lundi 26 novembre 2007

Eloge de la tyrannie technologique

Je lis un livre très vrai et finalement assez inquiétant sur notre monde tel qu’il évolue au gré des mutations technologiques : “La tyrannie technologique” (critique de la société numérique, dans la collection “Pour en finir avec”, mwa ha ha. On ricanerait de le voir sur ma table de nuit, comme un pensum que je m’infligerais en pénitence de mon activisme cyber (activiste, c’est un mot classieux pour addict.) On aurait tort : ricaner n’est pas bon pour la santé. Et en plus, je n’ai pas de table de nuit. Bien sûr, il est rédigé par d’affreux gauchistes, qui n’en vendront qu’une poignée à d’autres gauchistes, et dont on pourrait croire de loin qu’ils se classeraient eux-mêmes dans la case “irréductibles gaulois” propres à faire rigoler les Romains, dans un passé parallèle où la potion magique n’a jamais été inventée. Soyons clairs : si les pulsions phagocytantes du capitalisme ne concernaient que lui, on le laisserait s’auto-dévorer dans son coin. Le problème c’est que nous sommes son aliment de base, et plutôt vers le bas de la chaîne alimentaire. Moins bas que d’autres, certes, mais bien moins à l’abri que ça. Le livre est inconfortable, divise, intrigue, exaspère parfois, et le débat ferait cliqueter beaucoup de claviers si ça servait à quelque chose. Mais au final, c’est un peu comme dans Invasion of the Body Snatchers : il est bien tard. On peut tout aussi bien acheter ” Comment les riches détruisent la planète” ou “Construire son abri anti-grippe aviaire dans la cave du monastère” (chez Marabout pocket dans la collection “guides pratiques”, plus tourné vers le bricolage que la récrimination fumigène) 
Extrait : “La maîtrise du temps Alors que les progrès techniques sont censés nous libérer du temps, les ordinateurs mettent aujourd’hui autant de temps à démarrer qu’il y a 10 ou 20 ans. La fuite en avant est perpétuelle, des logiciels de plus en plus performants demandent de plus en plus de puissance de processeurs pour être exécutés. Le mail permet de communiquer plus rapidement et plus efficacement, alors que l’on passe pourtant bien plus de temps à gérer son courrier qu’autrefois. L’immédiateté vantée par la technologie nous coûte plus de temps qu’elle ne nous en fait gagner. Dans notre société de surinformation et de communication permanente, regarder ses mails, lire les messages de son téléphone portable, consulter les flashs infos sur son écran, écouter les émissions de radio podcastées, etc… nous grignotent plus de temps qu’elles ne nous en économisent. Sous prétexte de se rendre maître du temps, l’individu contemporain lui est plus que jamais asservi. A l’heure où l’instantanéité des communications est censée nous permettre de gagner du temps, la quasi-totalité des pays occidentaux se trouvent asservis à un rythme de vie délirant, prisonniers d’un temps qu’ils ont essayé de dominer. Le règne de l’urgence est concomitant de l’avènement de la dictature du temps, instaurée par les objets mêmes censés nous en libérer. L’utopie de la transparence Notre société est obsédée par le voir (…) tout doit être révélé, déballé, exposé. L’opaque et le caché deviennent suspects et alimentent sur le plan politique, l’obsession du complot. Dans les relations humaines, dévoiler son intimité est perçu comme un gage de sincérité. Les nouvelles technologies - au travers de la numérisation et de la mise en réseau - jouent un rôle central dans cette mise à nu générale. Elles contribuent à rendre la société transparente. Cette possibilité de tout voir donne l’illusion de maîtriser le monde alors qu’elle nourrit et alimente la demande sécuritaire et la méfiance envers les autres. Elle favorise aussi la dépolitisation et contribue à créer une civilisation d’individus connectés en permanence, surinformés et omniscients, mais incapables d’agir sur le monde “

d’autres extraits ici

Lecture ô combien pernicieuse : quelqu’un venait me reprocher dans mon rêve de cette nuit de ne rien branler malgré le fait d’être abonné au Monde version papier. Or, la culpabilité n’est-elle pas la plus subtile des fuites ? L’ironie veut qu’après en avoir entendu parler sur France Inter au mois d’aout dans une bagnole remplie du babil familial lors d’un trajet houleux entre Montpellier et Port Camargue, j’en ai oublié le titre du bouquin, que j’ai retrouvé sur le site web de la station, reperdu, écrit à France Inter pour le ravoir,… que quelqu’un de la station me l’a trouvé malgré ma demande très vague (merci à toi, hotliner inconnu) et finalement je l’ai commandé sur Internet. Lénine avait prévu que, le jour où il faudrait à l’URSS une corde assez longue pour pendre le capitalisme, les capitalistes occidentaux se feraient une guerre au couteau pour la lui vendre à crédit.

Commentaires

  1. “Soyons clairs : si les pulsions phagocytantes du capitalisme ne concernaient que lui, on le laisserait s’auto-dévorer dans son coin. Le problème c’est que nous sommes son aliment de base, et plutôt vers le bas de la chaîne alimentaire.” Oui mais là où les altermondialistes se trompent c’est en croyant si eux (nous) étaient (étions) en haut, ils seraient plus raisonnables. La possibilité d’un capitalisme raisonné est hautement improbable quand on a identifié en soi les tendances naturelles et puissantes à en vouloir plus, tendances qui ont engendré ce système dégénéré. On en est en bas mais bien en tant que fondations.

  2. Ce bouquin ne brille pas par son intelligence, je trouve (ou alors tu as choisi les mauvais extraits). Le fractionnement de la concentration induit par le surplus d’informations me semble la chose la plus inquiétante. D’ailleurs c’est marrant, il y a des gars qui ont essayé d’évaluer les dégâts (en première page de yahoo), ils ont calculé que consulter sans arrêt ses sms, y répondre n’importe quand etc… coûtait 10 points de QI en fin de journée et fatiguait autant le cerveau qu’une nuit blanche. Je pense qu’on peut aller plus loin, calculer le Qi d’une personne après 1 journée à la campagne, et après 1 journée à Paris, on serait étonné. Je pense que le vrai risque est là, c’est le fractionnement de l’esprit en parties toujours plus petites.

  3. Oui, et la défragmentation c’est pas de la gnognotte… d’ailleurs qui êtes-vous ? ;-)

  4. Et aussi accumulation et persistance, Jean Michel Jarre notait dans une interview “Je viens d’une famille de saltimbanques où une fois la représentation terminée, il n’en reste plus grande trace alors que maintenant on vit dans une société d’archivistes”.

  5. héééé oui on peut archiver des milliers de pages d’Enseignements sur l’impermanence sans en tirer le moindre profit ;-) Pour lutter contre “le fractionnement de l’esprit en parties toujours plus petites” je n’ai trouvé que la diète informationnelle : réduire le nombre d’objets d’étude conscientielle (mais alors le ressassement guette)

  6. là les altermondialistes se trompent

samedi 24 novembre 2007

Haïku


Accroupi
près du bocal
les yeux mi-clos
le chat répète
“je n’aime pas le poisson”

Commentaires

  1. si le chat tournait son esprit vers Dieu, il oublierait le poisson.

