lundi 27 avril 2009

UNE PLONGÉE DANS L’ENFER SOMALIEN, le pays le plus dangereux du monde

Hé ben ça fait quand même plaisir : il reste des journalistes qui ne sont pas en train de se branler sur la prochaine pandémie, et des endroits où la réincarnation est problématique.
(article récent de Courrier International, le journal qui voit tout, mais d'ailleurs.)
Au-delà des malédictions propres au pays et à son histoire, on méditera sur le running gag de l'interventionnisme américain, auprès duquel les Bidasses en Folie n'étaient que de tristes amateurs du comique de répétition.


La Somalie avait connu une brève période de paix avec l’arrivée au pouvoir des islamistes, en 2006. Mais, depuis que les Américains les en ont chassés, le pays sombre à nouveau dans l’horreur.

Le premier formulaire à remplir en arrivant à l’aéroport international de Mogadiscio vous demande votre nom, votre adresse et… le calibre de votre arme. De quoi vous plonger immédiatement dans l’ambiance. Sans plus attendre, on découvre, dès la sortie de l’aérogare, un des spectacles les plus effarants de la planète : des kilomètres de rues bordées d’immeubles incendiés et éventrés. Jadis considérés comme les joyaux architecturaux de la région, les bâtiments construits par les Italiens [du temps de la colonisation, entre 1889 et 1941] ont été réduits en tas de briques déchiquetées à la mitrailleuse.

Depuis l’effondrement du gouvernement central, en 1991, la Somalie est ravagée par la violence. Dix-huit ans et quatorze tentatives de constitution d’un gouvernement plus tard, la mort continue sa moisson à coups d’attentats suicides, de bombes au phosphore blanc, de décapitations et de lapidations dignes du Moyen Age. Des soldats adolescents dopés au qat, la drogue locale, passent leurs journées à se tirer dessus. Des missiles de croisière américains s’abattent parfois du ciel. En mer aussi, c’est la mêlée générale. Les pirates menacent de bloquer l’une des routes maritimes les plus stratégiques du monde, le golfe d’Aden, traversé chaque année par 20 000 navires. Ces flibustiers armés jusqu’aux dents ont attaqué plus de 40 bateaux en 2008 et raflé un butin de 100 millions de dollars. La plus grande épidémie de piraterie des temps modernes.

Après plus d’une douzaine de voyages en Somalie – effectués en deux ans et demi –, j’ai dû revoir ma définition du chaos. J’ai connu des situations très inquiétantes en Irak ou en Afghanistan, mais nulle part je n’ai eu aussi peur que dans la Somalie d’aujourd’hui, ce lieu où vous pouvez être kidnappé ou abattu d’une balle dans la tête en moins de temps qu’il ne vous en faut pour essuyer la sueur de votre front. Depuis les mangroves à la végétation touffue, parfaites pour les embuscades, qui s’étendent dans le Sud autour de Kismaayo, jusqu’au labyrinthe létal de Mogadiscio, en passant par le repaire de pirates de Bossasso, sur le golfe d’Aden, la Somalie est tout simplement l’endroit le plus dangereux du monde. Ce pays est devenu un vivier de chefs de guerre, de pirates, de preneurs d’otages, de fabricants de bombes, d’insurgés islamistes fanatiques, de bandits free lance et de jeunes désœuvrés pleins de colère, dépourvus d’éducation mais disposant de beaucoup trop de munitions.

Ici, il n’y a pas de Zone verte [nom donné à un quartier hautement sécurisé de Bagdad], pas de forteresse où courir en dernier recours si vous êtes blessé ou si vous avez des problèmes. En Somalie, vous êtes seul. Les hôpitaux ont à peine assez de gaze pour panser les blessures. Et la folie dévastatrice déborde aujourd’hui les frontières du pays, provoquant des tensions et des désordres au Kenya, en Ethiopie et en Erythrée. Les insurgés islamistes liés à Al-Qaida se répandent dans tout le pays, transformant la Somalie en un aimant pour l’islam radical qui, comme l’Afgha­nistan, attire des combattants extrémistes du monde entier. Un jour, ces hommes rentreront chez eux et propageront leur idéologie meurtrière.

Le gouvernement de transition somalien – une création approuvée par l’ONU mais condamnée à l’échec dès sa naissance, il y a quatre ans – est sur le point de rendre l’âme. Un épilogue qui provoquera peut-être l’envoi d’une nouvelle mission de sauvetage internationale, tout aussi promise à l’échec que les précédentes. Abdullahi Yusuf Ahmed, vieux chef de guerre devenu président, qui était soutenu par les Etats-Unis, a fini par démissionner en décembre 2008, après une longue et âpre bataille contre le Premier ministre, Nur Hassan Hussein. Leur différend portait prétendument sur un accord de paix avec les islamistes et sur quelques ­portefeuilles ministériels. Cette dispute laisse ­perplexe, car ce gouvernement ne contrôle plus ­grand-chose. Il n’exerce son pouvoir que sur un territoire limité à deux ou trois pâtés de maisons, alors que le pays est aussi grand que le Texas [plus que la France métropolitaine].

En Somalie, même quand on a l’impression que les choses ne peuvent pas aller plus mal, elles s’aggravent. En plus de la crise politique, tous les facteurs d’une famine généralisée – la guerre, les déplacements de population, la sécheresse, la hausse vertigineuse du prix des aliments et l’exode du personnel des organisations humanitaires – sont à nouveau réunis, comme au début des années 1990, quand des centaines de milliers de Somaliens étaient morts de faim. En mai 2008, je me suis retrouvé sur le seuil d’une hutte dans le centre du pays, un coin complètement sec, à regarder un petit garçon malade blotti contre sa mère mourante. Ses vêtements étaient moites. Sa respiration était à peine perceptible. Elle n’avait rien mangé depuis des jours. “Elle va certainement mourir”, m’a dit un ancien du village avant de se détourner.

La Somalie est dans un état critique, mais le monde ne sait pas quoi faire après ces deux décennies d’anarchie débridée. Les interventions extérieures ont si mal tourné que plus personne ne veut s’y frotter. De tous ceux qui ont tenté de fourrer leur nez dans les affaires somaliennes, les Etats-Unis ont certainement été les plus maladroits : leur armée a combattu les chefs de guerre pillards, puis soutenu certains de ces mêmes chefs de guerre au mauvais mo­ment ; et elle a invariablement mal évalué le poids des paramètres claniques et religieux. Résultat : son action a radicalisé la population, accru l’insécurité et poussé des millions de personnes au bord de la famine.

La Somalie est un paradoxe politique : c’est un pays uni en surface, mortellement divisé en profondeur. C’est en effet l’un des Etats-nations les plus homogènes de la planète. Il compte entre 9 et 10 millions d’habitants qui non seulement parlent quasiment tous la même langue (le somali), mais ont tous la même religion (l’islam sunnite), la même culture et la même appartenance ethnique. Mais tout, ici, repose sur les clans : les Somaliens se divisent en une quantité ahurissante de clans et de sous-clans, avec des allégeances mouvantes et des intrigues compliquées qui ont toujours semé la plus grande confusion dans l’esprit des étrangers.

A la fin du XIXe siècle, les Italiens et les Britanniques se sont partagé la majeure partie du territoire somalien, mais leurs efforts pour imposer un ordre légal à l’occidentale n’ont jamais vraiment abouti. Les querelles étaient le plus souvent réglées au sein des clans par les anciens. Avec la dissuasion comme principe régulateur : “Tue-moi et le courroux de mon clan tout entier s’abattra sur toi.” Les régions où les coutumes locales ont été le moins perturbées, comme le Somaliland britannique, semblent s’en être mieux sorties à long terme que celles où l’administration coloniale italienne a tout fait pour enlever leur rôle aux anciens. La Somalie a acquis son indépendance en 1960, mais, la guerre froide aidant, elle est rapidement devenue l’objet de convoitises à cause de son emplacement stratégique dans la Corne de l’Afrique. Les Russes ont été les premiers à y envoyer des armes, suivis par les Américains. Ce pays pauvre, à la population quasi ­illettrée et majoritairement nomade, est ainsi devenu un entrepôt de munitions prêt à exploser. Le gouvernement central a toujours eu le plus grand mal à tenir en main l’ensemble du pays. Dans les années 1980, le général Mohamed Siyad Barré – le ­dictateur capricieux qui a gouverné de 1969 à 1991 – était de façon moqueuse surnommé “le maire de Mogadiscio”, parce qu’une grande partie du pays échappait déjà à son contrôle.

Ce qui s’est passé lorsque les chefs de faction l’ont chassé du pouvoir, en 1991, n’a pas surpris grand-monde. Les seigneurs de la guerre ont mobilisé la formidable puissance de feu qu’ils avaient emmagasinée au fil des années pour se battre contre leurs rivaux. Ils se sont disputé les moindres ports, terrains d’atterrissage, pontons de pêche, le moindre poteau téléphonique – bref, tout ce qui pouvait rapporter quelque chose. On tuait des gens pour quelques centimes. On violait impunément les femmes. Le chaos a engendré de nouvelles sortes de parasites, qui se nourrissent de la guerre : des trafiquants d’armes, des vendeurs de drogue, des importateurs d’aliments pour bébés périmés (et souvent avariés), bref, des individus qui avaient tout intérêt à ce que la pagaille dure. La Somalie est devenue ce qui, dans le monde moderne, ressemble le plus à l’état de nature de Hobbes, un lieu où la vie est vraiment dure, violente et courte. Il serait même trop positif de qualifier ce pays d’“Etat en faillite”. La république démocratique du Congo est un Etat en faillite. Le Zimbabwe aussi. Mais ces nations ont au moins une armée et une administration nationales, même si elles sont terriblement corrompues. Plutôt qu’un Etat, la Somalie est un territoire sans loi ni gouvernement.

