L'abandon de FCP 7 par Apple en 2011 a surpris plus d'un monteur-truquiste. Ca marchait trop bien ! Ergonomie et productivité étaient au rendez-vous.
J'ai attendu 4 ans, et d'avoir de sérieux problèmes avec, du fait de sa compatibilité déclinante avec Mac OS X, pour chercher un remplaçant qui monte / mixe / truque / archive aussi bien les projets; les solutions alternatives existaient : son bâtard illégitime FCP X, Avid, Première... Comme on truque beaucoup avec Motion par chez nous, malgré les mauvais échos que j'avais sur les premières moutures de FCP X, j'ai voulu tenter le coup. Prise en main déroutante : disparition des in-out et des pistes vidéo et audio au profit de scénarios (principal et secondaires). Toutes les fonctions un peu sympa semblaient avoir disparu, au profit d'autres, nettement plus absconses.
Plusieurs tutoriels m’ont convaincu de l’urgence d’attendre, jusqu’à ce je tombe sur celui de
Martin Gosset qui m'a redonné la fibre pédagogique avec son site "Dans les chaussettes de FCP X" (devenu depuis « dans les baskets »…)
Non seulement j’ai retrouvé mes petits, mais la logique industrielle de ma Très Petite Entreprise m’a conduit à rechercher des solutions pour pallier à l’absence d’une fonction pourtant bien pratique : la Consolidation, c’est à dire le fait d’archiver après montage la partie utile des rushes exploités.
Voici donc le premier chapitre de "Dans le calbute de FCP X"
0/ Contexte
En institutionnel, il arrive que des clients nous demandent une nouvelle version d’un film, ou de réexploiter tout ou partie d’un film monté sous une forme inédite, parfois des siècles après sa sortie. C’est pourquoi nous archivons tous nos films. Nous essayons de conserver un maximum de souplesse à ces archives, et de réduire au maximum le poids de ces archives après montage, pour ne pas avoir à gérer des Téraflops de données.
Voici donc une méthode qui marche pour ne conserver que la partie utile des rushes montés dans un film sous FCPX.
C’est assez fastidieux, mais ça permet de conserver une archive propre et légère, comme un projet anciennement consolidé avec FCP 7. Hormis les poignées (handles), qu'on pourrait générer, en compliquant un peu plus ce topique.
Rappelons-nous d'abord que FCP X recopie à priori l’intégralité des rushes qui ont servi au film.
Qu’il appelle ça une consolidation, par abus de langage, mais qu’en fait FCP X ne sait pas le faire.
On va donc devoir lui apprendre la propreté.
1/ Méthode : Déconstruire les séquences FCP X, et puis les reconstruire après.
Le principe général, c’est d’exporter les (groupes de) rushes montés, puis de les réimporter. C’est la seule solution que j’ai trouvée au problème.
Après montage, on crée des versions POUR CONSO des séquences finales à consolider.
Ces séquences POUR CONSO permettront de préparer le travail d’export des briques de base de la consolidation future; à l’intérieur de chacune de ces séquences on va regrouper les clips qu’on veut conserver « assemblés » (les "nouveaux" rushes, unités indivisibles de la consolidation future) et convertir ces groupes de clips sous forme de plans composés, que nous « consoliderons » en les exportant, puis en les réimportant plus tard dans de nouvelles copies, sinon ça sera le bazar.
Pourquoi et comment choisir les plans à regrouper ?
Je pars du principe que je n’ai aucune envie de me taper une consolidation plan par plan, qui consisterait à « ré-enrusher » l’ensemble du matériel. Je subirais sans doute le syndrome du démontage, affection psychologique sévère qui menace le petit peuple des monteurs tout comme la déréalisation (altération de la perception ou de l'expérience du monde extérieur qui apparaît étrange, irréel, et extérieur) affecte les réalisateurs.
Si c’est pour finir ma conso sous benzodiazépines, en aucun cas merci.
Donc je regroupe mes plans selon plusieurs critères objectifs :
Critère zéro : tous les plans cut sont associés au sein du même groupe.
Premier critère dissociatif :
- présence d’un fondu sur la piste ou d’un effet de transition entre deux clips :
Si je veux pouvoir « défondre » ultérieurement les deux plans, il vaut sans doute mieux créer deux plans composés de part et d’autre de la transition. Idem pour les plans truqués, qu’il faudra décomposer en autant de plans composés que nécessaire pour pouvoir réutiliser les originaux (si on veut pouvoir « détruquer » les plans plus tard… en restant prudent pour ne pas finir victime de "détruquage")
Idem sur les scénarios secondaires : si un groupe de plans d’illustrations commence en fondu sur la v2, pardon, sur un scénario secondaire, l’export de la « précomposition » ne se passe pas bien si on crée le plan composé en incluant le fondu d’entrée, qui gère l’opacité progressive du clip entrant sur la piste supérieure.
Il faut rentrer à l’intérieur du plan (= en excluant le fondu d’entrée) pour créer le plan composé.
