dessin de Honoré © Charlie Hebdo du 25/10/06
L’année dernière, j’ai offert un pécé portable à ma chérie, parce qu’elle en avait marre que je lui répète qu’elle n’avait qu’à utiliser mon macintosh alors que j’étais collé dessus à toutes les heures ouvrables du jour et de la nuit. Je l’ai prévenue “tu sais, je suis une burne en pécé, faudra pas compter sur moi pour la maintenance”. Ca n’a pas loupé, panne sur panne, coups de fil au beau-frère instrumentalisé en hot-line, explosion du lecteur de cédérom un mois après l’expiration de la garantie, séjour prolongé au SAV de Leclerc auprès duquel la Caisse d’Allocations Familiales est une administration hautement qualifiée et très réactive, et là, cette semaine, alors que je croupis dans les affres d’un célibat quasi monastique (tes cuivres, et puis quand t’auras fini tu retourneras poncer ton plâtre dans ta nouvelle cuisine Vogica qui tarde à sortir de terre) la machine rentre de la polyclinique, et impossible de réinstaller windows avec les disques d’origine même pas tombés du camion. Alors je me suis mis dedans, en me disant que si je n’essayais pas de faire pour elle ce que j’aurais fait pour moi sans même y penser si j’avais eu une galère de bécane, je serais le dernier des garden nabbots, et pas que sur le plan de la maintenance. Secondé par un ami fidèle, le golem windowsien finit par réémerger de la glèbe siliconée, victoire qui induit une intuition salvatrice tout à fait involontaire qui me permet de redonner vie à mon scanner sans avoir à remonter dans le temps pour aller tchourer sur le présentoir d’un magasin informatique les drivers disparus à jamais.
Joie, fierté, et humilité de sentir que je n’y suis pour rien, heureusement réduites à néant par le ton triomphaliste de cet articulet.
Ce qui me permet de vous faire partager derechef l’édito de Philippe Val de la semaine dernière, le chevalier blanc de la conscience politique :
“Sarkozy, syndic de faillite du gaullisme
Sarko, facho ? Evidemment, la rime est tentante, comme l’était celle de CRS = SS en d’autres temps. Mais au fur et à mesure que le personnage se déploie dans la vie politique française, il faut se rendre à l’évidence. Sarkozy n’est pas un fasciste. Contrairement aux différents leaders du Front national, et à certains autres, comme de Villiers, il n’a encore rien dit ni rien fait qui prouve qu’il soit de cette famille qui cherche à fonder une autorité politique sur le racisme, par exemple. Il est de toute évidence étranger à tout sentiment antisémite, antiarabe ou anti-noir. L’attaquer là-dessus, c’est perdre son temps et lui en faire gagner, car il n’aura aucun mal à renvoyer dans les cordes de façon spectaculaire celui qui cherchera à l’atteindre par des accusations de ce genre. Et il aura raison.
Lorsqu’on combat le Front national, on est face à un ennemi qui se situe hors du champ de la démocratie, et qui cherche à faire croire qu’il y campe pour y foutre le feu à la première occasion. Sarkozy, jusqu’à présent, se situe clairement dans le champ démocratique, et il faut le combattre comme un adversaire, ce qui n’est pas la même chose. On peut juger que le sarkozisme, S’il triomphe, mettra en péril la démocratie, ce qui est très probable. Mais, contrairement à Le Pen, Sarkozy n’est pas un idéologue anti-démocrate. Et si l’on refuse de le comprendre, on rien arrivera jamais à bout. Nous nous essoufflerons à l’accuser de ce dont il n’est pas coupable, en ne convainquant que nos amis déjà convaincus.
Sarkozy n’est pas fasciste, il est de droite, ce qui n’a rien à voir. Il est vraiment de droite. À force de dire que tout le monde est de droite, un jour on va se retrouver avec un vrai facho et il sera trop tard pour réapprendre à faire le tri.
Lorsque Sarkozy est allé aux Etats-Unis pour se faire photographier avec George Bush et critiquer la position de la France, beaucoup ont pensé qu’il faisait une faute politique. C’est possible, parce que l’opinion française est travaillée par une sorte de racisme anti-américain auquel Bush sert de prétexte, mais ça n’est pas sûr. En revanche, on peut parier que l’adhésion de Sarkozy à la politique de Bush, elle, est sincère. Sur le plan international, sans doute, et sur sa vision de la répression en général, certainement. Ces deux-là sont faits pour s’entendre. Et si la démocratie américaine et son image dans le monde ressortiront en loques des huit ans d’administration Bush, elle préfigure l’état dans lequel la France sera au bout de cinq ans de Sarkozy. Mais l’Amérique dispose d’une puissance et de ressources qui lui permettront sans doute de se relever, tandis que la France, isolée au sein d’une Europe malade, risque fort d’avoir à raser les murs pendant longtemps.
