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jeudi 10 décembre 2015

la course contre la honte (4/4)

Il m'écrit (lui) : 
»Salut mon vieux sage,
C'est idiot, et étrange ... je continue la dérive lente, faite de ressacs.
Je crois que fondamentalement, l'idée de l'abstinence ne passe pas dans ma tête.
Je ne me sens pas de taille. J'espère me lasser, sans y croire. Je tiens, dans une vie qui tient un peu par miracle, aux limites, avec une bonne dose de mensonge par omission. Tout ça est bien fragile. Néanmoins, je m'intéresse aussi à autre chose niveau loisir, ça c'est mon vieux côté passionné. Je ne suis donc pas dépressif aigu, bien que malheureux.
C'est idiot, et étrange ... j'attends surement un événement, en actionnant les manettes à ma disposition : changement de vie, ... c'est déjà énorme ! J'aurai déménagé 2 fois et changé 4 fois de statut en 1 an 1/2 (boulot 1, chômeur, boulot 3, boulot 4 à venir). Peut être faut-il s'exiler loin, mais loin de toute connectique ? et alors, pourquoi ne pas l'envisager ? sinon, des médicaments. Je commence à me poser sérieusement la question ...
Bien à toi, la warsenure !


Je lui réponds :
"t'as vraiment décidé de mourir la bite à la main et les bottes aux pieds comme un vrai cowboy ?
ton truc, c'est comme visiter le salon de l'auto sans pouvoir jamais acheter une seule voiture.
Se condamner au lèche-vitrines perpétuel, c'est de la cruauté mentale envers soi-même.
C'est un truc de smicard, pas d'ingénieur. (il va décrocher ce nouveau job, mais comme il s'est interdit internet à la maison, il ne surfe qu'au boulot et est un peu inquiet de se rendre compte que demain, il n'aura pas "droit à l'erreur" qu'il s'accorde aujourd'hui)
anyway, l'abstinence, c'est que pour aujourd'hui : hier c'est trop tard, et demain est hors de portée.
"J'espère me lasser, sans y croire." là franchement, j'ai trouvé mon maître dans le sophisme.
Je m'incline. Mais pas devant ma bécane.

Enfin, pas aujourd’hui.





L’addiction est n’importe quelle activité humaine, utilisée pour sa valeur hédonique, 
sur un mode plus ou moins déséquilibré. 

"Le grand secret, c'est d'accepter sa fragilité, dans le sens de cesser d'alimenter en vain cette partie de soi qui refuse la faiblesse, et qui se montre faible justement par sa dépendance vis-à-vis d'une image idéalisée de soi. Dans ce cas, accepter sa fragilité, c'est alors couper le problème en plus petits morceaux, pour pouvoir le digérer: car tant qu'on porte en soi une partie qui refuse l'autre et qui réclame à son profit toute l'énergie pour poursuivre contre soi-même un combat sans fin, on n'est pas prêt d'arriver. Alors qu'en cessant ce combat-là, on récupère son énergie pour réellement avancer.
Il n'y a pas d'autre solution pour sortir d'une dépendance, que de cesser de vouloir se croire plus fort que le produit. Il faut accepter son impuissance, accepter que le produit est le plus fort. On peut alors commencer à être vraiment fort, aussitôt qu'on n'est plus dépendant d'une victoire sur le produit. Entendons-nous bien: vouloir être plus fort que le produit, c'est vouloir en consommer de manière maîtrisée, c'est vouloir se prouver qu'on est capable de le contrôler, alors qu'accepter que c'est lui le plus fort, c'est cesser de le fréquenter, c'est ne plus rechercher dans l'impossible victoire sur lui l'image d'un moi fort que seule cette victoire pourrait fournir, c'est sortir de cette quête illusoire qui entretient le cercle infernal de la dépendance."

Mon parcours, je peux le résumer fastoche :
Une liste variée de subterfuges pour échapper à cette vérité apparemment insoutenable : 
de la naissance à la mort, nous sommes indiciblement seul (c'est pourquoi je retranche le s) dans notre pyjama en peau. Quand j'ai fini par accepter cette solitude comme une donnée de base plutôt que de la craindre comme une malédiction, et de vouloir la fuir à coups de compulsions paniques, l'équation a été plus facile à résoudre.

Evidemment que la dépendance de base, elle est affective et sexuelle :
Tout plutôt que la solitude, tout plutôt que la liberté et la responsabilité de donner un sens à sa vie.
Une fois ce gros morceau bien indigeste avalé, reste la question des outils.
La réponse que je me suis donnée, c'est de les essayer tous, jusqu'à trouver ceux qui me convenaient.
Un psychiatre, le sevrage, la rencontre d'Orroz, le costume de chevalier blanc sur les forums, une thérapeute, du bouddhisme, des blogs, le travail, le jogging, le rebirth, les rencontres avec des dépendants, les comics en VO… 
je mesure bien la chance que j'ai, et je comprends que je reste fragile, et puis redevenir la proie du tigre de l'addiction, prêt à me sauter dessus si je bouge, disons si je lève le coude ou si je commence à dégrafer mon ceinturon devant mon ordinateur, comme un vrai cow-boy fraichement arrivé en ville et qui se dit qu'il va se taper une cyberpute au saloon parce que ça fait 3 mois qu'il est dans le désert depuis trop longtemps, et que les vaches ça va bien un moment mais qu'elles ont une conversation somme toute limitée...
Bref. Un jour à la fois.

