vendredi 16 janvier 2009

il n'est pire sourd



L'Ambient Music, on le sait, est prodigieusement agaçante à ceux qui l'écoutent entre deux portes, alors que c'est parfois un imaginaire sonore stupéfiant qui se tient là, à l'orée de l'oreille.
Pour y convertir quelqu'un dans un climat de sympathie intense, voire l'aider à s'affranchir de ses déterminismes, (cf les commentaires de ce post) il faut sans doute commencer par ruiner sa vie consciente, le placer sous perfusion de Tranxène, l'attacher à son lit devant un bon feu de bois, lui tirer les panards au dessus de l'âtre et lui passer un vieux Klaus Schulze en boucle.
Il y a une chance pour qu'il commence à trouver ça chouette.
Moi j'y suis venu plus par lassitude du reste : après 45 ans, quand ta femme trouve que tu ressembles à ton père, et que tu trouves qu'elle ressemble à sa mère, que tes gosses commencent à te regarder d'un air gêné quand te tentes d'expliquer le pourquoi de tes réactions puériles, tu vas pas te rabattre sur Led Zeppelin, encore moins sur un vieux Thiéfaine : ces disques-là, tu les as tellement écoutés que l'émotion musicale est morte à force d'être serrée et macérée sur ton coeur. Pas même le squelette, il n'en reste que le Fantôme, et même pas du Bengale.
Même John Lee Hooker avec sa guitare en bois d'arbre serait l'occasion d'une saisie mentale : "moi en train d'écouter du blues".
Alors qu'avec l'ambient, musique à priori dégagée des aléas de la construction narrative autres que l'éventuel survol du Grand Canyon à haute altitude, tout est vierge d'émotion rancie, et pas moyen de saisir les nappes sonores, d'abord elles sont enchevêtrées les unes aux z'ôtres, et puis ça fait tout foirer, comme quand on tire la nappe alors que le couvert est mis dessus, et la bouffe dedans.
Au début, quand j'en écoutais, je voyais des américaines entre deux âges essayant de traiter des cancers gynécologiques par la respiration holotropique avec support sonore, mais c'était une hallu issue d'un dérèglement glandulaire rien qu'à moi.
Dans cette catégorie, je suis loin d'être un amateur éclairé, mais étant banni des platines pour mes affinités soupçonnées avec le rayon new-age de la Fnac, je m'en fous; alors j'en suis resté à "Steve Roach über alles" mais j'ai été scotché par ce disque de Donis.
Dommage qu'il y ait depuis très récemment des femmes vénales en petite tenue dans la blog list, du tenancier du site, c'est sans doute la rançon du succès, et ce fieffé et effronté Hefiorel trouve toujours des choses assez étonnantes à nous faire entendre.

10 commentaires:

  1. Excellente musique. Grâce à elle, je te pardonne ta forfaiture d'hier. (Mais c'est quand même bizarre karmiquement. C'est par du travail volé aux autres que tu te fais pardonner d'avoir volé le travail des autres...)

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  2. L'arnaque au pratiquant du téléchargement, c'est que ce disque n'est disponible nulle part, (j'ai cherché sur la fnac et sur amazon) donc ça ne paraît pas si grave que ça d'en emprunter une copie, et de la partager avec quelques amis.
    En attendant que le disque reparaisse.
    Pendant que les maisons de disques plient les gaules.
    Par ailleurs, je ne vois pas ce que j'ai à me faire pardonner. Je reste débiteur sur le plan cosmique, mais j'ai tellement d'affres identitaires quand j'écris ici que j'ai l'impression que rien n'y est de moi, car à bien y songer même mon moi n'est pas de moi (mais faudrait pas que ça sonne comme une excuse)
    En fait je me rappelle que tu m'as suggéré en 2005 de faire un blog où on puisse mettre des commentaires, et je suis là comme une andouille à répondre à tes blagues à deux balles au lieu de faire du karma yoga.

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  3. "Par ailleurs, je ne vois pas ce que j'ai à me faire pardonner"

    C'était une blague (comme tu l'as deviné).

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  4. oui mais alors moi, tu sais je suis le genre à parler de ci et de ça d'un ton léger; à mimer le lâcher prise d'un air enjoué, puis à faire semblant de n'y rien comprendre quand on vient plaisanter chez moi, ce qui est plutôt rare, d'ailleurs.
    Et je pense qu'à partir de n'importe quelle blague, on peut remonter une signifiance, qui, si elle n'était pas en germe chez l'interlocuteur, l'était à coup sûr chez le locuté.
    Je vois des gens se choper des karmas qui n'ont apparemment rien à voir avec ce qu'ils ont intuité de la vie, et ça ressemble plus à une loterie qu'autre chose.
    Du coup le bouddhisme semble plus réaliste que cette justice et cet amour divin qui m'ont énervé chez Spirit, cette lénification totalitaire, comme s'il avait découvert la grâce et qu'il en était oint du soir au matin, mais qui ne me renvoie finalement qu'à ma propre intolérance.
    J'y crois plus quand c'est christophe et ses anges.
    Et en même temps je prie pour que Spirit trouve nos claques vivifiantes, et que pendant qu'il cherche à nous contrer, il pense à autre chose qu'à son obsession.

    Oui j'ai déduit la blague, parce que je voyais pas comment karmiquement un forfait pouvait en racheter un autre.
    Mais je trouve ça marrant de m'interroger sur cette pseudo-légitimité que je m'arroge parfois pour dire des trucs qui me dépassent complètement.
    Et puis si je culpabilise de voler virtuellement de la musique, j'ai qu'à aller acheter des disques.
    C'est quand même génial qu'en trois cliques on puisse croiser ce "donis"
    inconnu des rayonnages.