  2. peut-être que le chat, malgré qu’il ait entendu parler de rédemption de l’objet fascinatoire®, imagine Dieu comme un poisson géant (ou un pêcheur de 25 mêtres de haut)… thanks to care, but anyway, j’aurais dû intituler ce post “haïku retrouvé dans une baignoire” parce qu’il a 10 ans d’âge et qu’il ne m’a pas paru d’une brûlante actualité, sinon plutôt comme un panse-bête pour quand je suis devant mon ordi (accroupi devant le bocal) et qu’il pourrait servir à d’autres.
    par ailleurs, c’est un faux manifeste : sa versification est fantaisiste eu égard aux rêgles qui régissent la poésie nippone, et même s’il ne lui manque que la parole, il est impossible à un chat de s’accroupir, il lui faudrait quatre genoux. Même pas vrai, quoi.

  3. Redrum ! après un jogging le long de la rivière sans retour, j’ai croisé des pêcheurs à la ligne, et je me suis brusquement souvenu que j’ai rêvé de cannes à pèche cette nuit ! Je vais donc prendre ton avertissement au sérieux, bien que l’idée d’instrumentaliser Dieu pour oublier le poisson me gène, …et bien que je sache cela parce que Tyler Durden le sait, lol !
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Fight_Club_(film)

lundi 19 novembre 2007

Egérie

Recroisé une égérie pas revue depuis 25 ans, et j’ai pas ri. Occasion partagée de comprendre que ce n’est plus ni elle ni moi, que les chenilles sont mortes, quelle que soit la gueule actuelle des papillons. Et en même temps, nous sommes bien en présence d’une certaine continuité dans le changement. Respect mutuel teinté de tendresse non-tendineuse, né du deuil complice de qui nous fûmes, bien que nous ne fûmes plus. L’inverse du cynisme, qui se croit distance élégante, alors qu’il n’est qu’un sous-produit “raffiné” de la déception amoureuse. Le con. De la même façon que l’enterrement de la semaine dernière me permettait d’observer que je ne pleure jamais que sur ma mort prochaine dont la bande-annonce est impossible à concevoir, (le fameux “Snif, je me manque déjà ! “ de Francis Lebrun qui dévoile un peu de la machinerie égotique à l’oeuvre) et qu’avec un peu de chance, tout juste peut-on con se voir en toute simplicité au milieu du cimetière, et être ainsi renvoyé au mystère de la précieuse existence humaine, ici il s’agit d’accéder à ce qu’il y avait derrière le plastic de la plastique - et qu’elle ne masque plus.

Commentaires

  1. faudrait pas s’attacher

  2. Sympa l’article. :) C’est de toi le petit dessin ?

  3. oui, j’ai racheté un artpen de chez rotring… et je le reprends là où je l’avais laissé.

vendredi 16 novembre 2007

Stage de mort

On case l’ainé chez des amis, la cadette chez la nounou, et on part précipitemment. Depuis le temps que beau-papa cumulait des maladies incurables, on n’y croyait plus, mais on vient de recevoir le coup de téléphone conclusif qui va à l’essentiel : “c’est fini.” Quelques heures plus tôt, Jeannette Warsen m’avait prévenu : “je risque d’avoir à partir à A** d’ici demain, selon ma mère, M** vit ses dernières heures”. Je lui avais alors proposé ma compagnie et mon soutien; elle m’a toujours laissé libre de mes mouvements en ce qui concerne sa famille décomposée (son père mort en 5 minutes d’une rupture d’anévrisme il y a 25 ans, sa soeur qui est loin d’être une publicité vivante pour l’égocentrisme, sa mère qui ne sait dire “je t’aime” qu’en nous bourrant la voiture de conserves de confit d’oreilles de porc quand on la quitte, sa tribu d’ancètres tarnais plus mal fagotés les uns que les autres, roulant des r comme nulle part ailleurs dans l’hexagone, dont le pittoresque ne masque ni les névroses ni les générosités ordinaires) et recomposée : ce beau-papa d’occasion, immigré d’Italie dans les jupes de sa mère dans les années 20, que je n’ai connu que sur sa fin de vie, de plus en plus taciturne au fur et à mesure que la myopathie et ce que je prenais pour de la misanthropie le rongeaient, rendant aux fleurs et aux canards mandarins qu’il élevait la bonté qu’il ne concédait plus aux humains. Il aimait la vie, et en cela il n’était pas rancunier, car elle n’avait pas été tendre avec lui. Ouvrier à l’usine sidérurgique de la vallée tant qu’elle avait été ouverte, veuf à 35 ans, il a vécu le meilleur de son existence après 60 ans, auprès de ma belle-mère. Je me dis que si je ne fais pas attention, je risque de vieillir comme lui, muré dans un silence réprobateur et souffreteux (il aurait dû se déplacer en fauteuil roulant depuis au moins 10 ans, lui qui portait des sacs de grain de 100 kgs et plus dans sa jeunesse, et ne devait sa validité vacillante et obstinée qu’à une volonté et un orgueil chromés) et que je vais à son enterrement par solidarité, sous prétexte de ramasser les morceaux de belle-maman.
(…)
On s’est arrêtés sur une aire d’autoroute pour se détendre les jambes, il reste encore 300 km. Les barres de toit de la galerie font un bruit désagréable au delà de 120km/h. J’aurais dû les démonter il y a deux mois, en défaisant les bagages en rentrant d’Espagne, mais la procédure s’est dissoute quelque part sur la route de l’aboutissement, puis a été oubliée, et tout le monde s’est habitué au bruit de fond, jusqu’à ce que je me rappelle qu’il n’était pas inéluctable. De mémoire, je crois que la petite clé hexagonale qui permet de les dévisser est dans le vide-poche gauche. Je dépose mon gobelet de plastique plein de mauvais café sur le siège avant, et je donne quelques tours de clé. Jeannette sort de la station-service et me dit “tu crois que c’est le moment de faire ça ?” Sans me retourner, soudain accablé de certitude, je lui réponds que le bon moment, c’est quand toutes les conditions sont réunies, et je range les barres de toit dans le coffre arrière en ayant l’impression que la tautologie qui vient d’être émise sans sommations clôt l’éternel débat en remettant l’oeuf dans la poule.
(…)
Le corps de papi est étendu sur le lit médicalisé devenu lit de mort, au milieu du salon. Le départ a figé ses traits en un masque tragique et bon marché, tous les os du visage cherchant à ressortir sous la peau tendue à l’extrême. Il semble grignoté de souffrance, et ses traits sont sensiblement décalés vers la caricature. Je ne l’ai jamais entendu se plaindre, mais ses silences étaient lourds.Là, il y a comme de la délivrance dans l’air. Tant mieux : on va vivre avec lui pendant 24 heures, recevant la famille et les proches jusqu’à la mise en bière par les croque-morts, assistés d’un officier de police qui scellera le cercueil, parce qu’il ne sera pas enterré sur la commune et que c’est la loi. Les enbaumeurs sont passés, ils l’ont vidé de ses fluides et lui ont injecté une sorte de liquide de frein à base de formaldéhyde qui retardera la décomposition et rendra la cohabitation plus facile. J’en retrouverai un bidon vide sous son lit en le démontant le lendemain, orné d’une grosse tête de mort. Le matin, en se faisant un café avec le cadavre au fond de la pièce, c’est difficile de ne pas lui jeter des petits coups d’oeil pour savoir s’il a bien dormi; le corps est incapable de croire et encore moins de connaitre que le corps de l’autre est “sans vie” : pour le corps, “être mort” est un contresens absurde qui fait pleurer des larmes de rage et de terreur devant cette inconnaissabilité. Impuissance à localiser l’esprit du défunt dans cette grande carcasse désertée; une lampe qui s’est éteinte, enchassée dans la chair froide ? (mes parents, mécréants et matérialistes) une âme qui a gagné sa place auprès du Seigneur ? (son frêre cadet, curé de campagne qui lui braillera une jolie messe d’enterrement parce qu’une méningite mal soignée l’a laissé sourd comme un pot) un esprit errant dans les bardos avant une prochaine incarnation ? (les bouddhistes de tous poils)
Ce qui est certain, c’est qu’il s’en est allé, après une longue et douloureuse.
Mamie a les yeux secs, elle a peut-être tout pleuré avant qu’on arrive, et on passe les jours suivants à s’occuper d’elle du mieux qu’on peut. Y’a que ça à faire. Les non-dits, on peut s’asseoir dessus maintenant.

