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mardi 1 décembre 2015

La course contre la honte (2/4)

Tu sais maintenant que tu ne trouveras jamais le bonheur dans le porno : ça serait déjà fait.
C'est pas la peine de lutter, c'est perdu d'avance, et c'est en renonçant à ce combat que je sauve mes fesses par tranches de 24 heures. 
Tous, ici, on apprend à faire ça. Même si au départ on s'en croit incapable.
Au début, d'ailleurs, ça nous arrange : quand on tombe, on tombe de moins haut. 
Mais au fur et à mesure que le temps passe, on en voit qui gardent la tête hors de l'eau plus longtemps que d'habitude, et au bout d'un moment on voit pas pourquoi on n'y arriverait pas non plus tellement la méthode est simple : un jour à la fois.
 Une heure à la fois.
 Un instant à la fois. 
S'éloigner de l'ordi, sortir de chez soi, lire, écouter de la musique, faire du yoga, écraser des trolls sur son blog, toutes les actions qui nous éloignent de notre terrible obsession et de la frustration qui nous y replonge.

J'essaye de comprendre ce qu'elles veulent me dire, mes frustrations, elles sont là pour me rappeler d'essayer de mettre dans ma vie ce qui lui manque, au lieu d'aller compulser, ce qui renforcerait la tristesse, le dépit, le mépris de mes besoins réels, enfin bref tout ce qui fait que les marchands de cul nous tenaient par les couilles et que peu à peu l'étau se desserre, et je peux te dire que ça fait du bien.
On respire.


Comme on dit aux AA, tourne tes yeux vers la lumière, même si tu ne la vois pas encore.

Si tu n'y arrives pas tout seul et si tu te noies dans les forums, c'est parce que sur Internet, le problème principal, c'est que le lieu de rétablissement est confondu avec l'objet même de la dépendance, comme le dit bruno69.

Va te faire aider. Retourne voir ton psy, cherches-en un autre, débranche ton pécé avant de perdre ce que tu crois posséder mais qui en fait te possède et t'aliène 2, et te donne envie de pleurer, et de crever. Et comme tu ne peux faire ni l'un ni l'autre, tu retournes te planquer dans ton trou. Mais dans ton trou, ça pue, même toi l'odeur te fait suffoquer.
Alors tu reviens sur les forums, et t'as l'impression que l'enquète piétine, bien qu'on connaisse d'avance l'assassin et le mobile du crime.
 Evidemment que c'est facile pour moi de te le dire, du haut de mes 6 mois patati patata. 



Durée d'abstinence mon cul, on est toujours ici à un clic du pétage de gueule.
Pas plus, pas moins.
Essaye de conserver ce click d'avance.
Pour aujourd'hui. 


Aux heures de marée haute de la pulsion sexuelle,
on remet son ciré, et bientôt on voit la crue se tasser. 

Gars, se dégouter c'est préparer la rechute par auto-apitoiement.
J'accepte mon passé sans en être suffoqué : déjà qu'il va mettre un moment à passer, si à chaque fois qu'il me remonte à la gorge je dois vomir, on s'en sort pas.
 Il n'y a que l'abstinence à long terme qui permette de se débarasser de cet encombrant mépris pour soi-même.
Comme le disait Orroz,"ne culpabilise pas. Tu n'es ni un monstre, ni un pervers, mais bien une victime de cette société trop permissive qui s'est laissée avoir par la "libération sexuelle" et l'invasion de la pornographie. Mais tu es aussi une victime consentante, et c'est cela qu'il faut d'abord traiter. Tu as fait le premier pas en venant sur ce Forum, à toi de faire tous les autres en te sevrant."

J'aime bien ce terme de victime consentante : il faut commencer par cesser de consentir.
Et continuer.

Accidentellement, nous pouvons croiser des images.
De loin, et sans réponse de notre part, elles nous rappellent le rapport de dépendance que nous avions avec elles. Pas de blâme, pas d'angoisse : le sevrage fait qu'on se sent détaché de ces représentations. On râle sur l'image de la femme symbole de consommation entre les mains des publicitaires, mais ce n'est plus un problème personnel.

De près, ça veut dire qu'on s'est rapproché, un peu trop sans doute.
Il est peut-être encore temps de prendre du recul : 
ces images ne sont que le support de projections émotionnelles.

Qu'appelles-tu la libération du désir ? ne plus lui être asservi ? L'abus de porno est une bonne occasion de se rendre compte que la nature du désir est de rester inassouvi, ou de changer d'objet : si on croit qu'il appelle sa propre réalisation, hop ! il s'en va se nicher ailleurs.


Quand Orroz dit "18 mois pour être peinard", ça veut pas dire qu'après, tu peux "reprendre une activité normale" avec ces sacrées images.

Imagines-tu un toxico à l'héro qui, longtemps après son sevrage s'offre un petit shoot d'usager "récréatif" ?Plus je me protège, moins j'ai envie de me satisfaire avec de la merde ou devenir l'otage de mon dépit. Et plus j'ai envie de conserver mon énergie pour des choses qui valent le coup.
Et de retrouver le respect de moi et des autres; et les jours où ça me gratte, je me dis que ça me passera, ou je recherche les raisons de cette excitation sexuelle dont je sais qu'elle est passagère (plus on abstine et plus on pige comment ça marche) et je demande à l'esprit de l'univers de me désencombrer de ce truc dont je ne sais que faire.
Je m'en remets à ce dieu farceur qui m'a conçu couillu pour m'apprendre le sens de l'humour...et le lâcher prise.

Avant le porno, je me rappelle cette recherche d'un plaisir partagé, ce besoin d'un échange où l'on donne du plaisir avant de le recevoir. 
La compulsion ayant brouillé les cartes et arraché toute la tuyauterie, cette magie est longue à revenir. 
Quelle que soit la difficulté du sevrage, chercher à "soulager la tension" n'est pas pour moi une raison assez bonne pour m'engager dans un rapport qui ne peut se contenter d'être sexuel (sinon autant continuer à se branler !)

