Affichage des articles dont le libellé est lu dans le journal. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est lu dans le journal. Afficher tous les articles

samedi 1 avril 2017

Comment faire l'amour avec un Mormon dans l'espace

1/ Des journalistes en mal de copie écrivent un article sur les problèmes de la reproduction sexuée en gravité zéro.

2/ S'apercevant que les gens ne savent plus lire, ils en font un pdf filmé, en éliminant 95% des informations de l'article original.



3/ Je regarde pour me détendre voire m'évader une série de SF pas mal du tout qui s'appelle The Expanse mais que je ne parviens jamais à nommer correctement.
Je l'appelle spontanément The Escape, pour des raisons qui m'échappent. 
Mais c'est sans doute lié à ce besoin d'évasion.

4/ dans ce feuilleton d'anticipation situé dans un futur proche où l'épuisement de l’écosystème terrestre a donné lieu à l'établissement de colonies sur Mars et dans la ceinture d'astéroïdes de Jupiter pour y prélever des ressources qui se raréfient, et où les luttes d'ingérence menacent une paix déjà fragile dans le Système solaire, les Mormons font construire un vaisseau générationnel pour aller ensemencer la Galaxie de la Bonne Nouvelle diffusée par l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours.
Comme ils ont plein de sous, le vaisseau est sans équivalent dans l’univers connu, et suscite bien des convoitises.

Le Vaisseau des Mormons de l'Espace
(en construction)

5/ On assiste au début de la saison 2 à une torride scène de baise dans l'espace. 
C'est pas trop tôt. 
Je ne vous fais pas de GIF animé pour ne pas spoiler.
La gravité zéro ne semble pas les affecter beaucoup. 
Ca fait longtemps que les auteurs de SF ont résolu les problèmes sur lesquels sèchent les scientifiques. 
La Nasa nous prend pour des quiches, et Stephen Hawking est un branleur.

6/ Devant la gare, tous les matins je croise les Témoins de Jéhovah avec leur petit kiosque à revues à roulettes. On dirait une version un peu minable des Mormons de l’Espace. Ils ne semblent manifester aucun désir d'aller ensemencer quoi que ce soit. Ils sont là et ils attendent tranquillement le passant qui aura l'imprudence de s'adresser à eux pour leur demander où est la rue des Plantes, puis ils pondront leurs oeufs amers dans son ventre. Je n'ose pas leur demander le programme de leur candidat, ni s'il a donné une consigne de désistement pour le second tour de la présidentielle, j'ai peur de ne pas pouvoir m'en débarrasser. C'est arrivé à d'autres.
Le soir, c'est les Témoins d'Emmanuel Macron ou de Dupont-Aignan.

7/ Au moins, en lisant Space Sex is Serious Business, j'ai appris des trucs, même si je me doutais un peu qu’on n’était pas prêts de construire d’arche spatiale. Et en regardant The Expanse, j’ai rêvé d’un monde aussi pourri que le notre, mais en mieux. Un monde où on pourrait faire l'amour avec un Mormon dans l'espace, à condition de l’arrimer solidement, et que ses parents soient d’accord. C’est important, le rêve. Alors que quand je regarde les résultats de l’enquête statistique menée par l’Observatoire de la vie sexuelle des parisiens dans la ville-lumière où s’inventent aujourd'hui les modèles sexuels et amoureux de demain, ça ne m’inspire rien du tout.
C'est peut-être parce qu'habitant la province, je n’ai pas de pratiques anales avec ma voisine de palier, mais il faut dire qu’elle a 78 ans, et que son mari n’est pas très chaud pour que je lui froisse le col du fémur, mille putois.