L’UMP de Sarkozy est une machine destinée à liquider le gaullisme, pour lequel la cohésion sociale passait par un Etat actif, une unité incompatible avec le communautarisme et un système de valeurs qui n’ont plus cours aujourd’hui : grandeur nationale, rayonnement culturel, indépendance et maîtrise du jeu dans la construction européenne, à quoi s’ajoutaient un puritanisme et un jacobinisme vétilleux, une méfiance historique pour les milieux d’affaires, et une conception de la liberté de la presse à l’ancienne…
Sarkozy veut un État cantonné au maintien de l’ordre, il se fout de l’unité, il est communautariste, le rayonnement culturel passe par Christian Clavier et Doc Gynéco, il a soutenu le traité constitutionnel comme la corde soutient le pendu, il adore les milieux d’affaires, puisque c’est son milieu, il n’a gardé du gaullisme qu’une conception de la liberté de la presse à l’ancienne, voire, entre autres, l’affaire de Paris Match et du choix des journalistes à Europe I.
Quant aux valeurs, ce n’est pas son problème. Il est pour celles qui ne nuisent ni à I’ordre, ni au business.
Le point commun qu’ll a avec Bush, c’est le hold-up qu’il fait sur la modemité et le progrès. Ils ont mis au point un discours tendant à faire passer pour archaïque et ringard tout ce qui n’est pas, dans le domaine social, un retour à une brutalité économique sans freins politiques, et, dans le domaine politique, tout ce qui contrôle la violence de l’État.
Ils se font passer pour « modernes » et “allant de l’avant », alors qu’ils sont deux-représentants typiques du renoncement démocratique. Mais ils le font dans le cadre de la démocratie, certes en longeant les bords, avec peut-être la tentation de les franchir, mais peut-être aussi avec une certaine dose de bonne foi qui confine à la bêtise. La différence entre Bush et Sarkozy, c’est que l’un est président et que l’autre n’est que candidat. Pour le reste, ils sont deux rails parallèles sur lesquels le train du droit fonce vers une catastrophe.
1 • Bush, à quelques semaines des élections, vient de faire voter une loi permettant à la fois des pratiques torturantes, le secret et des tribunaux d’exception. Cette pérennisation de l’exception est un véritable cancer du droit constitutionnel qui garantit les libertés fondamentales. C’est exactement ce que voulait Ben Laden en organisant les attentats du II septembre. Il voulait que le système démocratique qu’il déteste—avec ses femmes libres, son cosmopolitisme, et ses lois au-dessus des cultes— se renie lui-même, sous l’effet de la peur. Cet affaiblissement démocratique de la plus grande puissance démocratique du monde est un signe alarmant de la fragilité des États de droit, dont l’existence ne pourrait bien être qu’une parenthèse dans l’histoire humaine, qui se confond avec celle de la barbarie.
2 • Sarkozy, qui rencontrait la semaine dernière les lecteurs du Parisien, en a profité pour révéler ses propositions en matière de répression de la délinquance. Elles sont au nombre de huit, et toutes relèvent de la tentation de l’exception. Lorsqu’il propose, par exemple, la prison préventive automatique pour toute atteinte à l’intégrité physique, il préconise de systématiser la peine avant enquête et jugement. Lorsqu’il propose une peine plancher automatique pour un multirécidiviste, il ôte à la fois au juge son pouvoir d’évaluation et il nie les droits de la défense que la justice accorde à tout coupable quel qu’il soit. Lorsqu’il réclame les assises pour qui s’en prend à un pompier, un gendarme ou un policier, et qu’il veut instituer des jurés populaires dans les tribunaux correctionnels, il cherche à marginaliser le pouvoir judiciaire. Il veut que l’opinion juge et décide, et non plus les juges professionnels. Si l’opinion décidait, à l’heure qu’il est, la guillotine fonctionnerait encore, et tous les accusés d’Outreau seraient morts. Si le peuple désigne des représentants, et que ces représentants eux-mêmes sont séparés en deux chambres, une « rapide », celle des députés, et une « lente », le Sénat, c’est que le temps et les degrés de représentation sont nécessaires à l’exercice de la raison. La « démocratie directe », c’est une merde démagogique au service du lynchage. La représentation, c’est la viscosité qu’il faut pour transformer les passions volatiles et aliénantes de la foule en civilisation d’hommes libres. Bush et Sarkozy ont en commun avec les extrémistes —qui en appellent sans cesse à la légitimité de l’opinion—de vouloir faire l’économie des institutions.