Un des effets secondaires de l'abstinence continue, c'est que ça m'est devenu indifférent (intellectuellement) de faire l'amour ou pas.
Bien sûr j'en ai souvent envie, bien sûr je recherche l'intimité, qui en est le prémisse, mais sachant que les moments où je cherche réellement l'échange me semblent encore rares, j'ai dévalorisé mes propres attentes.
L'abstinence n'est pas une discipline olympique, je ne me prends pas pour un performer de l'ascèse, simplement me rappeler d'où je viens me permet de relativiser l'urgence de ma demande.

dimanche 29 novembre 2015

La course contre la honte (1/4)

NOTES POUR TÉMOIGNAGES à l'espace B* –  LE 23/02/14
(suite du post sur l'addiction pornoïque)

Pendant des années, j'ai caressé l'idée que c'était effectivement irréversible. Ca m'arrangeait bien, ou plutôt ça arrangeait bien le singe que je portais sur le dos et qui, avec des idées comme ça, était certain d'avoir à becqueter tous les jours. 
Je peux pas te dire que ça se soit fait en un jour avec la grande lumière et tout le tremblement. Il y a eu la prise de conscience progressive de tout ce que j'étais en train de perdre et de foutre en l'air : ma vie et celle des miens. 
Le déclic déterminant, ça a été le forum d'Orroz : au lieu de rechercher les causes personnelles, que je savais ne pouvoir atteindre sans l'aide d'un psy, je découvrais le dénominateur commun : le porno m'avait vaincu, mais j'étais pas le seul. 
D'autres témoignaient avoir été totalement sanibroyés par le même produit. 
Dans les premiers temps du sevrage, même avec des rechutes, il faut s'accrocher au connu : le contenu du site d'Orroz, et les témoignages qui convergent de partout. On sait qu'on ne vivra plus jamais la dépendance dans la résignation parce qu'on apprend qu'on peut échapper à ce mensonge un jour à la fois en se rappelant que c'en est un, et qu'il est inutile de le faire perdurer : la souffrance l'emporte immanquablement sur le plaisir.
Dès qu'on se casse la gueule, il faut l'admettre, surmonter le dégoût qu'on s'inspire car ce n'est jamais que de l'orgueil mal placé à accepter son impuissance, et recommencer le sevrage. 


 Tu peux fréquenter tous les forums du monde, et tous te serineront les mêmes évidences. A quoi bon lutter ? si tu admets la défaite, tu prends les mesures pour te protéger. Les ruses que nous mettons en place pour succomber à notre passion fatale, c'est de l'intelligence gaspillée. Tu dis "je m'arrangeais pour me retrouver 3 heures durant devant mon ordinateur et jouir des plaisirs virtuels que le web nous propose. Le même rituel à chaque fois, profonde respiration, plonger dans le porno et les cam", tu peux te poser la question : ton plaisir est-il virtuel ou réel ? es-tu toi-même quand tu te branles, ou t'estimes-tu victime d'une illusion ? quand tu prends ta profonde respiration, est-ce que tu pourrais pas en profiter pour NE PAS plonger dans le grand bain de merde dont tu ne peux ressortir que sali, honteux et encore plus frustré après qu'avant ? voir à ce sujet la méthode respiratoire de super guerrier 3000, que je trouve c'est le cas de le dire, bien inspirée.



N'oubliez pas que le désir ou le sentiment de toute-puissance que nous exerçons sur nous ou les autres n’est que la dégradation de cet état originel non-séparé (d’avec nous-mêmes) que nous cherchons à retrouver. 
Le désir de puissance n’est que la dégradation de la dégradation de la nature originelle. Qui s’étonnerait alors qu’il soit si bien accroché ?
 Les cyberdépendants combattent leur désir. Pas de chance, le désir de la pétasse sur un écran n’est que la dégradation de quelque chose de plus haut, car la jouissance sexuelle n’est qu’une version dégradée de la béatitude produite par l’union de la clarté et de la vacuité. Autrement dit, rejeter le désir, c’est jeter l’échelle qui nous permet de remonter à notre vraie nature. Et ça ne peut pas marcher.

(emprunt à la grande prêtresse du Tantra de la Main Gauche, merci à elle !)
Orroz ajoutait :"C'est pourquoi je propose aux dépendants de transformer leurs désirs de pétasses en désir vrai d'amour pour leur partenaire car en réalité c'est cette omnipotence du désir qui permet d'atteindre la vraie jouissance."


Faut pas rêver : on s'est shootés à L'EXCITATION SEXUELLE pendant très longtemps, donc tous les symptômes du manque, on les manifeste pendant des mois, et c'est l'inverse de l'excitation : apathie, dépression, aphasie, vomissements, diarrhée, saignements de nez, oedèmes pulmonaires, tumeurs scrotales..... 
bon j'arriverai pas à finir ce post, je me marre trop de ma connerie, désolé ;-(
...l'essentiel, c'est de savoir qu'on va passer par ces états dépressifs, et de s'y préparer, puis de les traverser en conscience, c'est à dire en confiance. Un truc à se rappeler quotidiennement pendant les affres du sevrage, c'est qu'on va pas en mourir, malgré qu'on sente bien que quelque chose meurt en nous, avec beaucoup de couinements d'indignation. 
Ouf , c'est pas nous : c'est l'autre.


 Re: Suite au viandage (07/04/2006)
"...poursuivre la croissance qui s'est arrêtée pour moi un jour de 1988 où j'ai vu Brigitte Lahaie faire des choses inconcevables pour le petit garçon que j'étais alors ..."
Yyyyeeessss ! t'as tout compris : le porno stoppe net le développement affectif, puis le réduit en purée sanguinolente.
 La sensibilité se dégrade en sensiblerie, et nous devenons de pauvres choses tremblotantes aggripées à l'image que des commerçants peu scrupuleux ont réussi à fourguer à nos rêves. 
Quand je dis "impuissance devant le produit", ça veut dire que le combat est perdu d'avance puisque le porno est plus fort que nous. Il ne s'agit donc plus de l'affronter mais de s'en détourner pour sauver ce qui peut l'être : puisque la dépendance consiste à effacer la douleur par ce qui la provoque, elle resserre ainsi le noeud qu'elle prétend défaire "pour un moment". 
Commercer avec un produit dans l'espoir de retrouver un plaisir qui naissait de la fortuité de la rencontre, faut vraiment être baisé de la caisse pour penser que ça peut marcher. L'addiction c'est le fait que notre raison est "incapable" de percevoir ce fait. 

