nous donnent la force de pratiquer.

  3. Je connais un ami des AA qui m’explique qu’à chaque fois qu’il n’est pas très bien, notamment quand il fait une rechute émotionnelle, il se concentre sur les trois première étapes du programme. Un : il se souvient qu’il est impuissant devant ses émotions, qu’il ne sert à rien de vouloir se battre contre elles. Deux : comme il peut rien, il vaut mieux ne pas oublier que quelque chose de supérieur peut indiquer le chemin. Et donc, trois : lui confier notre journée. J’essaie de me bloquer ça dans la tête pour le moment, car ma rechute de samedi a beaucoup à voir avec l’orgueil.
    Du coup, je vois et je prends un peu plus les choses avec douceur et simplicité. Et ça aide.

  4. “viser la perfection à tout prix est une bonne façon de ne rien faire” c’est dans le Gravosse Warsen, pas dans l’Orroz Illustré. Merci à vous, nobles mouth cutteurs.

  5. Tu as raison John, rendons à César ce qui est à César ! En attendant que je t’envoie une bonne bafouille perso, je te conseille de méditer sur ce que dit Flo. J’ajouterais une phrase trouvée dans “Le Nuage De L’inconnaissance” :
    Ce n’est point ce que tu es ni ce que tu as été, que Dieu regarde avec ses yeux de miséricorde, mais ce que tu as le désir d’être.

lundi 8 janvier 2007

all you need is Gode (3) : Réconciliations


Quand l’univers nous latte, on ne peut parer le coup mais le regard que nous portons peut tout transfigurer. D’ailleurs “se prendre une bonne ratatouille” n’est pas l’évènement, c’en est déjà une interprétation, et l’univers ne nous latte pas vraiment; la loi de causalité généralisée (qu’on appelle en Orient la loi du karma) fait qu’il y a statistiquement plus de trucs que tournent mal, et qu’y être inattentif en renforce le nombre. Quand le malheur réel ou inventé, mais d’un point de vue subjectif (qui est le seul que nous expérimentions) ça revient au même, ne rend ni con ni fou, il paraît qu’il rend philosophe. C’est pas toi qui décides; mais tu peux quand même essayer de faire le ménage.
Ce que j’avais vaguement compris du message du Christ, c’est que nous sommes coupables mais pardonnés, je trouvais l’idée sympa, mais ne voyais pas bien quoi en faire; alors que chez Bouddha j’ai plutôt entendu “la merde dans laquelle vous êtes est le résultat de vos actions passées et de causes qui ne sont plus vraiment accessibles, mais il s’agirait de commencer à purifier vos perceptions et conceptions erronées si vous voulez tenter d’y comprendre quoi que ce soit.” On y parle de motivation à quitter les songes creux et de dissoudre les voiles émotionnels et cognitis qui en sont à l’origine, motivation s’élevant par le biais de méditations sur l’impermanence, et d’exploiter des techniques propres à nous dessiller les yeux : dans les pratiques de compassion, de générosité, je “singe” les vertus préconisées dans l’espoir de parvenir à les ressentir un jour. Si la pratique est stable, le jugement (c’est vraiment ridicule de t’adonner à ces pratiques exotiques héritées d’un autre âge) finit sans doute par s’estomper. Il faut rester vigilant : Je peux entretenir une certaine confusion entre le dégôut du samsara (les mirages de l’univers phénoménal) et le dépit de ne pouvoir m’y abandonner avec une joie pleine et entière. On y est invité à percevoir l’univers comme un océan de souffrance mondialisée par le biais de l’offre et de la demande des désirs et des peurs plutôt que comme une mauvaise plaisanterie qui nous serait adressée par erreur.

http://agora.qc.ca/mot.nsf/Dossiers/Bouddhisme
http://fr.wikipedia.org/wiki/Bouddhisme

Sur Internet, on trouve des cartes de voeux interactives qui font regretter l’existence du mot “espoir”. Mais on trouve aussi sur protée informe des formulations auprès desquelles les miennes semblent d’une limpidité cristalline. “L’espoir c’est l’esprit qui s’accroche à un bonheur, empêche par là d’être totalement effondré, et donc de renaître. Lorsque l’on n’a pas franchi le rayon de Schwarzschild alors peut-être ce fil d’argent ténu permet de s’en retourner. C’est en échappant à l’attraction du trou noir que l’on retourne dans le passé. Mais si la fin est inéluctable, alors il ne fait que retarder la renaissance.
Même sans espoir, on peut toujours s’échapper.
” L’hermétisme est une connivence comme une autre. Je n’ai que l’intuition pour piger de quoi il cause. L’important c’est que lui se comprenne, et que ça me fasse penser à une version poétique de la première étape du programme (qui en compte 12). Et puis il y a la photo qu’une amie a pris au large de Belle-Ile : phénomène météo “neutre” et aléatoire sur lequel le regard de l’éventuel observateur ne peut se défaire aisément de plaquer un sens bien de chez nous.


