jeudi 12 juillet 2012

Climatique

J'ai des amis qui viennent faire un peu de musique à la maison à la fin du mois, je voulais leur faire faire un peu de tourisme, mais vu la météo, je vais plutôt leur montrer la vidéo de ce qui se passe sur l'estuaire en ce moment.

Estuaire. Dialogue fertile avec la Loire par paysdelaloire

mardi 10 juillet 2012

La Pure Expression du Spleen

The Bug - Catch A Fire (Official Video) from Ninja Tune on Vimeo.


Kids killing children outside my door step
Gun shot, gun’s hot, knife rules, knifes cruel
Blue lights are haunting me everyday and every night
Police shoot, police loot, police lies, police spy
Catch a fire, catch a fire
Start a fire, start a fire
Light a fire, light a fire
Burn a fire, burn a fire
White collar vampires sucking blood from London streets
Black money, stealing honey, blood money, not funny
Let’s clean this city with burning flames of fire
Crack heads, piss heads, hood rats, undead
Catch a fire, catch a fire
Start a fire, start a fire
Light a fire, light a fire
Burn a fire, burn a fire
Everybody knows that violence grows
This city drives me crazy and skitzoid
Let’s clean this city with burning flames of fire
Crack heads, piss heads, hood rats, undead.

Je l'ai réécouté ce soir en faisant mon repassage, c'est vraiment l'expression musicale la plus pure du spleen contemporain. En Angleterre, il fait un temps à poser des bombes, mais comme ils ont vus leurs ainés trébucher sur l'écueil de la violence, les jeunes préfèrent se languir et se ruiner la santé sur des musiques tristounettes.
Comme ça le gouvernement a les mains libres pour sabrer les programmes sociaux.
Cool !

samedi 7 juillet 2012

Se réconcilier avec la Science, mais avec la Fiction aussi

 Après Prométhéus, où Ridley Scott fait subir les outrages du soudard de passage ce soir dans votre ville à la Vieille Dame qu'est devenue la Science-Fiction, je reprends un livre de SF que j'ai déjà essayé de lire 3 ou 4 fois cette année, sans jamais dépasser la page 200.
Trop difficile, trop confus.
Même pour un Dickien dans mon genre, moi qui fus geek 30 ans avant les ordinateurs individuels, du temps où il n'y avait que les livres de Jules Verne pour se défoncer. A un âge où la seule survie véritable passe par les livres, parce qu'ils sont les preuves vivantes qu'il existe une multitude d'autres places dans le monde que celle qui nous a été assignée et qui nous fait souffrir, pour reprendre Nelly Kaprièlian.
Il faut dire que le narrateur a été amputé d'une moitié de cerveau, suite à une épilepsie handicapante.
Ca n'aide pas à écrire des histoires sur l'incommunicabilité, quand on est un autiste hyper-spécialisé enfermé dans un vaisseau spatial commandé par un Vampire parti à la rencontre d'Etrangers qui se révèlent avoir fait l'économie de la Conscience de soi au cours de leur évolution, et qui sont donc beaucoup plus adaptés à la survie, et qui sortent gagnants haut la main de la confrontation.
Et que je te ponde des pages indigestes mais vivaces de méditations philosophiques :
"Nous explorons des domaines au-delà de la simple compréhension humaine. Parfois ses contours sont tout simplement trop complexes pour nos cerveaux, à d'autres moments ses axes même s'étendent dans des dimensions que sont incapables de concevoir des esprits construits pour baiser et se battre sur des prairies préhistoriques. Tant de choses nous contraignent, dans tant de directions. Les philosophies les plus altruistes et les plus viables échouent face à l'intérêt personnel, cet impératif brutal du tronc cérébral."
C'est pas avec ça qu'on va en vendre des caisses.
L'heure est grave : d'un côté, la littérature d'anticipation est agonisante, au profit de l'héroic fantasy qui l'a détronée sur les stands des libraires (ceux qui ont survécu à la Grande Peste Amazon, qui a suivi la Pandémie Fnac)(1)
Les écrivains ne sont plus traduits, les éditeurs périclitent.
Le lectorat vieillit.
De l'autre, le cinéma de SF ne décolle pas, du fait de cette invasion de superhéros en slips.
La prospective, on la trouve maintenant dans les revues de décroissance.
Qu'est-il arrivé aux idées SF ?
Quand le genre triomphe, dans les années 60/70, c'est un formidable outil de futurologie et d'anticipation.
Peu d'utopies, beaucoup d'enfers.
Certains sont advenus, d'autres attendent dans les limbes.
On n'est pas pressés.
Après j'ai un peu décroché, avec l'irruption des romans hard science, cyberpunk, j'ai lu quelques auteurs mais j'avais cessé d'en tirer ma substance vitale.
Peter Watts tire un feu d'artifice de théories empruntées aux dernières trouvailles de la neurologie, des sciences cognitives, empruntant à la physique, aux idées trainant ici et là sur l'évolution de la Vie sur Terre et Ailleurs, et sa postface bourrée de références est plus instructive que le roman lui-même, qui ne sert que de plateforme de tir à ses petits jeux de l'esprit sur la nature de la conscience.
Au service d'une humeur asses sombre : comme l'auteur le rappelle dans la postface, "la sélection naturelle prend du temps, et le hasard y joue un rôle. Si nous sommes à ce point inaptes, pourquoi n'avons-nous pas disparu ? Pourquoi ? Parce que la partie n'est pas terminée. La partie n'est jamais terminée, aussi ne peut-il y avoir de gagnants. Il n'y a que ceux qui n'ont pas encore perdu."
Aah, au moins là on est en terrain connu.
Ouf.
Et il y a quand même de quoi faire pleurer une armée de scénaristes et de producteurs de blockbusters aromatisés SF.

