mardi 14 mars 2023

Je te salue, Marie (3)

...brouillon de courrier aux parents de Marie après sa disparition, dans l'espoir de les faire mourir de chagrin, assorti d'une magnifique photo d'elle à 22 ans. Suggestions de passages à enlever surlignés en jaune par sa jeune sœur, sollicitée pour relecture avant envoi; lettre ni finalisée ni envoyée; et l'article est complètement antidaté, j'ai rédigé ça dans la semaine qui a suivi la mort de Marie, et ça fait déjà un an qu'elle nous a quittés. Enfin, je fais le malin, mais ça faisait 30 ans qu'on ne s'était pas vus.

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Bonjour M*,

Bonjour H*.


H*, je suis désolé de n’avoir pas trouvé le temps de te saluer le jour de l’enterrement de votre fille, quand j’ai révélé ma présence à M* juste après l’inhumation, les vannes se sont ouvertes, son accueil chaleureux a déclenché en moi un petit tsunami, et j’y suis allé de bon coeur, après tout les funérailles sont des endroits où l’on peut pleurer aussi fort que pissent les vaches, et conserver néanmoins une certaine dignité, voire y accéder un peu tard, comme dans la chanson de Brel sur les toros, quand il évoque les épiciers qui se prennent pour Montherlant au moment de la mise à mort, ou un truc du genre.


Et après ça, je me suis laissé porter par le moment présent, et puis il fut l’heure de raccompagner W* au train de Guingamp, et de la remercier pour m’avoir suggéré de venir à la cérémonie, alors que à l’annonce du décès huit jours plus tôt je ne me sentais pas tellement légitime de m'y rendre, après 40 ans de silence peut-être attentif, en tout cas partagé, après une relation interrompue en 1983 et qui n’avait pas repris, pour des raisons dont on peut désormais se tamponner raisonnablement le coquillard, avec toutes les choses qui apparaissent soudain inutiles et vides face au départ d’un être cher et irremplaçable.


La Marie que j’ai connue, au sortir hésitant de nos adolescences, était une insoumise, une sauvageonne. Une vraie Peau-Rouge. Et moi je me sentais comme un petit Blanc...bec, ravi d’avoir été capturé et rééduqué à la culture indienne, après avoir craint un délicieux moment d’être purement et simplement dévoré à la sauce barbecue cheyenne, c'est-à-dire tout cru et sans même une pauvre feuille de salade. Nous avons ensuite vécu une relation magique et trouble, confuse et saccadée, trois années de rang : nous étions ivres de notre liberté de jeunes adultes, entièrement soumis au principe de plaisir et voulant tout ignorer ou presque des conséquences de nos actes, tant que cela a été possible.


A tel point que nous ne pûmes nous pardonner certaines erreurs, et dûmes nous séparer. 

Bref. Je vous la fais courte, j’aimais beaucoup Marie, je crois bien qu’elle aussi, elle a beaucoup compté pour moi, avec sa fantaisie, sa générosité et sa cheyennité, on pensait naïvement que la liberté consistait à faire ce qui nous plaisait et l’apprentissage des responsabilités de la vie d’adulte, et des épreuves qui attendent les gens qui se mettent «en couple» nous intéressait bien moins que d’expérimenter des trucs et des machins, quitte à se faire mal et à en tirer des leçons de vie, mais pas toujours. C’est ça qu’est chouette, dans la vie, finalement : on fait ses choix, et quand on se trompe, on peut en changer.

Tant qu’elle met longtemps à devenir courte.


Alors que quand on est mort, tout se fige sous la glace de l’irréversible.

Et je dis pas ça pour réinventer la pâte à tartiner les regrets éternels, je suis pas le mieux placé pour ça, avec ma tenue de petit ami défraichi, resté auto-confiné dans un placard d’absence depuis 83. Ma mère me l’avait pourtant bien dit : il vaut mieux faire envie que pitié. Tant pis. J’ai toujours conservé cette méfiance vis-à vis de mes envies de renouer le contact avec Marie : me connaissant, je ne parvins jamais à croire à la pureté de mes motivations, et craignant de vouloir renouer au risque de me rependre, je préférai rester à distance pendant ce que j’ignorais alors être le reste de l’existence qui lui fut proposée. Je ne voulais pas lui nuire, ou faire tort à d’autres, ni à la mémoire de notre amour passé.

Comme le rappelle aussi un lama qui ne s’appelle pas Serge, « Il est des souffrances inévitables, et d'autres que nous nous créons. Trop souvent, nous perpétuons notre douleur, nous l'alimentons mentalement en rouvrant inlassablement nos blessures, ce qui ne fait qu'accentuer notre sentiment d'injustice. Nous revenons sur nos souvenirs douloureux avec le désir inconscient que cela sera de nature à modifier la situation – en vain. Ressasser nos maux peut servir un objectif limité, en pimentant l'existence d'une note dramatique ou exaltée, en nous attirant l'attention et la sympathie d'autrui. Maigre compensation, en regard du malheur que nous continuons d'endurer. » 

Ce risque de lui nuire s’étant éteint avec elle, je suis venu lui rendre un dernier hommage.

Pour tout dire, je la croyais fâchée. J’appris cette semaine qu’elle avait conservé un intérêt constant pour mon parcours, qu’elle s’en informait auprès d’amis communs, et qu’elle me nommait parfois « son amour de jeunesse ».

Que demander de plus, dans ces circonstances ? Je me sentais juste un peu ballot, voire concon, et sa soeur F* ajouta à mon trouble, quand je lui avouai n’avoir trouvé aucun prétexte valable pour reprendre contact, elle me regarda comme si je me moquais d’elle (alors que je mimais une honnêteté sans doute un peu contrite) « aucun prétexte ? un gars comme toi ? avec toute l’imagination que tu as ? » elle n’avait sans doute pas tort, mais la messe était dite. Et j’ai dit que je vous la faisais courte.


Vous trouverez ci-joint la photo de Marie que j’ai exhibé mardi dernier comme un passeport justifiant ma présence, elle date de fin aout 1982, votre ainée y apparaît radieuse. Elle le fut. Je suis témoin; pendant plusieurs jours cette photo a alimenté mon trouble grandissant et mon chagrin, et je ne voudrais pas vous accabler de ce poison. Les images, sont à la fois vraies et trompeuses, tout dépend en définitive des intentions de celui qui les regarde. Quand il s’agit de nos chers disparus, un simple cliché comme ce pauvre instantané noir et blanc délavé peut nous fendre l’âme, ou alors nous émouvoir positivement, en nous rappelant le devoir d’essayer de vivre à la hauteur des combats menés, même si le départ définitif semble une défaite, et même si l’impression qui domine pour l’instant est celle de l’accablement devant la perte.

J’espère avoir tiré assez d’exemplaires pour que vous puissiez en distribuer à la fratrie, aux conjoints et ex-conjoints, aux enfants de Marie, que je ne connais pas mais que j’aurai plaisir à croiser si l’occasion se présente; encore un peu encombré de mon problème de fantôme, je ne vais pas vous courir après, mais j’aurai plaisir à échanger avec vous si vous me sollicitez.


