samedi 5 décembre 2015

Retrouvé dans ma poubelle

Si Daniel fait mes poubelles pour écrire ses posts, je ne vois pas pourquoi je me gênerais.
J'ai assez longtemps recyclé les siennes.
Donc voici un post de 2011, publié à compte d'auteur sur un forum de branleurs abstinents hyper-secret.
 
En ce moment je lis "2666", un roman de Roberto Bolano qui prend pour cadre la ville mexicaine de Ciudad Juarez ( plus de 400 femmes assassinées dans des conditions atroces depuis 1994 et peu d'affaires résolues ), plus de 1200 pages en folio, curieusement écrites avec un détachement émotionnel absolu... J'ai laissé tomber les Ellroy et plus généralement les polars, je trouvais ça inutilement affreux et mal écrit, un truc pour effrayer le bourgeois à peu de frais, peu d'intérêt nutritionnel (c'est important de trouver de quoi se mettre sous la dent sur le plan spirituel dans ce qu'on lit), là je me demande si je ne me suis pas fait enfler par mon libraire sous le couvert de littérature générale et exotique.
Depuis un an ou deux, je reviens à mes premières amours : avant d'être un geek, j'étais un gros cannibale lecteur de romans, trapus et parfois peu engageants, redécouvrant que la littérature et ses mensonges ciselés, y'a vraiment que ça de vrai, à partir du moment où tu acceptes le pacte implicite passé avec l'écrivain de rentrer dans son univers, lui pénétrant dans le tien…alors que j'ai 1500 films et séries téléchargées dans mon disque dur qui n'attendent que d'être vues d'un simple click...
Je résiste à cette saloperie de "vie digitale intense" telle qu'elle est décrite dans la dernière publicité d'Orange. Dépéchons-nous de lire du papier avant qu'ils nous mettent des livres électroniques jusque dans les chiottes !En plus on peut facilement lire dans les chiottes.Alors que pour se torcher le cul avec un  e-book…
Bref. Du coup je retombe sur le webdocumentaire produit par Upian sur Ciudad Juarez et sur le site d'Upian, j'en découvre d'autres, dont un assez réussi, et ça me fait penser que le support cd-rom est devenu obsolète avant que les plate-formes soient prêtes pour en accueillir les contenus, et finalement c'est tout fluide sur l'internénette haut débile…
Autre genre, la Science Fiction va mal, rongée par une crise du lectorat, qui vieillit, passe à autre chose, meurt… et les éditeurs passent à la fantasy ou à la bit-lit, qui n'est pas ce que vous pensez et qui se vend mieux que Philip K. Dick (dont tout pornographe repenti devrait avoir lu Le Dieu Venu du Centaure, au minimum.)
Je lisais beaucoup de SF quand j'étais petit.
Sur le forum du cafard cosmique, des auteurs reconnus et des lecteurs tenaces échangent des propos acidulés et décalés dont cet échange à propos des excès de la vie digitale : 
"Le fait qu'il y ai de bons acteurs pourrait encore à la rigueur donner envie d'aller voir le film afin qu'ils soient rémunérés en conséquence, et que cela leur donne la motivation de continuer, mais l'écart entre leurs bénefs et ceux des grands pontes est tellement terrifiant que je préfère garder mon fric. Toutefois ce n'est pas pour ça qu'il ne faut pas aller le voir, j'ai toujours bien aimé les Harry Potter....Téléchargés.
- Je ne comprends pas... Tu ne veux pas payer pour les films Harry Potter, mais tu les aimes bien? Genre tu vas aux putes, tu t'amuses bien, et au moment de payer tu t'enfuis en sautillant, le pantalons sur les chevilles, parce que les macs c'est vraiment des connards ? je suis choqué."
L'esprit souffle où il veut et l'intelligence est toujours un régal pour l'intelligence, où qu'elle se manifeste. 
C'est comme si la conscience se reconnaissait elle-même et se saluait.