Commentaires

  1. Cette photo démontre parfaitement un truc que je voulais dire mais que je n’ai pas dit clairement dans mes posts. Regarde là sans y plaquer de signification. Qu’est-ce que tu sens ?

  2. que la lumière se voit mieux dans l’ombre.

vendredi 22 décembre 2006

Teaser 2007

“Le bonheur est un mot dont la signification nous échapperait complètement si nous ne savions de science sûre une chose au moins : sa première condition est la FOI. Pour être heureux le moins du monde, il faut avoir confiance en quelque chose : en Dieu, en soi-même, en son “étoile”, en ses parents ou son conjoint, en n’importe quoi d’autre, fût-ce l’astrologie, le yoga, la médecine ou le communisme. Inévitablement menacé de tous les malheurs toutes les minutes de sa vie, celui qui ne donne sa confiance à rien ni à personne ne saurait être heureux à aucun moment. Mais il faut bien constater qu’à la seule exception des mystiques, dont la confiance en Dieu ne repose PAS sur des croyances, il arrive aux humains de perdre leur foi, toujours menacée quand elle repose sur des croyances fausses : les évènement la démentent inlassablement. Nous n’avons alors que deux moyens de la conserver : fermer les yeux aux faits ou les intégrer dans nos croyances en bâtissant des sytèmes de pensée religieux, philosophiques, scientifiques, politiques ou tous autres, pourvu qu’ils soient propres à réaliser — envers et contre tout s’il le faut — cette intégration. Les hommes ont toujours utilisé l’un ou l’autre, et souvent l’un et l’autre, de ces deux moyens de se préserver de l’angoisse qu’engendre le doute.”

Jacques Dartan, in COURS D’INITIATION A L’ORTHOLOGIQUE

Hier soir, je méditais en bas devant un bon feu de cheminée sur les textes de l’impermanence de la tradition bouddhiste que j’étudie, quand un cri de ma fille a requis mon attention. Remontant l’escalier pour parvenir jusqu’aux chambres, je fus suffoqué de la narine gauche par l’odeur d’encens qui s’échappait de la chambre de mon fils - il avait brûlé au moins six bâtonnets en écoutant du hard rock, manquant s’asphyxier dans son sommeil lourd de métalleux - tandis que la droite s’ouvrait aux parfums capiteux de deux kilos de Pâtes fraîches Super U que ma fille venait de régurgiter sur son lit, son pyjama, sa collection de Diddle et le Saint Recueil des Schtroumpfs Noirs - et c’était tout à fait raccord avec ce que je venais de lire, j’ai pas eu à forcer pour entrer dans la compassion, la générosité, le rapatriement sanitaire vers un camp de réfugiés moins pestilentiel et le lavage de parquet stratifié. Si j’avais été en train de regarder la saison 5 de The Shield sur le canapé du salon en fumant des clopes, je pense que ma réaction n’aurait pas du tout été la même. Merci donc aux Bouddhas des trois temps.

C’est fini pour 2006. Je vais finir l’années dans la chaîne des Périnées, avec ou sans flocons. En 2007, John résistera-t-il encore aux assauts de son archéocortex en racontant des conneries pseudo-spirituelles au lieu de pratiquer le bouddhisme ? Ou au contraire, cédera-t-il aux avances de la pulpeuse Brenda ? Le Warsenisme envahira-t-il la galaxie ? les travaux de la cuisine prendront-ils fin ? serai-je encore accro au virtuel, bien qu’il y soit plus clairement démontré qu’ailleurs que le lien de l’attachement pend dans le vide ?

les dessins sont ©Xavier Gorce/LeMonde.fr

Commentaires

  1. Croire nous évite la terrible nécessité de comprendre. Ce que je ne peux accepter dans la foi, c’est qu’elle met un terme à tout questionnement. Celui qui croit en Dieu donne Dieu comme toute réponse aux problèmes de l’existence. Il en est de même pour toute autre foi.

  2. Tu n’as pas lu l’article. Il ne parle pas de ça. Même si Dieu était la réponse aux problèmes de l’existence, il faudrait poser la question du doute, et du libre arbitre, figures imposées. Mais au fond, je suis assez nul en théologie. Tu défends l’athéisme avec la ferveur d’un ayatollah. Va lire Michel Onfray.

