dimanche 2 novembre 2008

un dimanche de toussaint

Quand je suis visiteur de prison, j'y vais avec la casquette Alcooliques Anonymes. Un peu angoissé à l'idée de faire le bien consciemment, ce qui semble pourtant une bonne idée, mais qui a tendance chez moi à se coincer un peu dans les noeuds de la fermeture éclair de la braguette de la conscience auto-consciente, je m'en vante un peu partout, dont ici, espérant que ça réduit d'autant ma propension à m'en faire une vertu souterraine. S'affranchir de ses défauts en s'en réclamant, à l'usage ça marche mieux avec les qualités.
c'est du lourd.
Peu avant la Toussaint, j'anime une réunion AA à la maison d'arrêt, au cours de laquelle un prisonnier que j'estime assez avancé dans le programme de rétablissement qui nous est suggéré, en tout cas par rapport aux autres, évoque la possibilité qu'il a de sortir ce week-end, mais comme il se sent bien capable de se retrouver à l'insu de son plein gré le coude incrusté dans le zinc d'un bistrot, il préfère finalement rester à l'ombre, se sentant plus en sécurité dedans que dehors, comme nombre de détenus ayant admis leur faiblesse devant l'alcool sans l'accepter vraiment - difficile d'être dans le déni quand on a gagné plusieurs mois d'enfermement pour des bêtises commises dans les hallucinations éthyliques; mais ici comme ailleurs, la prise de conscience est effective quand elle se traduit en actes : le feu ça brûle, mais c'est quand on ne met plus sa main dedans qu'on montre qu'on a vraiment intégré l'information.
Hormis le fait que disant cela j'ai l'impression de radoter et de m'offrir clandestinement l'occasion de me trouver supérieur à d'autres humains à peu de frais, le fait est que beaucoup de prévenus, quand ils sortent de détention, retombent dans leur milieu et leurs habitudes d'origines, reboivent un jour le coup qu'il ne fallait que lui pour remettre le feu aux poudres, refont des conneries et retournent en prison sans passer par la case départ. Déterminisme social implacable, fatum individuel, ignorance crasse et déni de leur misère, karma waterproof, ah ça oui y sont souvent imperméables à l'eau, rien ne les menace moins qu'un coma hydraulique. Quand je les sens en forme, et si je le suis aussi, il m'arrive de leur suggérer que leur prison n'a qu'un seul barreau et qu'ils tournent autour, mais j'y vais mollo parce que je connais les limites de leur sens de l'humour. 
Leur enfer est bien chauffé, mais on peut pas baisser le thermostat à leur place, ma brave dame.

Pendant ce temps-là, du côté de chez moi, femme et enfants se translatent jusqu'à chez mamie d'Albi pour les vacances, et au contraire (je n'ai jamais su si "à l'instar" ça voulait dire de la mème façon ou à l'inverse) de mon pote qui hésite à sortir de tôle, moi je n'ai guère envie de me retrouver tout seul à la maison devant mon ordi, ma télé, mes feuilles mortes que j'ai toutes ramassées, et ma vieille chatte noire qui demande dix fois par jour qu'on lui remplisse son écuelle de croquettes par osmose névrotique avec les habitants du lieu versés dans les arcanes du manque. Essayez de lire du Eckardt Tolle à un chat qu'on a dû amputer de la queue tellement qu'il faisait rien qu'à traverser la route parce qu'il croyait que l'herbe était plus verte chez le voisin, il n'en a rien à fiche si vous n'agrémentez votre verbe de quelques poignées de FestiMiaou (aromatisé aux miettes de dauphin et de baleine).

