Me voici donc auto-promu borgne au pays des aveugles. Super. Un étrange sentiment de triomphe s’empare de moi, quoiqu’il me rappelle étrangement le doux frisson de l’ivresse de la défaite. Question d’intensité. Et de nature. Agacé de voir Flo faire l’apologie de films que j’estime ne pas valoir un coup de cidre sans même les avoir vus, je nous colle hier soir devant "de battre mon coeur s’est arrété", film français récemment encensé par la critique et le public. A nous le réalisme poétique, les quêtes riches de sens, loin de l’imaginaire stéréotypé de lavettes inconsistantes sur le plan psychologique et affublées de collants bicolores moule-boules.
Or, au final, de quoi s’agit-il ? Une petite gouape qui fricote dans l’immobilier bas de gamme - rachat et revente avec plus-value de logements insalubres, quitte à en déloger les squatteurs à coups de batte de base ball ou en introduisant des rats dans l’immeuble - se rappelle soudain qu’il a d’autres modèles paternels disponibles que celui de son géniteur, qui grenouille dans le même milieu et lui a tout appris sauf les valeurs morales, et dont il doit pallier à la décrépitude et aux conséquences funestes de ses mauvais coups de dents de loup vieillissant, qui vont empirant au fur et à mesure du film. Le jeune voyou incarné par Romain Duris recroise accidentellement son ancien professeur de piano, chenu mais digne, qui lui suggère de reprendre l’instrument car il le trouvait "doué" lorsqu’il cessa de pratiquer dix ans plus tôt. Contre toute attente, Romain s’y remet, et doit se battre avec lui-même pour triompher de son émotionnel plein de noeuds, de son psychisme délabré par une vie sociale peu nourrissante et de son karma électrique. A la fin, il restaure l’honneur paternel bafoué en laissant pour mort l’assassin de son père (père qu’il a un peu contribué à faire zigouiller) et en épousant un substitut maternel (car sa mère était concertiste et les a laissés tomber, son père et lui bien des années plus tôt) en la personne de la jeune prodige chinoise qui a accepté de lui donner des cours pour le remettre à flot pianistiquement parlant et qui est un peu dans le besoin, du fait qu’en quittant Pékin pour un apparte pourri dans le 13ème elle a attrapé la pauvreté et l’anonymat, cours qui ont permis à Romain d’oser se présenter à l’audition que le vieux professeur lui a consenti, même si au moment de l’exécution de la Toccata en mi mineur de Bach il merde gravement du fait de sa saisie émotionnelle en présence de son White Vador.
Damned ! ça vous rappelle rien ? ma femme a râlé de l’indigence de l’intrigue (mais n’oublions pas qu’elle a La Vue ) et de la complaisance au pathos qu’elle croise en vrai dans sa vie professionnelle et dont elle n’a point le besoin de se repaître en seconde partie de soirée, et j’ai dû reconnaitre qu’à part la performance de Duris et le souci d’Audiard de filmer au plus près ses acteurs, ainsi que quelques audaces stylistiques qui consistent essentiellement à ne s’autoriser aucun plan extérieur lors des inévitables scènes de transport automobile, on est bien dans un remix de tragédie grecque en moins bien.
De télécharger mon ordinateur s’est (presque) arrêté.
Ca me fait penser que je suis censé partir en retraite bouddhiste à la fin de la semaine alors que je n’ai même pas rempli le formulaire d’inscription (mais je viens de refuser du boulot pour cette période, ce qui chez moi est signe d’engagement ferme), que je fume toujours 25 clopes par jour et que ma vie sociale réelle - hors internet, quoi - s’est réduite comme peau de chagrin depuis mon retour de vacances, qui furent heureusement placées sous le signe de la rencontre et de l’initiative.
C’est pourquoi je ne te jette pas la pierre, Pierre.
Mais bon, l’égo ne va pas se barrer comme ça, alors autant en faire quelque chose, hein ?
Orroz dit quelque part qu’il ne faut pas oublier de le mettre au service de plus grand que lui, si on veut pas se casser la gueule.
Cyberdépendance virtuelle, auto-addiction, rédemption de l’objet fascinatoire, progrès dans l’intention de pratiquer le bouddhisme.
lundi 21 août 2006
de penser mon cerveau s’est arrété
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tu te lance dans une retraite bouddhiste,,
c’est pas bon si tu veux t’auto-proclamé autocrate du “culte des branlos” (un putsch en somme?)…
bo a l’occaz tu pourra filer les coordonées de ton centre (sauf dans l’yonne hein)..
bon si tu parle de syrius a ton retour…
restera l’eutanasie.
Rédigé par: roul | le 21 août 2006 à 17:49sans compter que quand les aveugles fonderont une république, je l’aurai dans le schtroumpf.
Rédigé par: john | le 21 août 2006 à 19:07