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  5. "Et je pense qu'à partir de n'importe quelle blague, on peut remonter une signifiance, qui, si elle n'était pas en germe chez l'interlocuteur, l'était à coup sûr chez le locuté".

    Les blagues ne sont jamais innocentes comme chacun sait, mais ça laisse une liberté. On peut juste rigoler grassement, ou alors s'interroger "mais pourquoi il/elle a dit ça" ? Remarque je ne sais pas comment ça marche chez les autres, mais c'est vrai qu'en ce qui me concerne, je fais rarement des blagues au hasard. Il n'empêche que c'est quand même des blagues.

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  6. je me doute bien que quand tu badines, c'est pour dire quelque chose. C'est pas que ça me propulse dans les territoires de l'inquiétude, ça te détend peut-être de lire mes p'tits billets d'humeur entre deux mises au point sur ton blog ?
    si je reprends l'histoire, ça va faire parano mais tant pis, soyons fous, tu m'as vanné sur l'imposture (je volais des billets aux journalistes du monde, que je refourguais au noir sur mon blog, et ce peut-être depuis des temps reculés) ce dont je me suis défendu, et après j'ai commencé à réfléchir "mais qu'est-ce qu'elle veut me dire en fait ? est-ce pour attirer mon attention sur le fait que la chose dite est plus importante que celui qui la dit, moi qui fais des saisies dantesques ? et puis vu mon style, est-ce qu'elle n'est pas au courant que ça se verrait grave si j'empruntais des mots à d'autres, moi qui me planque souvent derrière les siens ?
    comme tu dis, c'est compliqué, la vie. Des fois.

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  7. "ça te détend peut-être de lire mes p'tits billets d'humeur entre deux mises au point sur ton blog ?"

    Absolument. J'aime bien le style. Pour cette raison, je lis avec plus d'attention quand il n'y a pas de guillemets que quand il y en a. En conséquence, j'ai détesté devoir lire avec attention un article du Monde, que j'ai été scandalisée de re-découvrir sur le site du Monde. Comme qui dirait "on nous a trompés !".
    Donc, je me suis vengée de cette imposture à l'aide de sous-entendus obscurs, en me disant que puisque tu étais parano avec plein de trucs à te reprocher, ça allait forcément soulever un lièvre, à la discrétion de ton inconscient.
    Je dois avouer que j'ai été agréablement surprise du résultat.

    Cela dit, tu en tireras de grands bienfaits si tu es capable de voir que c'est comme ça que les filles se vengent, en général.

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  8. Tu sais, c'est quand même plus confortable pour moi d'être là à te laisser compter les lièvres de mon inconscient que de faire n'importe quoi d'autre, y compris discuter sur ton blog des mérites qu'il y aurait à laisser SBB empapaouter mes gosses.
    Faut dire que l'auto-addiction ou la dévotion, il faut choisir. D'ailleurs j'ai bien aimé la distinction entre les buts "être réalisé" et "faire l'union avec dieu" qui a récemment émergé du pugilat.
    En ce qui concerne mon style, pour lequel tu as toujours confessé un faible, je crois que toute la leçon que tu essayes de me transmettre c'est qu'il n'est rien s'il n'est mis "au service de".
    La preuve.

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  9. "En ce qui concerne mon style, pour lequel tu as toujours confessé un faible, je crois que toute la leçon que tu essayes de me transmettre c'est qu'il n'est rien s'il n'est mis "au service de""

    Ben en fait j'avais adoré le post sur l'oncle. C'est dommage que tu n'en écrives pas plus des comme ça. Il y avait de l'humour, mais pas trop pour tout noyer, et plein d'autres choses. ça pourrait ressembler à un bon film français. Là c'était avec Christophe Lambert dans le rôle de Christophe, et Michel Serrault, dans le rôle de l'oncle.

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  10. Tu es la deuxième personne qui me dit ça en deux jours, donc c'est décidé, je vais aller m'installer chez mon oncle, puisque c'est quand je sors de chez moi que ma vocation d'écrivain compulsif pas très anonyme s'épanouit le mieux.
    C'est ma femme qui va être contente, parce que ces temps-ci, la fée de la bonne humeur s'est penchée sur mon berceau et elle a tout vomi.
    Chez mon oncle (maternel) mon ambivalence (masculine) n'a pas à se perdre dans le mental pour tomber du bon côté. Mais notons aussi que vouloir être à la hauteur de ce désormais légendaire billet "un dimanche de toussaint" serait la voie la plus radicale pour ne plus jamais en écrire un aussi bon. Snif.
    La plupart du temps, je ne fais que pisser à blanc sur la neige noire de mon blog, et je vais même jusqu'à bourrer le fond de mes godasses avec des vieux journaux, comme tu me l'as mutinement fait remarquer.
    Au passage, je retiens que se faire pardonner d'avoir volé le travail des autres par du travail volé aux autres, c'est tout à fait l'attitude qu'on retrouve sur les forums de téléchargement participatifs : on espère diluer la responsabilité du vol en la reportant sur autrui en partageant le fruit de ses rapines. J'étais à deux doigts de monter un blog parallèle pour écouler incunables musicaux et bédés indispensables qui me brûlent les doigts, mais cette discussion m'y fait réfléchir à deux fois.

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