mercredi 27 janvier 2021

Entre ici, John Warsen, avec ton terrible cortège

Xavier Gorce, "Sans titre", in Le Monde, 2006
Puisqu'il nous faut désormais apprendre à vivre dans un Monde dénué de tout pingouinou de Xavier Gorce et commencer le douloureux travail de deuil, comme évoqué dans le précédent billet présenté de façon anté-chronologique sur ce support, comme dans le Tenet de Nolan, mais en moins obstrus, voici mon éloge funèbre tel qu'il fut prononcé par le président du gRRR (groupe de Réalité Réelle Ratée) dès le mois de mars 2011, alors que je n'avais même pas commencé à mimer les prémices de l'auto-combustion, pour nous habituer à l'idée qu'un jour John Warsen va lui aussi disparaitre, attendu que c'était moi mais que je suis de moins en moins lui, surtout si on m'enlève les dessins de Xavier Gorce pour m'épauler et m'inspirer mes harangues sourdes, et en plus je dois organiser ma disparition tout seul vu que Warsen n'a pas accès aux réseaux sociaux pour assister à son lynchage médiatique à l'arbre de Douleur du Gritche avec les boyaux de Nolan (arbre du Gritche qui vient lui aussi du futur comme dans le Tenet de Fienkielkraut), et que son Minitel met beaucoup trop de temps à afficher les insultes de ses rares correspondants. 
Objet: Projet de discours pour le rapatriement des cendres de Jean-Patrick Capdevielle au Panthéon (pour avis)

La nature a doté John Warsen de tous les appendices nécessaires à l’accomplissement des fonctions les plus courantes : locomotion, nutrition, reproduction, expression. Et puis, dans un accès de générosité à faire pâlir d’envie un french-doctor embourbé dans les sables du désert avec son ONG caritative, la nature a doté John Warsen d’un sens critique énooorme ! Tellement énorme, que John Warsen est condamné à ne jamais coïncider avec lui-même. Trop de distance critique. Un fossé impossible à combler.
Xavier Gorce, "Sans titre", in Le Monde, 2006
C’est là la source de son talent, qui irrigue son humour caustique, parfois à la limite du cynisme, mais toujours fin et souvent très drôle. C’est aussi l’origine de ce doute indissoluble, de son incapacité à croire en son propre talent, de sa méfiance envers les critiques positives. Ce trait de caractère le rend incontestablement plus fréquentable que la grande masse des vidéastes. Je pense bien sur aux obscurs qui se vengent de leur anonymat en vous infligeant à la première occasion, avec une cruauté sans faiblesse, toute la séance de leurs dernières vacances, sans aucun échappatoire. Mais je pense aussi à ces vedettes de l’art contemporain de maintenant, qui étirent sur 24 heures une boucle de 3 mn, déjà parfaitement insipide dans son format original et qui exposent à grand frais ces déjections de sens dans les plus grandes institutions ou tout un parterre d’obligés, usurpant le titre de critique, se confondent  en louanges et roucoulement apologétiques.
Rien de tel donc, dans le monde de John Warsen. Car cette fichue distance critique ne le quitte jamais. Un temps il essaya de la noyer au fond de la bouteille. Grande découverte : ça ne marche pas. Lui, maintenant, en a fait l’expérience, utile sans doute, douloureuse surement, et le voilà revenu à des méthodes plus douces : quête de la sérénité, recherche du sens, responsabilité assumée. Pour moins que ça, d’autres ont versé dans l’amertume.
John Constantine - Hellblazer 003 (2020)
Simon Spurrier/ Aaron Campbell
Cioran écrit dans ses syllogismes “Toutes nos rancunes viennent de ce que, resté en dessous de nous mêmes, nous n’avons pu nous rejoindre. Cela, nous ne le pardonnerons jamais aux autres”. John Warsen lui, fait des vidéos et des bonnes. Mais chut, ne lui en dites rien, il pourrait mal le prendre. Enfin une bonne nouvelle en ce dimanche de merde : je suis nommé officiellement Président du Fan Club de John Warsen ! J’en conçois sincèrement une certaine fierté. Peut-être vais-je faire figurer ce titre sur ma carte de visite juste au dessus de ma qualité de Membre du Comité pour le Rapatriement des Cendres de Jean-Patrick Capdevielle au Panthéon. (Je prépare déjà le discours : “Entre ici, Jean-Patrick, avec ton funeste cortège ...”)
 
