samedi 22 décembre 2012

Conte de Noël

J'ai lu un article assez décoiffant dans Courrier International sur José Mujica, président "normal" de l'Uruguay : une personne qui accepte d'exercer la fonction présidentielle tout en refusant les protocoles, les coutumes, le décorum liés au chef de l'Etat.
Dans son portrait, il y a manifestement des menteries de journalistes, mais aussi des saillies drôlatiques,  un parcours incroyable, une réflexion qu'on aimerait voir chez les autres dirigeants de la planète. 
Je dis ça bien qu'il ne faille pas être sorti de Saint-Cyr - du - Conspirationnisme pour comprendre que le Monde est aux mains de la Phynance qui est bien partie pour détruire l'économie réelle, à en faire pâlir Bernard Lavilliers, mais je parle de nos dirigeants élus.


c'est page 42 à 47.
La capitale de l'Uruguay, c'est Montevideo.
Comme j'ai passé ma vie à monter des vidéos, je me demande si c'est un signe pour que je me délocalise là-bas, en tout cas c'est certain que de parcourir l'interview du bonhomme, ça donne envie d'aller casser une petite croûte avec lui.

vendredi 21 décembre 2012

Le flasque et l'enclume

Cet après midi, j'ai désincarcéré une bonne cinquantaine de cassettes VHS du tiroir bas de l'armoire du salon, pour y ranger mes DVD.
J'en ai inhumé la plupart dans des sacs plastiques glissés ensuite dans la poubelle "tout-venant" que Veolia ou Suez ou un de leurs concurrents sur le marché du ramassage des ordures ménagères dans des communautés de communes où l'étalement urbain coûte des sommes exorbitantes à la collectivité emportera jeudi matin sans se douter de rien, car j'aurai tapissé l'orifice du conteneur avec des sacs d'ordures normaux.
J'ai glissé les survivantes dans l'armoire du garage, avec leurs copines tremblotantes dans ce couloir de la mort, que la collection de Métal Hurlant sur l'étagère adjacente ne réconforte guère, et qui n'attendent qu'un nouveau besoin de gain de place pour rejoindre le container, mais je ne suis pas encore décidé à lâcher prise.
Les VHS, de toute façon c'est pas recyclable.
Pas de blagues improbables sur le génocide silencieux de ces milliers de petits boitiers noirs depuis que leur agonie est programmée, avènement du DVD, bientôt supplanté par le BluRay... une autre fois, merci. Des vidéothèques entières, méticuleusement archivées, des tonnes de films parfois même pas regardés, juste parce que l'avidité a coïncidé avec une promotion sur des cassettes vierges et des ambitions cinéphiles, allez hop, le Fahrenheit 451 des familles, l'odeur âcre des charniers de l'oxyde de fer tous les dimanches après-midis dans les sous-bois des zones péri-urbaines...
Je me souviens avoir vu mon père se débarasser d'une quantité assez importante de gravats issus d'un chantier de rénovation sur la terrasse de l'appartement à Montpellier, patiemment, un sac par semaine tout au fond du bac des ordures ménagères. Ni vu ni connu j't'embrouille. Une perversité amusante pour un homme de cet âge, et pour tout dire anodine, aux conséquences négligeables sur le plan collectif, sauf si tout le monde s'y met : la collectivité est alors dans l'impasse, l'impasse où le camion poubelle ne peut plus passer, justement, passque y peut pas faire marche arrière.
Allez, tant qu'à balancer, et comme c'est le jour des Mayas, J'avoue que j'ai aussi fait partie des gens qui pensaient mettre de l'agrément dans leur vie en appuyant sur la touche "random" de leur lecteur CD.

jeudi 13 décembre 2012

Notre-Dame des Glandus

Vu ce matin près de la cathédrale :

Si même les torche-culs du faits divers crapoteux s'y mettent, l'arrêt des travaux du futur aéroport semble vraiment une cause perdue...

dimanche 18 novembre 2012

Lynchez-moi 2

Comme on pouvait s'y attendre en écoutant leurs disques, Godspeed You ! Black Emperor joue sur scène une musique tragique et peu amène, des petites symphonies du désastre, qu'ils appellent peut-être de leurs voeux, sans pathos mais sans joie.
Ils sont une neuvaine, disposés en un cercle assez large vers l'intérieur duquel ils se regardent, qui assis, qui debout, concentrés sur cette musique techniquement complexe mais émotionnellement limpide, ce qui ne signifie pas lumineuse, qu'ils jouent ensemble et qu'ils ont choisi de nous partager ce soir.
Et moi je les regarde se regarder, en me demandant ce que je suis venu chercher ici que je n'avais pas chez moi.
Il y a une communion, évidemment, et puis ils projettent des vidéos abstraites et cruelles sur le fond de scène.
Est-ce que j'ai envie de communier avec eux ?
Suis-je d'un anhédonisme pervers ?
Me suis-je fait enfler par mes préférences pas du tout inconscientes vers ce qui sombre, ce qui suinte, qui décline ?
Sur un site sur lequel ils ont choisi de partager des enregistrements de concert, un auditeur parle d'état "mystique" en écoutant leur musique et leur en attribue l'intention. 
De quoi ça parle ? On ne sait pas, ils restent sans voix, à part un bref "Fuck l'aéroport" braillé par le batteur entre deux morceaux, qui veut s'indigner contre le génocide silencieux des opposants au mégaloaéroport rêvé par Ayrault,  Notre Dame des Landes.
Bien que leurs morceaux les plus courts fassent bien 15 minutes, ces drames musicaux instantanés n'aont besoin d'aucune justification.
Tout le monde comprend en entendant ça qu'il s'agit d'évoquer le fait que la gravité fait tomber la tartine du côté de la confiture, en tous temps et en tous lieux.
Ce ne sont pas de grands mélodistes, mais dans le genre minant/lancinant, c'est efficace : le tragique s’accommode bien du manque de fioritures, je les inviterais bien à jouer aux enterrements  familiaux, la souffrance et sa sublimation par l'art vont ici de soi.
Leur merchandisation subséquente par le capitalisme tardif aux abois est réduite au strict minimum : pas de leader, pas de discours, refus de toute mise en valeur personnelle, pas de salut en fin de concert, aucun nom sur les pochettes, on est un collectif. Tout est sur le wiki.
En rentrant chez moi chaleureusement raccompagné par un ami inattendu, vu que j'ai laissé ma voiture au terminal de bus pour me la jouer éco-citoyen et que l'étau musical ne se desserre qu'après 1 heure de matin, je vois de la lumière dans la maison, tiens c'est étrange, je suis seul à la maison cette semaine et je suis parti en éteignant tout.
Ca peut vouloir dire cambrioleur. Flûte. Je mets la clef dans la serrure, et m'apprête à la rixe, s'il le faut. Ouvrant la porte, je vois la lumière qui s'échappe de sous la porte de mon bureau, puis la lumière s'éteint tandis qu'une main en sort à tâtons, tout à fait comme dans le cauchemar de l'autre jour.
Oh maman, comme dirait Janov, ce n'est plus de la délinquance néo-rurale, je bascule en un instant danse la terreur issue de l'irruption de l'onirisme dans la vie de veille, à la fin d'une soirée déjà trop arrosée de négativité musicale donc spirituelle.
Pas le temps de dire ouf ni de réprimer un braillement, que la main est suivie d'un individu que mon cerveau identifie assez rapidement comme correspondant au signalement de mon fils aîné la dernière fois que je l'ai vu, soit cinq jours plus tôt avant qu'il aille fort gentiment voir sa mémé à Albi.
Je lui explique en rigolant que j'ai flippé du fait de la coïncidence rêve/réel, il est presque deux heures du matin, je nous fais à manger et on s'endort devant une série télé vers 3h30.
Sacrée soirée.



