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vendredi 27 novembre 2020

Black Fridays (1) : Michel Fourniret, tout doit disparaitre



En plus,  c'est pas pour dire, 
mais Michel Fourniret
n'est pas du tout ressemblant.

Janvier 2003

Estelle Mouzin est enlevée, embêtée très fort puis zigouillée à mort par Michel Fourniret, au terme d'un calvaire comme seuls les enfants peuvent en endurer, car les adultes, trop douillets, en mouriraient tout de suite. Dès l'annonce de sa disparition, des gendarmes insuffisamment formés aux logiciels Adobe commettront à l'aide de grossiers trucages des portraits hideusement vieillis de la jeune victime, à partir de la même photo d'Estelle Mouzin, photocopiée jusqu'à plus soif, sur des versions  de Photoshop mal mises à jour. Depuis 17 ans, ces photos retouchées hantent les commissariats, et à chaque fois que vous allez dénoncer votre voisin qui viole quotidiennement les règles du confinement, vous les contemplez hagard dans le couloir de la gendarmerie, en attendant que le brigadier enregistre votre plainte, et elles distillent en vous un profond malaise. Grâce à l’article 24 de la proposition de loi dite de « sécurité globale », ces gendarmes vont bénéficier de l'impunité, et leurs forfaits graphiques resterons impunis. Ils seront floutés.


Le canard enchainé du 25.11.2020

Mars 2020 :

Michel Fourniret avoue, pour Estelle, c'est lui qui a fait le coup. C'est pas trop tôt. Ca fait 17 ans qu'il fait tourner les parents des victimes, les inspecteurs et les avocats en bourrique, dix-sept ans que Fourniret fait du Fourniret, pervers insaisissable et manipulateur. (Le Monde)
Et pendant ce temps, que fait la police ? 
Elle floute ses selfies en démantelant les camps de migrants. 
On est tranquilles.

Violences policières : pour le Black Friday, une achetée, une offerte.
Ou alors, les flics ont beaucoup progressé sur Photoshop.


Enfin, presque tous.

Fourniret a été condamné deux fois à perpétuité - en 2008 pour avoir tué sept jeunes femmes, en 2018 pour l’assassinat d’une huitième. Il pourrait faire autre chose que des blagues pourries : en 2005, il écrivit à Eric Mouzin, le père d'Estelle. Il souhaitait lui dire qu’il n’était pas impliqué, mais qu'il avait quand même des choses à lui dire « de père à père, raconte Me Seban. C’est d’une perversité absolue : se mettre au même niveau que celui dont on a causé le malheur. » L'entrevue n'aura finalement pas lieu. En 2007, c’est au parquet général de Reims (Marne) qu’il écrivait pour demander « la jonction de trois dossiers » de disparitions de jeunes filles à son procès, prévu l’année suivante : Marie-Angèle Domece (disparue en 1988), Joanna Parrish (1990), et Estelle Mouzin. Requête rejetée car trop tardive, le procès ayant déjà été audiencé. En 2018, finalement entendu dans le cadre des affaires Domece et Parrish, Fourniret avait formellement avoué ces deux meurtres, et avait déclaré « ne pas nier être impliqué » dans l’affaire Mouzin. « Des aveux en creux », pour les avocats du père.

La confusion aura été entretenue de bout en bout par cet alibi : un coup de téléphone passé à son fils depuis la Belgique, à une heure qui rendait impossible sa présence à Guermantes au moment des faits. Le 21 novembre 2019, l’alibi disparaissait : Monique Olivier, ancienne épouse condamnée à perpétuité elle aussi, racontait à Sabine Khéris qu’elle avait passé ce coup de téléphone à la demande de son mari, absent ce jour-là. Placé dans une position intenable, Michel Fourniret livrait une semaine plus tard ce début d’aveu déroutant, à la Fourniret : « Si cette petite-là avait croisé mon chemin, je vous le dirais. Mais je n’en ai pas souvenance. Dans l’impossibilité où je suis de vous dire “oui, je suis responsable de sa disparition”, je vous exhorte à me considérer comme coupable. »
« Il n’aime rien tant que le rapport de force, décrit Me Seban. Sa perversité, c’est de dire : je ne parlerai que si vous travaillez. Je suis Fourniret, je fais des choses extraordinaires, donc je ne réponds qu’à des enquêteurs extraordinaires capables de découvrir ce que j’ai fait. » Lui qui se décrit comme « un joueur d’échecs » fera ce compliment à Sabine Kheris : « Jouer avec un partenaire tel que vous, ça en vaut la peine. »
L'article dont j'ai extrait ce paragraphe est bourré d'autres blagues narcissiques émanant du désopilant « tueur en série français le plus abouti », comme le décrit l’expert-psychiatre Daniel Zagury.

