dimanche 9 mai 2021

Loukoum et Tagada contre Mélanie Mélanome (4)

Concernant mon cancer de la peau toujours en cours, et ce n’est pas une métaphore pour désigner l’existence qui m’est proposée en attendant qu’elle ne le soit plus, je suis rendu, comme disent les petits-beurre Lu, à 6 mois de traitement, soit juste au milieu de la durée de soin prévue pour guérir de ma longue maladie. Donc finalement, vu de Sirius, ça sera assez court. En principe.
C’est bien la première fois qu’il me tarde d’y être, plutôt que de regretter de n’y être pas allé. Ou de n’y être plus. Vous faites quoi, vous, en un an ? 
Moi, je guéris d’une grave maladie au nom pas sympa, et ça me laisse du temps pour mettre un peu d’ordre dans ma vie, un jour à la fois. Il ne s’agit pas de brûler mes vaisseaux (= prendre une décision en s'interdisant de revenir en arrière, bien qu’on ne revienne jamais en arrière, sauf à voyager dans une machine à flux temporel inversé, ou de rétropédaler sur mon blog).
Si on sait que c’est notre dernière année de vie ici-bas, on s’agite, forcément, on tente de la remplir à fond, pour conclure et laisser trace. Ce n’est que dans l’ignorance de notre condition mortelle qu’on temporise, qu’on ajourne les grands travaux intimes. 
Si le voile de cette ignorance est levé par l'oncle Olog, quels grands travaux va-t-on entreprendre ? 
Saint-Just disait «les circonstances ne sont difficiles que pour ceux qui reculent devant le tombeau» et il ne parlait pas des défectuosités du samsara, ou plutôt, il dénonçait ceux qui les prétextaient pour ne rien faire. Mes affaires terrestres et spirituelles sont figées, engluées dans une sorte de stase temporelle, ce qui est un peu pléonastique puisque la stase désigne un état de choses marqué par l'immobilité absolue, que l'on oppose au déroulement normal des processus. En tout cas depuis quelques mois, j’évite de m’énerver, parce que ça n’apportera rien de bon, cf tes 50 dernières années, pauvre abruti. Tu permets que je m’appelle pauvre abruti ? que je fasse de l’humour auto-dépréciatif, comme les Juifs s’autorisent et même s’encouragent à en faire à leur endroit ? Tu n’es pas juif. Je sais. Ta mère était pire qu’une mère juive. Je sais. Ca compte pas. Laisse-moi travailler. Remonte à l’étage et va faire suer ton fils jusqu’à ce qu’il se rabiboche avec son ex.

L'année prochaine à Marienbad,  l'année dernière à Contis-Plage.
Et réciproquement.
Depuis l’épisode précédent du feuilleton de mon mélanome que je persiste à refuser d’écrire pour éviter de flatter mes tendances victimaires judéiformes érigées en star-système,
et que vous n’êtes pas du tout en train de lire, puisque vous avez été victime d’une suggestion hypnotique contractée en regardant un vieux film de Cronenberg, et que vous êtes en fait en train d’acheter le formidable recueil « L’été de l’infini » de Christopher Priest à la lbrairie la plus proche, voire directement au Bélial, sur les conseils de ce nouvel ami imaginaire que vous vous êtes fait en discutant de l'adaptation du Prestige, je me suis installé dans la routine des soins, et je dois dire que j’encaisse un peu mieux le traitement qu’au début. 
C’est quand même pas du jus d’orange qu’ils me perfusent. Au vu de mes résultats d’analyse, encourageants, et d’absence de métastases discernables par tomographie, par devant et par derrière, l’intervalle entre les séances d’immunothérapie a été porté de 3 à 6 semaines, mais avec double ration de pembrolizumab® pour l'équipage. 
Ai-je gagné au change ? Comme tous les trois mois, j’ai encore fait des tours de manège dans les scanners la semaine dernière. Un cérébral + un PETscan. (Lors d'un PET scan ou d'un examen TEP, c'est kif kif bourricot, Tomographie par Emission de Positons, la caméra TEP détecte les photons d'annihilation issus du produit radiopharmaceutique, alors que les rayons X issus du scanner fournissent l'image anatomique de la partie du corps examinée.)
Toujours pas attrapé la queue du mickey, malgré tous ces tours de manège gratuit, ou plutôt, pris en charge à 100% par la Sécurité Sociale au titre d'"affection de longue durée". 