Le sachant, nous pouvons mettre de la distance entre nous et le produit.



Je me demande si la compulsion au porno ne relève pas elle-même (en tout cas pour moi) d'une forme symphoniquement pathétique d'auto-apitoiement : j'ai tenté de me "consoler" de ma vie sexuelle insatisfaisante par une vie sexuelle imaginaire beaucoup plus riche. Evidemment ça s'est avéré aussi efficace que de boire de l'eau salée quand on a soif, comme dit Mathieu Ricard, qui met toujours beaucoup d'eau dans le sien. 
Il est finalement salubre que ce mensonge m'ait précipité dans l'enfer de l'addiction, puis m'en aie fait fuir épouvanté. Ce n'est pas dans l'imaginaire que nous pouvons soigner nos bobos réels, c'est en posant des actes, quel que soit le temps que ça prend pour que le sevrage nous aide à nous pardonner et à revenir à la raison, c'est à dire sortir de notre spirale délirante.






Ce petit florilège de textes issus de correspondance privée, de conversations de forums & autres blagues de cyber-comptoir a tout naturellement trouvé sa place dans le recueil de mes articles de blog relié en peau de moine tibétain que je compte offrir à ma femme pour Noël (chut, c'est une surprise) 

_______________

Aucun aphorisme n'a été torturé pendant le tournage.

Il n'y a pour l'instant aucun commentaire client.

jeudi 12 novembre 2015

Petits démonneaux de nos contrées (13) : Comment perdre la femme qu'on croit de sa vie ainsi qu'une bonne occasion de se taire

« Stupidity got us into this mess — why can’t it get us out?
— Will Rogers »
cité par John Varley dans « Demon ».


Ce qui me reste pénible, bien qu’agréable par ailleurs, c’est le fait que l’inhibiteur de recapture de la sérotonine que je prends actuellement booste la créativité et l'idéation, mais aussi l’égo, et remplace l’illusion de toute puissance de la drogue par une efficience dans les domaines de ma vie sur lesquels je choisis de l’appliquer, selon des critères un peu complaisants.
C’est une sorte de western du cerveau, ça : les frères sérotonine sont en fuite, le shérif local lance une bande d'adjoints à leur poursuite puis une bande rivale se met en route pour exterminer les premiers !
Inutile de nier ou de minimiser la force ainsi libérée, qui réclame des accomplissements. Je la brûle sur des chemins de traverse, elle n’en reste pas moins une menace, tant  que je ne parviens pas à réguler les phases de veille et de sommeil.
En attendant, j’ai retrouvé ça :

Dans le Paris-Nantes, le 4/3/99

”Une instruction variée, pensait-il, était le meilleur préservatif contre la contagion des folies du siècle : un esprit vide a toujours besoin d’amusements, et se plonge dans la dissipation pour éviter l’ennui ; le mouvement des idées, au contraire, fait de la réflexion une source de plaisirs, et les observations que le monde fournit sur lui-même compense les dangers des tentations qu’il présente. Partout la méditation et l’étude sont nécessaires au bonheur ;
à la campagne, elles préservent des langueurs d’une existence apathique et enseignent à comprendre le grand spectacle de la nature ; à la ville, elles dispensent de ces vaines distractions qui ouvrent la porte à tant de dangers.”
Ann Radcliffe, “Les mystères du Château d’Udolphe”



Métaphysique du désir
par le professeur Andy K.P* (de l’Institut)

