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dimanche 27 août 2023

Non explosés

Cet été, mon passeport était périmé, et les délais pour le renouveler sont devenus surréalistes depuis le Covid, alors j'ai dit à ma femme qu'il était grand temps qu'elle s'affranchisse du patriarcat toxique, et que si elle voulait vraiment aller en Corée avec notre fille, elle n'avait qu'à y aller sans moi, et j'ai fait la tournée des vieux potes âgés en solo.
C'est si bon d'être célibataire, quand ça ne s'éternise pas, bien sûr. Et quand c'est un célibat choisi, plutôt que subi. J'ai passé quelques jours comme majordome chez un auteur de BD que je n'avais pas revu depuis des lustres, puis serveur/plongeur dans le bar d'un ami glacier en Provence, car participer à son activité professionnelle était le seul moyen de le fréquenter en juillet, et début aout, je me suis retrouvé à squatter quelques jours la location de vacances de ma sœur, au-dessus de la plage de Trestraou, sur la commune de Perros-Guirec, où je vécus enfant, on s'en fout grave, mais pour moi ça compte. 

Entre Perros et Ploumanach, même quand il fait moche, c'est beau.
Et si je n'avais pas été du coin, j'aurais trouvé la semaine plutôt déprimante : il a fait gris, il y a eu du vent, et des grosses vagues se sont formées, un temps à ne pas mettre un abbé Cottard dehors, mais rien d'aussi dangereux que les rouleaux dits "de bord" qu'on trouve dans les Landes, et qui sont fourbes et piégeux(nommés ainsi sans doute en hommage à Guy Debord, parce qu'ils participent eux aussi de la société du spectacle, à la fin duquel il ne restera qu'eux). A Perros-Guirec, aux grandes marées, par temps médiocre, on n'est pas irrémédiablement aspiré vers la pleine mer par le ressac, entre deux armoires normandes liquides qui vous tombent sur la margoulette et vous mettent cul par dessus tête. Pas de baïne indifférente à votre présomption de bien connaitre l'océan, générant un fort courant vous entrainant au large malgré de vigoureux mouvements des membres supérieurs et inférieurs jusqu'à épuisement des forces déclinantes. C'est franc, c'est sain. Toute tentative de noyade par imprudence est déçue. En plus, aucune difficulté pour y rentrer : l'eau et l'air étaient à la même température de 17°. Pour moi qui suis quasiment né là, et qui y ai connu une adolescence de geek bercée par le bruit des vagues de livres qui s'échouaient sur le rivage de mon cerveau (les livres, c'est tout ce qu'il y avait pour geeker, à Perros-Geekrec, à part deux chaines de télé en noir et blanc), j'y ai nagé en toute confiance, et avec plaisir. 
Je m'y sens étrangement chez moi, bien que j'en sois parti en 1979. Comme les imbéciles heureux qui sont nés quelque part de la chanson de Brassens.

Les natifs du coin n'ont pas de souci pour se baigner là.
Il suffit d'aller nager derrière les vagues.

Quelques jours plus tard, ma sœur m'envoie un article de Ouest France.

"Un promeneur a découvert, en début d’après-midi, vendredi 11 août 2023, un obus enfoui dans le sable de la plage de Perros-Guirec (..) Une équipe de déminage a enfoui l’obus antiaérien (engin explosif couramment retrouvé sur les plages) dans le sable avant de le faire exploser."

Ca fait donc près de 80 ans que cet obus dormait sous le sable. Des générations d'enfants (et de parents) sont nés, ont grandi et sont morts après avoir trottiné sur le rivage, juste au-dessus de lui, et ont clapoté sans claboter dans les vagues de Trestraou, sans troubler son sommeil de mort ni se faire sauter avec. Rien d'exceptionnel, des obus non explosés, on en retrouve aussi fréquemment vers chez moi, plus bas sur la façade atlantique; faut croire que les détonateurs s'altèrent dans le temps, alors que la charge explosive reste intacte.
Si Dieu existait, est-ce qu'il les ferait péter au passage des touristes allemands, est-ce qu'il me foudroierait si j'écris de telles âneries revanchardes ? La haine du Boche ayant fini par s'éteindre dans les campagnes bretonnes, dont les sillons sont désormais abreuvés de marées noires et d'algues vertes plutôt que de sang impur, on est même carrément devenus potes avec les Chleuhs pour envoyer des missiles en Ukraine, j'ai moi-même de bons amis Chleuhs, c'est dire à quel point je ne suis pas rancunier question munitions non explosées, et les bords de la Mer Noire seront bientôt plus dangereux que la plage de Trestraou.
Comme j'ai repris le microdosage de psychédéliques, ça me rend un peu allégorique, et je me mets à rêvasser sur ces trajets que nous parcourons tous les jours, dans nos têtes, marchant sans le savoir au dessus d'obus non explosés, qui sont là depuis des lustres, jusqu'au jour où boum. Ou pas.
Des obus non explosés dans ma tête, je crois qu'il m'en reste assez peu en stock, depuis le printemps dernier, et je m'en réjouis. J'ai le sentiment d'avoir fait un peu le tour, et pas mal déminé, avec l'aide du psychiatre qui me suit depuis 2011, et qui envisage de mettre fin à nos séances, depuis que j'ai interrompu mon traitement au lithium l'an dernier et que je manifeste des signes inquiétants de santé mentale persistante. Pourvu que ça dure.