Mon dernier scanner, sans avoir fumé de CBD avant.
Dans les scanners, les mickeys c’est moins facile à attraper que des aliens dans le buffet, parce qu’ils vous font baisser votre pantalon, sans l’enlever, ce qui confère toujours une grande élégance, puis les bras sont ligotés le long du corps avant que vous soyez enfourné dans le tunnel de plastique intelligent qui va dévisager chaque cellule de votre corps dans le blanc des yeux en moins de 45 minutes chrono.
Pour le scanner cérébral, c’est plus rapide, chez moi il y a beaucoup moins de neurones à inspecter que dans le temps, mais le produit qu’ils injectent avant le scan donne des nausées, je me suis fait avoir la première fois, maintenant j’y vais à jeun.  Cette fois-ci, j’ai osé demander auprès des techniciens de l’hôpital pour connaitre mon poids informatique, et contrôler ainsi si j’avais grossi. Ils m’ont dit que ma base de données faisait quand même 40 Gigaoctets. Prochaine étape : insister pour savoir combien est facturée chaque session de tomographie à la Sécu par le centre de cancérologie, et être empli d'une terreur sacrée, qui ne fasse toutefois pas reculer devant le tombeau.
J’étais curieux de la représentation graphique de la base de données de mon petit corps malade en 3D, ils m’ont même remis une image de contrôle du scanner. Mon oncle Olog trouve le résultat très satisfaisant, bien que comme tu le vois, je porte à gauche, mais ça, ça ne date pas d’hier. Encore que dans le temps, j'avais la trompe bien au milieu. 

Un PET scan plus ancien, quasiment pré-bloguien

Blasphémer Ganesh plutôt que risquer de dé-voiler le visage d’Allah, c’est plus prudent, bien qu’avec les suprémacistes hindous actuellement au pouvoir et l'Inde submergée par une deuxième vague ravageuse, on se demande un peu ce qu’ils foutent, tous ces dieux hindous qui semblent se désintéresser de leurs fidèles… à part Kali, qui poursuit son job, quoi qu'il en coûte.
Après avoir vu des images de corps incinérés sur le parking d’un crématorium de New Delhi, je me demande comment font les gens pour continuer à lire du Stephen King. Pour s'évader ? s'évader où ? il n'y a plus d'ailleurs. Il n’y en a jamais eu, en fait. Je pourrais faire un billet néo-dépressif sur ce thème, mais à quoi bon ? c’est pas ça qui me ramènerait Marie-Louise.