C'était n'importe quoi, 
mais il ne l'a pas emporté au paradis.
Moi je rebosse lundi, j'encadre des étudiants en communication qui ont pour mission de réaliser des reportages sur l'hyper-alcoolisation des jeunes, et rien que le terme évoque ce sirop lexical qui nimbe toute chose d'une brume hamiltonienne, référence à David H. qui avait élevé la pédophilie au rang d'un art premier, quand c'était pas encore incorrect de dévoiler ses tendres cousines dans des magazines papier glacé... et qu'on disait biture-express ou grosse murge au lieu de cette hyper-alcoolisation répondant à une hyper-soif engendrée par un hyper-malaise des jeunes devant l'hyper-manque de sens de notre société qui leur propose toujours plus d'objets à se mettre dans tous les orifices que la nature prodigue nous a patiemment creusés dans le lit de l'évolution biologique, hyper-soif à étancher dans un hyper-marché suburbain, chez Lidl par exemple où le vin est à 1,30 $ le litre en moyenne, et j'ai trouvé des bières à 8 degrés, 1/2 $ la canette d'un demi-litre... comme ça, ceux qui ont choisi comme angle "comment s'hyper-alcooliser avec moins de 700 euros par mois" je sais où les envoyer enquêter, bien que l'angle ne soit pas forcément pertinent.
Donc j'ai deux jours à tuer, pas le temps d'aller voir mamie, et justement, j'ai un oncle dans le bordelais que j'aime bien et que je vois très peu, 78 ans, veuf relativement serein bien qu'inadapté à la vie solitaire qu'il mène désormais dans cette grande maison vide... le seul frère de ma mère, ils sont tous morts super-jeunes de ce côté-là, y'a quasiment eu aucune transmission de mémoire familiale maternelle, même si je me sens proche d'eux... au moins dans mes côtés inoffensif neuneu solitaire, mon oncle il a un côté comme ça, ma tante était une mamma italienne qui prenait tout le lit, et lui gueulait dessus comme un gosse, qu'il est d'ailleurs resté, avec ses yeux bleus délavés tendance faïence de piscine qu'aurait trop pris le soleil... toutes les assurances-vie avaient été placées sur lui, au tiercé de la mort c'était le cheval fourbu donné gagnant d'avance, frêle et asthmatique pendant toute sa vie, avec son look pas du tout étudié d'humble parmi les humbles, et finalement c'est elle qui est partie en 8 jours... décédée d'un coma étrange pendant qu'il était immobilisé à l'hosto avec le bassin fracturé, je ne raconte pas l'histoire parce qu'elle n'est pas croyable, mais quand il est rentré chez lui tout était fini et maman dans la bière... on lui a pratiquement volé la mort de sa femme, mais il a conservé le regard bleu piscine d'enfant ahuri qu'il promenait sur la vie.

Avant de partir, je suis passé chez un copain mettre un disque de 500 Gigas en nursery, j'avais bon espoir de le retrouver vivant à mon retour, j'avais oublié que la Toussaint peut aussi s'appliquer aux disques durs, et il m'a offert un peu d'herbe, pour mon pétard annuel, dont je me suis aussitôt dessaisi de la moitié auprès d'un autre copain qui avait l'air de s'y connaitre encore plus en disques durs malades, plaisir d'offrir, joie de recevoir, et j'ai mâchouillé quelques feuilles de chanvre en descendant sur Libourne dans le crépuscule humide et ma ZX fatiguée, je ne voulais pas fumer, et j'avais souvenir que c'est vraiment trop pas grave en infusion homéopathique... sauf qu'après Libourne, la nuit tombe, et la route de Bergerac se perd dans des méandres de déviations de chantiers improvisées, avec ralentisseurs en Lego géants déposés au petit bonheur, et il pleut, ça fait longtemps que la ventilation est morte dans la voiture et le garagiste m'a installé un simulacre d'aération virtuelle qui fait un bruit de turbine assourdissant, avec un effet notoiremement insignifiant sur la buée qui envahit l'intérieur de l'habitacle, alors je suis obligé d'éponger compulsivement le pare-brise en remettant ma destination à la Providence, plus crédible qu'un GPS sur certaines opérations, je ne m'en fais pas trop sur le moment, je sais que quand je suis motivé par l'idée de faire le bien consciemment, (voir plus haut) la partie sécurité routière et exactitude de l'heure d'arrivée pressentie est prise en charge d'En Haut, à condition que je regarde la route et que je ne m'en vante pas trop.

c'est là qu'habite tonton, et ça n'a pas changé depuis.

Et j'arrive sans encombre chez tonton, bien qu'un peu hébété, hé bé, té, voilà mon neveu, trois ou quatre ans depuis mon dernier passage, ni lui ni la maison n'ont beaucoup changé, subrepticement décrépits sans doute, ah si tiens, le couloir du rez-de-chaussée a perdu l'odeur inimitable qu'il avait depuis au moins 40 ans et qui faisait comme un passage secret olfactif avec l'enfance, comme j'y venais très rarement c'était des effluves magiques, on passait en famille mais ça ennuyait mon père, ces séjours au coeur d'une ruralité que ma mère avait détesté assez jeune après le décès de ses parents, renâclant à une destinée vouée à l'arrachage de patates à la main, elle avait fui vers l'école normale et l'ascenseur social, et je râlais d'être ainsi amputé de cette famille invisible et pas assez intello qu'ils négligeaient et dont je pensais que mon père les méprisait, alors qu'en fait c'est simplement un milieu dans lequel il n'avait aucun repère, et aucune intention de fournir d'effort d'attention, ce qui est peut-être une définition présentable du mépris, donc on passait parfois en coups de vent dire bonjour à raymond et yolande, peut-être huit fois en vingt ans, voilà. 