mercredi 7 novembre 2007

Si je campe sur mes positions, qui va sortir les poubelles ?






En 2003, j’ai beaucoup travaillé avec quelqu’un que j’ai vexé gravement et durablement en lui faisant remarquer, après l’avoir beaucoup pratiqué, que ce qu’il faisait n’était “pas très professionnel”, ce qui était le mot-clé à ne pas lui dire, à la suite de quoi nos rapports se sont un peu distendus. La pénurie rendant philosophe, je l’ai recontacté cette année, et j’ai retravaillé récemment avec lui; j’ai appris qu’il avait lui aussi commandé un p’tit black au Darfour auprès de l’Arche de Zoé. (Il a déjà deux enfants naturels, mais rêve d’une famille multicolore.) Ce matin j’entends les commentaires sur l’association par le journaliste de Capa qui vient d’être libéré et qui évoque “l’amateurisme dramatique” des responsables de l’association. La coïncidence ne me fait pas exulter, ni sur qui-se-ressemble-s’agrège, ni sur la difficulté à évoluer dans le temps. Le journaliste a tenté de décrire les personnalités d’Eric Breteau et de sa compagne Emilie Lellouch, les deux principaux responsables de l’Arche de Zoé.“Je n’arrive pas à trouver le terme pour les qualifier. Eric Breteau [le président de l’ONG] est un type qui est très fort dans sa tête. Ce qui m’a frappé, c’est leur état d’esprit, leur conviction, ils sont convaincus de faire le bien et d’avoir une mission à effectuer“, a-t-il ajouté. Grain à moudre à la lumière de ce post.

Bon, le Darfour et le Tchad, c’est un peu loin, et c’est facile de tirer sur une ambulance, même vide d’infirmières bulgares : l’actualité est un réservoir inépuisable de dénonciations du pharisiaïsme de nos contemporains, ce qui ne sert évidemment à rien. Le besoin d’avoir raison n’est là que pour masquer la peur d’avoir tort, qui a au moins quelque chose à nous apprendre de notre économie interne. La vraie question à se poser, c’est peut-être : où en est-on émotionnellement aujourd’hui ? Est-ce qu’on a pleuré à la fin du Labyrinthe de Pan ? A-t’on donné du pain aux canards ?

les dessins sont ©Le Monde /Xavier Gorce

samedi 3 novembre 2007

Pour semer ses poursuivants, il faut parfois rester immobile le plus vite possible

Footing le long du parc de Sèvre. Huit kilomètres en trottinant sans ostentation : pas question de redevenir jogg-addict comme en 2003; au bout de 11 mois, j’avais péniblement réussi à substituer l’obsession du sevrage à celle de la cigarette, et le premier pote qui m’a ramené d’Inde le paquet de beedees que je lui avais commandé avant son départ m’a observé remettre le nez dedans à la première taffe, devant laquelle nous sommes tous égaux , consterné que je me laisse réenfermer. Alors que là, en jouant franc jeu avec le sevrage et sans devenir un activiste, même l’obsession mentale m’a été ôtée, et l’attachement s’est dissous. Après, la vigilance au quotidien, bien sûr, mais ça ne prend pas beaucoup d’énergie ni d’attention. Et je ne mythifie pas les plaisirs du tabac, trop content de m’être éloigné de ce produit qui crée le manque qu’il prétend combler… Merci Qui ?
Donc, jogging raisonnable, alterné avec piscine et vélo. Surtout rien de forcé. Tandis que je trottine, une sexagénaire rasée de frais, très élégante dans son cardigan ocre clair, surgit de derrière un fourré, un carton d’emballage “Maxipack 64 Kronembourg” à la main. Tout dans son maintien, son maquillage et son habillement indiquent l’appartenance à la vieille bourgeoisie locale, qui ont fait des rives de la Sèvre un fief immobilier de prédilection. A l’évidence, cette dame égoïstement bien intentionnée fait dans la dépollution des bords de Sèvre qu’elle considère un peu comme un second chez elle, elle cherche des yeux une poubelle, mais le contraste entre sa tenue et son carton de bières est tellement saisissant qu’en passant à sa hauteur, j’ai envie de lui demander avec une fausse connivence si elle a bu le pack de 64 à elle toute seule. Mauvaise blague1 aux rebonds prévisibles : son petit sursaut outragé, vacillement d’incompréhension impossible à convertir assez rapidement en colère tandis que le mauvais plaisant s’éloignerait en ricanant au volant de ses baskets neuves. Si l’intuition luciférienne est plaisante à imaginer dans l’instant, je me demande quelle revanche sur quelle grand-tante rigide je recherche là, et puis Jacques Brel a bien démonté le mécanisme de l’arroseur arrosé dans la chanson “Les Bourgeois”, …je gamberge tout ça pendant les quelques foulées où nos sphères perceptives se croisent, comme si je me déplaçais à une vitesse infra-temporelle tel Makkari dans les Eternels de Neil Gaiman, et je laisse passer ma chance de me croire drôle. Luciférien, ce blog l’est déjà suffisamment (en tout cas pour mes besoins) si j’en crois cette description glanée sur un forum (plus collectiviste, le forum se rit des écueils du blog sur lesquels ne s’éventrent que les Narcisses en pot) : “Lucifer qui, dans un geste de démesure, a voulu remonter à sa source pour s’en saisir et se recréer à partir de sa volonté-propre”.
Le blog étant par essence luciférien, à moins d’effacer la personnalité de son auteur derrière une grande cause, il faut en user avec modération.

1il y a des années de cela j’avais expliqué à mon fils la différence entre une Mauvaise et une bonne blague, la bonne c’est quand tout le monde rit, la Mauvaise quand tu es le seul à rire.


Echauffement avant le jogging : élargissement manuel de l’entrée du port de Ploumanac’h (collection privée)

Commentaires

Ah ben vla ti pas qu’on apprend que John fait du footing !!!