Le jour où je suis parti, le beau temps est revenu sur Trestraou.
Perros-Guirec n'était pas assez grand pour nous deux.


vendredi 7 juillet 2023

Vidéodrome contre Videodrame_s (2)

Je trouve ça sympa qu'une vieille amie de mon âge pense encore à moi et me fasse passer des vidéos de jeunes en colère, car je ne vois plus beaucoup de jeunes dans le tiéquar (je suis obligé de brûler mes poubelles et mes voitures moi-même), et avec toute la méditation que je fais, j'ai de plus en plus de mal à me mettre en colère, faut dire que quand on a acheté dans le lotissement c'était nous les plus jeunes, on était des primo-accédants et on avait encore un peu de pouvoir d'achat, avec tout l'argent que j'avais gagné en travaillant au Club Dorothée, alors que maintenant c'est presque nous les plus vieux, et on est un peu gênés aux entournures, mais nos enfants auraient du mal à nous racheter la maison s'il nous prenait la fantaisie de la leur vendre sur notre lit de mort, je sens bien qu'on est en train de perdre le contact avec les nouvelles générations, alors ses vidéos insurrectionnelles je me sens obligé de les regarder jusqu'au bout puis d'y réagir, ça me fait un peu de sport cérébral moins routinier que les sudokus, d'anciennes légendes racontent que je fus moi-même jeune jadis, à une époque où les jeunes ne passaient pas leur life à se monter le bourrichon par des mises en scène d'eux-mêmes braquant de pleines transpalettes de PQ au Lidl incendié du coin, se répandant en imprécations et anathèmes sur les réseaux informatiques internet youtube facebook snapshat TikTok, qui n'était pas encore une lueur dans le reflet de l'écran dans l'oeil de Xi Jinping, les démons du blog n'existaient pas non plus et ne s'invitaient pas dans mon esprit pour me piquer les fesses et me coller devant l'ordi, alors que maintenant dès que je les invoque en commençant à taper comme un sourd qui ne veut plus t'entendre sur mon clavier bloutouffe, ils me tendent à travers la vitre leurs envoûtantes perches à selfies pour que j'aille m'empaler dessus, comme si on était encore dans le Vidéodrome de Cronenberg, qui date pourtant de 1983, quand le torse de James Wood s'ouvre pour avaler une cassette VHS qui le reprogramme après qu'il ait regardé un snuff movie de trop...

Vidéodrome : Cronenberg était un vrai prophète, lui.

...parce que les blogs c'est vrai c'est un truc de vieux, on a les démons de son âge, c'est vrai qu'avant internet on gagnait un temps de ouf sans être submergé par la profusion de canaux d'information et de divertissement dont les robinets restent ouverts en permanence, dans mon enfance il n'y avait qu'une chaine de télé en noir et blanc sans publicité dont les programmes commençaient vers 19 heures, pour geeker il n'y avait que des livres, et nous en étions réduits à coucher nos états d'âme sur le papier, qui ne permet pas les ambigüités et la polysémie qu'autorise l'image, qui n'est jamais univoque, cf la vidéo de la mort de Nahel telle qu'elle a mis le feu aux poutres à travers les réseaux sociaux, et surtout telle qu'elle est analysée par Olivier Ertzscheid, le maitre de conférences cité dans le post précédent, comme ne disent pas les youtubeurs, eux qui parlent de la vidéo d'hier
Parce que les youtubeurs, c'est comme les musiciens de jazz, ils sont tout le temps en train de faire des jam-sessions avec la bouche et face caméra, hardi petit, en espérant créer le buzz et faire tomber les soussous, c'est donc normal de trouver des centaines de vidéos de chacun d'entre eux, ils ne font que ça toute la journée. 
Plutôt que de toutes les regarder, ce qui m'aurait pris plusieurs années, je me suis fié aux notes prises pendant que j'en regardais une - mon grand père me disait d'un air entendu que les paires de fesses, une fois que t'en avais vu une, elles étaient toutes semblables, je crois que c'était en constatant l'explosion de l'offre des cinémas porno dans le Pariscope des années 70, mais je me demande toujours ce que LUI voulait dire par là, et combien il en avait vues pour prendre cet air entendu qui était comme un logo facial dans la famille. 
Bref. Je me suis donc laissé glisser dans cette vidéo du canard réfractaire, avec son délicieux parfum d'interdit (facebook, il ne passera pas par moi, uh uh... non mais là, c'est pour vous faire montrer)
et j'ai appris regardé des "choses" (je ne puis parler ni de "faits" ni "d'opinions" puisque dans ces vidéos tout est indiscrutablement englué dans un discours réifiant et vertigineux, discuté et rediscutable jusqu'à l'infini et au-delà) en prenant des notes et en m'infligeant les 30 minutes règlementaires, pour une vidéo contestataire, c'est le minimum syndical en termes de durée, mais j'en tremblais comme un puceau qui s'adresse pour la première fois à une professionnelle.

le plus sympa dans ses vidéos c'est le côté " Snapshat pour les Nuls "
où il explique aux vieux les vidéos réalisées par les jeunes émeutiers.
Malheureusement, je ne suis pas le perdreau de l'année tombé de la dernière pluie, et mon expérience du canard réfractaire a vite rejoint ma précédente incursion dans le milieu interlope des vidéos Youtube transmises par des vieilles copines, qui m'avait conduit à pousser moi aussi un cri d'alarme sur mon blog de vioque (3 visiteurs par mois selon Google, 250 000 selon les organisateurs)
expérience de journalisme de l'extrême d'où j'étais sorti fâché, honteux et confus, jurant mais un peu tard qu'on ne m'y prendrait plus. J'ignore si les filles sont plus promptes à se laisser berner par des gars qui ont le verbe leste et qui les enfument avec le langage du coeur, mais l’énervé de Guingamp semble bien engrainé (Argot : Arriver ; entraîner ; envenimer. exemple : j'ai réussi à engrainer deux filles, Clarisse et Salima, pour aller voler à ma place ce dont j'ai besoin.dans la mouvance « mélenchoniste pro-russe antivax gilet jaune »je m’excuse au passage si je stigmatise ceux d’entre vous qui pourraient afficher des sympathies avec l’une ou l’autre de ces fraternités, où l’on retrouve Etienne Chouard, Alain Soral, Népomucène Lemercier, Simon Cussonet, etc… c’est quand même un gros morceau pour moi, c’est pas ma culture, je n'ai jamais eu vraiment faim, je n'ai jamais été contraint de brûler des palettes pour me chauffer et exprimer ma colère de pauvre à qui l'on tue le pouvoir d'achat en prétendant que non, pas du tout, même pas vrai, et puis le gouvernement travaille, dispersez-vous.

Le canard réfractaire est à Guingamp, qui n'est qu'à 45 minutes de Lamballe,
mais j’ai bien fait de ne pas m’emballer.