[Edit]
Ma fiction est rattrapée par la réalité : j'apprends dès hier que les Mormons de l'Espace ont inauguré leur premier vaisseau spatial en France.
Bon courage pour le décollage.

dimanche 15 janvier 2017

Le Mème Internet du chien avec un chapeau dans l'incendie en flammes®


J’ai d’abord été intrigué par cette illustration issue de la compilation du Gramophone 2016
Ca sentait le webcomic bien grave.
Alors je l’ai mise dans le truc de Google qui permet d’effectuer une recherche d'images à l'aide d'une image. 
Mais il m’a renvoyé .
Alors j’ai pris une image plus petite, avec juste le dessin.
Le  dessin du chien avec un chapeau dans l'incendie en flammes®.
Bingo.
Je venais de découvrir le monde merveilleux des mèmes.
(de l'anglais meme; calqué sur gène, sans rapport et à ne pas confondre avec le français même, et en effet, c’est pas le même mème) qui est un élément culturel reconnaissable répliqué et transmis par l'imitation du comportement d'un individu par d'autres individus. L’Oxford English Dictionary définit le meme comme « un élément d'une culture (prise ici au sens de civilisation) pouvant être considéré comme transmis par des moyens non génétiques, en particulier par l'imitation »

La planche de blog BD dont était tirée l’intrigante vignette du chien avec un chapeau dans l'incendie en flammes® n’était donc pas une métaphore de la posture de déni de Donald Trump devant la menace du réchauffement climatique, comme je l’avais cru au départ. 

C’est un innocent webcomic créé par KC Green en 2013.



Devenu un mème Internet.
Créature qui semble avoir la fâcheuse tendance d'échapper totalement à son créateur, comme le monstre de Frankenstein.
En effet, le chien avec un chapeau dans l'incendie en flammes® fut instrumentalisé par les Républicains pendant une convention démocrate avant l’élection de Trump, pour se moquer de la feinte sérénité de madame Clinton juste avant le séisme électoral.
Puis provoqua la ruine spirituelle de son auteur originel, si j’ai bien compris.
Enfin, la ruine, pas vraiment, il a trouvé une source de revenus non négligeable avec la vente de peluches et de meugs « this is fine » :




mais disons que ça a cassé son élan créatif et qu’il a fermé son blog BD 
juste avant d’en ouvrir un autre, mais vous savez comment sont les bloggeurs.
Fontaine, je ne boirai plus de ton martini-gin, tout ça.
J’invente rien. 
Tout est là. 

Et moi pendant tout ce temps, confit dans mon ignorance crasse, je n’étais au courant de rien. 
On me cache des trucs.
Je ne vais pas sur les réseaux sociaux. 
J’y serais scotché en permanence. 
Au lieu de ça, j’ai créé mes propres réseaux, pour maitriser mes vecteurs de communication, songeant sans doute à ce que Jeannot Bistouquette m'avait dit un jour : qu'il était devenu réalisateur de pornos pour tenter de progresser dans l'intention de maitriser sa consommation de films de Q...
Et pourtant, l'image du chien avec un chapeau dans l'incendie en flammes® a fini par m'atteindre. 
Ils sont forts, ces Américains.
Alors c'est quoi l'intérêt de cette débauche d'hyperliens à propos de This is fine ?
Les mèmes sont abondamment utilisés comme images réactives sur les réseaux sociaux, mais finalement ne sont-ils pas surtout autoréférents ? 




dimanche 6 décembre 2015

"Petits" partis aux élections régionales d'Île de France

Le parti d'en rire

Le parti d'Henri

Le parti du pire, too pire (bon là je mets pas de lien, le choix est vaste...)

On s'y perd un peu, d'ailleurs.

Heureusement qu'un homme veille à la diffusion de la Connaissance.

Dans mon enveloppe électorale et républicaine de Loire Atlantique, il y a de subtiles variantes par rapport à la sienne, mais globalement c'est du même tonneau de morues dessalées.
J'irai pourtant voter tout à l'heure, je ne vois pas quoi faire d'autre.

Pour me motiver, je regarde la journée d'un fasciste, par Luis Rego.



