Quand j'écris un mail à quelqu'un, faut bien dire ce qui est sans se voiler la fesse, en ce moment c'est souvent dans l'espoir que ça lui apportera un peu de gaieté.
Ce qui chez moi relève sans doute d'une forme perverse de terrorisme intellectuel, mais c'est pas le sujet du jour.
Si les antidépresseurs qui m'ont été prescrits n'avaient pas eu cet arrière-goût prononcé d'amphétamines du fait de ma soi-disant bipolarité, on n'en serait peut-être pas là, mais j'avais déjà cette tendance par le passé, que la chimie n'a fait qu'accentuer, et de toutes façons, comme on dit dans mon quartier, c'est pas après que la poule a pondu qu'elle doit serrer les fesses.
A propos de drogues, le fraîchement regretté Moebius disait aspro pot une chose assez juste : "La dope, c'est comme visiter l'Egypte sans descendre du bus. On voit des trucs chouettes, mais pas moyen d'être autre chose qu'un spectateur. " (je résume, faudra que je relise l'article qui traine bien rangé dans l'armoire du garage)
Alors qu'avec le Seroplex 10mg®, à l'illusion de puissance des paradis artificiels se substitue la Puissance Réelle et Agissante, et en plus remboursée par la Sécu, ainsi que les consultations.
C'est pire que la dope, ratiocinais-je au moment précis où j'ai senti que la béquille, fort utile, se transformait en fusée dans le derrière. Expérience aussi plaisante qu'inédite dans un premier temps, qui a bien failli me laisser une fois de plus sur le carreau dans un second, si je n'avais négocié un arrêt du traitement.
Quelle arnaque ! ajoutai-je in petto, songeant aux milliers de sans-abri spirituels qui trouvaient là une occasion supplémentaire de "fonctionner" de façon acceptable pour la société, tout en planant toujours un peu plus loin de leurs godasses.
Pour ma part, j'ai paraît-il renoncé à me prendre au sérieux, préférant faire rire, même un peu jaune, j'ai donc mis à profit cet intermède acidulé pour étendre mon répertoire de blagouzes ignobles, et à ma place j'aurais bien voulu vous ivoire, avec ma tronche d'éléphant scorbuté.
Attitude suspecte, certes, mais dès qu'on l'ausculte, c'est assez facile de voir la posture derrière :
"Je" suis connu et re-connu pour ne pas engendrer la mélancolie ...
"ô combien désopilant je suis" me procurant un gain de légitimité fort bienvenue etc...
Bref, encore un masque.
Me prendre au sérieux ?
Moi ?
Vous rigolez ?
Ben non, pas tellement, en fait.
Dans ce monde, seuls les besoins ne manquent pas.
Et celui de sourire ne saurait trop souffrir d'être galvaudé, ni satisfait à tout prix et par n'importe quel truchement.
L'ennui c'est que souvent, mes propos sont mal interprétés :
trop d'agitation, de provoc gratuite...
la plupart de mes courriers restent donc sans réponse.
D'aucuns prétendent même que si je me les auto-envoyais, ça leur ferait des vacances.
Mais j'emmerde d'aucuns, qui d'ailleurs est au ski.
Ca me fait penser que quand je buvais, je me disais que y'avait pas de problème, à part le fait que les gens n'arrêtaient pas de me dire des choses désagréables.
Comme je note tout pour pouvoir m'en rappeler, je note ici (et je saurai retrouver cette note, j'en prends bonne note dans mon carnet à souches) qu'il faut que je pense à regarder sur Google qu'est-ce que c'est qu'un hypo-maniaque, dont m'a taxé à 19,6% le psychiatre qui me suit depuis cette infection bénigne ET maligne au Seroplex®, parce qu'il pourrait quand même y avoir du vrai.
Bien que je me sente plus d'affinités avec l'éléphant qu'avec l'hippo.
Sauf les
hippopotables, évidemment.
Du coup et néanmoins à part ça, je constate une fois de plus qu'on trouve tout sur Internet, sauf ce qu'on cherche.
Surtout sur tumblr.
Quoique des fois ça soit pertinent quand même : quand j'ai vu cette photo, j'ai d'abord ricané.
De bon coeur.
Ce qui donnait un mix entre ricanement et fou-rire, il y a sûrement de la bipolarité là-dessous.
Et puis j'ai eu l'idée de la légender :
"Putain on peut vraiment pas te laisser seule cinq minutes", ce qui m'a fait encore plus ricaner, songeant qu'à mon époque, on aurait pu faire des photos de moi dans un état aussi proche de l'Ohio que cette pauvre créature de Dieu abandonnée de tous, et surtout du salopiaud qui a pris la photo et qui l'a mise en ligne, pour ne rien dire de celui qui prend prétexte de ce non-évènement pour y trouver matière à un nouvel article alors que j'avais promis de tout vous dire sur ma mère.
Enfin, pauvre créature, je dis ça, mais finalement je n'en sais rien et c'est que de la projection émotionnelle : elle est peut-être pétée de tunes... mais l'image me donne à penser qu'elle a quand même des loisirs branchés frustration & désir inextinguible qui tourne un peu court.
Ce qui permet d'imaginer une autre légende à la photo (vous serez gentil de me communiquer les votres) : "Le désir du nirvana, c'est le samsara", ce qui a au moins le mérite d'élever un peu le débat.
Si j'étais elle, je serais quand même pas très content d'avoir ma photo en si fâcheuse posture sur Internet, bien que j'en aie trouvé des bien pires, et que je me mette souvent en scène dans des postures assez défavorables, ce qui est une autre histoire, putain on va pas parler que de toi quand même sur ton blog.
Il y aurait beaucoup à dire sur le travail souterrain mais à poutres apparentes, et pas que dans le slip, des forces du mal, sur Internet comme partout ailleurs, sans oublier que les vrais problèmes (définis comme n'étant pas des problèmes de riches, justement) sont aujourd'hui en Syrie, comme ils étaient hier au Liban.
Ou sur la capacité de l'être humain à se nuire (air connu) et les mises en abîme auprès desquelles les boucles d'oreille de la Vache qui rit sont plus ternes que mes bijoux de famille.
Mais ça ne serait pas raccord avec le ton général de ce post.
Heureusement que selon Saint Desproges, on peut rire de tout, mais pas avec n'importe qui.
Allez, je vous lèche le cornet à deux boules, l'idée c'est quand même d'écrire tout ça assez vite, vu que j'ai autre chose à faire d'au moins plus urgent dans ma vie réelle à moi que j'ai, et que c'est ça le Grand Secret de la Bonne Santé qui Va Bien.