Michel riait beaucoup
à ses propres blagues
(photo d'archives)

Novembre 2020 :

Michel n'est pas très en forme. Fin octobre, il a dit à la justice avoir enterré Estelle Mouzin aux alentours du château du Sautou, son ancienne propriété dans les Ardennes. Mais l’homme de 78 ans n'est plus le fringant psychopathe, à l'oeil vif et au silence pétillant qu'on a connu : il a été retrouvé inanimé dans sa cellule de Fresnes (Val-de-Marne) vendredi matin 20 novembre, et hospitalisé à l’hôpital Henri-Mondor de Créteil. Son état de santé, qui s’est beaucoup dégradé cette année, ralentit l'enquête. En octobre, il avait beaucoup baladé la juge d’instruction Sabine Kheris pour réactiver ses souvenirs sur la disparition d’Estelle. Monique Olivier, son ex-femme s'en était agacée face à lui : « Mais si, souviens-toi, tu m’avais dit que tu l’avais mise là. » 
Un peu comme dans la chanson de Reggiani "Arthur, où t'as mis le corps ?"  


les gendarmes de plus en plus forts (sur Photoshop, en tout cas)
"Arthur, où t'as mis le corps
S'écriaient les inspecteurs
- Bah j'sais plus où j'l'ai foutu, les mecs
- Arthur, réfléchis, nom de d'là
Ça a une certaine importance
- Ce que j'sais, c'est qu'il est mort
Ça, les gars, j'vous l'garantis
Mais, bon sang, c'est trop fort
J'me rappelle plus où que j'l'ai mis"

Le château du Sautou, et ses quinze hectares de parc, est un lieu fondateur dans la trajectoire criminelle des époux Fourniret. Deux victimes y ont été retrouvées : Elisabeth Brichet et Marie-Jeanne Desramault. 
Le chateau de Sautou vous accueille toute l'année
pour vos mariages et vos bar-mitzvahs, 
mais surtout pour vos inhumations 
(envoi de documentation sur demande, sous pli discret)

Une troisième, Céline Saison, non loin, au bout d’un sentier forestier qui mène au Sautou.
Cet édifice du XIXe siècle est aussi le fruit d’un des épisodes les plus invraisemblables du parcours du tueur en série. Car le Sautou est indissociable de l’histoire du trésor du « gang des postiches ».
En 1987, Michel Fourniret partage sa cellule de Fleury-Merogis (Essonne) avec un braqueur de haut vol, Jean-Pierre Hellegouarch, un « beau mec », comme disent les policiers de l’époque. Il est proche du groupe d’extrême gauche Action directe, et a eu comme codétenu un Italien, qui a été incarcéré avec un ancien du « gang des postiches », lequel lui a confié un secret : une partie du butin de cette équipe de braqueurs grimés avec des perruques serait enterrée dans un cimetière de la région parisienne. Jean-Pierre Hellegouarch transmet l’information à son épouse, Farida Hammiche. Mais la jeune femme est effrayée de déterrer, seule, un trésor dissimulé à côté d’une tombe. Le braqueur pense alors à son ancien compagnon de prison, qui vient d’être libéré. « C’était un terrassier avec ses grandes mains, quelqu’un de l’autre monde, du monde du travail, pas du monde des voyous, je lui faisais confiance, raconte Jean-Pierre Hellegouarch, en évoquant Michel Fourniret. Je me suis bien trompé. »
Oui, c'est quand même un manque d'éthique assez gênant dans la carrière jusqu'ici classieuse de Michel.

Si le gang des postiches avait eu
des clés à molette, on n'en serait pas là
Le couple Fourniret et Farida Hammiche exhument une caisse à outils pleine de lingots et de louis d’or. Celui qui n’est pas encore un tueur en série décide de garder la quarantaine de kilos de métal précieux pour lui, et d’assassiner la femme de Jean-Pierre Hellegouarch. Ce meurtre crapuleux, il le qualifiera de « transfert de propriété » en audition. Il lui permet surtout de financer la suite de ses activités criminelles. En 1989, à l’aide d’un notaire véreux, il achète en liquide – pour 1,2 million de francs – le château du Sautou. Alors que Michel Fourniret joue au châtelain, à 250 kilomètres de là, la brigade criminelle du 36 quai des Orfèvres, soupçonne Jean-Pierre Hellegouarch, libéré depuis, de financer Action directe. Une perquisition est lancée à son domicile.
« On trouve une carte topographique, avec un emplacement entouré dans les Ardennes, le château du Sautou, raconte Jean-Louis Huesca, ancien inspecteur à la Crim’. C’est à côté de la frontière franco-belge, et on se dit qu’Action directe pourrait bien se servir d’un endroit comme ça comme lieu de passage. On demande au SRPJ de Reims de faire des surveillances. » Lequel transmet la requête à la police aux frontières, qui écrit en août 1989 : « La surveillance du château est globalement assez difficile du fait de son isolement, de la proximité de la frontière, de la présence des chiens et des accès privés… Des allées et venues ont pu être observées à l’approche du château et il n’est pas exclu que des personnes y habitent en permanence. »

Black friday :
tout doit disparaitre.
Bon, ça, c'est fait.
« Les surveillances n’ont rien donné, explique Jean-Louis Huesca, au bout de quelques mois, on décide de fermer la porte comme on dit dans les enquêtes et d’aller sur place pour perquisitionner. » Il raconte au Monde : « Il y a donc ce château d’apparat et à droite le pavillon de chasse, occupé puisqu’on y trouve le gardien des lieux. C’est un petit monsieur sans importance, un peu passe-partout, surpris de nous voir. On est arrivés à six policiers de Paris, plus deux de Reims, il s’inquiète de voir tout ce beau monde. Mais très vite, il comprend qu’on ne vient pas pour lui. Il nous dit qu’il s’appelle Michel Fourniret, qu’il est le gardien, qu’il n’y a pas de propriétaire parce que le château est en vente, et qu’il fait les visites. Il y a là aussi une femme plus grande que lui, très effacée, qui laisse son mari parler. Je vais entendre ce monsieur. Il va m’indiquer qu’il est connu des services de police pour des affaires de mœurs, mais qu’il s’est rangé des voitures et qu’aujourd’hui il travaille comme gardien. » La brigade criminelle enquête sur des présomptions de financement du terrorisme, elle ne recherche pas quelqu’un condamné pour viol ou agression sexuelle.
Ainsi, les policiers ont marché sans le savoir sur les cadavres de Marie-Jeanne Desramault et d’Elisabeth Brichet. L’adolescente, enlevée le 20 décembre 1989, a été enterrée au Sautou alors même que les lieux étaient sous surveillance. Jean-Louis Huesca, l’ancien inspecteur de la Crim’, ne découvre qu’une vingtaine d’années plus tard, après l’arrestation et les aveux de Michel Fourniret, que le faux « gardien du Sautou » est un tueur en série. De nouvelles fouilles sont prévues au château le 7 décembre, là où il affirme désormais avoir caché le corps d’Estelle Mouzin.