Le plus dur à trouver, c'est l'équilibre entre prudence et névrose. Je retrouve une note où une amie me rappelle que "L'addiction est plus ou moins le sort de chacun, bien que certains comportements compulsifs reçoivent des compliments, ce qui les fait passer pour autre chose. Il y a en effet des addictions à son travail, ou à la propreté dans la maison, p.ex. qu'on peut facilement observer autour de soi. 
Un autre point qui m'est venu à l'esprit, c'est que le simple fait de vouloir en finir avec l'addiction provoque une tension qu'il va forcément falloir relâcher, et comme la manière habituelle de décompresser est justement l'addiction, il est parfaitement normal que ça reprenne de plus belle.
C'est pourquoi je pense que le conseil de *** proposant de remplacer l'addiction par une autre moins gênante est un excellent conseil. Reste à le mettre en pratique, et là l'obstacle peut paraître insurmontable, vu qu'on n'a pas l'impression que le nouveau jouet vaille l'ancien, impression qui se confirme aux premiers essais.
Bref, en pratique, après avoir soigneusement noté tous les détails possibles sur le sujet, (…) l'obstacle ici est fait de prendre les choses au sérieux. En effet ce comportement compulsif qu'on a bâti à partir de rien, a l'air d'une montagne, et c'est là que les observations glanées aux trois niveaux peuvent nous venir en aide, pour décider de ce qu'il en est réellement.
Comme dit Castaneda, les gens ne savent pas à quel point il est facile de laisser tomber une habitude; et s'ils ne le savent pas, ils savent autre chose au sujet de ce qui nous occupe, à savoir p.ex. que c'est difficile, long, qu'il y a des échecs fréquents, bref toutes sortes de choses très sérieuses. 
Ce sérieux, c'est le fait de prendre nos idées pour une réalité de solide et immuable. Elles sont solides, en effet, ces pensées, pour peu qu'on leur prête vie, et immuables, si on les entretient, mais on peut parfaitement jouer à en inventer d'autres, qui seront non moins solides, et je suppose que c'est ce que font les bouddhistes tantriques qui en arrivent à prendre le thé avec leur yidam. 
Jouer avec les pensées, ça permet de faire un petit peu bouger les noeuds qui nous lient à cette réalité bien précise qui est la nôtre, car nos prisons commencent avec une pensée.
Après cette prise en mains des pensées, il convient de choisir une autre "addiction pour jouer", et là il suffit de choisir parmi nos penchants naturels, quelque chose de non gênant. Si on a l'impression que ça ne marche pas, il faut se rappeler que c'est un jeu; on fait semblant en attendant de voir qu'on a fait semblant beaucoup auparavant, pour en arriver à créer cette réalité qui nous embête. "



 "Tant qu'un homme n'a pas réalisé qu'il ne PEUT PAS s'arrêter, il continue de croire qu'il n'a pas de problème. Pourquoi? Parce qu'il est tellement fier qu'il ne supporterait pas de passer pour un drogué. Et pourtant... le reconnaître, c'est faire le premier pas vers la délivrance.
Vous avez tous remarqué que ce Forum s'intitulait ORROZ & Dépendances. Cela signifie bien que toutes les dépendances sont liées. Mais elles ont leur origine quelque part dans la psyché. Dans votre prime enfance ou lors de votre adolescence, ou plus tard quand vous avez commencé à devenir adulte mais que vous avez eu du mal à l'accepter. En fait, tous les dépendants sont des bébés qui ne veulent pas devenir adultes, cad s'assumer. Alors, ils conservent la tétine le plus longtemps possible (la clope au bec, le verre d'alcool, le pétard ou la dose de sexe virtuel). Une fois que vous avez compris ça, il faut se faire aider. Je le répète encore une fois: SEUL vous n'y arriverez pas aussi rapidement ! Alors, préférez-vous passer trois ans à vous sevrer, ou une seule année ?
Quand j'étais encore dépendant, je vivais une véritable dépression.


Moi aussi je suis passé par les "sites de célébrités (chanteuses, actrices...)" et "au bout de quelques minutes de navigation je me retrouvais à télécharger des trucs pornos..." Moi aussi, je me retrouve quand il dit qu'il serait capable de se "provoquer une maladie incurable pour que les gens viennent me consoler, me soutenir, me plaindre..."
Et comme j'étais psy, cela me fit alors prendre conscience que je n'avais pas résolu un problème majeur : celui de cet enfant intérieur qui avait souffert dans son enfance d'un abandon. Je me suis fait aider par un collègue et j'ai commencé à me sevrer car j'ai compris que je devais GRANDIR ! que me lamenter ne servait à rien, parce que si quelqu'un m'avait pris dans ses bras en me disant "oh le pauvre petit comme il a bien du chagrin", cela n'aurait rien changé à mon mal-être et je serais inévitablement retombé dans l'addiction. Ce n'est pas d'un câlin dont a besoin l'enfant blessé, mais de quelqu'un qui lui explique que la vie n'est pas un long fleuve tranquille et qu'il doit GRANDIR afin de se guérir lui-même de ses blessures.
a+
Orroz


"Nous nous percevons comme des réservoirs vides ne demandant qu’à être comblés, et l’autre devient alors cette source à laquelle nous aimerions nous abreuver. Qu’il s’agisse d’une rencontre avec un maître spirituel ou avec une maîtresse ou un amant, nous devons réaliser que cette manière de rencontrer l’autre comme s’il était source de notre plénitude est une erreur fondamentale.
Je ne dis pas que les relations doivent être évitées mais qu’elles doivent être vues pour ce qu’elles sont : des lieux possibles d’expression de l’amour mais pas des échoppes où l’on viendrait s’achalander."



La question qui devrait hanter le dépendant ado ou adulte, c'est "combien de temps faut-il pour être sevré et pouvoir laisser trainer un regard amusé à la devanture du rayon hot du marchand de journaux à l'idée de ce que la frustration peut faire vendre ?"

Les dépendances sont liées. Mais elles ont leur origine quelque part dans la psyché. Dans votre prime enfance ou lors de votre adolescence, ou plus tard quand vous avez commencé à devenir adulte mais que vous avez eu du mal à l'accepter. En fait, tous les dépendants sont des bébés qui ne veulent pas devenir adultes, cad s'assumer. Alors, ils conservent la tétine le plus longtemps possible (la clope au bec, le verre d'alcool, le pétard ou la dose de sexe virtuel). Une fois que vous avez compris ça, il faut se faire aider. Je le répète encore une fois: SEUL vous n'y arriverez pas aussi rapidement ! Alors, préférez-vous passer trois ans à vous sevrer, ou une seule année ?

Il y a pour l'instant un commentaire client.

http://abonnes.lemonde.fr/pixels/article/2015/08/04/une-breve-histoire-de-la-censure-des-sites-pornographiques_4711451_4408996.html

Edit : 

Objet : Blasphémator® matin et son supplément paroissial





La pensée du suicide est une puissante consolation : elle nous aide à passer maintes mauvaises nuits. (Nietzsche)

samedi 5 décembre 2015

Retrouvé dans ma poubelle

Si Daniel fait mes poubelles pour écrire ses posts, je ne vois pas pourquoi je me gênerais.
J'ai assez longtemps recyclé les siennes.
Donc voici un post de 2011, publié à compte d'auteur sur un forum de branleurs abstinents hyper-secret.
 
