De : "Francis Lebrun"
Objet : [conscience-lucidite]
Une histoire belge.
C’est un Belge, qui, bien que belge, décide de trouver la nature de son propre esprit. Comme il est très motivé, et qu’il en a marre de vivre dans un pays où on ne voit jamais le soleil, il revend sa maison, sa voiture et sa femme, et il part en Inde à la recherche d’un gourou.
Arrivé en Inde, comme il est belge, donc naïf, il tombe bien entendu sur un faux gourou, un escroc qui exploite la crédulité de ses disciples en se faisant passer pour le successeur de Sat Prem Devi, la grande prêtresse du tantrisme du membre gauche.
Les années passent. Chaque jour, le brave Belge se lève à 4:00 du matin, il quitte sa hutte au milieu du bidon-ville, il traverse le pont, et se retrouve sur la rive gauche, là où se trouve l’ashram de son gourou, auquel il voue une dévotion qui n’a d’égale que la malhonnêteté du gourou en question, qui se fait passer pour le successeur de Sat Prem Devi, la grande prêtresse du tantrisme du membre gauche.
Une nuit, un orage violent se déclare, inondant le bidon-ville du malheureux Belge, qui, bien que trempé, continue de méditer et méditer et méditer devant la photo de son gourou.
A 4:00 du matin, comme chaque matin, le brave Belge se lève, il quitte sa hutte au milieu du bidon-ville, et il se dirige vers le pont. Mais ce matin là, le Belge connaît l’effroi: le fleuve, gonflé par l’orage, a emporté le pont qui permet de se rendre sur la rive gauche, là ou se trouve l’ashram de son gourou. Le Belge se lamente et s’inquiète. Il a promis à son gourou d’arriver chaque jour à 4:30 pour balayer la salle de méditation. Depuis 15 ans, pas une fois il n’a failli à sa tâche, et la perspective de trahir la confiance de son gourou le traumatise. A genou devant le fleuve, le Belge invoque la Grâce du gourou. En son coeur, il prie son maître, lui demandant d’accomplir un miracle pour lui permettre de traverser le fleuve. En réponse à sa prière, et devant ses yeux ébahis, le fleuve se calme soudain, et les eaux s’écartent pour laisser passer le dévôt naïf. Ivre de dévotion et d’enthousiasme, le Belge entre en trombe dans la chambre luxueuse du gourou, qui savoure la compagnie de quelques disciples italiennes. Le gourou, très irrité par cette irruption qui interrompt ses affaires matinales, demande au Belge ce qu’il lui prend. Le Belge, les larmes aux yeux, conte alors et relate le miracle du fleuve, se prosternant mille fois pendant son discours aux pieds de son gourou adulé.
Le gourou, qui bien entendu n’est pour rien dans ce miracle, mais dont l’orgueil est digne de celui que l’on rencontre dans un pays d’Europe dont l’emblême est le coq, se dit que si le fleuve obéit à un misérable disciple, qui en plus est belge, alors c’est que lui-même, qui commence à se prendre vraiment pour le successeur de Sat Prem Devi, la grande prêtresse du tantrisme du membre gauche, doit avoir un pouvoir sur les éléments.
Il ordonne alors au vermiceau belge de le suivre, afin d’assister à une démonstration de son pouvoir. Le Belge et son gourou arrivent devant le fleuve. Ce dernier, à la vue du Belge, s’écarte pour faire place à un être dont l’humilité et la dévotion ont touché le coeur de Dieu. Le Belge avance d’un pas, mais se retrouve balayé au sol par son gourou, qui veut être le seul à traverser, afin que ses disciples japonais immortalisent sur pellicule la preuve de sa puissance. Arrivé au milieu du fleuve, dans un rire tonitruant, le gourou proclame sa toute-puissance. Il lève un bras vers le ciel, expliquant ainsi que son pouvoir est d’origine divine, mais n’a pas le temps de le redescendre: le fleuve se referme sur lui, et l’emporte dans un tourbillon vers sa dernière demeure.
Le Belge, attristé par la disparition tragique de son gourou, continua néammoins sa routine quotidienne, en l’honneur de son défunt maître, dont il ne lui restait plus que la photo sur la table de chevet, à côté de celle de Maître Zhu. Douze ans plus tard, alors qu’il balayait la salle de méditation, le Belge s’éveilla à la nature de son propre esprit. Il rendit grâce à son gourou, dont la Grâce avait permis sa réalisation, puis il reprit son balai, et poursuivit sa tâche.
Au fil des ans, venus de nulle part, des hommes et des femmes étaient spontanément attirés par le brave Belge. On venait s’asseoir autour de lui alors qu’il balayait quotidiennement la salle de méditation. Il n’enseigna jamais, mais jusqu’à son dernier souffle, il rendit grâce à son gourou, et témoigna des nombreuses bénédictions qu’il avait reçues à son contact.
A sa mort, on n’éleva aucun monument, mais aujourd’hui encore, chaque matin à 4:30, on balaie la salle de méditation et on se réunit pour partager le souvenir discret du brave Belge, dont l’histoire taira le nom, car au fond, ce n’était qu’un Belge.
Publié dans rions un peu, tombés du camion |
A propos de mail, j’utilise plus Outlook tant que j’ai pas trouvé quel fichu virus me l’infecte ainsi que l’Explorer.
T’étonne pas si je réponds pas.
Rédigé par: Dado | le 25 septembre 2006 à 00:17|j’ai souffert pour éditer ta note, car je m’essaye à la “modération avant publication” et j’ai un beug dans firefox qui m’interdit de valider la publication des commentaires autorisés.
Rédigé par: john | le 25 septembre 2006 à 00:59|pendant ce temps, on est pas au cyber-bistrot