Une contribution tardive au buzz du mois passé. Toute ressemblance avec une Martine existante serait suspecte.
De loin, par temps de brouillard, ça ressemblerait presque aux détournements - autrement dérangeants en leur temps - du situationnisme, bien qu’on soit plus ici proche de la régression que de la transgression. Il ne s’agirait pas de pisser sur son enfance pour venir ensuite se plaindre que son enfance sent l’urine. Par association de couleurs, j’ai trouvé un numéro du Monde tout jauni sous la table basse, dans lequel François George, qui dans les années 1970 était « le jeune homme » de la famille sartrienne, n’en revient pas que Guy Debord, qui avait si peu d’idées, soit devenu un maître à penser. « L’époque était surréalisée, alcoolisée, révolutionnaire. Il lui fallait un André Breton alcoolique, révolutionnaire et tout à fait barjot. » C’est là qu’on voit la différence avec La Vie des Maitres : qu’un inconnu dont les lettres de créance semblent valides - sa jeune gloire était d’avoir écrit, à dix-sept ans, un livre situationniste contre Dieu et d’avoir rompu avec Guy Debord - taille un costard aux startelettes de l’intelligentsia qu’il a cotoyé de près dans sa jeunesse - et le brouillard doré qui nimbait l’intransigeant intello se dissipe, laissant voir l’os du menton sous la sciure.
Le fameux détournement situationniste que Debord a eu tort de voir comme “le langage fluide de l’anti-idéologie” est devenu l’opération la plus convenue et la plus rassurante qui soit puisque c’est la technique même du discours publicitaire. Son lointain rejeton Mozinor promeut encore l’original mais tous les effets de l’emploi du détournement que les situationnistes avaient anticipé ont été retournés, neutralisés par l’adversaire. Il leur est arrivé ce qu’ils avaient reproché aux surréalistes : après Mai 1968, le détournement comme technique a été intégré aux pratiques publicitaires. Damned, encore raté ! ce qui ne dispense pas de vitupérer avec François Georges contre la société contemporaine: « Les services, les services, ils n’ont que ce mot à la bouche. Le travail, le travail, alors qu’il en faut moitié moins qu’avant pour produire des objets de consommation d’ailleurs inutiles. Au lieu d’inventer la société du temps libre, du temps créatif. » Sans oublier que s’ils ne sont peuplés de rêves, les loisirs anéantissent ceux qui les consacrent à des futilités, à s’imaginer des frustrations, à s’aigrir en cultivant des revendications incongrues etc… Ah là là c’est compliqué la vie.
Cyberdépendance virtuelle, auto-addiction, rédemption de l’objet fascinatoire, progrès dans l’intention de pratiquer le bouddhisme.
dimanche 2 décembre 2007
Martine sniffe de la coke avec son didgeridoo, mais la transgression reste impossible
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J’allais te dire qu’il paraissait nécessaire de mentionner : “toute ressemblance avec une Martine existante est purement forfuite” mais je vois que tu l’as déjà fait… en plus sinueux.
Rédigé par: Dado | le 05 décembre 2007 à 01:03|c’est d’autant plus sinueux que ma femme porte le même prénom… et que quand je lui prends la quiche, je prends bien garde de ne pas mentionner le bouddhisme, pour lequel il est inutile de rappeler que je ne suis pas toujours une publicité vivante, parce qu’elle me répondrait que ça ne me sert manifestement à rien de fréquenter des gens dans mon genre… d’ailleurs, j’ai évité de poster ça sur Baker Street, j’ai la décence de me trolliser moi-même, môssieur Astérix
Rédigé par: john | le 05 décembre 2007 à 10:17|Comme un nerf de ressemblance…
“Vampirisée des passages souterrains”!!
En vide parler te laisse te lier ou pas à pas..
Rédigé par: Somagnetik... | le 09 décembre 2007 à 01:10|ça me fait penser à un ami qui pratique beaucoup, récemment il parlait de bouddhisme à sa femme, elle lui a répondu qu’elle savait parfaitement tout ça, mais que lui manifestement, ça ne lui servait à rien puisqu’il ne le mettait pas en application. Le pauvre… (tout ça pour rassurer john que s’il passait ses journées à pratiquer, sa femme continuerait sans doute à lui tenir le même discours).
Rédigé par: flopinette | le 09 décembre 2007 à 15:48|non, ça serait pire : j’aurais alors une obligation de résultats…. et gare alors si mon humeur reste égotique après les prosternes !
Rédigé par: johnwarsen | le 10 décembre 2007 à 10:53| sur l’obligation de résultats, l’orthophoniste de mon fils vient de lâcher à sa mère, non pas un couteau à huitres, mais l’idée que s’il ne travaille pas au collège, c’est parce qu’ayant perdu toute confiance en lui (suite à une rencontre épouvantable avec un instituteur de CM2 très pervers qui l’a massacré parce qu’il ne rentrait pas dans les cases de l’Educ.Nat.) il a peur que s’il se mettait à bosser il puisse échouer (alors que pour l’instant le résultat est identique mais subjectivement il se sent libéré de cette responsabilité en n’essayant même pas de s’y mettre)…heu… c’était pour déconner, chérie, lâche ce couteau à huitres !!!