En 1992, le président George H. W. Bush a voulu aider le pays et a envoyé des milliers de marines pour protéger des convois de vivres. Nous étions au début du “nouvel ordre mondial” de l’après-guerre froide, et beaucoup croyaient que les Etats-Unis, débarrassés de toute superpuissance rivale, pouvaient donner au cours des événements mondiaux une direction nouvelle, bonne et juste. La Somalie s’est avérée un très mauvais départ. Bush et ses conseillers n’ont pas su voir le paysage clanique et n’ont pas compris jusqu’où pouvait aller la loyauté des Soma­liens envers leurs chefs de clan. Si la société somalienne se divise et se subdivise fréquemment lorsqu’elle est en proie à des querelles internes, elle fait très vite corps face à un ennemi extérieur. Les Etats-Unis l’ont appris à leurs dépens lorsque leurs soldats ont tenté d’arrêter le général Mohamed Farah Aïdid. Le résultat, tristement célèbre, a été la “chute du Faucon noir” en oc­tobre 1993. Des milliers de miliciens somaliens chaussés de tongs ont envahi les rues avec leurs grenades autopropulsées. Ils ont abattu deux hélicoptères Black Hawk et tué 18 soldats américains, dont ils ont triomphalement traîné les corps dans les rues de la capitale. Ainsi s’est achevé le premier acte de l’intervention des Etats-Unis en Somalie.

Humiliés, les Américains se sont retirés, et le pays a été abandonné à son sort. Pendant la décennie qui a suivi, l’Occident a préféré ignorer cette zone du globe. Mais des organisations arabes, principalement basées en Arabie Saoudite, et des adeptes du wahhabisme, un courant rigoriste de l’islam sunnite, y ont posé leurs valises sans faire de bruit. Ils ont construit des mosquées et des écoles coraniques, et mis en place un système d’action sociale, favorisant ainsi un renouveau islamique. Début 2000, les anciens des clans de Mogadiscio ont créé un réseau informel de tribunaux de quartier pour instaurer un minimum d’ordre dans une ville qui en avait désespérément besoin. Ils ont arrêté des voleurs et des assassins, les ont enfermés dans des cages en fer et ont organisé des procès. La loi islamique, ou charia, acceptée par les différents clans, a été appliquée. Les anciens ont baptisé leur réseau Union des tribunaux islamiques.

A Mogadiscio, il y a des seigneurs de la guerre et des seigneurs de l’argent. Pendant que les premiers dévastent le pays, les seconds, qui possèdent les principales entreprises, assurent un minimum de cohésion sociale en offrant bon nombre des services habituellement fournis par le gouvernement, comme les soins de santé, les écoles, l’alimentation en électricité ou les services ­postaux. Ces seigneurs de l’argent ont même donné un coup de pouce à la politique monétaire de la Somalie, et le shilling somalien a été plus stable dans les années 1990 – avec une banque centrale hors service – que dans les années 1980, lorsqu’il y avait un gouvernement. Mais ces profits se sont accompagnés de risques très élevés, dont l’insécurité chronique et le vol. Les islamistes offraient une solution pratique : ils fournissaient une forme de sécurité sans exiger d’impôts et une administration sans qu’il y ait de vrai gouvernement. Les seigneurs de l’argent se sont mis à leur acheter des armes.

En 2005, la CIA a jeté un œil sur ce qui se passait en Somalie et a encore une fois mal interprété les choses. Dans le monde de l’après-11 septembre, la Somalie était devenue une grande source d’inquiétude. On craignait que le pays ne devienne une usine à djihad, à la façon de l’Afghanistan, où Al-Qaida avait préparé sa guerre mondiale contre l’Occident pendant les années 1990. A ce moment-là, il n’y avait pas grand-chose pour justifier de telles craintes, mais cela n’avait manifestement aucune importance. Quelques analystes militaires occidentaux ont dit aux responsables politiques que le chaos qui régnait en Somalie était insupportable. Le gouvernement de Bush a alors décidé d’éradiquer les islamistes sans envoyer de troupes. La CIA a chargé les chefs de guerre, ces mêmes bandits qui s’en prenaient à la population depuis des lustres, de combattre les islamistes. Un seigneur de la guerre m’a raconté en mars 2008 que deux agents américains répondant aux noms de James et David avaient débarqué à Mogadiscio avec des valises bourrées de billets de banque. “Servez-vous de ça pour acheter des armes, avaient-ils dit. Et si vous avez des questions, envoyez-nous un e-mail.” Le chef de guerre m’a montré l’adresse : (no_email_today@yahoo.com).

Mais cette stratégie s’est retournée contre les Etats-Unis. Car les Somaliens aiment parler. Le bruit a rapidement couru que ces seigneurs de la guerre que plus personne n’aimait étaient maintenant à la solde des Américains, ce qui a rendu les islamistes encore plus populaires. En juin 2006, ils avaient chassé les derniers chefs de guerre de Mogadiscio. Puis une chose incroyable est arrivée : on aurait dit que les islamistes avaient apprivoisé la bête. Je l’ai vu de mes propres yeux : lorsque j’ai atterri à Mogadiscio, en septembre 2006, des employés ramassaient les détritus et des enfants se ­baignaient à la plage. Pour la première fois depuis des années, aucun coup de feu ne venait déchirer la nuit. Les islamistes avaient réuni des clans rivaux sous la bannière de la religion et désarmé une bonne partie de la population, avec, bien entendu, le soutien des clans. Ils avaient même sévi contre la piraterie en utilisant leurs connexions dans les mêmes clans pour dissuader les villes côtières d’aider les pirates. Lorsque cela ne suffisait pas, ils prenaient d’assaut les bateaux détournés. Selon l’International Maritime Bureau de Londres, il n’y a eu que dix attaques de pirates au large de la Somalie en 2006.

La brève période de paix qui a marqué le règne des islamistes devait constituer les seuls six mois de calme que la Somalie ait goûté depuis 1991. Car faire front pour renverser les seigneurs de la guerre est une chose, décider de ce qu’il faut faire ensuite en est une autre. Une faille s’est rapidement creusée entre les islamistes modérés et les radicaux, déterminés à faire le djihad. L’un des groupes les plus extrémistes était une milice armée dénommée Al-Shabab, qui réunissait divers clans d’obédience wahhabite. Ses membres sillonnaient les alentours de Mogadiscio dans de gros pick-up noirs et battaient les femmes qui montraient leurs chevilles. Même les autres islamistes armés avaient peur d’eux.

En décembre 2006, une partie des habitants a commencé à les voir d’un mauvais œil, parce qu’ils avaient interdit l’usage de leur cher qat, ces feuilles légèrement stimulantes que les Somaliens mâchent, comme d’autres du chewing-gum. La rumeur s’est répandue que les chefs shabab travaillaient avec des djihadistes étrangers, y compris des terroristes d’Al-Qaida dont la tête avait été mise à prix. Le département d’Etat américain a fini par désigner Al-Shabab comme une organisation terroriste et a affirmé que les shabab cachaient les cerveaux des attentats commis en 1998, contre les ambassades des Etats-Unis au Kenya et en Tanzanie. La Somalie avait peut-être hébergé quelques individus peu recommandables, mais elle était loin d’être le foyer de terrorisme que beaucoup craignent qu’elle ne soit devenue aujourd’hui. En 2006 s’est présentée une occasion de débarrasser les islamistes modérés des shabab et de leurs semblables, et certains Américains, comme le député démocrate Ronald M. Payne, président de la sous-commission de la Chambre des représentants sur l’Afrique, ont essayé de la saisir. Payne et d’autres émissaires ont rencontré les islamistes modérés et les ont encouragés à négocier un accord de partage du pouvoir avec le gouvernement de transition. Mais l’administration Bush a encore préféré faire ­parler la poudre. Etant donné qu’envoyer un grand nombre de soldats aurait été considéré comme une folie, les Etats-Unis ne pouvaient pas se battre en ­per­sonne. A la place, ils ont désigné un mandataire : l’armée éthiopienne. Le troisième acte pouvait ­commencer.

L’Ethiopie est l’une des meilleures amies des Etats-Unis en Afrique. Son gouvernement a soigneusement cultivé une image de rempart chrétien dans une région où couve l’extrémisme islamiste. Et il a dit au gouvernement Bush ce qu’il voulait entendre : que les islamistes étaient des terroristes et qu’ils menaceraient toute la région. Le gouvernement éthiopien se battait alors contre plusieurs groupes insurgés, dont un très puissant appartenant à une ethnie somalienne, et il craignait qu’une Somalie islamiste ne devienne une tête de pont de l’insurrection sur son palier. Les Ethiopiens avaient également peur que les islamistes somaliens ne s’allient avec l’Erythrée, leur ennemie jurée. C’est exactement ce qui a fini par arriver.

Certains à Washington n’ont pas avalé les bobards des Ethiopiens. La situation des droits de l’homme dans le pays est catastrophique et l’armée est accusée de violences envers ses propres soldats. Mais, en dé­cem­bre 2006, le gouvernement Bush a donné le feu vert à l’Ethiopie pour envahir la Somalie. Les soldats éthiopiens – accompagnés de quelques membres des forces spéciales américaines – ont franchi la frontière par milliers (beaucoup étaient cachés en Somalie depuis plusieurs mois) et n’ont eu besoin que d’une semaine pour mettre les soldats islamistes en déroute. Les Etats-Unis ont également lancé des raids aériens pour débusquer les leaders islamistes et ont continué avec des missiles de croisière qui visaient des suspects de terrorisme. La plupart ont raté leur cible, tué des civils et alimenté l’antiaméricanisme latent. Les islamistes sont entrés dans la clandestinité et le gouvernement de transition est arrivé à Mogadiscio. Il y a eu quelques hourras et beaucoup de huées. Quelques jours plus tard, l’insurrection a repris de plus belle . Le gouvernement de transition était généralement considéré comme une coterie d’ex-chefs de guerre, ce que, au fond, il était. Il s’agissait de la quatorzième tentative d’instauration d’un pouvoir central, depuis 1991. Aucun des efforts précédents n’avait abouti. Il est vrai que certains des opposants étaient des profiteurs de guerre et étaient tout simplement résolus à torpiller n’importe quel gouvernement. Mais une grande partie du problème réside dans ce que le gouvernement a fait, ou n’a pas fait. Il a rapidement perdu le soutien des clans importants de Mogadiscio, à cause des moyens violents (et infructueux) qu’il employait pour écraser l’insurrection et à cause de sa dépendance vis-à-vis de l’armée éthiopienne. L’Ethiopie et la Somalie se sont déjà livré plusieurs guerres pour le contrôle de l’Ogaden, revendiqué aujourd’hui par l’Ethiopie. Cette région est majoritairement d’ethnie somalie, et l’alliance avec l’Ethiopie était donc considérée comme une trahison.