Pourtant, le début de sa vidéo est plutôt sympa, il explique la mécanique des reposts successifs des vidéos Snapshats par les émeutiers, avec des exemples audio-visuels très pédagogiques, on a droit à des interviews d'insurgés qu'on aurait été bien en peine de dénicher autrement, mais devant celle d'un mec qui dit "on a cramé la médiathèque en 2005, ben on n'a pas eu de médiathèque pendant 2 ans, et là on est en train de faire pire..."  le commentateur glapit alors, en commençant à s'échauffer : "vous voyez bien qu'il y a un message politique", ce qui me fait penser à l'article du Monde d'hier :

https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/07/02/pillages-incendies-agressions-le-bilan-effarant-des-jours-et-des-nuits-d-emeutes-en-france_6180265_3224.html

«Ce qui me frappe, c’est le décalage entre les analyses que j’entends sur la politique et la réalité du terrain où je vois de la violence et une forme d’opportunisme quand il s’agit d’aller piller un centre commercial. On sous-estime la connerie d’une partie de ces gens », relate le médecin urgentiste, ancien de l’hôpital Avicenne à Bobigny, très critique sur les tentatives de récupération, dans des directions différentes, de l’extrême droite et de l’extrême gauche.

Le conseil que glisse le palmipède réfractaire aux révoltés réfractés, c'est d'abord de sortir de l'entre-soi de ces réseaux par lesquels se diffuse l'insurrection, "pour l'instant ça ne se passe que sur Snapshat et TikTok, sortez de là" comme un tonton bienveillant envers des petits neveux un peu turbulents, comme s'ils n'avaient qu'à tous unir leurs luttes sous le drapeau commun des gens qui refusent les drapeaux, les casquettes et les partis, pour que ça soye enfin l'aube du grand soir de la lutte finale. 


Mais les émeutiers ne sont pas ses neveux, et encore moins ses potes. Ils ne crameront jamais Youtube, donc il est tranquille, y'a cabane, mais il a beau mimer une empathie un brin condescendante, les dégradations et destructions ne favorisent pas l'éclosion de nouvelles fraternités, la société est bien trop fracturée pour ça, alors ses potes, non. Jamais. Lui est dans un discours syncrétique dans lequel on capte des relents du Monde Diplomatique et d'un proudhonisme relooké :  "le capitalisme légalise le vol (..) abattre l'Etat, abattre Macron, tous ensemble (..) j'appelle solennellement tous les groupes Gilets Jaunes de facebook à aller manifester", il s'échauffe progressivement, comme un camelot de foire ou un tribun populiste, il veut "prendre le contrôle de l'économie et de la société pour produire ce dont on a besoin et que plus personne ne soit dans la misère (..) avec l'accumulation des crises sociétales, environnementales etc il faut que les révoltes deviennent des révolutions le plus tôt possible (..) mais il ne faut pas tirer avec des kalashnikovs comme dans cette vidéo Snapshat tournée à Marseille par des jeunes qui protègent les mafieux du trafic de stups, non, les gars, ça c'est mal, d'ailleurs il faut virer ces dealers qui ont tout intérêt à ce que le calme revienne pour reprendre le bizness"
J'aimerais qu'il explique comment tu fais pour virer des mecs qui ont des kalashs si tu t'interdis d'en avoir une, mais ça sera sans doute l'objet de la prochaine vidéo. Peut-être que si on les attache sur une chaise et qu'on leur inflige une intégrale des imprécations vidéo du canard réfractaire, au bout d'un certain temps, ils abdiquent leur volonté, comme ce pauvre Alex à la fin d'Orange Mécanique .  
Y’a des côtés marrants dans ses diatribes, qui ont une certaine fraicheur, et qui se voudraient l'écho permanent de la Juste Colère légitimée par la brutalisation des rapports sociaux, mais vu comment il appelle à rejoindre l'insurrection, je te parie 10 bitcoins qu'il va finir en tôle, en tout cas si j'étais Darmanin, je ne laisserais pas un excité comme ça à l'air libre, à moins que ça soit le résultat recherché : devenir un martyr de la révolution, comme le regretté Ramon Lopez.
"Ramon Lopez, poète et martyr" in "Frissons de Bonheur", by Philippe Vuillemin (1983)
Si j'avais interrogé mon fils sur l'olibrius professeur d’explications et donneur de leçons en ligne (au lieu de mépriser secrètement le temps qu'il passe dans sa chambre à faire de la veille technologique sur Conspiracy Watch plutôt que de dépolluer son biotope, dans lequel je ne retrouve jamais les bédés que je lui ai prêtées), je me serais épargné le laborieux accouchement de cette rédaction niveau troisième, parce que quand il m'a découvert écumant d'indignation devant mon écran 27 pouces, il m'a tout de suite glissé d'un air entendu, à l'instar de son arrière grand-père, que le leader du canard était un dangereux agitateur qui ne valait pas les pages html pour le lyncher médiatiquement. 
Et quand j'ai montré 5 minutes du canard à ma femme, elle a tout de suite diagnostiqué que c'était un Bozz* en puissance. Bozz* est une connaissance à nous, syndicaliste de chez EDF affilié à la CGT-Cigarettes-Mal-Roulées, qui gâche depuis plusieurs décennies les soirées amicales où l'on a le malheur de l'inviter, en les transformant en assemblées de section et tribunes fumigènes au cours desquelles nous le laissons par lassitude donner libre cours à la même grippe aviaire insurrectionnelle que celle qui infecte ce pauvre canard. Ils présentent les mêmes troubles du caractère, et cette fâcheuse manie à se regazéifier avec son propre gaz. Ces deux-là m'évoquent aussi un certain Philippe, que je croise depuis 20 ans dans les réunions Alcooliques Anonymes, qui fait toujours des partages interminables quel que soit le nombre de personnes présentes, parce qu'il a besoin d'un échauffement blablaté de 15 minutes minimum pour pénétrer dans cet espace aérien où il peut s'envoler sur le dos du Verbe, décollage psalmodié par une transe langagière que la plupart des membres lui envient alors que ça rogne d'autant leur temps de parole, eux aussi aimeraient bien s'envoler en faisant du vent avec leur bouche.
Mon fils m'aurait aussi renseigné, si je l'avais interrogé au lieu de me lancer dans cet éditorial autistique et scabreux, lui qui en sait 10 fois plus que moi sur les influenceurs et leurs couleurs politiques, ou sur le business des émeutes, comme en parle admirablement Olivier Ertzscheid dans son nouvel article où j'en ai appris dix fois plus qu'en relisant le mien.