En ce moment je lis "2666", un roman de Roberto Bolano qui prend pour cadre la ville mexicaine de Ciudad Juarez ( plus de 400 femmes assassinées dans des conditions atroces depuis 1994 et peu d'affaires résolues ), plus de 1200 pages en folio, curieusement écrites avec un détachement émotionnel absolu... J'ai laissé tomber les Ellroy et plus généralement les polars, je trouvais ça inutilement affreux et mal écrit, un truc pour effrayer le bourgeois à peu de frais, peu d'intérêt nutritionnel (c'est important de trouver de quoi se mettre sous la dent sur le plan spirituel dans ce qu'on lit), là je me demande si je ne me suis pas fait enfler par mon libraire sous le couvert de littérature générale et exotique.
Depuis un an ou deux, je reviens à mes premières amours : avant d'être un geek, j'étais un gros cannibale lecteur de romans, trapus et parfois peu engageants, redécouvrant que la littérature et ses mensonges ciselés, y'a vraiment que ça de vrai, à partir du moment où tu acceptes le pacte implicite passé avec l'écrivain de rentrer dans son univers, lui pénétrant dans le tien…alors que j'ai 1500 films et séries téléchargées dans mon disque dur qui n'attendent que d'être vues d'un simple click...
Je résiste à cette saloperie de "vie digitale intense" telle qu'elle est décrite dans la dernière publicité d'Orange. Dépéchons-nous de lire du papier avant qu'ils nous mettent des livres électroniques jusque dans les chiottes !En plus on peut facilement lire dans les chiottes.Alors que pour se torcher le cul avec un  e-book…
Bref. Du coup je retombe sur le webdocumentaire produit par Upian sur Ciudad Juarez et sur le site d'Upian, j'en découvre d'autres, dont un assez réussi, et ça me fait penser que le support cd-rom est devenu obsolète avant que les plate-formes soient prêtes pour en accueillir les contenus, et finalement c'est tout fluide sur l'internénette haut débile…
Autre genre, la Science Fiction va mal, rongée par une crise du lectorat, qui vieillit, passe à autre chose, meurt… et les éditeurs passent à la fantasy ou à la bit-lit, qui n'est pas ce que vous pensez et qui se vend mieux que Philip K. Dick (dont tout pornographe repenti devrait avoir lu Le Dieu Venu du Centaure, au minimum.)
Je lisais beaucoup de SF quand j'étais petit.
Sur le forum du cafard cosmique, des auteurs reconnus et des lecteurs tenaces échangent des propos acidulés et décalés dont cet échange à propos des excès de la vie digitale : 
"Le fait qu'il y ai de bons acteurs pourrait encore à la rigueur donner envie d'aller voir le film afin qu'ils soient rémunérés en conséquence, et que cela leur donne la motivation de continuer, mais l'écart entre leurs bénefs et ceux des grands pontes est tellement terrifiant que je préfère garder mon fric. Toutefois ce n'est pas pour ça qu'il ne faut pas aller le voir, j'ai toujours bien aimé les Harry Potter....Téléchargés.
- Je ne comprends pas... Tu ne veux pas payer pour les films Harry Potter, mais tu les aimes bien? Genre tu vas aux putes, tu t'amuses bien, et au moment de payer tu t'enfuis en sautillant, le pantalons sur les chevilles, parce que les macs c'est vraiment des connards ? je suis choqué."
L'esprit souffle où il veut et l'intelligence est toujours un régal pour l'intelligence, où qu'elle se manifeste. 
C'est comme si la conscience se reconnaissait elle-même et se saluait.

vendredi 13 novembre 2015

Anhédonisme, le retour

Je relis ça, parce que c’était pas mal.

http://johnwarsen.blogspot.fr/2008/08/les-mots-vols.html

Depuis, mon fils a heureusement fait mentir mes prophéties auto-réalisatrices : au sortir du collège, l'envoyer au lycée aurait été pire que de l'envoyer au front en 1914. Après un BEP Sanitaire et Social, il a pu rattraper une passerelle vers un bac éponyme (la passerelle a été depuis retirée par l'Education Nationale), et malgré le handicap de la dyslexie, s'est engagée dans des études longues. Il est actuellement en Master 1 de psychologie et ses centres d'intérêt professionnel se portent vers l'addictologie et la gérontologie. L'été, il fait aide-soignant dans des mouroirs à Alzheimer au lieu d'aller fumer des pétards sur la plage de Pornic avec ses condisciples.
Il nous quitte samedi, on lui paye une piaule pour l’aider à s’autonomiser, sinon on va l’avoir à la maison jusqu’à 40 ans.
On serait pas contre, mais ça ne va pas l’aider quand on ne sera plus là. La mère le prend bien, et le père s'en remettra.

Je reste scotché par la pertinence à travers les âges successifs de ma vie du texte cité par Dick dans Substance Mort, mais mon traitement actuel m'aide à voir au travers de ma croyance qu'au fond, je ne me sortirai jamais de ce fonds de commerce que j'affectionne pour les addictions malheureuses et les mauvaises affaires psychologiques.


http://johnwarsen.blogspot.fr/2008/12/thophobie-et-matrialisme-affectif.html

Assurément, je progresse dans mon intention de quitter les rivages stériles et nauséabonds de la théophobie, plus par la grâce des rencontres de hasard-qui-n'existe-pas et par mon récent retour aux A.A. pour y accompagner une amie en souffrance que par volonté propre, quant à l'amour, comment te dire ça, je pense qu'il se manifestera quand les conditions de son émergence seront actualisées.

http://johnwarsen.blogspot.fr/2009/05/gloutonnerie-apocalyptique.html

Dans ce domaine, je connais des hauts et des bas, mais ça fait le sel de la vie. 
J'ai renoué avec Flo, qui porte désormais un autre nom et mène une autre vie, et ça ne vous regarde pas (jusqu'à ce que je déballe dans un moment de pure folie notre correspondance privée ici, mwa ha ha). Il me semble aujourd'hui mieux comprendre ce dont elle parle, et elle m'a encore été cette année un précieux secours dans certaines circonstances difficiles, ce dont je ne pourrais à nouveau trop la remercier.