Aah non, là c'est pas lui.
Faut pas voir le mal partout.
Je vais aller mater de vieilles plaidoiries de Dupont-Moretti pour voir si je peux pas bricoler un truc pour faire amnistier Fourniret pour décrépitude raisons médicales, en profitant de la confusion qui accompagne les agapes du Black friday, de la fin du confinement et du moratoire sur les violences policières courageusement adopté par Darmanin, manin et demi. 
Quitte à faire flouter Michou.
Hier soir, quelqu'un me reprend, après que j'aie prétendu avoir assisté à l'incinération d'un ami : 
"ah non, attention, l'incinération est un terme qu'on doit réserver aux ordures, quand c'est un humain on parle de crémation. 
- D'accord, mais les humains qui sont des ordures ? 
Elle a ri. Que pouvait-elle faire d'autre ? 
Et encore, je ne lui ai pas fait la blague de Fourniret : 
« C'est un méchant homme, un pédophile invétéré et enfiévré, qui entraine sa jeune et future victime dans les bois, la nuit tombe, il y a des bruits étranges, ça craque à chaque pas, le petit garçon pleurniche : « j'ai peur ! » alors l'homme lui répond, agacé : « tais-toi ! moi aussi, j'ai peur, et en plus après, il faudra que je rentre tout seul, dans le noir..... ! » Je crois bien l'avoir lue dans un livre d'Emmanuel Carrère, lui qui citait récemment, dans Yoga, l'Evangile "Good copte, bad copte" de Thomas : « Si tu fais advenir ce qu’il y a à l’intérieur de toi, ce que tu fais advenir te sauvera. Si tu ne fais pas advenir ce qu’il y a à l’intérieur de toi, ce que tu n’auras pas fait advenir te tuera »

Quand ils sont petits, les pédophiles ont peur du noir.
Comme tout le monde.
Je vais pas lui jeter l'Abbé Pierre, tant que je prends mon lithium, tout va bien, mais quand même, il y a des choses à l’intérieur de moi qu’il vaut mieux ne pas faire advenir.
J'en parlerai sans doute ces prochains jours, puisque j'ai l'air si décidé à entonner le cantique de la racaille. Ca sera pas pire que quand je bavais sur Breivik. Plus instructif, sans doute : le trombinoscope des fugitifs les plus recherchés d'Europe. Comme les champignons, sachez les reconnaitre, pour ne pas en ramasser de vénéneux. Là encore, tout doit disparaitre, et c'est pas la peine de les ramener au commissariat, si vous voyez ce que je veux dire.

dimanche 1 décembre 2019

Le diable probablement

D’abord j'ai un moment d'absence devant mon ordinateur, et quand je reprends conscience, trop tard, je suis déjà en train d'errer sur des blogs de vieux, je veux dire, de gens qui ont mon âge :
"To rip or not", la question mérite d'être posée.
Pour des artistes morts, pas de scrupules, on rippe. Leurs enfants n'ont qu'à trouver un métier honnête, plutôt que de vivoter des droits d'auteur de leurs parents, des CDs.
Nonobstant, d'avoir contemplé l'abyme grouillant du nombre de titres d'Henri Salvador que je méconnais, celui-ci se met à me regarder aussi, et allume souterrainement la mèche de la bombe à fragmentation de la fièvre collectionneuse.

Alors je commence à jouer du clavier, et j'atteins d'abord ceci :
Woualou, voilà plein de titres inconnus de feu le père Henri, ça a l'air sympa mais il faut s'inscrire auprès de usenet, qui m'a tout l'air d'une foutue bande dématérialisée de malfaiteurs à but lucratif et de détrousseurs de cadavres, puisqu'ils empochent tes sous sans reverser rien du tout, ni à qui de gauche, ni à Michel Droit. Et donc au final raquer à de telles cyber-raclures pour télécharger, non merci, je préfère encore acheter les imports japonais sur Amazon (Henri Salvador is big in Japan, à n'en pas douter).
Mes recherches clandestines me mènent ensuite en terrain légal, chez Born bad records.
Alors là bravo, j'ai dit ailleurs et pas plus tard qu'hier tout le bien que je pensais de Born Bad Records et de leur politique d'exhumation de trésors enfouis, vraiment s'ils sont mal nés, la résilience s'est ensuite emparée d'eux au fil des ans, c'est incroyable le bien qu'ils font au paysage culturel, mais concernant Henri, il n'y a qu'un titre de lui sur cette compilation, en plus je le connais par coeur, donc je ne m'attarde pas, je repars vers le côté obscur avec http://losslessbox.do.henri_salvador_2_cd/13-1-0-2013 mais la compilation n'est plus en ligne, dommage, par contre si je veux télécharger 48 albums de Nils Petter Molvaer c'est sans problème.
C'est bien joli, mais où trouverai-je le temps de les écouter ? Comme à chaque fois que je cherche un truc sur le net, l'offre recommence à excéder ma demande. Je fais des recherches de plus en plus frénétiques, j'admets connaitre des wagons de fournisseurs douteux, chez israbox y'a beaucoup d'albums de Salvador mais maintenant il faut les choper sur isracloud et comme je ne suis qu'un goy c'est devenu payant, Qobuz fait une offre moins minable que iTunes mais y'a quand même pas de quoi se pâmer comparé à ce qu'on trouve sous le manteau que Jésus a partagé avec un pauvre, et finalement, je trouve des curiosités à un prix décent chez des amoureux de vieilleries, un espèce de Born Bad Records pour Ecroulés, Vioques & Baveux (le pendant français aux Brawlers, Bawlers & Bastards de Tom Waits)
Les Frémeaux (j'imagine aisément des frangins complices comme les Coen) ont commencé à éditer une intégrale avec plein de choses inconnues et a priori affriolantes, par exemple ça :