Sources et sourciers




l'image qui a foutu le feu à blogspot, 
la plateforme asociale des vieux qui ont un blog : 
une personne âgée tourne violemment en dérision les forces de l'ordre.

vendredi 10 juin 2022

Comment utiliser des toilettes en gravité zéro

Dans The Expanse, un feuilleton télévisé de science-fiction qui a récemment raté ses adieux au music-hall, ils expliquent bien comment faire l'amour avec un Mormon dans l'espace, mais ils passent sous silence les problèmes qui surviennent quand on tente d'assouvir d'autres besoins naturels (tout aussi légitimes et parfois plus impérieux) en gravité zéro. 
Et pourtant ils passent leur temps à se tirer la bourre entre la Lune, Mars, et la ceinture d'hémorroïdes astéroïdes de Jupiter, donc ça doit bien leur arriver d'aller au petit coin, c'est pas des surhommes. Alors, à force de rechercher obsessionnellement, compulsivement et désespérément un vieux dessin de Daniel Goossens sur une exposition d'art nazi (dans un cimetière) dans mes vieux Fluide Glacial, j’ai retrouvé ce mode d'emploi d'un mini-wc portatif, que j’avais punaisé dans les cabinets d'aisance jouxtant alors la salle de bain dite "des Arabes" que nous appelions ainsi car nous entassions plein de bazar dedans, dans le vaste appartement de la rue Roudil où j'habitai jadis au sein d'une famille unie par de très nombreux goûts communs, dont celui de la scatologie. 
Cette gravure ancienne peut être considérée comme une sorte d'ancêtre à la science des toilettes en gravité zéro.

clique sur l'image, sauve un jipègue, imprime-le et punaise-le dans les cabinets.
Des heures de rire en perspective.
Les amateurs de figuration narrative reconne étron sans pen le style pipi cafka d'Edika, le frère maudit de Carali. Si on avait archivé les œuvres de ces deux scribes égyptiens aux profils pas très grecs dans la bibliothèque d'Alexandrie, les Chrétiens n'y auraient jamais foutu le feu, comme ils le font avec une noire allégresse dans Agora, Mists of Time, le péplum philosophique hispano-maltais réalisé par Alejandro Amenábar en 2009, qui érige une stèle filmique à Hypatie d'Alexandrie, la célèbre philosophe et mathématicienne héllène (célèbre depuis hier soir, quand j'ai regardé le film) qui s'apprête à faire une avancée majeure dans la compréhension du cosmos (en réhabilitant le modèle héliocentrique d'Aristarque et en ayant l'intuition de l'orbite elliptique des planètes) lorsque la situation politique prend un tour dramatique avec la conversion de l'empereur au monothéisme, et elle finit massacrée en l'an 415 de notre ère par un groupe de moines enivrés de christianisme.
la tache sur la conscience de l'Eglise
n'est pas plus Hypatie au lavage
que celle sur la robe de Rachel Weisz,
qui pourtant lave plus blanc.
En principe.
Elle incarnait tout ce qu'ils exécraient : elle était femme, elle était libre, elle était belle et côtoyait les hommes de pouvoir tout en étant femme d'influence, son monde n'était pas peuplé de dogmes édictés par un dieu jaloux à partir de "vérités" préétablies, elle allait aux cabinets quand ça lui chantait. 
Et si ça se trouve, elle avait pressenti les Mystères des Toilettes en gravité zéro, irrémédiablement perdus dans l'incendie de la bibliothèque d'Alexandrie.
Le film est courageux, mais un peu chelou, et prend beaucoup de libertés avec la vérité historique. Oncle Wiki rappelle en tirant sur sa cyber-pipe que Hypatie a été massacrée de façon bien plus cruelle que ne le montre le film. On peut retrouver le récit de sa mort dans le livre septième de l'Histoire de l’Église écrite par Socrate le Scolastique. Jean de Nikiou au viie siècle apr. J.-C. écrit : « Et ils (les chrétiens menés par Pierre le Lecteur) déchirèrent ses vêtements et la firent traîner dans les rues de la ville jusqu'à ce qu'elle mourût. » Le film ne dit pas que ce lynchage est resté une tache sur la conscience de l'Église, comme l'ont écrit des théologiens chrétiens dès cette époque.
C'est bien triste. Et beaucoup plus tard, dans mes cabinets du boulevard de Belleville, j’ai longtemps affiché le dessin de Charb "Non à la légalisation du cannabis" paru dans Charlie Hebdo au début des années 90. C'était de mon âge. D'autant plus que j'étais en train de devenir malade alcoolique, et qu'à chaque fois que je fumais un pétard, je prenais cosmiquement conscience de ma dépendance croissante à l'alcool, alors j'avais cru prendre une décision d'adulte en m'interdisant tout à fait les cigarettes mal roulées.

clique sur l'image, sauve un jipègue, imprime-le et punaise-le dans les cabinets.
Et va plutôt t'acheter un pied de peyotl chez Zamnesia.
Evidemment, Edi(pipica)ka, le chantre de l'obscénité politiquement correcte, est toujours vivant, alors que Charb, qui aimait bien mettre de l'huile sur le feu, voire transformer les bouteilles d'huile de Rachid en cocktails molotov, couic. Ou plutôt Vrououf. Victime des fondamentalistes monothéistes, comme Hypathie.
Alors maintenant, dans les cabinets, j’ai une pile des derniers numéros de Téléramadan, comme papi et malou, et je gagne un temps précieux en lisant toutes les critiques des films et des séries télé dont je pourrais ainsi parler sans les avoir vus si j’avais des amis.