Et maintenant, je suis adulte, parait-il, j'ai 45 ans, quand la petite voix me le fait remarquer je lui demande "et toi, t'as quel âge ?" et on s'en tient là, et yolande est morte, et je prends l'initiative de venir passer deux jours chez tonton pour voir s'il devient fantômatique de son vivant. Parce que je l'avais trouvé mal en point il y a quelques années, il était déjà veuf mais m'avait fait écouter des vieux Aznavour de la période glauque pour m'exprimer l'inexprimable, et d'ailleurs il me dit qu'entre-temps il a vu un psy, et qu'ils ont convenu d'un commun accord qu'il était trop tard pour tenter quoi que ce soit.
Ce qui est incroyable, à part la disparition des arômes autrefois distillés par les murs mêmes de la maison de tonton, et l'absence persistance de tatie dont la voix de tonnerre éraillé résonne encore à mes oreilles, c'est qu'on a mis des noms aux rues et des numéros aux maisons, il me l'a dit l'autre jour au téléphone, c'est vous dire si la bourgade est située en bordure des autoroutes de l'information.

Les enfants sont au loin et ne donnent pas de nouvelles, confits dans l'ingratitude extra-territoriale, j'exagère, sa fille qui vit en Corse vient justement de passer 8 jours avec lui, mais les deux garçons en Nouvelle-Calédonie sont d'un laconisme et d'une absence d'affects exprimés proverbiales. Il s'agissait d'échapper à leur mère, le plus loin possible, aucun garçon ne pouvait pousser dans l'ombre de cette femme, d'ailleurs l'oncle (un frère de la défunte femme de tonton) croisé cet été à San Diego, devenu entrepreneur immobilier transcontinental avec signes extérieurs de richesse, maison opulente sur les collines de la Californie du Sud, domestiques installés à demeure, fille tristement folle d'inutilité et malade du fric de son père, alors qu'il était arrivé aux USA en 64 avec sa bite et son couteau, est un portrait craché de mon cousin calédonien, son neveu, le fils indigne de tonton. Ca devient compliqué, hein ? un peu comme quand tu essaies de lire un journal en rêve, tu sens qu'il s'agit d'un article très important, mais il y a des paragraphes entiers qui sont inscrutables, et ce que tu déchiffres est indicible, pardon, imbitable... cette famille maternelle, dieu sait que j'en entrevois des fragments et que j'en saisis des bouts, à travers l'évocation des spectres et les soupirs des vivants, mais le matériau est détérioré, pâteux, comme l'exemplaire défraîchi en édition de poche de "la machine à remonter le temps" de Herbert Georges Wells que je trouve dans la chambre du cousin maudit qui m'accueille à l'étage, parce que tonton il se couche à huit heures du soir, et vraiment Wells c'est tout à fait remarquable, un visionnaire de la fin XIXe dont je me dis qu'il faudrait le lire de retour chez moi, des idées et un vocabulaire à faire rougir de honte et d'indigence notre franglais light de 2008.