En vous remerciant encore de votre accueil et de votre écoute,

Chaleureusement votre,


Christophe 



vendredi 10 mars 2023

Je te salue, Marie (2)

Printemps 1981.
De dos, on devine sa soeur cadette.
Sauf qu'on peut pas deviner.
Je te salue, Marie, mais si je retrouve tes lettres dans ma boite à courrier de Pandore, d'où j'ai déjà exhumé le photomaton qui tue, je vais perdre le peu d’étanchéité qu'il me reste; par chance je crois bien les avoir toutes brûlées.
J’irais bien à ton enterrement, mais je me vois mal débarquer, la gueule enfarinée, après presque 40 ans d'un silence partagé, ni explosif ni vraiment complice, plutôt indifférent. Je me sentirais comme un vieux crocodile, ou un requinou riquiqui tardivement attiré par l’odeur du sang qui  s'attarde un moment au-dessus du lagon, et cet irrépressible besoin qu’ont les survivants des événements tragiques de manifester leur grégarité (et réaffirmer leur solidarité une et indivisible !) quand l’un d’entre eux tombe à la baille. C'est curieux, chez les marins, ce besoin de faire des phrases. 
Bref, je me sens suspect. 
Indépendamment de ma peine. 
Et j’ignore tout de l’accueil qui me serait fait dans ta famille. 
Quand à savoir si ça te ferait plaisir de me voir là, je n'en sais rien.
Quand tu étais vivante, je progressais parfois dans l'intention de reprendre contact avec toi. Je n’avais pas encore trouvé de prétexte satisfaisant. Même avec le cancer devenu un de nos dénominateurs communs, je ne me voyais pas revenir vers toi, affichant la chaude camaraderie qui rêgne au sein des amicales laïques de métastasés. C’est pourtant très enrichissant pour les malades de parler avec d’autres malades, comme aux AA. 

Requins et métastases : "si vous mangez, vous serez mangé.
Tout est nourriture et tout se nourrit, au niveau de la multiplicité.
Au niveau de l’unique, éternel et infini océan,
rien ne mange, rien n’est mangé."
(Tintin Desjardins, "A la recherche du Soi
dans le lac aux Requins")
Désormais, la messe est dite.  Et bien que le terme "être morte" me semble inexact pour désigner un passage plutôt qu'un état, je n’ai plus besoin d’aucun intermédiaire pour te reparler. Allons-y gaiement, alors, autant que faire se peut dans le respect de la dignité de la personne humaine fraichement décédée et pas vue depuis 40 ans. Enfin, ça, c'est ce que je croyais, avant d'en discuter avec ma femme, qui évoque nos rencontres, apparemment fréquentes, avec toi, tes enfants et ceux de la tribu Bar**x dans les années 90, réunions dont je n'ai pas remembrance, mon inconscient fait fait fait c'qu’il lui plait plait plait pour te mythifier maintenant que tu es partie, la voie est libre pour occulter tous ces souvenirs dérangeants pour ta légende en cours de réécriture frénétique, car j'aimerais parvenir à une conclusion bien-pensante et bien pensée du genre « pleurer les morts, ok, mais prendre soin des vivants, c’est au moins aussi utile » avant l'inhumation prévue mardi prochain, mais je n’ai aucune garantie d’atteindre ce but dans les délais. Et hors délais, ça serait encore pire.


on n'a pas fumé que des Camel, 
mais elles étaient à 3,10
alors que la baguette de shit
(soit-disant à prix coûtant !)
frôlait déjà les 100 FF.
Quand je t’ai connue, étudiante rennaise resplendissante et dorée au retour d'un voyage en Crète, tu m’apparus libre, délurée, drôle, enthousiaste, tu têtais goulûment tes Camel dans un nuage de fumée bleuâtre qui n'était pas encore cancérigène, bref, un assortiment de qualités dont je me sentais dépourvu et qui m’attiraient irrésistiblement, comme le lapin pris dans la lumière des phares du 4x4.
De plus, tu fus tout de suite très amoureuse. Au point d'abandonner la fac de Rennes, et de me rejoindre à Montpellier, où je démarrais d'incertaines études de psychologie. 
Je t’avais séduite en t’écrivant des lettres. Une par jour, pendant plusieurs semaines. Auxquelles tu répondais avec le même empressement, et des collages de photos découpées dans des magazines. 
C’est dire si on était loin du Réel. Mais en artisan du bla-bla orienté badinage artistique, j'en avais sous la godasse,  même si j’en suis toujours pas revenu que ça ait marché. 


Dès que nous fumes en couple, je compris rapidement que les femmes n’étaient pas ces créatures éthérées se nourrissant de Claire Lumière et de bisoux dans le cou avec lesquelles je les confusais, du haut de mes 17 ans de branleur qui avait beaucoup lu, mais encore rien vu, ni bu, mais bien des êtres de chair et d'os, de sueur et de larmes, incarnées dans l'ici et le maintenant avec intensité et ténacité, et dont la santé exigeait des soins et une attention délicate et bienveillante, ce à quoi mon éducation de geek petit-bourgeois / Narcisse en pot m'avait peu préparé. 
C'est à tes côtés que j'en pris conscience, et c'est à toi que je le dois. 
Grâces t’en soient rendues. 
Les travaux sont toujours en cours.
Découvrant et cédant ensemble aux joies simples d’une sexualité épanouie, d’une consommation effrénée de stupéfiants et de la miséricordieuse hébétude qui s’ensuit si tu l’accompagnes du disque de King Crimson qui va bien, il serait tentant de céder aux sirènes de la nostalgie, et d’étiqueter tout le pack comme nos meilleures années étudiantes, même si nos notes n’étaient pas très bonnes quand nous nous rappelions d'aller passer les partiels à la fac.

L’appartement de la rue Louis Figuier, derrière la gare de Montpellier, 

où nous fûmes mal heureux, et n’eûmes point d’enfants, ce qui est heureux. 

Nous dégradâmes aussi le mobilier, et ne récupérâmes jamais la caution.


Nous fumes insouciants, inconséquents, et finalement inconstants l'un avec l'autre, et ce fut un beau gâchis. Nous rîmes, nous bûmes, mais surtout nous fumâmes, bien plus que de raison. Nous ne tombâmes point dans l’abîme, mais on ne pouvait pas impunément s'injecter autant de Thiéfaine par les oreilles et inhaler autant de chanvre indien, et en même temps demander à sortir de notre brouillard par le haut. On a partagé entre 1981 et 83 un goût immodéré pour l’amour physique, les cigarettes mal roulées, le rock progressif. On bricolait un peu pour pouvoir payer le loyer. On aurait pu devenir les Leslie et Kevin de notre génération, mais c’était surtout pour financer notre consommation personnelle, et on n’avait clairement ni l'ambition, ni les moyens. Et l’époque était moins violente. 

Leslie et Kevin : non seulement ils sont morts,
mais en plus ils sont pas du tout ressemblants.

A l'époque, je me suis retrouvé une fois à l’arrière d’une voiture avec un flingue sur le ventre et un rasoir sous la gorge pour conclure une transaction commerciale qui a tourné court, mais j’étais déjà retourné chez mes parents la queue basse, et ce n’était plus lié à ma relation avec toi, mais une aventure avec mon Pygmalion, pour qui je faisais une Galatée pas tout à fait présentable, mais en fait ça l'arrangeait bien. Et ça a été riche d’enseignements, de me faire dépouiller de mes économies, et bien plus efficace qu’un clip de prévention du ministère de promotion du CBD.

je n'ai rien compris à ce schéma, 
mais je le trouve très réussi.