Les islamistes ont exploité ce sentiment : ils se sont présentés comme les vrais nationalistes somaliens et se sont attiré à nouveau la sympathie générale. Il en est résulté de sanglantes batailles de rues entre les rebelles islamistes et les soldats éthiopiens, au cours desquelles des centaines de civils ont été tués. L’armée éthiopienne a bombardé sans discernement des quartiers entiers (conduisant l’Union européenne à ouvrir une enquête pour crimes de guerre) et, selon les Nations unies, a même utilisé des bombes au phosphore blanc, qui font littéralement fondre les corps. Des centaines de milliers de personnes ont fui Mogadiscio et se sont réfugiées dans des camps, qui sont devenus un terrain de choix pour la maladie et le ressentiment.

La mort frappe plus souvent et aveuglément que jamais. J’ai rencontré un homme à Mogadiscio qui était en train de parler au téléphone avec sa femme lorsqu’elle a été coupée en deux par un obus de mortier perdu. Un autre m’a raconté qu’il était sorti se promener et s’est retrouvé pris dans une fusillade. Il a reçu une balle dans la jambe et a dû passer sept jours à attendre, en se nourrissant d’herbe, que l’affrontement prenne fin afin de pouvoir ramper hors de sa cachette.

Les journalistes courent également des risques inouïs. Rares sont les reporters étrangers qui se rendent en Somalie aujourd’hui. Le kidnapping est une véritable hantise. Des amis qui travaillent pour les Nations unies au Kenya m’ont prévenu que j’avais à peu près 100 % de chances de me retrouver dans le coffre d’une Toyota ou d’être tué (ou les deux) si je n’engageais pas des miliciens pour me protéger. Maintenant, dès que j’atterris, je prends dix hommes armés à mon service.

A la fin du mois de janvier, le territoire contrôlé par le gouvernement de transition était une enclave de plus en plus réduite dans Mogadiscio, protégée par un petit contingent de soldats des forces de maintien de la paix de l’Union africaine. Aussitôt après que les Ethiopiens se sont retirés de la capitale, une bataille féroce a éclaté entre les divers groupes islamistes désireux de combler le vide de pouvoir. Il n’a fallu que quelques jours aux islamistes pour reprendre au gouvernement la troisième ville du pays, Baidoa, et instaurer la charia. Les shabab ne sont pas follement populaires, mais ils sont redoutables. Pour le moment, ils disposent d’une milice motivée et disciplinée, de centaines de combattants implacables et probablement de milliers de bandits armés qui leur prêtent main-forte. La violence n’a montré aucun signe de fléchissement, même depuis l’élection du nouveau président, un islamiste modéré, qui – ironie de l’histoire –, a été l’un des chefs de l’Union des tribunaux islamiques en 2006 [ceux-là mêmes que les Américains et leurs alliés éthiopiens avaient chassés du pouvoir].

23.04.2009 | Jeffrey Gettleman

lundi 13 avril 2009

Apocalypse molle & autres occis morts

La poulpeuse Brenda


Rien de tout cela : je ne suis pas là, occupé à une expérience de survie pascale sans ordinateur (et sans Pascale), visitant des parents âgés aux quatre coins de l'hexagone en attendant que ce soit mon tour, mais par la magie de la programmation et du léger différé, je publie cette notule ridicule qui stipule que j'ai parcouru deux articulets intéressants dans la catégorie "problèmes de riches :
Les Geekeries se cachent pour vieillir
et les hadopitreries de la semaine :
"Une réponse inefficace, inapplicable et dangereuse à un faux problème".
et le bouquin de l'auteur sur l'information, entre bien commun et propriété.
merci à Plouf.

lundi 6 avril 2009

Confessions d'un mangeur d'opium du peuple, tome LXVIII


Ce que j'aimais bien chez mon papa, c'était Dieu. J'ai été très krist quand Dieu a quitté papa. (d'ailleurs quand mon fils veut se moquer de moi, il me dit oh papa l'est krist ? au lieu de triste, réactivant sans le savoir un maléfice ancien)
A moins que ce soit papa qui ait quitté Dieu, c'est un peu confus, j'étais assez jeune et la colère paternelle a progressivement perdu ses attributs divins, la nature émotionnelle des conflits contribuant à leur délégitimation par ma conscience naissante. Et puis l'Ancien Testament, à la maison c'était le programme commun d'union de la Gauche de 1972, et le Nouveau, l'Huma Dimanche. Yahvé beaucoup de grumeaux et pas beaucoup de purée.
J'en ai beaucoup voulu à Dieu d'avoir lâché papa, ou vice versa donc, sans comprendre que papa avait ses propres singes à nourrir (expression employée par William Burroughs pour désigner l'incoercible besoin du toxicomane à recourir au produit).
D'ailleurs, aujourd'hui encore, quand je retrouve en moi les intonations et les contenus de papa, je ne sais pas trop comment réagir : le faisceau de câbles qui me permettrait de remonter de la créature au Créateur (Attention à la Marche) a été endommagé par de gros courts-circuits, et tranché nets par endroits. Sans parler des fissures du réacteur.
Et puis, à la puberté, les attributs divins, ... en tout cas la partie sympa (amour inconditionnel, omnipotence) se sont retrouvés projetés sur les filles, à la faveur d'une dérivation enthousiaste de tout mon réseau EDF.
Vaste programme, qui promettait de nombreuses réjouissances futures, comme dirait PlineJunior.
J'ai pas été déçu.
Pour une fois que je comprends quelque chose à un de ses articles... (quand je fais l'effort de les lire jusqu'au bout, c'est vrai que ça aide), ça s'arrose.

lundi 30 mars 2009

un peu d'air

Ma chère est à l'étage et j'ai lu tous mes blogs

Comment ai-je pu passer à côté de Donnie Darko ou Les Fils de l'Homme quand ils sont sortis, et ne tomber dessus que par hasard ? Là, au bout d'une semaine, j'en ai éventé les charmes, mais il y a 25 ans, j'aurais adulé ces films pour au moins 20 ans.
La réponse est simple : je ne suis plus dans les confidences de la presse spécialisé, et mon avidité excède mes capacités digestives, ce qui fait que je passe beaucoup de temps à sélectionner mes téléchargements parmi une offre surabondante, à trier et entretenir mes disques durs, danseuses fantasques, mais il me reste ensuite fort peu de temps pour visionner ou écouter ce que je chope. Un peu comme quand on lit Télérama aux cabinets, après on n'a plus ni le temps ni l'envie de regarder la télé.
Il semble donc que l'avidité contienne son propre châtiment, plus sensé que la loi Hadopi.
Et pourquoi ne tombé-je jamais sur de tels sites à la maison ? question de perspective, y'a que quand je suis au bureau et que je cherche à me rafraichir, et après ça, mon chef de service trouve des Steve Roach jusque dans les fichiers clients (nos ordis sont en réseau).
Bon, c'est pas vraiment de la musique anti-limaces, mais au moins on garde les mains ouvertes au lieu de serrer les poings.

Dans un rêve de cette nuit j'ai filé mon numéro de téléphone (le vrai, en plus) à une femme qui se plaignait de ce que son mari ne parvienne pas à s'arrêter de boire, en la prévenant quand même que s'il n'était pas motivé, ça ne servirait à rien, mais que s'il avait un désir sincère d'arrêter, il pouvait toujours m'appeler... et au réveil je me disais que ça serait marrant qu'il m'appelle.
As far as I am concerned, le costume de sauveur ne sauve que celui qui l'endosse.
Et encore, à condition qu'il ne se prenne pas les pieds dans son égo, et qu'il s'enracine fermement dans une dynamique d'échange et de partage. Car comme le disait Flo en parlant d’autre chose, "le problème, c'est d'arriver à gérer l'orgueil bien réel qui résulte du sentiment de sa propre nullité, car plus une personne se trouve nulle, plus en général elle aura développé de l'orgueil par-dessus pour arriver à survivre. "

Les plus déprimés, les plus à plaindre justement se plaignent tellement qu’ils en deviennent égoïstes. A ceux-là, on ne peut que leur souhaiter d’avoir l’idée d’aller faire du bénévolat dans une association caritative ! ils semblent se murer dans le malheur : ils ne veulent plus lâcher leur bout de charbon. Je crois bien qu'Eckart Tolle leur a rêglé leur compte, mais ils ne sont pas au courant. J'y vois aussi une forme de chantage infantile et inconscient à Dieu, en tout cas c'est ce que je m'étais auto-diagnostiqué.
Au plaisir !

lundi 16 mars 2009

Bashung, c'est bâché

C'est sûrement le genre d'astuce à la con que Libération a placardé en page 1 ce matin.
Je préfère pas savoir.
"Putain, merde, Bashung" comme disait Michel Desjoyeaux en parlant de Jean Le Cam qui venait de perdre sa quille dans le Vendée Globe.
"C'est un prince qui ce soir nous a quittés, un immense poète, un chanteur engagé", a écrit Nicolas Sarkozy dans un communiqué, samedi 14 mars, au soir du décès d'Alain.
Quand on voit ce que Bashung avait dit de lui, on pense à la chanson de Brassens "le temps passé" :
il est toujours joli le temps passé/ une fois qu'ils ont cassé leur pipe/on pardonne à tous ceux qui nous ont offensé/les morts sont tous des braves ty-y-pes...
Bashung n'était pas un brave type, mais il s'est consumé avec moins de morbidité que Gainsbourg.
C'est vrai qu'on imagine bien Nicoshark fredonner "Gaby" sous la douche avec Carlita, tant il incarne la rock'n'roll attitude du dandy délétère dans sa gouvernance radieuse et studieuse du pays.
En apprenant la nouvelle dimanche matin en allant bosser dans mon véhicule à combustible fossile, je me suis mis à chialer en pensant au narcissisme et sa fausse compassion qui n'est que frayeur anticipatrice.
Et allez donc.
Le midi même, je m'en suis vanté auprès de ma chérie, comme si c'était une preuve d'humanité de ma part.
"M'enfin, bilou, ce type ça fait 30 ans que je vis avec, c'est normal que je pleure, non ?
-T'as raison, moi ça fait que 20 ans, je sais même pas si tu chialerais à mon enterrement."
Du coup avant de retourner bosser, j'ai fait du repassage et du jardinage, comme si ça pouvait rattraper quelque chose.
Je me rappelle que le rédacteur en chef de Culture Rock, un reubeu à la dentition en clavier de piano parfumé à l'abbaye de Leffe, m'avait raconté comment il avait sangloté sur la tombe d'Elvis Presley, j'avais trouvé ça ridicule.
Je me rappelle que lors de la sortie de l'album "Osez Joséphine", j'avais été tellement frappé ( = j'avais fait tant de saisies et de projections) par la chanson "Madame rêve" que j'avais acheté un lecteur de cédé audio portable rien que pour l'écouter en boucle, et j'ai erré trois jours dans Paris casque stéréo vissé sur le crâne, tellement saoul que j'ai dévissé le lecteur pour changer les piles, et je trouvais ça pas pratique du tout. J'ai jamais retrouvé les vis, évidemment.
J'ignore si c'est un bon souvenir.
Bashung disait que c'était une chanson sur l'insatiabilité de l'occident.
Il n'a pas chanté la femme, mais les affres du désir, et la confusion mentale et émotionnelle, avec beaucoup d'élégance. Artistiquement, il a toujours fait ce qu'il a voulu.
C'était le seul à faire sonner le français comme de l'anglais, équivoque jusqu'à l'os.