"Sans mentir, l'ange Gabriel il en avait une grosse comme ça"
J'essaye de provoquer les fondamentalistes de Télérama,
pour déclencher une guerre sainte en reprenant les recettes les plus éculées de Hara-Kiri,
mais ils me voient venir, et ne réagissent pas.
Mon style parodique est définitivement has been.
Et tout cela ne nous dit pas quelles précautions prendre pour utiliser des toilettes en gravité zéro. Mais au fait, ça me revient maintenant, c'était là, sous nos yeux, en évidence dès le début, ce truc qui manque dans The Expanse et qu'il y avait sous forme de gag très sérieux dissimulé en plein écran à la vue de tous par Stankey Lubrik dans 2001, l'Odyssée de l’espace.

dans une séquence de 2001, l'Odyssée de l'espace, le Dr Haywood Floyd lit très attentivement
les instructions affichées avant d'utiliser des toilettes à gravité zéro.
C'est vraiment de la science-fiction, car les humains ne lisent jamais les avertissements
ou les modes d'emploi avant utilisation. Surtout dans des toilettes.
Ce commentaire est insultant (les geeks lisent tout ce qui leur tombe sous les yeux), et erroné : je me souviens très bien avoir lu il y a bien longtemps, dans une autre galaxie et dans les toilettes en gravité 1 de la Rockfabrik de Stuttgart un truc en allemand qui disait sur le côté de la chasse d'eau "appuyez ici, et si possible avec la main". On pouvait y jouer de l'air guitar en bois, et pisser partout dans les toilettes, à condition d'appuyer ensuite avec la main. On se serait alors cru dans une bédé d'Edika.

La Rockfabrik de Stuttgart était en fait à Ludwigsburg, mais elle a fermé ses portes en 2019.

Concernant le tutoriel (qui peut s'avérer si précieux dans le futur) pour se soulager en gravité zéro, une bande de geeks a bien sûr exhumé l'intégralité des instructions dissimulées à la vue de tous dans le photogramme du film de Kubrick.
https://boingboing.net/2021/08/17/instructions-for-the-zero-gravity-toilet-in-2001.html
En voici une traduction automatique assez fidèle :

Les toilettes sont du type standard à gravité zéro. Selon les besoins, il est possible d'utiliser le système A et/ou le système B, dont les détails sont clairement indiqués dans le cabinet de toilette. Lors de l'utilisation du système A, appuyez sur le levier et un éliminateur de dalkron en plastique sera distribué par la fente immédiatement en dessous. Lorsque vous avez fixé la lèvre adhésive, fixez le raccord marqué par le grand tuyau de sortie “X”. Tournez l'anneau argenté d'un pouce sous le point de connexion jusqu'à ce que vous sentiez qu'il se verrouille.
Les toilettes sont maintenant prêtes à l'emploi. Le nettoyant Sonovac est activé par le petit interrupteur sur la lèvre. Lors de la fixation, remettez l'anneau dans son état initial, de sorte que les deux lignes orange se rencontrent. Déconnectez-vous. Placer l'éliminateur de dalkron dans le réceptacle à vide à l'arrière. Activez en appuyant sur le bouton bleu.
Les commandes du système B sont situées sur le mur opposé. L'interrupteur de déverrouillage rouge place l'uroliminator en position ; il peut être ajusté manuellement vers le haut ou vers le bas en appuyant sur le bouton bleu de déverrouillage manuel. L'ouverture est autoréglable. Pour sécuriser après utilisation, appuyez sur le bouton vert qui active simultanément l'évaporateur et ramène l'uroliminator dans sa position de stockage.
Vous pouvez quitter les toilettes si le voyant de sortie vert est allumé au-dessus de la porte. Si le voyant rouge est allumé, l'une des installations sanitaires n'est pas correctement sécurisée. Appuyez sur le bouton d'appel « Hôtesse de l'air » à droite de la porte. Elle sécurisera toutes les installations depuis son panneau de contrôle à l'extérieur. Lorsque le voyant de sortie vert s'allume, vous pouvez ouvrir la porte et partir. Veuillez fermer la porte derrière vous.
Pour utiliser la Sonoshower, commencez par vous déshabiller et placez tous vos vêtements dans le portant. Mettez les pantoufles velcro situées dans l'armoire juste en dessous. Entrez dans la douche. Sur le panneau de commande en haut à droite en entrant, vous verrez un bouton “Joint de douche”. Appuyez pour activer. Un feu vert s'allumera alors juste en dessous. Sur le bouton d'intensité, sélectionnez le réglage souhaité. Appuyez maintenant sur le levier d'activation Sonovac. Baignez-vous normalement.
Le Sonovac s'éteindra automatiquement au bout de trois minutes, sauf si vous activez l'interrupteur de neutralisation "Arrêt manuel" en le retournant vers le haut. Lorsque vous êtes prêt à partir, appuyez sur le bouton de déverrouillage bleu “Joint de douche”. La porte s'ouvrira et vous pourrez partir. Veuillez retirer les chaussons velcro et les placer dans leur contenant.
Si le voyant rouge au-dessus de ce panneau est allumé, les toilettes sont en cours d'utilisation. Lorsque le feu vert est allumé, vous pouvez entrer. Cependant, vous devez suivre attentivement toutes les instructions lors de l'utilisation des installations lors d'un vol en roue libre (Zero G). À l'intérieur, il y a trois installations : (1) le Sonowasher, (2) le Sonoshower, (3) les toilettes. Tous les trois sont conçus pour être utilisés dans des conditions d'apesanteur. Veuillez respecter la séquence des opérations pour chaque installation individuelle.
Deux modes pour Sonowashing votre visage et vos mains sont disponibles, le mode « serviette humide » et le mode nettoyeur à ultrasons « Sonovac ». Vous pouvez sélectionner l'un ou l'autre mode en déplaçant le levier approprié sur la position “Activer”.
Si vous choisissez le mode “serviette humide”, appuyez sur le bouton jaune indiqué et retirez l'article. Lorsque vous avez terminé, jetez la serviette dans le distributeur sous vide, en maintenant le levier indiqué dans la position “active” jusqu'à ce que le voyant vert s'allume… indiquant que les rouleaux ont complètement passé la serviette dans le distributeur. Si vous désirez une serviette supplémentaire, appuyez sur le bouton jaune et répétez le cycle.
Si vous préférez le mode de nettoyage par ultrasons « Sonovac », appuyez sur le bouton bleu indiqué. Lorsque les panneaux jumeaux s'ouvrent, tirez vers l'avant par les anneaux A & B. Pour le nettoyage des mains, utilisez dans cette position. Réglez la minuterie sur les positions 10, 20, 30 ou 40… indiquant le nombre de secondes nécessaires. Le bouton à gauche, juste en dessous de la lumière bleue, a trois réglages, bas, moyen ou haut. Pour une utilisation normale, le réglage moyen est suggéré.
Une fois ces réglages effectués, vous pouvez activer l'appareil en basculant sur la position “ON” l'interrupteur rouge clairement marqué. Si pendant l'opération de lavage, vous souhaitez modifier les réglages, placez l'interrupteur de dérogation "arrêt manuel“ en position ”OFF". vous pouvez maintenant faire le changement et répéter le cycle.

