L'alcoolique à l'abstinence difficile qui avait brocardé le petit Jésus (post antépénultième) en le dessinant crucifié sur un tire-bouchon dans le bulletin paroissial du mouvement AA était très perturbé par les conséquences pourtant prévisibles de son blasphème, et émargeait sans doute aussi aux Narcotiques Anonymes puisqu'il leur avait emprunté la sacro-sainte formule auto-introductive en réunion "je m'appelle Jean-Luc, je suis abstinent de tout produit modifiant le comportement..." à laquelle il ajoutait d'un air entendu "et j'essaye aussi d'être abstinent de tout comportement modifiant le comportement, mais c'est difficile en ce moment "; le pauvre se définissait quasi-exclusivement par ses addictions passées et l'historique de ses efforts visant à l'en débarrasser.
On se doute bien que l'individu qui se présente spontanément comme fortement attaché à son identité de dépendant aura sans doute du mal à passer à autre chose, une fois le sevrage achevé. J'admirais les fulgurances éventuellement hors-sujet de ses partages en réunion ("J’ai été éduqué “façon amour” et “réalité attachement”, comme il y a des blousons en skaï “façon cuir”, ça ne pouvait que me plaire), mais il était très instable, au bout de quatre ans on aurait dit qu'il venait de démarrer l'abstinence la semaine dernière, on murmurait qu'il avait tâté de la magie noire, et que ça lui avait bien niqué les canaux. Avait-il réellement flirté avec des forces qui le dépassaient et en avait-il gardé un trouble du sens commun, ce qui lui permettait de peindre des moustaches à la Joconde, puis de fondre en larmes parce que Mona Lisa avait du poil au menton ?
Je l'ignore, c'était il y a 25 ans au groupe AA de Belleville-Amandiers que j'ai cessé de fréquenter en quittant Paris en 1996.
Ses cheveux en broussaille, son éternel walkman vissé aux oreilles, son anorak bleu passé à l'orange, il nous souriait de toute sa gratitude à travers ce nuage d'hébétude qui sourdait de lui. C'était mignon, mais j'étais épouvanté par "la possibilité du nul", pour paraphraser un Houellebecq en biais(1), je trouvais atroce pour lui qu'il puisse voir la lumière mais se révèle incapable de vivre dedans comme le faisaient les autres membres en se faisant mutuellement la courte échelle vers le Dieu des AA, peu exigeant sur les conditions d'entrée. J'aurais préféré la mort à un sort si funeste. Je n'étais plus du tout hanté par l'idée de ne pas être à la hauteur (post précédent), parce que je sentais bien que le pronostic vital était engagé, et que je ne voulais pas mourir de ça. J'avais peu d'espoir sur le long terme mais j'appliquais donc scolairement ce qu'on me suggérait, et comme ils le suggéraient, c'est à dire 24 heures à la fois. C'est dans l'adversité et les circonstances difficiles que je me révèle apte à dépasser mes limites, alors que dans le confort, j'ai tendance à piquer du nez, comme beaucoup de gens.
Bref.
Pour cesser de boire j'ai été aidé par le fait que la toxicité du produit se paye cash, sur l'état général, le boulot, les relations personnelles.
Mais pour ne plus fumer, je mégote et tergiverse depuis 25 ans, comme notre ami noyé plus ou moins volontaire; il faut dire que le tabac, on paye à crédit. On paye quand c'est trop tard, quand le généraliste vous envoie chez le pneumologue qui demande à Piccoli dans ce vieux film de Bunuel s'il peut "l'ouvrir dans la semaine" pour vérifier un truc. Je connais plein de gens dans la même situation que moi, qui marchandent au jour le jour entre leur vital, leurs pulsions et la distance qui les sépare du premier buraliste, et ce n'est pas parce que nous sommes plus nombreux que nous avons plus raison.
J'ai donc tout intérêt à me rappeler que l'échec est total, la cabane sur le chien etc... sinon je vais me croire guéri et tout sera à recommencer après la première cigarette dite "récréative", ou le premier joint éponyme.
(1)quand j'étais petit on m'appelait "bec en biais", ce qui à tout prendre est plus élégant que "gueule de travers". Ca ne s'est guère arrangé quand je me suis fracturé la mâchoire au fond d'un canyon espingouin, mais c'est une autre histoire.
