Humiliés, offensés, vos défenseurs vous prennent pour des cons
(éditorial de Philippe Val dans Charlie Hebdo du 1/11/06)
Au bout de deux exemples d’affilée, on voit la dynamique générale : la représentation du monde dans la tête de Philippe Val offre une ballade agréable, on y a souvent la mémoire historique rafraîchie avec ses éditos instructifs et bien construits, et puis paf, ça finit comme un post du forum des dépendants : c’est quand il veut mettre une pitite note d’espoir sur la fin qu’il est le moins crédible.
Charlie, c’est Le Monde diplomatique avec une dragée au poivre à la place de la capsule de cyanure. Ah oui, et j’allais oublier les princes du bon goût et de l’élégance, la source jamais tarie du rayonnement intellectuel de la France à l’étranger, Maurice et Patapon.
Maurice et Patapon ©Charb/Charlie Hebdo
Sinon et à part ça, l’humiliation est un argument que j’ai souvent invoqué avec ma chérie pour justifier de mon immobilisme, et j’ai mis un moment à comprendre qu’il était irrecevable parce qu’irrelevant (merci Flo).
(éditorial de Philippe Val dans Charlie Hebdo du 1/11/06)
"Brûler un autobus, deux autobus, dix autobus… Arrivé à un certain nombre d’autobus, on finit par brûler ce qu’ils sont censés contenir : des gens. Lorsque existait encore la ségrégation aux Etats-Unis, les mouvements anti-ségrégationnistes brûlaient aussi des autobus. La nouvelle mode française de ces incendies est sans doute un écho lointain de ces actions et vraisemblablement leur obscure justification. Les Black Panthers et autres mouvements radicaux, autour de Malcolm X ou d’Angela Davis, fournissent probablement les racines et les justifications de ce qui se passe aujourd’hui en France.
Aux États-Unis, la raison pour laquelle on mettait le feu à certains autobus était claire: ils étaient interdits aux Noirs. La raison pour laquelle on les brûle en France est plus obscure, plus confuse, plus brouillonne. La première victime en est une preuve. Une jeune femme dont la brûlure à soixante pour cent n’a aucun sens. En France, il n’y a jamais eu de bus interdits aux Noirs. Le racisme est une réalité sociale, mais la République n’a jamais institutionnalisé une quelconque ségrégation raciale. Seule la France de Vichy s’est permis de briser le tabou de l’égalité humaine en instituant un statut infamant pour les Juifs, ce qui ne les a d’ailleurs nullement empêchés de rester, pour la plupart, de fervents patriotes républicains. La leçon est à méditer… Du reste, on a vu s’exprimer une semblable fidélité aux idéaux de la République chez des ressortissants arabes et africains de nos ex-colonies, comme le montre le film Indigènes, qui, étonnamment, a appris à l’actuel président de cette même République cette édifiante page d’histoire.
La jeune femme brûlée dans l’autobus de Marseille est la première victime d’un emballement spectaculaire de la démagogie politique et de l’abrutissement qui s’en nourrit. Ceux qui ont commis ce crime sont, certes, des assassins, mais aussi des abrutis de la pire espèce, de celle qui, ailleurs, grossit les milices exterminatrices qui carburent à un sentiment bien précis: celui d’accomplir l’inépuisable vengeance d’avoir été humilié.
Et c’est ici qu’il faut rester bien calme, et, comme un chirurgien qui analyse une tumeur, tenter de décomposer froidement les éléments du phénomène, afin d’en désamorcer l’évolution explosive.
Tant que nous n’aurons pas compris et intégré dans nos raisonnements la question de l’humiliation, tout ce qui sera tenté pour trouver des solutions à la violence qui gronde un peu partout dans les États de droit sera voué à l’échec.
L’humiliation est devenue, non plus une maladie sociale qu’il faut guérir en supprimant ses causes, mais un outil politique magique, un sentiment à cultiver et à entretenir pour galvaniser les masses. Qu’il y ait dans la société française et dans la situation internationale des raisons pour certains de se sentir humiliés n’est pas nouveau. Mais que l’on cultive cette humiliation afin d’en faire le moteur d’une politique est un crime. C’est le désir de droits qui doit être le moteur de la politique.