Godspeed You! Black Emperor - East Hastings (Live) from postrockmusic on Vimeo.

un extrait de concert mal filmé, mais on voit bien l'ambiance...mortelle.

vendredi 2 novembre 2012

Lynchez-moi haut et court

    Ce soir je vais voir Godspeed You Black Emperor, il me faut trouver une tenue sépulcrale qui ne se résume pas à des draps déchirés et cendreux. 
Godspeed You, c'était une bonne claque de rock progresso-dépressif quand c'est sorti il y a 15 ans.
Ils n'étaient pas vraiment nihilistes, mais très remontés contre le samsara, et leur solution consistait à jouer des morceaux très longs et souvent douloureux et à donner des interviews sans illusion sur l'époque dans les Inrockuptibles, en torpillant toute image qu'on aurait pu fantasmer sur eux.
Je me demande, après avoir écouté leur dernier album, si ça va vraiment me plaire. Beaucoup d'énergie, mais pas mal de tristesse.
L'autre jour j'ai vanté le Kilimanjaro Darkjazz Orchestra, mais c'est leur autre formation, le Mount Fuji Doomjazz Corporation, leur soeur maudite et damnée, emmurée vivante dans les fondations d'un asile abject que j'aimerais voir en concert. Eux, c'est vraiment la bande son idéale d'un cauchemar lynchien que j'ai fait l'autre nuit, où l'esprit du mal s'était réfugié dans le salon d'hiver au rez-de-chaussée, me faisant croire qu'il n'était pas entré dans la maison, j'étais planqué dans la buanderie parce que je m'en doutais, immobile et silencieux, et effectivement quand il a cru que j'étais parti, il a rallumé la lumière et la porte s'est entrebaillée, et j'ai vu sa tête, et je fus saisi d'un effroi onirique lovecraftien en diable, devant ma seule survie à une fuite éperdue hors de ce rêve. 
Et depuis je réécoute le disque en repassant du linge au même endroit que dans le rêve, songeant qu'un jour mon prince des ténèbres viendra, qu'un jour il m'emportera.

dimanche 28 octobre 2012

Toi Grand Moi Petit (Grégoire Solotareff) 3/3

Ouf ! J'ai réussi à finir les scans avant minuit, sinon mon scanner se transformait en citrouille pour Halloween. 
Et cette histoire de Solotareff est excellente.







dimanche 14 octobre 2012

Le Progrès




Dans la vitrine de la librairie Coiffard, mon oeil est attiré par la couverture du Believer #2 , revue élitiste pas trop chère, (l'autre oeil est attiré par d'autres revues, tout aussi élitistes et peu onéreuses, comme "Schnoque, le magazine des vieux de 27 à 87 ans") qui me dit "achète-moi", tous les auteurs présents sur la couverture excitaent ma soif de savoir, ils me disent "lis-nous" alors comme c'est jour de paye...

Je tombe sur la critique d'un livre récent de William Vollmann, qui semble une sorte de sociologue errant  hyperactif et relativement illisible, que les Inrocks m'avaient autrefois survendu sans me prévenir qu'un livre sur deux qu'il écrivait traitait des putes et des clodos avinés au degré zorro de l'écriture, et l'autre de sociologie, et à l'époque j'étais pas tombé sur le bon, celui que j'avais acheté n'avait rien du Kessel mâtiné de Bourdieu coiffé à la Malraux auquel on pourrait s'attendre en lisant sa bio, mais là, dans cet article sur un livre de 1300 pages qui ne paraitra peut-être même pas en France, qui parle d'une ville oubliée dans un désert de l'Ouest américain trop proche de la frontière mexicane, cette métaphore à trois balles du progrès suffit à mon petit bonheur du jour... et puis dehors il fait vraiment un temps à ne pas mettre un bloggeur dehors ...




samedi 13 octobre 2012

La page 44 du point de vue de Bill

Ils étaient là, tous, à me gonfler l'autre jour en réunion AA avec la page 44 du point de vue de Bill, et puis finalement y'a quelqu'un qui l'a lue, à voix haute, et ça allait très bien avec le reste.
Où je serais d'ailleurs moi aujourd'hui, 20 ans et quelques jours après ma rencontre avec les disciples de Bill et Bob ? 


vendredi 12 octobre 2012

Spirit

Cette semaine, ils ont diffusé plein de films sur les amérindiens sur Arte. 
Ca a été l'occasion de voir des films ratés à base de bonnes idées et de bons sentiments (Coeur de Tonnerre) de découvrir l'ultime film de Cimino (The Sunchaser) moins raté, mais avec de si beaux paysages qu'on lui pardonne beaucoup, de revoir Little Big Man, mètre étalon de l'anti-western, et cet après midi même d'affronter le Soldat Bleu, récit gauchiste et féministe (tourné en 1970 comme un exorcisme pénible, un siècle après les faits) des exactions commises par le 21ème Régiment de Cavalerie du Colorado en 1865, qui ressemble à un snuff movie quand ils violent les femmes et tuent les enfants du gentil village gaulois des Cheyennes qui n'avaient ni potion magique ni eau de feu. 
Pas moyen d'échapper pour l'instant aux visions édulcorées ou romantiques que le cinéma consacré aux Indiens d'Amerique a réhabilité en tant que "bons" sauvages avec autant d'aveuglement qu'il en avait eu auparavant pour les traiter d'affreux barbares. Ca sent le racisme anti-blanc à plein nez.
Pas l'ombre de la finesse du traitement qu'ils ont pu s'offrir en littérature avec Tony Hillermann, par exemple.
Ou de la noirceur revendiquée de Scalped, le comics qui fait passer The Shield pour Titi et Grominet.
Mais y'a un gars sur la page d'Arte consacrée à un énième films du genre (Dance Me Outside) qui dit  à son propos "De vrais acteurs indiens beaux comme des dieux qui nous embarquent complètement dans cette histoire . On en redemande ! et pourquoi pas nous donner à voir les les films de Chris Eyre, le fameux film Dreamkeeper, Les disparues, Smoke signals, le nouveau monde, Geronimo de 1993 ..."
Bref, encore de bonnes soirées à télécharger en perspective.

Ca a été aussi l'occasion de ressortir un Sweat-Shirt Blanc Bleu acheté à Bastille en 89 et qui est increvable, dans lequel j'ai essuyé les remarques les plus perfides au Bureau, car à mon âge on ne s'habille plus ainsi, n'est-ce pas, et d'arborer ses motifs "Indian Spirit", putain de sa race. 
Je me suis demandé si j'étais grotesque exprès ou si je me foutais de mon apparence. 
Car ce n'est pas la même chose.
Devant l'inanité de la question, et surtout de la réponse, j'ai repris le travail.


jeudi 11 octobre 2012

Désolation sans Consolation

Desolation from lovetheframe on Vimeo.

J'aimerais bien savouarfer du Time lapse comme dans cette vidéo, qui commence comme un Koyanisqatsi qui décrirait la sensation subjective de l'écoulement du temps après 45 ans, et qui finit dans un monde post-Fukushima.
C'est normal, c'est Vendredi 12.


lundi 24 septembre 2012

Purée de muslims



Le bon musulman, pour moi c'est Abdelwahab Meddeb, écrivain franco-tunisien entendu l'autre matin sur France Inter (il est chroniqueur sur France culture) "Je ne pense pas que Charlie soit en faute d'islamophobie, ces dessins ne m'ont pas plu, je ne les trouve pas pertinents, je les trouve faibles techniquement et sur le plans de l 'imagination, c'est pas ce que j'ai vu de mieux dans Charlie, mais ce que je veux dire c'est que ce type de dessin doit exister, je les défends sur le principe pour moi inaliénable, en tant qu'originaire d'islam ça me parait très important, c'est une conquête majeure pour la démocratie, c'est une conquête occidentale à laquelle devrait s'adapter l'islam et non pas le contraire, on n'a pas à régresser et à faire en sorte que cette limitation que l'islam nous propose par l'intouchable du sacré, qui devrait être notre norme."