C'est quand même d'une autre envergure que la blague d'Edika sur le mini-wc portatif; mais attention (lire attentive ce que ici-en bas) :

De toutes façons, quel que soit le degré de sophistication des blagues de cabinet en gravité zéro, c'est un peu l'ironie du désespoir, car je nous sens collectivement assez mal engagés pour aller essaimer, et donc déféquer, dans l'espace. Ou alors, une petite élite ultra-nantie, comme Elon Musk et ses happy few à la fin de Don't Look up
Tant qu'on reste le chainon manquant entre le Singe et l'Homme, on est une espèce assez nuisible, pour elle-même comme pour la planète, et on risque de suffoquer sous nos propres déjections d'ici peu, qu'elles flottent autour de nous en apesanteur ou qu'elles gisent au sol.

Sinon, pour se chier dessus en partant dans l'espace, y'a aussi les plantes enthéogènes.
Grâce à la mondialisation, j'ai planté Peyotl et San Pedro sur ma fenêtre,
mais tant qu'il ne fait pas 50° en permanence, la chair des dieux n'y pousse que très lentement.
Dans l'attente du réchauffement climatique, je suppose que cela fera l'objet d'un prochain épisode.

[EDIT] : quelques semaines plus tard, je m'aperçois qu'écrire sur ce blog, pendant 15 ans,
ça a vraiment été une expérience assez proche de la défécation en gravité zéro. 
No comment.

samedi 5 juin 2021

L'été sera chaud chez Hache & Aime

Après avoir encouragé la vocation de plusieurs générations d'adolescentes envers la maladie vraiment très sympa qu'est l'anorexie, les publicitaires de la mode prennent un virage à 180° et réhabilitent aujourd'hui la pêche au gros, sans tenir compte de l'épuisement de la ressource. 
Je vais leur écrire pour découvrir les modèles les plus irresponsables. S'ils en ont.

C'est un peu tard, les gars. Il n'est jamais trop tard, en principe, mais des fois, il est tard, quand même. Il y a un moratoire sur le thon rouge et le boudin créole en Méditerranée, je sais pas si vous êtes au courant. De leur part, c'est au moins aussi sincère et émouvant qu'Enedis (entreprise anciennement connue sous le nom d'EDF) faisant la promotion des éoliennes offshore, au mépris des pêcheurs bretons et de l'écologie littorale, après avoir combattu pendant quarante ans toutes les énergies renouvelables pour imposer leur dictature énergétique au tout-nucléaire.


C'est beau, aussi. Ca nous change des publicités pour maillots de bain portés par des sardines sans huile. Faut que je retrouve mon slip de bain en kevlar et mon fusil sous-marin au garage, l'été s'annonce exceptionnellement poissonneux. Sauf en Nouvelle-Calédonie, où un requin vient de boulotter un quatrième plongeur en moins de six mois, sans même recracher une arête. Selon notre envoyé spécial permanent là-bas, on est passés 1er mondiaux en terme de terrorisme requinal, plus personne n'ose se baigner nulle part, la psychose gagne...


Sur place, une société commercialise un sharkbanz, " bracelet équipé de puissants aimants de néodymium capables de perturber les récepteurs sensoriels des squales". Mais c'est déjà la rupture de stock. J'admire secrètement l’homme qui va nager équipé d’un sharkbanz : il fait preuve d’une foi dans la technologie (et dans la publicité) qui n'est pas la mienne. Surtout après quatre morts en l'espace de six mois. Un peu comme dans le proverbe africain « Celui qui avale une noix de coco fait confiance à son anus ». 

Cthulhu peut aller se rhabiller. Une nouvelle terreur monte de l'océan.

Et c'est bien joli de stigmatiser les squales, habituellement effrayés par l'homme, ou les publicitaires,  habituellement grossophobes, mais qui nous dit que la victime n'a pas été dévorée par un monstre issu des profondeurs revêtu de son Haut de maillot bandeau paddé à 4,99 € ?

La vengeance des sushis. Toshio Saeki est un génie

si tu as apprécié ce billet d'humeur, n'hésite pas à fréquenter sa soeur :


