Quand j’ai eu 13 ans, mon père m’a emmené voir Little Big Man au ciné-club de l’IUT de Lannion, film auquel il vouait une profonde admiration sans trop pouvoir nous expliquer pourquoi, et que je pense liée à la simplicité et la profondeur des liens qui se tissent entre Dustin Hoffmann et son grand-père adoptif, alors que les filiations sont diablement plus épineuses chez les Warsens depuis au moins l’aube de l’humanité. Ce faisant il m’a alors "transmis" ce qu’il considérait comme la quintessence des valeurs humaines dans l’esprit le plus sacré qu’un marxiste puisse concevoir.
Hier soir j’ai montré ce film à mon fils (14 ans) dans le même esprit.
Il m’a dit que c’était un film très spirituel, et que maintenant il comprenait pourquoi "j’étais comme ça" (?)
Ce que les Indiens d’amérique du nord nous ont transmis avant de disparaitre, à part le souvenir romancé par les enfants de leurs bourreaux d’une civilisation édenique qui renvoie aux fariboles éternelles de l’homme - en - harmonie - avec - la - nature, c’est le tabac, grâce auquel ils ont peut-être ourdi de faire des millions de morts
post mortem de par le monde
au moment même où ils voyaient leur inéluctable fin.
Ca fait un peu mesquin et conspirationniste, mais faites interpréter un petit texte sur cette hypothèse par un historien qui se prend une flèche dans le bide avant de parvenir à la fin de son explication, et vous aurez un sketch rigolo. Chaque fois que j’allume une clope, je pense à eux. Bien joué, messieurs les Peaux Rouges.
Mon grand-père, lui, m’emmenait l’été voir des westerns et des grands films d’aventure au Kinopanorama de la Motte Picquet ou à l’Artel Champigny les étés où j’allais le visiter à Créteil. Il y prenait un vif plaisir, qu’il ne s’était pas autorisé dans l’éducation de ses enfants. Lawrence d’Arabie, Il était une fois dans l’ouest ou Autant en emporte le vent m’ont ainsi laissé d’impérissables souvenirs autant liés à l’émerveillement adolescent devant les chatoiements des romances en technicolor qu’à l’indulgente et inédite complicité de l’aïeul qui en toutes autres circonstances monopolisait la parole, qui Incarnait La Parole dans les repas de famille : occasions tout aussi inédites de m’interroger sur le soudain silence paternel.
Bref. Au retour du cinéma, je me laissais gaver de confiture de framboises par ma grand-mère en dévorant la collection du journal Spirou qui m’attendait au grenier. Papi était fâché avec sa soeur pour une histoire de succession immobilière en indivision sur laquelle ils n’avaient pu tomber d’accord sans que l’un d’eux s’imagine lésé et rompe les relations diplomatiques. Trente ans plus tard, mon père et ses frères se sont brouillés à mort pour d’identiques raisons, et c’est un de mes oncles qui a rameuté toute la marmaille de la fratrie pour un week-end "Goodbye à Créteil" début juillet puisqu’il vit dans la maison qui jouxte celle de mes grands-parents et qu’elles vont être vendues. J’ai eu ainsi l’occasion de passer une nuit dans cette maison inhabitée depuis 3 ans, vide de meubles et aux plafonds craquelés et décrépits, cette maison que j’ai connue ors, pourpres, ris et jeux. Mon grand-père est mort en 93, et ma grand-mère l’été dernier. Il nous a légués cet "
élitisme qui fait encenser l’émotionnalité complaisante d’individus complètement cérébraux mais fans d’auto-analyse, et qui fait ignorer tout ce qui se passe en-dessous du diaphragme." selon la jolie formule de flo, et contre lequel il serait vain de chercher à se rebeller, sous peine de tomber dans l’erreur suggérée par l’Empereur à Luc Skywalker dans Le Retour du Jedi : "
donne libre cours à ta colère contre moi" (mais ça marche avec toute la smala des émotions et jugements négatifs) "
et tu ne m’en rejoindras que plus tôt du côté obscur" ou quelque chose comme ça.
Cette maison pleine de fantômes de souvenirs, mais pour le futur acquéreur elle ne sera que bonne affaire une fois remise à neuf. Et les fantômes iront vivre ailleurs. C’est la même force qui dégrade la maison de mes grands parents et qui fait pousser l’herbe dans mon jardin, la bonne comme la mauvaise.
On transmet ce qu’on peut. Flo me suggère de "me faire transmettre le vase par les moines car c’est la base des yogas" mais cette semaine-là je me ferai transmettre l’appartement de mes parents en indivision avec mon frère et ma soeur. Avec évidemment une bonne probabilité qu’on se foute sur la gueule après leur décès, bien que nos relations soient actuellement cordiales, pour la raison que les mêmes causes engendrent les mêmes effets. D’où l’intérèt d’assortir ma sympathie cérébrale envers le bouddhisme d’un début de passage à l’acte. Bien que je me sente proche de la position de
lds qui prétexte qu’il faille "des préliminaires, un maître, l’intention pure d’agir pour le bien de tous les êtres…" sans parler du fait que ce qui me retient depuis 25 ans c’est une vague peur du ridicule de me retrouver en pyjama à réciter des mantras envers des divinités exotiques. Et ça, si je regarde bien, je sais qui me l’a transmis, et de qui il le tenait. Et contre quoi c’était censé les protéger. Heureusement, un Jedi ne cherche jamais à se venger.
Sur les émotions et la fin de vie j’ai bien aimé le post trouvé en lien
d’Iznogoud -spéciale dédicace pour Fabienne, Yo !
Je pars en retraite spirituelle au camping Bimbo de Biscarosse, c’est là que vous pouvez me transmettre vos commentaires pendant les 15 prochains jours. N’oubliez pas votre maillot.
>> un frelon s’est enfermé avec moi dans le bureau par cette chaude nuit d’été malgré que je lui aie laissé la fenètre ouverte en grand.
C’est assez idiot les frelons. Contrairement aux abeilles et aux guêpes qui font dodo la nuit, dès que ça voit une lumière, ça fonce dessus - un peu comme ces têtes de linottes de papillons. Sinon, une fois que c’est près de sa lumière, c’est pas aussi agressif que je le croyais.
Une fois, on avait un nid de frelons dans un chataignier à l’entrée d’une ferme et la nuit, il y en avait des dizaines collés à la vitre. Ca faisait assez film d’horreur. Quelques uns arrivaient à rentrer par les trous des boiseries. On a fait un massacre. Le jour, on pouvait s’approcher à trois mètres du nid, on se faisait pas attaquer (et heureusement d’ailleurs parce que trois piqures de frelons et hop! plus de Dado).
>> bien qu’on connaisse assez tôt les coupables.
C’est pas étonnant, Flo t’avait déjà raconté l’histoire, donc tu connaissais la fin.
Sinon, toujours aussi excellentes les BD de Xavier Gorce! ))
Rédigé par: Dado | le 24 juillet 2006 à 13:16|j’ai fini par latter le frelon concon qui refusait la liberté de la fenètre ouverte en me disant qu’il me ressemblait beaucoup (à part que j’ai renoncé à me piquer;-)
Rédigé par: john | le 24 juillet 2006 à 16:09|‘tention, j’ai modifié traitreusement mon commentaire du post précédent.