J’ai trop recopié de conneries sur mon blog hier, et c’est pas parti pour s’arranger aujourd’hui, du coup je ne me souviens pas de mon rève de cette nuit, juste de son sens global, comme si j’en lisais la critique dans Télérama : j’y obtenais la preuve irréfutable que les Fatals Picards étaient bien un groupe de connards de droite, alors qu’ils font tout pour passer pour des connards de gauche; c’est ma femme qui m’a mis la puce à l’oreille en les taxant de réactionnaires à la première écoute (faut dire qu’elle dispose de La Vue ) et en les prenant immédiatement en grippe. Si je fais des rèves qui accréditent son opinion, est-ce que ça signifie que je suis plus amoureux qu’il n’y parait ? Pourtant, leur chanson sur Bernard Lavilliers est rudement bath dans le genre méchanceté gratuite à bout portant sur une ambulance. Font et Val avaient eu la décence de taquiner Nanard quand il était encore en état de se défendre, avant que son côté Corto Maltese subisse tous ces glissements de terrain… Inextricabilité des opinions, proliférant sur le terreau des “impressions” sédimentées (mais pas assez longtemps pour qu‘elles soient transformées en hydrocarbures.)
Trouvé sans chercher hier soir une mignonnette de 3cc de whisky Clan Campbell (“bienvenue sur les terres du”) dans le placard de la chambre de mon fils, qui accomplit actuellement son stage de 3eme en entreprise à remplir les minibars des clients d’un Novotel. Le pauvre, il ne peut rien transgresser sans qu’on soit tout de suite au courant, n’ayant aucune aptitude à la dissimulation. Sans colère, je lui ai interdit de boire de l’alcool dans sa chambre et de boire tout seul, m’avisant ensuite qu’il pouvait prendre cela pour une invitation à picoler au collège avec ses potes; ce matin, en amenant ma femme à la gare, j’entendais à la radio les pouvoirs publics s’émouvoir d’une alcoolisation de plus en plus précoce des jeunes, au lycée voire au collège, ils citaient le cas d’un gamin qui s’était descendu un litre de vin blanc avant d’aller tout dégueuler en cours de français et concluaient au “cri d’alarme” de ce jeune. C’est vrai qu’avec des trublions comme ça, la viticulture est mal barrée. Le proviseur du lycée estimait que si l’Education Nationale était ainsi empéchée de remplir sa mission, du fait que les élèves n’étaient pas en état d’apprendre, il était urgent de botter en touche vers les parents. Et un psychiatre sortait son “addiction”, le gros mot qui dit tout et qui ne résoud rien, que je me garde évidemment d’employer face à ce qui n’est pour l’instant que des conneries d’ado et qui ne demande qu’à le rester, en tout cas l‘avenir nous le dira.
Ensuite j’ai amené mon chat se faire castrer chez le véto, parce qu’il met de telles branlées à sa mère que c’est pas pensable. Solidarité masculine oblige, c’est une décision que j’ai actée avec difficulté (j’ai fait grief à un journaliste la semaine dernière d’utiliser ce verbe affreux, mais c’est vrai qu’il est bien pratique) on verra si ça lui dégage les bronches. L’assistante du vétérinaire m’a dit que je n’étais pas seul dans ce cas, et a manifesté tant d’empathie que je me suis senti obligé de la faire sourire vu qu’il n’était que 7 heures du matin, et que me revenait mal à propos cette blague de paysan « bon ben maintenant que j’ai amené ma vache au taureau, je vais amener ma femme au Mammouth ».
Hier soir je me suis arrêté sur ça, toujours dans Le Monde : « Les nouvelles bornes de la pudeur »
“Site phare de partage de vidéos en ligne, YouTube a jusqu’à présent résisté à la tentation d’offrir à son réseau des images à caractère pornographique. « YouTube n’est pas destiné à la pornographie ni au contenu sexuellement explicite », précise le site dans ses « conditions d’utilisation ».
Autre site « participatif » en vogue, Dailymotion prévient que « par respect pour les sensibilités de chacun, il appartient à l’utilisateur de conserver une certaine éthique quant aux vidéos et/ou commentaires mis en ligne et, notamment, de s’abstenir de diffuser tout contenu à caractère violent ou pornographique ». Une « chaîne sexy » y est cependant proposée, où les vidéos peuvent être censurées (pour lutter notamment contre la pornographie enfantine) ou étiquetées « contenu explicite ».
Néanmoins, l’industrie pornographique générant un chiffre d’affaires conséquent sur le Net, les sites X de partage de vidéos se sont multipliés, depuis un an, sur ce créneau du « monde adultes » en surfant sur des noms au marketing bien calibré (youporn, pornotube, etc.) entraînant une fréquentation exponentielle. Dernier en date, Mypornmotion devait s’ouvrir au public samedi 1er décembre.