 Achète-moi

ou ça :


... mais pour finir, la meilleure compile pirate d'Henri Salvador, je la trouve chez un certain John Warsen, parce que j'avais oublié que c'est là que je l'avais mise, ce qui me fait penser que dans mes activités mélomaniaques sur Internet je ressemble de plus en plus à Bob Arctor dans Substance Mort de Philip K. Dick, et c'est pourquoi j'ai cessé d'y aller la plupart du temps, comprenant l'inanité de ma quête, qui m'embarque toujours vers des cybercuites sans lendemain.
Le diable probablement.
Le mot de la fin de cette mésaventure de lèche-vitrines, je le trouve chez un fondu, un passionné d'Henri qui collecte toutes les galettes de sa vedette favorite, dans la liste des raisons pour lesquelles il s'est lancé dans la collection des oeuvres de Salvador :
2/ parce qu'il est très difficile de trouver ses disques ( sa carrière discographique a commencé à la fin des années trente avec l'orchestre de Ray VENTURA et même avant en jouant du jazz ).
3/ parce que je ne connais pas grand monde qui s'intéresse à ce chanteur au point d'en faire une collection.
7/ parce que SALVADOR  est avant tout un provocateur et un Jean-foutre de première, comme moi !
11/ parce que grâce à son répertoire (et pas le meilleur), je me suis amusé comme un fou lors de soirées familiales, publiques et autres à faire le con.

Je reconnais là un fan, un frère. Moi aussi je trouve Salvador mauvais, carrément, ouvertement et en pleine conscience, il s'est livré aux pires excès de l'avariété, n'a renoncé à aucune posture poujadiste dans le corps de chansons écrites par-dessus-la-jambe, et je vois en lui un précurseur du punk bien avant l'heure du punk... il a écrit au dos de la pochette d'un de ses disques " SI CE DISQUE NE VOUS PLAÎT PAS, ALLEZ VOUS FAIRE FOUTRE ! " Moi aussi, quand je serai grand, j'écrirai un article où je vous suggérerai d'ALLER TOUS VOUS FAIRE ENCULER !", et ça sera trop la classe, mais je n'en suis pas là... par contre je n'ai jamais pu faire le con avec Salvador en famille, tant ils méprisaient ouvertement la culture populaire et la "variété" (qui en manque singulièrement, disais-je avant que ma femme me rééduque) française.
On m'a encouragé à faire le con avec Boby Lapointe, certes, et j'ai appris tout son répertoire à la guitare sommaire avant mes 16 ans, mais finalement, Lapointe c'est un mec désespéré, qui essayait de faire rentrer au chausse-pied une quantité de mots impossible dans chacune de ses chansons, et pour y dire quoi ? toute son oeuvre, là, pointe le tragique de l'existence humaine, alors que Salvador c'est plutôt "faut rigoler pour empêcher le ciel de tomber".
Au final, le ciel y tombe quand même, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise.

mardi 1 octobre 2019

L'avocat du diable


extraits de mails
Objet: question
Date: 24 septembre 2019 à 11:40:23 UTC+2
À: b**@byronmetcalf.com

Hello
I’m a french fan of your works and owe many CD’s of yours
I dare ask a maybe dumb and overanswered question but could’nt find the answer by myself.
I was watching the TV Show « Hannibal » 
a bad and sick TV Show indeed, about people having codependent relationships.


Anyway, during the third season, a character from the novel « Red Dragon » appeared, and pretended to be « Byron Metcalfe, Hannibal Lecter's lawyer ».
It made me smile, because I thought the screenwriter took the character's name from yours, a crooked joke like a tribute from evil to virtue. (Everyone is very ill, spiritually speaking, in the show)

screen capture from the TV Show
But I found the same name in the original novel (1981).
Which seems anterior to your career’s beginning.
So my question is : did you take your pseudonym from Thomas Harris’s books ? It’s not a big thing, but i’m actually a bit disturbed by this discovery.
Does it mean anything to you ?
Thanks in advance
Christophe

Le 25 sept. 2019 à 17:24, Byron Metcalf a écrit :
Hi Christophe,

My music career actually began in the early 60's so no I did not borrow the name as a pseudonym.

I'm so sorry, Lord Byron ;-)
I read that info on your P.al site "Starting in 1988, Byron began focusing his musical talents toward the healing arts, creating musical sequences for Holotropic Breathwork workshops,… » so I took it for real.

I recall reading Red Dragon right after it was released and was pretty freaked out when I got to 'my' name!