Finalement, en tout cas pour aujourd’hui (car il ne faut jamais épiloguer avant la fin), je crois que j’ai trop de désir pour toi, et depuis trop longtemps, pour chercher sérieusement à l’assouvir aujourd’hui ... plutôt qu’après demain ou dans 25 ans.
Ce satané désir a cessé de me tenir par les couilles; dans ce monde où les plaisirs gratuits sont si rares, c’est déjà ça de pris.
Je me rappelle cette veille de départ en Inde, où on a fait l’amour trop vite : je n’en “revenais pas” d’être au lit avec toi - cela faisait déjà quelques années que ce n’était pas arrivé, la fois d’avant c’était autour de la naissance d’H* et j’étais si murgé que je suis incapable de me rappeler si on l’avait fait ou pas - mais cette nuit de printemps 95 où j’ai littéralement explosé en toi par la traitrise d’un préservatif soumis à une trop grande émotion sans parvenir à te faire jouir, ça je m’en rappelle : cruels déceptioning, comme disait Edika.
Si j’avais retrouvé notre mythique union de la salle de musique de la rue R* - millésime 881 - la déception aurait sans doute été moins grande, mais quand même : désillusion du désir, blues du “tout ça pour ça ?” : que les corps ne puissent ce jour-là exprimer l’intensité des sentiments, que la viande soit trop lourde pour s’envoler, je trouvais cela relou.
Ca m’avait laissé...dubitatif.
Alors que là, dans ce train qui me ramène à mon destin provincial et monogame, mon désir pour toi est intact, et curieusement j’en jouis - et pas sur la jambe du contrôleur qui vient de passer à ma portée.
Aurais - je inventé l’ascèse de la jouissance ? ou la jouissance de l’ascèse ?
Ou est-ce que je me leurre avec un Nirvana fantasmé et une satisfaction virtuelles, intello et plus raisonnables pour mon petit confort d’hétérobsédé par toi pour ne pas céder à la frustration et la culpa ?
Peut-être que je me trompe de mot, peut-être que la tendresse est venue remplacer le désir à force de différer sa satisfaction, qui signe en même temps sa fin, qui ne m’apparait peut-être même plus souhaitable, au moins pour la demi-heure qui vient, mais qu’au nom du passé je me refuse à cette... féminisation de mon vocabulaire et de mon comportement.
Un poète qui avait le blues après s’être vidé les couilles a dit : le désir fleurit, la possession flétrit toute chose. A moins qu’il ait cherché à se consoler comme il le pouvait de ne point avoir pu s’introduire dans l’être aimé.
Mais c’est vrai qu’une fois que la banane s’est dégonflée, on est parfois saisi par l’étrange pressentiment de s’être fait mener en bateau par le bout de sa bite, (que j’ai pour ma part encore fort raide en pensant à toi, dieu me tripote) et comme elle est incapable d’arrière-pensée voire de libre art-bit(r)e, il faut bien soupçonner qu’elle est souterrainement au service d’autre chose - dans mon hypothèse, de l’instinct de reproduction.
Si la sexualité est la carotte et la reproduction le bâton, comme je te le disais dans ma vidéo cet après-midi - la contrainte nécessaire à la survie de l’espèce, “but” vraisemblablement “poursuivi” par la “Nature” ou en tout cas tout se passe comme si, la tendresse, elle, est entièrement gratuite et indépendante de la sexualité et de la reproduction, et pourtant elle ne s’exprime souvent que sur ce terrain. 
Mais elle n’a absolument pas besoin de sensations pour être !
La salope...
Si la Nature, Dieu ou le Principe Actif de l’Existence jouait à pousser le bouchon de l’évolution toujours un peu plus loin,
matière inanimée -> matière vivante -> homme ???
elle ne s’y prendrait pas autrement : quoi de tel que le désir pour nous inciter à nous reproduire et poursuivre ainsi l’Evolution et les Nobles Buts qu’elle s’est peut-être fixés ?
Dans ce cas toi et moi sommes de petits malins : nous jouons nos jeux sans jouer le sien, et sommes alors à même de tutoyer les dieux, eux qui sont infoutus de se soustraire aux lois des univers qu’ils créent.
...
Tu prends des notes ?

Le sexe tout seul (sans sentiment) est “surgavant” comme tu le dis si bien, et ne s’accommode pas facilement du manque d’assaisonnement affectif, ou à défaut d’une chaude camaraderie, parce qu’on sent bien le déséquilibre : trop de quelque chose, pas assez d’autre chose.
Pas assez de quoi, d’ailleurs ? celui ou celle qui entend cette question se déposer en lui-même et qui décide d’y chercher réponse a plus de chances de se mettre en état de le trouver qu’en changeant de partenaire pour éviter d’y répondre. Même si cette affirmation fleure bon le moralisme à 10 balles, je la maintiens telle que(ue), et te la suggère comme thème de ... causerie avec ton chéri : voici un excellent support de dialogue, pour réenchanter le quotidien avec du langage, qui est un outil pas plus con qu’un autre quand on se trompe pas de mots.
Je disais donc, le sexe tout seul est surgavant, sauf quand tu baises avec la même personne pendant 1 an, 3 ans, 7 ans, 10 ans... (cochez la case de votre choix) et qu’autre chose s’installe : t’es plus dans la séduction, t’es plus dans la qué-quête frénétique de sensations venant pallier à cette absence de sentiments2, t’es plus dans l’immédiateté du désir de l’Autre, promesse de plaisirs inconnus !!!, qui lui même n’est plus tellement Autre, il serait plutôt devenu le Même, Prévisible à un point que ça d’viendrait légèrement agaçant s’il n’y avait ce bon dieu de sentiment (ou au moins, coucou la revoiloù, la tendresse), cet Autre avec qui tu t’es engagé à construire une relation dans le Temps (ou pas ?), l’Autre à réinventer pour éviter de s’habituer à le prendre pour CE QU’IL CROIT QU’IL EST, et c’est au prix de ce petit effort qu’on réenchante le quotidien, ma p’tite dame, et croyez-moi, c’est vraiment donné !
Reste une question : pourquoi l’habitude et le couple sont-ils des facteurs aussi puissamment anti-érotiques ? peut-être parce que le couple n’est pas le lieu de l’expression de l’érotisme mais de l’amour, qui n’a pas grand-chose à voir avec la gymnastique du plaisir.
Au fond, ce n’est pas radicalement différent de ce que je te raconte depuis une quinzaine d’années, et je ne devrais pas avoir à te le redire avec une telle vigueur et surtout une outrecuidance et un aplomb rassure-toi purement simulés par ordinateur, mais puisque tu sembles toujours apprécier mon cerveau et ma bite, faut bien que mon cerveau (au moins) te le rende, et puis tu m’as bien prescrit d’écrire et de faire l’amour, non ? tu vois : j’écris ; pour l’amour, on verra ce soir si ça se finit pas devant Internet3 .
Faut-il en conclure que la sexualité est une salope qui ne tient jamais ses promesses ? ça dépend surtout de nous : ça peut devenir une drogue addictive (c’est à dire qu’il en faut toujours plus pour être de moins en moins défoncé, de moins en moins raide) si elle ne débouche pas sur une relation moins restreinte que le simple commerce charnel4 , plus épanouissante pour les individus qui s’y adonnent (n’oublions pas que si la nature veut que nous évoluiions elle a intérêt à ce que nous soyons d’accord, donc que nous ayons l’impression d’agir “de notre plein gré”, puisque nous n’en avons pas grand chose à pèter d’elle, à qui nous devons pourtant ce que nous sommes, bio-Amen)
C’est peut-être bien ce qu’essayent de te dire les garçons de 37 ans que tu fréquentes, sans le savoir eux-mêmes, c’est aussi ce que je te raconte depuis tout petit (j’ai eu 37 ans très tôt dans ma tête) en le sachant, et c’est aussi ce que ta fidélité “de coeur” à JM finit par refléter bien que tu t’en défendes en t’obstinant à afficher des réflexes de petite fille trop gâtée qui se venge d’elle-même en arrachant les ailes des mouches pour voir si ça les fait couiner.
Certes, elles z’avaient qu’à pas trop s’approcher du miel, mais je ne m’inscris pas comme moraliste dans cette histoire qui me touche sans me concerner : ma vision autrefois morale s’affine aujourd’hui pour devenir causale plutôt que de se perdre dans l’étude motivationnelle : en gros, on fait c’qu’on fait parce qu’on peut pas faire autrement, jusqu’au jour où comprenant pourquoi, on peut enfin passer à autre chose.
Dont acte.