Tonton vit très ralenti, entre le lit qu'il a fait installer en bas, et la cuisine, un peu de télé mais pas trop parce qu'il n'y voit plus grand chose, un immense jardin qu'il ne peut plus faire parce qu'il a du mal à marcher, et guère plus de raisons de vivre que de raisons de mourir. Pas encore dans le mood de la chanson de Brel "les vieux" qui donne envie de sniffer un bon rail de cyanure sur un coin de calendrier des PTT orné d'une photo de chatons dans un panier, mais il s'en faudrait de pas grand chose. Je suis venu avec un cédérom des photos de californie de cet été, puisque je me sens un peu emprunté d'être autodésigné plénipotentiaire et unique représentant de la branche "jeune" de la famille, un peu de sang frais et de rires d'enfants ne ferait pas de mal à cette baraque, et tonton il a un pécé portable qui date du crétacé laissé par son fils avec windows 98 dessus et aucun logiciel photo que je connaisse, ça me prend deux après-midis pour lui faire une séance un peu longuette de "connaissance du monde" avec mon cédé dont les photos "chargent" une à une, retrouvant un peu de la magie ancienne de la séance de diapositives sur écran perlé et chargeur manuel, en faisant un talk-show circonstancié et complaisant. Et ça lui complait, à tonton. Je me suis habitué pour ma part à me sentir très Papa (le talk show pétri de certitudes pipotées à l'auto-bluff ) quand je viens dans la famille de Maman, il y a sûrement des entités, incubes, succubes et trépassés qui se montent le bourrichon dans les corridors de nos mémoires, mais on n'est pas trop portés sur le spiritisme alors on ne peut se fier à aucun signe, qui ne nous est d'ailleurs pas révélé.

Entre les séances Connaissance du monde, on discute avec cette complicité timide et pointillée qu'on a depuis 40 ans. Les trois feuilles d'herbe mâchonnées aussi religieusement que si c'était de l'ayahuesca me font percevoir toutes les nervures de la conversation en temps réel, ses impasses et ses open spaces, le lien social de raymond qui se résume à sa femme de ménage volubile mais intermittente dans ses visites, et ses regrets de s'être laissé marginaliser par son emploi à l'hopital du coin, les vicissitudes de l'exploitation agricole et le temps qui file avec trois gosses à charge. L'aveu d'avoir un peu foiré sa vie, obtenu sans extorsion et avec le sourire, preuve d'intimité.

Dimanche matin, je lui tords un peu la main pour aller au cimetière, ça le gave sans qu'il ose le dire... c'est peut-être pour ça qu'il tente de nous tuer en traversant le rond point du Leclerc de Sainte-Foy-la-Grande en ligne droite, j'exagère un peu mais ses rapports de vitesse deviennent vraiment approximatifs, je n'ai pas insisté pour conduire, je n'ai pas peur de mourir à la Toussaint, tout le principe du week-end repose sur l'idée, non pas de noble cause parce qu'adoucir quelques heures d'un vieillard solitaire relève d'un objectif plus modeste, mais de moment juste... Qui s'est retrouvé à acheter du pain et un poulet rôti dans l'aube blafarde d'un dimanche matin de début novembre au Super U du fond de la Dordogne aux côtés de son oncle clopinant voit sûrement ce que je veux dire.

Plus tard dans la matinée, il s'arrête à peine devant la tombe de son ex, mourir c'est devenir un(e) ex, qu'il a beaucoup fréquentée ces dernières années, et il m'entraîne devant d'autres sépultures, me raconte des petites anecdotes, tiens regarde machin là il s'est suicidé à 40 ans, il avait deux enfants, et truc, là, le gitan, y se gène pas, regarde, et effectivement truc il s'est fait construire un mausolée qui tient à la fois du vivarium et du show room, un monument de granit briqué à mort sous une verrière de jardin d'hiver très classieuse, et ses potes ils ont tellement mis de fleurs dans l'allée qu'on est obligés de rebrousser chemin...
Dans l'après-midi, quand on s'est tout dit sans rien se dire, sur les uns et les autres et même sur nous, il sait que je dois partir et me fout gentiment dehors, en me disant que la prochaine fois, il aimerait bien que je lui ramène les enfants, et c'est inattendu de vitalité et d'espoir - qui - fait - vivre - bien - qu'il - ne - soit - pas - un - steak, parce que c'est dit avec une telle économie de moyens et en même temps une telle tendresse, alors que je tenais sans doute tellement à ce que le chagrin le domine comme un vieux puits de mine abandonné, et que cette lueur qui éclôt dans l'oeil de tonton témoigne de l'appel du vivant pour le vivant, même si j'ai bien l'impression de traverser la vie avec le même sourire de pioupiou décati que lui sur sa fin de partie, et qu'à ce moment-là toute ma visite s'éclaire elle aussi de la lumière de l'auto-apitoiement par tonton interposé, merdalors, bref je manque m'évanouir de joie. Bien sûr que je te les ramènerai les gosses, tonton. Au printemps, si tu es encore là, mais tu viens de me faire comprendre que tu as bien l'intention d'y être.