Cyberdépendance virtuelle, auto-addiction, rédemption de l’objet fascinatoire, progrès dans l’intention de pratiquer le bouddhisme.
mercredi 23 mai 2018
samedi 19 mai 2018
Mon nombril, ma bataille (4)
selfie en béton précontraint
réalisé à vélo en allant au boulot,
qui est un peu revenu (26 km A/R)
|
A 6 ans, j'avais des petits voisins enfants de rugbyman, et après un bon western à la télé le dimanche après-midi nous nous adonnions parfois à des jeux un peu brutaux sur la pelouse du jardin; je me rappelle d'une fois où j'avais dû me faire un peu mal en leur compagnie, je chouinais grave et je revois leur père tenter de me consoler sur un ton badin "mais enfin John, t'es un dur !", et moi de lui répondre, toujours en geignant "bouhouhou...non, chuis un mou !", provoquant l'hilarité générale et donnant ainsi naissance à une blague familiale légendaire, mais c'était pour moi un énoncé objectif d'un défaut de constitution.
Je crois me souvenir que je n'avais pas du tout prévu de dire ça à ce moment-là, surtout au risque de perdre la face auprès de mes voisins dans les siècles des siècles, mais je venais de déduire de mon comportement peu combatif un certain manque de motivation à affronter la vie, et j'étais condamné à l'avouer (comme je me sentirai plus tard condamné à avouer des tas de trucs pas toujours répréhensibles; l'aveu constituera peut-être chez moi une stratégie défectueuse en elle-même.)
Et surtout je ne pouvais pas me laisser enfermer dans cette image mensongère de "dur" dont Pierre F. voulait m'affubler, même pour rigoler.
"Je ne suis pas à la hauteur", ça me fait aussi penser à ma mère, qui n'avait pu s'empêcher d'ouvrir en cachette un lourd cahier Clairefontaine pourpre à petits carreaux sobrement intitulé "Ma vie, tome 1" que j'avais commencé à rédiger vers 11 ans, et elle s'était beaucoup inquiétée d'y trouver nombre de considérations plombées autour du concept de "tout est vain" (=> puisqu'on meurt à la fin) qui l'avaient beaucoup inquiétée, elle me l'avait avoué bien plus tard. Mais elle s'était bien gardée de m'envoyer chez le spichologue, car le Pater Familias professait haut et fort à l'époque que l'inconscient n'existait pas, et que la spichologie n'était donc d'aucune utilité.
"Tout est vain" n'équivaut pas à "Je ne suis pas à la hauteur" bien que le second puisse mener au premier par utilitarisme psychologique, cf la fable de La Fontaine dans laquelle le renard, désespérant de pouvoir attraper les raisins situés trop en hauteur, décrète qu'ils sont trop verts.
autre selfie en béton précontraint
un peu plus ressemblant,
réalisé à vélo en revenant du boulot,
qui est un peu reparti (26 km A/R)
|
J'en ai usé et abusé, et finalement il ne m'a protégé de rien du tout puisqu'une fois parvenu à l'âge adulte, biologiquement parlant, j'ai eu recours à des moyens plus triviaux (alcool, tabac, p0rn) pour combattre les frustrations, le plus souvent en les exacerbant.
Bref, comme je me suis défini il y a deux articles de ça "abstinent de tout", j'espère que le renoncement n'est pas la résignation, sinon je vais me reprendre les mêmes baffes quand mon vital va se réveiller et ruer dans les brancards de l'ambulance.
Heureusement que je n'ai pas cessé de boire comme j'arrête de fumer, il y a longtemps que je serais mort.
Et même si ça marche cette fois-ci, rien ne m'interdit de disparaitre dans quelques années, emporté par un cancer du poumon consécutif à 35 ans de tabagisme passionné.