Donc évidemment, on le voit, le bon musulman pour moi c'est celui qui a été complètement assimilé.

Xavier Gorce a fait de bons dessins, sur l'affaire, comme d'hab.




et Frank Miller a sorti une bd anti-islam dont tout le monde se fout, et c'est tant mieux.

La semaine d'avant, le dalaï-lama avait dit à ses potes sur facebook que la religion n'était plus en adéquation avec le monde et qu'il était marxiste, ce qui le rend aussi sympathique que Bernard Maris, l'érudit éditorialiste de Charlie.

samedi 22 septembre 2012

Grognon


Sur les conseils d'un ami, j'ai commencé à lire les 4 accords toltèques cet été, et malgré le petit format du livre et le fait que c'est écrit gros, j'ai eu beaucoup de mal à avancer : les notes biographiques & introductives sont grotesques et font peu pour accréditer le personnage, qualifié de Castaneda moderne et syncrétiste, et à la façon dont c'est rédigé, on dirait qu'il a été interviewé à la sortie des cabinets après un séminaire trop arrosé, que c'est écrit pour des TRES simples d'esprits,  et pourtant c'est indéniable que des injonctions comme "ayez toujours une parole impeccable" et "n'en faites pas une affaire personnelle", non seulement c'est du bon sens, mais c'est très difficile à mettre en pratique ! J'ai essayé, et je suis loin du compte. Très loin.
En résumé donc : le toltèque, c'est chiant, ça gratte et ça dérange, mais ça semble parfois bien vu. Et puis, parsemées de loin en loin, des petites phrases à la con qui résonnent "Votre seule existence prouve celle de Dieu". Je n'avais pas vu ça comme ça, mais effectivement, c'est  ontologiquement imparable.
D'ailleurs, quand j'ai un peu lâché l'affaire et cessé de vouloir plaquer des accords toltèques sur ma guitare désaccordée, je suis doucement reparti vers une panique tranquille, j'étais en Crête sans Nicopatch, pas une église orthodoxe ouverte, et je me suis dit il faut absolument que je me resaisisse avant de poser ma démission ou pire, sinon je vais me retrouver à poil dans ma tête comme en 2011, et comme le dit le bon sens toltèque, en novembre, protège ton membre.
Il y a un peu plus d'un mois, donc, j'étais en panique à l'idée de reprendre le boulot alors que les vacances n'avaient reposé personne et que mes problèmes de déprime auto-flagellante n'étaient toujours pas résolus. Prenant les devants parce que je pensais repartir en live ou plutôt en dead, je suis passé chez le psy lui demander des pilules thymorégulatrices, pour éviter d'être un boulet au bureau, à la maison et pour moi-même.
Maintenant, grâce au traitement thymorégulateur et au mépris hyper-secret dans lequel je tiens les toltèques, je suis juste grognon qu'il n'y ait  pas de traitement contre l'égoïsme, la frustration, la colère.

dimanche 2 septembre 2012

Obstacles

"Il n'y a pas vraiment d'obstacles, il n'y a que des opportunités que nous regardons de travers."
Alors ça c'est le meilleur SMS que j'aie écrit ce mois-ci.
Alors que si je repars dans "tout est foutu", ben, comment dire... tout est foutu.

dimanche 12 août 2012

Comment retrouver son âme.com

J'avais oublié ce site recommandé dans le temps par Florence, et l'autre jour j'étais à France 3 et j'ai consulté des vieux mails... et j'y ai croisé ce texte, assez symptomatique de la chaleur de l'endroit.

mercredi 25 juillet 2012

Ma dépression racontée aux enfants (5)

Un mois plus tard (février 2012) :
Nouveaux problèmes d'insomnie, mais dans l'autre sens : la béquille chimique est devenue une fusée dans le derrière, j'ai trop d'énergie, je me réveille à trois heures du matin et je commence à canarder de mails les amis qui m'ont aidé quand j'étais par terre, par des coups de fil, des suggestions d'actes à poser... J'ai soudain plus de réponses que de questions.
La créativité qui était en berne, même si tout n'est pas très élégant, ça coule à nouveau, c'est fluide, et je nettoie les coins sombres de ma vie, je range je trie.
Au boulot, je reprends confiance en moi, j'abats un travail kolossal, en tout cas par rapport à celui que je n'arrivais plus à faire, et je prends des responsabilités qui m'effrayaient il y a peu...
Ma carte de voeux visant à restaurer le gouvernement de la pastille Vichy me permet de retrouver la distance envers la maladie, salutaire.
Dans un mois, je montrerai cette photo au psy pour le convaincre d'arrêter le traitement.
Si je n'avais pas la chance d'être pourvu d'humour, je serais déjà mort il y a longtemps, du fait d'autres tendances en moi.
C'est pourquoi ça me fait un bien fou de me rappeler (et de m'en vanter à la cantonade dans le Bundestag) qu'il faut que j'accepte le Hitler qui sommeille en moi (et qui est parfois bien réveillé ! Ach !) si je veux que le Juif en moi ait une chance de lui échapper dans son joli pyjama rayé.
Extase froide d'avoir survécu à mon flinguage, sans présumer de la suite.
De joie devant tant de créativité narcissiquement retrouvée, j'en ai bombardé mon père, que ça n'a pas du tout fait rire.
Sur ce plan là, au moins, nous sommes dissemblables : comme Desproges, je considère qu'on peut rire de tout, mais pas avec n'importe qui.
Lui pense que les fours crématoires n'ont déridé personne.
Il n'a pas tort non plus.
La dérision, que je pratique parfois avec excès, n'est pas dénuée de vacuité égotiste (elle invite les autres à s'ébaubir du brillant esprit qui nous habite) et peut tendre à renforcer le pessimisme, le cynisme... elle doit donc être tempérée de vigoureux coups de pelle à la face de nos interlocuteurs, pour leur rappeller qu'on n'est quand même pas là pour faire que rigoler bêtement des travers (de porcs) de nos contemporains.
Coups de pelle ? J'ai envie d'en découdre, c'est sûr.
Mais avec qui ?

Les effets secondaires des antidépresseurs deviennent gênants, à moins que ça vienne de moi :
surexcitation sans composante émotionnelle, sentiment de triomphe irraisonné substitué à l'accablement précédent, envies d'envahir la Pologne... exaltation et jubilation (étymologiquement Joie-sans-cause) sans motif valable, ou devant des choses qui ne le méritent guère donc imputable au produit.
Overdose de sérotonine.
Réouverture des blogs en urgence, pour éviter d'envahir la Pologne de ma femme, qui dort du sommeil du travailleur social.
Je pense que cet état n'est pas stable (ça durera moins longtemps que les impôts), mais pour l'instant c'est très confortable.
En tout cas c'est mieux que la dope...
 (la dope, c'est comme visiter l'Egypte sans descendre du bus)
Avec le Seroplex, je m'aperçois qu'à l'illusion de puissance des paradis artificiels se substitue la Puissance Réelle et Agissante, et en plus remboursée par la sécu, ainsi que les consultations.
Quelle arnaque  !
Je comprends qu'on devienne accro... moi le premier.
Je me demande comment je vais faire quand il va falloir lâcher la béquille.
Je fais marrer mon psychiatre, et ma famille est soulagée de me voir exubérant, parfois trop, basculé dans l'effet inverse... On est peu de choses entre les mains des labos pharmaceutiques !