Difficile de trouver dans l’histoire un exemple de guerre qui n’ait pas eu l’humiliation parmi ses alibis. Après I4-I8, le traité de Versailles, qui stipulait, entre autres, l’occupation de la Ruhr, l’interdiction du réarmement de l’Allemagne et la récupération de lAlsace et de la Lorraine par la France, a été jugé intenable parce qu’il humiliait l’Allemagne. Certes, il s’agissait des conditions du vainqueur, mais le vaincu portait quand même un petit peu la responsabilité d’un million quatre cent mille morts et de l’effondrement de l’Europe.
Au cours de la courte période qui sépare la Première de la Seconde Guerre Mondiale - vingt deux ans, moins que la période qui nous sépare de l’élection de Mitterrand à l’Élysée -, de nombreuses voix pacifistes, en France et ailleurs, justifiaient la montée du nazisme par le sentiment d’humiliation des Allemands. De son côté, Hitler a repris au bond cet argument dont il a massivement nourri sa rhétorique. On assiste là précisément à la façon dont fonctionne l’humiliation comme arme politique. Les pacifistes légitimaient d’avance—au bénéfice de Hitler, qui, en retour, les méprisait - l’alibi des crimes du nazisme: la récupération de la fierté allemande. Les crises économiques et leurs drames sociaux aidant, cette rengaine de l’Allemagne humiliée a permis à l’Europe de justifier son inaction face à Hitler en disant : n’en rajoutons pas, ne mettons pas d’huile sur ce feu… Munich, cet extraordinaire épisode historique qui n’est rien d’autre qu’une capitulation préalable à la guerre, est le pur produit de cette rhétorique de l’humiliation qui a gangrené toute la pensée politique d’avant guerre.
Elle a nourri - comme le charbon les locomotives à vapeur - la paranoïa guerrière des Allemands. Comme elle a nourri l’épuration ethnique chez les Serbes pendant la guerre de Yougoslavie.
Oui, l’hlstoire ne se répète pas. Les situations sont différentes aujourd’hui. Il ne s’agit pas de les comparer. Mais s’il y a une leçon que nous n’avons pas su tirer de l’histoire, c’est bien celle-ci. Nous agissons avec le monde arabo-musulman comme les sociologues bien-pensants agissent avec les populations des quartiers sensibles. Nous disons: les Arabes sont humiliés. La colonisation, le conflit israélo-palestinien, la guerre d’Irak, autant d’humiliations. Aux problèmes sociaux des banlieues françaises, on a jugé utile d’ajouter l’humiliation géopolitique, et comme nos banlieues sont censées être peuplées d’Arabes, de Noirs et de musulmans, on a élaboré une vulgate des causes de la haine intérieure et extérieure fondée sur cette humiliation. Et les causes en sont tellement confuses qu’il est vain de croire qu’on les débrouillera un jour si l’on ne jette pas un seau d’eau froide sur l’arrogance de l’humiliation.
Les vraies causes de l’humiliation des Algériens ce n’est plus la colonisation, c’est la confiscation des richesses de l’Algérie par une clique de militaires qui tente de dissimuler ce scandale en instrumentalisant un intégrisme musulman dont le moteur est, lui aussi, « l’humiliation des Arabes », si gentiment servie par une opinion de gauche bien-pensante. L’humiliation des Iraniens, c’est une dictature théocratique qui se bourre les poches avec des pétro-dollars, et qui fait végéter son peuple dans la misère et l’oppression. L'humiliation des Arabes du Golfe, ce sont des monarchies féodales milliardaires qui paye des imams illettrés pour aller islamiser les banlieues de l’Europe, et qui assoient leur pouvoir de gangster sur l’oppression des femmes et des pratiques où la boucherie tient lieu de justice. L’humiliation de l’Afrique, ce sont les dictateurs en Mercedes blindées, protégés par leurs relations avec nos dirigeants qui ne perdent pas une occasion d’évoquer l’humiliation de l’Afrique dans les réunions internationales.
