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mardi 3 août 2021

Loukoum et Tagada contre les IgG anti SARS-CoV-2 (5)

Si vous respirez comme une vieille de 80 balais qui fume 3 paquets par jour (j'en connais) depuis plusieurs semaines alors qu'en fait pas du tout, c'est vraisemblablement que vous trainez une infection pulmonaire retorse et mystérieuse. Si elle s'avère résistante aux antibiotiques et ne peut pas tout de suite être cataloguée aussi facilement que vous le souhaiteriez dans la gamme des effets secondaires de votre immunothérapie, il se peut que votre oncologue vous adresse à un pneumologue pour en savoir plus, que celui-ci vous prescrive un test sanguin, ultime moyen de dépistage du Covid si le test PCR de la semaine dernière s'est révélé négatif, tout en lançant toute une batterie d'examens sanguins sur les maladies auto-immunes après avoir regardé vos scanners thoraciques de plus en plus alarmants en poussant des petits couinements d'impuissance dépitée. Il se peut aussi qu'il parte en vacances ou qu'il ne soit tout simplement pas disponible tandis que vous recevez le résultat par internet, et que vous soyez un peu démuni pour l'interpréter en l'absence de personnel médical spécialisé parmi vos proches.


Ainsi de cette sérologie, reçue hier soir après prise de sang, et qui semble afficher un taux d'anticorps anti SARS-CoV-2 S 22 fois supérieur à la normale. Heureusement que vous n'êtes pas hypocondriaque, que vous êtes juste malade, mais quand même, c'est troublant. Des articles scientifiques consultés sans pouvoir mettre la main sur des indicateurs chiffrés ajoutent à votre trouble :



Une amie infirmière rangée des voitures mais encore pertinente et qui trouve que ça fait quand même beaucoup, accrédite l'idée d'un douloureux combat intime entre les anticorps et le virus. Seriez-vous Survivor, à l'insu de votre plein gré ? Comme vous ne parvenez pas à joindre votre système immunitaire en PCV, malgré toute la méditation que vous faites quand vous parvenez à respirer, il faudra attendre l'avis d'un généraliste, celui-là même qui l'an dernier à la même heure confondit votre mélanome avec un inoffensif angiome, pour vous entendre dire qu'un tel taux d'anticorps IgG est juste révélateur de quelqu'un de correctement vacciné (j'ai eu deux injections d'Astra Zeneca dont la seconde remonte au 15 juin), malgré la formulation relativement ambigüe du résultat d'analyse.
Si cette info peut servir à quelqu'un, tant mieux.

////////////////////// Ma_Fâcheuse_Infection_Pulmonaire® est un spin-off (série dérivée) de Loukoum et Tagada contre Mélanie Mélanome, la création de John et Jeannette Warsen toujours en cours d'adaptation par les studios Disney, avec possiblement Scarlett Johansson dans le rôle de l'oncle Olog Black Window®, si elle accepte de ne pas demander des droits prohibitifs si la série sort en streaming avant de sortir en salles. ////////


dimanche 9 mai 2021

Loukoum et Tagada contre Mélanie Mélanome (4)

Concernant mon cancer de la peau toujours en cours, et ce n’est pas une métaphore pour désigner l’existence qui m’est proposée en attendant qu’elle ne le soit plus, je suis rendu, comme disent les petits-beurre Lu, à 6 mois de traitement, soit juste au milieu de la durée de soin prévue pour guérir de ma longue maladie. Donc finalement, vu de Sirius, ça sera assez court. En principe.
C’est bien la première fois qu’il me tarde d’y être, plutôt que de regretter de n’y être pas allé. Ou de n’y être plus. Vous faites quoi, vous, en un an ? 
Moi, je guéris d’une grave maladie au nom pas sympa, et ça me laisse du temps pour mettre un peu d’ordre dans ma vie, un jour à la fois. Il ne s’agit pas de brûler mes vaisseaux (= prendre une décision en s'interdisant de revenir en arrière, bien qu’on ne revienne jamais en arrière, sauf à voyager dans une machine à flux temporel inversé, ou de rétropédaler sur mon blog).
Si on sait que c’est notre dernière année de vie ici-bas, on s’agite, forcément, on tente de la remplir à fond, pour conclure et laisser trace. Ce n’est que dans l’ignorance de notre condition mortelle qu’on temporise, qu’on ajourne les grands travaux intimes. 
Si le voile de cette ignorance est levé par l'oncle Olog, quels grands travaux va-t-on entreprendre ? 
Saint-Just disait «les circonstances ne sont difficiles que pour ceux qui reculent devant le tombeau» et il ne parlait pas des défectuosités du samsara, ou plutôt, il dénonçait ceux qui les prétextaient pour ne rien faire. Mes affaires terrestres et spirituelles sont figées, engluées dans une sorte de stase temporelle, ce qui est un peu pléonastique puisque la stase désigne un état de choses marqué par l'immobilité absolue, que l'on oppose au déroulement normal des processus. En tout cas depuis quelques mois, j’évite de m’énerver, parce que ça n’apportera rien de bon, cf tes 50 dernières années, pauvre abruti. Tu permets que je m’appelle pauvre abruti ? que je fasse de l’humour auto-dépréciatif, comme les Juifs s’autorisent et même s’encouragent à en faire à leur endroit ? Tu n’es pas juif. Je sais. Ta mère était pire qu’une mère juive. Je sais. Ca compte pas. Laisse-moi travailler. Remonte à l’étage et va faire suer ton fils jusqu’à ce qu’il se rabiboche avec son ex.