6 mois plus tard (maintenant, quoi)
Fin février, j'ai opté pour un sevrage radical, en deux semaines j'ai tout arrêté.
J'ai senti que maintenant que j'étais à nouveau en état de me mouvoir, il fallait pousser mon avantage. J'ai mis quelques mois à évacuer le produit, et j'ai récupéré grosso modo mon état d'avant.
La redescente n'a pas été aussi spectaculaire que dans "Des Fleurs pour Algernon".
La société induit des maladies comme celle qui m'a visité, puis invente les produits qui permettent de redevenir efficient. Trop fort.
Dit comme ça, ça fait un peu victimisation, mais s'il ya un moment où il aurait fallu me sentir victime dans ma vie, c'est bien pendant cet affreux novembre. Trop tard.
Temps de mettre un terme - provisoire ? - à ce nouvel accès de cyber-confidences : j'ai beau essayer de définir les contours de ma pensée, je vois que le résultat consiste à accréditer, solidifier et consolider l'idée d'un moi permanent et omnichiant qui se nourrit de sa propre légende auto-colportée (Fallait évidemment pas se prendre comme sujet de blog et en ouvrir un sur les chatons ou les vieux disques, comme tout le monde) et qui pense sans doute qu'en barbouiller les parois de la caverne va le faire aller vers la lumière.
Dans la dépression il n'y avait plus qu'un enfant brisé et apeuré. Dans le traitement de cheval qui a suivi, un vieil ado y retrouvait en enthousiasme à la faveur d'un embrasement chimique "comme dans le temps" (rien ne revient jamais, faudra s'y faire si ce n'est fait)
Match nul.
J'ai eu l'occasion de méditer sur cette appétence du mental à générer de l'auto-fiction, et je n'ai fait que redécouvrir expérimentalement ce que susurrent les seconds couteaux de la mafia de la non-dualité (cf la vidéo plus bas) donc une fois de plus redécouvert le fil à couper le beurre, j'ai plus qu'à reprendre ma quête du beurre... sachant mes idées de "je", de "beurre" et de "quête" sont les obstacles principaux à tout "dénouement heureux" (concept qui surpasse les précédents en termes de catastrophisme éclairé.)




lundi 23 juillet 2012

Ma dépression racontée aux enfants (4)