I feel guilty enough for watching the macabre opera Bryan Fuller created from Thomas Harris novels, so I won’t try to reread Red Dragon for knowing what fascinated me long ago, and what you’re doing in there. 
Your name, erupting like reality into fiction. 
Same impression you must have had when you read your name in the book. 
Like if you’ve been caught into the Necronomicon without giving any consent.
Lovecraft beaten by Harris !
and it’s no coincidence  (or a strange one) that you act in the world of « healing » music, because it’s no mystery Hannibal Series Soundtrack musicians work in the spheres of sick & unwell sounds, which are another kind of industry and need to be rebalanced.
(Dark ambient is not allowed as a response)
https://youtu.be/7Ow8ne4iD8Y

Interestingly you are the only person to ask me about this which is surprising given the popularity of the Hannibal Lecter character. Silence of the Lambs is one of my all time favorite films.

Maybe you’re not popular at all, except in my neighborhood ?
;-)))
I often see details and coincidences others don’t see (but I also often miss the Big Picture). 
Unconveniences of geek culture.
Or maybe the people who read Thomas Harris don’t listen to Byron Metcalf.
Anyway, I was curious to see if the TV show would build a theoretical justification for Hannibal’s behaviors. 
It does'nt : in the show, Lecter kills and eats people thats displeases him by their vulgarity.
His own intelligence and refinement are self-consumed and justify at his own eyes his predator’s instincts, and he feels really satisfied with that, so it’s maybe terrifying metaphorically speaking upon Ego strategies, but the character appears hopefully absurd and artificial to me, despite lttle jokes on empathy. 
Will Graham : « Extreme acts of crualty require a high degree of empathy ».
Bedelia Du Maurier (answers) : « You just found religion. Nothing is more dangerous than that. » 
Ha ha.
If Thomas Harris see things like this, it’s hopefully harmless and far less credible than what others novel writers theorize upon evil, from Nick Tosches (in Trinities) to Russell Banks.
The idea of your name, emerging as a fragile counterpoint to the torrents of insanity and madness which oozed from the 39 episodes, is precious (and a bit hilarious too, because I endured the three seasons of the show without knowing why I was doing it, until I saw your name on the screen)
So if you don’t know why Thomas Harris borrowed your name and turned it into « the devil’s attorney » you should perhaps ask him quickly, he’s turned 78.
He’s smart : “ I don’t make anything up. So look around you,” he says. “Because everything has happened.
He said he’s been inspired by Ted Bundy, and his relationship with Robert Keppel, an American former law enforcement officer who wrote many books wich gave birth to « Mindhunter », a TV show from David Fincher much more impressive than Hannibal, where detectives are confronted with real serial killers.
(Pardon my french) 
(I’m French)
and pardon my bla-bla, i’ve rare opportunities to exchange in english with people I listen carefully the music to.

Sincerely Yours
Christophe


De: Byron Metcalf
Objet: Rép : question
Date: 27 septembre 2019 à 17:50:56 UTC+2
À: Christophe P.

Thanks Christophe! Your 'rant' put a big smile on my face. You're a good writer! 👍


Le 27 sept. 2019 à 18:02, Christophe P. a écrit :

If I didn’t read your name in Hannibal, there would have been no rant, so thanks for your music ! 
I’m just listening right now to your last album with Eric Wollo.
My rant is under control, and my psychiatrist is hopefully vegan
;-)))
Christophe

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Bon. Si l'intéressé lui-même n'est pas au courant, c'est râpé pour comprendre pourquoi le Byron Metcalf réel s'est trouvé aspiré dans le vortex littéraire de Thomas Harris et ses déclinaisons audiovisuelles. Quant à savoir pourquoi j'ai regardé 3 saisons de cette chose glauque, cauteleuse et hypnotique, c'est tout aussi insondable. Si ça vous tente de siroter 35 heures de Madds Mikkelsen en psychiatre cannibale, roi de l'emprise et de la manipulation mentale, petit maitre de la jouissance par le meurtre gastronomique et baronnet des plaisirs raffinés, vous ne pourrez pas dire que je ne vous ai pas prévenus. Le plus terrifiant dans la série, c'est bien la soumission presque joyeuse de tous les personnages secondaires à la volonté d'Hannibal, qui tord littéralement l'univers autour de lui, comme un petit trou noir sans poil autour car il a sans nul doute l'anus aussi lisse que le visage.
https://youtu.be/AucdcgZsUb4
Alors, il y a l’horreur « folklorique » de Hannibal, la charge s'exerçant à coups redoublés sur la psychanalyse, et dont le scénario pourrait avoir été écrit par un patient trop longtemps baladé par un psy qui a décidé de s'en venger dans les grandes largeurs, avec outrance et délectation, puisque tous les psys de la série sont aussi détraqués que les malades qui la hantent, et il y a l’horreur "psychologique" un peu plus réaliste des relations d'attachement/dépendance qui engluent les protagonistes de la série. 
C’est à ce titre que je trouvais la présence fantomatique de Byron Metcalf, auto-canonisé chamane guérisseur sur son site holotropique, plus que justifiée par la noirceur de l'univers fictionnel déployé.
Comme si le Diable avait besoin d'un avocat !


