jeudi 26 novembre 2020

Loukoum et Tagada contre Mélanie Mélanome (3)

Résumé
Blacky le vilain mélanome me menaçait de son arme : 
ma femme l'a neutralisé en m'envoyant chez la dermato
et m'a sauvé la vie. J'essaye de ne pas lui en tenir rigueur.

Gérard Jugnot cachetonne dans des publicités douteuses.
Ou alors, c'est Gérard Manchié, qui ne vend plus de disques.
Anyway, enlève tes lunettes, Gérard, on t'a reconnu.
Au centre de cancérologie où je me rends toutes les 3 semaines pour me faire perfuser 10 cl de pembrolizumab, je remarque ce dépliant sur un présentoir; j'en apprécie d'abord la direction artistique et le bon goût du publicitaire qui a affublé le patient d'un polo couleur pisse-tache, je n'aurais pas fait mieux. Ensuite, je regarde le produit. Il n'est pas judicieux sur le plan karmique de rire des maladies qu'on n'a pas encore (sauf à considérer mes fuites urinaires sur blog, mais j'arrête quand je veux, et puis ça c'est du virtuel, moins embarassant que dans la Réalité Réelle Ratée), mais je ne crois pas que le fabricant de cet ingénieux étui pénien + poche de recueil puisse grand-chose pour moi. Bon, d'accord, imaginons que ça me coule dans le slip, et que je ne le vive pas bien, m'affranchirais-je de cette gêne en m'en réclamant sur cette tribune hyper-secrète assidûment scannée et cartographiée par des nanobots soviétiques ? Plus de 1000 vues par jour, selon les stats. C'est dingue. Avant d'en déclarer un, le cancer me terrifiait. Et pour paraphraser Jacquard, j’ai beaucoup aimé les Africaines, jusqu’à ce que j’en rencontre une. Comme quoi, on ne le rabâchera jamais assez avant de s'exciter sur des fadaises, le passage de l'imaginaire, de peur ou de désir, à la réalité, est toujours un peu décevant; comme à Deauville sans Trintignant
Et c'est le principe même de la Réalité Réelle Ratée, je devrais le savoir, j'ai participé à la conception du truc, je dois d'ailleurs rédiger un billet sur la genèse du gRRR, mais j'attends l'inspiration, qui reflue un peu, après un mois de novembre un peu frénétique (quand je tombe du lit à 4h30 pour honorer mes blogs ou mes correspondants, c'est pas bon signe, et la clarté consciencielle s'en ressent, je suis obligé de l'admettre puisque l'écriture est ma seule pratique spirituelle régulière, aussi curieux que ça paraisse en l'énonçant de la sorte, et bien que souvent, les doigts cavalent après la pensée, mais c'est pas grave elle tourne en boucle.)

Pour en faire une carte de voeux, 
penser à rajouter le bouton "2021"
"Ce qui semble avantageux dans l'immunothérapie qui m'est proposée comme traitement après la chirurgie, repompai-je éhontément des commentaires de l'article précédent, c'est qu'elle vise à lever en moi une armée de leucocytes qui vont aller foutre la pâtée aux cellules infidèles et métastasées. Au lieu de s'attaquer directement aux cellules tumorales, il s'agit d'aider le système immunitaire à les reconnaître et les détruire. J'espère ne pas en faire un feuilleton sur ce blog, même si en même temps c'est une façon d'essayer de rendre ça intéressant pour les autres. Mais on est souvent peu intéressé par le sujet du cancer avant de s'en choper un."
Franchement, il y a des jours où lâcher mon clavier, ça serait vraiment aider mon système immunitaire à faire le ménage, et le renforcer dans ses convictions de ne pas se laisser enfoncer les défenses, même les back doors. Je n'épuise pas que mes lecteurs, je m'épuise aussi. Je dois me mettre sérieusement au qi gong. Pas "faire du qi gong sur internet", comme disait ma fille. J'ai promis. J’attendais ma 2ème séance d’immunothérapie pour voir si j'avais quelque chose à en dire, dans ce feuilleton que j'essaye de ne pas écrire; elle a eu lieu la semaine dernière, et c’est pas pire. Je veux dire que je ne ressens rien de particulier, ni ne subis pour l'instant d’effets secondaires parmi ceux qui m'ont été présentés, violente diarrhée, fatigue épouvantable, bubons et démangeaisons, et ne me sens pas plus malade que d’habitude, je veux dire, qu'avant le cancer. J’ai de la chance, je ne suis pas du tout anxieux devant la maladie. Ma femme l’est, enfin, l’a été, beaucoup plus que moi.

