samedi 19 août 2006

Reconnaissons notre besoin de reconnaissance (1)


J’ai révé que mon voisin d'en face, aimable septuagénaire, nous hébergeait quelques temps et m’apprenait qu’il avait été lui aussi porno-addict, d’ailleurs il postait régulièrement sur l’ancien forum d’Orroz. En fait il se dévoilait d'entrée, en m’appelant sans préambule par mon pseudo, en se marrant doucement de cette rupture pacifique d’anonymat : "alors, john warsen, comment ça se passe, cette première année d’abstinence ? -Sans déconner, jean-pierre, t’en étais aussi ? (comme si on avait fait la guerre ensemble… et qu’on en était revenus entiers tous les deux.) Alors, t’étais qui, toi ? c’était quoi ton pseudo ? (comme si c’était important.)

Le besoin de reconnaissance s’exprime ici sous une forme contradictoire : il s’agit à la fois
- d’appartenir à une communauté humaine fondée sur un objectif désirable (la cyber-sobriété sexuelle)
- et de s’en distinguer par la manifestation de qualités individuelles spécifiques, si possible en étant à ce titre adoubé par ses pairs.
Le sentiment de fraternité est-il alors au service de l’égo, ou l’inverse ? A la limite, on s’en moque, du fait que le but est atteint : l’issue de la lutte pour l’obtention de l’abstinence cyber-sexuelle est certaine, le désir fusionnel et le besoin d’individualité font alors bon ménage puisqu’ils se renforcent mutuellement.

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