les films de chtrouille sans y aller

Au travail, un ami geek me parle de "Martyrs", un film d'horreur français qui a défrayé la chronique l'an dernier, c'est à dire qu'il a sans doute fait la couverture de Mad Movies deux fois d'affilée. Il me dit avoir été profondément éprouvé émotionnellement par ce film et me le recommande.
C'est le lendemain de la découverte d'un enfant de 7 ans, séquestré par ses parents dans une chambre depuis plusieurs années à Millau.
Je lui dis que c'est une raison suffisante pour s'épargner ce genre de films.
C'est trois jours avant le massacre de Stuttgart.
Je ne lui dis pas parce que je ne suis pas devin.

Une photo du film suffit à se dire "on s'y croirait".
Et de fait, au cinéma, quand on s'y croit, c'est qu'on y est.

Renseignement pris, uh-uh, je n'ai pas cru si bien dire, le film de mon copain c'est l'histoire épouvantable d'une enfant séquestrée qui se fait plus tard justice toute seule..."Sur vague fond de secte vouée au sado-masochisme, un déferlement de violence, de tortures, de manipulations. Plus écoeurant encore qu'effrayant." dit une critique aisée, alors que l'art est difficile.
"Le problème n'est pas que certaines scènes soient insupportables de violence et de cruauté. Après tout, c'est ce que l'on demande à un film gore. Ce qui est impardonnable, c'est l'ineptie d'un scénario prétentieux aux relents misogyno-religieux."
dit une autre dont on se peut se demander ce qu'elle a retenu du catéchisme.
"Un postulat d'une navrante bêtise, prétexte à peine voilé pour se rincer l'oeil et assouvir au passage quelques fantasmes sadiques."
enchaîne une troisième, peu réceptive au cinéma de genre.
C'est bien, Allociné, à condition de commencer par les critiques du bas de page, celles qui ont le moins d'étoiles, on gagne un temps précieux quand on voulait sortir.
Bon, sans avoir vu le film, je vois le genre, la dégradation progressive du substrat psychologique des films d'horreur, allant du grand-guignol pour ados qui s'ennuient (Halloween) vers l'escalade actuelle, l'acharnement à montrer l'inmontrable, pour qui aucune atrocité ne peut sembler irréaliste au vu de l'actualité des faits de société, fournit des films de malades pour un public captif.
On se soigne de la dégueulasserie du monde en lui opposant une fiction encore plus abjecte.
Je pense à Irréversible, de Gaspard Noé, à Calvaire, d'un de ses disciples... les films qu'on peut regretter d'avoir vu, sauf si on surcompense le dépit par le récit de l'expérience "trouble et dérangeante" que ça a constitué.
Des films qui nous créent des sensations : leur disparition est un de ces foutus problèmes de riches qu'on a souvent sous nos latitudes.
Tiens, le producteur de Martyrs est le même que celui de Noé, c'est une petite bande de joyeux lurons... Pascal Laugier, le réalisateur : "Je voulais que chaque coup soit douloureux, non par quelque discours moral sur la représentation de cette violence, mais parce que c'est le sujet même du film : au bout, tout au bout de la violence, est-ce qu'il y a quelque chose ? Je crois qu'au fond, c'est le genre de questions que posent tous les films d'horreur que j'aime; en quoi et pourquoi la condition humaine est-elle aussi atroce ?"
Tous ces mecs, ils devraient se pencher sur le bouddhisme, qui répond de façon moins hésitante que la philosophie occidentale sur la question du Mal.
Mais bon, va tourner des films d'horreur bouddhiste après...
Alors on se spécialise plutôt dans le genre « survival », explorant soi-disant la nature humaine, alors qu'il ne met en scène que la bestialité larvée en chacun de nous. Qui ne demande parfois qu'à sortir, car comme le dit mon voisin quand il me voit scarifier à la main la mousse de ma pelouse, "il faut bien que tout le monde vive." et tout ce qui vit potentiellement aspire à se déployer, ça c'est sûr, madame Chaussure.
Dans ce cinéma bis du survival dont Délivrance est revendiqué comme l'ancêtre inspiré, Calvaire, Saw, The Descent et autres semblent revendiquer une filiation, je ne tiens qu'un quart d'heure.
"Partageant l'opinion commune selon laquelle le cinéma a été inventé pour photographier en gros plan la mort de jolies femmes"
, il me semble que tout cela a été traité dans le film de Michael Powell "Le voyeur" en 1959.

J'intuite que mon copain, ce qui lui a plu, dans ce film, c'est d'être l'otage consentant du sadisme du réalisateur. Ce genre de pulsions, ça marche mieux en tandem.
Un qui montre l'immontrable, et l'autre qui dégueule. Etre plongé dans l'intimité d'une barbarie que rien n'excuse, d'ailleurs le jour où la barbarie a besoin d'excuses, vous m'appelez, dans un enfer moral en sachant qu'il prendra fin après 90 minutes, permet de participer émotionnellement à des expériences extrêmes sans se sentir impliqué moralement.
C'est Nietzsche qui disait "Si tu plonges longuement ton regard dans l’abîme, l'abîme te regarde aussi, et n'oublie pas de ramener du pain".
Et Borges a dit la même chose de façon un peu différente : "On finit toujours par ressembler à ses ennemis".
L'hypocrisie consiste à broder dessus un baratin sur la transgression en prétendant vivre une expérience émotionnelle, sensorielle et spirituelle intense, baroque, crépusculaire,... comme j'ai pu le lire dans les réactions des internautes qui masque plus ou moins habilement nos ruses d'egos à nous nourrir de l'adrénaline exsudée par ce genre de films.
J'aimais bien Cronenberg, mais je peux pas voir un film de Haneke.
Suis-je pour autant un vieux con, et si oui, qui en a quoi que ce soit à fichtre ?



"La trouille, c'est la chtouille de la couille"
Lao-Tseu, "Mao-t'es-king"

lundi 9 mars 2009

plus moche la vie

Dimanche 8/03/2009 y'a eu un numéro de zone interdite sur alcool, pétards, jeux vidéos, porno : nos enfants en danger ! heureusement ils n'ont rien dit sur l'effet de serre, la crise financière et les OGM dans les barres Mars.
Je ne sais pas combien de temps on peut le revoir sur
http://www.m6replay.fr/
mais j'aime bien le flic de marseille dans l'enquête sur les viols entre mineurs, il est moins fadasse et joue mieux que celui qui se prend des bastosses dans "plus belle la vie " que je subis avec consentement tous les soirs à l'heure du repas sur france 3 parce que chez moi, chacun son opium du peuple.

j'ai fait un screener de l'émission, découpé en 2

http://dl.free.fr/getfile.pl?file=/RzLwcVZX

http://dl.free.fr/getfile.pl?file=/HC43eUI9

lundi 2 mars 2009

l'Empire n'a jamais pris fin

Le dimanche, je cours avec un copain qui prépare le marathon.
Du coup, je me retrouve à préparer un marathon que je ne courrai pas; parce que quand on court un marathon on est pris dans le flot, forcé par les autres à se dépasser, et une fois dépassé, on serre une bielle, de plus l'aspect compétition m'indiffère... et serait peu à mon avantage, ayant commencé la pratique régulière du sport vers 38 ans.
Je cours pour les endorphines.
Quand j'arrive chez mon pote à vélo, dans l'aube humide du dimanche matin, je prends un virage un peu serré entre deux maisons qui ignoraient jadis qu'une route les séparerait un jour, et je suis saisi simultanément par la vision d'une statue polychrome de la Vierge enchâssée dans la niche vitrée d'un calvaire breton sur le côté gauche de la route et par une épouvantable odeur de ermde exhalée par un regard d'égout à droite.
C'est de la stéréophonie sensorielle qui renvoie à la stéréophonie spirituelle : ce qui est en haut, ce qui est en bas. Je n'ai pas choisi d'associer l'image de la Vierge et l'odeur de déjection humaine, qui fleure bon la dissonance cognitive, mais je ne me suis pas dérobé non plus à l'association des deux stimuli qui se sont présentés à moi en même temps... co-incidence en laquelle je ne vois nul rappel violent des contrastes terrestres... ou d'autre chose que la présence simultanée d'extrêmes en représentations.
Y'a même pas d'anecdote à bâtir là-dessus, ou alors en terrain glissant, je vois pas pourquoi vous insistez.
Ca ne me fait pas du tout penser à ce dépendant pour qui l'obsession de la pureté est consubstantielle de son obsession sexuelle.
Mais alors pas du tout.
Compassionnons discrètement en privé avec lui et lapidons-le en public sous le prétexte que je viens d'évoquer.
Mais par contre, ça me rappelle certains bouquins de Philip K. Dick, ceux qui sont postérieurs à sa théophanie de 1974, après laquelle il ne voit plus que signes, et écrit des romans sur le fil du rasoir de la ratiocination métaphysique sur un glacis de thèses paranoïdes, de mémoire tout cela est fort élégamment narré dans la formidable biographie que lui a consacré Emmanuel Carrère "Je suis vivant et vous êtes morts" c'est pourquoi je m'abstiendrai de vous le retartiner à la cuiller, bien que ça fait longtemps que je n'ai pas lu un Dick bien dépressif, quand je pense que je me suis flingué le cerveau avec ça du temps où les possibilités de devenir stérile avec le wifi ou stupide avec le téléphone portable étaient trés limitées, je ne regrette rien.
En tout cas, la nouvelle de la publication prochaine d'un nouvel ouvrage de fiction inédit de Dick, qui aurait de quoi faire se pâmer d'aise les ex-fans des dickies, fait plutôt craindre de se rendre compte qu'on s'est fait berner par le prophète halluciné, à qui l'on doit les plus grandes intuitions sociétales des années 60 et 70.
Mais y'a qu'à jeter un oeil aux extraits des 8000 pages non publiées de l'exégèse pour flairer un problème.
A côté des spéculations qui plombent la "trilogie divine", les trois derniers ouvrages anthumes de l'auteur, le plus délirant des sites conspirationnistes peut aller se rhabiller.
De mémoire, depuis sa théophanie, Dick était persuadé que l'Empire romain n'avait jamais pris fin et que Richard Nixon en était un agent infectieux.
Je ne retrouve pas ça dans le wiki, mais à l'époque j'ai tellement trippé que je ne suis pas certain d'être redescendu, comme beaucoup de ses personnages.
L'Empire n'a jamais pris fin c'est une variante de "il faut détruire carthage".
Je me remets à lire de la SF, et trouve qu'au moins la subjectivité de Spin est habitable.
sans oublier les nouvelles gratoches de Lucius Shepard que je mettrai en lien dès que je les aurai retrouvées.
Fais tes Valis, Dick revient !!! ...
p'tain celle là est nulle, mais il faut bien rentabiliser mon docktorat en dickologie.