L’humiliation a un avantage. Elle est un argument gratuit. Elle ne coûte rien en argent. En revanche, elle rend impossibles les solutions démocratiques, la négociation, l’avancée du droit, les compromis féconds. Elle justifie les extrémismes les plus dangereux. On a même entendu, après les attentats du 11 septembre 2OO1, que c’était quand même bien fait pour nous et pour les Américains, et que ça devait arriver, à force d’humilier le reste du monde.
Aujourd’hui on est même prêts à ne plus jouer des opéras de Mozart ou à exposer des dessins, ou à publier des caricatures critiquant la religion, au prétexte que ça humilie des humiliés.
Il s’agit en réalité d’un profond racisme qui s’exprime ici, par ceux-là même qui prétendent défendre les humiliés. On nourrit la démagogie de ceux qui les manipulent, et on les pense incapables de discuter, d’entendre de la contradiction, d’avoir un cerveau capable d’apprécier les avantages d’un État de droit.
Chirac passe désormais son temps à dire aux Chinois, aux Russes, aux Iraniens, aux Saoudiens : vous êtes délicieux, je vous comprends, je sais à quel point vous êtes susceptibles et combien vous avez de bonnes raisons de l’être. En retour, ils sourient, ils opinent, ils savourent, tout en nous méprisant d’être assez cons et lâches pour entrer dans leur jeu à ce point, au-delà même de leurs espérances.
Le contenu du discours des brûleurs de bus est le même, avec une centaine de mots, que celui qu’ont élaboré pour la défense des faibles des bonnes âmes qui ont fait l’université et qui écrivent dans des revues savantes. Une gauche démagogue, qui y voit un moyen de mettre la main sur un trésor électoral, et une droite cynique, qui y voit un moyen de continuer les affaires, sont alliées pour fournir aux incendiaires du monde à venir les motivations des tragédies qu’ils préméditent. On ne bâtit pas l’avenir sur des sentiments d’humiliation. On se bat contre les injustices, et l’on demande des réparations tant que les spoliés ou leurs enfants sont encore en vie. Et puis on prend le présent pour ce qu’il est, et l’on essaye de le rendre vivable. Honnêtement, sans haine, sans piquer dans la caisse du passé de quoi transformer l’avenir en cauchemar."
Au bout de deux exemples d’affilée, on voit la dynamique générale : la représentation du monde dans la tête de Philippe Val offre une ballade agréable, on y a souvent la mémoire historique rafraîchie avec ses éditos instructifs et bien construits, et puis paf, ça finit comme un post du forum des dépendants : c’est quand il veut mettre une pitite note d’espoir sur la fin qu’il est le moins crédible.
Charlie, c’est Le Monde diplomatique avec une dragée au poivre à la place de la capsule de cyanure. Ah oui, et j’allais oublier les princes du bon goût et de l’élégance, la source jamais tarie du rayonnement intellectuel de la France à l’étranger, Maurice et Patapon.
Maurice et Patapon ©Charb/Charlie Hebdo
Sinon et à part ça, l’humiliation est un argument que j’ai souvent invoqué avec ma chérie pour justifier de mon immobilisme, et j’ai mis un moment à comprendre qu’il était irrecevable parce qu’irrelevant (merci Flo).
Commentaires
[Edit] 10 Janvier 2015
Je retrouve ce post de Flo sur l'arrogance (sans l'humiliation), pas mal non plus.
Le démon familial
Par Flopinette de la Croisette, mardi 10 janvier 2006 à 03:07 - Entomologie humaine
Hier j’ai eu une conversation un peu effarante avec la Mère-grand. Apparemment il y a un démon dans ma famille, qui saute de tête en tête, et donc ces temps-ci il loge chez la Mère-grand.
Comme c’est le nouvel an, je l’appelle pour lui souhaiter bonne année et prendre des nouvelles. Elle me raconte qu’elle a passé Noël avec tel et tel, qu’elle fait des peintures absolument fabuleuses, qu’elle offre à tel ou tel membre de la famille, jusque là tout est normal. Et puis bien sûr elle me demande pourquoi j’ai arrêté de dessiner, moi qui étais « très douée ». Je lui réponds que dans la vie il faut choisir, et que si on devait faire tout ce pour quoi on est soi-disant doué, on ne serait pas sorti de l’auberge. Et que pour ma part la pratique est la priorité n°1, pour le reste on voit ensuite. Si je lui dis ça, c’est parce qu’elle lit les livres du dalaï-lama, que c’était elle qui me parlait du Bardo thödol quand j’étais jeune, et qu’elle vient encore de m’écrire dans sa dernière lettre qu’elle parle tous les jours à Padmasambhava. Là, elle me demande à quoi ça sert de passer son temps à méditer, et je lui réponds que c’est la seule chose qu’on emporte avec soi quand on est mort. Que n’avais-je pas dit : « Oh là là ! Mais pourquoi as-tu besoin de penser comme ça à la mort !