samedi 27 mars 2021

Le disque dur de Ben Laden

Il y a déjà quelques mois que je m'abstiens d'écrire sur tous les sujets qu'il m'aurait amusé d'aborder d'un peu trop près. C'est d'ailleurs cette excitation pré-liminaire qui me sert de marqueur de zone interdite, d'alarme incendie dans le pavillon témoin désert à cette heure, de signal d'alerte à Malibu boira. Dès que ça commence à impliquer la divulgation d'informations intimes, ou la déclassification maladive d'extraits de ma fulgurante correspondance hyper-secrète avec des entités réelles ou supposées, il vaut mieux que je m'abstienne. Que je lâche prise. 
Les kamikazes de blogs ne sont plus d'accord
pour s'y faire sauter (archive)
Que je ferme ma putain de gueule.
Ainsi donc, vous n'apprendrez rien aujourd'hui de ma longue maladie en cours, de mon immunothérapie qui me réduit pas mal la bande passante énergétique, de mon assignation d'un employeur aux Prud'hommes pour obtenir une requalification en CDI après 23 ans de CDD, de mon blacklistage subséquent au planning, ce qui me donne l'impression d'être en préretraite depuis un an, des errements de ma progéniture qui vient de réintégrer le domicile familial et qui s'occupe maintenant d'autistes adultes & déficients alors que je me demande toujours si lui et moi ne faisons pas partie du public ciblé, de sa phobie administrative aux conséquences multiples et avariées, de la fripouillerie des concessionnaires Opel alliée à leur incompétence crasse, de la recette du kouign amman au variant breton, de ma bipolarité en dents de scie avec les icebergs qui se déchaussent de ma gencive et tombent à l'amer de ma banquise, de mon addiction sexuelle qui barre en couille, ou pas, de mon combat contre les kilos en trop, et pour l'instant c'est eux qui gagnent, de mes progrès en méditation suivis de mes rechutes en ruminations, des copains qui ont eux aussi attrapé des longues maladies et c'est bien de notre âge, de l'effet de Steve Roach sur mes acouphènes, de la réclusion psychologique à perpétuité à laquelle je soumets mon père depuis déjà 9 mois, de mon oncle qui vient de survivre à 80 ans passés à un Covid gratiné + un pneumo-thorax + un infarctus et qui rêve maintenant de me réconcilier avec son frère ainé alors qu'il dit nous avoir vus, mon frère et moi nous faire martyriser par lui pendant des décennies, de ma récente vaccination prioritaire à l'AstraZeneca goût banane, annulée puis désannulée, c'est ça la cancel culture, de ma femme qui ne s'appelle pas Comorbidité mais franchement, y'a des jours, on se demande, parce que y'en a qui cumulent. Non, franchement, pour tout ça, ne comptez pas sur moi. Allez voir ailleurs si j'y suis. Et faisons donc diversion, le temps que ça me passe, et que l'orgie d'indiscrétions à base d'exhibition de slips sales au Centre Pompompidou puisse reprendre.

De toutes façons, de mes petites mythochondries cinématiques, on s'en moque : 
Le réel vient d'être annulé. On va pouvoir passer aux choses sérieuses.

La culture est là pour ça. Pour que la mémorisation/régurgitation d'informations puisse procurer l'illusion de la sagesse, et surtout meubler ces grandes pièces intérieures, qui sinon résonneraient des échos lugubres des gémissements de dépit de la quête infructueuse du Soi (il ne s'y trouve pas).

Et non seulement ça, mais l'impasse des pensées, déjà dénoncée par les écoles philosophiques orientales,
est aujourd'hui frappée d'une annulation de sens interdit. Je ne sais pas trop quoi en penser,
sinon que ce questionnement implique que je suis déjà dans l'erreur.
Je vois bien, depuis 2 mois que j'ai un smartphone et qu'il me canarde de nouvelles improbables que je ne tenais pas à connaitre (mais la vraie modernité semble inclure dans son pack une certaine tolérance à l'intrusivité) que ma sous-culture augmente dans des proportions inquiétantes. Le fil d’actualités Google Discover collecte pour moi des informations en fonction de critères d'intérêt basés sur mon historique de recherches et mes préférences. C'est la garantie de ne plus jamais m'extraire de mes obsessions et certitudes auto-démontrées. Ma première trouvaille de la journée, c'est de découvrir qu'une biographie semi-clandestine de Philip K. Dick avait été tournée en 2006 avec Bill Pullman.
Bill Pullman ! Un avatar occidental du Bouddha, quand il joue dans The Sinner, avec une touche de Jean-Pierre Filiu. J'ai hâte de ne pas voir ça. La bande-annonce décourage toute tentative. De tout cela, on se tamponne avec une élégance teintée de nostalgie, en songeant à l'époque où ça nous paraissait important. Mais quand mon téléphone me propose un article sur le contenu du disque dur de Ben Laden, ça c'est forcément du lourd ! 
Les dangers de l'Occident sont
signalés par la Sécurité Routière
Jusqu'ici, je ne considérais pas Ben Laden comme un grand Saint de l'Islam, mais comme il avait appelé au djihad avant de partir en live, je me disais que quand même, dans son disque dur on allait trouver quelques sourates apocryphes, la photo encadrée de la mère du Prophète, et 
des Commentaires du Coran annotés par des théologiens comme seuls les pays du Golfe savent en produire. 
Hé ben, au final, pas plus de sourates que de beurre en broche : dans son disque dur, on a découvert notamment des mèmes, des gifs animés, du porno, le film L'Âge de glace, des épisodes de Tom et Jerry ainsi que de Mister Bean ! Et si ça se trouve, en plus il avait téléchargé tout ça illégalement !
A partir du moment où un ennemi de la démocratie télécharge illégalement du Tom et Jerry, il est fichu, car le ver est dans le fruit : la frustration et l'insatisfaction se répandent dans son organisme à la vitesse de la métastase issue du mélanome colonisant le système nerveux central. Car comme le disait Malek Boutih, à qui on n’avait rien demandé, dans le Charlie Hebdo du 11 mars 2015 : 
« Il ne faut pas oublier une chose : le point de départ de l’intégrisme islamiste, ce ne sont pas les théories des Frères musulmans, mais l’arrivée de la parabole dans les pays arabes. C’est quand, tout d’un coup, la modernité, le sexe, la liberté, tout fait irruption. Et les intégristes se sont sentis débordés.
- Vous voulez dire que la démocratie propose une image que théoriquement ils refusent mais qu’instinctivement ils désirent ?
- Exactement. Le fait de pouvoir avoir cette image mais de ne pas la consommer en même temps, ça rend fou. Et c’est le cœur de tout.»
Papounet en train de draguer
une des soixante-dix vierges
en arrivant au paradis d'Allah, 
par Omar Ben Laden
Pour oublier tout ça, et surtout le passé sulfureux de papa, le fils de Ben Laden se noie dans la peinture ! Tous nos détails en pages intérieures !
Mais bon, faut pas généraliser. Si mon téléphone intelligent voit le mal partout, c'est sans doute parce que mon historique de navigation n'est pas très net. Pour que l'enquête soit objective, il faudrait aussi aller farfouiller dans la clé USB de l'évêque de Nevers (Never say Nevers again) et même de certains bouddhistes thaïlandais qui abusent un peu de la sauce piquante.
On ne va pas abattre tout le troupeau de croyants pour quelques brebis galeuses. On se demande quand même si défroquer un moine convaincu de pédophilie est la meilleure attitude à adopter. Attendez, j'en connais une autre, sur les bouddhistes, c'est pas dans mon curé chez les Thaïlandaises que je l'ai entendue ?
Un jeune homme de 21 ans s'embarque dans une virée meurtrière contre trois salons de massage d’Atlanta et ses environs. Six des huit victimes sont d’origine asiatique, et sept sont des femmes. Robert Aaron Long « affirme ne pas avoir de mobile raciste »Se présentant comme un « obsédé sexuel » soucieux de supprimer « une tentation », il a insinué qu’il avait des problèmes d’addiction sexuelle et pourrait avoir fréquenté plusieurs de ces lieux dans le passé. 
C'est un peu plus radical que de demander aux femmes de se voiler pour éviter aux hommes d'être excités par leur beauté, avec les résultats que l'on sait sur le contenu du disque dur de Ben Laden.
Xing Hua, Américaine d’origine asiatique, confie être « très en colère » que le bain de sang de mardi n’ait pas encore été qualifié de « raciste » par la police. « Le fait est que six femmes asiatiques sont décédées », dénonce la trentenaire à Washington, la capitale des Etats-Unis, où plusieurs centaines de manifestants se sont rassemblés dimanche. « Je ne suis pas une tentation », fustige sur sa pancarte Kat, 31 ans, regrettant une hyper-sexualisation des femmes asiatiques. « J’ai été accostée par des hommes sur des applications de rencontre qui me disent “Je dois soigner ma fièvre jaune” », raconte-t-elle à l’Agence-France Presse. 