- Mélanome !
- Pembrolizumab® ! Echec !
A côté, je me sens chanceux avec mon cancer : chanceux d'avoir été dépisté à temps, chanceux qu’il soit peu étendu, qu’il soit pris en charge à 100%, que le traitement ne soit pas débilitant, et qu’après une entrée douloureuse dans le royaume des cancéreux, mes semblables, mes frères, mes soeurs, aussi, si tu pouvais remettre ta perruque, merci, chanceux que cette grave maladie survienne pendant une période de chômage, de blacklistage et de Prud'hommes qui tardent à émettre leur délibéré en faveur d'un CDI, comme si c'était une machination complotiste pour me faire retourner écrire des bêtises dépitées ici et dans d'autres endroits encore plus secrets, m'enfin grâce à ça je puis gérer mon planning de soins sans trop avoir à jongler avec un agenda professionnel, puisque j'occulte ma maladie à mon employeur, qui sinon me trouverait bien moins sexy comme CDD, bien que comme je l'ai dit je suis aussi blacklisté qu'un mélanome puisse l'être; dans d'autres circonstances, j'aurais certainement couiné ma race que j'étais sans emploi et avec un cancer, et pourquoi pas bipolaire et alcoolique, aussi, pendant que j'y étais ? 
Et ça n'aurait pas été beau à voir.  
Alors que là, non. Et je l'ai dit, j’ai bon espoir d’en être sorti à la fin de l’année. Le cancer me contraint à rédiger des billets optimistes. C'est le monde à l'envers. Plus jamais ça !!
D’ange annonciateur de mort, ma célèbre oncologue Mélanie Mélanome est devenue au fil de nos entretiens une sorte de Sainte Laïque, qui m’absout des mes péchés (en particulier celui qui m'a mené chez elle : m’être mis au soleil pendant 40 ans au mépris de toute crème solaire) au fur et à mesure que recule pour moi l’échéance fatale jusqu’au-delà de l'horizon de l’improbable, bien que personne ne soit encore jamais mort, et que je peux tout à fait périr d'autre chose dès ce soir, ou alors mi-juin d'une thrombose lors de ma seconde injection d'Astra Zeneca, ce qui ne manquerait pas de piquant, tandis que son quotidien à elle reste solidement rythmé par des annonces de mauvaises nouvelles à faire à des patients moins chanceux que moi. 
J'aurais bien aimé qu'elle me fasse une ordonnance pour acheter du ouiski sans alcool à la pharmacie, en prévision de la murge de déconfinement que Napoléon IV ne va pas tarder à promulguer, parce que avec mon cancer, dans d’autre pays j’aurais déjà eu droit à des pétards sans tabac, alors faut pas déconner, mais je n'ai rien pu lui dire, à ma Sainte Métastase, elle n'aurait rien répondu, et m’aurait regardé avec son sourire triste et masqué. Alors j'ai préféré me taire, parce que j'ai les mêmes à la maison, et que je n'ose pas leur faire des blagues comme ça non plus.
Question de tenir la route ou la brouette, pour contrer les effets invalidants du traitement, qui se manifestent par de la fatigue et des courbatures diffuses et permanentes, j'ai décidé de vivre comme si je n'étais pas malade, pas comme un putain de poutine de négationniste, mais que la maladie se rappellerait à moi bien assez tôt, et du coup je n'entretiens plus le besoin compulsif d’y penser. (A part le fait d'écrire sur mes blogs, où je décèle toujours une dimension de comorbidité, mais ça datait de bien avant le mélanome, et j'ai quand même bien ralenti mon débloggage, en fréquence et en intensité.) J’ai remarqué qu'au bout de deux heures d’efforts des bras, des jambes et des reins, je n’ai plus de jus dans les membres, j’ai brûlé mon gasoil pour la journée, et qu'il est alors temps d’aller faire autre chose, voire de m’allonger avec un bouquin. Du coup, je m’astreins chaque jour à pratiquer ces 2 heures d’activité physique ! et le potager n'a jamais été aussi propre; quand j’étais bien portant, je n’en faisais pas autant.
Et il est clair que plus j'ai d'activité, moins je subis les courbatures. J'ignore si j'en ai moins, mais je les ressens moins, un peu comme avec les acouphènes dont l'intensité subie diminue quand on apprend à ne plus les écouter (ce qui les renforce quasi-mécaniquement) et à dissocier la gène du percept.