lundi 23 février 2009

Il faut détruire Carthage ! (tout en sauvant le soldat Schlomo)

Je ne sais pas pourquoi ça me revient, mais au collège, notre prof de latin disait que "Carthago delenda est", ça voulait dire littéralement "Carthage est devant être détruite" ce qui m'intriguait sur le plan spatio-temporel, et puis, déception toute poutinesque, j'apprends dans ce wiki l'dit ce wiki y est, louée soit la connaissance puisqu'elle affranchit des passions, que la citation exacte c'est «Delenda Carthago» qui signifie simplement «Il faut détruire Carthage !» (littéralement «Carthage est à détruire.»)
Au moins ça fait un souvenir de moins à immoler sur l'autel de l'absolu.
("souvenir") /moins/ ("absolu")
Toujours selon la tradition et le wiki, Caton l'Ancien, prononçait cette formule à chaque fois qu'il commençait ou terminait un discours devant le Sénat à Rome, quel qu'en soit le sujet.
L'expression s'emploie aujourd'hui pour parler d'une idée fixe, que l'on poursuit avec acharnement jusqu'à sa réalisation.
Je vais tenter de lancer la mode au bureau, bien que la locution latine y soit peu usitée.
Voilà pour la forme, et le devoir de mémoire, en tout cas quand il se différencie de la crampe identitaire.
Et en ce qui concerne le fond, Johnny Hallyday a eu beau chanter il y a quelques années qu'on avait tous quelque chose de Delenda Carthago, ça n'a pas pris.
Pourtant c'est vrai : quand je vois des couples incapables de se passer le sel à table sans s'agonir d'insultes, ou sur une autre échelle - différence d'intensité, pas de nature - israeliens et palestiniens refuser absolument de s'entendre et de s'écouter alors qu'ils sont condamnés à partager le même espace, je me dis que mes éditoriaux frappés au coin du bon sens auraient largement de quoi les ramener à la raison, parce qu'ils sont un peu coincés dans le Delenda Carthago attitude.
On les soupçonnerait même d'être devenus un peu accros à la baston, depuis 50 ans que ça dure, cf cet article de Jean Daniel avec lequel j'ai failli allumer le feu l'autre jour.
"“A Gaza, il n’y a plus assez de place dans les cimetières”, a expliqué un commentateur israélien. Mais, comme il nous reste encore des tonnes de missiles et qu’il faut bien en faire quelque chose, bombardons les cimetières ! Et gardons-nous de diffuser la moindre image du massacre, vu que les spectateurs sont de grands sensibles. Et envoyons des médicaments aux Palestiniens, avant de bombarder leurs stocks de médicaments.
comme on peut le lire dans la presse.
Y'a pas de gag, l'épilogue c'est que le mois dernier, j'ai reçu un courrier de Handicap International, vu que je parraine déjà quelques amputés dans la Sierra Leone, me rappelant les conditions de vie dans la Bande de Gazés, et j'ai envoyé 30 euros.
Si ça ce trouve, j'engraisse un futur militant du Hamas.
Ils ont une façon de s'envoyer en l'air qui me dit que c'est pas demain que le programme spatial palestinien nous damera le pion quand il s'agira de construire la première base sur la lune ou de terraformer la planète Mars quand on aura dézingué la notre.

lundi 16 février 2009

Le téléchargement rend sourd



Sur un coup de tête, j'ai récemment créé un blog musical où je partage des vieilleries.
Enfin, à l'époque elles étaient neuves, c'est ce que je ne m'explique pas, moi qui suis resté si jeune.
C'est malin, maintenant ça me fait une bouche numérique à nourrir de plus.
Mais bon, ici je parais désormais le lundi, et il me reste la semaine pour me re-sembler.
Evidemment, si on est un représentant de l'industrie musicale, comme un vieux pote récemment recroisé, on s'indignera à juste titre.
Certes, mais ce que je mets en ligne est à priori introuvable ailleurs.
Ce qui est un peu contradictoire avec l'argument de base de l'uploadeur soi-disant philantrope : si vous aimez les artistes, achetez leurs disques une fois que vous les avez écoutés !
L'uploadeur qui met tout ou partie de sa collèque perso sur le réseau, c'est dans l'espoir rarement déçu que d'autres amateurs éclairés mettent la leur en partage : cette variante du communisme, qu'on pourrait qualifier d'égoïsme éclairé, a le mérite de fonctionner dans le milieu très fermé des amateurs (pour de mauvaises raisons) de disques de variétés des années 70, parmi lesquels rêgne un micro-climat de saine é-mulation.
N'empêche que grâce au net, j'ai découvert des gars dont je n'aurais jamais entendu parler autrement.
J'ai acheté le disque de Donis par paiement électronique, et j'ai reçu un super-paquet en recommandé couvert de timbres lithuaniens (quand j'ai reçu l'avis de passage j'ai traîné 15 jours pour aller le chercher à la poste, je croyais que c'était les impôts, et pourtant c'est idiot vu que je les paye) et à l'écoute, le CD audio est incomparablement plus riche, par rapport à la chose compressée en mp3.
Et je ne suis incomparablement plus pauvre que de 21 €, port inclus.
Evidemment, sur mon nouveau blog à moi que j'ai, je me retrouve à écrire de petits articles de présentation, comme si de musicien frustré (parce que feignant), j'étais devenu critique de disques frustré, ce qui représente sans doute une forme de régression.
Bien que je me rappelle avoir entamé l'étude de la guitare dans le but à la fois conscient, trouble et vil de séduire plutôt que de savoir en jouer; l'erreur stratégique était sans doute de commencer par Marcel Dadi et Francis Lalanne.
Bref j'ai remis la main sur l'environnement sonore de mes 16 ans, dont les émois qu'il me procurait était une honnète approche de l'absolu, et dont la distance qui m'en sépare aujourd'hui me permet une saine relecture, et et j'ai aussi retrouvé mes oreilles grâce à une paire de petites enceintes Bose de fort bonne facture bien que tout comme moi elles aient un peu trop de graves.
Quand à la nostalgie, inutile de céder à la tentation de la violence en lui suggérant d'entrer en contact le plus rapidement possible avec la population masculine grecque, car elle n'est débitrice que d'elle-même.
Mais comme je me la pête un peu sur ce nouveau blog, du coup cette nuit j'ai rêvé que j'allais au carnaval du coin (ça ressemblait plutôt à Halloween) avec un masque de gorille plutôt cheap, et je me rendais compte que je n'avais plus l'âge, au milieu de tous ces mioches déguisés en Spiderman, et qu'en plus à travers les trous du masque, on n'y voit pas grand chose, cette dernière phrase étant à prendre au sens littéral puis métaphorique, comme souvent dans mes rêves.


Le journal d'une femme de chanvre, dernier skeud de Benoit XVI.
En vente nulle part.

lundi 9 février 2009

Erin discovers the porn that Joel downloaded on her computer

http://www.roommatingshow.com/

On dédramatise, ce qui ne veut pas dire qu'on légalise ou qu'on justifie.
Très tendance.

lundi 2 février 2009

La loi du genre

En fait de constipation, c'est plutôt la chiasse.


Ce triste ballot de Beigbeder a dit un jour "ce qui serait bien, à présent, pour l'évolution de l'histoire du cinéma, ce serait de tourner un film porno où les acteurs feraient l'amour en se disant «je t'aime» au lieu de «tu la sens, hein, chiennasse». Il paraît que cela arrive dans la vie."
A la vision de cette émission de télé très regardable (et je ne dis pas ça que parce que je joue dedans) sur le phénomène de la cyberdépendance pornographique, on comprend que ce n'est pas près d'arriver, et que si ça arrivait, ça ne serait pas souhaitable.
Attention, images explicites ! comme on dit des lyrics dans les disques de d'jeunz's.
Rappelons d'ailleurs que la question qui devrait hanter le dépendant ado ou adulte, c'est "combien de temps faut-il pour être sevré et pouvoir laisser traîner un regard amusé à la devanture du rayon hot du marchand de journaux à l'idée de ce que la frustration peut faire vendre ?"
On aimerait voir le même genre d'émission en France.
Nul névropathe en son pays.
Marmottan en emporte le vent.
Mais grâce à Internet, on peut quand même la voir.
Merci Internet.


lundi 26 janvier 2009

humoristes d'aujourd'hui

Patapon :

"Je dois pas être normal. Autant j'aime l'humour, autant je déteste les humoristes."