Ton dévoué “le cerveau membré”


1 Ca me fait bien délirer de citer toutes ces dates de mémoire, même si ça fait un peu ancien combattant.
2 il faudrait nuancer ces jugements à la va-comme - je-t’encule : chez les garçons ça se passe pas exactement comme chez les filles, cf “l’Erotisme” de Francesco Alberoni, mais si je me lance on finira pas à l’heure.
3 Hé oui, il arrive encore à la fin du XXéme siècle que l’hopital se foute de la charité.
4 aah, que j’aime cette expression : dans commerce charnel, il y a commerce, et puis il y a charnel !!!

Annexes :

15 mars 99
(Notes pour une) Métaphysique de la pornographie
(le jour où j’aurai le temps de la rédiger)

Quand je me branle devant une jolie fille, je redeviens l’adolescent boutonneux que je fus, mais pas assez : lui ne se branlait pas, il rêvait de romantisme. C’est dans ce sens que devenir adulte, c’est devenir plus lourd...

On parle de se rincer l’oeil alors qu’en fait on se le pollue avec des désirs qui ne sont pas les nôtres (surtout moi)

Je confonds le mal et la maladie. Le Mal me fait ricaner alors que la Maladie me fait souffrir. Je ricane de me voir souffrir des conséquences de mes erreurs, mais je souffre quand même.

Ne pas oublier que mon discours a toujours plusieurs années d’avance sur ma pratique.

En ce moment je n’ai pas envie d’amour : j’ai juste envie de me branler dans quelqu’un.

Le cul, c’est pas ça ; précisons : je suis bloqué (en panne des sens) à un stade psycho affectif qui me fait désirer des belettes petites, jeunes, poitrinaires, mon idéal sexuel est figé dans les glaces maintenant inaccessibles de l’adolescence, alors que j’ai 36 balais et d’autres chattes à fouetter, celle de B* en particulier, qui s’est désintéressée de la question suite à mon désintérêt affiché pour elle : elle ne correspondait pas à mes fantasmes. Ce qui me fait regarder les filles comme si elles étaient des bouquins pornos et les bouquins pornos comme si c’était des filles.
C’est malin.
M’man, ‘gad où que ch’suis.

Pour le moi, la Beauté est promesse d’Amour, mais dans la Réalité, la Beauté ne mêne pas à l’Amour : la Beauté mêne soit à la Frustration, soit à la Nostalgie, soit à un joyeux mélange des deux. Normal : le moi transforme tout ce qu’il touche en merde.

Le moi est ce qui distingue l’homme de l’animal, même s’il le ravale parfois au rang de la bête. Le Moi est ce par quoi l’homme peut se complaire dans la nostalgie imbécile de ce qui aurait pu être, au lieu de se satisfaire de ce qui est ou, à défaut, d’espérer ce qui sera.

Si on flatte les bas instincts, ils ronronnent (c’est d’une logique imparable) et prennent tout le lit de l’âme.


Métaphysique des vidéos de V*T*

Je trouve que les films ne sont pas à la hauteur du personnage.
Tu mets en scène “l’effet que tu fais sur les garçons” derrière lequel tu te planques (G*) ou te montres (De la séduction) sans qu’on sache vraiment si tu peux te réduire à ce visage tristounet, cette voix désincarnée.
J’imagine le délire des théoriciens sur “G*” : “cette mise en abime du voyeurisme captée par la victime consentante du voyeur nous renvoie à nos propres faux-semblants”, etc... les mecs y z’ont dû se branler jusqu’au sang sur cette vidéo vertigineuse !
Mention spéciale à “La vie heureuse”, “De la séduction”, “la chatte et les souris” qui sont très rigolos, mais il me semble que tout cela tourne un peu en rond autour de ton petit nombril.
Si tu m’avais épousé, tu aurais pu te filmer la chatte dans notre luxueuse maison de campagne pendant que j’allais travailler à France 3.
Cette méchante remarque pour te mettre en garde contre mes appréciations qu’il ne faut pas prendre au sérieux puisqu’elles pourraient être motivées par du dépit amoureux ou sexuel, dans l’espoir secret d’en susciter chez toi. Mais aussi pour te faire remarquer de façon désagréable, car il n’existe pas de façon agréable d’en parler, qu’ il est temps de commencer à gagner ta vie, ma fille ! pourquoi pas utiliser les outils à ta disposition (puisque tu es surdiplômée en droit, refaire une spécialisation en droit audiovisuel, c’est un métier d’avenir) ce qui ne t’empêcherait pas de faire tes délires vidéo à coté si c’est ça qui te fait bander, et assurerait ton autonomie financière dont l’absence va finir par te peser y compris dans tes rapports avec JM et/ou tes parents.

un futur vieux con qui t’aime
Sur la pornographie , encore...