Comme Sarko !!

Il y avait une caméra pour immortaliser cette rencontre ex-addict/ex-pack de kro ?

En tout cas, j’espère que tes chaussures neuves se font à ton pied. Il est bon parfois de changer de chaussures pour repartir du bon pied (phrase qui se veut philosophique, à prendre au 36ème degré….)(A moins qu’il ne s’agisse d’une mauvaise blague…)

A plus

dimanche 28 octobre 2007

Plénitude du vide et rock’n'roll attitude

Moment de grâce lundi après-midi, sans rapport avec les circonstances, d’ailleurs assez peu propices, mais vécues dans l’acceptation; donc au milieu de rien de pré-vu, irruption fugace de la joie sans cause et augmentation de l’acuité perceptive pendant quelques instants. Pouf. Après, va donc faire une saisie là-dessus pour faire réapparaitre le phénomène, te bourrer le mou avec des lectures lénifiantes ou faire du repassage en respirant fort et en écoutant Steve Roach…

Ca m’rappelle quand j’louchais sur les seconds couteaux de la mafia de la non-dualité . Les conteurs du Vide et du Plein, Colporteurs de l’Unique, rejetons de l’Advaita Vedanta et de Krishnamurti, aussi interchangeables que les Cadres du Parti, aux discours limpides et pourtant opaques, dont les écrits et les conférences finissent par devenir aussi prévisibles que la trajectoire d’un suppositoire à l’opium (du peuple) à l’intérieur du canon d’un Magnum 357…
J’ai mis en ligne une conférence de Bouchart d’Orval, pour qu’on voie bien de quoi qu’on cause. Enfin, je veux dire, de quoi ils causent, moi je ne fais que dans l’enluminure milieu de gamme, persuadé que l’humour est un gaz rare et neurotoxique doué de propriétés antidépressives, qui n’est d’ailleurs pas toujours pertinent. Mais de la même façon que quand un être cher s’écorche le genou on a mal pour lui et c’est le contraire de la compassion, on est vaguement contents pour les Réalisés de la Non-Dualité et c’est le contraire de la Joie : en v’la une poignée qui n’erreront plus dans le Samsara1 au prochain tour de lessiveuse, grand bien leur fasse… spasme contenu de jalousie devant ces Indiana Jones de la conscience, qui semblent être exempts des contraintes auxquelles restent assujettis les combinards égotistes que nous sommes restés, apparemment sans trop d’efforts ni se référer très explicitement à aucune tradition. On cherche à quoi se raccrocher, voyons voir… mais non, décidément Tony Parsons n’est pas le frère d’Alan… Eckart Tolle n’est pas un nain de jardin lubrique échappé de Blanche Fesse et les 7 mains malgré certaines photos de quatrième de couverture… on ignore s’ils se connaissent, s’ils se font des bouffes entre potes, mais ils semblent s’être passé le mot.
Les ultimes Pères Noëls sont parmi nous.
Ils ont une façon à nulle autre pareille de vous faire saliver devant le steak spiritualiste. Qu’on les lise, qu’on les écoute attentivement et sans préjugés, (mais ils s’encombrent de très peu de quincaillerie) et il se peut fort bien qu’on en vienne à se dire “c’est cela !” … mais tant qu’il y a quelqu’un pour être emporté par ce qui relève d’une forme particulière de littérature d’évasion, tant qu’il y a quelqu’un pour saliver devant le steak, tant que l’idée même du steak persiste dans l’air, il est clair qu’on est à côté de la plaque.
Parce qu’ils n’éclairent bien souvent qu’eux-mêmes, l’attitude rock’n'roll consiste donc à soutenir les non-dualistes, bien qu’ils s’en foutent complètement.
Evidemment on ne dépasse pas ici le stade de la plaisante contrefaçon du “billet d’humeur de Jacques Boudinot” goossensien comme le regrettable Francis Lebrun savait en trousser. So what ? Vous auriez préféré un exposé sur les légumes chiants ?

1Le Samsara dont aucun centimètre carré n’est exempt d’une atroce souffrance, comme disent les maitres bouddhistes. Nul besoin de convoquer les déshérités d’Afrique ou d’ailleurs pour savoir si c’est vrai : mon voisin de gauche n’en finit plus de basculer dans le quart monde à force d’alcool et d’actes mauvais (je veux dire qui lui nuisent), celui de droite a sa fille entre la vie et la mort depuis un mois et il pense que c’est de sa faute, et les nouvelles que je reçois de mes voisins moins immédiats (6,6 milliards) ne sont guère meilleures.

brouillon dualiste de l’article. Découpe ton écran, ça vaudra des tunes plus tard.



Commentaires

Eckhart tolle est taré.
Il semble tres profond, original, spirituel.

Mais il ne fait que reprendre sous le masque de l’eveil spirituel, la sagesse d’un Nietszche bien plus humble que lui.

Et sous ses aspects d’ouveture spirituel, il ne veut, entre ses crise de fou-rire dementiels, justifier l’existence d’une definition de l’individu au dela du corps et de l’esprit.
Un ame du 21e siecle.

Bienvenue.

vendredi 26 octobre 2007

Petit rêve d’aout 2007 pour commémorer sobrement mon deuxième bloguiversaire

foetus angélique sur la pochette de leur album “Ágætis byrjun”

Je vais à un concert de Sigur Rós. Il fait très sombre dans la salle, les musiciens nous sont brièvement présentés un par un à l’aide d’une poursuite (projecteur de scène directionnel) mais ils nous expliquent qu’ils ne peuvent jouer que dans l’obscurité, leur musique trop fragile ne supportant pas la lumière. Ils ont un uniforme bleu et orangé, entre le pompier et le technicien de surface. Ils ont tous les mêmes visages, comme des clones. Puis les lumières s’éteignent, et le concert commence, dans le noir total. Quelqu’un me passe un joint, dont je tire deux taffes, et je sombre dans une torpeur languide dont un fracas innommable m’extrait violemment : quelqu’un dans le public vient de vider ses poubelles dans une travée. Les musiciens cessent immédiatement de jouer après un tel sabotage, et on se disperse sans être remboursés. Au réveil, je me dis que si je veux entendre la musique des Anges, moi non plus j’ai pas intérèt à vider mes poubelles sur leurs pompes.

Quand j’ai un peu de temps, j’aime bien aller traîner sur ld4all , le forum des rêveurs lucides, c’est à dire ceux qui savent qu’ils rêvent quand ils rêvent, et de ceux qui aspirent à développer leur lucidité onirique.

Pour la lucidité diurne , variante destinée à ceux qui croient savoir qu’ils rêvent quand ils pensent être soi-disant éveillés, on se tournera vers son revendeur habituel, ou à défaut ici .

les membres du groupe immmortalisés par un photographe créatif :
en Islande, dans les saunas, attention aux pédophiles.



Commentaires

  1. Je vais à nouveau faire quelques remises en cause, mais il est impossible de ne pas répondre.

    Notre dernier échange s’achevait sur ce constat : le nouvel enjeu en matière d’information ne concerne plus l’accès à celle-ci mais le discernement au sein de la profusion actuelle. Il en va de même en matière de spiritualité.