extrait de mail sous Seroplex®- janvier 2012-

Ah mais dis donc, je t'ai pas raconté ma "dépression" de cet hiver, puisque les spécialistes lui ont donné ce nom, enfin j'ai regardé sur Internet, on peut aussi parler de burn-out.
Mais il y a une collusion évidente entre les psychiatres, les labos pharmaceutiques et les cliniques privées pour trouver des nouveaux noms, de nouveaux concepts et de nouveaux médicaments pour traiter l'effondrement momentané du psychisme humain, innacceptable au plan sociétal et inconfortable au plan individue,, qui au final ne s'explique pas plus qu'une étoile ne sait pourquoi elle s'effondre sous le poids de sa propre gravité, bien qu'il y ait sans doute des règles et des lois qui régissent astres et désastres.
Quand on est pris dans la mousson dépressive, on se fout bien du nom qu'elle porte, parce qu'elle arrache tous les panneaux de signalisation intime, on est dévasté, fukushimé... 
Il est malaisé, voire ridicule de vouloir faire oeuvre de prévention, mais on peut quand même dire "attention aux signes avant-coureurs, si des idées noires commencent à te trainer dans la cafetière, faut pas hésiter à consulter"... même si on n'a pas du tout suivi cette voie.
Le problème étant que on ne fait plus attention aux signes tant on est épuisé, suffoqué, épouvanté, submergé... sinon on ne se serait pas laissé faire.
J'ai rien vu venir, et pourtant ça faisait des années que je trainais des trucs pas joyeux dans ma besace.
Mais je vivais avec.
Les signes, négligés, se sont mués en cauchemars, en montagnes, les angoisses sont devenues phobies, les petites contrariétés sont devenues des naufrages irréparables...et quand la vague passe par-dessus nos défenses, y'a rien d'autre à faire que d'attendre qu'elle se retire, en se bourrant de médicaments et en se confiant aux professionnels de la profession.
Enfin, moi je vois pas comment j'aurais pu le gérer autrement, parce que je ne gérais plus rien du tout.
Voici donc racontée à peu près dans le bon sens Ma Petite Baisse de Régime en fin d'année 2011.
Décompensation du deuil de ma mère un an après sa mort, difficultés professionnelles accumulées... les causes ne manquaient pas, mais ça ca c'est du a postériori... de l'intérieur on constate juste que les effets décrochent complètement de leurs causes, connues de la conscience et tenues à distance par elle, comme des moutons dans un pré qui se muent en dragons carnivores arrachant les clotûres et ravageant la région.
 D'abord, je me disais qu'un truc comme ça, ça n'arrivait qu'aux profs d'anglais de basse-Bretagne, le jour où ils se rendent compte qu'ils sont impuissants à endiguer la dégradation du système éducatif...
Mais que j'avais trouvé un mode de vie à base de compromis entre complaisances et aspirations qui me prémunissait contre ce genre de mildiou psychologique et surtout spirituel.
...et puis justement ce jour là j'étais prof, dans une école de communication, j'animais un stage auprès d'étudiants de 22/23 ans et je venais de finir la partie "production" de la formation (leur faire écrire un reportage, caler un planning de tournage avec des interviewés...) et j'allais attaquer le montage, qui reste mon coeur de métier, quand je me suis rendu compte que les caméras de l'école avaient changé en mon absence, et que j'avais besoin d'une sérieuse remise à niveau technique (nouvelle technologie sans cassettes, on enregistre sur des puces...) sans laquelle j'allais dans le mur : un formateur pas formé, au prix qu'on lui paye sa journée, ça fait désordre. Et j'ai eu l'impression que je ne parviendrais pas à obtenir ces informations à temps. Et l'écriture des sujets, c'était très compliqué. Il fallait avoir des idées, prendre des initiatives, et je m'apercevais que je n'en étais plus capable ( ce vieux déficit d'auto-perception...)
Et puis j'avais toujours mon premier boulot, quasi-à plein temps...dans lequel j'avais l'impression d'être confronté à des difficultés que je ne saurais résoudre voire d'essuyer des revers, ce qui est une façon beaucoup plus pernicieuse de voir les problèmes en les personnalisant.
Je pensais que mes problèmes de victimisation avaient cessé d'exister.
Et à force de trop bosser, d'être flippé, perfectionniste, de me dire que j'étais largué techniquement (mon associé a le tort d'être brillant et plus jeune que moi, et j'ai eu le tort de vouloir rivaliser de compétences avec lui, parce que je voulais lui faire plaisir et me montrer compétent, parce que j'avais l'impression qu'il m'avait recueilli comme un oiseau blessé, bref un festival de jugements de valeurs, de supposés émotionnels et de mélasse cognitive qui n'avaient pas la moindre chance de coller à la réalité) et de m'être pris si souvent dans le passé pour un minable (mon péché pas mignon du tout), la conjonction de difficultés professionnelles, d'un affaiblissement général et du retour des sentiments auto-dépréciatifs m'ont entrainé vers une bonne petite dépression, parce que j'avais pas le temps d'en faire une grosse, qui s'est quand même conclue par une quasi - tentative de suicide, une hospitalisation en psychiatrie, puis anxiolytiques, antidépresseurs et somnifères, comme dans une vieille chanson de Thiéfaine (sans la bière ni le mezcal, mais j'ai trouvé un vieux mexicain aux AA qui jouerait bien mon nouveau père spirituel dans le biopic qui ne manquera pas de m'être consacré un jour où les scénaristes hollywoodiens seront en manque d'inspiration).
C'était il y a un mois et demi.
Après une semaine d'hospitalisation au CHU avec des dépressifs profonds auprès desquels je ne suis qu'un aimable plaisantin bricoleur de l'auto-apitoiement, avec le suivi très distancié qu'offre la psychiatrie publique, dont j'ignorais tout, j'ai passé une très sale semaine à la maison, à regarder les feuilles tomber par la fenêtre alors que tout le monde était parti au travail, même pas en état d'amener les gosses au lycée, complètement ensuqué par le malêtre, espérant un effet des médicaments qui tardait à venir, à passer des heures à pleurer dans mon lit, déchiré par des vagues d'angoisse, de culpabilité, à me dire que je ne pourrais plus jamais retravailler ou fonctionner normalement, à essayer de faire de la respiration apaisante qui n'apaisait rien du tout et surtout pas la douleur de me prendre pour un tas de merde sanguinolente, un de ces matins épouvantablement crépusculaires donc, s'est imposé cette question à mon esprit dans sa désarmante simplicité : 
- Tu es par terre. Est-ce que tu es mieux par terre, ou est-ce que tu as envie de te relever ?
A partir de là, je me suis entendu répondre que j'avais envie de me relever, et j'ai commencé à poser des actes dans ce sens.
Parce qu'il ne faut jamais perdre de vue ses objectifs, même si c'est la première chose qui survient quand ton psychisme s'effondre, il est bon de le rappeler. 
Depuis, j'ai relu quelques notes manuscrites de ces dernières années. 
 Comment ai-je pu oublier cette prière auto-concoctée comme une ordonnance : "mon Dieu, préservez-moi de me prendre pour un minable ?" que j'y ai trouvée à plusieurs reprises ?
Aujourd'hui ça va mieux, et je m'aperçois que je jouis à nouveau du droit finalement imprescriptible d'être petit sans être minable.
Comme j'ai fait ma crise des 50 ans avec un an d'avance, c'est cool je vais pouvoir passer à autre chose.
Une semaine avant mon hospitalisation (ah oui parce que c'est un récit éclaté pour répondre aux canons de la narration en vogue actuellement qui correspondent grosso modo aux impératifs de cerveaux habitués à zapper de page en page sur internet) je m'étais quand même  précipité chez mon généraliste, parce que ça faisait 15 jours que je ne dormais plus du tout, que j'avais perdu 8 kilos et que je regardais la hauteur des immeubles en calculant mes chances de me rater, mais il était déjà bien tard.
Ca s'était manifesté par le corps et dans les rythmes biologiques, et la tête était aux abonnés absents.
Je lui ai décrit mes humeurs et mon parcours avec tant de précision qu'elle m'a immédiatement  prescrit des anxiolytiques et antidepresseurs, mais le dimanche suivant je suis quand même allé au bord de la falaise parce que je ne voyais plus comment m'en sortir (je m'étais mis dans des situations que je pensais indémerdables au boulot, alors que je m'étais clairement fait une montagne à partir de pas grand chose, et ça m'avait décidé à en finir pour ne plus souffrir du ressassement des échecs passés et des désastres futurs... bonjour la lucidité !)
J'étais terrorisé par ma propre peur, et attiré par le vide...et la promesse illusoire d'un repos que je souhaitais éternel.
Résurgence et inondation du mantra "tout est vain", vérité intime auto-révélée sous acide avant Jesus-Christ, enfin j'exagère c'était à Montpellier en 1982. Et l'acide était malheureusement coupé au speed.
Finalement, au bout du compte et au bout du quai je n'ai pas sauté de la falaise, en me disant que j'avais quand même une femme et des gosses épatants et que je serais damné de leur faire un tel chagrin, et le lendemain je suis allé voir le psychiatre qui me suivait pour ou plutôt contre la porno-addiction entre 2002 et 2006, qui voyant mon état a cru bon de me proposer un séjour en hôpital de semaine, du lundi au vendredi, en psychiatrie légère. C'était assez dur, surtout pour mon orgueil, mais ça m'a fait du bien d'être enfermé avec des dépressifs profonds, qui n'avaient même pas de mots pour décrire leur souffrance, dans cet hôpital où l'on voyait un interne en psychiatrie 10 minutes par jour.
Un mois plus tard, je ne prends plus d'anxio, ni de somnifères, les antideps j'en ai pour 6 mois (c'est un traitement de fond) et j'ai un suivi avec un psychiatre plutôt freudien, mais sympa quand même.
Je me demande si j'entreprends quelque chose avec un thérapeute gestalt comme me le suggèrent des amis, et dans cette attente j'ai repris à bosser et j'ai fait de gros progrès dans le lâcher prise de mon autominabilité et de mon autoapitoiement. 
C'est cela qui nous empêche de commettre l'irréparable, ce désir qui est la Vie même en nous, et qui s'insurge contre notre capacité à nous nuire, cette appétence à la liberté qui contrecarre nos plans méthodiques ou désordonnés d'autodestruction, cette aspiration à la fluidité, à la légèreté, même prostré alors qu'on vient de tenter de se trancher les veines psychiques avec un tesson de bouteille d'amertume et de dépit, ou de se chier dans les bottes ou de foutre en l'air 5 mois ou 5 ans d'abstinence de désespoir, pour lequel on se sent des affinités honteuses et programmées à une époque où l'on n'avait pas notre mot à dire.
La petite voix qui te suggère, au fond de ton désespoir le plus organique, que l'univers n'est pas une mauvaise blague, et que tu t'es peut-être gourré quelque part dans l'évaluation des dangers qui te menaçaient.
Grâce à ma béquille chimique, qui m'a remis debout, on vient de passer la semaine à Paris pour apprécier notre bonheur d'être nantais, avec ma femme et ma fille, je me suis attaché à combler leurs désirs les plus secrets, qui consistaient essentiellement à claquer tout notre pognon dans des boutiques de fringues du quartier Montparnasse et à faire la queue devant le centre Beaubourg pour y contempler brièvement des oeuvres d'artistes bourgeois décadents, pour leur faire oublier le mauvais quart d'heure que je leur avais fait passer le mois précédent. Je me suis rendu compte aussi que claquer 153 euros de comics en vo en 10 minutes dans une librairie spécialisée de  Saint Michel avait des effets positifs et durables sur la dépression.
Tout Finit Donc Par Rentrer dans l'Ordre et le Happy End n'Est Pas du Tout Tiré par les Cheveux, la France Respire !
J'ai rajeuni de 20 ans et j'ai retrouvé mon équilibre, il est 5h30 du matin et je monte un gros film institutionnel à la maison pour avant-hier sans faute, bref c'est la patate !
Une bise à ta compagne, que je méconnais, et d'affectueuses pensées après ce grand déballage que tu auras su endurer avec l'élégance et la dignité qui te caractérisent.
N'aie pas peur, cher lecteur, je n'ai pas écrit tout ça pour tes beaux yeux, c'est ma lettre type de voeux de début d'année, parce que pour faire pire que l'an dernier faudra se lever tôt ;-))))
Et puis, un bonheur n'arrivant jamais seul, j'ai été opéré mardi dernier sous anesthésie générale, me voilà débarrassé de 3 dents et d'un kyste dans l'os de la mâchoire pour alléger ma traversée de 2012, l'année de la Tarlouze. Quand le chirurgien m'a annoncé qu'il voulait m'opérer, en novembre, j'ai pris ça très mal et j'ai failli m'évanouir dans son bureau. C'était encore une injustice cosmique qui m'était faite. Dans les faits, c'est juste d'être exposé aux lointaines conséquences d'un accident de voiture en 1983, dont tous mes fans se souviennent avec émotion.
Our sins cast long shadows, disent les Anglais.
Our karma got big bollocks, ajoutent les tibétains.
Je n'étais même pas sinner à l'époque, sinon par inadvertance, poil à la repentance.
Tous les détails en pages intérieures.
... ah non, ça suffit pour aujourd'hui ! Gardes-en pour demain ! Yo !
Je n'ai pas besoin d'ajouter (mais je le fais quand même) qu'évidemment, si j'étais un anorexique social, le témoignage que je viens de faire aurait quelque chose d'inquiétant.
Mais j'ai la chance d'être entouré de gens positifs, qui me serinent qu'il n'y a pas de dépressifs en temps de guerre, et que comme disait Coluche, Si un jour tu te sens inutile et déprimé, souviens-toi : un jour tu étais le spermatozoïde le plus rapide de tous.
C'est reparti comme en 14 (d'ailleurs, plus que 2 ans !)
Un vieux copain à qui j'ai envoyé ce récit circonstancié et apocalyptique de "MA" dépression me répond simplement :
Et sinon, à part ça, ça va?
c'est bon d'avoir des amis.
Il a raison, évidemment.
L'essentiel est ailleurs.
Ou alors je lui réponds un truc du genre :
Non.
Bien sûr que non, ça ne va pas.
Et là je me recentre et me renferme dans mon petit mythe mytho de la frustration et de la souffrance auto-infligée, à l'âge où l'on commence à décompter toutes les choses qu'on n'a pas faites, et qu'on ne fera probablement jamais :
- coucher avec une noire (je crois toujours quelque part que ça serait une rencontre avec le divin, ne riez pas... et bonjour l'objectif de vie) en tout cas je suis en train d'en faire mon deuil, si, si, malgré toutes les jeunettes croisées rue Rambuteau entre Noël et le jour de l'an. J'en fais mon deuil essentiellement parce que je vois bien dans leur regard que elles, elles ont fait leur deuil de moi. Etre invisible aux yeux des jolies femmes dans le bus, c'est mon nouveau super-pouvoir qui s'amplifie avec l'âge et à force de lire des comics.
- (progresser dans l'intention de) pratiquer le bouddhisme
- être chef de rayon végétal au Gamm Vert de Pornic
- demander avec bienveillance dess nouvelles de l'Autre, quel qu'il soit, plutôt que l'abasourdir avec les miennes, dont on se demande toujours si c'est de l'art ou du cochon...
-jouer de la guitare correctement
- renoncer à la jeunesse...
Henri Michaux disait que l'enfance, c'est le temps des premières fois : plus ça va, moins on fait de choses pour la première fois. Ce n'est qu'à moitié vrai (bien que j'aime beaucoup ce qu'il écrit par ailleurs)
Car je peux tout aussi bien commencer à compter les choses que j'ai faites très récemment pour la première fois :
-m'épiler les sourcils pour enlever ceux qui blanchissent
-nourrir les poules au toutaliment (elles n'aiment que le maïs et laissent les granulés de côté, mais quand j'oublie de les nourrir pendant 2 jours du fait de mes allées et venues tardives, elles n'en laissent pas un atome… à méditer)
-faire 1000 km en conduite accompagnée avec Hugo
-Lire un livre sans lunettes (quand il y a assez de soleil)
-Avoir des rapports sexuels satisfaisants pour chacune des parties en présence
-Lire une bande dessinée de Super-Héros dans la langue de Shakespeare et la trouver chouette
-Réussir des galettes au sarrasin
-Aller passer 8 jours à Paris et trouver ça agréable de faire la queue à Beaubourg pour voir une expo moche sur Munch
-Entamer 8 fois d'affilée un bouquin de SF et n'y rien comprendre, et me dire "c'est pas grave"
-M'amuser deux heures sur un logiciel de création musicale et être content du résultat
-M'asseoir 10 minutes dans le jardin et ne penser à rien
...
Toi aussi, tu peux créer ta propre liste !
D'ailleurs, je l'attends avec impatience.
Putain, la tartine que je t'ai chiée !
Faut dire que je suis dans la jubilation (non-exaltée) de la retrouvaille avec mes facultés intellectuelles dont j'essaye de ne pas attribuer entièrement les mérites aux vertus résilientogènes du Seroplex® 10 mg, ce héros des temps modernes.