La pornographie, c’est l’érotisme des autres, a dit quelqu’un.
Ce qui me fait un peu flipper avec le porno, c’est de ne pas savoir si ça répond à un besoin naturel ou culturel. D’une certaine façon, je vais à la rencontre de ma vérité en me livrant aux joies tristes du reluquage, la consommation du mateur. Je me sais incapable - mais assoiffé - d’amour, je pallie à cette carence en observant de splendides créatures s’enfiler par tous les trous que Dieu leur a donnés... où est le mal, effectivement ?
d’un autre côté, le temps et l’argent que j’investis dans ces activités infantiles pourraient certes être mieux employés.
Mais comme je le disais plus haut, et ce qui vaut pour les autres vaut aussi pour moi, “on fait c’qu’on fait parce qu’on peut pas faire autrement, jusqu’au jour où comprenant pourquoi on peut passer à autre chose.”
Est-ce de la complaisance ou de la lucidité ? un peu de l’une transformée en l’autre, sans doute.
Préférer regarder les autres baiser au fait de baiser ne se justifie que dans certains cas :
1/ils baisent mieux que nous ; après tout, ce sont des professionnels de la profession; mais qu’est-ce que bien baiser, la question reste ouverte. (voir au début de cette lettre)
2/on n’a pas le coeur à l’ouvrage et ça peut nous le donner, mais pourtant si on réfléchit 2 secondes, la vie sexuelle des autres n’enrichit pas la notre : elle enrichit la leur. Vis à vis de la nôtre elle est comme le pot de confiture en haut de l’armoire.
3/par le biais du fantasme et de l’identification aux protagonistes, on rentre dans l’histoire et on passe un bon moment. Ah merde j’me suis gouré ça c’est les bonnes raisons d’aller au cinéma. C’est pas très éloigné quand même.
sur ce questionnement, je te laisse à tes errances et je retourne aux miennes : je suis pas encore assez à l’aise avec le sujet pour ouvrir un cabinet de sexologie, j’ai plus de prétention que de pratique, mais comme je dis toujours, n’est pas pauvre qui désire beaucoup.



Bises

fin juillet 2000
gros coup de fatigue après avoir connu un printemps lourd en stress (l’angoisse d’être père II : le retour, sans alcool mais c’est pas une version light) et un début d’été rockn’roll.
Déception de ne pas trouver à ton adresse électronique : le dialogue aurait pu se réamorcer.
Retour des névroses liées au sexe, qui ne m’avaient jamais vraiment quittées : c’est à moi d’y renoncer.
La frustration rend con.
Adieu.





dimanche 8 novembre 2015

Sexe : une vidéo pour comprendre l’impératif du consentement



« Les gens inconscients ne veulent pas de thé. » La police de Thames Valley, à l’ouest de Londres, a publié une vidéo pédagogique pour expliquer avec humour le principe de consentement. Rebondissant sur le billet de la blogueuse Rockstar Dinosaur Pirate Princess, comme l’explique le site Mashable, les Studios Blue Seat ont ainsi créé cette animation en remplaçant le mot sexe par le mot thé, afin de démontrer qu’il est tout aussi ridicule de forcer quelqu’un à boire du thé alors qu’il n’en veut pas que de forcer quelqu’un à avoir une relation sexuelle sans son consentement. Une manière habile de rappeler qu’un rapport sexuel sans accord mutuel est un viol. Le Monde.fr

mercredi 31 décembre 2014

Tout ce que nous regardons nous envahit (malheureusement)

A l'occasion de la sortie d'un épisode de la remarquable série anglaise Black Mirror Spécial Noël, je trouve un bon article sur l'acrasie, cousine éloignée de l'anhédonisme.
"L'akrasia (étymologiquement du grec kratos, le pouvoir, et a-, préfixe privatif) est un concept philosophique d'abord rencontré chez Platon, qui désigne communément une faiblesse de la volonté. Par exemple, vous dépassez en voiture un accident (les secours sont sur place) et ne pouvez vous empêcher de regarder, voire de chercher un cadavre ou l'image la plus impressionnante de ce qui vient de se passer, tout en sachant que vous pourrez peut-être ne pas supporter cette image ou qu'elle vous choquera. Platon, dans la République (Livre IV, 440a), prend l'exemple de Léontios quand il explique la tripartition de l'âme et en particulier le rôle des humeurs (tymos en grec) qui prennent l'ascendant sur l'esprit. Léontios, qui rentre de Persée, veut réfréner son envie de regarder des cadavres de personnes qu'un bourreau vient d'exécuter, car il juge que c'est mal de céder à ce penchant morbide. Il ne peut cependant pas s'en empêcher et finit par céder en disant, s'adressant à ses yeux « Emplissez-vous de ce beau spectacle !». L'akrasia réside exactement dans ce paradoxe. Le concept apparaît donc, chez Platon, d'abord dans le cadre d'une éthique qui tente de répondre à la question : dans son action, l'homme ne peut-il vouloir que le bien, ou peut-il vouloir le mal ?"
C'est une question dont on ne peut nier la légitimité.
M'enfin, chacun fait ses choix.


Rien à voir :
Comme cette photo le prouve, j'ai eu 25 ans le jour de Noël.
C'est la fête !

jeudi 13 février 2014

Lointain souvenir de la peau

C'est rare que j'achète un livre dès sa sortie, sans attendre l'édition de poche. Mais bon, avec Russell Banks, il n'y a pas trop de danger d'être déçu. Et puis, le sujet me touchait d'assez près. Tellement près, d'ailleurs, que j'ai calé au milieu quand je l'ai acheté il y a deux ans. Il aura fallu que ma chérie tombe dessus et le dévore pour que je le reprenne. Le moins qu'on puisse dire, c'est que j'en ai eu pour mon argent.