C'est loin du chef d'oeuvre annoncé
par télérama, babelio et sens critique.
Et ce n’est pas la maladie, mais le traitement, qui m’affaiblit. Apparemment, on ne booste pas impunément le système immunitaire sans fatiguer son hôte. Et si ça se trouve, c’est même pas le traitement, qui a bon dos, c’est la vieillerie. Mais je ne le saurai qu'après avoir cessé le traitement.
C'est comme ça que suis parti jouer de la débroussailleuse à Albi, chez mémé Rimpoché, après avoir sérieusement potassé la notion de motif impérieux au sens juridique du terme car le long du parcours de 650 km, le danger le plus périlleux n'était pas d’ingérer une salade aux germes dans une station d’autoroute aux restaurants fermés, mais plutôt d’affronter les redoutables Sphynx en goguette de la maréchaussée en ayant coché la bonne case dérogatoire et développé le bon argumentaire.
A 93 ans, et vivant seule chez elle, ma belle-mère se réjouit difficilement d’écouter ses vieux Pink Floyd à fond la caisse toute la sainte journée. 
Et elle ne m’a toujours divulgué aucun mantra secret sur la pratique de Longévité. Pourtant, il serait temps !
Elle reste tout aussi discrète sur le mantra encore plus secret qui lui permet de continuer à survivre à une existence d’une grande aridité entre nos visites, pour ne pas dire une vie de merde, et je lui en sais gré.
C’est peut-être ça, le Grand Secret : attendre et reporter la plainte jusqu’à la tombe. 
Dans le caveau, personne ne vous entend couiner. En attendant, on passe de bons moments ensemble. J’ai passé la semaine à débroussailler et délierrer son jardin. Y'a 2500 m2, y'avait de quoi jouer, y s’agit pas d’effleurer les racines, un pote local m’avait prêté une débroussailleuse, et hardi petit. On y a passé quelques jours loin de chez nous, ça fait du bien. Les gosses ont gardé la maison et le nouveau chat. J'avais emporté mon petit banc de méditation : la difficulté, c’est juste de s’asseoir et de faire croire à la viande qu’elle peut s’identifier à l’esprit. Même 25 minutes par jour, c’est affreusement compliqué tellement ça serait trop simple. Tout le mois de janvier j'y étais, mais là j'ai du mal à m'y remettre (sic). J'en conclus aisément que même si je n'ai pas connu de vortex dépressionnaire depuis l'invention du lithium, en 2015 en ce qui me consterne, je reste le variant breton.  Ma prison n’a qu’un seul barreau, et il fait 27 pouces. Mais je cesse de tourner autour quand je veux. En principe. Quand je fournis l'effort, en tout cas. Et le scanner du cerveau de l'autre jour a quand même révélé que l'énorme tumeur, évoquant à s'y méprendre une bite en érection et qu'ils avaient diagnostiquée inopérable lors du précédent contrôle, est apparemment en voie de résorption.
Ce qui confirme mes progrès dans l’intention de pratiquer le bouddhisme.
Et contrairement à ce que j’annonçais dans le précédent épisode de Loukoum et Tagada, je ne me suis pas lancé à corps perdu ou retrouvé dans le Qi Gong pour Stimuler Mon Systême Immunitaire.
Une amie qui en faisait depuis 30 ans a attrapé un cancer du sein. Ca m'a tout coupé, bien que ça soit une excuse un peu facile, je n'en disconviens pas. Peut-être que grâce à la pratique du Qi Gong, où elle doit être un peu plus assidue que moi avec la méditation, elle a évité tout un tas d'autres maladies.
 « La pratique du Qi Gong a aussi mené quelques amis à des maladies ou à la mort, comment savoir ce qui est souhaitable ? Comment savoir si c’est un échec ou un succès ? »
- Tu ne peux pas dire ça. Enfin, je crois que c’est pas ça que tu voulais dire. Le Qi Gong n’est pas cancérigène. En principe. Tu peux dire « la trajectoire de certains amis impliqués dans la pratique du Qi Gong a été impacté par des maladies à métastases, sans permettre leur rétablissement ».
comment savoir ce qui est souhaitable ?
- « souhaitable » du point de vue de qui, c’est là la question. Quand le cancer triomphe, l’individu hôte meurt. En principe. Le souhait d'épanouissement de la maladie signe sa fin. Le cancer semble alors aussi concon que le scorpion qui était monté sur le dos de la grenouille pour traverser la rivière et qui la pique à mi-parcours, prétextant que c’est dans sa nature. Comment la nature pourrait-elle être porteuse de mort et d’extinction ? si  nous cessions de l’anthropomorphiser, on aurait une chance de le voir. Du point de vue du patient, certains cancers (le plus célèbre restant Fritz Zorn) témoignent d’un désir de mort.
Comment savoir si c’est un échec ou un succès ?
- du point de vue du patient atteint du cancer, que désire-t-il vraiment ? et puis j’ai tellement tronçonné tes trois lignes que je ne vois plus que tu parles de l’effet du Qi Gong sur le cancer. 
Je pense que certains cancers aussi invasifs que dopés aux stéroïdes se moquent bien de pratiques énergétiques. Il n’y a pas d’études sur le sujet.

J'avais en mémoire que "es tut mir leid" c'était "ça me fait de la peine", 

mais mon fils m'a dit que c'est plutôt "je suis désolé"

j'ignore si "es tut mir leid für dich" est plus correct, 

ou si c'est de l'allemand petit nègre.

Même si l'expression "petit nègre" est sans doute

désormais interdite par les ligues de vertu.

Es tut mir leid au Q.

