Du temps où les Inrockuptibles étaient une revue à dos carré intelligente et esthético-élitiste qui faisait découvrir à quelques privilégiés transis de plaisir des groupes inconnus et indispensables par le biais de compilations réservées aux abonnés et envoyées trimestriellement sous pli discret, certains disques pouvaient nous frapper durablement par leur hargne, leur délicatesse, la pureté de leur inspiration ou leur implacable beauté formelle, et notre pouvoir d’achat avait parfois du mal à suivre… 20 ans plus tard, on trouve tous ces incunables sur le réseau pire-tout-pire, et il sont toujours fréquentables, mais franchement, qui a besoin d’un énième Springsteen sous Prozac ou d’un nouveau Portishead ?
Y’a pas à chier, tout ça c’est la manifestation d’attachements périmés, dits névrotiques, dont on ne sortira que par une longue ascèse, menée dans le courant de l’existence, pour tarir à leur source les perturbations et même les simples distractions du mental, comme disait Arnaud des Jardins dans Rustica, puisqu’on en est resté/revenu là. Seule stratégie susceptible de récupérer l’énergie investie dans ces attachements présents dits normaux (mais on a vu qu’ils n’étaient pas très investis chez moi, et pour cause, on peut pas être au four et au moulin) ou périmés dits névrotiques (cf les 150 derniers posts) et de la mettre ailleurs. Là où j’en ai besoin, par exemple. Loin de cette nonchalance trafiquée pour bluffer l’angoisse de la lumière qui descend, je veux dire que j’ai la vue qui baisse, et ce n’est pas une métaphore, c’est physiologique, alors que je pensais que cette conséquence de l’âge du cristallin me serait épargnée (ne faisais-je pas partie des élus, bien qu’il y ait eu ballotage ?) et que ça n’arriverait jamais à un type comme moi, surtout sur ce blog où je me rêve à l’abri des conséquences de mes non-actes.
Idem pour le forum des z’Orroziens, où je déploie tout l’arsenal fourbi et rutilant de mon cyber-activisme pour dénoncer les ravages de l’addiction au porno. Tu parles. Le fait de me confronter avec mon “problème de téléchargement” me signale encore une fois si nécessaire qu’en matière d’addiction, quelle que soit la nature et la toxicité du produit, en l’occurence minime, c’est ma relation à lui, et partant le comportement (la compulsion) qui est altéré, et c’est cela qui est à voir d’abord puis à rectifier, plutôt que de loucher sur le produit, l’impossibilité à vivre avec et les difficultés à faire sans, etc… et il n’y a pas moyen de faire de petits arrangements avec le mal absolu sans être fortement amoindri sinon dans son essence, du moins dans son existence. Nous ne le rencontrons jamais, le mal absolu (à qui je refuse la majuscule) il nous est toujours relatif, n’empèche que en définitive c’est ça qui nous bouffe, des trucs non résolus et des yaourts périmés qui refont surface pour qu’on les résolve… mais il est difficile de sortir de ses rails sans pour autant dérailler, alors on pare au plus pressé, et ça repart pour un tour. Sans compter le fait que si je jongle de l’une à l’autre et me sers de mes addictions pour justifier mon immaturité, je risque pas trouver la sortie tout de suite ! il faut donc bien commencer par renoncer au symptôme (retrouver la phrase de Eckart Tolle qui parle des occidentaux attachés à leur vernis de culture et ne vivant que par lui, wouarf wouarf)
Inutile donc de persister à diaboliser mon avidité (“Perseverare Diabolicum” disaient les Romains qui n’étaient pas si fous) pour le moment. Ironiser sur ma petite psychopathologie du téléchargement ne fera que ricaner le démon éponyme, s’il existe. C’est d’en avoir croisé en rêve qui me les a rendus sensibles, les démons. Pour les anges, je crois que je ne suis pas équipé pour recevoir certains types de fréquences, ce qui n’est pas une raison pour se lamenter du handicap - assez commun chez les dépressifs - au lieu de rechercher comment combler cette carence en sels minéraux autrement qu’en écoutant les 48 albums de Steve Roach déjà stockés, et en lorgnant sur le 49ème, qui n’est toujours pas disponible en shopdropping1 , sans parler du fait qu’en ce qui concerne les 48 précédents, chacun représente selon mes proches l’archétype du disque idéal pour faire fuir vos amis en fin de soirée, et que j’en viens même à me demander si la musique n’est pas aussi un moyen pervers de marquer son territoire, de signaler à l’autre qu’il est dans votre univers, et qu’il n’y est pas forcément le bienvenu. Oups, j’ai bien fait de dire qu’il fallait que j’arrête de voir le mal partout.
(1) tendance culturelle véhiculée sur la Toile qui consiste à déposer gratuitement un objet à la sauvette dans un rayon d’un grand magasin, soit l’inverse du “shoplifting” (vol dans les magasins)
En plus de toutes les misères susdites, j’ai découvert qu’avant de me connaitre, mon chat avait posé pour des photos de charme. Je suis consterné de ma crédulité.
Commentaires
Elle marche pô ton adresse “johnarobazouanadoo”; c’est con je t’avais enoyé une vraie bafouille qu’est jamais partie; j’me vengerai !
Rédigé par: muddy | le 01 février 2008 à 19:55|
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