Dissertation : l'auteur prétend faire un reportage mais fait usage de nombreux artifices fictionnels. Les as-tu clairement identifiés ? De plus, sous prétexte d'altruisme intra-familial, son égo s'avance et se pavane sous 234 masques différents, les as-tu reconnus ?

vendredi 31 octobre 2008

des séductions de l'esprit mauvais


Un ami vient dîner et nous comparons nos vacances récentes en Californie.
Mon fils dit son désir d'aller en vacances en Ecosse et dévoile sa motivation : y boire du whisky. Il aimerait aussi se rendre au Brésil. Je lui réponds que si c'est pour y voir des trans, si ce n'est que ça, on peut très bien lui servir un scotch devant un site internet de poutasses fiveur's, comme ça il visitera les deux pays en même temps de manière économique. Tout le monde rigole. Il ne s'agit que de répondre par la galéjade à une provocation, sans bavure policière ni échauffement des esprits.
Plus tard dans la soirée, comme mon ami lance un nouveau savon au nom d'insecte, et que cet insecte est de moeurs sexuelles plus que douteuses, nous ironisons sur la pertinence de ce nom, et les spots de pub que nous pourrions produire si la publicité ne se cantonnait aujourd'hui à une mièvre pornographie du bonheur matérialiste obligatoire, après des incursions frileuses dans le cynisme hara-kiri light dans les années 80.
On rit encore. On ne m'a pas encore raconté la blague que Christian Descamps, leader du groupe Ange, fait sur scène aujourd'hui : "il vaut mieux être gérontophile que pédophile, on a moins de soucis avec les parents" sinon elle serait de circonstances. Il arrive que le mauvais esprit soit bon enfant, quand on est dans l'acceptation de son potentiel.
Comme dans cet incunable retrouvé par un charognard dans une poubelle.

De : "Flo"
Date : Sat, 26 Jul 2003 07:32:18 +0200
À :
Objet : [conscience-lucidite] radio CL - le délire de 7h du mat'

Récemment j'ai eu une sorte de prise de conscience. Je me suis rendue compte qu'on était tous absolument différents les uns des autres, et qui si on consacrait son énergie à découvrir comment on était fait plutôt qu'à imiter le voisin, le problème de la réalisation ne se poserait probablement plus, parce que tout se ferait naturellement.
Je ne parle pas des exercices comme la Pensée Perceptive qui me semblent universels, mais de la façon dont on projette son énergie. Par exemple j'ai un copain qui autrefois était un (jeune) mage noir et qui s'est converti au bouddhisme depuis quelques années. Et maintenant il redevient mage gris... Pourquoi s'est-il converti au bouddhisme ? Parce qu'une personne bien intentionnée (c'est pas moi je l'jure !) l'a convaincu que c'était le seul salut possible. Malheureusement le lama et ses disciples ne lui permettaient absolument pas de projeter son énergie (de faire des projections intéressantes pour lui), donc la nénergie ne tournait pas, le serpent ne se mordait pas la queue, et ça n'allait pas si bien que ça.
Il y a une croyance fausse qui circule, c'est qu'on ne peut projeter sa nénergie que sur certaines choses : des gentils maîtres, des gentils yiddams, des gentils curés et des gentils zanges. On peut le faire sur n'importe quoi. Francis par exemple peut faire des projections sur les saunas, on dirait que ça lui réussit.
Oui mais, me dira-t-on, il faut que l'objet soit puissant pour que la transmission soit puissante ! Erreur ! Il n'y a pas d'objet puissant. Toute la puissance vient de nous. Qui n'a pas entendu d'histoire de types qui priaient des statuettes idiotes, des bouts de bois, que sais-je... et qui en ont reçu des transmissions ? Personne n'en a tiré la morale.
La morale, c'est que Tenzin Mandale Rinpoché ne vous sera d'aucune utilité si vous ne pouvez pas projeter d'énergie sur lui. Pour vous, il n'existera tout simplement pas.
Les apparences extérieures ne sont là que pour servir de support à la projection de la nénergie. En elles-mêmes, elles sont vides. Comme je le disais à mon jeune ami, prenons une messe noire :
- le matérialiste y verra des mecs avec des cagoules s'agitant pour rien
- le chrétien y verra un truc hyper malsain
- le sataniste y verra un truc hyper exaltant
- le mage y verra quelque chose de puissant.
Pour les uns, il y aura intervention d'une force (obscure), pour les autres, il n'y aura rien.
Qui a raison ?
TOUT LE MONDE !
Même s'il y a en soi des forces obscures, si nous ne sommes pas orientés de façon à les percevoir, elles n'existeront pas (comme un poste radio qui ne reçoit qu'une partie des fréquences). De même, si nous ne sommes pas orientés pour voir les forces "spirituelles", inutile de se diriger par là.
En fait nous sommes des postes radios qui ne peuvent chacun recevoir que certaines fréquences. Ce qu'ils nous faut absolument trouver, c'est les fréquences que nous pouvons recevoir, et ensuite les amplifier.
En revanche, l'erreur ultime, c'est de croire à l'objectivité de tout ça. Même si Tenzin Mandale Rinpoché EST puissant en tant qu'émetteur de sa propre nénergie, c'est un péché d'orienter vers lui des gens qui ne sont pas construits pour ça, car on les sépare d'eux-mêmes. Il y a des gens pour qui TMR n'existera jamais et il serait infiniment prétentieux de croire qu'il devrait exister pour tous.