Déçu par Hannibal, je me tourne alors vers Midsommar, réputé gorgé d'horreur folklorique suédoise.
Hélas, il y a beaucoup de Grand-Guignol dans ce clip institutionnel profondément désobligeant envers les cultures païennes, commandité à ce qu’il reste des Monty Python par le ministre du tourisme suédois pour débarrasser définitivement le pays des touristes américains, d'ailleurs dépeints en termes assez grossiers.
Le résultat est profondément émouvant : Terry Gilliam n'avait pas été aussi acide depuis "Brazil". Et le suicide d'Eric Idle se jetant de la roche Tarpéienne en mimant le stoïcisme d'Edward G.Robinson dans "Soleil vert" me laisse tout vibrant d'émotion contenue.
Mais cet épandage sauvage de culture cinéma ne fait pas un bon film de trouille.
C'est le sous-texte sur l'emprise, le délitement de la culture moderne et la tentation du collectif comme substitut à la famille, qui est intéressant.


Mais bon, question horreur suédoise,  le réalisme de Greta T. bat tous les imaginaires, et c'est en elle que le Réel met une grosse ratatouille au cinéma d'épouvante.
Elle est la Byron Metcalf des effondrologues, car elle nous dit que nous pouvons éviter l'apocalypse annoncée en mettant un frein à l'immobilisme, dans ce monde où nous sommes tous convaincus de la nécessité d'adopter des comportements plus vertueux au volant de notre nouveau SUV.
En plus, l'avantage de Greta sur Byron, c'est qu'il n'y a même pas besoin d'acheter son disque pour que ça marche.
D'accord, pour l'instant, la pythie nous saoule de bande-annonces de désastres attendus, elle nous joue le pitch du film catastrophe qui enterrera tous les autres parce que là ça sera pas pour de rire, mais son scénario (haut et bas, mais les experts du GIEC parient plutôt sur le haut) est prêt à tourner, et son cliffhanger a l'air bien au point.

L'effet "inéluctable" de la courbe n'apparaitra qu'aux petits-enfants de nos petits-enfants.
Pas de quoi en faire une maladie.

mardi 9 janvier 2018

Les supermarchés de l'hypertélie (7)

Résumé du chapitre précédent : 
Il est juste en dessous de cet article.
Vous pouvez pas le louper.

6/ Hypertélies publicitaires
a) les supports de promotion audiovisuelle.
Un cas d'école : Vincent Baguian - Les biches regardent avec dédain (1996)
Dans un souci légitime de transdisciplinarité intercommunale, j'accueille dans ces colonnes un jeune senior, de 55 ans mon ainé, qui se livre à d'intéressant travaux sur l'hypertélique sans même savoir de quoi il retourne, mais quand j'ai vu la tournure que prenait son article que je lisais par-dessus mon épaule au cours de sa confection par des petites mains orientales dans des usines à Bakou*, je lui ai offert du soutien et mon support quasi-gratuitement dans ces colonnes, où le fruit de ses recherches trouvera sans doute un écho plus favorable auprès de la communauté internationale des chercheurs d'absolu qui ne seraient pas forcément attachés à trouver la solution tout de suite, mais alors pour faire des tutoriels chiants, on est là.
Sans plus attendre, force est de constater que je lui laisse donc la parole, qu'on voie un peu ce qu'il a dans le ventre.

Bonsoir messieurs-dames.
Merci d'être venus aussi nombreux ce soir assister à ma conférence en pdf filmé. 
Rassurez-vous, je ne vous tiendrai pas la jambe plus longtemps que nécessaire.
Ce serait mal me connaitre.
En un mot comme en cent, sans vouloir y aller par quatre chemins, voici mon message.

Au rayon de vieux vélo rouillé des chanteurs "mots dits" parce qu'ils n'ont pas de voix et qu'ils chantent quand même, tant l'Urgence Du Verbe s'érige en Eux au creux d'Airain, aujourd'hui j'ai nommé Vincent Baguian, et nommer c'est créer, et je le poste parce que je n'ai trouvé aucune chanson de lui sur Youtube, et que finalement, si j'écris si fort des articles si faibles sur le plan logique, c'est parce qu'en définitive je suis bien obligé de m'y coller avec les moyens du bord, vu que j'adorerais lire les articles que je torche dans un journal recyclé mais que personne ne s'y met et qu'on n'est jamais mieux asservi que par soi-même.


Je rejoins sans doute en cela mon inglorieux bastard d'ancêtre, John B Root, dit le Bandard Mou, dit aussi Jeannot Bistouquette par sa femme et ses gosses, qui m'avoua un jour sous le seau du secret que s'il s'était mis un jour à produire, réaliser, et même mettre sa zigounette dans des flims de raide Bull c'était dans l'espoir secret et régulièrement trahi de maitriser sa consommation de p0rn.
Aux dernières nouvelles, il y est toujours, mais ça fait un moment que je suis pas allé voir.
En tout cas, ainsi dieusement, je lis moins de conneries sur internet, occupé que je suis à en écrire, et parfois même à en filmer.
Et puis, Vincent Baguian  n'a-t-il pas composé et interprété une chanson nommée "Je suis une tombe", hein ? et une autre nommée " Sur Jésus-Christ j'ai fait une croix" ? bien malin qui ne le saurait pas, et alors l'entièreté de mon blog discographique serait comme une sorte d'hommage déguisé, du vice à la vertu, du thanatopracteur à l'Institut médico-Légal.
(écoutez la chanson "Astrid" dissimulée dans l'article, sincèrement elle vaut le coup d'oreille)


Et maintenant, qu'on amène les femmes nues et qu'on les foute à poil, comme disait Vassiliu.
Quoique cette expression soit un peu ringarde voire obsolète comme un vieux MC Solard au jour d'aujourd'hui, les anciennes femmes à poil de jadis étant maintenant bien trop souvent des femmes sans poils; mais "qu'on amène les femmes nues et qu'on les foute sans poils" avait une connotation chimiothérapeutique un peu débiroutante, bien que postmoderne. Et j'en aurais presque oublié de passer le disque. J'espère contribuer modestement à faire s'effondrer les ventes de notre jeune ami, déjà en chute libre.
En plus je tousse comme un succès damné.
Il parait que quand on arrête, chaque cigarette non-fumée est importante.
Je me vois déjà, avec toutes les cigarettes que je non-fumerai à la chaine, être pris d'affreuses quintes de non-toux à la fin de mes journées bien remplies de joies et de peines, mais faut c'qui faut et on verra c'qu'on voudra.




