(éditorial de Philippe Val dans Charlie Hebdo du 1/11/06)
Au bout de deux exemples d’affilée, on voit la dynamique générale : la représentation du monde dans la tête de Philippe Val offre une ballade agréable, on y a souvent la mémoire historique rafraîchie avec ses éditos instructifs et bien construits, et puis paf, ça finit comme un post du forum des dépendants : c’est quand il veut mettre une pitite note d’espoir sur la fin qu’il est le moins crédible.
Charlie, c’est Le Monde diplomatique avec une dragée au poivre à la place de la capsule de cyanure. Ah oui, et j’allais oublier les princes du bon goût et de l’élégance, la source jamais tarie du rayonnement intellectuel de la France à l’étranger, Maurice et Patapon.
Maurice et Patapon ©Charb/Charlie Hebdo
Sinon et à part ça, l’humiliation est un argument que j’ai souvent invoqué avec ma chérie pour justifier de mon immobilisme, et j’ai mis un moment à comprendre qu’il était irrecevable parce qu’irrelevant (merci Flo).
Commentaires
Par Flopinette de la Croisette, mardi 10 janvier 2006 à 03:07 - Entomologie humaine
Hier j’ai eu une conversation un peu effarante avec la Mère-grand. Apparemment il y a un démon dans ma famille, qui saute de tête en tête, et donc ces temps-ci il loge chez la Mère-grand.
Comme c’est le nouvel an, je l’appelle pour lui souhaiter bonne année et prendre des nouvelles. Elle me raconte qu’elle a passé Noël avec tel et tel, qu’elle fait des peintures absolument fabuleuses, qu’elle offre à tel ou tel membre de la famille, jusque là tout est normal. Et puis bien sûr elle me demande pourquoi j’ai arrêté de dessiner, moi qui étais « très douée ». Je lui réponds que dans la vie il faut choisir, et que si on devait faire tout ce pour quoi on est soi-disant doué, on ne serait pas sorti de l’auberge. Et que pour ma part la pratique est la priorité n°1, pour le reste on voit ensuite. Si je lui dis ça, c’est parce qu’elle lit les livres du dalaï-lama, que c’était elle qui me parlait du Bardo thödol quand j’étais jeune, et qu’elle vient encore de m’écrire dans sa dernière lettre qu’elle parle tous les jours à Padmasambhava. Là, elle me demande à quoi ça sert de passer son temps à méditer, et je lui réponds que c’est la seule chose qu’on emporte avec soi quand on est mort. Que n’avais-je pas dit : « Oh là là ! Mais pourquoi as-tu besoin de penser comme ça à la mort !
- Ben, parce que ça va bien m’arriver un jour.
- La vie c’est pas fait pour penser à la mort, c’est fait pour en profiter, et être bien !
- Ma foi, tu as lu les mêmes livres que moi, tu sais très bien ce que les tibétains en disent.
- Ouais non mais tout ça, franchement… Moi, à mon âge, j’ai beaucoup de sagesse, et je sais que tout ça c’est des histoires. Personne ne revient.
- Il n’est pas question de ça. En attendant, j’ai vu ces gens de près, et ils sont sérieux.
- Ben moi je ne veux même pas les approcher ! Je veux garder ma liberté !
- Pas de problème, chacun sa liberté. Toi tu dessines, moi je médite.
- Dans la vie il ne faut pas être égoïste. Il faut être bon avec les gens, avoir de la compassion. S’occuper toujours de soi, ce n’est pas bien.
- Tu as parfaitement raison ».
End of conversation. Chacun aura compris que la méditation est une activité égoïste, puisqu’elle dessine « pour les autres », et que je médite « pour moi ».
Cela m’inspire 3 commentaires :
1) Offrir un dessin à quelqu’un n’est pas exactement un cadeau, c’est beaucoup plus complexe. En fait, le peintre représente toujours son corps énergétique. Si ce n’est pas un pratiquant, il nous offre simplement un paquet de ses névroses. C’est pour cette raison que j’ai autrefois refusé un dessin qu’elle voulait m’offrir. Inconsciemment, je savais que je l’aurais toute la journée à côté de moi, et que ce n’était pas ce qu’il me fallait.