C'est curieux parce que je connais quelqu'un qui est spécialiste de ça, et je me demande si ce n'est pas ce qui karmiquement lui revient dans la figure sous forme de différents problèmes. Il plonge un tas de gens dans l'angoisse, car il les convainc qu'ils doivent faire comme lui, alors que les pauvres ne sont pas faits pour ça. En fait, toute sa vue est faussée par ça. Il a sans arrêt des altercations avec les gens qu'il conclut par un discours du genre : ils voient la perfection en moi et ne peuvent que me détester.
Ce qu'il ne sait pas, c'est qu'il n'est parfait que dans son propre monde. Aux yeux des autres, il paraît plutôt bizarre. C'est comme moi, je serai très contente de moi quand j'aurai plein de muscle, mais j'ai conscience que pour les autres gens, ça n'aura pas la même signification que pour moi (surtout pour Vinz). ça aura même une signification négative pour pas mal d'entre eux. Mais si pour moi c'est le chemin vers la divinité, hein ? Qu'est-ce que je m'en tape de l'avis des autres ?
Et si le chemin de la divinité pour certains c'est de vivre dans une poubelle, amen je les bénis !
C'est quand on a trouvé son propre chemin que la confusion disparaît. Par contre il faut être sûr de l'avoir trouvé.
C'est pour ça que les religions sont la plus grosse entreprise anti-spirituelle de tous les temps. Elles imposent un chemin unique.

Bon. Je me dis que si je faisais des conférences sur ce thème, eh ben ça serait un peu nouveau. Seulement voilà j'aime bien parler pour beaucoup de gens, alors à moins de 30 personnes ça me ferait chier, et comme je suis personne j'aurai pas 30 personnes. Alors voilà j'en suis réduite à vous casser les oreilles.

Té, ça me fait aussi penser à cet ami, qui lui, juge la réussite au nombre de livres publiés, au nombre d'amis intelligents, et qui trouve ma vie nulle d'après ses critères et voudrait me convaincre de me bouger le cul, parce que décidément je gâche mon temps.

(Mon Dieu je jure de ne pas juger les gens sur la taille de leurs biceps ni sur le nombre de cactus qu'ils ont chez eux...)

ou dans le début de cette discussion sur un un café-philo où je n'étais jamais passé me servir un godet du temps où il était ouvert, mais que je trouve très bien fréquenté depuis sa fermeture. Discuter avec des morts ou des leurres ne me pose guère plus de problèmes que les cigales mâles qui cherchent à s'accoupler avec des mâles ou des femelles sans vie placés près d'eux. L'esprit mauvais n'est pas toujours pote avec le discernement.

