J’allais poster le (9) mais Flo me l’a chipé , et je me suis aperçu que j’avais oublié le (6); comme je m’en doutais, y’en a deux qui suivent, mon haltère et mon négro, alias Bave l’éponge et Bob l’épave. Tant pis.
Cher Blog,
je viens de me faire enlever une dent de sagesse, et le dentiste me suggère de garder la bouche fermée pour la journée. Tout à l’heure, tandis qu’il m’extrayait les petits bouts de racine cassés en me récurant vigoureusement la mâchoire de sa pince croco, j’avais beau ne nourrir aucune appréhension inutile et bénéficier de tout le confort anesthésique, je voyais bien que mon âme tentait de se réfugier dans ma chaussure gauche, alors qu’elle n’ignorait pas que c’était une impasse.
Comme j’ai quand même envie de l’ouvrir, je vais condenser ma pensée en tournant sur les deux DDS qu’il me reste. Une résidente du Maroc vient de me prospecter téléphoniquement pour me proposer avec un enthousiasme qu’on jurerait non feint, d’aller chercher des cadeaux que je n’ai pas espérés, et dont je n’ai nul besoin, dans un magasin pas très loin de chez moi, dans le cadre du nouveau programme de harcèlement samsarique mondialisé, et il a suffi que je lui élocutionne péniblement ce que je viens de t’expliquer (”MMOORRFF …ENLEVé DENT DE SAGESSE…MMOORRFF…Peux PAS PARLER… MMAALLL…”) pour qu’elle se confonde en excuses, et je crois que j’ai enfin trouvé la parade à cet affreux spam téléphonique qui fournit de l’emploi à la main d’oeuvre qui n’arrive pas à intégrer physiquement l’Europe mais qui concourt comme elle peut au fonctionnement de ses organes économiques, fussent-ils cancéreux, comme ces organismes vaguement suspects qui vous appellent au moins une fois par semaine pour vous proposer des dégrèvements fiscaux conséquents si vous pouvez justifier de tant de K€ d’impôts annuels, et qui eux se traitent par le frauduleux mais imparable “je ne suis pas imposable” qui les fait vous abandonner, brusquement déconfits.
Le 31 décembre 2007, après avoir installé la nouvelle version de DVD Studio Pro (empruntée à un ami qui tient à conserver l’anonymat) sur mon disque de démarrage, sans laquelle j’étais jusqu’alors confronté à la mystérieuse transmutation de tous les menus de mes DVD de films de famille en caractères cyrilliques au moment de leur gravure, j’ai cru utile de défragmenter ce disque avec TechTool Pro, utilitaire de maintenance pour Macintosh, en espérant un gain conséquent de productivité. J’ai légèrement négligé de vérifier la compatibilité de mon système d’exploitation actuel avec ma version piratée de l’utilitaire, qui m’apparaissait certaine, au mépris d’Aragon (“rien n’est jamais acquis à l’homme”, nous rappelait-il, et chacun connait la difficulté qu’il y a à ne pas anthropomorphiser un disque dur).
L’ordinateur a passé quelques heures à ruminer tous mes fichiers avec de petits bruits flippants de déglutition numérique, à partir d’un disque externe sur lequel je faisais tourner une version légèrement antérieure de mon système d’exploitation, ce qui me permet de parer à différentes éventualités, qui ne tardent pas à croître de façon exponentielle dans le cerveau du geek confronté aux éventuels problèmes d’exploitation de l’usine à gaz que devient nécessairement son ordinateur de bureau qui transforme sa demeure en succursale négligée, en entrepôt désaffecté, et j’ai été intrigué par sa lenteur de défragmentation, même si je tourne sur une vieille bécane de 2001 (l’odyssée de mes spasmes). J’ai compris plus tard que Tech Tool n’arrivait pas à interpréter sa nourriture, et que le résultat de ce mâchouillage ne serait pas celui attendu : après une bonne demi-journée suivie d’une nuit d’exécution des routines, quand j’ai voulu redémarrer du disque d’origine, je me suis heurté à la panne-archétype-de-la-terreur du technicien de maintenance : le système qui plante pendant le redémarrage, avec le message d’erreur qui suggére de redémarrer… désopilante boucle infernale, suivie de l’abattement d’avoir trop ri : on se dit que là, on est allé trop loin, que dès le lendemain (on n’est que le 1er janvier, et déjà à deux doigts de la cybercuite émotionnelle) on abdiquera son habileté, sa prétendue connaissance encyclopédique des trucs à pas faire, et surtout son orgueil, en poussant la porte du premier magasin de fournitures informatiques venu, si on a de la chance on acquerra un utilitaire de réparation, si on en a moins il faudra s’engager dans une procédure plus hasardeuse et plus onéreuse de récupération de données sur système de stockage endommagé, en abandonnant sa machine au bon vouloir et à l’incompétence de techniciens vénaux et méprisants… on se dit qu’on commence bien l’année, que c’est là une preuve supplémentaire de la nécessité absolue de s’extirper une bonne fois pour toutes de ces sables mouvants et chronophages de l’informatique domestique, pour passer à des loisirs moins destructeurs - partager ce temps qu’on s’était promis de jeux et de ris entre les siens, tiens, le petit aura déjà 16 ans dans quelques mois - et si on ne se laisse plus déstabiliser émotionnellement, on est quand même usé par les milliers d’heures qu’il a fallu pour acquérir les routines intuitives qui font de nous un demi-dieu dans les arcanes du labyrinthe que nous avons nous-même tracé, et qui ne servent qu’à rien d’autre qu’à s’en remettre une couche dans la cyber-attitude, savoir-faire d’aucune utilité discernable…