Un paparazzi vraiment malin quoiqu'indélicat 
a réussi à nous surprendre en fâcheuse posture.
C'est embarrassant.
Je préfère pousser la photo moi-même 
avant qu'il la punaise sur mon wall Facebook.

jeudi 12 novembre 2015

Petits démonneaux de nos contrées (13) : Comment perdre la femme qu'on croit de sa vie ainsi qu'une bonne occasion de se taire

« Stupidity got us into this mess — why can’t it get us out?
— Will Rogers »
cité par John Varley dans « Demon ».


Ce qui me reste pénible, bien qu’agréable par ailleurs, c’est le fait que l’inhibiteur de recapture de la sérotonine que je prends actuellement booste la créativité et l'idéation, mais aussi l’égo, et remplace l’illusion de toute puissance de la drogue par une efficience dans les domaines de ma vie sur lesquels je choisis de l’appliquer, selon des critères un peu complaisants.
C’est une sorte de western du cerveau, ça : les frères sérotonine sont en fuite, le shérif local lance une bande d'adjoints à leur poursuite puis une bande rivale se met en route pour exterminer les premiers !
Inutile de nier ou de minimiser la force ainsi libérée, qui réclame des accomplissements. Je la brûle sur des chemins de traverse, elle n’en reste pas moins une menace, tant  que je ne parviens pas à réguler les phases de veille et de sommeil.
En attendant, j’ai retrouvé ça :

Dans le Paris-Nantes, le 4/3/99

”Une instruction variée, pensait-il, était le meilleur préservatif contre la contagion des folies du siècle : un esprit vide a toujours besoin d’amusements, et se plonge dans la dissipation pour éviter l’ennui ; le mouvement des idées, au contraire, fait de la réflexion une source de plaisirs, et les observations que le monde fournit sur lui-même compense les dangers des tentations qu’il présente. Partout la méditation et l’étude sont nécessaires au bonheur ;
à la campagne, elles préservent des langueurs d’une existence apathique et enseignent à comprendre le grand spectacle de la nature ; à la ville, elles dispensent de ces vaines distractions qui ouvrent la porte à tant de dangers.”
Ann Radcliffe, “Les mystères du Château d’Udolphe”



Métaphysique du désir
par le professeur Andy K.P* (de l’Institut)

Finalement, en tout cas pour aujourd’hui (car il ne faut jamais épiloguer avant la fin), je crois que j’ai trop de désir pour toi, et depuis trop longtemps, pour chercher sérieusement à l’assouvir aujourd’hui ... plutôt qu’après demain ou dans 25 ans.
Ce satané désir a cessé de me tenir par les couilles; dans ce monde où les plaisirs gratuits sont si rares, c’est déjà ça de pris.
Je me rappelle cette veille de départ en Inde, où on a fait l’amour trop vite : je n’en “revenais pas” d’être au lit avec toi - cela faisait déjà quelques années que ce n’était pas arrivé, la fois d’avant c’était autour de la naissance d’H* et j’étais si murgé que je suis incapable de me rappeler si on l’avait fait ou pas - mais cette nuit de printemps 95 où j’ai littéralement explosé en toi par la traitrise d’un préservatif soumis à une trop grande émotion sans parvenir à te faire jouir, ça je m’en rappelle : cruels déceptioning, comme disait Edika.
Si j’avais retrouvé notre mythique union de la salle de musique de la rue R* - millésime 881 - la déception aurait sans doute été moins grande, mais quand même : désillusion du désir, blues du “tout ça pour ça ?” : que les corps ne puissent ce jour-là exprimer l’intensité des sentiments, que la viande soit trop lourde pour s’envoler, je trouvais cela relou.
Ca m’avait laissé...dubitatif.
Alors que là, dans ce train qui me ramène à mon destin provincial et monogame, mon désir pour toi est intact, et curieusement j’en jouis - et pas sur la jambe du contrôleur qui vient de passer à ma portée.
Aurais - je inventé l’ascèse de la jouissance ? ou la jouissance de l’ascèse ?
Ou est-ce que je me leurre avec un Nirvana fantasmé et une satisfaction virtuelles, intello et plus raisonnables pour mon petit confort d’hétérobsédé par toi pour ne pas céder à la frustration et la culpa ?
Peut-être que je me trompe de mot, peut-être que la tendresse est venue remplacer le désir à force de différer sa satisfaction, qui signe en même temps sa fin, qui ne m’apparait peut-être même plus souhaitable, au moins pour la demi-heure qui vient, mais qu’au nom du passé je me refuse à cette... féminisation de mon vocabulaire et de mon comportement.
Un poète qui avait le blues après s’être vidé les couilles a dit : le désir fleurit, la possession flétrit toute chose. A moins qu’il ait cherché à se consoler comme il le pouvait de ne point avoir pu s’introduire dans l’être aimé.
Mais c’est vrai qu’une fois que la banane s’est dégonflée, on est parfois saisi par l’étrange pressentiment de s’être fait mener en bateau par le bout de sa bite, (que j’ai pour ma part encore fort raide en pensant à toi, dieu me tripote) et comme elle est incapable d’arrière-pensée voire de libre art-bit(r)e, il faut bien soupçonner qu’elle est souterrainement au service d’autre chose - dans mon hypothèse, de l’instinct de reproduction.
Si la sexualité est la carotte et la reproduction le bâton, comme je te le disais dans ma vidéo cet après-midi - la contrainte nécessaire à la survie de l’espèce, “but” vraisemblablement “poursuivi” par la “Nature” ou en tout cas tout se passe comme si, la tendresse, elle, est entièrement gratuite et indépendante de la sexualité et de la reproduction, et pourtant elle ne s’exprime souvent que sur ce terrain. 
Mais elle n’a absolument pas besoin de sensations pour être !
La salope...
Si la Nature, Dieu ou le Principe Actif de l’Existence jouait à pousser le bouchon de l’évolution toujours un peu plus loin,
matière inanimée -> matière vivante -> homme ???
elle ne s’y prendrait pas autrement : quoi de tel que le désir pour nous inciter à nous reproduire et poursuivre ainsi l’Evolution et les Nobles Buts qu’elle s’est peut-être fixés ?
Dans ce cas toi et moi sommes de petits malins : nous jouons nos jeux sans jouer le sien, et sommes alors à même de tutoyer les dieux, eux qui sont infoutus de se soustraire aux lois des univers qu’ils créent.
...
Tu prends des notes ?