Ca n'a pas vieilli.
Le Pen a vieilli, Rego a vieilli, mais leur oeuvre reste.
Même si tout cela ne vaut pas une bonne bataille de boudin blanc à la veille de Noël.
J'aime bien aussi le boudin noir, sauf Dieudonné, nuisible non comestible.



D'autant plus que les enjeux des régionales ont été complètement occultés, voire passés carrément Allah Trappe, depuis les attentats de Paris.
Où sont les grands débats politiques d'antan ?

dimanche 18 janvier 2015

J'étais Charb (par feu Charb)

Trouvés ici :
http://stripsjournal.canalblog.com/archives/charb/p20-0.html
Mieux vaut tard que jamais, mais des fois, il est bien tard, quand même.


















Fume, c'est du Charb.



Loïc Sécheresse

Pas mal non plus 
(et je dis pas ça parce que j'ai bossé avec les Musclés)

En parlant de Framboisier, Jankélévitch disait : « la vérité ne triomphe jamais, mais ses ennemis finissent toujours par mourir ».
Il arrive que ses défenseurs aussi...

et la couverture qu'on aimerait voir la semaine prochaine, mais qui date de 1971 :




Le numéro de cette semaine a été tiré à 7 millions d'exemplaires.
7 millions d'exemplaires ! On croit rêver.
J'ai trouvé qu'il n'y avait pas grand chose dedans, mais c'est vrai qu'ils ont dû faire face à un turn-over subit (et subi) de l'équipe éditoriale.

samedi 3 janvier 2015

Le Vice dans tous ses états

Reportage d'un branleur qui a pris de l'ayahuesca
Un autre a pris du peyotl
Un troisième teste toutes les drogues
Franchement, y'a plus de jeunesse.

En prime, leur chaine de news qui troue bien le cul, y'a pas d'autre mot
et un article du Monde qui détaille leur stratégie média.

Bonne année à tous les addicts de K. Dick !

vendredi 2 janvier 2015

En 2015, débranchez !

C’est le nouveau mal moderne : tablettes, smartphones et autres ordinateurs connectés à Internet sont en train de nous rendre fous. Pour reprendre pied, il nous faut nous déconnecter. Mais peut-on réellement parler d’addiction à Internet ? s’interroge The New Yorker. Et comment protéger les enfants de cette dépendance ? Les parents de la Silicon Valley, eux, ont tranché : le moins de temps possible devant les écrans et le plus de livres à disposition.


http://www.courrierinternational.com/article/2015/01/01/les-enfants-de-la-silicon-valley-pionniers-malgre-eux

http://www.courrierinternational.com/article/2015/01/02/j-ai-vecu-toute-une-annee-hors-ligne


En 2015, je décroche.
Et puis je deviens reine d'Angleterre, aussi.

mercredi 31 décembre 2014

Tout ce que nous regardons nous envahit (malheureusement)

A l'occasion de la sortie d'un épisode de la remarquable série anglaise Black Mirror Spécial Noël, je trouve un bon article sur l'acrasie, cousine éloignée de l'anhédonisme.
"L'akrasia (étymologiquement du grec kratos, le pouvoir, et a-, préfixe privatif) est un concept philosophique d'abord rencontré chez Platon, qui désigne communément une faiblesse de la volonté. Par exemple, vous dépassez en voiture un accident (les secours sont sur place) et ne pouvez vous empêcher de regarder, voire de chercher un cadavre ou l'image la plus impressionnante de ce qui vient de se passer, tout en sachant que vous pourrez peut-être ne pas supporter cette image ou qu'elle vous choquera. Platon, dans la République (Livre IV, 440a), prend l'exemple de Léontios quand il explique la tripartition de l'âme et en particulier le rôle des humeurs (tymos en grec) qui prennent l'ascendant sur l'esprit. Léontios, qui rentre de Persée, veut réfréner son envie de regarder des cadavres de personnes qu'un bourreau vient d'exécuter, car il juge que c'est mal de céder à ce penchant morbide. Il ne peut cependant pas s'en empêcher et finit par céder en disant, s'adressant à ses yeux « Emplissez-vous de ce beau spectacle !». L'akrasia réside exactement dans ce paradoxe. Le concept apparaît donc, chez Platon, d'abord dans le cadre d'une éthique qui tente de répondre à la question : dans son action, l'homme ne peut-il vouloir que le bien, ou peut-il vouloir le mal ?"
C'est une question dont on ne peut nier la légitimité.
M'enfin, chacun fait ses choix.