L'année prochaine à Marienbad,  l'année dernière à Contis-Plage.
Et réciproquement.
Depuis l’épisode précédent du feuilleton de mon mélanome que je persiste à refuser d’écrire pour éviter de flatter mes tendances victimaires judéiformes érigées en star-système,
et que vous n’êtes pas du tout en train de lire, puisque vous avez été victime d’une suggestion hypnotique contractée en regardant un vieux film de Cronenberg, et que vous êtes en fait en train d’acheter le formidable recueil « L’été de l’infini » de Christopher Priest à la lbrairie la plus proche, voire directement au Bélial, sur les conseils de ce nouvel ami imaginaire que vous vous êtes fait en discutant de l'adaptation du Prestige, je me suis installé dans la routine des soins, et je dois dire que j’encaisse un peu mieux le traitement qu’au début. 
C’est quand même pas du jus d’orange qu’ils me perfusent. Au vu de mes résultats d’analyse, encourageants, et d’absence de métastases discernables par tomographie, par devant et par derrière, l’intervalle entre les séances d’immunothérapie a été porté de 3 à 6 semaines, mais avec double ration de pembrolizumab® pour l'équipage. 
Ai-je gagné au change ? Comme tous les trois mois, j’ai encore fait des tours de manège dans les scanners la semaine dernière. Un cérébral + un PETscan. (Lors d'un PET scan ou d'un examen TEP, c'est kif kif bourricot, Tomographie par Emission de Positons, la caméra TEP détecte les photons d'annihilation issus du produit radiopharmaceutique, alors que les rayons X issus du scanner fournissent l'image anatomique de la partie du corps examinée.)
Toujours pas attrapé la queue du mickey, malgré tous ces tours de manège gratuit, ou plutôt, pris en charge à 100% par la Sécurité Sociale au titre d'"affection de longue durée". 

Mon dernier scanner, sans avoir fumé de CBD avant.
Dans les scanners, les mickeys c’est moins facile à attraper que des aliens dans le buffet, parce qu’ils vous font baisser votre pantalon, sans l’enlever, ce qui confère toujours une grande élégance, puis les bras sont ligotés le long du corps avant que vous soyez enfourné dans le tunnel de plastique intelligent qui va dévisager chaque cellule de votre corps dans le blanc des yeux en moins de 45 minutes chrono.
Pour le scanner cérébral, c’est plus rapide, chez moi il y a beaucoup moins de neurones à inspecter que dans le temps, mais le produit qu’ils injectent avant le scan donne des nausées, je me suis fait avoir la première fois, maintenant j’y vais à jeun.  Cette fois-ci, j’ai osé demander auprès des techniciens de l’hôpital pour connaitre mon poids informatique, et contrôler ainsi si j’avais grossi. Ils m’ont dit que ma base de données faisait quand même 40 Gigaoctets. Prochaine étape : insister pour savoir combien est facturée chaque session de tomographie à la Sécu par le centre de cancérologie, et être empli d'une terreur sacrée, qui ne fasse toutefois pas reculer devant le tombeau.
J’étais curieux de la représentation graphique de la base de données de mon petit corps malade en 3D, ils m’ont même remis une image de contrôle du scanner. Mon oncle Olog trouve le résultat très satisfaisant, bien que comme tu le vois, je porte à gauche, mais ça, ça ne date pas d’hier. Encore que dans le temps, j'avais la trompe bien au milieu. 

Un PET scan plus ancien, quasiment pré-bloguien

Blasphémer Ganesh plutôt que risquer de dé-voiler le visage d’Allah, c’est plus prudent, bien qu’avec les suprémacistes hindous actuellement au pouvoir et l'Inde submergée par une deuxième vague ravageuse, on se demande un peu ce qu’ils foutent, tous ces dieux hindous qui semblent se désintéresser de leurs fidèles… à part Kali, qui poursuit son job, quoi qu'il en coûte.
Après avoir vu des images de corps incinérés sur le parking d’un crématorium de New Delhi, je me demande comment font les gens pour continuer à lire du Stephen King. Pour s'évader ? s'évader où ? il n'y a plus d'ailleurs. Il n’y en a jamais eu, en fait. Je pourrais faire un billet néo-dépressif sur ce thème, mais à quoi bon ? c’est pas ça qui me ramènerait Marie-Louise.