Fortement squattés par les professionnels du porno qui y trouvent un débouché promotionnel à leurs clips (souvent tournés dans les conditions d’un pseudo amateurisme), ces sites permettent à tous, aux internautes, à vous et moi, un exhibitionnisme (ou un voyeurisme) total, une plongée sans limite dans leur intimité. L’étape ultime de la télé-réalité.
Dans le cyberespace, tout devient possible. Le zoom prononcé sur le coït d’autrui, la mise en ligne de la fellation sur soi-même, le téléchargement des orgasmes feints ou très réels. Tout se vaut, tout se côtoie. Il suffisait de deux clics (deux liens), jeudi 29 novembre, pour passer, sans avertissement, des annonces du président de la République sur les 35 heures à une masturbation filmée par webcam : c’est-à-dire de la « une » du Monde.fr proposant un lien vers une notule présente sur LePost.fr (appartenant au groupe Le Monde) relatant les pratiques sexuelles d’un jeune footballeur argentin. Une page qui renvoyait elle-même à la vidéo en question.
« Il existe dans la culture moderne une préoccupation générale concernant la sexualité », énonce le sociologue britannique Anthony Giddens, observateur de la transformation de l’intimité. Pour avoir été longuement séquestrée, privatisée (notamment par la religion), la sexualité a envahi l’espace public, inondé la communication sociale. L’émergence des sites de partage de vidéos à « contenu explicite » achève cette quête de sexualité hyper-exposée dans un monde où le désir de consommation, à bien des égards, s’apparente au désir sexuel.
Le cyberexhibitionnisme serait-il cependant la marque ultime de la destruction de l’espace public par l’individualisme triomphant ? Pas si sûr. Le passage d’une intimité hier du secret à une intimité aujourd’hui du dévoilement, de la révélation (sur les blogs, les forums, MySpace), témoigne plutôt d’une évolution des frontières.
Jadis, la pudeur, la discrétion, l’intime, étaient collectivement définis par la morale. La séparation entre ce qui relevait du public et ce qui restait cantonné au privé était acceptée volens nolens par le plus grand nombre - même si elle pouvait varier selon les époques. Aujourd’hui, les confidences sont médiatisées, les émotions exprimées au grand jour. Résultat : « Chacun place les bornes de la pudeur là où sa propre histoire et ses propres valeurs le suggèrent, explique Dominique Mehl, sociologue («Confessions sur petit écran», in L’Individu contemporain, Editions Sciences humaines). La distinction entre vie privée et vie publique n’est pas abolie, elle est devenue subjective et individuelle. »
Coïts, fellations, cunnilingus, sodomies, sont à portée de clic, en permanence. Chacun devant faire avec sa conscience, construisant sa propre morale. »
Ca c’est la conclusion qui tue, comme hier avec le journaliste embarqué en compagnie de « l’intellectuel postmoderne, l’état du monde et le désespoir » : s’il y a un domaine dans lequel la morale a foiré, c’est bien par rapport à la sexualité.
L’appétence au porno met plutôt en évidence chez l’homme ce que dans l’industrie automobile on appelle un défaut constructeur. Si la moitié des véhicules mis en circulation quitte la route au premier virage, on peut incriminer la DDE, mais il est aussi intéressant de se retourner - sans animosité - vers le concepteur de l’auto. Avec humilité, patience, honnêteté et course à pied.
Quant à vouloir triompher des démons de l’égoïsme, mwa ha ha…
Cyberdépendance virtuelle, auto-addiction, rédemption de l’objet fascinatoire, progrès dans l’intention de pratiquer le bouddhisme.
mercredi 5 décembre 2007
Démons (3)
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Comme le dit Amma, on est en train de basculer dans l’abîme. Quoique… 1) je crois qu’on a déjà basculé 2) les chaînes nous reliant les uns aux autres sont moins solides qu’elles en ont l’air, ou du moins si on met un polochon à sa propre place et qu’on se tire personne ne verra la différence.
Rédigé par: flopinette | le 05 décembre 2007 à 14:45|d’abord j’ai ri, ensuite je me suis demandé pourquoi… si c’est une métaphore, tu peux développer ? parce que si c’est au sens littéral, j’ai essayé, ça marche pas
Rédigé par: john | le 06 décembre 2007 à 11:28|En fait c’est un peu ce que dit Castaneda, si tu files à l’Aigle ce qu’il demande, tu n’es pas obligé d’y aller toi-même. Ici c’est la même image. Les gens, la société etc (l’égrégore) semble s’accrocher à nous, mais en fait si on leur laisse un fake, une copie, un double, ça marche, et ils nous foutent la paix. Cela suppose qu’on a identifié ce qu’ils veulent. Par exemple, JP que tu as rencontré, n’a pas identifié la chose, il a essayé de se barrer sans laisser de fake, autrement dit il est poursuivi par la vindicte populaire, qui sent qu’il essaie de se tirer dans une terre pure en les laissant dans la merde.