Les éditoriaux tonitruants, c'est bien fini pour moi.
Au moins jusqu'à l'année prochaine.
Faut dire que les oncologues, comme ils ignorent comment tu vas réagir au traitement, sont un peu avares de notes d’espoir. Leur pronostic est toujours très réservé. Donc, en principe, au cours du traitement, on n'a que des bonnes nouvelles. Je leur pardonne : leur métier, c’est quand même la maladie, plus que le rétablissement. Comme le vrai métier de Freud était plus la pathologie que la santé mentale. On est moins intéressants pour eux quand on est guéris. Pardon, en rémission.
Les cancers de la peau, c’est tenace, et c’est un peu comme Alien, une fois arrimés en surface, ils creusent leur chemin à l’insu de ton plein gré, et même si on les opère avec une bonne marge autour, on n’est pas toujours débarrassé du problème... comme ils ont trouvé une micro-métastase dans mon ganglion sentinelle, une sorte de pavillon témoin incisé dans l'aine, dans le doute ils ne s'abstiennent pas de traiter, et je suis donc parti pour un tour complet d’un an dans la grande usine à cancers.
De l’aveu même de l’oncologue, la science médicale ignore si j’ai d’autres métastases que celle détectée , tapie dans le pavillon témoin. La sentinelle n’a pas révélé la position des troupes. Ni même avoué leur existence. C’est peut-être des métastases de Schrödinger, qui fonctionnent comme le chat éponyme https://fr.wikipedia.org/wiki/Chat_de_Schr%C3%B6dinger auquel cas il faudrait ouvrir tous mes ganglions pour savoir si y’en a d'autres, avec un vieil épluche-légumes rouillé, parce que le rire stimule lui aussi les défenses immunitaires (penser à regarder si j’ai eu mon rappel tétanos, quand même). Pour l'instant, je m’y refuse, mais dans cette entreprise, c'est pas moi qui ai les clés du camion. Le patient est la matière première de l’industrie oncologique, c’est dingue le nombre de rendez-vous, d’analyses et d’examens. Je suis impliqué dans un process industriel sensiblement chronophage, entre mes séances d'immuno je fais et refais des tours de scanner, pour vérifier que le pembrolizumab ne se trompe pas de cible, de la tomographie, des prises de sang, des électrocardiogrammes, "heureusement" (sic) j'ai très peu de contrats CDD en ce moment, et c'est pas vraiment le moment d'aller gueuler au planning, vu que j'assigne mon employeur aux Prud'hommes pour abus de CDD, ça fait quand même 23 ans que j'ignore si j'aurai du boulot la semaine prochaine, l'audience a lieu en janvier prochain. Ce qui fait qu'en attendant, je jongle entre les propositions de contrats et les rendez-vous médicaux, ah non là je peux pas bosser, lundi j'ai scanner, mardi j'ai immuno, désolé. Je ne la joue pas comme ça, non, j'essaye de passer entre les gouttes. D'ailleurs je ne vous ai rien dit. C'est juste une fuite, pardon, c'est les Warsen Leaks. Juste avant mon Black Friday, où je vais commencer à solder mes organes encore potables sur le darkweb.
Clique sur l’image. N’aie pas peur. Ce n’est pas sale.

Et la fiche pratique, concoctée par Jeannette Warsen, sans laquelle cet article ne peut être vendu car il ne serait que du vent avec la bouche :
Stimuler Votre Systeme Immunitaire Grâce Au Qi Gong : (Le Matin)
https://www.youtube.com/watch?v=AoGOZ48jM0g
Stimuler Votre Systeme Immunitaire Grâce Au Qi Gong : (Le Soir)
https://www.youtube.com/watch?v=vQmVBVJeDZM
Stimuler son système immunitaire du matin au soir sur la Riviera vaudoise en faisant bien attention de ne pas tomber dans le lac Léman si on recule d'un pas :
https://youtu.be/p-UjZqumT-w
- le quizz qui va bien d'auto-dépistage du mélanome :
https://dermato-info.fr/fr/la-recherche/m%C3%A9lanome-%C3%A9valuer-l%E2%80%99urgence-%C3%A0-consulter#quiz_1

Non, petit scarabée, ne clique pas sur l'image. 
Ce n'est pas que ce soit sale, mais c'est un jpeg. 
Clique plutôt sur le lien.

(Loukoum et Tagada® sont une création John et Jeannette Warsen®)

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