Lectures d'été : Enfers et paradis fiscaux

Ah là là, mes pauvres enfants...
Pourquoi ceux qui savent ne sont-ils pas ceux qui font ?
Et pourquoi une telle lecture laisse-t'elle un goût de cendre, de rage et de dégoût ?
Faudrait-il plutôt se réjouir de l'intelligence déployée par les apprentis artificiers de la Finance, bien qu'ils jouent avec des allumettes dans la soute à explosifs et qu'ils aient déjà fait sauter la moitié de la boutique en 2008 ?
Il ne s'agit pas ici d'intelligence, ce n'est que de la ruse, au service d’intérêts particuliers de gars qui n'ont point encore compris qu'ils jouent contre leur camp, parce qu'ils ne veulent pas voir à quel point appétits personnels et intérêt collectif s'opposent.

jeudi 12 juillet 2012

Climatique

J'ai des amis qui viennent faire un peu de musique à la maison à la fin du mois, je voulais leur faire faire un peu de tourisme, mais vu la météo, je vais plutôt leur montrer la vidéo de ce qui se passe sur l'estuaire en ce moment.

Estuaire. Dialogue fertile avec la Loire par paysdelaloire

mardi 10 juillet 2012

La Pure Expression du Spleen

The Bug - Catch A Fire (Official Video) from Ninja Tune on Vimeo.


Kids killing children outside my door step
Gun shot, gun’s hot, knife rules, knifes cruel
Blue lights are haunting me everyday and every night
Police shoot, police loot, police lies, police spy
Catch a fire, catch a fire
Start a fire, start a fire
Light a fire, light a fire
Burn a fire, burn a fire
White collar vampires sucking blood from London streets
Black money, stealing honey, blood money, not funny
Let’s clean this city with burning flames of fire
Crack heads, piss heads, hood rats, undead
Catch a fire, catch a fire
Start a fire, start a fire
Light a fire, light a fire
Burn a fire, burn a fire
Everybody knows that violence grows
This city drives me crazy and skitzoid
Let’s clean this city with burning flames of fire
Crack heads, piss heads, hood rats, undead.

Je l'ai réécouté ce soir en faisant mon repassage, c'est vraiment l'expression musicale la plus pure du spleen contemporain. En Angleterre, il fait un temps à poser des bombes, mais comme ils ont vus leurs ainés trébucher sur l'écueil de la violence, les jeunes préfèrent se languir et se ruiner la santé sur des musiques tristounettes.
Comme ça le gouvernement a les mains libres pour sabrer les programmes sociaux.
Cool !