- Ben, parce que ça va bien m’arriver un jour.
- La vie c’est pas fait pour penser à la mort, c’est fait pour en profiter, et être bien !
- Ma foi, tu as lu les mêmes livres que moi, tu sais très bien ce que les tibétains en disent.
- Ouais non mais tout ça, franchement… Moi, à mon âge, j’ai beaucoup de sagesse, et je sais que tout ça c’est des histoires. Personne ne revient.
- Il n’est pas question de ça. En attendant, j’ai vu ces gens de près, et ils sont sérieux.
- Ben moi je ne veux même pas les approcher ! Je veux garder ma liberté !
- Pas de problème, chacun sa liberté. Toi tu dessines, moi je médite.
- Dans la vie il ne faut pas être égoïste. Il faut être bon avec les gens, avoir de la compassion. S’occuper toujours de soi, ce n’est pas bien.
- Tu as parfaitement raison ».
End of conversation. Chacun aura compris que la méditation est une activité égoïste, puisqu’elle dessine « pour les autres », et que je médite « pour moi ».
Cela m’inspire 3 commentaires :
1) Offrir un dessin à quelqu’un n’est pas exactement un cadeau, c’est beaucoup plus complexe. En fait, le peintre représente toujours son corps énergétique. Si ce n’est pas un pratiquant, il nous offre simplement un paquet de ses névroses. C’est pour cette raison que j’ai autrefois refusé un dessin qu’elle voulait m’offrir. Inconsciemment, je savais que je l’aurais toute la journée à côté de moi, et que ce n’était pas ce qu’il me fallait.
2) En ce qui concerne la compassion, quand je lui dis qu’elle pourrait songer à se raccommoder avec sa fille (ma mère), qui semble avoir changé un peu, elle ne veut pas en entendre parler. « Et si tu t’entends bien avec ta mère, c’est bien. Chaque mère veut retrouver sa fille ». Alors que 30 secondes plus tôt elle prétend ne plus rien vouloir savoir de sa fille. Mais, contrairement à ce qu’on pourrait croire, ce n’est pas de le folie. C’est de l’arrogance. Elle a raison, point. Il faudrait que sa fille vienne se traîner à ses pieds pour qu’elle condescende à bien vouloir lui reparler. Tout cela bien sûr en clamant bonté et compassion.
3) Pour le reste, pas besoin d’être devin pour voir où se situe le problème quand on sait qu’elle a 87 ans, et qu’elle n’a évidemment pas la moindre idée de comment ça se passe quand on est mort, surtout que ce ne sont pas les commentaires de Sogyal (du Bardo thödol) qui le lui auront appris. On voit également l’arrogance sus-citée qui ressort dès qu’on parle des maîtres. Personne n’a rien à lui apprendre, elle a tout compris. D’ailleurs, un peu plus tôt dans la conversation, elle m’a dit « Mon fils m’a proposé de m’offrir un beau livre, mais que ferais-je d’un livre ? J’en ai tellement lu, je sais tout ce qu’il y a dans les livres, ils ne peuvent plus rien m’apprendre ». Si c’était une pratiquante, je comprendrais. Il y a un moment où la clarté devient plus importante que ce qu’elle éclaire - et là encore, il reste encore quelques livres intéressants, des biographies de maîtres, par exemple. Mais de la part de quelqu’un qui n’a pas la moindre idée de la nature de son esprit, prétendre à l’omniscience relative, c’est une autre affaire… enfin bref, je crois que pour ma propre édification je devrais l’appeler plus souvent.
