Vous sentez-vous Charlie depuis le 7 janvier dernier ?
La rhétorique qui émane des défenseurs des valeurs de la République me met en colère. Il y a beaucoup d’hypocrisie derrière tout cela. Si la France était aussi attachée à sa liberté d’expression, pourquoi ne pas l’avoir protégée plus fortement ? Je me souviens, du temps de la fatwa lancée contre Salman Rushdie, des moyens de sécurité incroyables qui ont été déployés en Angleterre pour le protéger. Tout ça pour un seul homme !
Si la France considérait vraiment la liberté d’expression comme valeur suprême de la République, ce n’est pas un policier qu’il fallait mettre devant le siège de Charlie Hebdo ces dernières années, mais deux cents ! Je trouve qu’on a une vision très réactionnaire de cet attentat. On se réfère au passé, en arguant que la liberté d’expression est un droit de longue date. Mais c’est une idée du passé qui est totalement reconstruite. Il y a encore peu de temps, le blasphème était puni par la loi dans nos pays. Aujourd’hui, le Home Office peut très bien entrer dans cette maison, et nous dire d’arrêter cette interview, pour des raisons de sécurité. Ce serait légal. Donc la liberté d’expression totale est une illusion. Cela n’existe pas.
(...) On dit que le bon journalisme réveille les nantis installés dans leur confort, et réconforte les affligés. C’est pareil pour les caricaturistes. Comment les dessinateurs de Charlie Hebdo ont-ils pu croire qu’ils allaient réveiller les fondamentalistes avec leurs dessins et les faire revenir à la raison ? Ces attentats ont un lien avec la mondialisation. A l’heure d’Internet, de la liberté de circulation des informations, si on s’exprime publiquement, on prend la responsabilité d’être entendu n’importe où sur la planète, avec les conséquences que cela implique. La liberté d’expression n’est donc plus un simple enjeu national. Il faut prendre en compte ses répercussions dans le monde entier. Cela ne justifie bien sûr en rien la barbarie des terroristes. Mais cette barbarie ne pourra jamais être comprise. Elle vient de l’emprise du diable sur les hommes.
(...) Avez-vous déjà senti le diable prendre les commandes chez vous ?
Presque, quand j’avais sombré dans la drogue. Je trouvais alors que le diable avait un côté très glamour. Et en même temps, je me sentais proche de Dieu. L’être humain n’est qu’un animal. La drogue lui fait croire qu’il est Dieu. J’ai côtoyé personnellement des dealers, des gangsters, des tueurs, qui me fascinaient parce qu’ils étaient à mes yeux de véritables anarchistes. Au lieu d’être régis par la loi, ils étaient régis par leurs propres désirs. Or notre culture valorise les gens qui écoutent leurs envies profondes. Tout le monde a un rapport ambigu avec la violence. Quand elle a lieu dans les locaux de Charlie Hebdo, on la qualifie de barbarie, et quand elle s’expose dans les séries télé à 7 heures du soir, on appelle ça du divertissement. Si vous interrogez les spectateurs, ils diront qu’ils aiment seulement regarder cette violence, mais en réalité, au fond d’eux-mêmes, s’ils sont honnêtes, ils savent qu’ils aimeraient faire l’expérience de cette violence pour de vrai. Il y a une forme de pornographie là-dedans.
(...) Vous avez fait des séjours en hôpital psychiatrique. Quelle différence faites-vous entre l’emprise du diable et la folie ?
Certaines folies impliquent le diable, mais pas toutes. Le diable est toujours à l’intérieur de nous, et surgit si on n’est pas vigilant. Or la maladie mentale diminue la vigilance de l’individu. Mais en même temps, elle met un tel désordre dans l’esprit qu’il n’y a plus de place pour le diable. Savez-vous que le taux de criminalité chez les psychotiques est nettement plus bas que dans la population normale ? Si vous avez des voix dans la tête, vous êtes tellement désorienté que vous n’avez pas de temps à accorder au diable.
(...) Pour résister à la folie, il faut être honnête sur ce qu’on sait et ce qu’on ne sait pas. De ce point de vue-là, la France est une société bien meilleure que l’Angleterre. Votre culture prend la philosophie très au sérieux. La nôtre, non. L’Angleterre est une nation naïve, pleine de gens qui croient que le monde est tel qu’ils le perçoivent, ce qui est finalement assez proche de la folie.
De Will Self, je n'ai lu pour l'instant que sa Théorie quantitative de la démence, ainsi que Les Grands Singes, ma foi plein de surprises.
Je m'attaquerais bien au Livre de Dave, qui a l'air auto-blasphématoire comme je les aime.
Les suppléments illustrés de la revue de presse maléfique, pack méga-bonus à 9,99 € :
Un article sur DSK
Un autre article sur DSK
Un troisième article sur DSK
Un quatrième article sur le libre libertin et ses honteux serviteurs, mais franchement, je trouve votre insistance un peu pénible et pour tout dire suspecte.
Commentaire lu dans le premier article :
Hier soir Paul, mon voisin et ami, regardait sa boîte à lettre inquiet, il craint d'être licencié, son entreprise va mal. 54 ans deux enfants au chômage , une femme partie, un loyer à payer des bouches à nourrir. Quand il est venu chez moi on parlait de DSK à la télé et de ce procès concernant " ces personnes pleines de relation, qui ont de l'argent et qui ont pris les décisions que nous subissons" comme il dit.
Muet il a regardé la télé, serré les points et c'est mis à pleurer en sanglots"
"50 nuances de gore", le Billet de Sophia Aram (feat. François Morel), qui me redonne espoir dans les satiristes :
http://youtu.be/36b0wXmyrL0
Démon de Charlie vs démon de midi
DSK vs Jean-Cule LaHaie
Muet il a regardé la télé, serré les points et c'est mis à pleurer en sanglots"
"50 nuances de gore", le Billet de Sophia Aram (feat. François Morel), qui me redonne espoir dans les satiristes :
http://youtu.be/36b0wXmyrL0
Démon de Charlie vs démon de midi
DSK vs Jean-Cule LaHaie
et pour finir, le coin du petit auto-enculé, pour complaire à nos lecteurs les plus skates hauts, qui m’observent et me jugent sans doute au travers du miroir de leur propre voyeurisme :
Plantu (dans son Q), un billet brocardant Plantu brocardant Charb avec une mauvaise foi réjouissante ou affligeante selon le point de vue du lecteur qui s'aventurera à faire l'effort intellectuel insensé d'y apporter ses lumières intérieures.