    Il existe dans ce monde, basé sur la dualité, des forces antinomiques et notamment d’opposition à l’éveil spirituel. Maïa est très possessive et met en oeuvre tout ce qu’elle peut pour nous maintenir en son sein, particulièrement à ce stade du Kali-Yuga.

    Ainsi depuis le dix-huitième siècle environ, en Europe et aux Etats-Unis, ont éclos toutes sortes de pseudo-spiritualités, des plus inoffensives fantaisies aux dérives les plus graves. En effet les Voies et les Traditions réelles ne pouvant être éliminées la stratégie consiste à les rendre quasi introuvables, à les noyer dans un océan de pseudo-voies, de pseudo maîtres et de pseudo-ésotéristes.

    Certaines de ces pseudo-voies ont « pour rôle » de brouiller les repères doctrinaux : l’occultisme et le théosophisme par exemple, grâce à la pratique du synchrétisme qui consiste à mélanger des éléments disparates de traditions authentiques jusqu’à en faire une sorte de « synthèse » (une bouillie serait plus juste) qui, au final, ne rime plus à rien.

    D’autres opèrent une dérive vers la mondanité et le matérialisme comme, par exemple, certaines branches de la Franc-Maçonnerie.

    D’autres encore se proposent le développement des pouvoirs psychiques (spiritisme, qui offre de développer ses dons médiumniques afin de communiquer avec les « esprits », dérives de certaines voies soufies dont la « science » consiste à se planter des couteaux dans le corps, ou encore « rêves lucides » etc. …) maintenant ainsi leurs adhérents sur un plan strictement animique.

    L’occidental moyen, désacralisé et assez peu connaisseur des choses de cet ordre, est volontiers dupe devant les manisfestations de certaines possibilités latentes de la psyché humaine, du fait de leur caractère « extraordinaire ». Ce qu’il ignore c’est que ce caractère n’est tel que pour lui : les peuples traditionnels les connaissent fort bien (et d’ailleurs puisqu’ils les connaissent ont plutôt tendance à les fuir) ; certains faits plus ou moins « extraordinaires » rapportés d’Asie, d’Afrique ou d’Amérique du sud sont loin d’être de pures affabulations. Il ignore également qu’elles n’ont aucune valeur sur le plan de la pure spiritualité, du simple fait qu’elles ne dépassent pas le cadre du domaine individuel (confusion permanente entre l’esprit et l’âme en occident) et enfin qu’elles comportent de graves dangers car le développement excessif de certains domaines psychiques engendre un déséquilibre général de l’individu. Les « accidents » dû à ces exercices spéciaux sont nombreux. Certains y perdent la raison, d’autres la vie. L’homme est esprit, âme et corps, ces trois ordres sont solidaires les uns des autres et il faut veiller à maintenir un certain équilibre.

    Maintenant pour ce qui est du rêve à proprement parler. Les peuples traditionnels en font depuis toujours un usage symbolique : les Hindous, par exemple, l’emploient dans leur doctrine pour exposer d’une façon analogique la relation de l’Etre (le Principe ontologique, Brahma) au monde et aux êtres relatifs : l’Univers est un rêve divin, de la même manière que lorsque nous rêvons, le monde dans lequel nous nous projetons, les événements qui le traversent et les autres êtres qui le peuplent sont issus de nous-même et n’existent qu’en tant que nous leur infusons de notre propre réalité.

    L’état de conscience individuelle est celui du rêveur qui ignore qu’il rêve et ne s’identifie qu’à un seul personnage, qui joue pour lui un rôle central. La réalisation spirituelle consiste à sortir de cet état - d’où l’expression d’»éveil » - c’est-à-dire à passer de la conscience égotique (je suis un personnage séparé de tout le reste) à la conscience de l’Etre en soi (je suis tout cela et tout cela est Moi - ce terme désignant, ici, non plus l’ego mais l’Etre). C’est l’état de « sainteté » au sens originel du terme (et non au sens sentimental courant), le retour au Centre, la sortie du Samsara. L’Islam emploie également ce symbole. Un hadith dit : « Les gens dorment. Quant ils meurent [au sens propre ou figuré] ils se réveillent ». Ibn Arabi développe la question dans l’un de ses ouvrages (Fuçuç al-Hikam, sur Joseph).

    Ce qu’il faut bien comprendre c’est que c’est notre état d’individualité actuel qui est illusoire. Cesser de « rêver » c’est renoncer à cet état. Or vouloir développer des états de rêve lucide d’ordre purement individuel c’est aller à rebours. Il s’agit d’une authentique « subversion » car l’ego, au lieu de s’effacer devant une réalité qui le transcende s’affirme en devenant maître de son royaume d’illusion. Ce que propose cette nouvelle « découverte » consiste ni plus ni moins à préférer s’enfermer dans un monde de moindre réalité (soi-même) plutôt que de s’éveiller à un plan de conscience supérieur. Le danger spirituel est grave.

    La mentalité « New Age » et tout ce qui s’y rattache est une pure contrefaçon de la spiritualité. Elle mène à toutes sortes de choses sauf à la Délivrance, qu’elle rend, au contraire de plus en plus improbable. Il existe sept Traditions authentiques : Confucéo-Taoïsme, Hindouisme, Bouddhisme, Shamanisme, Judaïsme, Christianisme et Islam, en tenant compte des diverses branches qu’elles comportent et en s’assurant de leur orthodoxie (au sens éthymologique). C’est en leur sein et nulle part ailleurs qu’il faut chercher les moyens d’atteindre la sagesse et la connaissance. Tout le reste n’existe que pour faire barrage à cette quête.

    Il me semblait nécessaire de faire ces remarques car j’ai le sentiment que tu manisfeste une véritable aspiration et, si tel est le cas, il serait dommage que tu t’égares et, si je puis me permettre, de plonger dans un nouvel abîme après avoir vaincu les enfers éthyliques et cybernétiques. Ca fait parti du cheminement, un bon nombre de prétendants à la sagesse ont connu semblables errances, moi y compris, mais il ne faut pas s’y perdre.

    Je me permets de te conseiller quelques pistes : tout d’abord la lecture de René Guénon, incontournable dans ce domaine, et celle de Fritshof Shuon. Ensuite deux liens intéressants :

    http://www.moncelon.fr/

    http://1001nights.free.fr/

    Amicalement,

    Hakim

  2. Je ne sais pas si je mérite tes attentions, mais comme ange gardien, tu es aux petits soins. A part le h de éthymologie, je ne trouve rien à redire à ton exposé.
    Je ne peux pas dire si j’aspire à la sagesse, sinon que j’y viens en m’écartant des sources de souffrance, donc un peu à reculons. Et sur mon blog, il est évident que j’aspire à toute autre chose.