Je me doute que tout le monde a cela dans sa propre famille, puisque c’est la nature humaine. Et si j’en parle, c’est précisément parce que c’est universel.
Ces gens souffrent vraiment mais il est absolument impossible de les aider en quoi que ce soit, parce que ce qui les fait souffrir, c’est leur arrogance. C’est l’arrogance qui empêche de se réconcilier avec ses enfants alors que ce serait peut-être le moment d’y songer. C’est l’arrogance qui empêche de s’intéresser aux enseignements, qui sont la seule chose qui pourra nous aider une fois qu’on sera mort. C’est l’arrogance qui fait que si on rencontre quelqu’un qui pourrait nous aider, ça ne marchera pas. Comme le dit un ami : « Si tu mets la tasse au-dessus de la cafetière, c’est forcé que ça te tombe sur les pieds ».
Par Flopinette de la Croisette, mardi 10 janvier 2006 à 03:07 - Entomologie humaine
Hier j’ai eu une conversation un peu effarante avec la Mère-grand. Apparemment il y a un démon dans ma famille, qui saute de tête en tête, et donc ces temps-ci il loge chez la Mère-grand.
Comme c’est le nouvel an, je l’appelle pour lui souhaiter bonne année et prendre des nouvelles. Elle me raconte qu’elle a passé Noël avec tel et tel, qu’elle fait des peintures absolument fabuleuses, qu’elle offre à tel ou tel membre de la famille, jusque là tout est normal. Et puis bien sûr elle me demande pourquoi j’ai arrêté de dessiner, moi qui étais « très douée ». Je lui réponds que dans la vie il faut choisir, et que si on devait faire tout ce pour quoi on est soi-disant doué, on ne serait pas sorti de l’auberge. Et que pour ma part la pratique est la priorité n°1, pour le reste on voit ensuite. Si je lui dis ça, c’est parce qu’elle lit les livres du dalaï-lama, que c’était elle qui me parlait du Bardo thödol quand j’étais jeune, et qu’elle vient encore de m’écrire dans sa dernière lettre qu’elle parle tous les jours à Padmasambhava. Là, elle me demande à quoi ça sert de passer son temps à méditer, et je lui réponds que c’est la seule chose qu’on emporte avec soi quand on est mort. Que n’avais-je pas dit : « Oh là là ! Mais pourquoi as-tu besoin de penser comme ça à la mort !
- Ben, parce que ça va bien m’arriver un jour.
- La vie c’est pas fait pour penser à la mort, c’est fait pour en profiter, et être bien !
- Ma foi, tu as lu les mêmes livres que moi, tu sais très bien ce que les tibétains en disent.
- Ouais non mais tout ça, franchement… Moi, à mon âge, j’ai beaucoup de sagesse, et je sais que tout ça c’est des histoires. Personne ne revient.
- Il n’est pas question de ça. En attendant, j’ai vu ces gens de près, et ils sont sérieux.
- Ben moi je ne veux même pas les approcher ! Je veux garder ma liberté !
- Pas de problème, chacun sa liberté. Toi tu dessines, moi je médite.
- Dans la vie il ne faut pas être égoïste. Il faut être bon avec les gens, avoir de la compassion. S’occuper toujours de soi, ce n’est pas bien.
- Tu as parfaitement raison ».
End of conversation. Chacun aura compris que la méditation est une activité égoïste, puisqu’elle dessine « pour les autres », et que je médite « pour moi ».
Cela m’inspire 3 commentaires :
1) Offrir un dessin à quelqu’un n’est pas exactement un cadeau, c’est beaucoup plus complexe. En fait, le peintre représente toujours son corps énergétique. Si ce n’est pas un pratiquant, il nous offre simplement un paquet de ses névroses. C’est pour cette raison que j’ai autrefois refusé un dessin qu’elle voulait m’offrir. Inconsciemment, je savais que je l’aurais toute la journée à côté de moi, et que ce n’était pas ce qu’il me fallait.