dimanche 19 octobre 2008

pop culture



Hier soir j'ai enterré dans le jardin la pop culture avec Indiana Jones 4, parce que c'est vraiment "Harrison Ford contre la soupe froide qu'on lui sert à l'hospice" (et il a perdu dans les 20 premières minutes.)
Bon Spielberg a le droit d'être fatigué, il a bien oeuvré pour le cinéma populaire de qualité quand il était plus jeune.
La semaine dernière, Hancock c'était bien affligeant, aussi. On sent l'épuisement des formes culturelles, qui contraint les scénaristes à tenter des greffes bizarres entre groupes sanguins assez dissemblables. Au moins Indiana Jones c'était de l'auto-greffe, ça reste propre. Nul et vide mais propre, là où Hancock est violent et pitoyable dans son assassinat en direct de bonne idée de départ.
Bref je me suis endormi d'ennui devant mon écran plasma ultra-consumériste, ouah la louze.
Je connais quelqu'un qui faisait des critiques brillantes de films qui m'apparaissaient stupides, et j'aurais bien postulé pour essayer de faire l'inverse, mais le dernier film qui m'est apparu génial c'est Les Fils de l'Homme, et ça ne serait pas lui rendre service que de l'encenser avec mon imitation de mongolito.
Il y a aussi Jennifer Shiman qui vous fait sombrer dans une sorte de nihilisme cinématographique : après avoir visité son site, on ne peut plus regarder un film de fiction traditionnel sans l'imaginer réinterprété en 30 secondes par des lapins crétins...
Ca sent le nivellement par le bas.
Mais ce midi j'ai dû redéterrer d'urgence la culture pop, en plus je me rappelais plus où je l'avais inhumée, j'ai fait des trous partout dans le jardin mais ça valait le coup, parce que j'avais prévenu mes gosses qu'il y avait des séances de ciné à 4 euros jusqu'au 21 octobre (des fois je suis un bon père), et qu'ils m'ont trainé voir Kung Fu Panda, et que c'est un tel bonheur esthétique de voir la culture asiatique absorbée/digérée/recrachée avec de nouvelles épices, avec dissolution du corps du Maitre en Corps d'arc-en-ciel et tout, et je dis pas ça du tout pour qu'une certaine personne aille le voir, que c'était comparable en plaisirs et en intensités diverses à Ratatouille ou Monstres et Compagnie, et du coup c'était vraiment c'était une bonne journée à goûter des joies simples.
C'est la vie.

samedi 18 octobre 2008

un truc avec la mère (2)

Deuxième vague de feuilles mortes kamikazes endiguée sur la pelouse et refoulée dans le bois. Les vagues 3, 4 et 5 sont attendues jusqu'à fin décembre.
Dans ma tête aussi, les feuilles mortes se ramassent à la pelle.
Qu'en faire d'autre ? du compost.
Mon père m'envoie cette photo de ma mère, je suppose que le message caché c'est "Venez donc à la Toussaint, sinon j'lui crève l'autre."
Ou alors indignité et ignominie sont des vocables inventés rien que pour notre famille, sans vouloir faire de lexicocentrisme. Il y a une certaine tendance à exhiber des blessures, dont ce blog n'est d'ailleurs pas exempt.
Je les appelle, mais non, tout va bien, c'est juste les conséquences normales de l'opération de la cataracte.
Je suis traumatisé par cette campagne d'information sur les conséquences de l'alcool au volant "Pour que des telles choses n'arrivent plus, prenez conscience que boire saoul peut briser votre vie."
Boire saoul, comme je l'ai trouvé texto sur un site tellement bidon qu'il donnerait honte de faire partie des buveurs d'eau. Boire saoul doit donner envie de fumer des cigarettes électroniques.
Christophe le note dans son déroutant journal : "Sur internet j'ai trouvé : 'aigri : qui a eu trop d'expériences amères. Je cherche encore et je trouve : l'amer / la mère. Ok c'est clair non : je suis aigri à cause de la relation très mauvaise que mon enfant intérieur a avec les mères en général."
Je m'aperçois que je l'avais noté il y a 20 ans, mais c'était inexploitable.


alors que là, ça va au moins me faire reconsidérer mes rapports avec la mère de mes enfants. Sans parler de mes vacances de Toussaint, en attendant qu'un de ces jours la Toussaint et la fête des mères tombent le même jour.

vendredi 17 octobre 2008

la cigarette électronique ta mère










J'ai été récemment taggué par un spybot qui m'invitait à fumer des cigarettes électroniques.
Dure vie que celle du bloggueur auto-addicté, soumis à tant de tentations... Abasourdi par l'audace du robot vaguement humanoïde à la solde des labos enivrés d'autosatisfaction à l'idée d'avoir mis au point un produit si stupide, je me rends sur leur site. C'est là qu'on comprend les limites de l'approche techniciste, pourquoi la Bourse s'effondre, pourquoi Jesus ne sauve pas toutes ses ouailles... Bref, c'est l'instant de triomphe où les épiciers se prennent pour Néron, c'est l'instant de triomphe où les Anglaises se prennent pour Wellington.
Comment un fumeur peut-il croire qu'il va renoncer à son vice en se livrant au simulacre ritualisé d'introduire dans sa bouche un cylindre de plastique dont l'extrémité comporte une LED qui rougeoie dans le chuintement de vapeur d'eau qui s'en échappe ? Sa duplicité ne le cède en rien à la roublardise de celui qui lui propose un tel substitut, sans doute en vente uniquement dans les pharmacies. Aussi ridicule qu'elle soit ainsi vidée de sa teneur nicotinique, l'habitude funeste est reconduite.
La cigarette électronique est à la clope ce que le cybersexe est à l'amour, ce que le blog est à la littérature, la cigarette électronique pue des pieds, bref je crois que je préfèrerais refumer que tomber victime de cette merde.
Fin de notre rubrique "gagnez de l'argent avec de la publicité sur votre blog."