  3. Mwahaha ! J’avais pas lu ça en écrivant mon précédent commentaire, mais le diagnostic était correct !
    Et excuse-moi de t’avoir traité de dilettante, John…

  4. … Et comme je me le disais en revenant de mon chinois avec des crevettes piquantes, écrire un tel message sur un tel blog est la pire publicité que puisse faire son auteur à la Tradition car il prouve que lui-même n’a pas réussi à s’éclaircir l’esprit malgré tous ses maîtres, ce qui est véritablement la chose la plus inquiétante.
    De plus, dire que les pouvoirs psychiques ça ne vaut rien alors qu’on n’a soi-même aucune clarté, ça ressemble vraiment trop à la fable du renard et des raisins. Ces pouvoirs sont les petits frères de la clarté, très utiles si on veut pouvoir aider les gens, plutôt que leur filer des boutons. Si nous pouvions voir l’effet de nos paroles sur les gens, et sur notre ego, nous dirions beaucoup moins de conneries et nous saurions quoi dire d’utile, au lieu d’afficher une supériorité qui n’est que l’effet de notre imagination.

  5. entre le dilettante et le disciple il y a la même disparité d’aspirations (je ne parle ni d’aptitudes ni de “performances”) qu’entre l’autodidacte et celui qui est passé par un stage pour apprendre un logiciel.
    Le mot est juste, en tout cas il me vexe moins que ton commentaire suivant, mais j’ai décidé qu’un aveu d’impuissance sur un tel blog serait la pire publicité que je pourrais faire à l’autocontemplation.

  6. Zut, je viens encore de heurter ton voile émotionnel caché (celui dont je sais qu’il est là mais je ne sais pas exactement où). Tu m’as misinterprétée. Je ne voulais pas dire ce que tu as cru. Je voulais dire qu’on n’attrape pas un être sensible et fragile comme John Warsen avec du gros Rénon Guénon bien raide. Un tel discours aurait été valable chez un karatéka d’extrême droite, pas chez un ex-68ard, et ne pas faire la différence, je trouve ça grave pour quelqu’un qui est censé avoir l’esprit clair. C’est comme si j’offrais un coffret de chants militaires à Amélie Poulain.

  7. Y’a pas d’mal. Tu semblais dire qu’il était discréditant de faire ici de la retape pour une Tradition, alors que tu voulais juste signaler que c’est inapproprié; ce dont j’aurais tort de m’enfader, vu que mon enseigne contient une mise en garde dont je te dois d’ailleurs l’intitulé : « progrès dans l’intention de pratiquer le bouddhisme » et donc mon voile émotionnel se voit comme le nez au milieu de la figure (ce qui ne veut pas dire qu’il faille me torcher avec) : c’est comme si je m’étais auto-proclamé président du club des branleurs dilettantes, et que tu viennes rappeler que ça n’est pas très sérieux. Est-ce que ça me fâcherait ? sans doute moins que si tu trouvais que ma femme n’est pas très sexy, quand j’ai l’impression qu’elle n’y est pour rien et que j’y suis pour quelque chose.
    Le guénoniste a cru que mon affabilité était assez dénuée de malice pour lui autoriser un exposé dont la partie factuelle, mirceaeliadesque, me semble correcte. Après, on peut pinailler sur le ton sur lequel il le dit, et ce qu’on peut en déduire de l’endroit où il se croit, et lui rappeler où il est (entre Bouchart d’Orval, Charlie Hebdo, Swâmi Petaramesh… et l’autoaddicté Warsen). Celui qui proclame sa clarté s’expose plus que celui qui proclame sa confusion. L’an dernier j’avais hébergé un temps un sociopathe autrement plus inquiétant.

  8. “Tu semblais dire qu’il était discréditant de faire ici de la retape pour une Tradition, alors que tu voulais juste signaler que c’est inapproprié”

    Discréditant, waow… quelle idée. Pour que ça le soit, je me demande à quoi devrait ressembler le blog-cible. Inapproprié, non plus, puisque je l’ai beaucoup fait moi-même. Ce que j’ai stigmatisé, c’est le ton, et en un certain sens le propos, pas en tant que retape de la Tradition, mais en tant qu’il présente la Tradition d’une façon qui me semble assez erronée. On peut la présenter de façon erronée en fonction de la personne à qui on s’adresse, c’est-à-dire gommer volontairement certaines aspects. Mais en l’occurrence, je pense que c’est les aspects présentés qui auraient dû être gommés, et les aspects inverses qui auraient dû être présentés.

    Quant à ta femme, le problème te précède et te succèdera (dans sa vie future si ce n’est dans celle-là). Tu as ta part de responsabilité, qu’il ne serait bon ni d’augmenter ni de diminuer. Mais disons que tu n’as pas le pouvoir (eh non), de mettre dans cet état là une personne qui serait à l’origine parfaitement heureuse… On ne peut que ce qui’on peut pour nos proches, c’est-à-dire pas grand-chose, vu qu’on ne peut déjà pas grand-chose pour nous-mêmes…

mercredi 24 octobre 2007

Nostalgie de l’idéalisme


La nostalgie, c’est le regret de ce qui n’existe plus; mais si ça a existé, et si ça avait l’air chouette, ce n’est sans doute pas lui faire honneur que de le regretter. Elle s’en fout, la nostalgie : elle va chercher ses électeurs du côté du manque, et de ce côté-là, ça ne manque pas, justement. L’idéalisme, c’est un peu l’inverse : le regret de ce qui n’existe pas encore, corrélé des efforts pour le faire advenir (là où la nostalgie se contente d’une évocation autocontemplative et brouillonne, parce qu’elle a besoin d’un peu de fumée autour de ses charmes malingres).
L’idéalisme, c’est dans nos gènes, y’a qu’à voir la chair de poule adolescente quand on entend pour la première fois la chanson “When the ship comes in” de Bob Dylan, par exemple. Ce n’est que bien plus tard qu’on entend Joan Baez raconter comment il a écrit cette chanson en une soirée parce qu’il était super-véner après s’être fait refuser l’entrée d’un hotel pour cause de tenue vestimentaire négligée, et on comprend l’importante fonction de sublimation de l’art contemporain, qu’on prenait à tort pour une stase mystique.


mardi 23 octobre 2007

Morts modernes

Au rayon journaux du Super U, je vois ce dessin à la une de Charlie Hebdo :

Je le montre à mon fils, avec lequel je suis venu faire quelques courses. On pouffe. Une dame nous contourne d’un air dégoûté et se contorsionne pour accéder à son exemplaire du “Nouveau Détective” que le magasinier facétieux range toujours dans le même rayonnage métallique que Charlie, de façon à susciter le brassage des genres et les échanges entre lecteurs. J’explique à Hugo la mécanique du torche-cul en question, destiné selon moi à rassasier de sang et de larmes le quotidien rassis de gens qui s’ennuient ferme dans leur vie, mais qu’au fond, je ne sais lequel des deux est le moins grave : Charlie, qui n’aurait plus de quoi ricaner sans la laideur et la connerie, ou Détective, qui se nourrit de la dégueulasserie au bénéfice des moins-ayant culturels. Comme ça, il a une chance de mourir de surinformation au lieu de mourir noyé ou de mourir de faim, destins tragiquement banals qui semblent nous guetter dans un proche avenir.

Les survivants en sursis peuvent provisoirement comparer l’ancien Charlie et le nouveau - on trouve même une vidéo de Maurice et Patapon, dont le cynisme ferait passer Houellebecq pour Auguste Comte.