INRI pas du tout.
mercredi 9 mai 2018
Mon nombril, ma bataille (3)
Je discute avec mon psy des bienfaits du lithium, eu égard à ma situation subjectivement difficile de grande "vacance" professionnelle ces derniers temps. J'ai l'impression d'être en suspension sur un plancher de verre, d'où je peux voir les abysses souterraines dans lesquelles je n'ai pas jusqu'à présent chuté ou culbuté vers les Enfers, virtuels ou réels, quand je ne suis plus bon qu'à être nourri à la cuiller. A tort ou à raison, j'attribue cela aux vertus du médicament. Mais c'est peut-être du manioc magico-religieux, comme les liens que j'ai imaginés (bien que vécus) entre la cigarette et la lombalgie. Je suis incapable de m'en attribuer spontanément la paternité, mais si ça se trouve, l'impossibilité de sombrer dans une belle grosse dépression vient de moi et de mon expérience, ou même de Dieu, mais vu de la façon dont je prie, quand je prie, ça m'étonnerait.
Là, le bottom of ze bottom, je n'y ai pas accès, c'est comme un paysage sous-marin observé depuis un bateau à fond transparent dans les calanques marseillaises, où l'eau doit être assez dégueu, quand même. C'est comme un plafond de verre, mais à l'envers.
Le plafond de verre, j'ai été obligé d'aller regarder sur internet, un jour tous les journalistes se sont mis à utiliser l'expression comme s'ils s'étaient passé le mot comme un virus, comme les "black blocs" quelques semaines plus tard, le plafond de verre, c'est le fait que, dans une structure hiérarchique, les niveaux supérieurs ne sont pas accessibles à certaines catégories de personnes, et que Femmes, Noirs, Musulmans, Enarques n'ayant pas fréquenté Polytechnique ou la bonne loge maçonnique, s'écrasent comme des merdes contre un plafond invisible en voulant prendre leur envol vers des postes avec plus de responsabilité et de rémunération.
Le plancher de verre du lithium, lui, me contraint à observer la dépression comme une féérie des fonds marins, joue écrasée contre la vitre transparente, en regrettant ou non (c'est laissé à mon appréciation) de ne pouvoir rejoindre l'inarticulé, le borborygme, le cri de dépit et d'effroi absolu.
Je viens de passer trois mois dans uns stase inconfortable, à somatiser plutôt qu'à intellectualiser, entre tabagie, stupéflip et mal de dos, là je suis abstinent de tout, mais alors INRI pas du tout.
INRI pas du tout, c'était une blague sacrilège d'un membre des AA qui avait dessiné de façon très réaliste pour la gazette interne du mouvement un Christ crucifié sur un tire-bouchon orné de l’inscription " INRI pas du tout" et qui s'était évidemment fait tomber dessus par les Vieux Crocodiles AA, qui y avaient vu la religion tournée en dérision, bien que je ne pense pas que ce soit ce qu'il ait voulu dire, mais enfin il endurait une forme de rejet au sein même du mouvement réputé accueillir tous les membres animés d'un "désir sincère d'arrêter de boire", même les rechuteurs au long cours, et sa disgrâce était mal vécue par l'intéressé, très perturbé par sa provocation et pensant être sur le point de se faire excommunier. Il en faut heureusement plus que ça pour se faire chasser des AA, il faut quasiment s'auto-exclure et ne pas revenir, sinon la porte est toujours ouverte.
Devant mes aveux tourmentés d'envisager de chercher du boulot ailleurs et de tenter de faire du commercial, le psy me parle d'actions visant à conforter ou compenser le postulat "je ne suis pas à la hauteur", c'est vrai qu'il m'a connu surtout sur ce mode, et comme il est en forme il m'explique qu'un postulat désigne un principe non démontré utilisé dans la construction d'une théorie mathématique.
Un autre mathématicien peut très bien arriver par derrière et mettre le postulat par terre, toutes les théories qui en découlent sont à jeter elles aussi; ce qu'il veut me suggérer c'est que j'essaye de faire différemment de d'habitude quand je me prends la cabane sur le chien.
C'est encourageant.
Là, le bottom of ze bottom, je n'y ai pas accès, c'est comme un paysage sous-marin observé depuis un bateau à fond transparent dans les calanques marseillaises, où l'eau doit être assez dégueu, quand même. C'est comme un plafond de verre, mais à l'envers.
Le plafond de verre, j'ai été obligé d'aller regarder sur internet, un jour tous les journalistes se sont mis à utiliser l'expression comme s'ils s'étaient passé le mot comme un virus, comme les "black blocs" quelques semaines plus tard, le plafond de verre, c'est le fait que, dans une structure hiérarchique, les niveaux supérieurs ne sont pas accessibles à certaines catégories de personnes, et que Femmes, Noirs, Musulmans, Enarques n'ayant pas fréquenté Polytechnique ou la bonne loge maçonnique, s'écrasent comme des merdes contre un plafond invisible en voulant prendre leur envol vers des postes avec plus de responsabilité et de rémunération.