Le héros est un gamin de 22 ans, sans prénom, le Kid, avec pour seul ami un iguane; c'est un délinquant sexuel presque par erreur. N’eusse été une erreur de jugement, une incompréhension du monde, une solitude immense, le Kid n’aurait pas franchi le pas, irrémédiable, qui le fait se retrouver, à l’aube de l’âge adulte, habitant d’un campement de délinquants sexuels, perdu sous un viaduc entre des pédophiles et des violeurs. Il essaie d’avancer, un bracelet électronique à la cheville.
Ce Kid, c’est presque le cousin de Bone, héros de "Sous le règne de Bone", roman que Russell Banks a écrit il y a près de vingt ans: le même sens de l'humour, une certaine irrévérence. Ce pourrait aussi être un neveu de Bob Dubois, dans Continents à la dérive, qu’il signait il y a un peu plus de trente ans. Des personnages qui glissent, personne ne les rattrape.
A part l'intelligence et la sensibilité de l'auteur, qui se coltine ces redoutables questions par le biais de la littérature :
«Le monde du Kid je ne le comprends pas. Je ne comprends pas le monde de la délinquance sexuelle. Je ne sais pas ce que c’est d’être à moitié analphabète, à peine capable de se débrouiller. Je ne comprends pas le monde d’incompréhension dans lequel vit le Kid. Je ne comprends pas la mentalité tordue du Professeur [autre personnage central du roman, professeur obèse brillant et indéchiffrable]. Je ne sais pas ce que c’est de peser 150 kg, d’être à l’intérieur d’un corps si énorme, d’être accro à la nourriture, d’avoir un passé compartimenté… La seule manière de comprendre ces mystères, c’est de passer deux, trois ou quatre ans avec ces personnages, en les habitant et donc en habitant leur monde, grâce à la fiction. La fiction permet de vivre des vies que vous n’auriez pas pu vivre autrement, et être avec des gens que vous ne pourriez pas fréquenter si la littérature n’était pas là. C’est la seule manière de comprendre.»



http://seren.dipity.over-blog.fr/article-i-ve-got-you-under-my-skin-sur-lointain-souvenir-de-la-peau-de-russell-banks-101367054.html

http://www.telerama.fr/livres/lointain-souvenir-de-la-peau,78754.php

http://l-or-des-livres-blog-de-critique-litteraire.over-blog.com/article-lost-memory-of-skin-de-russel-banks-114733028.html

http://www.slate.fr/story/52219/russell-banks-lointain-souvenir-de-la-peau-litterature

samedi 23 février 2013

la dépendance sexuelle racontée aux enfants (de plus de 18 ans)



Une bien belle page ma foi, extraite du dernier album de David Sourdrille paru aux Requins Marteaux.



Après, on peut être suffoqué du fait que la complaisance devient ici le moteur d'une création qui se mord littéralement la queue, mais bon...
On n'est libre que de ce qu'on connait vraiment.
A moins qu'on s'arrange pour en faire quelque chose d'indémerdable.

J'y ai écrit un petit mot :

Bonjour

Je découvre votre travail à l'occasion de la parution des idoles malades.

Graphiquement, c'est spectaculaire : j'ai cru voir Geof Darrow, Juan Jose Ryp, Yves Chaland et Hergé, entre autres auteurs de talent, se pencher sur votre berceau.

Sur le plan de la narration, c'est toujours courageux (je ne sais pas si c'est payant, par contre) de s'affranchir de ses défauts en s'en réclamant.
C'est une stratégie que j'ai tendance à délaisser, mes obsessions m'ayant par le passé entrainé au-delà des limites sanitaires de l'autophagie.
(d'ailleurs j'écris ce courrier avec les deux doigts que mes funestes appétits m'ont laissé)
Et puis je ne suis pas auteur de BD, même si je le fus à l'occasion d'un one-shot, téléchargeable dans notre espace d'autopromotion ci-dessous.


Enfin, je pense que je vais quand même acheter votre album, il faut bien relancer l'économie puisque la Guerre au Mali n'y parvient pas.

Cordialement

John W.

mercredi 30 janvier 2013

Une version améliorée de la tristesse

Honoré par mon absence persistante comme une puissance quasi-tu-t'es-vu-quand-tutélaire sur un forum consacré à la dépendance sexuelle, je condescends parfois à m'y tremper l'Anouilh, pour glisser une suggestion à un déshérité.
Je suis trop bon.
Ce matin l'un d'eux cite le bon docteur Lowenstein, auteur du roboratif "ces dépendances qui nous gouvernent", à propos de ces foutus circuits de récompense à mèche courte dans le cerveau primaire (dopamine et endorphine), qui ont leur chic pour court-circuiter le cerveau cortical.

" L'enfant que nous avons tous été  éprouve le besoin dès son plus jeune âge d'être regardé, aimé, valorisé par ses parents. De recevoir une attention bienveillante, de la reconnaissance et un soutien ferme et inconditionnel de leur part, afin de construire son identité et gagner une certaine confiance en soi .... S'il a manqué de ces témoignages (absence de mère, père trop autoritaire, violent, incapable de rassurer l'enfant ...) et que cette situation s'est prolongée à son adolescence, l'adulte qu'il deviendra risque de souffrir d'une insécurité affective. L'auteur classe alors les "insécures" en 2 catégories : les "insécures détachés" qui veulent anesthésier ce passé, les "insécures préoccupés" qui vont accentuer l'émotionnel. L'adulte affectivement déficitaire risque alors de devenir dépendant affectif ... L'autre (et en particulier le compagnon ou la compagne) devient celui ou celle qui réglera les problèmes de l'enfance, on recherche la mère ou le père que l'on n'a pas eu. S'il ne parvient pas à combler ses manques avec l'autre, il trouvera d'autres moyens pour échapper à ses souffrances, en particulier tout ce qui peut le rassurer et lui donner l'impression d'une attention bienveillante. Dans le cas des "insécures préoccupés", l'individu recherchera l'hyper-activation émotionnelle. (et c'est le cas de le masturbation compulsive qui engendre des phénomènes biochimiques amenant à  cette sensation de plaisir et de satisfaction).

Beaucoup d'entre nous ont été des bébés Lowenstein avant de basculer dans le Frankenstein... 
Tous ces enfants qui demandaient de l'amour et n'ont reçu que des cailloux, "Love and Stein", en anglais-allemand, et qui en concluent un peu hâtivement que le plus simple, c'est encore de s'en frapper eux-mêmes à coups de conduites compulsives.
Est Cyrulnik qui peut.
Quand ils ne caillassent pas leurs gosses, pour ne pas rompre le grand lien de l'attachement, qui comme chacun sait, pend dans le vide.
Avec en plus la satisfaction logique de pouvoir se dire "ça fait plaisir à papa, maintenant je fais le boulot tout seul", je n'invente rien, c'est du vécu. 
Et mes doigts courent tout seuls sur le clavier, guidés par l'esprit qui souffle où il veut, bon ou mauvais selon le coefficient des marées en vigueur à Perros-Guirec, tandis qu'en sous-main l'ego s'en attribuerait bien les mérites, le petit coquin.
Heureusement que, plutôt que de diviser les pensées en "bonnes" et "mauvaises", le bouddhisme nous suggère de les classer en "habiles " et "malhabiles", tiens.
Ca en a sauvé les miches à plus d'un.