J'ai bien peur de ne pas avoir fermé l'oeil du cyclone de la nuit nyctalope pendant les travaux, mais maintenant ça va aller mieux puisque c'est fini.
A moins qu'une autre idée à la con me vienne dans le quart d'heure.
Dieu m'en préserve, car j'ai du boulot en perspective.

... oui mais, Maître, ne craignez-vous pas que ce clip de promotion ne soit un peu chargé ?
En un mot, qu'il frise l'hypertélique, celle-là même que vous dénoncez par ailleurs si vigoureusement, sur un autre blog dont les statistiques peinent à remonter ?
- Je l'ignore, petit Scarabée. 
Mais songe tout d'abord à tes prémisses. 
Le lien hypertexte que tu viens de forger pointe déjà sur ce blog sur lequel tu ne sais même plus que tu habites, vu que moi aussi.
Et puis, entre nous, penses-tu vraiment que trop de connerie puisse vraiment faire du tort ou infliger un dommage intellectuel quelconque à la connerie ?
Trop de mort peut-elle tuer la mort ?

*capitale de l'Azerbaïdjan

[Edit]

Tout sur les poils et le sexe, merci Arte !

https://www.arte.tv/fr/videos/060516-002-A/poilorama-2-10-bete-de-sexe/




vendredi 25 décembre 2015

Plus Moore que Vivant : la Nuit Obscure de Saint Jean de la Couille Dans le Pâté

On n'en finit plus d'assister à la dégringolade créative et spirituelle de celui qui fut jadis un brillant auteur de comics, qui donna au monde merveilleux des super-héros en slip par dessus leur survète une dimension adulte, au moins dans Watchmen et V pour Vendetta.
Je n'en veux pour preuve que ses productions les plus récentes, Neonomicon et Crossed +100.

Sur le plan créatif, ça reste chouette, par contre au plan spirituel, ça craint du boudin.

Et pourtant, ce n'est qu'un cancer de louanges autour de ce sinistre individu.
Dès demain, un collectif d'anonymousses (non alcolikousses) moralistes jusqu'au trognon prendra le contrôle de l'antenne de Warsen TV pour rétablir la macabre vérité.

http://jesuisunetombe.blogspot.fr/2009/12/alan-moore-jh-willams-iii-promethea-112.html

http://jesuisunetombe.blogspot.fr/2009/12/alan-moore-juan-jose-ryp-another.html

http://jesuisunetombe.blogspot.fr/2010/01/moore-vivant.html

http://jesuisunetombe.blogspot.fr/2015/10/neonomicon-alan-moore-jacen-burrows-2010.html

http://artbyarion.blogspot.fr/2015/05/neonomicon-alan-moore-jacen-burrows.html

http://artbyarion.blogspot.fr/2015/09/crossed-plus-one-hundred-alan-moore.html

http://samquixote.blogspot.fr/2015/04/alan-moores-courtyard-review-antony.html

http://artbyarion.blogspot.fr/2015/09/crossed-plus-one-hundred-alan-moore.html

http://artemusdada.blogspot.fr/2015/10/crossed-100-alan-moore-gabriel-andrade.html



Finalement, il a quand même renoncé aux droits d'exploitation de sa meilleure BD.
De toutes, d'ailleurs.
La classe américaine, bien qu'il soit anglais.
C'est pas Morice G. Dantec qui aurait fait ça.

mercredi 16 décembre 2015

Dans la salle du bar tabac de la rue des Martyrs d’Al-Qaida


Je suis inséré dans la toute petite file d’attente (pour un dimanche matin) du tabac-presse, pour racheter des sucettes à cancer.
Les gens doivent être à la messe, ou au marché.
A mes côtés, un pauvre type, un faux air de Jack Palance avec qui la vie n’aurait pas été tendre, la cinquantaine incertaine, je sens son haleine alcoolisée à deux mètres, et le temps que j’atteigne le comptoir, il alerte de vagues connaissances, présentes dans l'établissement, sur un fait navrant qui vient selon lui de se produire à deux pas, sur la place du bourg.

« Y’a un vieux qui s’est fait tirer son pognon au distributeur Carte Bleue. Par un jeune arabe.
- Non ? pas possible ?
- Si, si, c’est René qui l’a vu ! 

(je parie que René, il n’est pas rené en Alcooliques Anonymes. Pas encore.)

C’est pas la première fois. Ces gens-là, faut vraiment s’en débarrasser. 
Le meilleur des arabes, y vaut pas le pire des français. »

Des petits vieux s’approchent timidement en mode Zombie Walk, et commencent à dessiner un vague cercle autour de lui, irrésistiblement attirés par le rayonnement maléfique de son message fort au gouvernement.