vendredi 4 décembre 2015

Quand les Américains s'essayent à la "French Touch"



Je lisais l’autre soir dans le courrier des lecteurs de Télérama :

« Les medias, je vous en prie, gardez l’anonymat des bourreaux et mettez un visage sur les victimes.
« Le martyre, c’est le seul moyen de devenir célèbre quand on n’a pas de talent » (Desproges) »

Hé ben les mecs du Los Angeles Times, ils doivent lire Télérama, dis donc.

http://www.latimes.com/local/lanow/la-me-ln-san-bernardino-shooting-victims-htmlstory.html


Pour l'instant, on mène encore la partie : 130 à 14.
Mais il faut rester prudents, la FIFA a du plomb dans l'aile, et les Ricains savent faire les choses en grand quand ils sont motivés.
De mémoire, pris dans un orage dans l'Utah, mon fils avait finement observé que "même les gouttes d'eau étaient plus grosses" (sic)

http://www.lemonde.fr/attaques-a-paris/visuel/2015/11/25/enmemoire_4817200_4809495.html


Et la Bonne Bière rouvre ses portes, lol.


De quoi faire prendre un coup de sang au gérant du Café Death Porc.





http://johnwarsen.blogspot.fr/2015/01/impunite-sentiment-d.html

Sinon, pour changer d'R :
19/ ouvrir la fenêtre

28 bis/ sortir faire un tour et écouter le chant des oiseaux, qui se fichent bien de nos petites combines & autres arrangements avec les Morts et les Vivants

44 ter / lire Piketty.

127 / prier pour Scott Weiland, sans doute encore en pyjama dans les bardos à l'heure où nous mettons sous presse.


Edit : 

les nouvelles du soir.


Pour ne rien vous casher, elles ressemblent à celles d'hier comme une vieille pute défraichie se ressemble à elle-même.
(je m'excuse s'il y a parmi mes lectrices des v.p.d, je peux parfois avoir des propos stigmatisants à l'insu de mon plein gré)
J'hésite quand même à voter nuisible dimanche, je fais assez de mauvais esprit comme ça.
Serais-je en train de m'asculer du côté absconobscur de la Farce ?
Ma mère m'avait bien dit de ne pas lire le Néonomicon.

Allahin Soral me vienne en aide.

http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/12/04/le-front-national-cette-imposture_4824550_3232.html

http://www.lemonde.fr/elections-regionales-2015/article/2015/12/03/le-fn-en-tete-des-intentions-de-vote-dans-six-regions_4822959_4640869.html

http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2015/12/04/tuerie-en-californie-la-femme-avait-fait-allegeance-a-l-etat-islamique-sur-facebook_4824912_3222.html

http://www.lemonde.fr/elections-regionales-2015/article/2015/12/04/regionales-l-extreme-droite-contamine-la-campagne_4824098_4640869.html

mercredi 2 décembre 2015

Rions un peu avec Luchien (d'infidèle)


« S’ils sont venus chez lui, c’est qu’il y avait quelque chose »

Pauvre Luchien...






but seriously...
How Will I Laugh Tomorrow 
When I Can't Even Smile Today ?

surtout si je pense à la terrible solitude de la France face à Daech.

Chérie, c'est la guerre !






mardi 1 décembre 2015

La course contre la honte (2/4)

Tu sais maintenant que tu ne trouveras jamais le bonheur dans le porno : ça serait déjà fait.
C'est pas la peine de lutter, c'est perdu d'avance, et c'est en renonçant à ce combat que je sauve mes fesses par tranches de 24 heures. 
Tous, ici, on apprend à faire ça. Même si au départ on s'en croit incapable.
Au début, d'ailleurs, ça nous arrange : quand on tombe, on tombe de moins haut. 
Mais au fur et à mesure que le temps passe, on en voit qui gardent la tête hors de l'eau plus longtemps que d'habitude, et au bout d'un moment on voit pas pourquoi on n'y arriverait pas non plus tellement la méthode est simple : un jour à la fois.
 Une heure à la fois.
 Un instant à la fois. 
S'éloigner de l'ordi, sortir de chez soi, lire, écouter de la musique, faire du yoga, écraser des trolls sur son blog, toutes les actions qui nous éloignent de notre terrible obsession et de la frustration qui nous y replonge.