Xavier Gorce, "Sans titre", in Le Monde, 2006
Ce Dimanche donc, je me levai de bonne heure (plagiat minable de Proust). Je voulais voir une bande de frappés exilés pour des motifs injustifiables au fin fond de la Malaisie tourner en rond pendant des heures sur un circuit avec des motos inconduisibles qui ressemblent a des suppositoires géants. Tout avait bien commencé. Je m’assoupissais gentiment devant la dernière course quand un des frappés tombe, s’accroche à sa moto comme Noé à son arche, traverse toute la piste, le suppositoire fiché entre les fesses et se fait rouler dessus jusqu’à ce que mort s’en suive. Belle entrée en matière pour un dimanche matin. 
 
Après, je suis allé manger chez mes parents. Je voulais faire une bonne action. Tiens, comment résister à la tentation de citer encore Cioran  : “Quand vous subissez la tentation du Bien, allez au marché, choisissez une vieille, la plus déshéritée et marchez-lui sur les pieds. Sa verve excitée, vous la regarderez sans lui répondre, pour qu’elle puisse, grâce au frisson que donne l’abus de l’adjectif, connaitre enfin un moment d’auréole”. Evidemment, la soupe sauce Alzheimer passe mal. Alors tu penses bien qu’en rentrant, j’ai regardé ta vidéo avec la reconnaissance de la victime pour l’antidote qui va la soustraire aux conséquences du venin. Encore un dimanche ou les scorpions n’auront pas eu ma peau. 
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Xavier Gorce, "Sans titre", in Le Monde, 2006
Comme les faits remontent à dix ans, et que ma mémoire de silicium n'est plus ce qu'elle était, sans parler de ma cyber-fougue, je ne vois pas du tout de quelle vidéo il parlait, je m'étonne même du fait d'avoir jadis posté des vidéos qui prétendaient soi-disant dire quelque chose.
Je ne prétends plus rien. Quel soulagement. Mais je me retiens de prétendre que je ne prétends plus rien, sinon je me doute bien que ça va encore poser problème. Merci pour ce moment d'auto-promotion douloureuse. Vous aussi, faites réaliser votre éloge funèbre par le président du gRRR. On n'est jamais trop prévoyant en cette matière. Ecrivez-moi, je vous transmettrai ses coordonnées. Devis gratuit, travail soigné. Retour garanti de l'être aimé au funérarium.



samedi 23 janvier 2021

Entre ici, Xavier Gorce, avec ton terrible cortège

L'affaire est résumée ici :
https://www.francetvinfo.fr/societe/harcelement-sexuel/affaire-olivier-duhamel/inceste-la-polemique-autour-du-dessin-de-xavier-gorce-publie-par-le-monde-en-5-actes_4266539.html
Xavier Gorce prétend avoir voulu se moquer des propos tenus par Alain Finkielkraut.
Elle est là, l'erreur.
Il ne faut jamais prendre Finkielkraut comme support de blague.
De quoi Finkielkraut est-il le nom ?
de blagues foirées, irrémédiablement.
Même le mec qui avait monté un blog musical cryptobarré Finkielkrautrock a plié sa boutique il y a de nombreuses lunes.
Et que dire des gens qui ont prétendu croire que ce dessin s'attaquait aux victimes d'inceste ou aux personnes transgenres ? d'aller se faire enculer tripoter par leur beau-père dans l'espoir que ça leur débouche les chakras de l'entendement ? ce serait un peu court, et ça apporterait de l'eau à leur moulin.
Et que dire du Monde, qui s'est confondu en excuses devant le choeur des vierges outragées ?
les bras m'en tombent.