(1) Après avoir survécu à la saison 2 du Trône de Fer sans bailler, moi je dis que l'héroic fantasy c'est jamais que la énième resucée des Rois Maudits, luttes de pouvoir, guerres fratricides, incestes royaux et alliances contre nature, félonies et corruption du clergé, avec un zeste de concubines, un brin de gore et éventuellement un saupoudrage de magie noire.
D'ailleurs Georges R.R. Martin écrivait de la SF quand j'étais petit, d'ailleurs assez bonne, et comme Brussolo en France il a dû trouver que ça ne mettait pas assez de beurre dans les épinards s'il voulait vivre de sa plume.

samedi 30 juin 2012

Inconditionnel


Hier après midi, il faisait chaud, j'ai ouvert la fenêtre du bureau, qui donne sur la cour intérieure d'un vieil immeuble, qui n'a pas été ravalée depuis que Dickens a écrit Oliver Twist.
Vers 18 h 30, quelle ne fut pas ma surprise d'entendre monter d'un appartement voisin des halètements équivoques, j'ai d'abord cru que quelqu'un matait une cassette, bientôt suivis de "Oui, oui, oui !"  propres à dissiper toute équivoque précédente, acoustiquement poussés par une gorge féminine.
On imagine aisément le monsieur, si c'en était un, partagé entre la gêne à l'idée de mettre de l'animation dans l'immeuble avec une compagne de jeux si volubile, et le plaisir de participer à un tremblement de terre sexuel de magnitude 6.
Ca a duré ce que ça a duré, puis d'un autre étage sont parvenus les cris d'une africaine sur ses gosses qui n'avaient pas fait leurs devoirs. Après l'extase, la lessive, la vie continue.
Vu de ma fenêtre, il semble y avoir un différentiel organique de jouissance homme/femme, qui n'est que partiellement compensé par notre miséricordieuse faculté à nous trouver gratifiés par le plaisir de l'Autre.
Quand j'étais un bon coup, j'avais remarqué cette propension à l'embrasement chez ma partenaire, et même si je restais à terre, j'étais content de lui offrir ce voyage dans les hautes sphères.
Pas d'échappatoire : ce "Oui ! " d'union totale avec la vie et d'acceptation inconditionnelle de la situation présente, à faire pâlir Eckardt Tolle, chaque mâle de notre espèce ressent une légitime fierté à le voir éclore, bien qu'il n'y participe que comme cause contributive, j'allais dire comme second couteau.
C'est légèrement addictif, ce truc : comme ce "Oui" ne s'exprime que dans des circonstances d'intimité particulière et laisse aux messieurs un goût de Revenez-y, c'est la porte ouverte à toutes les errances.
Comme je vois que je commence à généraliser, et que je ne vais pas tarder à jalouser ce "Oui" que j'aimerais bien dire à la Vie même au prix du dérèglement des sens, mais je pense que ça ne marche pas comme ça chez les mecs, je m'arrête là.


mardi 26 juin 2012

Et j'ai crié, crié-é, "Alien !", pour qu'il revienne...