Rédigé par: flopinette | le 07 décembre 2007 à 13:36|En fait, la vraie analogie de Castaneda, c’est l’histoire du masque. Chepa en parle aussi. Avoir l’air totalement normal, donc ne pas se sentir supérieur, et ne pas vouloir laisser les autres dans la merde en se sauvant soi-même. Etrangement, c’est le résultat inverse qui est obtenu. On peut se barrer et personne ne voit rien.
ça semble paradoxal, mais nombre de tes suggestions le sont aussi à première vue puis se révèlent “marcher” à l’usage. Je note néanmoins que pour tester celle-ci, il faut s’être désidentifié de pas mal de choses, (à commencer par le polochon) ce qui est loin d’être mon cas.
Rédigé par: johnwarsen | le 08 décembre 2007 à 11:33|et traduit dans un langage que je puisse pratiquer, ça voudrait dire quelque chose comme faire semblant d’être vivant au lieu de faire semblant d’être mort. Je me demande, si de tels moyens m’échoyaient, si ça ne serait pas plus simple de ne plus faire semblant.
Rédigé par: john | le 08 décembre 2007 à 19:46| AlerterNon, le plus simple est de faire semblant. Tu n’as qu’à regarder tous ces apprentis gourous qui se la pètent en prenant l’air inspiré, ou méditatif, ou que sais-je encore quand ils sont à table. Tout ce qu’ils arrivent à faire, c’est à se faire remarquer, et pas dans le bon sens, ce qui j’en suis maintenant certaine pourrit leurs pratiques à un certain niveau. C’est normal, ils affirment qu’ils sont supérieurs à tout le monde, le monde leur fait payer, et c’est normal. Il est bien plus simple de respecter la bienséance en répondant normalement aux gens qui nous parlent et en ayant l’air normal plutôt qu’en prenant une mine de yogi sévère et auto-conscient. La vacuité n’est pas différente de la forme, se la jouer en société prouve simplement qu’on est tombé dans cette hérésie. Ne pas se la jouer revient de facto à assumer l’image d’un polochon, bien que paradoxalement, il n’y ait pas quelqu’un d’autre derrière qui puisse se dire libre. Comme qui dirait, notre nature est la toile de fond dans laquelle évolue le polochon. Le polochon est enchaîné, mais l’espace dans lequel il apparaît est forcément libre, avec quoi donc pourrait-on l’enchaîner ? En tous cas, il n’est pas correct d’affirmer qu’on est l’espace en supprimant le polochon pour que tout le monde voie bien l’espace qu’on prétend être… car ça veut dire qu’il y a un fantôme là au milieu, et les gens vont trouver le moyen de le coincer c’est sûr…
Rédigé par: flopinette | le 08 décembre 2007 à 23:15|Je n’ai jamais dîné aux côtés de Eckart Tolle, ou D’Orval, Harding, Jourdain ou tous les auto-libérés® (par contre je me rappelle que le bassiste de Tuxedomoon qui m’avait pris en affection après que je lui aie posé une question de geek sur la sonorité de son instrument qui ne pouvait d’après moi être dû qu’à l’utilisation d’un médiator en métal, se mettait des langoustines dans le nez, en contradiction totale avec la lancinante tristesse de sa musique) mais je suppose qu’ils rotent et pêtent comme tout le monde, encore qu’il faudrait faire des sous-classes avec les Renz, les Parsons… un peu comme tu en as établi une récemment sur ton blog dans “le Gange passe aussi à Paris” après, je pense qu’on est tous pris dans des couches de pétage, y compris avec le fait de ne pas se la péter… moi c’est avec l’auto-addiction, toi avec la dénonciation des faux gourous…parce que tant qu’on n’est pas à la nième terre, nous avons besoin de compensations, de consolations. Je voulais faire un couplet sur Baker Street sur le fait que ces gens-là promettent le royaume des cieux pour pas cher, c’est certain, mais qu’ils parlent un langage qui peut être profitable (générer un mieux-être, moins de souffrance) à certaines personnes qui feraient tout de suite des blocages ou des vues erronées sur d’autres discours, en particulier les traditions spirituelles. Comme une maternelle où on pourrait choper quelques outils de base pour s’élever de quelques centimètres par rapport à sa propre merde (par rapport à quoi d’autre s’élever ?) Eckart Tolle en particulier cultive cette voie “pratique” en proposant des choses très simples, accessibles sans background et qu’il est difficile de rejeter, même au titre de leur inocuité, tout ce qui tourne autour de la PP.
Rédigé par: johnwarsen | le 10 décembre 2007 à 00:11|Je n’ai pas pondu ce couplet sur le forum parce que ça aurait mis un peu trop d’animation dans l’escalier de l’immeuble, mais là, bien au tiède dans mon cocon, je tente mais je crois que ce que tu veux me pointer, c’est la monnaie de la pièce qu’ils se chopent en retour, sous forme de tous les tarés de la terre qui viennent leur pourrir leurs réunions avec leurs mines de polochons dépressifs…