Le sexe tout seul (sans sentiment) est “surgavant” comme tu le dis si bien, et ne s’accommode pas facilement du manque d’assaisonnement affectif, ou à défaut d’une chaude camaraderie, parce qu’on sent bien le déséquilibre : trop de quelque chose, pas assez d’autre chose.
Pas assez de quoi, d’ailleurs ? celui ou celle qui entend cette question se déposer en lui-même et qui décide d’y chercher réponse a plus de chances de se mettre en état de le trouver qu’en changeant de partenaire pour éviter d’y répondre. Même si cette affirmation fleure bon le moralisme à 10 balles, je la maintiens telle que(ue), et te la suggère comme thème de ... causerie avec ton chéri : voici un excellent support de dialogue, pour réenchanter le quotidien avec du langage, qui est un outil pas plus con qu’un autre quand on se trompe pas de mots.
Je disais donc, le sexe tout seul est surgavant, sauf quand tu baises avec la même personne pendant 1 an, 3 ans, 7 ans, 10 ans... (cochez la case de votre choix) et qu’autre chose s’installe : t’es plus dans la séduction, t’es plus dans la qué-quête frénétique de sensations venant pallier à cette absence de sentiments2, t’es plus dans l’immédiateté du désir de l’Autre, promesse de plaisirs inconnus !!!, qui lui même n’est plus tellement Autre, il serait plutôt devenu le Même, Prévisible à un point que ça d’viendrait légèrement agaçant s’il n’y avait ce bon dieu de sentiment (ou au moins, coucou la revoiloù, la tendresse), cet Autre avec qui tu t’es engagé à construire une relation dans le Temps (ou pas ?), l’Autre à réinventer pour éviter de s’habituer à le prendre pour CE QU’IL CROIT QU’IL EST, et c’est au prix de ce petit effort qu’on réenchante le quotidien, ma p’tite dame, et croyez-moi, c’est vraiment donné !
Reste une question : pourquoi l’habitude et le couple sont-ils des facteurs aussi puissamment anti-érotiques ? peut-être parce que le couple n’est pas le lieu de l’expression de l’érotisme mais de l’amour, qui n’a pas grand-chose à voir avec la gymnastique du plaisir.
Au fond, ce n’est pas radicalement différent de ce que je te raconte depuis une quinzaine d’années, et je ne devrais pas avoir à te le redire avec une telle vigueur et surtout une outrecuidance et un aplomb rassure-toi purement simulés par ordinateur, mais puisque tu sembles toujours apprécier mon cerveau et ma bite, faut bien que mon cerveau (au moins) te le rende, et puis tu m’as bien prescrit d’écrire et de faire l’amour, non ? tu vois : j’écris ; pour l’amour, on verra ce soir si ça se finit pas devant Internet3 .
Faut-il en conclure que la sexualité est une salope qui ne tient jamais ses promesses ? ça dépend surtout de nous : ça peut devenir une drogue addictive (c’est à dire qu’il en faut toujours plus pour être de moins en moins défoncé, de moins en moins raide) si elle ne débouche pas sur une relation moins restreinte que le simple commerce charnel4 , plus épanouissante pour les individus qui s’y adonnent (n’oublions pas que si la nature veut que nous évoluiions elle a intérêt à ce que nous soyons d’accord, donc que nous ayons l’impression d’agir “de notre plein gré”, puisque nous n’en avons pas grand chose à pèter d’elle, à qui nous devons pourtant ce que nous sommes, bio-Amen)
C’est peut-être bien ce qu’essayent de te dire les garçons de 37 ans que tu fréquentes, sans le savoir eux-mêmes, c’est aussi ce que je te raconte depuis tout petit (j’ai eu 37 ans très tôt dans ma tête) en le sachant, et c’est aussi ce que ta fidélité “de coeur” à JM finit par refléter bien que tu t’en défendes en t’obstinant à afficher des réflexes de petite fille trop gâtée qui se venge d’elle-même en arrachant les ailes des mouches pour voir si ça les fait couiner.
Certes, elles z’avaient qu’à pas trop s’approcher du miel, mais je ne m’inscris pas comme moraliste dans cette histoire qui me touche sans me concerner : ma vision autrefois morale s’affine aujourd’hui pour devenir causale plutôt que de se perdre dans l’étude motivationnelle : en gros, on fait c’qu’on fait parce qu’on peut pas faire autrement, jusqu’au jour où comprenant pourquoi, on peut enfin passer à autre chose.
Dont acte.

Ton dévoué “le cerveau membré”


1 Ca me fait bien délirer de citer toutes ces dates de mémoire, même si ça fait un peu ancien combattant.
2 il faudrait nuancer ces jugements à la va-comme - je-t’encule : chez les garçons ça se passe pas exactement comme chez les filles, cf “l’Erotisme” de Francesco Alberoni, mais si je me lance on finira pas à l’heure.
3 Hé oui, il arrive encore à la fin du XXéme siècle que l’hopital se foute de la charité.
4 aah, que j’aime cette expression : dans commerce charnel, il y a commerce, et puis il y a charnel !!!

Annexes :

15 mars 99
(Notes pour une) Métaphysique de la pornographie
(le jour où j’aurai le temps de la rédiger)

Quand je me branle devant une jolie fille, je redeviens l’adolescent boutonneux que je fus, mais pas assez : lui ne se branlait pas, il rêvait de romantisme. C’est dans ce sens que devenir adulte, c’est devenir plus lourd...

On parle de se rincer l’oeil alors qu’en fait on se le pollue avec des désirs qui ne sont pas les nôtres (surtout moi)

Je confonds le mal et la maladie. Le Mal me fait ricaner alors que la Maladie me fait souffrir. Je ricane de me voir souffrir des conséquences de mes erreurs, mais je souffre quand même.

Ne pas oublier que mon discours a toujours plusieurs années d’avance sur ma pratique.

En ce moment je n’ai pas envie d’amour : j’ai juste envie de me branler dans quelqu’un.

Le cul, c’est pas ça ; précisons : je suis bloqué (en panne des sens) à un stade psycho affectif qui me fait désirer des belettes petites, jeunes, poitrinaires, mon idéal sexuel est figé dans les glaces maintenant inaccessibles de l’adolescence, alors que j’ai 36 balais et d’autres chattes à fouetter, celle de B* en particulier, qui s’est désintéressée de la question suite à mon désintérêt affiché pour elle : elle ne correspondait pas à mes fantasmes. Ce qui me fait regarder les filles comme si elles étaient des bouquins pornos et les bouquins pornos comme si c’était des filles.
C’est malin.
M’man, ‘gad où que ch’suis.