- Mélanome !
- Pembrolizumab® ! Echec !
A côté, je me sens chanceux avec mon cancer : chanceux d'avoir été dépisté à temps, chanceux qu’il soit peu étendu, qu’il soit pris en charge à 100%, que le traitement ne soit pas débilitant, et qu’après une entrée douloureuse dans le royaume des cancéreux, mes semblables, mes frères, mes soeurs, aussi, si tu pouvais remettre ta perruque, merci, chanceux que cette grave maladie survienne pendant une période de chômage, de blacklistage et de Prud'hommes qui tardent à émettre leur délibéré en faveur d'un CDI, comme si c'était une machination complotiste pour me faire retourner écrire des bêtises dépitées ici et dans d'autres endroits encore plus secrets, m'enfin grâce à ça je puis gérer mon planning de soins sans trop avoir à jongler avec un agenda professionnel, puisque j'occulte ma maladie à mon employeur, qui sinon me trouverait bien moins sexy comme CDD, bien que comme je l'ai dit je suis aussi blacklisté qu'un mélanome puisse l'être; dans d'autres circonstances, j'aurais certainement couiné ma race que j'étais sans emploi et avec un cancer, et pourquoi pas bipolaire et alcoolique, aussi, pendant que j'y étais ? 
Et ça n'aurait pas été beau à voir.  
Alors que là, non. Et je l'ai dit, j’ai bon espoir d’en être sorti à la fin de l’année. Le cancer me contraint à rédiger des billets optimistes. C'est le monde à l'envers. Plus jamais ça !!
D’ange annonciateur de mort, ma célèbre oncologue Mélanie Mélanome est devenue au fil de nos entretiens une sorte de Sainte Laïque, qui m’absout des mes péchés (en particulier celui qui m'a mené chez elle : m’être mis au soleil pendant 40 ans au mépris de toute crème solaire) au fur et à mesure que recule pour moi l’échéance fatale jusqu’au-delà de l'horizon de l’improbable, bien que personne ne soit encore jamais mort, et que je peux tout à fait périr d'autre chose dès ce soir, ou alors mi-juin d'une thrombose lors de ma seconde injection d'Astra Zeneca, ce qui ne manquerait pas de piquant, tandis que son quotidien à elle reste solidement rythmé par des annonces de mauvaises nouvelles à faire à des patients moins chanceux que moi. 
J'aurais bien aimé qu'elle me fasse une ordonnance pour acheter du ouiski sans alcool à la pharmacie, en prévision de la murge de déconfinement que Napoléon IV ne va pas tarder à promulguer, parce que avec mon cancer, dans d’autre pays j’aurais déjà eu droit à des pétards sans tabac, alors faut pas déconner, mais je n'ai rien pu lui dire, à ma Sainte Métastase, elle n'aurait rien répondu, et m’aurait regardé avec son sourire triste et masqué. Alors j'ai préféré me taire, parce que j'ai les mêmes à la maison, et que je n'ose pas leur faire des blagues comme ça non plus.
Question de tenir la route ou la brouette, pour contrer les effets invalidants du traitement, qui se manifestent par de la fatigue et des courbatures diffuses et permanentes, j'ai décidé de vivre comme si je n'étais pas malade, pas comme un putain de poutine de négationniste, mais que la maladie se rappellerait à moi bien assez tôt, et du coup je n'entretiens plus le besoin compulsif d’y penser. (A part le fait d'écrire sur mes blogs, où je décèle toujours une dimension de comorbidité, mais ça datait de bien avant le mélanome, et j'ai quand même bien ralenti mon débloggage, en fréquence et en intensité.) J’ai remarqué qu'au bout de deux heures d’efforts des bras, des jambes et des reins, je n’ai plus de jus dans les membres, j’ai brûlé mon gasoil pour la journée, et qu'il est alors temps d’aller faire autre chose, voire de m’allonger avec un bouquin. Du coup, je m’astreins chaque jour à pratiquer ces 2 heures d’activité physique ! et le potager n'a jamais été aussi propre; quand j’étais bien portant, je n’en faisais pas autant.
Et il est clair que plus j'ai d'activité, moins je subis les courbatures. J'ignore si j'en ai moins, mais je les ressens moins, un peu comme avec les acouphènes dont l'intensité subie diminue quand on apprend à ne plus les écouter (ce qui les renforce quasi-mécaniquement) et à dissocier la gène du percept.

C'est loin du chef d'oeuvre annoncé
par télérama, babelio et sens critique.
Et ce n’est pas la maladie, mais le traitement, qui m’affaiblit. Apparemment, on ne booste pas impunément le système immunitaire sans fatiguer son hôte. Et si ça se trouve, c’est même pas le traitement, qui a bon dos, c’est la vieillerie. Mais je ne le saurai qu'après avoir cessé le traitement.
C'est comme ça que suis parti jouer de la débroussailleuse à Albi, chez mémé Rimpoché, après avoir sérieusement potassé la notion de motif impérieux au sens juridique du terme car le long du parcours de 650 km, le danger le plus périlleux n'était pas d’ingérer une salade aux germes dans une station d’autoroute aux restaurants fermés, mais plutôt d’affronter les redoutables Sphynx en goguette de la maréchaussée en ayant coché la bonne case dérogatoire et développé le bon argumentaire.
A 93 ans, et vivant seule chez elle, ma belle-mère se réjouit difficilement d’écouter ses vieux Pink Floyd à fond la caisse toute la sainte journée. 
Et elle ne m’a toujours divulgué aucun mantra secret sur la pratique de Longévité. Pourtant, il serait temps !
Elle reste tout aussi discrète sur le mantra encore plus secret qui lui permet de continuer à survivre à une existence d’une grande aridité entre nos visites, pour ne pas dire une vie de merde, et je lui en sais gré.
C’est peut-être ça, le Grand Secret : attendre et reporter la plainte jusqu’à la tombe. 
Dans le caveau, personne ne vous entend couiner. En attendant, on passe de bons moments ensemble. J’ai passé la semaine à débroussailler et délierrer son jardin. Y'a 2500 m2, y'avait de quoi jouer, y s’agit pas d’effleurer les racines, un pote local m’avait prêté une débroussailleuse, et hardi petit. On y a passé quelques jours loin de chez nous, ça fait du bien. Les gosses ont gardé la maison et le nouveau chat. J'avais emporté mon petit banc de méditation : la difficulté, c’est juste de s’asseoir et de faire croire à la viande qu’elle peut s’identifier à l’esprit. Même 25 minutes par jour, c’est affreusement compliqué tellement ça serait trop simple. Tout le mois de janvier j'y étais, mais là j'ai du mal à m'y remettre (sic). J'en conclus aisément que même si je n'ai pas connu de vortex dépressionnaire depuis l'invention du lithium, en 2015 en ce qui me consterne, je reste le variant breton.  Ma prison n’a qu’un seul barreau, et il fait 27 pouces. Mais je cesse de tourner autour quand je veux. En principe. Quand je fournis l'effort, en tout cas. Et le scanner du cerveau de l'autre jour a quand même révélé que l'énorme tumeur, évoquant à s'y méprendre une bite en érection et qu'ils avaient diagnostiquée inopérable lors du précédent contrôle, est apparemment en voie de résorption.
Ce qui confirme mes progrès dans l’intention de pratiquer le bouddhisme.
Et contrairement à ce que j’annonçais dans le précédent épisode de Loukoum et Tagada, je ne me suis pas lancé à corps perdu ou retrouvé dans le Qi Gong pour Stimuler Mon Systême Immunitaire.
Une amie qui en faisait depuis 30 ans a attrapé un cancer du sein. Ca m'a tout coupé, bien que ça soit une excuse un peu facile, je n'en disconviens pas. Peut-être que grâce à la pratique du Qi Gong, où elle doit être un peu plus assidue que moi avec la méditation, elle a évité tout un tas d'autres maladies.
 « La pratique du Qi Gong a aussi mené quelques amis à des maladies ou à la mort, comment savoir ce qui est souhaitable ? Comment savoir si c’est un échec ou un succès ? »
- Tu ne peux pas dire ça. Enfin, je crois que c’est pas ça que tu voulais dire. Le Qi Gong n’est pas cancérigène. En principe. Tu peux dire « la trajectoire de certains amis impliqués dans la pratique du Qi Gong a été impacté par des maladies à métastases, sans permettre leur rétablissement ».
comment savoir ce qui est souhaitable ?
- « souhaitable » du point de vue de qui, c’est là la question. Quand le cancer triomphe, l’individu hôte meurt. En principe. Le souhait d'épanouissement de la maladie signe sa fin. Le cancer semble alors aussi concon que le scorpion qui était monté sur le dos de la grenouille pour traverser la rivière et qui la pique à mi-parcours, prétextant que c’est dans sa nature. Comment la nature pourrait-elle être porteuse de mort et d’extinction ? si  nous cessions de l’anthropomorphiser, on aurait une chance de le voir. Du point de vue du patient, certains cancers (le plus célèbre restant Fritz Zorn) témoignent d’un désir de mort.
Comment savoir si c’est un échec ou un succès ?
- du point de vue du patient atteint du cancer, que désire-t-il vraiment ? et puis j’ai tellement tronçonné tes trois lignes que je ne vois plus que tu parles de l’effet du Qi Gong sur le cancer. 
Je pense que certains cancers aussi invasifs que dopés aux stéroïdes se moquent bien de pratiques énergétiques. Il n’y a pas d’études sur le sujet.