2) En ce qui concerne la compassion, quand je lui dis qu’elle pourrait songer à se raccommoder avec sa fille (ma mère), qui semble avoir changé un peu, elle ne veut pas en entendre parler. « Et si tu t’entends bien avec ta mère, c’est bien. Chaque mère veut retrouver sa fille ». Alors que 30 secondes plus tôt elle prétend ne plus rien vouloir savoir de sa fille. Mais, contrairement à ce qu’on pourrait croire, ce n’est pas de le folie. C’est de l’arrogance. Elle a raison, point. Il faudrait que sa fille vienne se traîner à ses pieds pour qu’elle condescende à bien vouloir lui reparler. Tout cela bien sûr en clamant bonté et compassion.
3) Pour le reste, pas besoin d’être devin pour voir où se situe le problème quand on sait qu’elle a 87 ans, et qu’elle n’a évidemment pas la moindre idée de comment ça se passe quand on est mort, surtout que ce ne sont pas les commentaires de Sogyal (du Bardo thödol) qui le lui auront appris. On voit également l’arrogance sus-citée qui ressort dès qu’on parle des maîtres. Personne n’a rien à lui apprendre, elle a tout compris. D’ailleurs, un peu plus tôt dans la conversation, elle m’a dit « Mon fils m’a proposé de m’offrir un beau livre, mais que ferais-je d’un livre ? J’en ai tellement lu, je sais tout ce qu’il y a dans les livres, ils ne peuvent plus rien m’apprendre ». Si c’était une pratiquante, je comprendrais. Il y a un moment où la clarté devient plus importante que ce qu’elle éclaire - et là encore, il reste encore quelques livres intéressants, des biographies de maîtres, par exemple. Mais de la part de quelqu’un qui n’a pas la moindre idée de la nature de son esprit, prétendre à l’omniscience relative, c’est une autre affaire… enfin bref, je crois que pour ma propre édification je devrais l’appeler plus souvent.
Je me doute que tout le monde a cela dans sa propre famille, puisque c’est la nature humaine. Et si j’en parle, c’est précisément parce que c’est universel.
Ces gens souffrent vraiment mais il est absolument impossible de les aider en quoi que ce soit, parce que ce qui les fait souffrir, c’est leur arrogance. C’est l’arrogance qui empêche de se réconcilier avec ses enfants alors que ce serait peut-être le moment d’y songer. C’est l’arrogance qui empêche de s’intéresser aux enseignements, qui sont la seule chose qui pourra nous aider une fois qu’on sera mort. C’est l’arrogance qui fait que si on rencontre quelqu’un qui pourrait nous aider, ça ne marchera pas. Comme le dit un ami : « Si tu mets la tasse au-dessus de la cafetière, c’est forcé que ça te tombe sur les pieds ».
Et maintenant, assez parlé, je vais à la manif, avec Nicolas Bedos.
Et Luz.
Etienne
Rédigé par: liebig | le 03 novembre 2006 à 23:09|
Je ne les mets pas dans le même panier, mais les ai trouvés dans le même journal. Il est certain qu’ayant connu Font et Val chansonniers libertaires, leurs tragiques destins dissemblables (l’un débordé par ses pulsions et l’autre par son surmoi) me donnent à réfléchir sur les lois de l’évolution et la pertinence du freudisme comme outil d’analyse psychologique. Les éditos de Val ont de la gueule, mais j’aimerais pas être sa femme, ça doit être galère au quotidien. Charb me plaît par son côté anar de gauche, alors que Siné c’est plutôt l’anar de droite, que j’trouve.
Rédigé par: johnwarsen | le 04 novembre 2006 à 08:45|
Ton Etienne qui cherche non pas Dieu mes ses putains de lunettes…
Rédigé par: liebig | le 04 novembre 2006 à 13:54|
Par la barbe du profane ! Va en paix.
Rédigé par: john | le 04 novembre 2006 à 15:07|
et ils se marriere et eureny, ur (et UR quoi tu ma compris) beaucoup d’enfant..
ps : bon aprés les enfants ils decedent mais bon si tu raconte la fin ya plus d’intrigue
Mouahhhhaa
Rédigé par: roul | le 06 novembre 2006 à 13:09|
Rédigé par: johnwarsen | le 06 novembre 2006 à 22:42|