des robots un peu plus sympas, il y en a .


jeudi 16 octobre 2008

le rhinocéros de Monsieur Seguin

"Comme je l'ai déjà remarqué la semaine dernière, prends garde à la tentation de l'hermétisme, frêre. Elle comble assez bien la pulsion grégaire (car on se veut complice, et on l'est malaisément seul) et la soif d'élitisme, mais on n'est plus compris de grand monde, et j'ai cru comprendre que tu souffrais surtout d'isolement."
P'tain comment y cause, mon frêrot, on voit qu'il a fait des études.
"Et n'oublie pas que l'avidité et la jouissance sont incompatibles par nature."
Bien bien bien, alors aujourd'hui on va pas faire dans l'ésotérisme.
J'ai imaginé que la poignée de branleurs repentis qu'on était sur le forum dépendance sexuelle, on était un peu dans la position de Monsieur Seguin, on élève des chèvres en les sermonnant sur les dangers qu'il y a d'aller dans la montagne, où le risque de se faire bouffer par le grand méchant loup pornoïque est grand. Un jour ou l'autre, elles finissent toutes par ronger leur corde, et on n'en entend plus guère parler. Peu d'entre elles nous rassurent plus tard comme vient de le faire Spirit, à coups de cartes postales lénifiantes sur les merveilleuses vacances qu'elles passent à la mer, même si le verso de la carte s'orne d'un dessin épouvantablement grivois emprunté aux pires heures de Kiraz.

On ferait peut-être mieux d'élever des rhinocéros : bigleux, sourd, cuirassé comme mon pote Emkine,
le rhinocéros est relativement indifférent aux grands méchants loups pornoïques.
Mais d'un autre côté, dans ce cas-là, pas plus de Lettres de mon moulin que de beurre en branche.
Faut faire des choix.

mercredi 15 octobre 2008

Hyper-alcoolisation des (plus très) jeunes et krach boursier

Crise des subprimes : une explication très simple pour ceux qui essayent encore de comprendre.

Alors voilà, Mme. Ginette tient une buvette à Bertincourt, dans le Pas de Calais. Pour augmenter ses ventes, elle décide de faire crédit à ses fidèles clients, tous alcooliques, presque tous au chômage de longue durée.
Vu qu'elle vend à crédit, Mme Ginette voit augmenter sa fréquentation et, en plus, peut augmenter un peu les prix de base du "calva" et du ballon de rouge.

Le jeune et dynamique directeur de l'agence bancaire locale, quant à lui, pense que les "ardoises" du troquet constituent, après tout, des actifs recouvrables, et commence à faire crédit à Mme. Ginette, ayant les dettes des ivrognes comme garantie.

Au siège de la banque, des traders avisés transforment ces actifs recouvrables en CDO, CMO, SICAV, SAMU, OVNI, SOS et autres sigles financiers que nul n'est capable de comprendre.
Ces instruments financiers servent ensuite de levier au marché actionnaire et conduisent, au NYSE, à la City de Londres, au Bourses de Francfort et de Paris, etc., à des opérations de dérivés dont les garanties sont totalement inconnues de tous (c.à.d., les ardoises des ivrognes de Mme Ginette).

Ces "dérivés" sont alors négociés pendant des années comme s'il s'agissait de titres très solides et sérieux sur les marchés financiers de 80 pays.

Jusqu’au jour où quelqu'un se rend compte que les alcoolos du troquet de Bertincourt n'ont pas un rond pour payer leurs dettes.

La buvette de Mme. Ginette fait faillite.

Et le monde entier l'a dans le cul....


une archive incroyable mais vraie de l'époque où j'étais peu solvable, sauf dans l'alcool.