Rien à voir :
Comme cette photo le prouve, j'ai eu 25 ans le jour de Noël.
C'est la fête !

jeudi 21 février 2013

Presque du Trondheim


lu dans un récent fluide glacial,
journal qui à mon pas humble avis
n'est plus qu'une ombre 
de ce qu'il fut,
ces strips très proches de ce que fait Lewis Trondheim
mais qui ne sont pas de Trondheim
(puisque Trondheim squatte désormais
le journal de Spirou,
qui a bien changé lui aussi.)

samedi 26 mai 2012

Un coup de jeunisme



C'est grâce à Internet que je l'ai découverte, et grâce à Internet que j'ai appris que si j'étais pas si souvent devant Internet j'aurais pu aller la voir (c'est une fille toute seule) pas très loin de chez moi (elle passait à Rennes en février)
Merci Internet !

vendredi 30 mars 2012

Killer, est-il ?


Quand on voit ce convoi de films qui circulent, genre suissi, pris aujourd'hui au hasard des horaires de l'Hagard :

... on se dit, avec ce bon sens de gentleman farmer près de chez vous, que c'est pas après qu'la poule a pondu qu'elle doit serrer les fesses.

Tu m'entends, Josiane ?

Le problème, c'est que la société, c'est pas une poule.

Extraits des grimoires de JD :

Les individus sont seuls à pouvoir évoluer parce qu'ils sont seuls à exister. (R. p.107)

La douloureuse histoire des humains tient tout entière dans une dualité : l'essence et l'existence. Nous en sommes écartelés parce que, depuis toujours, l'existentiel est polarisé à l'envers, et il n'est pas difficile de comprendre pourquoi : les hommes simiesques sont mille fois plus nombreux que ceux qui sont humains. ...Voilà pourquoi l'intellect est si discrédité : monopolisé, par les singes, les dés étaient pipés.
L'essentiel est orthogénétique, l'existentiel a toujours été rétrogénétique. D'où la dichotomie dont nous souffrons. Nous sommes écartelés entre l'Homme et le Singe. Nous concilions tant bien que mal cette dualité dans nos personnes en chérissant des idéaux. Elle nous a toujours condamnés à être des singes sociaux. (leç.9/24)

L'existentiel constitue notre "moi" et appartient aux individus. C'est la part d'eux-mêmes dont les individus font apport à l'espèce, la part habilitée à acquérir des caractères nouveaux, acquisition qui est la condition sine qua non de l'Evolution. (Jeux/81)

L'instinct, qui ne trompe jamais les autres espèces, a pour fonction nécessaire de tromper les humains. Les instincts, qui sont les génies tutélaires des autres espèces, sont aux humains des démons qui les torturent, qui les "possèdent" et qui les "perdent" ! Or cette aventure est unique : l'instinct ne trompe que nous.
La cause fondamentale du malentendu qui oppose l'Homme à la nature, c'est que l'inconscient spécifique (l'instinct) nous envoie et doit nous envoyer des messages qui s'adressent à l'espèce et ne se soucient pas des individus. Mais, de toute évidence, les individus sont seuls à pouvoir recevoir les messages et exécuter les ordres, puisque l'espèce n'a pas de vie existentielle. L'espèce, qui est une abstraction, n'existe pas. Les individus existent seuls. Dès lors la nature s'est trouvée dans un cas difficile : les tâches évolutives qui libèrent l'Homme de ce qu'il lui reste d'instincts animaux incombant nécessairement aux individus, il a bien fallu que ceux-ci reçoivent dans leurs instincts l'ordre de lutter contre l'Instinct ! (Jeux/81)

samedi 17 mars 2012

Quand acheter Charlie redevient un acte politique

Je rajeunis à vue d'oeil, sauf sur mes vieilles photos.
La preuve, j'ai racheté Charlie Hebdo, et j'ai eu le plaisir d'y lire l'édito de Bernard Maris, ils ont bien fait de laisser Philippe Val partir à France Inter, le journal y gagne au change. 