Commentaires

  1. confession of pain

  2. tu veux dire que c’est toi qui as volé une baguette à la boulange du magasin tandis que je détournais l’attention des vigiles au rayon presse ? tu sais, on dit “péché avoué est à moitié pardonné”, mais ça veut dire qu’il reste l’autre moitié, quand même.

jeudi 18 octobre 2007

Enivrant mépris


J’ai finalement eu plus de plaisir à télécharger compulsivement la série “Heroes” en me persuadant que je niquais le système (mwahaha) qu’à la regarder… après un début très “bande-démo” assez excitant, on retombe rapidement dans un gros sitcom anxiogène à tiroirs, rallonges, et tu trouveras de la ficelle dans le buffet, avec une pitite trouvaille sursautante en moyenne tous les trois épisodes.
Dois-je me scandaliser des mes attentes antérieures, trop affamées pour être nourries, du manichéisme putassier et passe-partout qui permettra d’exporter la série dans le monde entier, des sous-entendus idéologiques un peu refoulants-du-goulot du scénario ? ou me réjouir d’y être aujourd’hui insensible ?
Je suis allé laborieusement au bout de la saison 1 en soupirant de déception, comme si on m’arrachait sans anesthésie la croyance que l’univers des comics américains peut se prêter à de telles simagrées sans passer pour une réserve naturelle de demeurés mentaux.
De toutes façons, que mon indignation soit dure ou molle, elle ne porte pas à conséquences. La dire ici, c’est pas comme si j’avais une tribune libre dans un grand quotidien du matin; c’est l’avatar moderne du fanzine ronéoté, pas le nec plus ultra de la démocratie participative.
D’ailleurs, si vous voulez mon avis, on s’est un peu fait avoir avec cette idée du net “espace de liberté et de création de contenu” qui est censé faire sens. Bien sûr, chacun est libre de se peler la rondelle et d’en partager les épluchures à qui veut bien se donner la peine de les ramasser. Mais à mon avis, pendant ce temps se trament des choses auprès desquelles les cauchemars les plus flippés des conspirationnistes sont de doux rêves, dit-il d’un air entendu.
Tant qu’à faire semblant de me scandaliser, je vais citer un extrait d’un article du Monde de la semaine dernière, “les enfants de la net génération” :
” Mail, chat, blog, jeux en ligne : partout dans le monde, pour les 13-24 ans qui ont accès à l’ordinateur, les liens sociaux passent par le Web. Aux Etats-Unis, plus de la moitié des 12-17 ans sont utilisateurs d’un site communautaire (type MySpace). En France, la messagerie instantanée (type MSN) attire 35 % des internautes - des adolescents pour la plupart. Et l’immense majorité des blogs personnels (50 millions créés dans le monde depuis 2004) est tenue par des collégiens et des lycéens, pour qui l’usage de ces “TIC” (technologies de l’information et de la communication) est devenu aussi naturel que celui du téléphone ou de la télévision.
Quels comportements auront à l’âge adulte ces enfants de la Net-génération ? Seront-ils plus sociaux que les générations précédentes ? Plus solitaires ? Affectivement plus fragiles, intellectuellement plus polyvalents ? Certitude : d’ores et déjà, leur réseau de sociabilité s’étend bien au-delà du réseau des contacts physiques. “Etre fille ou fils de… compte moins aujourd’hui qu’être en lien avec…”, constate Sylvie Octobre, sociologue au département des études, de la prospective et des statistiques du ministère de la culture. “Ce que les jeunes sont en train d’apprendre, c’est à être capable d’entretenir la bonne relation avec la bonne personne en n’importe quel point de la planète.” Un “capital social” qui, selon elle, constituera un véritable avantage dans nos sociétés futures.
“Avec les communautés virtuelles, poursuit-elle, chacun prend conscience qu’il est un individu parmi des millions d’autres, mais aussi qu’il peut être contacté depuis le monde entier. Cela confère aux adolescents une légitimité nouvelle, qu’ils ne trouvent ni en famille ni dans le milieu scolaire.” Au sein de la sphère privée et familiale, ces nouvelles compétences ne vont pas sans bouleverser les principes traditionnels. A la transmission descendante, des parents aux enfants, s’est ainsi ajoutée une transmission ascendante, des enfants aux parents… Et, surtout, une transmission horizontale entre pairs.
Pour ces jeunes rompus à la Toile dès l’entrée au collège, parfois même avant, les critères d’appartenance ne sont plus tant sociodémographiques (avoir tel âge, être de telle région ou dans telle classe) que relationnels. Passionnés du chanteur Sean Paul,du jeu de go ou de fusées à eau, il leur est désormais possible de se retrouver entre initiés autour d’un thème fédérateur, même si celui-ci ne réunit dans le monde que quelques centaines d’aficionados… “Se sentir unique tout en sachant qu’on n’est pas tout seul, n’est-ce pas le rêve de tout le monde, et plus encore des adolescents ?”, remarque Mme Octobre, pour qui cette nouvelle conception du réseau, rodée dès le plus jeune âge, “modifiera durablement les habitudes relationnelles”. Témoin le succès de Facebook (25 millions d’inscrits à ce jour), ce site de socialisation sur lequel lycéens et étudiants sont invités à décrire leur profil, et qui parie sur la simple envie d’échanger et de partager.
Tout de même : à trop fréquenter ces communautés virtuelles, nos enfants ne risqueraient-ils rien d’autre que de mauvaises rencontres ? Les dédoublements d’identité (pseudos, avatars) dont ils usent avec bonheur ne peuvent-ils être nocifs pour le développement de leur personnalité ? “Bien au contraire, l’alter ego numérique peut parfois redonner un peu de souffle à notre être réel”, estime le psychologue Michael Stora, pour qui cette double personnalité, virtuelle et réelle, “est à l’image d’un fonctionnement propre au narcissisme qui s’appelle le clivage”. Président de l’Organisation des mondes numériques et sciences humaines (OMNSH), il estime que le vrai danger n’est pas là. Pas plus que dans un avenir “peuplé de nomades ultra-connectés, sortes d’obèses aux doigts hypertrophiés, pur produit de notre imagination”. En revanche, il craint que l’usage immodéré de l’ordinateur n’entraîne, pour les plus fragiles (des garçons, pour l’essentiel), “la disparition des rencontres en IRL” (”in real life” : dans la vie réelle).
“La cyberdépendance, quand elle est avérée, vient toujours mettre au jour un problème, remarque-t-il toutefois. Comme pour l’alcool et le tabac, l’objet technologique révèle chez certains individus une structure addictive, mais il ne la fabrique pas.” Toxiques pour certains, les TIC auraient pour d’autres des fonctions curatives. “Beaucoup de gens se soignent par le biais des chats ou des forums, et utilisent ces outils comme des expériences auto-thérapeutiques”, poursuit M. Stora, que la clinique a conduit à rencontrer nombre de personnes “ayant osé, grâce à cette pratique solitaire, affronter et dire certaines choses”. Le Web deviendra-t-il, parmi d’autres, un remède contre les maux de l’âme ? L’avenir dira si ces lieux virtuels constituent “un nouvel opium du peuple, grâce auquel chacun pourra exprimer sa violence intérieure tout en étant, dans la vie réelle, plus soumis qu’aujourd’hui”. Ou s’ils seront, au contraire, des endroits “où l’on apprendra l’insoumission”…
Moins pudiques, plus agiles et plus inventifs, les enfants de la Toile, à en croire certains, présenteraient toutefois une tare majeure : à force d’être sollicités par mille choses à la fois, leur capacité de concentration se réduirait comme peau de chagrin. Mais comment en être sûr ? Et qu’est-ce qui sera le plus utile dans la société de demain : être capable de se fixer longtemps sur une même activité, ou gérer plusieurs tâches en même temps ?”
“A en juger par l’évolution récente du marché du travail, de nombreux métiers demanderont de plus en plus de savoir être polyactif”, estime Mme Octobre. Pour cette sociologue, le vrai enjeu, en termes de maîtrise de la connaissance, ne concernera pas la capacité de concentration, mais la hiérarchie de l’information. “Pour réussir, il faudra de plus en plus avoir appris à trier, sélectionner et classer par ordre de pertinence la masse d’informations disponibles sur le Net. Là résideront la vraie difficulté, et la vraie source d’inégalités.” Un terrain sur lequel, dès aujourd’hui, l’éducation a un rôle majeur à jouer.”