J'avais en mémoire que "es tut mir leid" c'était "ça me fait de la peine", 

mais mon fils m'a dit que c'est plutôt "je suis désolé"

j'ignore si "es tut mir leid für dich" est plus correct, 

ou si c'est de l'allemand petit nègre.

Même si l'expression "petit nègre" est sans doute

désormais interdite par les ligues de vertu.

Es tut mir leid au Q.

Mon amie malchanceuse, je l’ai baptisée « Miss Tutmirleid ». Ca ne fait rire que moi, et son mari, qui lui a collé un badge, et qui ne parle pas très bien allemand. Je lui fais des tartines d'exposés oncologiques, on se marre bien. Il ne faut pas s’acharner thérapeutiquement à faire rire les cancéreux trop fort, sinon les métastases se dispersent dans tout l’organisme, au gré des secousses provoquées par la rigolade. 
Ce qui est cool, par contre, c’est que les cancéreux ont le droit de faire des vannes sur le cancer comme seuls les Juifs ont le droit de faire des blagues sur les juifs Palestiniens.
Chanson découverte trois mois avant d'apprendre que j'avais un crabe, qui ne m'a pas moins fait rire ensuite. Mauvais esprit, mais assez bien faite, malgré quelques facilités d'écritures (je suppute//qui rime avec femmes de petite vertu)

Sinon, cette semaine on a fait la sépulture d’un pépé punk-farceur de nos connaissances, dont tout le monde pensait que c’était le cancer qui avait eu sa peau, et ils se sont rendus compte presque après-coup qu’il avait succombé au Covid, personne ne s’en est aperçu avant qu’il soit trop tard et le mystère reste entier sur le vecteur de transmission, personne autour de lui n’était atteint.
Et en plus, il avait reçu les 2 piqûres de vaccin Pfizer.
Heureusement que je suis pas Francis Lalanne, je l'aurais mal pris.
Sinon, ça va.

Y'a pas un mec des X-Men qui a le même bob, Bob ?
A part qu’avec mon cancer de la peau, je suis maintenant contraint de faire du jardin et de l'ordinateur avec un chapeau à la con, et ne plus m'exposer au soleil never again quand l'indice UV dépasse 1.
Ce sont des petites misères, par rapport à ce que ça pourrait être.
Et pour pouvoir relancer la saison de jogging, à laquelle la chirurgie, le confinement et le chocolat à l'orange ont porté des coups difficiles à parer, je teste depuis deux semaines un régime dont je parle depuis des années, en remplaçant le repas du soir par un fruit, un yaourt. Les oncologues proscrivent les jeûnes pour les malades du cancer, ils ont bien raison, mais un régime comme ça, Mélanie n'a rien dit, ce qui me freinait dans l’application de cette méthode c’était surtout la crainte de fâcher Jeannette et sa politique des bons petits plats quoi qu’il en coûte, là avec mon statut (mon cancer de Schrödinger, même) je jouis d’une certaine immunité diplomatique, concernant l'alimentation je fais un peu ce que je veux, bref y’a cabane. Profitons-en : le corps vit très bien avec un seul repas par jour. Le mien, en tout cas. En deux semaines, j'ai déjà perdu 3 kgs. En conservant ce rythme, dans moins d'un an j'aurai totalement disparu.