Mon amie malchanceuse, je l’ai baptisée « Miss Tutmirleid ». Ca ne fait rire que moi, et son mari, qui lui a collé un badge, et qui ne parle pas très bien allemand. Je lui fais des tartines d'exposés oncologiques, on se marre bien. Il ne faut pas s’acharner thérapeutiquement à faire rire les cancéreux trop fort, sinon les métastases se dispersent dans tout l’organisme, au gré des secousses provoquées par la rigolade. 
Ce qui est cool, par contre, c’est que les cancéreux ont le droit de faire des vannes sur le cancer comme seuls les Juifs ont le droit de faire des blagues sur les juifs Palestiniens.
Chanson découverte trois mois avant d'apprendre que j'avais un crabe, qui ne m'a pas moins fait rire ensuite. Mauvais esprit, mais assez bien faite, malgré quelques facilités d'écritures (je suppute//qui rime avec femmes de petite vertu)

Sinon, cette semaine on a fait la sépulture d’un pépé punk-farceur de nos connaissances, dont tout le monde pensait que c’était le cancer qui avait eu sa peau, et ils se sont rendus compte presque après-coup qu’il avait succombé au Covid, personne ne s’en est aperçu avant qu’il soit trop tard et le mystère reste entier sur le vecteur de transmission, personne autour de lui n’était atteint.
Et en plus, il avait reçu les 2 piqûres de vaccin Pfizer.
Heureusement que je suis pas Francis Lalanne, je l'aurais mal pris.
Sinon, ça va.

Y'a pas un mec des X-Men qui a le même bob, Bob ?
A part qu’avec mon cancer de la peau, je suis maintenant contraint de faire du jardin et de l'ordinateur avec un chapeau à la con, et ne plus m'exposer au soleil never again quand l'indice UV dépasse 1.
Ce sont des petites misères, par rapport à ce que ça pourrait être.
Et pour pouvoir relancer la saison de jogging, à laquelle la chirurgie, le confinement et le chocolat à l'orange ont porté des coups difficiles à parer, je teste depuis deux semaines un régime dont je parle depuis des années, en remplaçant le repas du soir par un fruit, un yaourt. Les oncologues proscrivent les jeûnes pour les malades du cancer, ils ont bien raison, mais un régime comme ça, Mélanie n'a rien dit, ce qui me freinait dans l’application de cette méthode c’était surtout la crainte de fâcher Jeannette et sa politique des bons petits plats quoi qu’il en coûte, là avec mon statut (mon cancer de Schrödinger, même) je jouis d’une certaine immunité diplomatique, concernant l'alimentation je fais un peu ce que je veux, bref y’a cabane. Profitons-en : le corps vit très bien avec un seul repas par jour. Le mien, en tout cas. En deux semaines, j'ai déjà perdu 3 kgs. En conservant ce rythme, dans moins d'un an j'aurai totalement disparu.

[EDIT]

Raoul Cauvin, le vénérable scénariste (82 ans) des 65 tomes à ce jour des aventures des Tuniques bleues (dans Spirou) n’a pas eu besoin d’un roman fleuve pour annoncer, même pas dans un article mais dans les commentaires de son blog, qu’il arrêtait de travailler, pour des raisons impérieuses :
« Il doit détruire pour survivre » :
Enfin le biopic du mélanome Mélenchon
"Disons simplement que je m'apprête bientôt à rejoindre les grands parents de Greg et Leslie (des lecteurs du journal qui venaient de perdre leur grand mère). L'oncologue est formel. Encore quelque mois à vivre avant d'aller, là-haut, rejoindre tous ceux qui m'ont précédé. Fallait bien que ça m'arrive aussi un jour. Contrairement à certains, je n'ai pas voulu partir cash, créer la surprise... J'ai préféré prendre un peu de temps pour vous avertir. Voilà qui est fait... J'espère m'en être bien tiré... Bien à vous et, tant que je peux encore le faire...vous dire... A+ »

 Une grande leçon de sobriété, donc, à l'intention du public restreint des amateurs de chroniques d'auto-nécrologie. De toute façon, c'est pas un concours de vitesse. On vient tous du même endroit, on va tous au même endroit. Le premier arrivé attend les autres. En principe. Moi, plus je vois mon oncologue, moins elle est formelle; j’aimerais bien voir le bas de son visage, un jour. J’ai pas l’impression qu’elle ressemble à Alien.


[EDIT_2]

 "Du coup, je m’astreins chaque jour à pratiquer ces 2 heures d’activité physique ! et le potager n'a jamais été aussi propre; quand j’étais bien portant, je n’en faisais pas autant." La peste soit des blogs : depuis que j'ai écrit ça, je me retrouve à nouveau très fatigué depuis la semaine dernière, juste bon à regarder des vieux films à la téloche, lire des Christopher Priest très adjaçents, et écouter des Steve Roach quand les enfants dorment. Je ferais mieux d'utiliser mon clavier à autre chose qu'à fabuler.


(Loukoum et Tagada® sont une création John et Jeannette Warsen®)