Ma prochaine start-up : les croisières Warsen à fond transparent "20 000 lieues sous les cyberdeps" |
Je viens de passer trois mois dans uns stase inconfortable, à somatiser plutôt qu'à intellectualiser, entre tabagie, stupéflip et mal de dos, là je suis abstinent de tout, mais alors INRI pas du tout.
INRI pas du tout, c'était une blague sacrilège d'un membre des AA qui avait dessiné de façon très réaliste pour la gazette interne du mouvement un Christ crucifié sur un tire-bouchon orné de l’inscription " INRI pas du tout" et qui s'était évidemment fait tomber dessus par les Vieux Crocodiles AA, qui y avaient vu la religion tournée en dérision, bien que je ne pense pas que ce soit ce qu'il ait voulu dire, mais enfin il endurait une forme de rejet au sein même du mouvement réputé accueillir tous les membres animés d'un "désir sincère d'arrêter de boire", même les rechuteurs au long cours, et sa disgrâce était mal vécue par l'intéressé, très perturbé par sa provocation et pensant être sur le point de se faire excommunier. Il en faut heureusement plus que ça pour se faire chasser des AA, il faut quasiment s'auto-exclure et ne pas revenir, sinon la porte est toujours ouverte.
Devant mes aveux tourmentés d'envisager de chercher du boulot ailleurs et de tenter de faire du commercial, le psy me parle d'actions visant à conforter ou compenser le postulat "je ne suis pas à la hauteur", c'est vrai qu'il m'a connu surtout sur ce mode, et comme il est en forme il m'explique qu'un postulat désigne un principe non démontré utilisé dans la construction d'une théorie mathématique.
Un autre mathématicien peut très bien arriver par derrière et mettre le postulat par terre, toutes les théories qui en découlent sont à jeter elles aussi; ce qu'il veut me suggérer c'est que j'essaye de faire différemment de d'habitude quand je me prends la cabane sur le chien.
C'est encourageant.
mercredi 25 avril 2018
Mon nombril, ma bataille (2)
Le dimanche où je ré-ré-ré-ré-ré-arrête de fumer, le point de douleur dans le bas du dos (de mon dos à moi que j'ai) s'évanouit comme il était venu en refumant.
C'est vrai que la kiné m'a donné la position du cobra à faire10 30 fois par jour, mais quand même.
Un soulagement si miraculeux, y'a de quoi sombrer dans lemanioc magico-religieux pour les esprits fragiles, dont je suis à nouveau depuis quelques mois que le spectre du chômage tend ses bras hideux au-dessus de mon psychisme accablé par :
- le manque.
- la peur du manque.
- le manque à gagner.
- la peur du manque à gagner.
Sortir de l'inhibition de l'action : ça fait des jours que je regarde le mur au bureau en attendant que le téléphone sonne et que ce soit un client, mais à chaque fois c'est un sosie téléphonique du neveu d'Omar Bongo qui veut me vendre un séjour gratuit à Marrakech.
Depuis janvier, d'abord je passe quelques semaines à en vouloir silencieusement à mon associé qui n'a pas développé l'aspect commercial de notre petite entreprise, ensuite quelques autres semaines à me détester de vouloir me tirer de là comme un voleur, mais quand même notre boutique elle est comme un avion sans aile alors elle peut pas voler, puis je me dis que ce n'est pas lui faire un enfant dans le dos que de vouloir faire des vacations ailleurs, ça prolonge d'autant la vie de la boite en faisant l'économie d'un salaire si l'activité ne repart pas, j'ai pas noté tous les stades de rancoeur par lesquels je suis passé mais c'était assez tortueux, les états émotionnels sont volatils, surtout quand on croit qu'ils ne sont pas émotionnels, il faudrait prendre des notes et j'étais trop occupé à vivre mon malaise, j'étais aussi dans une grande dépendance psychologique vis-à-vis de mon collègue, donc forcément c'est un arrachement de passer par ces phases mystiques de rumination de ressentiment, et surtout s'il lit ça qu'il n'en prenne pas ombrage, c'est passé.