[EDIT]

Raoul Cauvin, le vénérable scénariste (82 ans) des 65 tomes à ce jour des aventures des Tuniques bleues (dans Spirou) n’a pas eu besoin d’un roman fleuve pour annoncer, même pas dans un article mais dans les commentaires de son blog, qu’il arrêtait de travailler, pour des raisons impérieuses :
« Il doit détruire pour survivre » :
Enfin le biopic du mélanome Mélenchon
"Disons simplement que je m'apprête bientôt à rejoindre les grands parents de Greg et Leslie (des lecteurs du journal qui venaient de perdre leur grand mère). L'oncologue est formel. Encore quelque mois à vivre avant d'aller, là-haut, rejoindre tous ceux qui m'ont précédé. Fallait bien que ça m'arrive aussi un jour. Contrairement à certains, je n'ai pas voulu partir cash, créer la surprise... J'ai préféré prendre un peu de temps pour vous avertir. Voilà qui est fait... J'espère m'en être bien tiré... Bien à vous et, tant que je peux encore le faire...vous dire... A+ »

 Une grande leçon de sobriété, donc, à l'intention du public restreint des amateurs de chroniques d'auto-nécrologie. De toute façon, c'est pas un concours de vitesse. On vient tous du même endroit, on va tous au même endroit. Le premier arrivé attend les autres. En principe. Moi, plus je vois mon oncologue, moins elle est formelle; j’aimerais bien voir le bas de son visage, un jour. J’ai pas l’impression qu’elle ressemble à Alien.


[EDIT_2]

 "Du coup, je m’astreins chaque jour à pratiquer ces 2 heures d’activité physique ! et le potager n'a jamais été aussi propre; quand j’étais bien portant, je n’en faisais pas autant." La peste soit des blogs : depuis que j'ai écrit ça, je me retrouve à nouveau très fatigué depuis la semaine dernière, juste bon à regarder des vieux films à la téloche, lire des Christopher Priest très adjaçents, et écouter des Steve Roach quand les enfants dorment. Je ferais mieux d'utiliser mon clavier à autre chose qu'à fabuler.


(Loukoum et Tagada® sont une création John et Jeannette Warsen®)

jeudi 26 novembre 2020

Loukoum et Tagada contre Mélanie Mélanome (3)

Résumé
Blacky le vilain mélanome me menaçait de son arme : 
ma femme l'a neutralisé en m'envoyant chez la dermato
et m'a sauvé la vie. J'essaye de ne pas lui en tenir rigueur.

Gérard Jugnot cachetonne dans des publicités douteuses.
Ou alors, c'est Gérard Manchié, qui ne vend plus de disques.
Anyway, enlève tes lunettes, Gérard, on t'a reconnu.
Au centre de cancérologie où je me rends toutes les 3 semaines pour me faire perfuser 10 cl de pembrolizumab, je remarque ce dépliant sur un présentoir; j'en apprécie d'abord la direction artistique et le bon goût du publicitaire qui a affublé le patient d'un polo couleur pisse-tache, je n'aurais pas fait mieux. Ensuite, je regarde le produit. Il n'est pas judicieux sur le plan karmique de rire des maladies qu'on n'a pas encore (sauf à considérer mes fuites urinaires sur blog, mais j'arrête quand je veux, et puis ça c'est du virtuel, moins embarassant que dans la Réalité Réelle Ratée), mais je ne crois pas que le fabricant de cet ingénieux étui pénien + poche de recueil puisse grand-chose pour moi. Bon, d'accord, imaginons que ça me coule dans le slip, et que je ne le vive pas bien, m'affranchirais-je de cette gêne en m'en réclamant sur cette tribune hyper-secrète assidûment scannée et cartographiée par des nanobots soviétiques ? Plus de 1000 vues par jour, selon les stats. C'est dingue. Avant d'en déclarer un, le cancer me terrifiait. Et pour paraphraser Jacquard, j’ai beaucoup aimé les Africaines, jusqu’à ce que j’en rencontre une. Comme quoi, on ne le rabâchera jamais assez avant de s'exciter sur des fadaises, le passage de l'imaginaire, de peur ou de désir, à la réalité, est toujours un peu décevant; comme à Deauville sans Trintignant
Et c'est le principe même de la Réalité Réelle Ratée, je devrais le savoir, j'ai participé à la conception du truc, je dois d'ailleurs rédiger un billet sur la genèse du gRRR, mais j'attends l'inspiration, qui reflue un peu, après un mois de novembre un peu frénétique (quand je tombe du lit à 4h30 pour honorer mes blogs ou mes correspondants, c'est pas bon signe, et la clarté consciencielle s'en ressent, je suis obligé de l'admettre puisque l'écriture est ma seule pratique spirituelle régulière, aussi curieux que ça paraisse en l'énonçant de la sorte, et bien que souvent, les doigts cavalent après la pensée, mais c'est pas grave elle tourne en boucle.)

Pour en faire une carte de voeux, 
penser à rajouter le bouton "2021"
"Ce qui semble avantageux dans l'immunothérapie qui m'est proposée comme traitement après la chirurgie, repompai-je éhontément des commentaires de l'article précédent, c'est qu'elle vise à lever en moi une armée de leucocytes qui vont aller foutre la pâtée aux cellules infidèles et métastasées. Au lieu de s'attaquer directement aux cellules tumorales, il s'agit d'aider le système immunitaire à les reconnaître et les détruire. J'espère ne pas en faire un feuilleton sur ce blog, même si en même temps c'est une façon d'essayer de rendre ça intéressant pour les autres. Mais on est souvent peu intéressé par le sujet du cancer avant de s'en choper un."
Franchement, il y a des jours où lâcher mon clavier, ça serait vraiment aider mon système immunitaire à faire le ménage, et le renforcer dans ses convictions de ne pas se laisser enfoncer les défenses, même les back doors. Je n'épuise pas que mes lecteurs, je m'épuise aussi. Je dois me mettre sérieusement au qi gong. Pas "faire du qi gong sur internet", comme disait ma fille. J'ai promis. J’attendais ma 2ème séance d’immunothérapie pour voir si j'avais quelque chose à en dire, dans ce feuilleton que j'essaye de ne pas écrire; elle a eu lieu la semaine dernière, et c’est pas pire. Je veux dire que je ne ressens rien de particulier, ni ne subis pour l'instant d’effets secondaires parmi ceux qui m'ont été présentés, violente diarrhée, fatigue épouvantable, bubons et démangeaisons, et ne me sens pas plus malade que d’habitude, je veux dire, qu'avant le cancer. J’ai de la chance, je ne suis pas du tout anxieux devant la maladie. Ma femme l’est, enfin, l’a été, beaucoup plus que moi.