Maurice :

"Moi, c'est pareil. Autant j'aime la sodomie, autant je déteste les enculés."


le premier chakra vu par Charb

"Faut pas s'étonner si les gens votent à l'UMP à cause des sketchs de Chevalier et Laspalès" me disait en substance Arnaud C. avant-hier matin en trottinant à mes côtés sous une pluie diluvienne, alors que nous longions prudemment la clôture du champ dans lequel nous cohabitions temporairement avec quelques vaches de race indéterminée mais visiblement à viande, faute d'avoir trouvé notre chemin dans le bourbier dominical, au lendemain de la terrible tempète qui avait ravagé les Landes - on a les catastrophes qu'on peut, en attendant pire.
Et pourtant, Dieu m'est témoin qu'Arnaud C. ne vote pas spécialement à gauche. Je venais de lui faire part entre deux halètements de mon affliction devant Laurent Gerra et Patrick Timsit.
Mais c'est vrai qu'à part Anne Roumanoff, qui a décidé de s'affranchir des déterminismes en vogue et en vigueur qui veulent qu'il vaille mieux être belle et rebelle que moche et remoche, et qui du coup n'a plus rien à perdre à balancer ses vannes vachardes, les humoristes médiatiques modernes nivellent et fédèrent par la bêtise, la méchanceté et l'ignorance, à tel point que non seulement on n'ose plus s'en servir après eux, mais encore on se sent obligés de les laver avant de les jeter.
Sans rêver de nouvelles incarnations de Bedos, Devos, Coluche ou Desproges, si on laisse traîner une oreille en direction des "nouveaux talents du rire", non seulement on ne rit pas, mais on a honte d'avoir ri dans le passé.
On sait l'influence des films de serial-killers sur les esprits faibles.
Imaginons celle de Bigard.
Même si l'esprit souffle où il veut, et inspira un jour à Bigard l'idée du sketch sur la chauve-souris, ou que j'aie pu l'entendre tenir des propos d'une densité métaphysique surprenante sur le fait que le soleil brillait pareillement sur le Saint et sur l'Enculé, et qu'il avait dû faire un travail sur lui-même pour que ça cesse de le défriser.
Heureusement, le bouddhisme est la lessive miracle des impuretés précitées : bêtise et méchanceté ont l'ignorance pour source et se dissipent aux premières lueurs de l'esprit d'éveil.
Pour l'anti-redéposition, nos ingénieurs sont sur le coup.

samedi 24 janvier 2009

Réalisme soviétique

le Harvey Dent Two Face qui a bercé mon enfance


Au lendemain de l'élection d'Obama, alors que plus de la moitié de la planète se pâmait devant l'intronisation du nouveau messie cosmo-planétaire, Vladimir Poutine a fait son Brice de Nice : il s’affirme «convaincu que les plus grandes déceptions naissent des plus grandes attentes».
Sur ce coup-là, je peux difficilement lui donner tort.
D'autant plus que Bruno Gaccio, l'auteur des Guignols, semble s'être mis en ménage avec Ségolène Royal. J'ai lu ça dans Courrier International, repris de l'Observer anglais, et murmuré dans la cyber-subversive presse française. Je m'étais abonné pour comprendre les vrais problèmes du monde mondial, et je me retrouve avec les potins people qui permettent de se sentir floué par la gauche acide sulfurique quand elle fricote avec la gauche caviar.
Bon, on ne voit pas pourquoi la dégradation, l'institutionnalisation et la récupération à des fins personnelles seraient des stratégies réservées aux grands mouvements spirituels de la planète, et qu'est-ce qui empècherait des provocateurs spécialistes du braséro broadcast de ne point entretenir une révolte inoxydable.
C'est un scandaaallllee ! comme éructait Georges Marchais du temps où mon grand-père l'écoutait en se disant "peut-être que le parti se trompe, mais moi je ne me suis pas trompé de parti" et en se prenant peut-être pour Sacha Guitry. Mon grand-pêre coco et friqué, qui se faisait tancer par ses vieux potes anars qui lui reprochaient de s'être fait coincer par le confort matériel, et qui m'emmenait voir Lawrence d'Arabie au Kinopanorama parce qu'il n'avait pas eu le temps de le faire avec ses fils.
Gaccio et Royal, ça doit bien faire marrer Guy Debord, le prophète désespérant de la société du spectacle - il a fini par se suicider, sans doute trop perméable à ses propres théories - je crois que sur la fin il endurait parkinson et alcoolisme, ça fait beaucoup pour un seul homme, même raisonnablement désespéré. Il s'est tiré une balle dans le coeur, ce qui dit bien ce que ça veut dire.
Sinon, j'ai lu un article insatisfaisant sur les réseaux sociaux qui peine à expliquer pourquoi les gens se dessoudent autour de facebook : c'est parce qu'ils ont perdu le sens commun, voilà.
et un autre peu réjouissant sur le mp3, signé par un gars que j'ai connu dans un lointain passé, et je me demande bien ce qu'il est devenu.
Peut-être que lui aussi, se demande bien ce qu'il est devenu.
Surtout qu'il était plein d'attentes, et qu'il a pu poutiner grave.

dimanche 18 janvier 2009

Joint d'étanchéité et chakra du coeur

Rien que le titre, on voit le Ghibellinien qui essaye de faire genre,
dans sa nouvelle moumoute en poil de chameau.
Pas grave.

Quand je regarde la vidéo de "Where the Hell is Matt" en haute définition sur mon Imac 24 pouces, bien au chaud dans mon alvéole, ça me met la larme à l'oeil, et parfois même je sanglote doucement, pour ne pas passer pour une grosse chochotte.
Faut vraiment que j'arrête de boire du numérique.
Le clip en question, à moitié bâti sur le principe des livres d'énigmes illustrées pour enfants "où est Charlie ?" véhicule les arômes conceptuels énergétisants d'ubiquité, de simultanéité, de communion fraternelle spontanée, de plaisir partagé, partout où ce gros con d'amerloque a planté sa caméra pour se trémousser grotesquement avec des peuplades plus ou moins reculées et nous rappeler l'universalité des lois du ridicule (on devrait néanmoins évaluer une civilisation à l'aune de la qualité des rapports humains qui régissent ses membres, idée lue je ne sais plus où et jamais démentie)
Et puis, comme il a visité 42 pays en 14 mois, il doit avoir une facture équivalent carbone assez conséquente qu'on doit pouvoir calculer chez Jean-Marc JANCOVICI (1)
En tout cas, même en dissociant l'évènement du jugement moral que je peux porter dessus, et de ma réaction émotionnelle soi-disant spontanée alors qu'elle est visiblement le fruit d'un conditionnement, c'est là une forme primaire de manifestation de l'émotion, qui délasse agréablement du mental sans être un voile trop handicapant.
Un problème ponctuel d'étanchéité autour du chakra du coeur, une confusion entre sensibilité et sensiblerie. Je devrais peut-être regarder des conflits armés aux actus télé, mais ça ne me dit rien. Sauf quand c'est de la fiction. Le plus réaliste possible.
Je pense à Anton Ego, le critique culinaire du film Ratatouille, pour qui la profusion de saveurs lors de la dégustation de la ratatouille préparée par Rémy le rat cuisinier, fait revenir le souvenir de son enfance à travers un flash de genoux écorchés.
Aux trois frêres ennemis du Darjeeling Express qui parviennent à faire un pas de côté par rapport à leur pathologie familiale après qu'ils aient vécu et partagé un drame intime dans la campagne indienne.
Et au mental qui tisse tous ses liens entre ces expériences.
Et qui se prend pour le roi du pétrole, parce que sinon, qui le ferait à sa place ?
(en songeant à la phrase de Flo "Les philosophes écrivent des textes merveilleux sur la liberté du sujet, mais ça ne veut rien dire. C'est juste le mental qui se prend pour Dieu, et qui singe le vrai truc.")
Sans parler de la difficulté à simuler une vie intellectuelle quand on observe le remplissage de la jauge des curseurs de téléchargement sur une application bit torrent.
Les formes émotionnelles plus imbriquées ou sous-produits d'autres, colère, peur, ressassement, viol, inceste et trahison, sont beaucoup plus retorses d'accès.
Tout ça parce qu'au ski j'ai lu un article sur les 12 vidéos les plus créatives du web.
Plus que 11.

(1) Lors d'un aller retour Paris-New-York, un passager émet 900 kg d'équivalent carbone en moyenne (bien plus en classe affaires ou en première), soit un tiers de l'émission annuelle d'un Français tous gaz à effet de serre confondus. En 2 à 3 allers-retours Paris-USA on émet donc l'équivalent de ce qu'un Français émet par an (2,5 tonne d'équivalent carbone).

samedi 17 janvier 2009

Aaaah, Donis !


Suite à la discussion dans les commentaires du précédent article, j'ai téléchargé sans forfanterie d'autres albums de Donis, qui n'est pas un clown de Steve Roach mais fait effectivement dans le tribal ambient lithuanien, une fois qu'on l'a dit c'est autant de salive d'économisée pour le reste, depuis l'hyper-segmentation des marchés, et j'ai trouvé son site internet référencé à l'intérieur d'un des albums - mon téléphone n'est pas une boîte aux lettres, comme je le dis gaiement aux démarcheurs publicitaires, mais mon ordi s'en prend plein les ports USB, ça c'est sûr.
Le reste de la production de l'artiste me parle moins, c'est plus du genre Dead Can Dance en lithuanien, que je comprends peu et parle pire, en songeant à l'anecdote du musicologue qui avait fait écouter la cinquième de Beethoven à des Papous qui n'avaient jamais vu un magnétophone, et qui lui avaient dit après écoute "ben on n'entend que le tambour, et en plus le gars ne joue pas terrible"
Alors je lui ai écrit, parce que c'est quand même ça qui est formidable, avec Internet.
Et il m'a répondu : "Hi. I am glad that you like my music. If you have mp3 - enjoy.
If you want have original cd with special box + etc.
you can buy from this adress:
http://www.dangus.net/releases/index.htm
http://www.dangus.net/order/ordering.htm"
Le mot-clé là dedans c'est Enjoy.
Comme quoi certains artistes s'adaptent plus vite au mp3 que leurs consommateurs addicts à la culpabilité et à sa petite fanfare de Bagnolet.
Parce que écrire que c'est bien triste de gruger les artistes après s'être bâfré, c'est un peu garden nabbott comme attitude, quoi.
Comme la pauvre fille que je stigmatisais récemment pour ce travers de porc.
C'est là qu'on se dit qu'il est temps d'un peu plus travailler avant de poster, même s'il est déconseillé de recongeler un blog décongelé.
on peut entendre d'autres morceaux de Donis ici.
J'attends sa réponse à ma proposition enthousiaste de lui envoyer un virement par Paypal.
Youhou.