Journée consacrée à la recherche d’emploi, une heure pour mettre une photo dans mon CV sous Word, le plus dur c'était d'en trouver une où je souris, je ne t’en dis pas plus sur comment ça part bien. Je m'aperçois que d'un point de vue professionnel, il est quand même beaucoup plus tard que je ne le pensais.
Sans parler des autres points de vue.
Ni du fait de ne pas vouloir redevenir esclave de la plante (à fumer), ce qui peut être la meilleure porte d'entrée pour la rechute.
Car comme le dit mon coiffeur, "j'arrête, je reprends, j'arrête, je reprends. Et le meilleur, c'est quand j'arrête, je me dis "mmmmh, qu'est-ce que ça va être bon quand je vais reprendre !"
C'est vrai que la kiné m'a donné la position du cobra à faire
Un soulagement si miraculeux, y'a de quoi sombrer dans le
- le manque.
- la peur du manque.
- le manque à gagner.
- la peur du manque à gagner.
Arrête de faire le cobra, mets un slip et viens à table, répète ma femme toute la Sainte journée. |
Depuis janvier, d'abord je passe quelques semaines à en vouloir silencieusement à mon associé qui n'a pas développé l'aspect commercial de notre petite entreprise, ensuite quelques autres semaines à me détester de vouloir me tirer de là comme un voleur, mais quand même notre boutique elle est comme un avion sans aile alors elle peut pas voler, puis je me dis que ce n'est pas lui faire un enfant dans le dos que de vouloir faire des vacations ailleurs, ça prolonge d'autant la vie de la boite en faisant l'économie d'un salaire si l'activité ne repart pas, j'ai pas noté tous les stades de rancoeur par lesquels je suis passé mais c'était assez tortueux, les états émotionnels sont volatils, surtout quand on croit qu'ils ne sont pas émotionnels, il faudrait prendre des notes et j'étais trop occupé à vivre mon malaise, j'étais aussi dans une grande dépendance psychologique vis-à-vis de mon collègue, donc forcément c'est un arrachement de passer par ces phases mystiques de rumination de ressentiment, et surtout s'il lit ça qu'il n'en prenne pas ombrage, c'est passé.
Journée consacrée à la recherche d’emploi, une heure pour mettre une photo dans mon CV sous Word, le plus dur c'était d'en trouver une où je souris, je ne t’en dis pas plus sur comment ça part bien. Je m'aperçois que d'un point de vue professionnel, il est quand même beaucoup plus tard que je ne le pensais.
Sans parler des autres points de vue.
Ni du fait de ne pas vouloir redevenir esclave de la plante (à fumer), ce qui peut être la meilleure porte d'entrée pour la rechute.
Car comme le dit mon coiffeur, "j'arrête, je reprends, j'arrête, je reprends. Et le meilleur, c'est quand j'arrête, je me dis "mmmmh, qu'est-ce que ça va être bon quand je vais reprendre !"
samedi 14 avril 2018
Mon nombril, ma bataille (1)
Je voulais écrire un article sur les vertus détoxifiantes de la sève de bouleau, prélevée à même l'arbre avec une perceuse, des canules en plastique et des bouteilles de vin ordinaire, à condition que votre voisin octogénaire vous en ait vanté les mérites dès le mois de février, parce que ça ne coule que jusqu'en mars.
J'avais alors l'impression de me rapprocher de la Nature, même en devenant une sorte de vampire d'arbre.
J'ai commencé une cure de trois semaines, que j'ai dû interrompre rapidement parce que j'ai refait un lumbago (que j'attribue psycho-somatiquement à la reprise du tabac à fumer après juste 15 jours d'arrêt), et les anti-inflammatoires m'ont mis les tripes en l'air, et je ne voulais pas cumuler ça avec les effets purgatifs de la sève de bouleau, et puis après quand j'ai renoncé aux anti-inflammatoires j'ai voulu reprendre ma cure de bouleau mais ça faisait trois semaines que la sève était au frigo et elle avait un peu fermenté, alors l'effet immédiat ça a été comme si j'avais avalé une marmite de verre pilé, et j'ai tout jeté mon jus d'arbre dans l'évier, bonjour le gâchis c'était navrant mais merci bien.