Je me suis arrêté au milieu de mon lancer de billet de 10 euros, et on échange un regard interdit avec le jeune buraliste sympa qui se met d’habitude à sourire dès que je passe la porte, parce qu’il sait que je vais lui faire une blague rigolote qui égaiera sa morne existence de vendeur de drogue de mort. 
Il me murmure « faudrait pas qu’il continue longtemps dans ma boutique, çui-là… »
Je suis rassuré, au fond j’ignorais comment il allait réagir. 
Je lui réplique à mi-voix, sur le même ton de conspirateur parce que Jack Balance est à un mètre cinquante : « Oui, moi c’est pareil, si je te pète un scandale ici, ça va faire désordre… »
Ayant constaté notre impuissance mutuelle à stopper l'évènement déplaisant en cours, nous concluons donc notre transaction.
Je sors du tabac.
J’en allume une.
J’en reviens pas.
On est le fameux dimanche d’élections régionales 2015, deuxième tour, et les racistes sortent du bois après la pluie comme les champignons après la douche électorale du premier tour.


Décomplexés. 
Pour eux, c’est open bar.

Tout ce que cette petite ville de province compte de sexagénaires et plus si longévité, traumatisés par la tuerie du 13 novembre - un mois, déjà - est soudain toute ouïe aux apôtres de la France du Pire, la France de la Haine.

On se croirait en 36.

Je tire sur ma clope.
Jo la Booze tarde à sortir du tabac.
Est-ce que j’aurais dû l’apostropher il y a deux minutes à peine ?
genre « excusez-moi, mais ma femme est arabe » ?

Vanitas too late : l’idée ne m’est pas venue.
En plus, c’est le genre de connard à avoir un surin dans sa poche.
J’aurais eu l’air malin.
Sur le moment, j’ai juste eu envie de lui péter la gueule.
Pas très constructif, comme réaction épidermique.

Je repense à ce que disait Daniel dans une autre incarnation, à propos de disciples bouddhistes occidentaux dépressifs :
«Le problème, c'est (…) d'arriver à gérer l'orgueil bien réel qui résulte du sentiment de sa propre nullité, car plus une personne se trouve nulle, plus en général elle aura développé de l'orgueil par-dessus pour arriver à survivre. »

Je me dis que le raciste, c’est ça son problème fondamental :
gérer l'orgueil qui résulte du sentiment de sa propre nullité.

Pas de bol, il l’externalise sur plus faible, plus pauvre, moins bien loti que lui, qui ne l’est déjà guère à la grande loterie de la Vie.


Puis Jack La Haine sort du tabac, entouré d’un petit aréopage de vieux et de vieilles confits dans leur rancitude inquiète, et s’éloigne à pas mesurés.

J’en reviens toujours pas.
Je passe au marché acheter des huitres et des câpres, parce qu’on n'a qu’une vie, et je rentre.

A table, j’évoque l’incident.
Ma femme me regarde comme si j’étais le dernier des Gogols.
« Enfin, je te dis souvent que ça fait des années que ça a recommencé. Ce type est sans doute payé par le FN pour faire le tour des bars et attiser la haine. C’est sans doute lui qui a dépouillé le petit vieux dont il parlait. » 

Putain ! Pendant que j'avais la tête ailleurs, ma femme a tourné conspirationniste !

Ca m’apprendra à me branler sur Internet.







Edit du 28/12/15 :


Mon ami raciste from john warsen on Vimeo.



lundi 14 décembre 2015

Petits cauchemars entre amis (à partir d'un film trouvé dans les égouts du Net)



89

La nuit dernière, M* a rêvé d’une scène banale et quotidienne :
le matin, quand elle est dans le pâté, et qu’elle cherche comment s’habiller...
Dans le rêve, elle se demandait s’il valait mieux mettre un soutien gorge bleu ou noir.
Ce qu’elle voulait, c'est ne pas être gênée aux entournures, car elle avait une ceinture d’explosifs autour de la taille, qui la boudinait un peu.
Ca l’a réveillée, pas spécialement de bonne humeur.

89 bis

dans le même temps, C* a rêvé qu’elle se faisait piquer par un frelon qui la faisait muter en Vélociraptor (dans le Réel, ou ce que nous prenons et nommons comme tel, c’est le nom affectueux que nous donnons à nos poules)
Pour éviter de tuer tout le monde une fois transformée en monstre, elle s’est suicidée.
Brave petiteIl faudra que je lui montre la Mouche de Cronenberg.  
Je leur ai conseillé de moins regarder la télé.



autour du 20 Novembre 2015


Je viens de comprendre pourquoi je trainais sur tous ces sites de petits démonneaux de nos contrées ces jours derniers, sans me décider à prendre leurs films(1), en passant par des serveurs où il faut de toute façon raquer pour avoir des vitesses de débit tolérables, et alors là, engraisser les tuyaux au lieu de rétribuer les auteurs, nein danke.

J'en étais à me remémorer un film recroisé chez Strange Vomit Dolls.
Et le généreux commentaire qui le laissa sans nul doute ravi, au lit.
Des fois, je suis bon.
Des fois.
Mais j'aurais aussi bien pu aller relire ce que j'en disais là :

http://johnwarsen.blogspot.fr/2009/03/les-films-de-chtrouille-sans-y-aller.html



...du temps où Vertueuse Indignation rimait encore avec Pouvoir de Conviction, mais déjà avec Bocal de Cornichons.

























dans la même collection : 

à partir d'une photo trouvée dans les égouts du Net

Un peu raide à 14 ans

(avec commentaires hyper-intéressants avec 10 ans de recul)