Pour le moi, la Beauté est promesse d’Amour, mais dans la Réalité, la Beauté ne mêne pas à l’Amour : la Beauté mêne soit à la Frustration, soit à la Nostalgie, soit à un joyeux mélange des deux. Normal : le moi transforme tout ce qu’il touche en merde.

Le moi est ce qui distingue l’homme de l’animal, même s’il le ravale parfois au rang de la bête. Le Moi est ce par quoi l’homme peut se complaire dans la nostalgie imbécile de ce qui aurait pu être, au lieu de se satisfaire de ce qui est ou, à défaut, d’espérer ce qui sera.

Si on flatte les bas instincts, ils ronronnent (c’est d’une logique imparable) et prennent tout le lit de l’âme.


Métaphysique des vidéos de V*T*

Je trouve que les films ne sont pas à la hauteur du personnage.
Tu mets en scène “l’effet que tu fais sur les garçons” derrière lequel tu te planques (G*) ou te montres (De la séduction) sans qu’on sache vraiment si tu peux te réduire à ce visage tristounet, cette voix désincarnée.
J’imagine le délire des théoriciens sur “G*” : “cette mise en abime du voyeurisme captée par la victime consentante du voyeur nous renvoie à nos propres faux-semblants”, etc... les mecs y z’ont dû se branler jusqu’au sang sur cette vidéo vertigineuse !
Mention spéciale à “La vie heureuse”, “De la séduction”, “la chatte et les souris” qui sont très rigolos, mais il me semble que tout cela tourne un peu en rond autour de ton petit nombril.
Si tu m’avais épousé, tu aurais pu te filmer la chatte dans notre luxueuse maison de campagne pendant que j’allais travailler à France 3.
Cette méchante remarque pour te mettre en garde contre mes appréciations qu’il ne faut pas prendre au sérieux puisqu’elles pourraient être motivées par du dépit amoureux ou sexuel, dans l’espoir secret d’en susciter chez toi. Mais aussi pour te faire remarquer de façon désagréable, car il n’existe pas de façon agréable d’en parler, qu’ il est temps de commencer à gagner ta vie, ma fille ! pourquoi pas utiliser les outils à ta disposition (puisque tu es surdiplômée en droit, refaire une spécialisation en droit audiovisuel, c’est un métier d’avenir) ce qui ne t’empêcherait pas de faire tes délires vidéo à coté si c’est ça qui te fait bander, et assurerait ton autonomie financière dont l’absence va finir par te peser y compris dans tes rapports avec JM et/ou tes parents.

un futur vieux con qui t’aime
Sur la pornographie , encore...

La pornographie, c’est l’érotisme des autres, a dit quelqu’un.
Ce qui me fait un peu flipper avec le porno, c’est de ne pas savoir si ça répond à un besoin naturel ou culturel. D’une certaine façon, je vais à la rencontre de ma vérité en me livrant aux joies tristes du reluquage, la consommation du mateur. Je me sais incapable - mais assoiffé - d’amour, je pallie à cette carence en observant de splendides créatures s’enfiler par tous les trous que Dieu leur a donnés... où est le mal, effectivement ?
d’un autre côté, le temps et l’argent que j’investis dans ces activités infantiles pourraient certes être mieux employés.
Mais comme je le disais plus haut, et ce qui vaut pour les autres vaut aussi pour moi, “on fait c’qu’on fait parce qu’on peut pas faire autrement, jusqu’au jour où comprenant pourquoi on peut passer à autre chose.”
Est-ce de la complaisance ou de la lucidité ? un peu de l’une transformée en l’autre, sans doute.
Préférer regarder les autres baiser au fait de baiser ne se justifie que dans certains cas :
1/ils baisent mieux que nous ; après tout, ce sont des professionnels de la profession; mais qu’est-ce que bien baiser, la question reste ouverte. (voir au début de cette lettre)
2/on n’a pas le coeur à l’ouvrage et ça peut nous le donner, mais pourtant si on réfléchit 2 secondes, la vie sexuelle des autres n’enrichit pas la notre : elle enrichit la leur. Vis à vis de la nôtre elle est comme le pot de confiture en haut de l’armoire.
3/par le biais du fantasme et de l’identification aux protagonistes, on rentre dans l’histoire et on passe un bon moment. Ah merde j’me suis gouré ça c’est les bonnes raisons d’aller au cinéma. C’est pas très éloigné quand même.
sur ce questionnement, je te laisse à tes errances et je retourne aux miennes : je suis pas encore assez à l’aise avec le sujet pour ouvrir un cabinet de sexologie, j’ai plus de prétention que de pratique, mais comme je dis toujours, n’est pas pauvre qui désire beaucoup.



Bises

fin juillet 2000
gros coup de fatigue après avoir connu un printemps lourd en stress (l’angoisse d’être père II : le retour, sans alcool mais c’est pas une version light) et un début d’été rockn’roll.
Déception de ne pas trouver à ton adresse électronique : le dialogue aurait pu se réamorcer.
Retour des névroses liées au sexe, qui ne m’avaient jamais vraiment quittées : c’est à moi d’y renoncer.
La frustration rend con.
Adieu.





lundi 9 novembre 2015

Nivellement par le bas

Au boulot, on s'est obligés à regarder "Break the internet" de Nicolas Hulot pour proposer la même chose à un client.



Après, je l'ai montré à la maison, tout fier d'être à nouveau dans le coup, sentant que je pouvais placer là un atout majeur pour être réélu au poste de mari et de père, et le clip a rencontré un vif succès.
Je comptais surtout sur ma fille de 15 ans pour m'en décoder les références.
Apparemment, les mecs qui viennent donner un coup de main au petit Nicolas sont des stars d'Internet adulées comme des demi-dieux.
Je n'en avais jamais entendu parler, mais ça fait un peu trop longtemps que je suis resté très d'jeun'z.
Ou alors, on doit pas être raccordés aux mêmes tuyaux.
Pour mener notre petite enquête dans le respect de l'exigence méthodologique, nous nous sommes rendus sur les lieux, en caméra cachée.