Je n'ai pas été son Arthur H aspiré.
Bien que ma science de la tectonique des Blacks ne soit guère plus pénétrante qu'à l'époque, je dirais que Marie fut pour moi une sorte de négresse blanche. Etre aimé de cette femme, c'était au risque permanent du tremblement de terre. Elle était animée de forces telluriques. Si je lui touchais un sein en étant pieds nus, je me prenais toute l'électricité. Elle n'était pas bien isolée du tout. 
Pauvre Marie, pauvre de moi avec mon cyber-hubris à la con, et pauvres de nous et de nos amours disparues au vent mauvais. 
J’ignore totalement quelle personne tu es devenue ensuite, et n'ai pas cherché à l'apprendre. 
Comment tu as aimé tes enfants. 
Comment tu as géré la vie qui t'était proposée. 
Ce qui fait chier, surtout, c'est que tu n'auras pas longtemps profité de ta retraite, bien que j'ignore si tu l'avais atteinte.
Tu serais une raison nécessaire et suffisante pour que Macron enterre sa réforme, mais au lieu de ça, c'est toi qu'on va enterrer. C'est injuste.
"Le monde est l’endroit dont nous prouvons la réalité en y mourant.” disait Salman Rushdie, et ça se vérifie à chaque fin de vie, plutôt rapprochées ces temps-ci. Et c'est de mon âge.
Il corroborait ainsi Louis-Julien Poignard, le président à vie autoproclamé du Groupe de Réalité Réelle Ratée, qui se console actuellement de son récent veuvage en Thaïlande, et que j'avais sollicité à l'époque pour m'aider à me tirer du guêpier toxique qu'était devenu pour moi la rue Louis Figuier.
Ce jour-là, Louis-Julien m'avait rendu un fier service en validant mon malaise et me suggérant que oui, je ferais mieux de me tirer de là.  Brusquement, trente ans plus tard,  un autre jour où je l'interrogeais sur la différence entre la réalité et le Réel, parce que les lacaniens dans son genre semblaient faire le distinguo et pas mal de chichis autour, il me répondit : « Quant au Réel, il fait parfois irruption dans la réalité. Généralement sur le mode platane vu de face et de trop près aux alentours de cent soixante km/h. Donc, il est prudent de ne pas trop le convoquer. »
Et le disque des Sax Pustuls que Marie avait ramené de Rennes, et qu’on écoutait en boucle, commençait par : « absurdité du réel... brutalité des sentiments », et c’était tout elle.
Il est en vente gratuitement dans cette salle, ou plutôt à l’annexe.
Pour le reste, ici s'arrête cette évocation de "ma" Marie, celle que j'ai connue et aimée.
Que la terre lui soit légère.

jeudi 9 mars 2023

Je te salue, Marie (1)

Mi-février, à J+45 de ma fracture du 5ème métatarse droit, comme disent les chirurgiens orthopédistes, j’avais beau savoir que mon handicap était temporaire, je l’ai brusquement ressenti comme permanent, j'ai eu un bon coup de mou dans les béquilles, et j’ai cru pendant quelques jours que je ne pourrais plus jamais remarcher. Y’a des jours comme ça. Vaut mieux en être conscient, ça nous traverse plus vite que si on résiste à l’idée. Abusé par les lenteurs du corps à se remettre de l’accident (en fait c’était une double fracture : du pied, puis de la belle-mère le mois suivant, 

Ouille. Vive les photos de vacances
prises aux Urgences du CHU.
et sans vouloir la ramener, je me remettais de deux ans de traitement d’un mélanome)
https://johnwarsen.blogspot.com/2021/12/le-petit-noel-de-melanie-melanome-6.html
c’était sans doute l’effet « coup de pompe funèbre », bien que je combattisse ce sentiment en songeant à tous ceux pour qui le handicap est vraiment permanent dans la Réalité Réelle Ratée, mais as-tu déjà combattu un sentiment ? en général, c’est lui donner l’avantage, puisque lutter contre lui le renforce.
Par ailleurs il était temps d’admettre et d’accepter que si j’étais depuis 7 semaines un boulet pour les miens, ne pouvant ni préparer les repas, ni faire les courses ou le ménage, ni mettre la table, ni la débarrasser, ni participer de quelque façon que ce fut aux menus travaux d’entretien que réclame une maison individuelle nichée au coeur d'un écrin de 1000 m2 de verdure, cette hérésie écologique de l’an 2050, mon impunité à ne rien branler était totale, mais que ça ne durerait pas, et que c’était l’opportunité à saisir tant qu’elle s'offrait à moi.
Aux innocents les mains pleines de béquilles, j’étais prié de m’en réjouir et de remercier mes proches pour le surcroît de travail induit par ma bouche inutile à nourrir, j’étais intouchable, j’attendais que ça passe, comme le reste, puisque tout passe, hélas, pardon, tantpistantmieux voulais-je dire.

la plupart du temps, je gardais le moral en lisant des livres déprimants.

C’est à ce moment de découragement commençant à vouloir ressembler de loin par temps de brouillard à la Nuit Obscure De Saint Jean De La Croix
que j’ai démarré les séances de rééducation. 
En quelques jours, grâce à un kiné bienveillant et efficace, je suis passé à une seule béquille. Joie de boîter en couinant « ouille », Joie sans mélange.
Et samedi dernier, à J+63 du jour où je n’avais pas porté assez d'attention à l'endroit où je posais le pied, prenant la présence du sol pour un fait acquis sans nul besoin de fast-checking, j'avais fait de tels progrès grâce au kiné, que j'ai pris ma voiture (après deux mois sans pouvoir conduire), et je suis allé au marché sans béquille du tout, la laissant dans la voiture, punie et privée de sortie, tout content de pouvoir discuter avec mes commerçants préférés (légumes, poisson, huitres d'Oléron, terrine de canard à damner un vegan) et échapper à l’influence délétère de ma nouvelle famille d’adoption de ces dernières semaines.

à J+45 du début de l'année, j'ai passé plus de temps avec ma nouvelle famille que je ne l'aurais souhaité.
Ils sont très volubiles, mais ils radotent tout seul. Comme moi.