Merci à Plouf pour avoir soulevé la question de l'hypocrisie égalitariste de gauche, ça a permis à Oncle Bernard de nous remettre à tous les pendules à l'heure, c'est moi qui stabilobosse en jaune, ne me remerciez pas.

Sinon, Charlie Hebdo reste Charlie Hebdo, quand même.
Mais ce n'est pas moi qui vais m'en plaindre.
A mon âge, et à celui des vétérans du journal, on ne se refait pas comme ça.






J'ai demandé à mon buraliste s'il était d'accord pour appliquer ces nouvelles mesures, 
mais sa femme a surgi du fond de la boutique pour faire remarquer 
que je faisais déjà suffisamment fuir la clientèle comme ça.

lundi 24 août 2009

Ma vie sans Internet 4/4


Etre ou ne pas être cyberdépendante ?
LEMONDE.FR | 27.08.09 | 08h08 • Mis à jour le 28.08.09 | 08h11

Un grand soleil d'été inonde la cour intérieure de l'hôpital Sainte-Anne. Il est 15 heures. Une dizaine de patients en pyjama discutent sous les marronniers en fleurs. J'ai rendez-vous avec le docteur Dervaux. Psychiatre plutôt costaud dans sa blouse blanche, il est spécialiste en addictologie. Grâce à lui, je vais peut-être enfin comprendre ce qui m'arrive.