J'essaye de comprendre ce qu'elles veulent me dire, mes frustrations, elles sont là pour me rappeler d'essayer de mettre dans ma vie ce qui lui manque, au lieu d'aller compulser, ce qui renforcerait la tristesse, le dépit, le mépris de mes besoins réels, enfin bref tout ce qui fait que les marchands de cul nous tenaient par les couilles et que peu à peu l'étau se desserre, et je peux te dire que ça fait du bien.
On respire.


Comme on dit aux AA, tourne tes yeux vers la lumière, même si tu ne la vois pas encore.

Si tu n'y arrives pas tout seul et si tu te noies dans les forums, c'est parce que sur Internet, le problème principal, c'est que le lieu de rétablissement est confondu avec l'objet même de la dépendance, comme le dit bruno69.

Va te faire aider. Retourne voir ton psy, cherches-en un autre, débranche ton pécé avant de perdre ce que tu crois posséder mais qui en fait te possède et t'aliène 2, et te donne envie de pleurer, et de crever. Et comme tu ne peux faire ni l'un ni l'autre, tu retournes te planquer dans ton trou. Mais dans ton trou, ça pue, même toi l'odeur te fait suffoquer.
Alors tu reviens sur les forums, et t'as l'impression que l'enquète piétine, bien qu'on connaisse d'avance l'assassin et le mobile du crime.
 Evidemment que c'est facile pour moi de te le dire, du haut de mes 6 mois patati patata. 



Durée d'abstinence mon cul, on est toujours ici à un clic du pétage de gueule.
Pas plus, pas moins.
Essaye de conserver ce click d'avance.
Pour aujourd'hui. 


Aux heures de marée haute de la pulsion sexuelle,
on remet son ciré, et bientôt on voit la crue se tasser. 

Gars, se dégouter c'est préparer la rechute par auto-apitoiement.
J'accepte mon passé sans en être suffoqué : déjà qu'il va mettre un moment à passer, si à chaque fois qu'il me remonte à la gorge je dois vomir, on s'en sort pas.
 Il n'y a que l'abstinence à long terme qui permette de se débarasser de cet encombrant mépris pour soi-même.
Comme le disait Orroz,"ne culpabilise pas. Tu n'es ni un monstre, ni un pervers, mais bien une victime de cette société trop permissive qui s'est laissée avoir par la "libération sexuelle" et l'invasion de la pornographie. Mais tu es aussi une victime consentante, et c'est cela qu'il faut d'abord traiter. Tu as fait le premier pas en venant sur ce Forum, à toi de faire tous les autres en te sevrant."

J'aime bien ce terme de victime consentante : il faut commencer par cesser de consentir.
Et continuer.

Accidentellement, nous pouvons croiser des images.
De loin, et sans réponse de notre part, elles nous rappellent le rapport de dépendance que nous avions avec elles. Pas de blâme, pas d'angoisse : le sevrage fait qu'on se sent détaché de ces représentations. On râle sur l'image de la femme symbole de consommation entre les mains des publicitaires, mais ce n'est plus un problème personnel.

De près, ça veut dire qu'on s'est rapproché, un peu trop sans doute.
Il est peut-être encore temps de prendre du recul : 
ces images ne sont que le support de projections émotionnelles.

Qu'appelles-tu la libération du désir ? ne plus lui être asservi ? L'abus de porno est une bonne occasion de se rendre compte que la nature du désir est de rester inassouvi, ou de changer d'objet : si on croit qu'il appelle sa propre réalisation, hop ! il s'en va se nicher ailleurs.