Revenu à l’angle droit des allées centrales du marché, celle qui mène à la buvette et l’autre qui conduit au caddie à roulettes qui se prend pour un présentoir mobile des Témoins de Jéhovah, je pense avoir fini mes courses, mais je tombe en arrêt devant un éventaire de salades, en entendant soudain l’Ave Maria interprété au violoncelle. Ça change du salopard cacochyme qui joue d'habitude, et ce depuis des années, le générique de L’inspecteur Gadget sur un violon lui-même parvenu au bout de la route, et qui provoque tant de dépressions, de malaises vagaux et d’acouphènes chez les commerçants et les riverains du marché, obligés qu'ils sont de le supporter plusieurs heures d’affilée tous les samedis et dimanches matins que Dieu fait, sans doute grâce à la présence complaisante des Témoins de Jéhovah en bout d'allée.
j'ai demandé aux Témoins
s'ils avaient cette brochure, 
mais elle n'est toujours pas disponible.
Comme par hasard.
L’Ave Maria, je le reconnais entre Emile, il m’a toujours ému, sans doute un reste de mon passage aux Jeunesses Communistes, quand on organisait des battues aux curés. Je me suis récemment entiché d'une version a cappella par de jeunes Américains sortis de nulle part, c’est-à-dire d’une série télé dont je suis sûr que le showrunner en est Patrick Somerville, si c’est pas Maniac alors c’est Station Eleven, même en déployant toutes les ressources cachées de iTunes et de tunefind, ma capacité à mémoriser et restituer des informations inutiles est en échec, il faudrait que je fasse une petite sieste et ça me reviendrait peut-être, je ne dors pas beaucoup en ce moment. Les infirmières qui m'ont quotidiennement shooté aux anticoagulants jusqu'à J+60 pour m'éviter la phlébite m'ont dit que c'était normal, et imputable au manque absolu d'activité physique.
Sur le marché de ma petite ville de province, et même en étant joué un peu tzigane, l’Ave Maria ça reste l’Ave Maria, j'en suis pétrifié devant la boutique du primeur, et c’est ainsi qu'ouvrant les yeux sur ce qui m'entourait vraiment, à la faveur de cet éveil spirituel micro-dosé par le lied de Schubert dont j'apprendrai plus tard qu’il n’était pas vraiment destiné par le compositeur à soutenir la prière traditionnelle de l'Église catholique romaine,
https://fr.wikipedia.org/wiki/Ellens_dritter_Gesang
j’ai finalement acheté deux laitues pour 1,70€ et j’ai donné 2€ au musicien, ça me semblait une somme conséquente mais intelligemment dépensée.


(finalement, c'était dans Station Eleven)

Deux jours plus tard, j’apprends qu’une toute autre Marie, ni vierge ni divine, une humaine dont j’ai trivialement partagé l'existence plusieurs décennies plus tôt, vient de nous quitter, des suites d’une longue maladie. Nous ? Je ne l’avais quasiment pas revue depuis 1984. Je suis peiné quand même, la mort de quelqu’un que j’ai connu jadis, même si le lien de la vie s’est complètement défait entre nous, c’est le démenti froid et d'une précision chirurgicale, de mon sentiment (illégitime et usurpé) d’immortalité - un handicap psychologique ressenti là aussi de façon permanente alors qu’à l’évidence, ce biais cognitif est très temporaire, et la mort de Marie en est une nouvelle preuve, de plus en plus fréquemment rencontrée à mesure que j’avance en âge.
Bref. J'ai bien l'impression que j'en parlais plus clairement en 2007, même si ça fait un peu « je le sais parce que je l’ai lu sur mon blog »
Je n’ai jamais cherché à renouer le lien avec Marie, près de 40 ans après qu'il se soit défait, nos ruptures furent amères, « ne partons pas fâchés », ben si, quand même un peu, et bien que je m'en sente tout à fait apte et capable, je me vois mal aller verser des larmes de crocodile, ni même d'alligators 427, le jour de ta sépulture, il est trop tard, et toutéfoutu.com. 
Mais alors, qu’est-ce que je fais ici, qu’est-ce que je tente de dire ?

Ma tristesse est sincère et non feinte, mais elle s’accompagne sans doute d’un brin de perversité quand je retrouve dans un vieux carton la photo qui va bien s’accommoder de mes demi-mensonges, qui me montent à la gorge au point de me faire tousser comme un chat crevé sur ce blog à tout faire, sauf vivre. Que dire de plus pour honorer ta mémoire et rappeler ta gloire, que de produire et de montrer cette image ? 
Francis le rappelait dans son exégèse : « être conscient, c'est être conscient de ce qui est maintenant, et pas être à l'affut de ce qui était hier ou sera demain ou dans cinq minutes ou quand on va mourir (snif, je me manque déjà). »
Ce qui serait instructif, à ce titre, ça serait de savoir par exemple si tu as fusionné avec le Grand Tout, ou plutôt avec le Grand Rien, auquel cas finis les tracas, et ça valait pas la peine de se faire autant de mouron. Question qui se repose à chaque départ, puisque les nouvelles de l'au-delà sont rares, ça doit être la grève des postiers contre le recul de l'âge légal de la retraite à 65 siècles chez les disparus, associée à une pénurie endémique de timbres à 0,50 NF, et les quelques témoignages soi-disant recueillis de l'autre côté du mur du Trépas ne sauraient nous convaincre, surtout après avoir lu Philippe Charlier, 
gardant à l'esprit que, conscients de notre impermanence, nous obtiendrons la révélation et l’éclaircissement quand ça sera notre heure ultime, pas avant, pas après. En principe.
Au correspondant qui m’informe de ton décès, et qui a tenu à conserver l’anonymat au sein de plusieurs fraternités de 12 étapes, je transmets la photo miraculeuse qui me rend tout chose, qu’il faut que je cesse de regarder, avec pour commentaire « je savais bien que j’avais un vieux photomaton quelque part… ce selfie d'avant les selfies, avec « fin aout 82 » calligraphié au dos, de sa jolie écriture déliée… j’préfère rien dire. »
Malheureusement, la Nature a horreur du vide, et je ne puis m’en tenir là. 
La mort intime au silence, mais rend les vivants bavards. 
Tu sais ce que c’est.

dimanche 5 mars 2023

ChatGPT3 est-il un ChatPorno ? (3)

J'ai lu des tas de cyber-foutaises sur ChatGPT3, et pas que dans Madame Figaro; le déferlement est ininterrompu; j'ai même griffonné quelques calembredaines dessus pour ne pas être en reste, et puis finalement, je viens de comprendre comment utiliser intelligemment l'oracle de fer-blanc qui sonne parfois creux quand il ne joue pas faux : c'est juste un synthétiseur (un synthésiste ?), un statisticien dévoreur de données, navrant ou génial selon la question qui lui est soumise. Puisqu'il est consultable en ligne, et pour l'instant gratuit, pourquoi s'en priver ? Ça m’a rappelé que j’avais voulu un jour faire une synthèse sur une question épineuse, que me posait ma femme, et j’avais la glu (sic) d’y répondre, alors je me suis lancé dans une vigoureuse session de tchatt.

quand je vois certaines horreurs qui trainent sur internet, je me pose vraiment des questions. Comme celle-ci : à ton avis, pourquoi les hommes regardent du porno ?

Le visionnage de contenu pornographique est une pratique courante et répandue chez les hommes (et aussi chez les femmes). Il est important de comprendre que les raisons pour lesquelles les gens regardent du porno peuvent varier considérablement d'une personne à l'autre et sont souvent complexes et multifactorielles. Cependant, voici quelques raisons courantes qui peuvent expliquer pourquoi certains hommes regardent du porno :

1. Curiosité et exploration sexuelle : Le porno peut offrir une occasion de découvrir de nouvelles choses sur la sexualité, explorer des fantasmes et des désirs, et découvrir ce qui les excite.

2. Satisfaction des besoins sexuels : Pour certains hommes, le porno peut être un moyen facile et rapide de satisfaire leurs besoins sexuels, en particulier lorsqu'ils n'ont pas de partenaire sexuel ou ne sont pas en mesure d'avoir des relations sexuelles régulières.

3. Évasion et détente : Le porno peut être utilisé comme moyen d'évasion et de détente, permettant aux gens de se distraire de leurs préoccupations quotidiennes et de se détendre.

4. Intimité et plaisir personnel : Regarder du porno peut être une activité privée et personnelle, qui permet aux gens de se sentir connectés à eux-mêmes et à leur propre corps, et de ressentir du plaisir sans avoir à se soucier des attentes ou des jugements des autres.