La blogosphère vibre encore d'immenses clameurs de dépit à la vision de Prometheus, le film de Ridley Scott qui est censé être le "début" d'Alien.
Ce que tous ces Tintins sans Milou, reporters-pamphlétaires de leur propre indignation, semblent reprocher au film, c'est d'avoir laissé en chemin l'enthousiasme de leur jeunesse, comme dans ce célèbre dessin de Xavier Gorce, dans lequel on peut remplacer le mot "Ecole" par quasiment n'importe quoi.
En l'occurence "Alien", ça marche.


J'ai voulu constater les dégâts par moi-même, au péril de ma soirée du Samedi, habituellement consacrée à somnoler en famille devant des blockbusters tout public soigneusement chapardés sur des trackers privés.
Pas très loin de chez moi, il y avait une séance en 3D à 22 heures, dans une de ces zônes suburbaines douloureusement désertées de toute humanité architecturale et environnementale, faites d'un empilement  anarchique d'enseignes de la grande distribution, de faux restaurants ethniques et de commerces entièrement dédiés à l'équipement de jardin ou aux loisirs sportifs, qui n'est pas sans rappeler l'exubérance de Durbar Square, cette foire-expo de la religion constituée d'une stratification étalée sur 4000 ans  de temples bouddhistes, jaïns, shintoïstes et d'autres religions niaquouées improbables qu'on trouve dans la banlieue de Katmandou si on n'est pas feignant et qu'on visionne d'un index las au début de Baraka si on a peur d'attraper des maladies.
Mais retournons au cinéma.
L'avant-programme était entièrement constitué de courts métrages publicitaires consacrés aux smartphones, qui m'ont rempli d'une épouvante philosophique supérieure en qualité et en intensité à celle que j'ai pu ressentir pendant le film proprement dit. 
Glorification du Vide, palimpsestes de désirs d'ubiquité omnipotente.
Second moment de terreur pure : pendant le générique de début de Prometheus, je comprends rapidement que mes lunettes 3D présentent un dysfonctionnement important, puisque j'y vois tout gogol et que ça clignote à mort. alors que mes voisins de rangée arborent des visages impassibles, ce qui prouve que leurs lunettes marchent, à ces bâtards.
Je dois m'arracher à mon fauteuil et courir à la caisse, où l'on m'explique que c'est normal, les lunettes marchent avec des piles et elles doivent être déchargées, tenez en voici une autre paire, et je regagne mon siège à petites foulées, maudissant cette technologie qui a pourtant suscité mon déplacement rarissime dans une salle obscure.
Quand même, ils pourraient mettre un panneau d'information décrivant les symptômes et le remède, au lieu de nous faire sombrer dans la paranoïa sur la déficience de notre vision.
Réflexe de client, pour lequel je me maudis derechef.
Du coup, j'ai raté le générique, qui explique tout et qui n'explique rien, mais heureusement, j'en ai trouvé une version exotérique sur ce blog.
Sinon, le relief au cinéma c'est rigolo, mais déréalisant : j'ai l'impression de regarder un film sous l'eau à travers un masque de plongée, qui truanderait les perspectives. 
Pour peu qu'il y ait une bonne histoire et des acteurs convaincants, on râlerait d'être ainsi tenu à distance, par rapport à un film normal où l'on s'absorbe dans l'écran.
C'est heureusement rarement le cas.
La technologie tue dans l'oeuf le surcroit de réalisme qu'elle est censée procurer.
Fouchtra la cagasse !
Est-ce pour cela que Ridley Scott assassine son film, qui n'est jamais aussi malade qu'on rêverait de le voir, et surtout de le croire ?
Personnages réduits à l'état d'ersatz d'épures, métaphysique infantile et grotesque, pyrotechnie pompière.
Fallait peut-être confier le bébé à Cronenberg.
J'ai pas spoilé, et y'a pas de quoi être fier.