Vous allez me dire que tout ça, c’est des problèmes de riches, qui touchent une part infime de la population mondiale… que “comme pour l’alcool et le tabac, l’objet technologique révèle chez certains individus une structure addictive, mais il ne la fabrique pas.” relève d’une logique discutable à l’infini, et que mon blog consacré à la cyberdépendance, ça doit bien faire marrer Satanas & Diabolo.


le douloureux problème de la prévention de la structure addictive mis à nu par ses célibataires même, including le cri d’alarme dont tout le monde se fout malgré le contenu hautement qualitatif de l’information proposée (esquisse au fusain)

Commentaires

  1. Mes cyber pérégrinations m’ont menées sur votre blog, je le trouve assez sympathique. Je me permets, cela dit, quelques commentaires sur Mantak Chia, soit-disant spécialiste du Taoïsme…

    Sa biographie est « intéressante » (http://en.wikipedia.org/wiki/Mantak_Chia) : personnalité controversée pour divulgation, synchrétisme et plagiat, fils d’un pasteur Baptiste (approche plutôt particulière du Christianisme – à laquelle appartient l’actuel président des Etats-Unis - dont il se revendiquera pendant quelques années…) . Il n’est, en fait, rien d’autre que l’un de ces nombreux « vulgaristes », oriental quand à sa « forme » mais parfaitement « occidental » - dans l’ acception négative du terme - quand à son « intériorité », plus avides à mettre la Tradition au service de leur ambition plutôt qu’à vouloir partager une sagesse que, de toutes façons, ils ne connaissent que de l’extérieur.

    Un maître ou un ésotériste autenthique a mieux à faire que de rendre accessible à un public, qui par nature n’est pas concerné, des vérités qui ne sauraient, étant ce qu’elles sont, souffrir la moindre « vulgarisation » (l’ésotérisme en général ne concerne qu’une minorité d’individus, le Taoïsme plus particulièrement encore tant il suppose une tournure d’esprit et une capacité de concentration et d’ascèse dont est totalement dépourvu l’occidental moyen) et ne passe pas son temps à donner des interviews pour exposer « ses » méthodes, ou faire la promotion de ses livres et de sa « trademark school »…

    Citons un auteur plus fiable : « J’ai vu, dans des pays du tiers-monde, des citoyens pleins de bonne volonté ne pas faire très bien la différence entre leur dispensaire de brousse et l’hôpital américain de Neuilly. Inversement j’ai vu en France des spiritualistes non moins sympathiques confondre leur gentil amateurisme avec la fantastique réalité qui subsiste encore au Japon, dans l’Himalaya ou au bord du Gange. » (A. Desjardins, Les chemins de la sagesse).

    Les maîtres et initiés autenthiques ne cessent de mettre en garde contre ces « faux messies » qui pullulent de nos jours. Ce n’est pas qu’ils soient tous de mauvaise foi mais dans ce domaine aucune faiblesse n’est permise. Un maître soufi déclarait : « Nombreux sont ceux qui atteignent la porte [ la connaissance doctrinale], rares sont ceux qui la franchissent [l’initiation effective] ». Encore faut-il que cette porte ne soit pas un simple trompe-l’oeil… Puisque vous semblez vous intéresser à la spiritualité je vous invite, en toute amitié, à vous orienter vers de plus sérieuses références, quelle que soit la forme traditionnelle avec laquelle vous vous sentiez en affinité. Il faut savoir discerner entre le bon grain et l’ivraie, c’est d’ailleurs l’une des conditions préalables à l’acceptation d’un disciple par un maître…

    Salutations,

    Hakim (disciple de la tariqa Qadiriya).

  2. Merci de ces mises en garde. Je n’étais pas au courant des controverses concernant Mantak Chia, à part l’avis que j’en avais trouvé ici : http://blog.france2.fr/blogchen/index.php/2006/01/09/16434-debuter-dans-la-pratique et qui est émis par quelqu’un qui a une bonne capacité d’analyse, donc rassurez-vous, je ne vais pas sans doute pas me transformer en prosélyte taoïste du jour au lendemain.
    Je pratique des exercices de Qi-Qong avec un magnétiseur taoïste dont je ne puis évaluer le rayonnement spirituel, et d’ailleurs ce n’est pas ce que je lui demande, c’est pour remettre ma tuyauterie dans le bon sens. Et je suis venu à ces pratiques par les conseils appuyés d’un thérapeute (en particulier “Les secrets de l’amour selon le Tao”) dont j’accepte l’autorité parce que je reconnais sa compétence, en ce qui concerne un certain problème d’ouverture du coeur… après, si ces pratiques sont efficaces, ça ne m’empèchera pas de dormir si Mantak Chia se roule dans mon pognon, tel un Picsou asiatique.
    mais du coup j’ai trainé sur http://www.universaltao.com
    (c’est vrai que son site sent un peu le bizness)
    http://www.tariqa.org/
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Tao%C3%AFsme
    et j’ai appris plein de trucs. L’information est disponible à profusion (même si sa prolifération tentaculaire semble troubler sa pureté) et entérine les conclusions de l’article du Monde : “Pour réussir, il faudra de plus en plus avoir appris à trier, sélectionner et classer par ordre de pertinence la masse d’informations disponibles sur le Net. Là résideront la vraie difficulté, et la vraie source d’inégalités.”
    Donc finalement vos remarques étaient au bon endroit…

  3. Je m’en venais dire que le Monde se foutait du monde, en prétendant que le morcellement de l’esprit a du bon, mais voilà que je tombe sur un nouveau René Guénon. En tous cas, le ton y est. Je n’ai rien contre le fond, avec lequel je suis parfaitement d’accord, mais la forme gratte, c’est bizarre d’arriver comme un cheveu sur le blog, en disant “disciple de…”. Déjà sur son propre blog, il me semble préférable d’éviter de citer ses appartenances et maîtres, afin de ne pas attirer les chenilles, mais sur un blog inconnu, et dont le côté dilettante est malgré tout évident…
    Il me semble qu’il y a là soit un désir de polémique, soit l’affirmation d’une supériorité… comme chez René, quoi.