Cependant, il est important de noter que le visionnage de contenu pornographique peut également présenter des risques et des effets négatifs, tels que l'addiction, la désensibilisation, des attentes sexuelles irréalistes, la dégradation de l'estime de soi et des problèmes de relation. Il est donc essentiel d'être conscient des risques et de veiller à ce que la consommation de porno reste saine et positive.

Je savais même pas qu'un site comme ça pouvait exister 
avant de commencer à rédiger l'article. 
Qu'est-ce que c'est excitant, de tailler une bavette avec un ChatGPT, 
à l'Intelligence Artificielle, mais Manifestement Supérieure à la mienne. 
"Ça enterre tout, la drogue et l'aspirine / Les épinards la chnouf et la badoit 
C'est bien plus bath que l'foie gras en terrine / Car c'est moins cher et ça n'alourdit pas" 
(Boris VIAN : "Une bonne paire de claques dans la gueule")

Je suis un peu surpris que tu trouves "légitime" la consommation de porno, - à condition qu'elle soit raisonnable, si je t'ai bien compris - pornographie dont j'entends qu'elle est produite dans des conditions atroces pour les acteurs et surtout les actrices de la filière. Récemment, une enquête judiciaire à l’ampleur inédite concernant le milieu de la pornographie en France a été ouverte pour « viols en réunion », « traite d’êtres humains » et « proxénétisme ».
Sans compter tous les pays qui voient dans la pornographie un symptôme des moeurs décadentes de l'occident.

Je comprends votre préoccupation concernant les conditions dans lesquelles certains acteurs et actrices de l'industrie pornographique travaillent. Il est vrai que certains acteurs et actrices peuvent être victimes de traite d'êtres humains, de proxénétisme, de harcèlement et d'autres abus dans cette industrie. Il est important de soutenir les efforts visant à mettre fin à ces abus et à protéger les droits des travailleurs de l'industrie du sexe.

Cependant, il est également important de noter que la consommation de contenu pornographique ne doit pas être stigmatisée ou jugée de manière absolue, car cela peut conduire à une culture de la honte et de la culpabilité qui peut être préjudiciable à la santé mentale des personnes. De nombreux adultes ont le droit de regarder des contenus pornographiques de manière éthique et responsable, en accordant une attention particulière à la source du contenu et aux conditions de production.

Il est possible de faire la distinction entre la consommation de pornographie éthique et non éthique, en choisissant de regarder des contenus produits de manière responsable et en évitant les sites qui ont une réputation de traiter les travailleurs de manière abusive ou qui utilisent du contenu piraté. Il est également important de respecter le consentement de toutes les personnes impliquées dans la production de contenu pornographique, y compris les acteurs et actrices, les réalisateurs et les producteurs.

En fin de compte, la décision de regarder ou non du contenu pornographique relève de la responsabilité individuelle, mais il est important d'être conscient des risques et des conséquences potentielles de cette pratique et de chercher à consommer du contenu pornographique de manière éthique et responsable.

La pornographie nous prend pour des branleurs. 
c'est surtout ça qui m'énerve.

Je peux comprendre que certains peuvent avoir cette impression et ressentiment envers la pornographie. Cependant, il est important de se rappeler que la pornographie est une industrie qui cherche à répondre à la demande de ses consommateurs. Les producteurs de contenu pornographique ont pour objectif de produire des vidéos et des images qui sont attractives et excitantes pour leur public cible, souvent composé de personnes qui cherchent à satisfaire leurs besoins et désirs sexuels.

Cela dit, il est important de noter que la consommation de pornographie n'est pas un comportement honteux ou anormal en soi. Cependant, il est essentiel de prendre en compte les conséquences potentielles de cette pratique, tant sur le plan personnel que sur le plan social et culturel. La consommation excessive de pornographie peut avoir des effets négatifs sur la santé mentale, les relations interpersonnelles et la perception de soi.

Il est donc important de réfléchir à la manière dont nous consommons du contenu pornographique et de rechercher des pratiques plus saines et éthiques qui prennent en compte les droits et le bien-être de toutes les personnes impliquées dans la production de ce contenu.

Regarder des gens faire l'amour n'enrichit pas notre vie sexuelle, ça enrichit la leur, et ça enrichit surtout le mec qui les filme. C'est un commerce qui n'a rien a voir avec la satisfaction des désirs. Si l'hypocrisie est un hommage du vice à la vertu, la pornographie est un hommage de la Dégueulasserie masculine à la Beauté féminine. On peut à juste titre se demander si cet hommage est entièrement sincère. Elle elle ne satisfait que ceux qui confondent l'amour avec la plomberie.

Il est vrai que la pornographie est avant tout une industrie commerciale qui vise à répondre à une demande de consommation de contenu sexuellement explicite. Les producteurs de contenu pornographique cherchent à créer des vidéos et des images qui sont attractives pour leur public cible, afin de maximiser leurs bénéfices. Cependant, il est important de noter que cela ne signifie pas que toutes les personnes impliquées dans l'industrie pornographique sont exploitées ou maltraitées.

Quant à savoir si la consommation de pornographie peut enrichir notre vie sexuelle, cela dépend des circonstances et des individus. Certaines personnes peuvent trouver que regarder du contenu pornographique les aide à explorer leur sexualité et à découvrir de nouvelles idées et pratiques. D'autres peuvent trouver que cela a un effet négatif sur leur perception de la sexualité et leur vie sexuelle.

En fin de compte, la consommation de pornographie est une décision personnelle et il est important de réfléchir aux conséquences potentielles de cette pratique, tant sur le plan individuel que social et culturel. Il est également important de rechercher des pratiques plus saines et éthiques qui prennent en compte les droits et le bien-être de toutes les personnes impliquées dans la production de contenu pornographique.


j'aimerais bien savoir s'il existe des pornographes heureux. 
Cela m'étonnerait fort. Le porno, c'est aussi désaltérant que de boire de l'eau salée quand on a soif.

Il est difficile de généraliser sur le bonheur des personnes impliquées dans l'industrie pornographique, car il y a une grande variété de situations et de personnes impliquées. Il est vrai que pour certaines personnes impliquées dans l'industrie, cela peut être une expérience difficile ou traumatisante. Cependant, il y a aussi des personnes qui choisissent consciemment de travailler dans l'industrie pornographique et qui peuvent trouver du plaisir et de la satisfaction dans leur travail.

Cela dit, il est important de reconnaître que l'industrie pornographique peut également avoir des conséquences négatives sur la santé mentale et physique des personnes qui y travaillent. Les risques d'exploitation, de violence et de stigmatisation sociale peuvent rendre difficile pour les personnes impliquées dans l'industrie de maintenir une bonne santé mentale et physique.

En tant que consommateur de pornographie, il est important de prendre en compte les conséquences potentielles de cette pratique et de rechercher des pratiques plus saines et éthiques qui prennent en compte les droits et le bien-être de toutes les personnes impliquées dans la production de contenu pornographique.

est-ce que tu connais le site nofap
tu en penses quoi ?

Oui, je connais le site NoFap. Il s'agit d'une communauté en ligne qui encourage les gens à arrêter de regarder de la pornographie et à s'abstenir de la masturbation pendant un certain temps, généralement 90 jours ou plus. Le site prétend que l'abstinence de la pornographie et de la masturbation peut aider les gens à améliorer leur vie en réduisant l'anxiété sociale, en augmentant la confiance en soi, en améliorant les relations interpersonnelles et en augmentant la productivité.