Bon, je pourrais continuer ainsi jusqu'au bout de la nuit, qui s'approche à grands pas avec ses orteils mauves alors qu'il me faut préparer la réunion A.A. de ce soir que j'ai promis de modérer.
Alors finalement, je me suis dit "qu'est-ce que t'as à en dire, de ces keums, y'a quand même du boulot derrière, et puis, qu'ils soient chéris par des millions d'ados, à part être jaloux, kestennanafoutt' ?
Ils se vengent du monde adulte en attendant de devenir pires que nous, ils détournent les codes de la télé qu'ils ne regardent plus en s'inspirant du lointain héritage des Nuls et des Inconnus, bon c'est un peu au ras du gazon, mais que font-ils d'autre que de nous renvoyer l'obscénité du monde à travers la figure ?
Et à ce moment là, j'ai trouvé l'article du Monde (qui n'avait rien d'obscène) et qui venait d'être publié en ligne

Les YouTubers, plus forts que les rockstars
Le Monde.fr | 08.11.2015 à 22h03 • Mis à jour le 08.11.2015 à 22h23 |

Superstars des temps connectés, les YouTubers dépassent largement, en popularité, toutes les autres personnalités du show business auprès des 13-18 ans. C’est ce qu’a récemment démontré une étude du magazine américain Variety. Les humoristes de Smosh ou Fine Bros, le « gamer » PewDiePie, devancent l’actrice Jennifer Lawrence ou la chanteuse Katy Perry. Aucune enquête de ce type n’a été menée en France, mais les résultats seraient sans doute équivalents.
D’autant que l’audience de la plate-forme d’échanges vidéo YouTube y enregistre une forte audience, en constante progression. Un « temps passé sur YouTube en hausse de 60 % en 2014, avec 31 millions de visiteurs uniques », précise le dossier de presse de Video City, le nouveau festival des créateurs du web qui s’est tenu les 7 et 8 novembre à Paris. « Ils sont devenus les référents d’une génération nouvelle, construisant des communautés qui peuvent rallier jusqu’à des millions de fans et d’abonnés. »
Les chiffres impressionnent. A eux seuls, Cyprien, Norman et Squeezie, les trois YouTubeurs les plus appréciés, cumulent près de 19 millions d’abonnés à leurs chaînes. Le phénomène, pourtant, ne remonte qu’à 2008, avec les premières vidéos humoristiques postées par Norman. « Certains YouTubeurs sont aussi puissants qu’une chaîne télé. Ils sont devenus des idoles, souligne Antoine de Tavernost, de GL Events, co-organisateur de Video City. Il y a d’ailleurs un décalage entre la perception et la réalité de leur travail qui démontre professionnalisme et créativité ».
Quand Nicolas Hulot veut convaincre les jeunes de s’impliquer pour leur planète, c’est chez les humoristes du collectif Golden moustache qu’il s’invite. A raison. Le voilà gratifié de 9 millions de vues. Lorsque la vloggeuse beauté numéro un, EnjoyPhoenix, part en tournée dans les grandes villes de France, elle doit échanger au mégaphone avec des centaines de fans agglutinés. Au point de devoir parfois battre en retrait pour se protéger, comme cela a été le cas d’autres créateurs vidéos, cet été, lors de la tournée de plages organisée par le groupe de média en ligne Melty.
Ces stars doivent avoir l’air de « jeunes normaux »
La publicité, la télévision, le cinéma, le théâtre, l’édition, les jeux vidéo : tous s’arrachent les services des YouTubeurs en vogue. Car avec eux, le jackpot commercial est quasiment garanti. Dernières preuves en date : Norman fait salle comble partout en France avec son one man show. Le livre #EnjoyMarie (Anne Carrière éditions), d’EnjoyPhoenix, est un phénomène d’édition. Et la web série Snap Trip, jouée par des talents internet coachés par Melty, a engrangé 58 millions de vues en trois jours…
Comment expliquer un tel engouement ? Ces créateurs fédèrent une communauté qui vieillit avec eux et à laquelle ils s’adressent sans intermédiaire. Ils créent et cultivent jour après jour une proximité en répondant directement aux interpellations de leurs groupies sur les réseaux sociaux. Pour Alexandre Malsch, créateur de Melty, « les nouveaux talents, ceux de la génération d’après Norman, utilisent et maîtrisent parfaitement tous les canaux de diffusion du net ». « Ce ne sont plus des Youtubers mais des SocialTubeurs, résume-t-il. Des talents sociaux. Ils postent des mini-vidéos sur Instagram ou Vine, des stories (histoires courtes à épisodes qui s’effacent) sur Snapchat, ils discutent et annoncent leurs événements sur Twitter, qui est leur courrier des lecteurs. Ils font de Facebook le siège social de leur mini-entreprise. Tous ces réseaux sociaux, ce sont autant d’accès directs à leur public. »
Ces stars ne doivent surtout pas en avoir l’air. Elles fuient les discussions sur leurs émoluments. A tout prix, rester aux yeux du public des « jeunes normaux », parfois encore lycéens ou étudiants, qui s’enregistrent dans la maison parentale et manient la dérision par rapport au « système ». Des créateurs exempts de toute stratégie marketing, libres et authentiques. C’est à ce prix qu’opère l’identification. « Les gens sont saturés de messages descendants, pense Antoine de Tavernost. Eux parlent vrai, sans langue de bois, de choses qui concernent les ados et auxquels les plus de trente ans ne comprennent rien ». Evidemment, développer un univers totalement abscons pour la génération parentale ne nuit pas à leur popularité auprès des jeunes.
Les YouTubeurs incarnent aussi un certain modèle de réussite démocratique. Alors que montent sur scène tant d’enfants d’acteurs et de chanteurs, eux ont démarré en tournant des vidéos dans leur chambre d’ado. « De quoi susciter le respect des autres jeunes, selon le patron de Meltygroup. N’importe qui peut réussir, il suffit de bosser énormément pour émerger ». Une personnalité, une caméra, du travail. Et jusqu’à un million d’euros de gagnés par an. Dès que le site internet de Video City a ouvert, les questions ont afflué : « Je voudrais être YouTuber plus tard. Comment est-ce que je dois faire ? ». Certains internautes n’avaient pas dix ans.


