dimanche 15 février 2015

La moitié d'un terroriste, c'est un mec qui ne sait ni lire

Les terroristes ne savent pas lire.


LE MONDE DES LIVRES | 29.01.2015
 JOEL SAGET / AFP

Le 16 janvier, « Le Monde des ­livres » publiait un numéro ­spécial intitulé « Ecrivains face à la terreur ». Cette édition a rencontré un fort écho, non seulement en kiosque, mais aussi sur Internet, suscitant maints témoignages et courriers. Du reste, les libraires de toute la France voyaient alors affluer de nombreux ­lecteurs, en quête de lumières pour éclairer ces jours d’effroi. Les livres de la « bande à Charlie » (Cabu, Charb, Bernard Maris, Wolinski…), mais aussi des essais sur l’islam, ou encore Le Traité sur la tolérance, de Voltaire : autant d’ou­vrages qui ont connu un vif regain ­d’intérêt durant ces trois dernières ­semaines. Comme si les attentats avaient rendu urgent ce recours aux textes, à leur puissance d’élucidation. Comme si, ­surtout, les ­livres au pluriel constituaient le meilleur rempart face à la ­terreur de ceux qui se réclament d’un ­livre, et d’un seul.
Car ces gens qui tuent le font au nom d’un livre, sur lequel ils voudraient faire main basse. « L’islam se présente comme la religion du Livre qui parachève le judaïsme et le christianisme. Mais la question est de savoir comment on envisage le Livre », notait naguère l’islamologue Christian Jambet dans ces colonnes. De fait, toute la question est là, et les terroristes ne savent pas lire le livre dont ils se réclament. Bien sûr, certains d’entre eux sont bardés de diplômes, et nul ne doute de leur capacité à déchiffrer les mots. Mais ils s’avèrent incapables d’envisager la lecture comme pratique d’interprétation, comme élan vers l’autre, comme geste de vie. Car lire, ce n’est pas vitrifier le langage, c’est le remettre en mouvement. Lire, ce n’est pas idolâtrer un texte, c’est l’ouvrir à l’infinie ­pluralité du sens.

Non, les terroristes ne savent pas lire, à commencer par le livre qu’ils bran­dissent. Puisqu’ils se réfèrent à un livre unique, parions sur la multitude des ­livres. Puisqu’ils prétendent détenir la vérité absolue du texte, misons sur la diversité des lectures possibles. Telle pourrait être l’une des meilleures réponses aux assassins qui confondent le livre avec un manuel de terreur, et la lecture avec une grimace sanglante.

"Les terroristes ne savent pas lire ?
C'est pour ça qu'il vaut mieux leur montrer des images"
Blasphemator® Le Retors


La caverne secrète où Blasphemator® se ressource limpide 
au fond de la grotte pour éviter la crise de foi
(AFP/Reuters)

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