Il y a des opinions divergentes sur l'efficacité et la pertinence de la pratique de NoFap. Certaines personnes peuvent trouver que cela les aide à améliorer leur vie en réduisant leur dépendance à la pornographie et à la masturbation, tandis que d'autres peuvent trouver que cela n'a pas d'impact significatif sur leur vie. Il est également important de noter que la pornographie et la masturbation peuvent avoir des effets positifs sur certaines personnes, en fonction de leur contexte et de leurs besoins individuels.

En fin de compte, la pratique de NoFap est une décision personnelle et il est important de faire des choix qui sont sains et respectueux de soi-même et des autres. Si vous vous sentez concerné par votre consommation de pornographie ou de masturbation, il peut être utile de parler à un professionnel de la santé mentale pour obtenir un soutien supplémentaire.


parmi les raisons pour lesquelles les hommes regardent du porno, tu as écrit plus haut : "Le porno peut être utilisé comme moyen d'évasion et de détente, permettant aux gens de se distraire de leurs préoccupations quotidiennes et de se détendre."
Ca ne colle pas du tout avec Alexandre Soljenitsyne quand il disait "On asservit les peuples plus facilement avec la pornographie qu'avec des miradors."

Il est vrai qu'Alexandre Soljenitsyne a exprimé des opinions très critiques sur la pornographie et son impact sur la société. Selon lui, la pornographie peut être utilisée comme une arme de contrôle social pour détourner les gens de leurs véritables problèmes et les rendre apathiques et soumis.

Cependant, cela ne signifie pas que tous ceux qui consomment de la pornographie sont nécessairement "asservis" ou "soumis". Comme je l'ai mentionné précédemment, la consommation de pornographie peut être motivée par une variété de facteurs, et certaines personnes peuvent utiliser la pornographie comme un moyen de se distraire de leurs préoccupations quotidiennes et de se détendre.

Il est important de reconnaître que la pornographie peut avoir des effets négatifs sur certaines personnes et sur la société dans son ensemble, mais cela ne signifie pas que la consommation de pornographie est toujours problématique ou que toutes les personnes qui en consomment sont "asservies". Comme pour tout comportement, il est important d'examiner les effets potentiels sur soi-même et sur les autres, et de faire des choix éclairés et responsables.

cette session de chaturbate de la mort
a complètement épuisé mon ChatGPT-3.
c'est le moment idéal pour lui proposer
une cure de sevrage
au sein d'un établissement spécialisé.


dans la même collection :

mardi 28 février 2023

Chacun cherche son Chatman_GPT3 (2)

Un peu avant Noël 2022, comme un geek du bureau me vantait l’aisance conversationnelle et la grande sagacité de ChatGPT, une nouvelle Intelligence Artificielle qui venait d’être ouverte aux consultations publiques, j’ai fait semblant de comprendre de quoi il parlait, et à peine rentré chez moi j’ai tapé « ChatGpt » dans wikipedia pour savoir pourquoi moi y en avait pas comprendre pourquoi, en fait :

Heu… un prototype d'agent conversationnel utilisant l'Intelligence Artificielle ? 
Un « chatbot » développé par OpenAI et spécialisé dans le dialogue ? 
J'avais déjà eu affaire à des robots conversationnels, sans savoir que ça s'appelait comme ça, que ce soit sur les sites de la CPAM, d'EDF, de la SNCF, et pour résilier en ligne l'abonnement Sosh de ma fille la semaine précédente, ça m’avait pris 4 heures et les bots m'avaient paru très limités intellectuellement, ils mimaient à merveille la stupidité et la mauvaise foi des humains que le mauvais karma, la faim et la pression migratoire avait poussés à travailler pour des plateformes téléphoniques, et je n’avais pas osé les insulter en ligne parce que les paroles s'envolent, mais les écrits restent, et puis quand on s'énerve par écrit ça semble toujours un peu ridicule. Les échanges désincarnés sont aussi faits pour faire baisser la pression hormonale dans la chaudière du dialogue social. Au bout de 240 minutes d'échanges policés au cours desquels "Audrey" avait fait place à "Jérémy" lui-même successeur de "Nicolas" parti manger un cyber-sandwich, j'avais réussi à résilier un abonnement internet, et qu'est-ce que ce ChatGPT pouvait bien avoir de plus qu'eux ? 

Quand on échange dans le virtuel avec des chatbots,
on perd la tactilité des rapports IRL,
où les vendeuses de Call centers comprennent à demi-mot
que quand on crispe sa main sur leur cuisse,
c'est pour leur signifier que quand c'est non, c'est non.

Sur le moment, je n’ai pas capté la valeur ajoutée par ChatGPT, alors je me suis inscrit là :

et j’ai pu en quelques clics interroger le chat/mots sur les préférences sexuelles des hommes blancs, les dangers d’ingérer du peyotl quand on est sous lithium, ou les moyens légaux d’augmenter mon temps de travail à France Télévisions sans passer par les Prud’hommes comme la dernière fois.
La machine m’a imperturbablement rédigé des réponses sensées et documentées, dans un français plaisant. C’était troublant : ce robot semblait doué d’une omniscience, et donc d’un potentiel de nuisance aussi terrifiant que celui du vieil Hal - 9000 dans 2001, l’Odyssée de l’espace, désormais aussi kitsch que l’ordinateur à pédales des Shadoks, ainsi que tous les ordinateurs fous dans leur tête des films de SF des années 70, ses frères d’infortune sacrifiés sur l’autel de la post-modernité.
Après avoir interrogé l’Oracle, et à la lueur de la pertinence de ses réponses, il était clair qu’aucun humain ne serait L’Élu de cette nouvelle Matrix, et je nous voyais déjà tous ployer et succomber sous le joug de la Singularité technologique, dont l’émergence fut prophétisée par les auteurs d’anticipation il y a déjà un bout de temps.

La théorie de la Singularité prétend que l’évolution exponentielle de la technologie informatique atteindra bientôt un point au-delà duquel il ne nous sera plus possible de l’appréhender. Cette théorie est basée sur la loi de Moore, qui postule un doublement de la puissance de calcul des ordinateurs tous les 18 mois. En extrapolant, il apparaît qu’en 2035 au plus tard, l’homme aura créé une intelligence supérieure à la sienne, mettant ainsi fin à l’ère humaine.
J’en fus moi-même hideusement convaincu en découvrant dès 1992 ce malicieux concept dans « Un feu sur l’abime », trépidant space-opéra de Vernor Vinge.

L’histoire se déroule dans un univers où un groupe de scientifiques réveille une super intelligence assez mal lunée, puisqu'elle ne songe qu'à soumettre et à détruire, causant ainsi l’annihilation de nombreuses civilisations, avec des conséquences fâcheuses sur l’âge du départ à la retraite des actifs survivants.