samedi 7 juillet 2012

Se réconcilier avec la Science, mais avec la Fiction aussi

 Après Prométhéus, où Ridley Scott fait subir les outrages du soudard de passage ce soir dans votre ville à la Vieille Dame qu'est devenue la Science-Fiction, je reprends un livre de SF que j'ai déjà essayé de lire 3 ou 4 fois cette année, sans jamais dépasser la page 200.
Trop difficile, trop confus.
Même pour un Dickien dans mon genre, moi qui fus geek 30 ans avant les ordinateurs individuels, du temps où il n'y avait que les livres de Jules Verne pour se défoncer. A un âge où la seule survie véritable passe par les livres, parce qu'ils sont les preuves vivantes qu'il existe une multitude d'autres places dans le monde que celle qui nous a été assignée et qui nous fait souffrir, pour reprendre Nelly Kaprièlian.
Il faut dire que le narrateur a été amputé d'une moitié de cerveau, suite à une épilepsie handicapante.
Ca n'aide pas à écrire des histoires sur l'incommunicabilité, quand on est un autiste hyper-spécialisé enfermé dans un vaisseau spatial commandé par un Vampire parti à la rencontre d'Etrangers qui se révèlent avoir fait l'économie de la Conscience de soi au cours de leur évolution, et qui sont donc beaucoup plus adaptés à la survie, et qui sortent gagnants haut la main de la confrontation.
Et que je te ponde des pages indigestes mais vivaces de méditations philosophiques :
"Nous explorons des domaines au-delà de la simple compréhension humaine. Parfois ses contours sont tout simplement trop complexes pour nos cerveaux, à d'autres moments ses axes même s'étendent dans des dimensions que sont incapables de concevoir des esprits construits pour baiser et se battre sur des prairies préhistoriques. Tant de choses nous contraignent, dans tant de directions. Les philosophies les plus altruistes et les plus viables échouent face à l'intérêt personnel, cet impératif brutal du tronc cérébral."
C'est pas avec ça qu'on va en vendre des caisses.
L'heure est grave : d'un côté, la littérature d'anticipation est agonisante, au profit de l'héroic fantasy qui l'a détronée sur les stands des libraires (ceux qui ont survécu à la Grande Peste Amazon, qui a suivi la Pandémie Fnac)(1)
Les écrivains ne sont plus traduits, les éditeurs périclitent.
Le lectorat vieillit.
De l'autre, le cinéma de SF ne décolle pas, du fait de cette invasion de superhéros en slips.
La prospective, on la trouve maintenant dans les revues de décroissance.
Qu'est-il arrivé aux idées SF ?
Quand le genre triomphe, dans les années 60/70, c'est un formidable outil de futurologie et d'anticipation.
Peu d'utopies, beaucoup d'enfers.
Certains sont advenus, d'autres attendent dans les limbes.
On n'est pas pressés.
Après j'ai un peu décroché, avec l'irruption des romans hard science, cyberpunk, j'ai lu quelques auteurs mais j'avais cessé d'en tirer ma substance vitale.
Peter Watts tire un feu d'artifice de théories empruntées aux dernières trouvailles de la neurologie, des sciences cognitives, empruntant à la physique, aux idées trainant ici et là sur l'évolution de la Vie sur Terre et Ailleurs, et sa postface bourrée de références est plus instructive que le roman lui-même, qui ne sert que de plateforme de tir à ses petits jeux de l'esprit sur la nature de la conscience.
Au service d'une humeur asses sombre : comme l'auteur le rappelle dans la postface, "la sélection naturelle prend du temps, et le hasard y joue un rôle. Si nous sommes à ce point inaptes, pourquoi n'avons-nous pas disparu ? Pourquoi ? Parce que la partie n'est pas terminée. La partie n'est jamais terminée, aussi ne peut-il y avoir de gagnants. Il n'y a que ceux qui n'ont pas encore perdu."
Aah, au moins là on est en terrain connu.
Ouf.
Et il y a quand même de quoi faire pleurer une armée de scénaristes et de producteurs de blockbusters aromatisés SF.

(1) Après avoir survécu à la saison 2 du Trône de Fer sans bailler, moi je dis que l'héroic fantasy c'est jamais que la énième resucée des Rois Maudits, luttes de pouvoir, guerres fratricides, incestes royaux et alliances contre nature, félonies et corruption du clergé, avec un zeste de concubines, un brin de gore et éventuellement un saupoudrage de magie noire.
D'ailleurs Georges R.R. Martin écrivait de la SF quand j'étais petit, d'ailleurs assez bonne, et comme Brussolo en France il a dû trouver que ça ne mettait pas assez de beurre dans les épinards s'il voulait vivre de sa plume.

samedi 30 juin 2012

Inconditionnel


Hier après midi, il faisait chaud, j'ai ouvert la fenêtre du bureau, qui donne sur la cour intérieure d'un vieil immeuble, qui n'a pas été ravalée depuis que Dickens a écrit Oliver Twist.
Vers 18 h 30, quelle ne fut pas ma surprise d'entendre monter d'un appartement voisin des halètements équivoques, j'ai d'abord cru que quelqu'un matait une cassette, bientôt suivis de "Oui, oui, oui !"  propres à dissiper toute équivoque précédente, acoustiquement poussés par une gorge féminine.
On imagine aisément le monsieur, si c'en était un, partagé entre la gêne à l'idée de mettre de l'animation dans l'immeuble avec une compagne de jeux si volubile, et le plaisir de participer à un tremblement de terre sexuel de magnitude 6.
Ca a duré ce que ça a duré, puis d'un autre étage sont parvenus les cris d'une africaine sur ses gosses qui n'avaient pas fait leurs devoirs. Après l'extase, la lessive, la vie continue.
Vu de ma fenêtre, il semble y avoir un différentiel organique de jouissance homme/femme, qui n'est que partiellement compensé par notre miséricordieuse faculté à nous trouver gratifiés par le plaisir de l'Autre.
Quand j'étais un bon coup, j'avais remarqué cette propension à l'embrasement chez ma partenaire, et même si je restais à terre, j'étais content de lui offrir ce voyage dans les hautes sphères.
Pas d'échappatoire : ce "Oui ! " d'union totale avec la vie et d'acceptation inconditionnelle de la situation présente, à faire pâlir Eckardt Tolle, chaque mâle de notre espèce ressent une légitime fierté à le voir éclore, bien qu'il n'y participe que comme cause contributive, j'allais dire comme second couteau.
C'est légèrement addictif, ce truc : comme ce "Oui" ne s'exprime que dans des circonstances d'intimité particulière et laisse aux messieurs un goût de Revenez-y, c'est la porte ouverte à toutes les errances.
Comme je vois que je commence à généraliser, et que je ne vais pas tarder à jalouser ce "Oui" que j'aimerais bien dire à la Vie même au prix du dérèglement des sens, mais je pense que ça ne marche pas comme ça chez les mecs, je m'arrête là.


mardi 26 juin 2012

Et j'ai crié, crié-é, "Alien !", pour qu'il revienne...

La blogosphère vibre encore d'immenses clameurs de dépit à la vision de Prometheus, le film de Ridley Scott qui est censé être le "début" d'Alien.
Ce que tous ces Tintins sans Milou, reporters-pamphlétaires de leur propre indignation, semblent reprocher au film, c'est d'avoir laissé en chemin l'enthousiasme de leur jeunesse, comme dans ce célèbre dessin de Xavier Gorce, dans lequel on peut remplacer le mot "Ecole" par quasiment n'importe quoi.
En l'occurence "Alien", ça marche.


J'ai voulu constater les dégâts par moi-même, au péril de ma soirée du Samedi, habituellement consacrée à somnoler en famille devant des blockbusters tout public soigneusement chapardés sur des trackers privés.
Pas très loin de chez moi, il y avait une séance en 3D à 22 heures, dans une de ces zônes suburbaines douloureusement désertées de toute humanité architecturale et environnementale, faites d'un empilement  anarchique d'enseignes de la grande distribution, de faux restaurants ethniques et de commerces entièrement dédiés à l'équipement de jardin ou aux loisirs sportifs, qui n'est pas sans rappeler l'exubérance de Durbar Square, cette foire-expo de la religion constituée d'une stratification étalée sur 4000 ans  de temples bouddhistes, jaïns, shintoïstes et d'autres religions niaquouées improbables qu'on trouve dans la banlieue de Katmandou si on n'est pas feignant et qu'on visionne d'un index las au début de Baraka si on a peur d'attraper des maladies.
Mais retournons au cinéma.
L'avant-programme était entièrement constitué de courts métrages publicitaires consacrés aux smartphones, qui m'ont rempli d'une épouvante philosophique supérieure en qualité et en intensité à celle que j'ai pu ressentir pendant le film proprement dit. 
Glorification du Vide, palimpsestes de désirs d'ubiquité omnipotente.
Second moment de terreur pure : pendant le générique de début de Prometheus, je comprends rapidement que mes lunettes 3D présentent un dysfonctionnement important, puisque j'y vois tout gogol et que ça clignote à mort. alors que mes voisins de rangée arborent des visages impassibles, ce qui prouve que leurs lunettes marchent, à ces bâtards.
Je dois m'arracher à mon fauteuil et courir à la caisse, où l'on m'explique que c'est normal, les lunettes marchent avec des piles et elles doivent être déchargées, tenez en voici une autre paire, et je regagne mon siège à petites foulées, maudissant cette technologie qui a pourtant suscité mon déplacement rarissime dans une salle obscure.
Quand même, ils pourraient mettre un panneau d'information décrivant les symptômes et le remède, au lieu de nous faire sombrer dans la paranoïa sur la déficience de notre vision.
Réflexe de client, pour lequel je me maudis derechef.
Du coup, j'ai raté le générique, qui explique tout et qui n'explique rien, mais heureusement, j'en ai trouvé une version exotérique sur ce blog.
Sinon, le relief au cinéma c'est rigolo, mais déréalisant : j'ai l'impression de regarder un film sous l'eau à travers un masque de plongée, qui truanderait les perspectives. 
Pour peu qu'il y ait une bonne histoire et des acteurs convaincants, on râlerait d'être ainsi tenu à distance, par rapport à un film normal où l'on s'absorbe dans l'écran.
C'est heureusement rarement le cas.
La technologie tue dans l'oeuf le surcroit de réalisme qu'elle est censée procurer.
Fouchtra la cagasse !
Est-ce pour cela que Ridley Scott assassine son film, qui n'est jamais aussi malade qu'on rêverait de le voir, et surtout de le croire ?
Personnages réduits à l'état d'ersatz d'épures, métaphysique infantile et grotesque, pyrotechnie pompière.
Fallait peut-être confier le bébé à Cronenberg.
J'ai pas spoilé, et y'a pas de quoi être fier.