vendredi 22 janvier 2021

Croire au Linky ou pas

Les changeurs de compteurs
(formerly known as les voleurs de couleurs)
prêts à commettre un de leurs odieux forfaits
Enedis lance une énième campagne de terrorisme intellectuel pour me faire changer mon compteur électrique au profit du nouveau Linky. 
Si je persiste à refuser de laisser entrer chez moi les changeurs de compteurs, comme je le fais en un douloureux cyber-combat à coups de molles lettres recommandées au maire de ma commune depuis plus de 3 ans, il m'en coûtera désormais 90 € par relevé de consommation, deux fois par an. Comme je ne roule pas sur l'or depuis le début de la pandémie, j'ai décidé de faire le tri dans mes connaissances, et de croire ce que j'en lirais dans 60 millions de consommateurs, revue que je ne peux suspecter d'aller à l'encontre de mes intérêts de consommateur-citoyen.
Parmi les torrents d'information militante et exacerbée que j'avais pu capter sur le sujet, les inquiétudes sanitaires suscitées par l'utilisation de courant porteur en ligne étaient inextricablement soudées à l'arc avec des réserves portant sur le traitement commercial de mes données par ErDF. En gros, mon bureau risquait d'être empli d’ondes maléfiques transmises par  CPL, dont les dangers avaient été intelligemment rendus inintelligibles par les conspirationnistes anti-Linky, le compteur intelligent d’ErDF qui cafarde en temps réel au Central Scrutinizer le fait que vous faites une lessive à trois heures du matin en écoutant Wagner - sauf si votre électrophone fonctionne sur piles au lithium, ce qui vous rend intraçable, la machine à laver à piles n'ayant pas encore été inventée) et ensuite ErDF revend cette information assurément juteuse à des industriels aux abois depuis que la pandémie et les cris d'orfraie des effondrologues nous ont placés sur la voie de la décrouassance.
Suite à l'avalanche de fausses nouvelles sur le monde libre depuis le début du rêgne de Trump 1er, qui s'est heureusement achevé ces jours-ci, j'avais développé une forme d'allergie aux harangues vengeresses et à l'hystérie connective.
Je me suis donc rendu en caméra cachée sur un récent numéro de la revue vigilante.
Si tu veux en savoir plus, clique sur les images, n'aie pas peur, ce n'est pas sale.





(source : 60 Millions de Consommateurs Octobre 2020)

Dans le numéro d'octobre, il y a aussi un article détaillé sur "les risques d'ingérence dans la vie privée" du compteur intelligent (l'oxymore à la con). Je ne le mets pas là, parce qu'après les articles sont trop longs, et mes usagers se plaignent. Mais je puis vous affirmer que suite à cette lecture, tous mes doutes ont été levés, j'ai décidé qu'ErDF avait mené sa communication comme une patate, et n'avait ensuite fait qu'envenimer les choses, et j'ai appelé Enedis pour prendre rendez-vous pour le changement de compteur.
A l'heure H du jour J, un technicien affable se présenta à la grille du parc, j'avais prévu de bouiner dans la buanderie pas trop loin de lui, je préparais un chantier de rénovation d'un appartement qu'avait légèrement dégradé un membre de ma famille et il fallait le rafraichir avant de le restituer à ses légitimes propriétaires, et j'avais du rangement à faire dans le garage, comme à chaque fois que je prends conscience de l'état du garage. J'avais aussi prévu de poser quelques questions innocentes à mon avenant sous-traitant d'Enedis, portant sur les risques d'incendie, les problèmes avec les heures creuses et l'exploitation des données, tout ce que j'avais pu lever comme lièvres dans ma culture jusqu'à très récemment anti-Linky, sans pouvoir en affirmer quoi que ce soit par un témoignage de première main.
Le technicien m'a fait sourire d'entrée, m'affirmant qu'il était contre les compteurs Linky, mais il fallait bien qu'il mange; ce n'était pas une question de nocivité, les risques d'incendie étaient avérés en 2017 lors de la première génération d'appareils, mais avaient été résolus depuis, par contre ces compteurs n'avaient aucune utilité concevable pour les utilisateurs équipés de compteurs en parfait état de marche dont rien ne justifiait la substitution. 
Enedis faisait passer sa révolution numérique en force avec un chantage pécuniaire : de 90 €, le relevé de compteur serait progressivement facturé 120, puis 150 €, jusqu'à ce que tout le monde ait rendu les armes devant le coût prohibitif du relevé. 
L'avantage du Linky pour l'exploitant était double : gagner de l'argent en éliminant la phase "collecte manuelle des index" par des techniciens, logement par logement, et les statistiques bâties à partir des  consommations fines relevées en temps réel par des compteurs intelligents et surtout très bavards, de vraies pipelettes numériques, permettrait de mieux prévoir les besoins en production d'énergie, et ne pas ralllumer une centrale nucléaire pour rien, par exemple, je suppose; ce dernier point me semble aller dans le bon sens pour la planète, je n'ai pas l'impression d'avoir baissé mon froc devant les forces de l'oppression numérique, juste d'avoir cessé de suivre un combat d'arrière-garde mené par des obscurantistes, et depuis 3 semaines au moins que j'ai mon Linky qui luit faiblement dans le garage, je n'ai aucun incident à signaler.