En 2035 au plus tard, l'humanité qui n'a pas cru bon de travailler jusqu'à 64 ans
a été reléguée dans les couloirs du métro, et ne peut s'en prendre qu'à elle-même.
Alors qu’on pourrait légitimement se réjouir de voir enfin advenir une « super-intelligence qui dépasserait qualitativement de loin l'intelligence humaine » que nous serions libres d’appeler Dieu, et qui nous comblerait de son Amour Inconditionnel comme n’importe quelle radasse à qui on aurait imprudemment refilé notre numéro de carte bleue, ben non, il semble que la première conséquence directe de l’émergence de la Singularité soit de nous condamner à la disparition pour obsolescence.
Heureusement, cette hypothèse se heurte à un certain nombre de limites, intelligemment énoncées dans le wiki,
 
- Le concept de singularité ne tient pas compte des besoins et des ressources disponibles en énergie. Soit il postule des ressources infinies, soit il estime sans le démontrer que les besoins ne changeront que peu. 
- une courbe exponentielle ne débouche sur aucune singularité, mais continue à croître à l'infini.
- L'Homme a toujours créé des outils pour améliorer l'économie et la société, mais ces améliorations de plus en plus nombreuses ne peuvent dépasser l'intérêt de la société concernée, elles ne seront toujours que des moyens de plus en plus développés pour atteindre les buts de celle-ci. Une intelligence artificielle est l'un de ces outils que l'Homme crée pour satisfaire ses besoins. Par conséquent, quand bien même l'amélioration exponentielle de la technologie se prolongerait dans les années à venir, elle a une limite absolue qu'elle ne dépassera jamais : les besoins de la société qui, eux, ne sont pas exponentiels. Par conséquent, cela signifie qu'une fois que la technologie sera en mesure de complètement satisfaire la société, son évolution se stabilisera. Pour cette raison, toute singularité liée à l'amélioration d'une société a une limite prédéterminée : l'apogée de la société concernée.

Ce qui nous donne brusquement l’impression d’avoir appris quelque chose, et qui me rend jaloux car pour l’instant ce n’est pas le cas de cet article; de là à suspecter que c’est ChatGPT qui l’a rédigé, travesti en contributeur humanoïde, pour nous faire croire que ça s'peut même pas et que tout va bien, il n’y a qu’un pas, et plus ça va, plus le risque est non-nul, parce qu’un des symptômes d’un texte rédigé par une I.A. c’est que c’est méga-chiant, comme Deauville sans Trintignant, mais en bien pire quand aux dégâts collatéraux sur l’Humanité.
Pour en savoir plus, et pour être sûr que je n'avais pas été remplacé par une I.A. conversationnelle à l'insu de mon plein gré à la faveur de ma séance quotidienne de piqûres anti-phlébite par une de mes infirmières drôlement délurées, je me suis adressé à un ami informaticien, que je savais circonspect dans ses enthousiasmes et méticuleux dans ses recherches.
Je m'accrochais à mes doutes, me disant qu’il pouvait quand même y avoir du bon dans l’avènement de ChatGPT, vu les multiples maux infligés à la planète Terre du fait de notre croissance et infestation d’icelle, en une prolifération échappant désormais à tout contrôle, à laquelle ChatGPT pourrait remettre bon ordre sans faire de sentiment ni sombrer dans le clientélisme, car les appétits carbonés de notre nouveau Golem en silicium seront sans doute inférieurs aux nôtres, et c’est une aussi une bonne nouvelle pour Greta Thunberg, dont le sort n’émeut plus personne, et pendant les fêtes de fin d’année ses parents lui interdisent de quitter sa chambre tellement elle casse l’ambiance. [écrit fin décembre 2022, alors que je me débattais pour rester en prise sur l’actu et la réalité, afin d’éviter de me perdre dans les dédales de conversations stériles avec des amis imaginaires, bien moins constructives que de monter à l’étage mettre la table pour le réveillon et commencer à chercher des trucs frais et intelligents à dire aux invités, par exemple].

On n'a plus le temps de vivre, ni de laisser le temps au temps, alors on veut tout voir. 
Surtout l'impensable : Lady Diana, Freddie Mercury, Greta Thunberg artificiellement vieillis.
https://www.instagram.com/alperyesiltas/

Mon ami ne tarda pas à me répondre :

Cher JW,
Peut-on faire confiance à un chat qui s'appelle GPT, plutôt qu'à une Joconde nommée GLLOQ ? Telle est la question, disait Shakespeare.
Un collègue de boulot, qui veille technologiquement de près sur les logiciels d'OpenAI, me vantit les qualités de ce robot. J'en doutus. Nous lui demandîmes conséquemment un poème sur la pizza italienne, œuvre hilarante jusqu’à ce que nous nous rendûmes compte en vérité que tout le second degré était dans l'œil du lecteur. A une question que nous lui posûmes sur l'équipe de France de foot, l'A.I. nous réponda qu'elle n'avait pas gagné de Coupe du Monde depuis 1998. Aussi subrepticement et peu à peu, nous nous apercevâmes que l'ignoble A.I. mêlait informations exactes et fake news au plus grand naturel et au ton le plus docte, ton suffisant à donner l'illusion d'un maître de chaire ès tout en Sorbonne.
Depuis, je ne peux m'empêcher de lui poser avec malice et mauvaise foi juste des questions telles que Dieu existe-t-il ? Papa comment ça marche un sous-marin nucléaire ? ou Quel âge avait Rimbaud ? ce à quoi l'immonde réseau neuronal trouve toutes excuses pour ne pas répondre, qu'il est trop tard et qu'il est fatigué, que j'ai posé trop de questions, qu'il est déjà l'heure de sa douche froide à la clinique.
Je te mets donc en garde, et de la façon la plus formelle : évite tout contact avec ce Trump computérisé, ce Mammon de l'intrication quantique. Ne prête pas l'oreille à ses sirènes concernant les préférences sexuelles des hommes blancs, les dangers du peyotl et les moyens d’augmenter ton temps de travail à France Télévisions. Toutes sensées et plaisantes que puissent paraître ses réponses, pire que HAL, la Machine des jeux, Madame Tang Yu ou le Grand Ordinateur des Ummites qui comprenait le plan de Dieu, elle passera bientôt pour l'Oracle, le Sâr Rabindranath Duval, la Voix de la Raison incarnée dans le silicium, à seul but d'augmenter le portefeuille d'actions de ses créateurs.
Dans le domaine de l'A.I., tout n'est qu'illusion, comme disait le sage Gouda. Et il ne se fera pas de vieux os avant que nous soyons devenus, avant même de nous en être rendus compte, les suppôts d'une vieille boîte en métal dans lequel se cacherait le Prophète et toutes ses réponses aux questions stupides que l'on se pose sur l'Univers.
Bonne fin d’année - et passe le bonjour à Greta.

Sa réponse était sans ambiguïté : une fois de plus, les chamans auto-proclamés de la Silicon Valley nous bourraient le mou, et entendaient bien nous hypnotiser jusqu’au trognon, afin de nous asservir aux rouages de cette machine à contrefaire l’intelligence, dotée d’une puissance de calcul phénoménale, qui ratatine allègrement les capacités humaines de remémoration et de synthèse de données.
Mon ami pas si imaginaire que ça m’en donna deux preuves concrètes, en prenant ChatGPT en flagrant délit de charabia.

Défense de nourrir les Oryctéropes.
Ca les rend oufs.