• Mission n°4 : Savoir diagnostiquer son état

A peine assise, je déballe tout : ma frustration, mon ennui et mon sentiment de déprime naissante. Lui écoute, les mains croisées sur le ventre. J'insiste. Mes propos n'ont pas l'air de le surprendre. Quand j'ai fini, il hausse les épaules, laisse échapper un sourire. "Vous voyez cette ligne, mademoiselle. – Oui – Sur une échelle de 1 à 10, vous seriez plutôt là : au niveau quatre. – C'est-à-dire ? – C'est-à-dire qu'Internet fait partie intégrante de votre environnement socio-professionnel, mais son usage n'a pas d'impact sur votre entourage. – Donc ? – Vous n'êtes pas cyberdépendante."
Oubliée, la toxicomanie numérique. D'après le docteur Dervaux, seuls 0,5 % à 2 % de la population souffre réellement d'addiction à Internet. "Les vrais accros passent plus de cinquante heures par semaine sur le Web en dehors de leur vie professionnelle. Ils sont rares, à peine 6 % des usagers." Leur dépendance, ou plutôt leur maladie, se traduit par une envie intense, obsessionnelle et irrésistible de se connecter. Le plus souvent, elle se dissimule derrière une addiction à la pornographie, aux chats ou aux jeux vidéo en ligne.
Difficile pourtant de dégager un profil type de l'internaute cyberdépendant. "Autrefois, il s'agissait majoritairement d'hommes âgés de 25 à 35 ans (…). Maintenant, il semble y avoir une certaine parité entre les hommes et les femmes", observe le psychologue canadien Jean-Pierre Rochon. Dans son ouvrage sur Les Accros à Internet, le créateur du site psynternaute.com précise que les adolescents sont proportionnellement plus nombreux à souffrir de troubles obsessionnels que les adultes.
Malgré cela, rares sont les études consacrées exclusivement à la cyberdépendance. Les plus sérieuses, publiées en Asie et aux Etats-Unis dès le milieu des années 1990, se fondent sur le résultat de tests, généralement accessibles en ligne. Le premier de ces questionnaires, mis au point par le docteur Kimberly Young en 1994, se présente sous la forme d'un questionnaire à choix multiples (QCM) en vingt points. Alain Dervaux accepte de m'y soumettre. Avec un résultat de 57 sur 100, je me classe dans la catégorie des usagers abusifs, mais curables.
"Le problème de ces tests, c'est qu'ils s'appuient sur des critères trop larges pour évaluer précisément la cyberdépendance d'un individu", tempère mon docteur. Pour la plupart des internautes, et j'en fais partie, le Web agit plutôt comme une drogue douce. Socialement obligatoire mais rarement néfaste pour la santé, c'est avant tout un instrument de liberté.
Dans le pire des cas, il agit comme un accélérateur de narcissisme. Comme le précise mon docteur, "tout en offrant l'anonymat, Internet permet de diffuser une projection de soi contrôlée, valorisée, sculptée et optimale. Rompre avec ce miroir, c'est se couper de la meilleure partie de soi-même. Un processus d'autant plus douloureux, narcissiquement, qu'on s'exclut de la communauté des internautes". Mais Alain Dervaux en est convaincu, "ce sentiment de frustration dont vous m'avez parlé finirait par se dissiper si vous prolongiez l'expérience".
J'en conclus donc que la consultation est terminée. En quittant l'hôpital, le cœur un peu plus léger, je croise le long des arbres une jeune fille en habit bleu. Elle a le regard vague et les cheveux en bataille. "Vous avez du feu ?" Je crois, oui. Je cherche, farfouille, renverse mon sac, m'excuse. La jeune fille sourit. "Vous êtes hospitalisée ?", me demande-t-elle. Non, juste un peu déconnectée.
Pour en savoir plus :
- Lire La Cyberdépendance en 60 questions, de Jean-Charles Nayebi (Retz, 2007).
- Les Accros d'Internet, de Jean-Pierre Rochon (Libre Expression, 2004).
- Ces dépendances qui nous gouvernent. Comment s'en libérer ?, du Dr William Lowenstein (Le Livre de Poche, 2007).
- Une étude belge sur la cyberdépendance, pédagogique et complète.

Elise Barthet

lundi 17 août 2009

Ma vie sans Internet 3/4

Tant qu'il est en ligne l'article est

Le téléphone sonne. C'est la première fois depuis deux jours. La mélodie me tire d'un état de douce hébétude. E., au bout du fil, manque de s'étrangler. "C'était la projection des filles ce soir. T'étais où ?" Moment d'absence. Nulle part. Ça fait des heures que je tue le temps en jouant au Spider Solitaire, que j'écluse des tisanes. J'ai complètement oublié le documentaire d'A. et C. "L'invitation est quelque part dans ma boîte mail, mais…" Inutile de s'expliquer. E. enfonce le clou. "Tout le monde était là, sauf toi."