vendredi 16 janvier 2009

il n'est pire sourd



L'Ambient Music, on le sait, est prodigieusement agaçante à ceux qui l'écoutent entre deux portes, alors que c'est parfois un imaginaire sonore stupéfiant qui se tient là, à l'orée de l'oreille.
Pour y convertir quelqu'un dans un climat de sympathie intense, voire l'aider à s'affranchir de ses déterminismes, (cf les commentaires de ce post) il faut sans doute commencer par ruiner sa vie consciente, le placer sous perfusion de Tranxène, l'attacher à son lit devant un bon feu de bois, lui tirer les panards au dessus de l'âtre et lui passer un vieux Klaus Schulze en boucle.
Il y a une chance pour qu'il commence à trouver ça chouette.
Moi j'y suis venu plus par lassitude du reste : après 45 ans, quand ta femme trouve que tu ressembles à ton père, et que tu trouves qu'elle ressemble à sa mère, que tes gosses commencent à te regarder d'un air gêné quand te tentes d'expliquer le pourquoi de tes réactions puériles, tu vas pas te rabattre sur Led Zeppelin, encore moins sur un vieux Thiéfaine : ces disques-là, tu les as tellement écoutés que l'émotion musicale est morte à force d'être serrée et macérée sur ton coeur. Pas même le squelette, il n'en reste que le Fantôme, et même pas du Bengale.
Même John Lee Hooker avec sa guitare en bois d'arbre serait l'occasion d'une saisie mentale : "moi en train d'écouter du blues".
Alors qu'avec l'ambient, musique à priori dégagée des aléas de la construction narrative autres que l'éventuel survol du Grand Canyon à haute altitude, tout est vierge d'émotion rancie, et pas moyen de saisir les nappes sonores, d'abord elles sont enchevêtrées les unes aux z'ôtres, et puis ça fait tout foirer, comme quand on tire la nappe alors que le couvert est mis dessus, et la bouffe dedans.
Au début, quand j'en écoutais, je voyais des américaines entre deux âges essayant de traiter des cancers gynécologiques par la respiration holotropique avec support sonore, mais c'était une hallu issue d'un dérèglement glandulaire rien qu'à moi.
Dans cette catégorie, je suis loin d'être un amateur éclairé, mais étant banni des platines pour mes affinités soupçonnées avec le rayon new-age de la Fnac, je m'en fous; alors j'en suis resté à "Steve Roach über alles" mais j'ai été scotché par ce disque de Donis.
Dommage qu'il y ait depuis très récemment des femmes vénales en petite tenue dans la blog list, du tenancier du site, c'est sans doute la rançon du succès, et ce fieffé et effronté Hefiorel trouve toujours des choses assez étonnantes à nous faire entendre.

jeudi 15 janvier 2009

nouveaux yeux

Je parlais avant-hier de nouveaux yeux et de vieux démons : après l'expérience Blu-ray, difficile de retourner aux DivX tout pixellisés.
Si l'intérêt de télécharger des fictions chargées de trop de réalisme (un Blu-Ray, de base ça pèse 40 Gigas, quand c'est compressé, ça descend entre 7 et 11 Go) n'est pas évident, j'ai testé pour vous le Jardin des Délices de Jérome Bosch en haute definition sur mon nouveau 24 pouces, et ça arrache tout, comme esspliqué dans l'article ci-dessous.
Quand aller au musée depuis chez soi devient une rencontre plus intime avec l'oeuvre que de se déplacer.
Fichtre.

"Mille six cents clichés pour le seul Jardin des délices de Jérôme Bosch : une profusion qui permet de distinguer des détails invisibles à l'œil nu, selon les promoteurs du projet. Le Jardin des délices et treize autres chefs-d'œuvre du musée du Prado sont disponibles, depuis mardi 13 janvier, en haute résolution sur Google Earth, le site d'images satellites du géant américain de l'Internet. Cette avancée technologique permet "l'accès à des œuvres à n'importe qui et depuis n'importe quel endroit du monde", explique le directeur du célèbre musée madrilène lors de la présentation du projet. "C'est la première fois que cela se fait dans le monde", indique pour sa part le directeur de Google Espagne.

La mise en ligne concerne Les Ménines de Velasquez, Le Jardin des délices de Jérôme Bosch, Les Fusillades du 3 mai de Francisco Goya, Les Trois Grâces de Rubens ou encore Le Chevalier à la main sur la poitrine du Greco.

Pour visualiser les œuvres, il faut positionner le navigateur Google Earth sur le musée du Prado, à Madrid, et ensuite cliquer sur l'icône "Obras maestras" pour ensuite entrer dans chacun des tableaux comme on pourrait le faire avec une loupe. Une reproduction "digitale ne peut se substituer à l'œuvre originale mais permet d'arriver à des détails que jamais on ne pourrait voir à l'œil nu", souligne le directeur du Prado. Chaque tableau a été l'objet de centaines de clichés à très haute résolution, chaque cliché se concentrant sur une partie infime de l'œuvre. Sur La Descente de croix de Roger van der Weyden, on peut voir le réalisme d'une larme perlant à l'œil de saint Jean."

source : Le Monde.fr

mercredi 14 janvier 2009

petit musée de la complaisance



J'ai retrouvé cette vidéo de 1999, réalisée dans des circonstances assez obscures.
En plus, j'avais demandé à la nana qui l'avait tournée de ne pas la diffuser, c'est une honte.
On ne peut pas dire que je sois nostalgique de cette période : je suis bien content de ne plus avoir la clope au bec.
C'est toujours ça de pris, comme disait ma grand-mère.
Qu'elle repose en paix.

mardi 13 janvier 2009

vivre sans ou mourir avec

Ambivalence des sentiments


Hier, je me suis un peu énervé sur le blog d'un dépendant sexuel, et voici les commentaires qui suivaient son article :
(il a depuis fait disparaitre tous les commentaires de son blog, et j'aurais sans doute fait la même chose à sa place si j'étais lui, mais j'étais moi )


Il m'a écrit : "J'ai été contraint de supprimer le dernier message que tu as laissé sur mon blog car il revêtait un caractère un peu trop graphique, explicite. Bref, trop d'information. Ces histoires de doigt dans le rectum n'ont rien d'édifiant ni de spirituel, à mon avis.
Le fait que cette pratique sexuelle soit très stimulante n'indique seulement qu'un plus grand nombre de terminaisons nerveuses se trouve dans cette région du corps. Affirmer que cela prouve l'existence des chakras n'est qu'une interprétation très libre des signaux que t'envoient ton propre corps.
Seule la repentance et l'amour pour Dieu et le prochain conduisent au Salut.
Je préfère la beauté, la noblesse et la simplicité de l'Évangile aux exercices rectaux que tu me proposes. Désolé."
"Si ma réponse te laisse aussi zen que ce que tu donnes à voir, c'est déjà pas mal." lui ai-je répondu.
Il est vrai que le jésuitisme avec lequel je lui suggère de se l'enfoncer profond pour tester son premier chakra ne le cède en rien à la sérénité toute bouddhique par laquelle il doute de la valeur spirituelle de ma démarche, et c'est un grand moment bloggesque de dialogue interreligieux.
En plus, je suis content de le voir aborder une approche scientifique et rationaliste quand ça l'arrange, parce que sur le créationnisme, effectivement ça va pas le faire au prochain Vatican II. Bon, d'ici là, on est d'accord sur l'essentiel : la repentance, l'amour de Dieu et du prochain. Pas nécessairement dans cet ordre-là, mais si on commence à se pignoler là-dessus, on est morts en tant que groupe.
Je me suis rappelé que récemment, un copain mixeur m'avait fait tester de nouvelles enceintes acoustiques achetées par sa boite, et qu'elles s'étaient révélées tellement bonnes qu'on avait momentanément l'impression d'avoir une nouvelles paire d'oreilles, l'amplification des sensations auditives nous propulsant à l'insu de notre plein gré à mi-chemin de l'extase religieuse.
Pareil en regardant du Blu-Ray sur une télé full HD, l'impression d'avoir de nouveaux yeux : un piqué d'image qui enfonce largement la projection sur un écran d'une image argentique, et qui du coup dé-réalise l'impression cinématographique car l'image devient trop nette pour qu'on y croie. Si c'est pas malheureux, toute cette technologie pour se retrouver à côté du rêve pour cause d'overdose d 'information (la quantité de définition de l'image !)
Or, le dépendant sexuel qui cesse de se tirer sur la nouille et renonce même à se branler devant un ordinateur éteint, n'est lui doté ni d'un nouveau zguègue ni même d'une nouvelle compagne (pour peu qu'il en ait eu une, quelque peu délaissée) et il lui faut, en plus de l'ascèse du sevrage, reprendre le chemin vers lui-même, sa vie de traviole et ses idées bancales, celles-là même qu'il chérissait peut-être avant de sombrer dans la compulsion.
D'où de nombreux coups de calgon, sautes d'humeurs et hésitations, bien compréhensibles à ce stade du traitement.
Même si on est loin d'être tous des publicités vivantes pour la sobriété sexuelle, faudrait pas que ce soye la dépendance qui sorte grandie de nos petites chicaneries dans un champ de navets.

lundi 12 janvier 2009

Ca m'est égal

Ca m'est égal d'être un peu mort
Escamoté dessous la terre
Du côté de ceux qui ont tort
D'être plus là pour prendre l'air

Ca m'est égal que plus personne
Sache comment je m'appelai
Tant et tant de téléphones sonnent
Dans des appartements déserts

Ca m'est égal de ne plus voir
gens qui pleurent ni gens qui rient
De rien sentir de rien savoir
D'être un peu de rien dans du gris

Mais je voudrais pourtant savoir
Si quelque part quelqu'un quand même
Se souviendra de mes souvenirs
Ai-je rien oublié de tous ceux que j'aime

Je veux bien partir et être très mort
Mais mes souvenirs seront-ils en vain
Comme au fond des mers les galions pleins d'or
Dormant dans le noir de l'eau sans chemins

Mais nos souvenirs seront-ils en vain

poème de Claude Roy entendu dans l'émission de Philippe Meyer samedi sur france inter
à déclamer les pieds dans un bol de mayonnaise tiède en écoutant Dakota Suite :
j'étais en pleine réflexion sur les mécanismes de protection du moi, ceux qu'on ne fait pas sauter après décision de cesser de croire à son histoire personnelle, et ce mec vient prétendre "ça m'est égal" alors que tout son poème hurle le contraire.
Des fois, les poètes c'est rien que des chochottes.
Je crois que je préfère relire Eckart Tolle, c'est "le mysticisme pour les nuls" question littérature mais y'a pas autocontradiction dans les termes, et justement, je dois composer avec des capacités assez médiocres.
Arf.

samedi 10 janvier 2009

Qu'attendre de 2009 ?