Depuis quelques semaines, j'erre à nouveau dans les allées du salon de l'auto-apitoiement, suite à une baisse vertigineuse d'activité professionnelle qu'on pourrait assimiler à une quasi-disparition, heureusement que j'ai le lithium parce que sinon ça serait sans doute pire, le médicament lisse les effets de la panique égotiste, à moins qu'il induise de lui-même ces phases alternées d'excitation et d'effondrement entre lesquelles mon cerveau peine à trouver aujourd'hui un juste milieu, accablé par un sentiment d'inutilité induit par le chômage technique et bientôt la diminution subséquente de mes ressources. Je rêve de refaire du documentaire, mais c'est un songe absurde, ça fait vingt ans que j'ai quitté Paris et il n'y a plus aucune sonnette que je puisse retourner tirer. L'éventualité de me remettre sur le marché de l'emploi régional à mon âge, c'est juste une mauvaise blague.
Depuis que j'ai compris que j'étais un vieil aigri, et que c'était moi qui m'étais moi-même fait le coup, je suis un peu soulagé que tout soit une nouvelle fois de ma faute, smiley pendu avec l'oeil qui sort, mais ça ne me rend pas mes couleurs.
J'aurais pu tuer ma poule en lui récitant ce Télérama, mais ça aurait duré encore plus longtemps. |
Une fois encore, la culpabilité, le regret et la négativité sont sans doute des paravents cache-misère à l'immobilisme.
Hier soir j'ai achevé "la jolie petite poule rousse qui ne voulait pas mourir" à coups de gourdin chirurgical, elle avait attrapé la coccidiose dix jours plus tôt, et je ne supportais plus de la voir se tordre au sol nuit et jour, après avoir essayé de la sauver avec des médicaments onéreux qui ne lui ont fait aucun effet. Dans nos contrées, on n'est pas préparé culturellement à tuer un animal à coups de gourdin chirurgical (j'avais peur de la rater à la hache), surtout si il nous a accompagnés pendant des années au jardin, surveillant nos activités d'entretien des bordures d'un oeil vigilant, des fois qu'on mettrait à jour un ver de terre ou une succulente larve de hanneton. Et puis j'ai aussi beaucoup de compassion pour mes poules alors que j'ai du mal à interagir avec les membres de ma famille, et ça c'est pas bon signe non plus. "Ca sent la fin, la cabane est sur le chien" est une ancienne antienne, mais la reconnaitre comme si je l'avais faite n'enlève pas grand-chose à son alacrité.
C'était une erreur de créer ce blog pour mesurer mes progrès à me détacher du virtuel.
Ou alors l'objectif caché c'était de m'enseigner combien je me trompais en me payant de mots, et alors là, c'est réussi, et la leçon ne manque ni de sel, ni de poivre.
Merci à mon fils pour le titre.
samedi 10 février 2018
Les nouveaux nouveaux philosophes
A Paris en décembre, je suis repassé devant Les Intondables,
mon coiffeur du bout de la rue des Pyrénées.
Sur leur porte, y'a toujours écrit
Paris, Gif-sur-Yvette, Ouagadougou.
Paris, Gif-sur-Yvette, Ouagadougou.
A Nantes, je vais maintenant chez
La mèche rebelle, à côté du boulot.
Gildas m'a fait découvrir le très saint Livre.
J'ai tellement ri dans son salon en attendant
mon tour que j'ai dû le refermer.
C'est écrit sur les murs,
par les nouveaux nouveaux philosophes,
qui allient concision et intransigeance.
C'est un livre qui fait comprendre
(s'il en était encore besoin)
que l'esprit souffle il veut,
et surtout dans la rue,
bien plus que sur mon blog.
Le livre coûte 9,90 €,
et honnêtement, c'est donné.
Heureusement, pour les nécessiteux,
il y a aussi un tumbler.
http://graffitivre.tumblr.com
samedi 3 février 2018
Convertir un livre Kindle en Ebook ePub for PC/Mac
J'ai acheté un livre au format Kindle chez amazon ( "le Filth de Grant Morrison sans peine"), car il était bien moins cher.
Pour le convertir en ePub, j'ai suivi ce topic, qui marche.
https://www.mobileread.com/forums/showthread.php?t=283371
Les solutions à base de conversion de fichier
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