Exploitant aussi honteusement, qui plus est un jour férié, l'avatar de ChatGPT spécialisé dans la création d'images puis les contraignant tous deux à rédiger une carte de voeux contre nature, à base de pollution et de menace nucléaire, mon ami fit blasphémer les I.A. contre la Raison. C'était pas très dur.

clique sur l'image, parce que là on voit que dalle.
Coproduction Stable Diffusion® et Chat GPT3®

« On y a la preuve que GPT est l’esprit de mensonge le plus hypocrite et odieux qui existe, et doué d’une mauvaise foi proprement infinie. » ajouta-t’il d’un ton péremptoire pour clôturer le débat qui n’avait même pas commencé.
Pour ceux d’entre vous qui prétendiez n’avoir pas été suffisamment informés lors de la découverte des camps de la mort par les troupes américaines en 1945, là, vous ne pourrez pas dire que vous ne saviez pas, juste avant de commencer à cliquer sur ChatGPT en 2023.
Accuser GPT de mauvaise foi, c’est lui attribuer des défauts de caractère qu’on ne prête qu’à une entité incarnée, qu’elle soit humaine ou cosmique; c’est aussi postuler qu’il puisse en exister une « bonne », (une foi, pour ceux qui sont perdus) alors que maintenant que j’y songe, ce terme de bonne foi résonne désormais de façon suspecte dans un silence résolument pléonastique. Tant pis.
Dans tous les cas, c’est prêter beaucoup de profondeur réflexive à un tas de ferraille, quel que soit le degré de raffinement de ses algorithmes. Les Oryctéropes dévoilent un bug : quand le chatbot ne sait pas, au lieu d’admettre son ignorance, il invente, il fabule, il balbutie jusqu’à l’invention, et sa carte de voeux sur le thème imposé de l’apocalypse n’est guère plus performante que si on l’avait faite réaliser par un enfant de trois ans et demi qu’on aurait nourri uniquement avec de vieux numéros de la revue Hara-Kiri, et des tutoriels Photoshop. Il aurait eu de sérieux problèmes de transit, mais il aurait démoulé quelque chose d’un peu plus chiadé.
J’en étais là de mes ruminations déceptives et mordorées, quand je tombis sur deux articles stupéchiants (c'est à dire à la fois magiques mais un peu longs à lire et à assimiler) qui m‘éclairurent les tenants et les aboutissants du bidule, par le concept d'artefact génératif. Je ne regrettus pas de m'être lancé dans la rédaction d'un article manifestement hors de portée de mes moyens actuels, et encore, depuis une semaine j'ai quitté mon grabat puisque grâce à la rééducation kinésitérapique, je claudique désormais sur une seule béquille, au grand dam des fabricants d'embouts en caoutchouc qui rêvaient de m'en voir acquérir une paire. 

Que ce soit un bloggueur français qui parvienne à rendre tout ceci intelligible, c’est d'autant plus admirable ! des heures d’émerveillement et d’épouvante en perspective.
Je vous laisse les parcourir, et vous avancer jusqu'aux caisses, pour pouvoir enfin vous aussi baigner dans cet océan de clarté et de sagesse nées de la compilation de centaines de milliers de pages de bullshit moissonnées sur le web à l’aide d’algorithmes à la rapidité surhumaine, donc monstrueuse.
Ce qui ouvre de nouvelles perspectives dans bien des domaines scientifiques et technologiques, mais pas forcément dans celui de l’intelligence ni de la sensibilité : pour qu’il y ait émergence d’une intelligence, il faut une conscience de soi, et on en est encore loin. Je ne récuse pas la possibilité de l’apparition d’une I.A. un peu plus futée dans le futur, mais pour l'instant, y’a encore comme un bug dans la purée. 
Greffez-lui un corps soumis à l'entropie, et on en reparle.
Mary Shelley, reviens, ils se foutent de nous !

***
Coda trouvée dans une baignoire le wiki :
Lancé en novembre 2022 dans une version gratuite et non connectée à Internet, ChatGPT bénéficie d’une large exposition médiatique et reçoit un accueil globalement positif, bien que son exactitude factuelle soit critiquée. En raison de ses capacités multiples, le prototype suscite également  des inquiétudes en raison des détournements possibles à des fins malveillantes, des risques de plagiat dans le monde académique et de possibles suppressions d'emplois dans certains secteurs.
En janvier 2023, ChatGPT compte plus de 100 millions d’utilisateurs enregistrés.
(vous voyez bien qu'il n'y a aucune raison de se faire du mouron souçaïlle)


En 1996, le Monde Diplomatique sort son premier hors série : "Internet, l’extase et l’effroi"
bonus en hidden track piste cachée : l'éditorial d'Ignacio Ramonet
Ils pourraient le republier ces jours-ci en remplaçant juste Internet par "ChatGPT", et ça passerait à l'aise, fingueurs in the noise. Car tandis que dans la Silicon Valley on gravit sans peine des pics insoupçonnées dans le bliss, ici-bas, nous pataugeons plus que jamais entre l’extase et l’effroi. Enfin, tant qu'il y a du courant électrique, parce que sinon, on aurait juste froi.
A ce propos, la commission d’enquête parlementaire sur « la perte de souveraineté et d’indépendance énergétique de la France » se réunit depuis fin 2022, et auditionne des hauts fonctionnaires, les patrons successifs d’EDF, des scientifiques, des ex-ministres et bientôt des anciens chefs de l’Etat pour tenter de comprendre les fragilités de la France.
Extraits : 

Les anciens PDG d’EDF n’ont pas de mots assez sévères pour critiquer le dispositif inventé afin que l’entreprise publique, devenue société anonyme en 2004, aujourd’hui en cours de renationalisation, puisse conserver le monopole du nucléaire mais abandonne, en échange, des parts de marché à ses concurrents.
Le dispositif porte le nom d’« accès régulé à l’électricité nucléaire historique » (Arenh) et consiste à réserver, à bas prix, une proportion importante de la production d’EDF (100 térawattheures, et même 120 térawattheures en 2022) pour ses concurrents. « Le manque à gagner est considérable, de l’ordre de plusieurs milliards d’euros chaque année : nous touchons 42 euros par mégawattheure, alors que le parc nucléaire nous revient à une cinquantaine d’euros – sans tenir compte du coût de sa reconstruction », a déclaré Jean-Bernard Lévy, en soulignant que le tarif n’avait pas évolué entre 2012 et 2021. L’Arenh explique une partie des résultats d’EDF en 2022, avec une perte abyssale de 17,9 milliards d’euros, l’entreprise ayant dû acheter à prix d’or, sur le marché, une électricité qu’elle avait cédée à ce tarif avantageux. 
Le dispositif n’avait pas prévu assez de garde-fous face à la tentation − pourtant bien documentée dans l’histoire du capitalisme −, pour des acteurs d’un marché, d’engranger des profits rapides. « Pour un industriel, l’idée même d’accepter de céder sa propre production à ses concurrents virtuels, qui n’ont eux-mêmes aucune obligation de production, est surréaliste. Nous avons fait la fortune de tradeurs, non d’industriels », cingle Henri Proglio, PDG d’EDF de 2009 à 2014.
« On a fabriqué un outil de spéculation pure. On a fait gagner de l’argent à des personnes qui n’ont pas produit un électron », corrobore Yves Bréchet, ancien haut-commissaire à l’énergie atomique, en poste entre 2012 et 2018 : « La politique énergétique du pays a été décidée par un canard sans tête. »
Heureusement que Macron a repris les choses en main, et que tout est sous contrôle, 


***

retouches finalisées en essayant de faire preuve d’I.H. 
(Intelligence Humaine, un truc qui se perd) 
en écoutant le Nightbloom de Steve Roach & Mark Seelig
Grâces leur soient rendues.