Du coup, un pote m'envoie ça :


Research supported by the National Institute on Drug Abuse (NIDA) has demonstrated that the addict's brain changes once addiction has been established. In one study, researchers assembled two groups of people : one group with a history of cocaine use who were in recovery and one group with no history of drug abuse. Each subject was given a PET scan that generates a computer image of the areas of the brain that are absorbing glucose, which reflects which areas of the brain are active.
In the first phase of the study, researchers showed the subjects a video of a hummingbird. In the next phase, they showed the subjects a video of drug-related paraphernalia. In both phases, researchers performed brain scans and collected images. The results revealed that a part of the brain called the amygdala lit up when the recovering drug addicts watched the drug-related video but was inactive when they watched the other video. The amygdala is part of the reward center of the brain. The amygdala did not light up when subjects who never used cocaine observed the drug-related video. This study and numerous others clearly demonstrate that the addict's brain is different from the normal person's brain. Once the brain has been changed by addiction, it is changed forever.
This research supports what has been said for many years in the substance-abuse field: addiction is like a tiger lying in wait for its prey. Unfortunately, we are the prey! The tiger is extremely patient as it waits for the optimal moment to pounce on its unsuspecting victim. It is well camouflaged with denial, minimization, rationalization, and other psychological defenses, so it is hard to distinguish the menace from its surroundings. It is extremely powerful arid can kill or maim with its first strike, especially when the addiction is to methamphetamine or cocaine. Its stealth makes it hard to identify as it is sneaking up and preparing to attack. Addiction is cunning and baffling. Many times its victims do not know they are being stalked until it is too late.What makes matters even worse is that our opponent—our addiction—knows everything about us. It is a part of us; it has all the intelligence, capabilities, insights, and knowledge that we possess. It's like we are in a life-and-death struggle against a clone. Our disease anticipates our every move. It understands our strategies. It knows our strengths and weaknesses.
From this discussion, we can see why recovery is so difficult and elusive, and why so many people struggle to get well. I have seen figures that indicate that 80 percent of newcomers relapse in their first year.
It is imperative to begin recovery with surrender. We cannot defeat addiction in the traditional sense. The solution begins with a paradox: victory is achieved through surrender, not in battle.
When we totally and unconditionally surrender, which means that we accept our total and complete powerlessness over our addiction, we begins to build a solid foundation for recovery. If we surrender, our disease loses its control over our life. It doesn't disappear. It doesn't go away. It never goes away! it merely recedes into the background. Yet it's always there, like that tiger, waiting for when we have a lapse in our spiritual program, when we are feeling down and out because we have just gotten into a bitter argument with our spouse, or when we have received a special recognition at work and feel that we deserve to celebrate. It will act on any opportunity to regain control of our life. The stronger our recovery, the more subtle and insidious are addiction's efforts to sabotage us. Beware!
Now let's use this discussion of addiction to understand self- destructive behavior. llse first thing to consider is whether our disease is once again trying to establish a foothold in our life. It may be setting us up in order to take charge and again run the show. Remember, it is always looking for that opportunity to convince us to return to drinking or using other drugs.

Ce qui est une figure imposée et une posture assez en vogue dans les milieux des 12-steppeurs, et comme ça fait déjà une semaine que le feu couve sous la casserole du blog, je lui réponds que nous établissons plein de subterfuges pour échapper à cette vérité apparemment insoutenable :
de la naissance à la mort, nous sommes indiciblement seul (c'est pourquoi j'ampute le s) dans notre pyjama en peau. Que l'alcool et le porno se révèlent de piètres anxyolitiques, parce qu'ils finissent par outrepasser leur fonction et par nous crever (tout court, ou alors juste le foie, ou les yeux, et nous faire péter la tête, alouette) parce que la fonction du mensonge est de nous contraindre à en sortir, fatalement, au bout d'un moment, et c'est tant mieux.
La prison qui n'a qu'un seul barreau, et on finit par en avoir fait le tour.
Alors, les questions antérieures à l'addiction reviennent se poser comme cendres de papillons sur l'oreiller : tout plutôt que la solitude, tout plutôt que la liberté et la responsabilité de donner un sens à sa vie.
Heureusement que l'abstinence continue ramollit le(s) barreau(x), permet de passer la tête, puis un bras, puis l'autre (celui qui était fort occupé à ne rien vouloir savoir et à donner du fil à re-tordre...) 
L'abstinence, c'est le béaba du "ne-pas-faire" pour ceux qui n'en finissent pas de repiquer la maternelle.
Si je bouge de là, si je lève le coude ou si je commence à dégrafer mon ceinturon devant mon ordinateur, comme un vrai cow-boy fraichement arrivé en ville et qui se dit qu'il va se taper une cyberpute au saloon parce que ça fait 3 mois qu'il est dans le désert depuis trop longtemps, et que les vaches ça va bien un moment mais qu'elles ont une conversation somme toute limitée....
Un jour à la fois.
D'autant plus que pour avoir tiré une taffe sur un tarpé il y a 2 semaines, me revoici la clope au bec à 6 du mat, tremplin assuré vers l'humilité.
Et que ma seule filleule en AA (qui a ensuite trouvé son équilibre en NA) se retrouve à nager dans des eaux troubles après 12 ans d'abstinences continues, et me dit que l'obsession ne l'avait jamais quittée et qu'elle en avait marre que ça lui prenne la tête.
C'est ça le plus dur à trouver, l'équilibre entre prudence et névrose obsessionnelle.



Le journal de Spirou a bien changé.