- plusieurs plans d’illustrations sur une piste supérieure => plan composé. De cette façon on gardera un maximum de souplesse aux éléments, sachant que chaque segment va être exporté comme un film quicktime séparé, sans amorce ni paramètre d’opacité.
Second critère :
- présence d’un titre ou d’un élément truqué sur une piste supérieure : doit-on l’intégrer ou pas dans le plan composé ? Si oui il sera exporté dans le quicktime, et après, macache bono pour revenir modifier le Motion, (le titre, l’effet vignette…) exporté.
Il y a donc au fil de l’eau un certain nombre de plans individuels qu’il faudra se résoudre à exporter séparément, dès qu’on constate une complexité dans la séquence d’origine (plans avec effets, plans imbriqués…)
- Certains plans ne nécessitent pas d’être raccourcis à leur partie utilisée par un export :
Plans récurrents d’habillage, musiques… on les laisse alors tels quels dans le montage POUR CONSO, FCP X les recopiera dans le dossier media quand il fera sa propre consolidation.
Dès qu’on crée un plan composé, FCPX demande où le ranger. Il le place par défaut dans l’évènement des séquences de montage, on peut lui en désigner une autre (fastidieux) ou les déplacer après avoir généré l’ensemble des plans.
On les incrémente au moment de leur création :
« Nom de la séquence- pour conso-planXX »
2/ Exporter les média pour la consolidation
Une fois la déconstruction effectuée, on crée un évènement « POUR CONSO » à la racine du projet.
On rangera les plans composés dedans.
Chaque plan composé est ensuite exporté au format d’origine.
On les range dans la boite « POUR CONSO », ça fait plus propre.
Exemple : avec des rushes 5D au format h.264 => Fichier => Partager => Fichier master (défaut) => h264
On peut aussi utiliser Compressor, avec des settings différenciés (plans composés muets, plans avec du son)
Problème des plans truqués avec un effet de style « image » (pas de piste alpha générée au moment de l’export, mais l’image est vignettée par dessus une autre) :
- composer le plan
- décocher effets et attributs dans le plan composé
- exporter
- recoucher l’export par dessus
- recopier les effets et attributs
Ils sont forts, tabarnak !
Ca permet d'éviter de désosser les séquences truquées complexes.
Une fois tous les plans composés exportés, on crée des séquences CONSO en dupliquant les séquences POUR CONSO
- il vaut mieux multiplier les chances de vérification si on se plante et pouvoir revenir aux versions antérieures - on crée donc ces séquences CONSO, dans lesquelles on réimporte les exports, en deux temps : chaque export est glissé dans la piste vidéo supérieure du plan composé d’origine pour vérifier sa conformité, puis substitué à celui-ci par écrasement.
(Vérifications possibles dans les séquence d’origine XXX POUR CONSO)
Sous Finder, on crée ensuite dans le dossier client un dossier « consolidation » comprenant une bibliothèque XXX consolidé (le nom du projet client) assorti d’un dossier externe, dans lequel on rangera le cache du projet.
Au moment où l’on bascule les séquences « consolidées » dans la bibliothèque du projet XXX consolidé, il recopie les fichiers d’origine.
Le même travail fastidieux et ingrat peut et doit être effectué sur les plans d’illustrations sonores dont on n’a pas exploité l’image. Sinon au moment de la conformation automatique, FCPX recopiera l’ensemble des rushes images dont on a exploité les sons.
Arg. Essaie encore.
La seule différence procédurale, c’est qu’au niveau de l’export manuel on ne sortira que l’audio, et quand on réimportera l’aif dans le plan composé et qu’on écrasera l’original, faudra aussi le virer à la Mano parce qu’il applique un traitement spécifique aux sons et qu’il glisse les plans d’origine sur les pistes du dessous au lieu de les écraser.
Me demandez pas pourquoi, c’est pas moi qui ai écrit le logiciel.
A la fin du process, créer nouvelle bibliothèque « xxx conso », créer dedans un dossier externe pour ranger les rushes, puis déplacer les projets xxx conso dans cette bibliothèque, et ne pas oublier données multimédia > consolider, parce qu’en fin de process, on n’en peut plus et je me suis surpris à omettre cette phase plus souvent qu’à mon tour.
3/ Motion
Depuis la version 10.3, FCPX dispose enfin d’un outil de consolidation des fichiers Motion.
Propriétés de la bibliothèque => Contenu de Motion => dans la bibliothèque => consolider
Ca c’est facile, c’est Martin qui me l’a appris.
Des questions ?
[Edit du 04/02/2017]
Emu par ma triste condition de prolo du démontage et du détruquage du pixel, Martin me glisse l’info stupéfiante de l’arrivée prochaine sur le marché de
Worx4X, un plug forgé par des développeurs externes, qui permettra de consolider les séquences FCPX à partir d’un bête export XML.
Que la paix d’Allah soit sur lui.