Ce sont eux les ringards et les archaïques. Il suffit d’ailleurs de constater la médiocrité des médias qui les soutiennent l’un et l’autre. Ils ne sont pas, comme les fascistes, les islamites et les totalitaires divers, des ennemis qui se situent volontairement à l’extérieur de la démocratie, ils sont les symptômes de ce qui la ronge de l’intérieur : un manque de foi en elle-même. Ils sont les produits de la peur, du manque de confiance dans le droit, et de ce fameux bon sens populaire qui croit toujours qu’au bout du compte les prisons sont plus utiles que les Parlements.”
Je croyais que ce blog servirait désormais à nous faire part des progrès de ta pratique. Au lieu de ça, qu’y trouve-t-on aujourd’hui ? Des réflexions !
Rédigé par: flopinette | le 20 novembre 2006 à 09:12|Je ne puis nier cet écart à la ligne de conduite que je me suis fixée et de laquelle je ne sortirai plus.
Rédigé par: john | le 20 novembre 2006 à 10:19|D’autant plus que le niveau desdites réflexions n’arrive pas à la cheville de certains que je connais et qui m’envoient en mp de salutaires coups de bâton.
Je m’interroge aussi sur la perte irrémédiable du sens des enseignements qui a eu lieu entre les Monty Python et Rowan Atkinson.
Nous sommes désolés de vous annoncer cette terrible nouvelle: notre maître à tous John Warsen est enrhumé.
Il ne peut s’exprimer actuellement, vous comprendrez aisément qu’il s’agit de vous épargnez des propos dont un aperçu ci-dessous révèle tristement sa souffrance:
Ze bais nuanzer bes rézends brobos zur la baguidé de la dérizion. Guand on regarde le zkedj des Bondy Bydhon “Dhe Dirdy Biguar”, on guombrend bourguoi ça brend zi longdembs d’êdre guorregdebent zebrés de borno. Tout beut debedir zdibulus zi on n’a bas déblayé zon jamb bendant et abrès le zebrage brobrebent dit (gui ne dure gue guelgues bois zi on le fait abeg guonzdanze et déderbidazion, en gardant brézent à l’ezbrit gue d’ude façon ou d’ude audre, il faut en fidir.)
On ezt un beu guobe des bylônes élegdrigues, la têde dans les nuages et les bieds dans la terre. Barfois l’inberze, alors ça fait baze, bais bref, des guourands énergédigues nous barguourent en tous zens, bais guobent nous gérons nodre élegdrizidé - ze gui rendre, ze gui zort - débend de l’inderbrédazion gue nous en faizons, gui elle débend de nodre bagage, de nos oudils, de nodre ezbérienze… et des dizbozizions de nodre inguonzziend. Or, le bendal groit gu’il trie, et ze brend bolondiers bour le jef de gare, alors gu’il agit en abal d’un jaos de déderbidizbes affublés du budilé douloureuz gue nous abbelons “le boi”. Gui zera touzours débideur enbers les buizanzes guozbigues barze gue zon éguodobie ezt fondée zur la zaizie, alors gu’il n’ezt gue l’uzufruidier d’un legs gui le brégède et le débaze.
Boyedant guoi ze balheureuz guré (ze le groyais wigked alors gu’il n’édait gue dirdy, et g’ezt bour ça gue ze n’arribais bas à rebedre la bain dezuz) béguodait todalebent za nadure, il ezt bré-freudien guobe on boubait l’êdre au ZIZèbe ziègle, et les Bondy Bydhon arrribent à en faire rire bêbe le brebier guombulzeur zezuel bedu. Bais g’ezt bas en rigolant gu’on beut faire le bénage dans zes addigzions.
Le brebier aziobe du bylode audo-réflezif gui en déguoule, g’ezt gue bour ébider d’aboir les fils gui ze toujend, il faut redonzer à guonzdruire dans les endroids bendeuz.
Abrès, on z’aberçoit gue les bends, ils zont indérieurs. Et gu’ils beubent très bien aller zouffler dans d’audres tuyauz bour y zouer leur bedit air endraînand.
On touje là les libides de l’audobédagogie de la rigolade.
Rédigé par: KlöD | le 22 novembre 2006 à 22:56|