Les éditoriaux tonitruants, c'est bien fini pour moi.
Au moins jusqu'à l'année prochaine.
Faut dire que les oncologues, comme ils ignorent comment tu vas réagir au traitement, sont un peu avares de notes d’espoir. Leur pronostic est toujours très réservé. Donc, en principe, au cours du traitement, on n'a que des bonnes nouvelles. Je leur pardonne : leur métier, c’est quand même la maladie, plus que le rétablissement. Comme le vrai métier de Freud était plus la pathologie que la santé mentale. On est moins intéressants pour eux quand on est guéris. Pardon, en rémission.
Les cancers de la peau, c’est tenace, et c’est un peu comme Alien, une fois arrimés en surface, ils creusent leur chemin à l’insu de ton plein gré, et même si on les opère avec une bonne marge autour, on n’est pas toujours débarrassé du problème... comme ils ont trouvé une micro-métastase dans mon ganglion sentinelle, une sorte de pavillon témoin incisé dans l'aine, dans le doute ils ne s'abstiennent pas de traiter, et je suis donc parti pour un tour complet d’un an dans la grande usine à cancers.
De l’aveu même de l’oncologue, la science médicale ignore si j’ai d’autres métastases que celle détectée , tapie dans le pavillon témoin. La sentinelle n’a pas révélé la position des troupes. Ni même avoué leur existence. C’est peut-être des métastases de Schrödinger, qui fonctionnent comme le chat éponyme https://fr.wikipedia.org/wiki/Chat_de_Schr%C3%B6dinger auquel cas il faudrait ouvrir tous mes ganglions pour savoir si y’en a d'autres, avec un vieil épluche-légumes rouillé, parce que le rire stimule lui aussi les défenses immunitaires (penser à regarder si j’ai eu mon rappel tétanos, quand même). Pour l'instant, je m’y refuse, mais dans cette entreprise, c'est pas moi qui ai les clés du camion. Le patient est la matière première de l’industrie oncologique, c’est dingue le nombre de rendez-vous, d’analyses et d’examens. Je suis impliqué dans un process industriel sensiblement chronophage, entre mes séances d'immuno je fais et refais des tours de scanner, pour vérifier que le pembrolizumab ne se trompe pas de cible, de la tomographie, des prises de sang, des électrocardiogrammes, "heureusement" (sic) j'ai très peu de contrats CDD en ce moment, et c'est pas vraiment le moment d'aller gueuler au planning, vu que j'assigne mon employeur aux Prud'hommes pour abus de CDD, ça fait quand même 23 ans que j'ignore si j'aurai du boulot la semaine prochaine, l'audience a lieu en janvier prochain. Ce qui fait qu'en attendant, je jongle entre les propositions de contrats et les rendez-vous médicaux, ah non là je peux pas bosser, lundi j'ai scanner, mardi j'ai immuno, désolé. Je ne la joue pas comme ça, non, j'essaye de passer entre les gouttes. D'ailleurs je ne vous ai rien dit. C'est juste une fuite, pardon, c'est les Warsen Leaks. Juste avant mon Black Friday, où je vais commencer à solder mes organes encore potables sur le darkweb.
Clique sur l’image. N’aie pas peur. Ce n’est pas sale.

Et la fiche pratique, concoctée par Jeannette Warsen, sans laquelle cet article ne peut être vendu car il ne serait que du vent avec la bouche :
Stimuler Votre Systeme Immunitaire Grâce Au Qi Gong : (Le Matin)
https://www.youtube.com/watch?v=AoGOZ48jM0g
Stimuler Votre Systeme Immunitaire Grâce Au Qi Gong : (Le Soir)
https://www.youtube.com/watch?v=vQmVBVJeDZM
Stimuler son système immunitaire du matin au soir sur la Riviera vaudoise en faisant bien attention de ne pas tomber dans le lac Léman si on recule d'un pas :
https://youtu.be/p-UjZqumT-w
- le quizz qui va bien d'auto-dépistage du mélanome :
https://dermato-info.fr/fr/la-recherche/m%C3%A9lanome-%C3%A9valuer-l%E2%80%99urgence-%C3%A0-consulter#quiz_1

Non, petit scarabée, ne clique pas sur l'image. 
Ce n'est pas que ce soit sale, mais c'est un jpeg. 
Clique plutôt sur le lien.

(Loukoum et Tagada® sont une création John et Jeannette Warsen®)

mercredi 4 novembre 2020

La lecture c'est l'aventure (5)

Un dessin de Xavier Gorce
peut être exigé
en début d'article, 
sauf dérogation préfectorale

La Belgique, qui procède comme la France à un deuxième confinement en raison de l’aggravation de l’épidémie de Covid-19, a décidé que les librairies, qui avaient dû baisser le rideau pendant deux mois, resteraient cette fois-ci ouvertes. Le soulagement dans la profession est palpable. « C’est une excellente nouvelle, atteste France Verrier, qui dirige Les Yeux gourmands, une petite librairie de Saint-Gilles, en région bruxelloise. Non seulement le livre est considéré comme important, mais il figure désormais sur la liste des biens « essentiels », ceux qui permettent d’échapper aux fermetures, au même titre que les magasins d’alimentation, les magasins de bricolage, les jardineries, les papeteries, ou encore les merceries
https://www.lemonde.fr/culture/article/2020/11/03/reconfinement-en-belgique-les-livres-sont-consideres-comme-essentiels_6058364_3246.html

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Sinon, j'ai aussi une aventure souterraine de Mélanie Mélanome (dont elle s'est pas vantée) au Royaume des ouvrages interdits à l'achat en magasin en France : pour ne pas me contenter de me regazéifier avec mon propre gaz, ma femme m'a prêté un court roman coréen, alors que j'attendais ma première perfusion d'immuno à l'hosto.