Heureusement, Robert Aaron Long
ne lisait pas de mangas.
C'est déjà assez gore comme ça.

On se croirait revenu au bon vieux temps du Lotus Bleu, où selon Lao-Tzeu, pour trouver la Voie il fallait couper des têtes. Mais c'était un Asiatique qui voulait découper Tintin, et qui ne passait pas à l'acte.
Le type qui décide consciemment de génocider l'objet de son désir (en lui déniant au passage la qualité de sujet) en pensant que ça va résoudre son problème d'addiction pourra méditer à l'ombre de ce qu'il lui reste à vivre en prison sur la condition fluctuante dudit objet.
L'autre jour, en sortant de chez Feu vert, j'ai vu un jeune rebeu suivre en voiture et importuner verbalement une jeune femme qui passait à pied entre le parking du Leclerc et la station d'entretien des véhicules. Elle n'a ni accéléré ni ralenti son pas, il a balancé divers arguments que je n'ai pas entendus, puis a abandonné son véhicule quelques instants au milieu de la voie d'accès à la sortie du Feu vert pour l'emmerder plus librement à pied, elle souriait toujours sous son masque, ne s'est pas retournée et a poursuivi son chemin. Réaliste, il a alors lâché l'affaire et il est revenu vers sa voiture. Juste au moment où j'allais intervenir, et où mon fils m'a fait remarquer qu'il avait trois potes à l'arrière de sa caisse, que je n'avais pas vus. Je regardais la fille. Et comment elle s'en sortait. Il n'avait pas l'air encombré de questions sur la légitimité de son désir. 
Qu'il soit reubeu ou pas, on s'en fout, il témoigne d'une belle vitalité, faudrait juste l'aider à la réorienter vers des trucs plus utiles que d'emmerder des nanas. Sans doute une carence dans l'éducation. Et vitalité que n'a pas, que n'a plus l'intello dépressif campé par Houellebecq dans Soumission, qui abdique devant l'Islam même s'il reste attiré par plusieurs femmes, du pouvoir, plus d’argent… et  qui est loin d’en avoir fini avec l’insatiabilité de l’Occident, sans parler de ce qu’il boit et fume (5 cartouches pour écrire l’intro de Huysmans dans la Pléiade)

Le président du Comité pour l'Abolition du Désir
(archive)
Mais avec tout ça, et aussi avec les blagues tardives de PPDA, je me dis que dans notre culture, y'a un truc qui va pas, parce qu'un mec entreprenant, c'est un séducteur, alors qu'une fille qui prend l'initiative, c'est une pute. Y'a encore du chemin à faire. #Metoo m'aura au moins appris ça.
Comme j'ai commencé à prendre langue avec les derniers gauchistes islamo-écolos de mon coin, parce que j'en ai marre de rester confiné à lire les conneries dont mon smartphone me bombarde, l'autre jour ils m'ont envoyé de la réclame :
Bonjour ! 8 mars 2021, journée internationale pour les droits des femmes : ** se mobilise avec les boulangeries de ** ! En distribuant avant fin mars des sacs à baguettes dans les boulangeries de ** avec les numéros d’urgence et le violentomètre pour prévenir les violences conjugales !

Le violentomètre vous permet de mesurer à l'aide d'une baguette graduée
la quantité de violence dans votre couple. Avouez que c'est rudement pratique.
Et en plus après, on peut se faire un sandwich aux phalanges avec.












Je leur ai répondu :
Bravo ! 
Grâce au violentomètre, impossible maintenant pour ma femme de confondre «ramener une baguette» et «prendre un pain»
… ok, je sors.
Pardon, mais la multiplication des supports publicitaires, même pour une juste cause, me fait toujours un peu blasphémer.
- 😂 pour le jeu de mot mais honnêtement c’est un message pas aisé à passer car il devient banalisé . Au moins on fait des essais 😃
- nan mais c’est une bonne idée, il faut tout essayer, sinon rien ne change; le problème c’est que les gens « sensibilisés » (les filles aux prises avec des pénibles) savent souvent à qui elles ont affaire, et choisissent quand même de rester.  Ca s'appelle l'emprise.
C’est les mecs à qui il faudrait faire ouvrir les yeux sur leurs pratiques, je le sais, j’en suis un.
Mais comme je lis Causette aux cabinets, je me sens intouchable.
;-)))
surtout parce que l’âge (et ma femme, et ma fille) m’ont ôté mon illusion de toute-puissance.
Je préfère être un chantre clandestin de la nouvelle morale intersectionnelle et féministe.


Allez, et que la paix soit sur vous.