• Mission n° 3 : Lutter contre l'ennui

Pour éviter la tentation, je n'ai prévenu personne de ma soudaine déconnexion. Mes amis IRL ("in real life", à savoir dans la vraie vie) sont tous plus ou moins accros au Web. La plupart de nos communications, de nos états d'âme et de nos fous rires passent par la Toile. Pas un jour sans que je ne chatte avec l'un d'eux sur Gmail ou MSN. Pas une semaine sans que je ne visite leur page Facebook. Des parties de Questions pour un champion online au visionnage compulsif des meilleurs clips de Kate Bush, Internet a même envahi nos soirées pour devenir une pratique collective. Impossible de l'éviter. Alors, par peur de la tentation ou par manque évident de volonté, j'ai préféré me calfeutrer.
Mais cet isolement me pèse. Je me demande ce qu'ils font tous. Où se trouve L. ? Quand revient V. ? Je les imagine vautrés devant un film piraté ou pendus à Spotify. Le plus étrange, c'est que je ne pense même pas à les appeler. Habituée à les contacter par mail, j'ai perdu le sens du combiné.
Dans ma chambre, le temps s'est comme figé. L'air est immobile et les heures se dilatent. Pas un bruit ne résonne dans l'escalier. Pas un tintement de clé. Sans connexion, je me sens comme écrasée, abrutie par le vide. Je vis dans un demi-sommeil, prostrée devant mon écran. Le corps engourdi et l'esprit embué. La radio crachote. J'ai l'impression que la lassitude a pris le pas sur la frustration.
Je n'ai pas le cœur à lire. Je n'ai pas de télé. Pas question d'aller au cinéma. Il me faudrait au moins deux séances pour retrouver un semblant de joie de vivre, et mes finances ne valent pas mieux que mon moral. Par dessus le marché, ma chaîne hi-fi est cassée. Ça fait des lustres que je me promets de la faire réparer.
D'après Don Tapscott, auteur de Grown Up Digital, l'usage d'Internet a profondément transformé la façon dont fonctionnent nos jeunes cerveaux. Qu'il s'agisse de notre aptitude à accomplir plusieurs tâches en même temps ou de notre culture du Réseau, nous, "natifs numériques", avons l'habitude de vivre sous stimulation permanente, avec une perfusion digitale. Privée de ces distractions, je m'ennuie à mourir.
Besoin de penser à autre chose, de penser tout court, combler le vide. Je me souviens : les VHS, le rembobinage manuel des cassettes audio, les ondes courtes, les joysticks, les annuaires, les atlas, les bippers, le sacro-saint journal de 20 heures... Je me rappelle les piles de disquettes, le premier ordinateur familial, le bruit strident du modem. Et ma toute première boîte de réception Caramail. Le temps d’attente avant le chargement des pages. Les fils qui couraient sur le parquet. Les connexions interrompues, chaque fois que quelqu’un décrochait le téléphone. Et mon père qui hurlait "Racroooooooche !"
Et dire qu'hier, j'ai failli tout laisser tomber. Je venais d'arriver au bureau. L'ordinateur était allumé. Sans réfléchir, mes doigts ont glissé sur la souris. Une fenêtre s'est ouverte, vite vite, j'ai voulu pianoter. C'est le genre d'envie qui vous vient comme une démangeaison. J'étais sur le point d'y parvenir, quand quelqu'un s'est assis. J'ai tout refermé.
Besoin de partir, de m'aérer. Je nous ai traînées, ma mauvaise conscience et moi, jusqu'à la bibliothèque. Malgré la fin des examens, les allées bruissaient encore du frottement sec des copies doubles et du glissement des semelles sur les moquettes usées. L'étage était plein. J'ai pris place entre une vieille femme passionnée d'art grec et une étudiante en médecine. Devant moi, oublié, un livre au titre évocateur : L'Ennui, d'Alberto Moravia.
"L'ennui, écrit Moravia, consiste principalement dans l'incommunicabilité". C'est comme une gangue épaisse qui vous rend imperméable aux choses. Il "ressemble à l'interruption fréquente et mystérieuse du courant électrique dans une maison : à un moment tout est clair et évident, ici les fauteuils, là les divans, plus loin les armoires, les consoles, les tableaux, les tentures, les tapis, les fenêtres, les portes : le moment d'après, il n'y a plus qu'obscurité et vide."
C'est exactement ça. Privée d'Internet, je suis comme anesthésiée. Aboulie complète. Il faudrait peut-être aller consulter.
Pour en savoir plus :
- Les Nouvelles Addictions, du Pr Michel Lejoyeux (Points, 2009).
- Grown Up Digital. How the Net Generation is Changing Your World (Enfants de l'ère numérique. Comment la Net génération change votre monde), de Don Tapscott (MacGraw-Hill, 2008).
- L'Ennui, d'Alberto Moravia (Flammarion, 2003).
Elise Barthet