Si ça ne tenait qu’à moi, vu la tournure écologiquement viable qu’il nous va falloir prendre si nous voulons survivre à la facture (en cours de calcul) de notre mode de vie à crédit sur le dos de la planète, je me fabriquerais bien un nouvel ordinateur à partir des circuits hors d’usage de ma chaudière à fuel, mais lors des premiers crash tests, la carte mère en fibre de coco s’est mise à fumer méchamment, peinant à être refroidie par les packs de congélation bleuâtres issus de la glacière à pique nique, et malgré les babas qui nous serinent avec raison depuis des lustres “essaye de te fabriquer ce dont tu as besoin”, force est de constater que nous sommes de plus en plus dépendants de technologies qui nous sont vendues clés et ennuis en mains, pour la maintenance desquelles nous dépendons à 100% d’une des maffias les plus obscures et puissantes qui soient, dont la réparation est aujourd’hui moins à notre portée que de produire de l’électricité pour ses propres besoins si on est un rurbain qui peut se payer un capteur solaire. Mais bon, pousser une gueulante contre le cyber-complot galactique, y’a des blogs spécialisés pour, ne nous complaisons pas dans l’attitude de victime consentante, ça serait pousser le bouchon un peu loin du bord.
Je ne sais plus comment j’ai résorbé la panne infernale, sinon qu’après avoir consulté sur le pécé de ma femme les forums de secours d’urgence aux macs en détresse, j’ai trouvé le raccourci clavier ad hoc qui m’a permis de sortir du cercle vicieux, ou d’y re-rentrer selon l’optique où l’on se place, et j’ai fini par dépanner le bouzin après avoir parcouru plusieurs pistes infructueuses pour en explorer une franchement poétique, avec un bout d’extension appartenant au système 9.2.1 (alors que je tourne sous 10.4.10) retrouvé sur un CD de sauvegardes de bouts de trucs gravé en 2002, l’équivalent heuristique du morceau de sparadrap qui vient à bout de la gangrène, et que ça m’a un peu mangé mon week-end du jour de l’an pour retrouver une situation légèrement inférieure qualitativement à ce qu’elle était avant mon intervention.
Flûte, voici que les beugues se mettent dans mon blog : à force d’invoquer les démons, le (6) a réapparu, je rebaptise donc cet article (9 bis) sans trop m’acharner à vouloir les dénombrer, ça ne ferait qu’empirer. Et je ne rejoins pas pour autant les rangs des conspirationnistes, si le (6) avait disparu c’est sans doute parce que je lui avais sournoisement inclus postérieurement une vidéo dedans et j’avais du tripoter le titre sans m’en apercevoir. La science triomphe toujours du chaos quand elle est au service du confort intellectuel.
Je n’ai pas voulu suggérer de conclusion à l’article, sinon la figure imposée qu’en 2008, en ce qui me concerne, je propose de mettre un terme à cette quincaillerie sans conscience qui n’est que ruine de larmes, et dont le lancinant babil n’est pas sans rappeler les grincement obtenus par Bill Laswell en frottant une fourchette sur du métal rouillé.
Un prof de mathématique nous racontait que Neper avait inventé le logarithme dans le seul but de compter les démons. Est-ce une jolie légende ? je n’ai pu retrouver cette information nulle part. Mais c’est une idée bien utile lorsque tu en seras au post Démons (13734983).
Rédigé par: Dado | le 23 janvier 2008 à 18:10|“Plus j’essayais de les compter, plus ils se multipliaient” observais-je dans le songe qui inspira le premier article de la série Démons. D’ailleurs,je ne suis pas très féru de théologie mais il me semble bien que les professionnels de la profession insistent bien sur le côté indénombrable.
Rédigé par: john warsen | le 24 janvier 2008 à 15:07|Et je sais bien que tout en recensant un certain nombre d’entre les miens, il m’arrive de les créer du regard.
Sur Neper, j’en connaissais une autre, qui disait que la progression géométrique des motifs de la toile d’araignée répondait à la fonction mathématique du logarithme népérien, que la bestiole “extériorisait” de façon innée, sauf lorsqu’un chercheur farceur (il y en eut) lui avait fait ingérer de la mescaline, et là il faudrait que je retrouve la photo, parce que ça ressemble à tout sauf à une toile d’araignée.
J’ai vu ces photos. D’autant que je me souvienne, ces petites bestioles supportent assez mal la caféine, aussi : c’était la toile la plus abominablement débile de la série…
Rédigé par: Dado | le 25 janvier 2008 à 20:32|