2) En ce qui concerne la compassion, quand je lui dis qu’elle pourrait songer à se raccommoder avec sa fille (ma mère), qui semble avoir changé un peu, elle ne veut pas en entendre parler. « Et si tu t’entends bien avec ta mère, c’est bien. Chaque mère veut retrouver sa fille ». Alors que 30 secondes plus tôt elle prétend ne plus rien vouloir savoir de sa fille. Mais, contrairement à ce qu’on pourrait croire, ce n’est pas de le folie. C’est de l’arrogance. Elle a raison, point. Il faudrait que sa fille vienne se traîner à ses pieds pour qu’elle condescende à bien vouloir lui reparler. Tout cela bien sûr en clamant bonté et compassion.
3) Pour le reste, pas besoin d’être devin pour voir où se situe le problème quand on sait qu’elle a 87 ans, et qu’elle n’a évidemment pas la moindre idée de comment ça se passe quand on est mort, surtout que ce ne sont pas les commentaires de Sogyal (du Bardo thödol) qui le lui auront appris. On voit également l’arrogance sus-citée qui ressort dès qu’on parle des maîtres. Personne n’a rien à lui apprendre, elle a tout compris. D’ailleurs, un peu plus tôt dans la conversation, elle m’a dit « Mon fils m’a proposé de m’offrir un beau livre, mais que ferais-je d’un livre ? J’en ai tellement lu, je sais tout ce qu’il y a dans les livres, ils ne peuvent plus rien m’apprendre ». Si c’était une pratiquante, je comprendrais. Il y a un moment où la clarté devient plus importante que ce qu’elle éclaire - et là encore, il reste encore quelques livres intéressants, des biographies de maîtres, par exemple. Mais de la part de quelqu’un qui n’a pas la moindre idée de la nature de son esprit, prétendre à l’omniscience relative, c’est une autre affaire… enfin bref, je crois que pour ma propre édification je devrais l’appeler plus souvent.
Je me doute que tout le monde a cela dans sa propre famille, puisque c’est la nature humaine. Et si j’en parle, c’est précisément parce que c’est universel.
Ces gens souffrent vraiment mais il est absolument impossible de les aider en quoi que ce soit, parce que ce qui les fait souffrir, c’est leur arrogance. C’est l’arrogance qui empêche de se réconcilier avec ses enfants alors que ce serait peut-être le moment d’y songer. C’est l’arrogance qui empêche de s’intéresser aux enseignements, qui sont la seule chose qui pourra nous aider une fois qu’on sera mort. C’est l’arrogance qui fait que si on rencontre quelqu’un qui pourrait nous aider, ça ne marchera pas. Comme le dit un ami : « Si tu mets la tasse au-dessus de la cafetière, c’est forcé que ça te tombe sur les pieds ».
La solution est claire : il faut envoyer le Dalaï-lama à Daech.
Et maintenant, assez parlé, je vais à la manif, avec Nicolas Bedos.
Et Luz.
Et maintenant, assez parlé, je vais à la manif, avec Nicolas Bedos.
Et Luz.
Etienne
Rédigé par: liebig | le 03 novembre 2006 à 23:09|
Je ne les mets pas dans le même panier, mais les ai trouvés dans le même journal. Il est certain qu’ayant connu Font et Val chansonniers libertaires, leurs tragiques destins dissemblables (l’un débordé par ses pulsions et l’autre par son surmoi) me donnent à réfléchir sur les lois de l’évolution et la pertinence du freudisme comme outil d’analyse psychologique. Les éditos de Val ont de la gueule, mais j’aimerais pas être sa femme, ça doit être galère au quotidien. Charb me plaît par son côté anar de gauche, alors que Siné c’est plutôt l’anar de droite, que j’trouve.
Rédigé par: johnwarsen | le 04 novembre 2006 à 08:45|
Ton Etienne qui cherche non pas Dieu mes ses putains de lunettes…
Rédigé par: liebig | le 04 novembre 2006 à 13:54|
Par la barbe du profane ! Va en paix.
Rédigé par: john | le 04 novembre 2006 à 15:07|
et ils se marriere et eureny, ur (et UR quoi tu ma compris) beaucoup d’enfant..
ps : bon aprés les enfants ils decedent mais bon si tu raconte la fin ya plus d’intrigue
Mouahhhhaa
Rédigé par: roul | le 06 novembre 2006 à 13:09|
Rédigé par: johnwarsen | le 06 novembre 2006 à 22:42|