  3. Tu persistes à répondre toujours à côté en disant que j’ai mal lu, il n’empêche que ces références plus que douteuses à Jacques Dartan n’incitent pas à se prendre en charge soi-même et devenir simplement adulte. Tu parlais plus loin de la nécessité d’un autre chose, ici du besoin de la foi, ailleurs de l’indispensable verticalité. Bref il s’agit d’être assisté. Tu martèles à longueur de blog qu’il n’y a que souffrance ici bas et qu’il est impossible de s’en sortir tout seul: n’est-tu pas aussi victime de cette paranoïa dont tu m’accuses? Eh bien moi qui suis il est vrai un peu parano et hermétique à toute verticalité, je me suis sorti tout seul de mes difficultés passées. Je me sens mieux actuellement que dans le passé, et cela ne fait que s’améliorer: donc de souffrances ici bas je n’en vois plus et je n’ai pas besoin de plus pour vivre. C’est simple et non spirituel, et ces propos ne risquent pas d’être mal lus, car il est une constante dans la spiritualité, c’est d’entretenir le doute et la confusion.

  4. Super ! tu as finalement réussi à la faire, cette marcillythérapie ! tous mes voeux de progrès, et bonjour à Kinshasa !

  5. Celui qui regarde en l’air, même s’il y voit des choses merveilleuses, est bien forcé d’être immobile, étant donné qu’il ne voit pas où il marche. Celui qui regarde devant lui sait où il va. Ceci termine un débat contradictoire qui n’a jamais eu lieu, alors bonnes masturbations intellectuelles!

  6. Belle illustration de la pensée “Il ne suffit pas d’être heureux, encore faut-il que les autres soient malheureux”. Snif. Aaah, où yéti le Claude qui me disait “Je te remercie de prendre soin de moi” ? il semble bien qu’il ait disparu corps et biens. Méditons sur l’impermanence. C’est marrant comment il te faut brûler ce Warsen que tu as adoré. Un ami me faisait remarquer : ” Je pense que cette personne a été attirée par ton blog parce que tu n’hésites pas à étaler tous tes complexes (?). J’utilise ce mot faute de mieux, et j’ai la flemme de chercher le mot flaubertiennement juste, mais ce n’est pas du tout ce que je veux dire. Comme exemples, le fait de se branler devant un écran de PC, le fait d’avoir démoli une amie en voiture, le fait d’avoir eu des relations homosexuelles dans la jeunesse, etc. C’est pas très loin de Crash dans l’esprit et il n’est donc pas étonnant qu’un type dans cet état, qui est en plein combat intérieur entre des idéaux sociaux ou religieux et ses pulsions violentes, qui est dans l’impossibilité de se cacher la violence qu’il ressent, essaie de comprendre ce qui lui arrive et lorsqu’il tombe sur un blog comme le tien, il se dit: ouf, je ne suis pas le seul. D’où son intérêt pour ton blog et pour son auteur, avec lequel il pense qu’il va pouvoir exposer ses problèmes. Le hic, c’est que tu réagis toujours bizarrement, et que quand il pense pouvoir se raccrocher à une branche, tu la retires et il se trouve dans le vide. De plus, je pense que son idée de trouver des amis sur internet est fondamentalement erronée. Tant qu’on n’a pas la personne devant soi - en tous cas pour moi - c’est comme si on parlait à des fantômes. Mais ce n’est pas en pleine dépression qu’on trouve des amis en vrai non plus. Face à ce genre de personnes, je ne pense pas que ce soit pas la peine de conseiller une voie spirituelle - il faudrait qu’ils se reconstruisent avant. Le mieux est sans doute de leur faire comprendre que c’est une traversée du désert, que quand on est dans un sentiment, on croit que la situation que l’on vit est “éternelle”, ce qui est particulièrement désagréable lorsque ces sentiments sont négatifs. Mais que finalement, ça change et on arrive à une oasis. On a vécu une saison en l’enfer, mais une fois sorti de là, ça a enrichi le point de vue. Ce n’est pas tout à fait, tout à fait vrai, mais ça c’est pas la peine de le dire ! :p Et de toutes façons, ce n’est pas tout à fait faux car il ne se serait pas intéressé à nos blogs s’il n’était pas dans cet état.” Oui, il semble que tu aies bien changé ton fusil d’épaule. Ce qui ne m’empêchera pas d’effacer tes commentaires s’ils me gonflent. Viperam nutricare sub alâ : autant réchauffer un serpent dans son sein.