La qualité de l’écriture est inconnue sous nos (mes) latitudes : 
aucun affect ne transparait, et le narrateur décrit avec clarté et une lucidité non-léthale (il est coréen, c'est pour ça) des faits et des situations insoutenables et inconvenantes, sans le moindre pathos.
« Les morts n’ont pas de tumeur » : si ça finit pas sur mon, blog, on aura du bol !





lundi 12 octobre 2020

Loukoum et Tagada contre Mélanie Mélanome (2)

J’avais un truc bizarre, genre un raisin sec qui veut se faire passer pour un grain de beauté, qui me poussait dans le bas du dos. Je n’en savais rien, ne le voyais ni ne le sentais. 
Mais ma femme, qui me met aussi souvent la puce à l’oreille que si elle était la réincarnation de l’inspecteur Colombo, m’avait dit pendant le confinement « va donc montrer ça à un dermatologue ». 
Je ne sais pas pourquoi, pour une fois, je l’ai écoutée. Dès qu’on a déconfiné, j’y suis allé. 
A la consultation du généraliste, passage obligé pour négocier une visite chez le dermato, le médecin m’a dit « c'est pas la peine d'y aller, ne vous inquiétez pas, c’est un angiome, c’est inoffensif ». 
J’ai insisté. 
J’ai bien fait.
Je tombai sous le charme de la dermatologue : ça faisait longtemps qu'une jeune femme ne m'avait pas demandé de me déshabiller à notre premier rendez-vous.
Elle fut plus dubitative. 
Mais dans le doute, elle ne s’abstint pas. 
Elle m’opéra du raisin sec. 
Biopsie. 
Bingo. 
Mélanome.

A Malin, Malin et demi : fais ton dépistage toi-même,
avec ce tuto et un rétroviseur cassé (source : "Le mélanome pour les Nuls")

"Agressif, nodulaire et ulcéré", furent les premiers mots de bienvenue de l'oncologue pour définir mon affection de longue durée, comme dit pudiquement la Sécu avant de me prendre en charge à 100%.
J’ai un peu stressé, et je me suis dit : 
crottalors, si le pronostic vital est engagé, faisons donc un petit bilan :
- qu'est-ce que j'ai reçu ? 
- qu'est-ce que j'ai transmis ? 
- et comment vais-je faire pour entrer dans la bienveillance, dans le temps qui me reste ? 
Malheureusement, cette bienveillance s’est silencieusement évanouie au bout de quelques jours, car après le premier tour de scanner, les médecins m’ont laissé entendre que je pourrais ne pas en mourir dans la semaine. C'était la porte ouverte à toutes les fenêtres.
Je saisis néanmoins l’occasion pour décréter la fin de mes illusions consenties, le cancer du virtuel que j'ai développé quand j'ai arrêté de boire avait engendré une certaine dés-affection du réel, dont je me suis longtemps plaint (je veux dire longtemps avant d'en prétexter pour poursuivre de quasi-inconnus croisés sur Internet de mes assiduités.)
Maintenant que j'ai contracté une belle saloperie dans le réel, je crois préférable de dés-affecter le virtuel, selon le principe des vases communicants, qui fait que je ne puis être partout à la fois. Malgré cette illusion d'omnipotence et d'omniscience engendrée par le fait de parler tout seul devant mon écran depuis des lustres. 
Communiquer sur mon affection, ne serait-ce pas ajouter l'infâmie à la malchance ? j’ai un collègue qui vient d'être emporté par une grave maladie, il n'en a pas du tout parlé, ni à lui-même, ni à son entourage, tant que cela a été possible. Pour lui, c'était un non-évènement. Il était dur au mal, et je l'imagine bien capable de dire à ses métastases, paraphrasant Platon sans que ça se voie trop : "vous pouvez me tuer, mais vous ne pouvez pas me nuire". Il ne voulait ni chimio ni traitements, qu'il jugeait dégradants, et il en connaissait un sacré bout sur le principe vital en médecine, vu qu'il était ostéopathe et vétérinaire. 
So long, Degré Chien. J’étais président de son fan club, mais je n’avais jamais osé lui dire que je n’avais pas vraiment lu ses deux romans. Lire ou écrire, il faut choisir. Sans parler des séries télé. Maintenant je vais prendre le temps de me les infuser, ses manuscrits. Y'en a un, j'ai l'original relié en peau de phoque depuis 30 ans.

Non seulement Gonzague a l'oeil et le bon, mais en plus, il sait parler aux femmes, lui.
Mais bon, elle est plus facile à dépister que moi, elle, elle l'avait sur l'épaule.


Quelques tours de scanner et une intervention chirurgicale plus tard, je comprends que les oncologues restent très réservés dans leur pronostic, leurs protocoles sont très au point mais les réponses des patients aux traitements varient beaucoup, je pars sur une immunothérapie, j’en ai sans doute pour un an, je commence à bien connaitre le centre de cancérologie du Phare Ouest qui soigne les vrais cowboys mais pas les coyotes à foie jaune (qui ont sans doute une hépatite), et je m'y habitue. La preuve, j'en parle. Mais ça me saoule. Je ne vais donc pas faire longtemps de la littérature sur mon voeu de silence. Ca ferait ricaner Dieu, comme l’observe Emmanuel Carrère dans « Yoga », lui qui persiste à se mettre en scène de livre en livre alors qu’il n’est jamais meilleur que quand il décrit d’autres vies que la sienne. Quand il louche et insiste sur ses propres défauts, ça devient gênant. 