Hystérie adolescente à Video City, premier festival des YouTubeurs français
LE MONDE | 08.11.2015 à 19h59 • Mis à jour le 08.11.2015 à 22h03 |



A cette heure matinale, le week-end, il en faut beaucoup pour convaincre un adolescent de s’extraire de son lit. A peine 10 heures, et ils sont déjà des milliers, ce samedi 7 novembre, devant le Parc des expositions de la Porte de Versailles, à Paris, bien éveillés et fébriles, brandissant le billet électronique qui leur donne accès au Woodstock de leur génération digitale. Video City, le premier festival des YouTubeurs français, ces créateurs vidéo du web adulés par des dizaines de millions de fans.
Parmi ces derniers entreront les 25 000 plus prompts à réserver et à débourser 20 euros la journée, 35 euros le week-end, pour rencontrer en chair et en os ceux qu’ils « suivent » jour après jour sur la plateforme de partage vidéo YouTube ou sur les réseaux sociaux. Inspiré du Vidcon américain et du Summer in the city anglais, qui brassent d’énormes publics depuis cinq ou six ans, le festival parisien est organisé par une société d’événementiel, GL Events, ainsi que trois grosses écuries de talents de l’internet (Canal+, M6, Mixicom).
Un cri strident, suivi d’autres, puis la foule qui court comme affolée… Sous la halle d’exposition, Squeezie et Cyprien, dont les chaînes YouTube cumulent plus de 12 millions d’abonnés, viennent de s’installer à leur table de dédicace. Seuls accèdent à ces idoles numériques ceux qui se sont préalablement inscrits, ont été tirés au sort, et patientent au moins une heure dans une dizaine de files d’attente. Les autres se contentent de queues tout aussi longues pour des « talents du web », comme on les nomme ici, un peu moins connus – certains n’ont « que » 400 000 abonnés.
« On va faire des selfies, vous êtes prêts ? »
Dans la zone « Beauté », entre stands de maquillage et distributions de vernis à ongles, la blonde Sandrea26France reçoit sur son canapé des jeunes filles tétanisées par l’émotion, qui lui ressemblent comme des clones. « T’es trop belle ! » : confidences glissées à l’oreille, gros câlin, puis selfie commun, tête contre tête, bouche en cul-de-poule. L’autographe de cette génération qui communique par l’image. Chloé Guillotin, 22 ans, se relève en essuyant les larmes qui menacent de liquéfier son Rimmel. « Sandrea partage beaucoup de choses avec nous. Elle transmet sa joie de vivre. »
Sur fond de musique de boîte de nuit, deux préadolescentes en costumes de licorne se prennent en photo devant la chambre reconstituée des humoristes Norman et Cyprien. Leurs copains de collège, eux, sont fascinés par les démonstrations d’exercices de musculation, sur la scène centrale. Dans son box à dédicaces et selfies, Doc Seven, qui raconte sur le net des histoires d’évasions extraordinaires, semble avoir envie de passer à la pratique. Une heure et demie que le jeune homme aux airs d’étudiant discute avec chacune de ses groupies, assis sur sa table. Il finit par grimper dessus. « Désolé, je ne pourrai pas tous vous voir. Je vais passer, on va faire des selfies, vous êtes prêts ? »
« Un peu effrayant »
Dans la file, Soukina Guentour, employée d’hôpital, doit consoler ses trois enfants de 8 à 12 ans. Elle leur a offert la place pour pénétrer dans « leur monde, celui de l’internet ». « Faut les suivre, faut se mettre à jour, sinon on vit en parallèle, on ne partage plus rien, et ça détruit la famille ». Ils sont nombreux, ces parents en sueur, chargés de sacs et manteaux, qui tentent de « rester dans le coup », mais ouvrent des yeux éberlués : leur progéniture entre en transe devant des inconnus aux noms improbables. « Oh, c’est Seb la frite ! », « Poisson fécond ! », « Un panda moqueur ! », des personnalités « de ouf », « trop cool », « trop pas la grosse tête ». Coup de vieux et de fatigue, pour les quadragénaires.
En milieu d’après-midi, les vigiles apparaissent tendus. Des adolescents frustrés de ne pas toucher leur rêve de plus près se sont massés par centaines devant les toilettes que les YouTubers doivent bien se résoudre à fréquenter in real life, dans la vraie vie. Autour de la salle de presse, aussi. Derrière ses cloisons dangereusement oscillantes, Mad Gyver, jeune comédienne capable de fournir une version pixellisée de ses déboires quotidiens, convient que tant d’amour est « un peu effrayant ». « Mais on se rend compte de l’impact de ce qu’on fait. C’est génial pour l’ego. »
« On est l’anti-star system »
Que penser du fait qu’une partie des fans en délire fréquente encore le cours moyen ? « Cela existe depuis la nuit des temps ! Depuis les Beatles ! Et le monde évolue dans le bon sens. Nous diffusons beaucoup de messages positifs. En montrant ma brave petite vie, je leur dis que je suis comme eux. Je les pousse, surtout les filles, à se lancer, à ne pas avoir peur. » L’ex-policière municipale en Essonne, Natoo, s’assoit, comme sonnée par ce « bain d’euphorie un peu irréel ». Elle qui fait rire 1,7 million d’abonnés, qui a écoulé depuis le printemps 160 000 exemplaires de son livre parodiant les magazines féminins (Icônne, aux éditions Privé), semble un peu dépassée par le phénomène qui la porte. « On s’adresse aux gens face caméra, on est assez naturels, ils ont l’impression d’être proches de nous », tente-t-elle.
Kevin, alias Le rire jaune, rigole d’avoir été escorté pour la première fois par des gardes du corps. Encore étudiant en école d’ingénieur, il poste six vidéos par mois pour une communauté de plus de 2 millions d’abonnés. « Pour eux, on n’est pas des stars. On est comme des amis parce qu’on répond à leurs questions sur les réseaux sociaux, parce qu’on les fait rire avec des moyens dont eux-mêmes disposent. Donc ils savent qu’ils peuvent essayer. On est l’anti-star system. » Les adolescents en pleurs de l’autre côté de la cloison n’en sont peut-être plus tout à fait convaincus.

Alors, que penser de tout ça ?
Qu'Internet rend con, enfants comme parents ? Y'a un peu de ça. Mais chez moi, ils ont une certaine distance par rapport au phénomène, peut-être parce que je leur ai montré les émissions des Monty Python quand ils étaient petits. Quand t'as vu ça, le reste, c'est du nivellement par le bas.
L'occasion pour moi de visiter le salon de l'auto-satisfaction, c'est pas si souvent.
Bonne journée, cher nourjal.