Très cocasse : déniché sur un site amateur de prévisions économiques qu'on pourrait taxer de catastrophiste éclairé, une vraie mine de posters géants pour nous, les désespérés.
Je veux dire, ceux qui croient qu'il n'est pas nécessaire d'entreprendre pour espérer ni de persévérer pour réussir.
Des riches qui caressent l'idée d'être pauvres.


jeudi 8 janvier 2009

Vétéran des guerres psychiques, congue !



Cher journal,
il n'est que temps de prendre de bonnes résolutions pour l'an neuf (9), car vu comment je n'arrive même plus à écrire sans lunettes, il semble que le temps me soit désormais décompté, au lieu de compté, et ça fait une différence qu'il me plait d'estimer sacrée, plutôt que ça craint.
D'ailleurs, même Dieu semble infoutu de déroger aux lois de l'univers tel qu'il l'a créé, même si mon père est bien parti pour s'affranchir du déterminisme.
En tout cas c'est ce qu'il psalmodiait dans les coins sombres de la maison toute la semaine qui a précédé notre départ au ski.
Allons bon.
Il me faisait un peu l'effet que Marlon Brando marmonnant du T.S. Eliot à la fin de Apocalypse Now a dû exercer sur Francis Coppola quand il s'est aperçu que l'acteur était incapable de jouer le rôle qu'il lui avait écrit. Il m'a fallu éviter de le taquiner (mon père, pas Coppola, et encore moins feu Brando) : je ne ricane ni ne condamne, et me suis bien gardé d'attraper la perche enduite de glu et de matérialisme dialectique qu'il me tendait là, me bornant à la lui signaler, reportant à plus tard le slow burning gag sous cape à la voile entre amis triés sur le volet à propos de s'affranchir du déterminisme, d'autant plus que deux nuits plus tard, j'ai réveillé ma compagne en parlant dans mon sommeil et d'après son témoignage, mon dialecte somnanbulique présentait d'étranges accointances avec les mélopées paternelles.
Ben voyons.
Je comprends mieux avoir voulu expier tant d'orgueil transmis par la lignée par une auto-humiliation si constante et si appliquée, à travers les différents âges de ma vie.
Et de jalouser l'amour inconditionnel (de type maternel mais exercé par aucune mère terrestre de ma connaissance), de le confondre en imagination avec l'amour humain et féminin, et d'avoir passé tant de temps dans une terrible bouderie avant d'accepter qu'il n'avait rien à voir avec le bizness* dans lequel j'étais pris.
Pour l'heure, il m'apparaît que seule l'observation et acceptation desdits déterminismes puisse desserrer quelque peu leur joug, donc y'a pas de quoi ricaner, d'abord.
Pour certains des plus encombrants, je m'efforce de passer mon tour, un jour à la fois.
Pouêt-pouêt.
Donc, cette année, ça serait chouette si je me cantonais à pas plus d'une heure d'ordinateur par jour, parce que ça c'est vraiment la plaie, hein, même si je ne retrouve plus cet entrefilet qui m'avait tant frappé sur ce japonais qui s'est suicidé pour échapper à ses emails, et puis d'abord, où échapper à quoi que ce soit ?
Et puis j'ai lu un article bien flippé sur la cyberdépendance en Asie.
Eux, c'est le jeu qui les domine de son vieux puits de mine, plutôt que les conquêtes féminines qui finissent par .jpg, bien que, maintenant que la seule ressource naturelle quasi-inépuisable concevable soit la meuf virtuelle, le développement soutenable prend un autre visage (rires.)

Au ski, je me suis vu et entendu pester contre les Espagnols, qui s'obstinent à ne pas remplir les sièges laissés vacants par les français dans les télésièges à quatre ou six places qui se présentent à eux, ils préfèrent s'agréger par petits groupes ibères et grumeler dans les files d'attente, alors après comment tu veux qu'on fasse l'Europe si déjà on est pas foutus de brinquebaler ensemble dans les agrès de remorquage prévus à cet effet et qu'on se mure dans cette socialité du mépris mutuel héritée d'un autre âge ?
Et puis, au bout de 6 jours de descentes à toute berzingue, l'insatisfaction était toujours plus forte que le désir de poudreuse du début du séjour.
Snniirrffllll.
Nature purement addictive de la vitesse, que ce soit à ski, ou sur les autoroutes de l'information.
(relire du papier plutôt que de l'écran est un bon antidote)
Au ski, j'ai vu aussi combien, en bas des pistes, le tabac était une plante épyphite (= plantes qui poussent en utilisant d'autres plantes comme support) de l'humain. Dire qu'il y a deux ans j'étais comme ça, à m'en griller une à 2400 mêtres d'altitude, sur le tire-fesses, dès que j'en avais la possibilité... je remercie le Ciel que l'obsession m'ait été retirée, tiens, c'est toujours ça de pris.
D'autant plus que j'ai eu ma location inespérée de dernière minute grâce au fait que la dame que j'avais contactée n'avait pas eu le temps de proposer son appartement à des agences pour les fêtes, vu que son mari est en très mauvaise posture à l'hopital avec un cancer du poumon; j'ai retrouvé des petits cigarillos dans l'appartement familial qu'elle nous a loué en direct, qui ne feront plus mal à ce pauvre homme pour lequel j'ai une pensée émue puisque je lui dois une semaine à la neige, et j'ai mené ma petite enquète pour obtenir cette vérité avant-dernière.

Et vaut-il mieux faire rêver les gens ou leur mettre le nez dans la merde ?
Est-ce qu'un jour ils n'y sont pas confrontés, quels que soient leurs efforts pour se dérober à un réel "insoutenable" ? c'est la question que je me suis posé devant l'absurde des programmes télé, que je n'avais pas regardés depuis longtemps, et le soir après 6 heures de ski c'était la seule activité soutenable avec la préparation du kilo de pâtes de semoule de blé dur qu'on engloutissait quotidiennement et la lecture du Lucius Shepard laissé par le père et la mère Noël.
Et j'ai été assez sidéré par l'inanité des émissions, qu'il s'agisse de divertissement ou de pseudo-magazines et reportages, je trouve que le niveau baisse. Vite.
Et c'est carrément les chaines publiques qui donnent le mauvais exemple, en jouant les maisons de retraite complaisantes aux animateurs passés de mode des opérateurs privés, je vais écrire de ce pas à monsieur de Carolis pour lui dire de quel bois je me chauffe.


* Est-il meilleur d'aimer ou d'être aimé ?
Ni l'un ni l'autre si notre taux de cholestérol excède 5,35. (Woody Allen)
Pour aimer Dieu, ou la Nature dans sa perfection, faut pas être rancunier. La Nature nous aime d'un amour inconditionnel, mais ça va pas l'empêcher, par le jeu des déterminismes et du thermostat qu'on lui a tout bouzillé, d'augmenter la température d'un nombre inédit de degrés d'ici peu de temps.
Vas-y, Seigneur, augmente-là dès maintenant d'au moins 10 degrés chez moi, quitte à la baisser d'autant chez ces pauvres africain(e)s, les contraignant à aggraver leur dette extérieure par l'achat massif de bermudas en pilou.
Envoie-moi un signe, putain, que je cesse de jalouser ton amour inconditionnel,
ptdr et tldc !
(
"pété de rire" et tu "l'as dans l'cul" en langage jeune selon Elie Seimoun)

N'empêche que dans le temps, Flo s'était fendue de ce post homérique :

Kaios Kagathos : j'aime cet homme.
Flocrate : "aimer quelqu'un" n'a pas de sens.
KK : Ah bon ?
F : L'aimes-tu pour une qualité qu'il possède ou pour autre chose ?
KK : je l'aime parce qu'il est lui.
F : Ce "lui" tient-il à une qualité spécifique ou à autre chose ?
KK : A autre chose.
F : "Lui" ne dépend donc pas des qualités
KK : assurément non.
F : Donc si demain il perd une jambe tu l'aimeras toujours
KK : Bien sûr
F : Et s'il lui pousse un pelage noir et qu'il se transforme en chauve-souris, tu l'aimeras encore.
KK : Euh... oui.
F : Et en arbre et en montagne ?
KK : Euh... sans doute...
F : Donc il peut être tout et tu l'aimeras encore.
KK : Ben euh...
F : Donc c'est clair, soit ton amour ne tient à aucune de ses qualités et il est universel, soit il tient en fait à des qualités spécifiques, et là ce n'est plus "lui" que tu aimes mais ses qualités, et ça, c'est du bizness, pas de l'amour.
(Explication : le hic c'est que l'ego est un agrégat, donc "personne" ne peut aimer "personne", il n'y a que Dieu qui peut s'aimer lui-même. Donc tout amour qui n'est pas universel n'est pas de l'amour. On a le droit de faire des préférences, mais ce sont des préférences, pas de l'amour (...) Parce que sinon ce serait de l'attachement ou tout au moins une préférence, et là ce serait une autre histoire. L'amour est par nature non-limité. En fait tu te reconnais toi-même en chaque chose, ou plus exactement Dieu se reconnaît lui-même à travers toi. Sans compter que Dieu et toi n'étant pas séparés... bref.

Flo.


les photos sont © Alie (Orrozien malgré lui,
qui m'a souhaité une bonne année pleine de lumière
sans se douter qu'il y en avait pour tout le monde,
suffit de cesser de se planquer dans les coins sombres, où elle ne peut t'atteindre)

mercredi 7 janvier 2009

Sitar et trompinette

Un Erik Truffaz qui sample Jon Hassell ne peut pas être foncièrement mauvais.
(vieux proverbe moldoslovaque)
Trois destinations au choix :
Paris
Benares
Mexico

Pour Gaza, seul l'aller est garanti.