jeudi 21 juin 2012

Ma dépression racontée aux enfants (3)


A l'hopital des fous, rayon dépressifs, c'était pas très gai.
La plupart de mes voisins de galère étaient murés dans le silence et le mal-être, et je n'étais pas particulièrement ravi de me retrouver en psychiatrie légère, au pavillon des burn-out, avec un suivi quasiment inexistant : on voyait un interne en psychiatrie 10 minutes par jour, en entretien individuel, il nous racontait essentiellement des âneries peu revigorantes, et les journées passaient péniblement à traîner dans les couloirs de l'hosto, en fumant cigarette sur cigarette.
La journée d'hospitalisation est refacturée 700 € à la Sécu, j'ai trouvé ça un peu cher par rapport au service rendu.
Je me souviens avoir essayé de lire, d'écrire... rien, impossible de faire autre chose que souffrir et attendre que ça passe, en me demandant ce qui avait craqué.
Au bout d'une semaine, j'ai demandé à rentrer chez moi.
Ils sont malins, ils m'ont contraint de trouver un psychiatre pour un suivi hors les murs; dans les contacts qu'ils m'ont donné y'avait des hypnothérapeutes, des comportementalistes, mais aucun de ceux que j'ai contactés n'avait de place avant 3 mois.
Alors je me suis rabattu sur un mec qui annonçait "psychanalyse et médicaments", à qui j'avais presque raccroché au nez à l'énoncé de ce programme, et puis finalement on s'est bien entendus.
Surtout que le Seroplex® m'a aidé à me remettre debout quand j'étais par terre, vu que c'est de la sérotonine pure, mais que après, c'était difficile de rester calme, vu que la béquille se transforme assez vite en fusée dans le derrière.
Je me suis mis a faire "ach !" à tout bout de champ, à devenir hyper-speed...
Ca devrait s'appeler le Egoplex, ce truc-là, ça booste l'ego sans rime ni raison.
Au bout de 3 mois, j'ai obtenu d'arrêter le traitement.
Des fois, j'en reprendrais bien un petit, mais sachant qu'il m'en faudrait une caisse pour être reboosté, je me retiens.
Et comme ça fait trois mois que j'ai arrêté, et que ce soir c'est la fête de la musique, je me suis fendu d'une petite reprise d'un morceau de Jean Marron "Je Me Sens Bien" sur lequel j'ai répandu une fine couche de ces autoportraits vides de sens que j'ai shootés à l'époque avec mon téléphone portable.
Comme si je voulais me prouver que j'avais survécu.
Parce que mettre le mp3 en ligne, c'était plus compliqué qu'encoder une vidéo sur Vimeo.



ich fühl mich gut from john warsen on Vimeo.

mercredi 20 juin 2012

Voutch, encore.

J'ai encore scanné un des livres de Voutch que j'ai achetés, je sais, je ne suis qu'un con...




mardi 19 juin 2012

Ma dépression racontée aux enfants (2)

Cette nuit, j'ai rêvé d'un morceau de musique imaginaire de Frank Zappa, je veux dire un morceau qui n'existait que dans mon imagination, qui le construisait au fur et à mesure, mais qui sonnait vraiment comme ceux que Frank a joués dans la salle de concert de mon esprit pendant de nombreuses années.
D'ailleurs, lui-même se lance dans la métaphysique musicale dans l'intro du morceau "Watermelon in Easter Hay" (album Joe's Garage ) à propos de la prise de conscience tardive de son malheureux héros :
"Joe has just worked himself into an imaginary frenzy during the fade-out of his imaginary song . . . He begins to feel depressed now. He knows the end is near. He has realized at last that imaginary guitar notes and imaginary vocals exist only in the imagination of The Imaginer . . . and . . . ultimately, who gives a fuck anyway? . . . "

Dans mon rêve, Frank jouait sur une gamme vraiment marrante : la plupart des notes étaient correctes, mais de temps en temps il en balançait une inattendue, profondément ironique.

Je suppose que c'est une invitation de ma Puissance Supérieure à reprendre ma guitare là où je la laisse (au garage, avec le super-ampli racheté à un vieux pote l'été dernier) à chaque fois que je dis que je vais m'y remettre, au même titre que le décès du père de xxx d'un cancer du poumon est une invitation à poser ma clope là où je l'ai reprise il y a 18 mois.

Je trouvais qu'après la mort de ma mère, c'était pas une mauvaise idée de reprendre la clope plutôt qu'autre chose (logique de toxicomane, cherchant désespérément à remplir le Vide, qui ne Peut Ontologiquement l'Etre, le Néant)

Quand l'anniversaire de la mort de maman s'est rapproché, début novembre dernier, mon frère nous a mis en garde, disant que papa était fragile, qu'il fallait faire attention à lui dans cette période.
Mais pour lui, ça s'est bien passé, il avait fait son deuil.

Moi, apparemment, non, j'ai commencé à être très las, à m'auto-inférioriser au travail, tendance qui était restée latente depuis quelques temps, pensant à tort que je tendais vers mon taux maximum d'incompétence, de moins en moins capable d'initiatives, et puis ça s'est cristallisé autour d'un problème particulier, je ne voyais vraiment pas comment j'allais pouvoir le résoudre ou simplement y faire face, et progressivement  ça s'est encore dégradé, je me suis mis s'en m'en rendre compte à regarder les immeubles de travers pour voir duquel j'allais tenter ma chance pour ne pas me rater.

Quand je me suis trainé chez mon généraliste, il était déjà bien tard.

Je lui ai demandé quelque chose pour tenir le coup, j'ai eu droit à des anxios, des somniféres et des antideps, le coquetèle des ouineurs, parce que je ne dormais plus du tout depuis 2 semaines, et que j'avais perdu 8 kilogs, et les antideps ça a beau être de la super-came, je vous ferai un topo plus tard, ça met 3 semaines à regarnir le cerveau en sérotonine, donc sur le moment ça m'a pas empêché d'aller me jeter du bord de la falaise par un dimanche après-midi couvert et morne, parce que je ne voyais pas d'autre sortie de crise, le champ de ma conscience s'était rétréci aux dimensions de mon incapacité de continuer à vivre.

Heureusement qu'au bord de la falaise, je me suis dit que si je faisais ça, d'abord je serais damné, ce qui n'est pas très bon pour la santé post-mortem (on ne sait jamais, sauf les tibétains qui sont persuadés qu'ils savent très bien que ce qui nous attend après c'est en gros de remettre ça jusqu'à ce qu'on en ait marre et qu'on passe à la vitesse supérieure) et puis surtout j'allais faire souffrir tous les miens, qui me sont chers.

Je suis remonté dans ma voiture assez dépité d'avoir raté mon suicide, je suis rentré, je me suis dénoncé, et le lendemain je suis allé voir un psychiatre assidûment fréquenté dans les années 2000, qui m'a proposé un séjour en psychiatrie, deux semaines au frais.
Pour ne pas me mettre en danger.
J'ai accepté, parce que je rampais, comme un jouet cassé.