J’ai longtemps fait un peu pareil sur ce blog, et je suppose que le résultat obtenu était du même tonneau, à part que je n’en ai pas tiré le moindre kopeck : c'est tragiquement hilarant pour les lecteurs en empathie, mais on plaint quand même l'auteur d'en être réduit à de telles orgies d'indiscrétions sur ses déroutes les plus intimes, sous couvert d'honnêteté.
Il n’y a guère qu’aux Alcooliques Anonymes, que la prise de parole en public sur notre maladie nous permet parfois de nous envoler en tirant sur nos lacets. C'est la magie de la thérapie de groupe. Mais l'homme se retrouve ensuite seul devant Dieu, devant la mort et devant son blog.
Sauf à vouloir devenir l’Emmanuel Carrère de l’indice de Breslow.
J'ai eu beau envoyer 10 € à Wikipedia, ils ont persisté à ne me donner que deux chances sur trois d'être encore là dans 5 ans.
La meilleure interaction que j'obtienne sur le sujet, c'est avec des gens qui sont passés par là, le reste du temps j'ai l'affreux sentiment d'être dans la victimologie, et d'attirer l'attention sur des phénomènes qui ne le méritent pas, sauf si c'est l'occasion d'une désidentification aux formes, mais pour l'instant, ça ne l'est pas.
Le seul message à caractère informatif de cet article, c’est que si vous vous êtes imprudemment exposés au soleil pendant des années sans crème anti U.V, et que votre femme trouve que vous avez une pustule bizarre qui éclot ici ou là, je vous suggère vivement d’aller consulter tout de suite, parce que ça s’étend très rapidement. Depuis l’épiderme, où il s’est discrètement installé, le mélanome creuse son chemin comme s’il connaissait déjà la maison, et après, pour lui faire comprendre qu’il est un hôte indésirable, c’est du boulot. Que je laisse aux spécialistes : la médecine est mieux armée que moi pour combattre la maladie, je la laisse faire son travail, et j'essaye de faire le mien, qui est de combattre mes représentations de la maladie. Et de mener une vie décente.
Implicit lyrics : si vous n'avez pas de femme pour dépister votre mélanome, trouvez-en une, toutes affaires cessantes. Ou un mec. Ou une entité humanoïde issue de la diversité LGBTQIA+, du moment qu'elle vous inspecte amoureusement les parties du corps situées dans l'angle mort de votre vision.
Ma femme m’a sans doute sauvé la vie, ce qui me contrarie fort : 
comment lui rendre la politesse ? 
hein ? quoi ? 
la bienveillance ? 
j’entends pas, j’ai mes acouphènes. 

En plus, au lieu de se tirer sur la nouille sur son blog, Gonzague c'est un homme d'action :
après ce puissant rituel de guérison, retour d'affection de l'être aimé 100% garanti !
Travaux occultes et maraboutage pour unir les couples. 
Devis gratuit, travail soigné. Appelez-le !


(Loukoum et Tagada® sont une création John et Jeannette Warsen®)

jeudi 24 septembre 2020

Loukoum et Tagada contre Mélanie Mélanome (1)

- Ca s'est bien passé ?
-Beueuâârrr...
Je ne suis pas encore prèt à évoquer mon "affection de longue durée" dépistée ce printemps, sans doute contractée à force de trainer dans le désert depuis trop longtemps en chantant "fuck la crème solaire", mais mon conseil du jour, c'est évitez de manger un cassoulet trop salé trop sucré avant d'aller faire un scanner du cerveau, parce qu'ils vous injectent une solution iodée qui file méchamment la nausée, et j'ai bien cru que j'allais repeindre le nouvel équipement tout neuf arrivé la semaine dernière. La prochaine fois j'irai à jeun.

(Loukoum et Tagada® sont une création John et Jeannette Warsen®)




mercredi 19 août 2020

Loukoum et Tagada contre les méchants pédophiles

un selfie de Joan Cornellà
En cherchant une image pour illustrer un article sur mon autre blog, je tombe sur celui d'un psychiatre, qui rétablit un certain nombre de vérités sur Gabriel Matzneff en replaçant sa trajectoire dans le contexte de l'époque, et c'est plutôt réconfortant, bien que je n'aie pas de billes dans la partie, de voir qu'il y a des gens qui se rappellent le passé tel qu'il a été au lieu d'hystériser le débat.
et le second épisode :
Et c'est plus instructif de lire ça que de s'indigner avec les conspirationnistes modérés des ventes de poupées d'enfants aux pédoplastiquophiles.

lundi 29 juin 2020

Loukoum et Tagada

Nous venons de créer un duo comique, avec ma femme. J'ai trouvé notre nom de scène spontanément, hier midi, à partir de la contemplation d'un sachet de loukoums et d'une boite de fraises tagada qu'on venait de lui offrir pour son départ en retraite. Nous nous produisons désormais sur les plus grands blogs de France et d'ailleurs, comme ici, ce soir, chez John Warsen. Merci d'être venus, ça nous fait chaud au coeur. John Warsen qui avait lui-même été inventé par Fredo, accidentellement, un jour qu’il lui fallait emprunter la tronçonneuse de John, ou Arsène, ses voisins immédiats.

Loukoum et Tagada
(formerly known as Garbit et Margot)
par Joan Cornellà


Loukoum : "J'ai revu avec plaisir "The Accidental Tourist", avec ce pauvre William Hurt, qui tire sa gueule de connard casanier et dépressif pendant tout le film, j'adore la scène où Geena Davis le console silencieusement entre ses bras après qu'il ait avoué le deuil impossible de son fils, j'avais vraiment envie d'être lui.
Tagada : - t'as qu'à faire du tir à l'arc, toi qui t'es tapé tout son wiki, tu m'as dit qu'elle avait faillie être sélectionnée aux Jeux Olympiques dans cette discipline.
Loukoum : - je vais pas courir après Geena Davis, elle a 64 ans.
Tagada : - Hé ben ? t'en as 57. T'as toutes tes chances de la rattraper."