Quand Orroz dit "18 mois pour être peinard", ça veut pas dire qu'après, tu peux "reprendre une activité normale" avec ces sacrées images.

Imagines-tu un toxico à l'héro qui, longtemps après son sevrage s'offre un petit shoot d'usager "récréatif" ?Plus je me protège, moins j'ai envie de me satisfaire avec de la merde ou devenir l'otage de mon dépit. Et plus j'ai envie de conserver mon énergie pour des choses qui valent le coup.
Et de retrouver le respect de moi et des autres; et les jours où ça me gratte, je me dis que ça me passera, ou je recherche les raisons de cette excitation sexuelle dont je sais qu'elle est passagère (plus on abstine et plus on pige comment ça marche) et je demande à l'esprit de l'univers de me désencombrer de ce truc dont je ne sais que faire.
Je m'en remets à ce dieu farceur qui m'a conçu couillu pour m'apprendre le sens de l'humour...et le lâcher prise.

Avant le porno, je me rappelle cette recherche d'un plaisir partagé, ce besoin d'un échange où l'on donne du plaisir avant de le recevoir. 
La compulsion ayant brouillé les cartes et arraché toute la tuyauterie, cette magie est longue à revenir. 
Quelle que soit la difficulté du sevrage, chercher à "soulager la tension" n'est pas pour moi une raison assez bonne pour m'engager dans un rapport qui ne peut se contenter d'être sexuel (sinon autant continuer à se branler !)

Un des effets secondaires de l'abstinence continue, c'est que ça m'est devenu indifférent (intellectuellement) de faire l'amour ou pas.
Bien sûr j'en ai souvent envie, bien sûr je recherche l'intimité, qui en est le prémisse, mais sachant que les moments où je cherche réellement l'échange me semblent encore rares, j'ai dévalorisé mes propres attentes.
L'abstinence n'est pas une discipline olympique, je ne me prends pas pour un performer de l'ascèse, simplement me rappeler d'où je viens me permet de relativiser l'urgence de ma demande.

lundi 30 novembre 2015

Le transhumanisme, une religion 3.0


LE MONDE SCIENCE ET TECHNO | 02.11.2015

Par Laurent Alexandre (chirurgien urologue, président de DNAVision)


Les religions ont connu trois étapes. D’abord, les polythéismes, suite logique du chamanisme, qui ont culminé sous les Romains et les Grecs. Ensuite, le monothéisme des religions du ­Livre. Aujourd’hui émerge un troisième âge : l’homme-dieu. Pour les transhumanistes, la boutade de Serge Gainsbourg – « Les hommes ont créé Dieu, le contraire reste à prouver » – est une évidence. Dieu n’existe pas encore : il sera l’homme de demain, doté de pouvoirs quasi-infinis grâce aux nanotechnologies, biotechnologies, ­informatique et sciences cognitives (NBIC).


L’homme va réaliser ce que seuls les dieux étaient supposés pouvoir faire : créer la vie, modifier notre ­génome, reprogrammer notre cerveau et euthanasier la mort. Ray Kurzweil, ingénieur en chef de Google, a déclaré en octobre : « Dès les années 2030, nous ­allons, grâce à l’hybridation de nos cerveaux avec des nano-composants électroniques, disposer d’un pouvoir ­démiurgique (Godlike). » Cette vision de l’homme du ­futur, tout-puissant et immortel, rappelle les scénarios hollywoodiens du type Transcendance (Wally Pfister, 2014) et fait sourire. Elle traduit toutefois un mouvement de fond. Pour la première fois, un mouvement philosophique prétend arracher l’homme à sa condition d’objet ballotté par la nature et la transcendance pour lui donner un rôle moteur dans l’évolution.

Modifier le destin de l’Univers

Certains transhumanistes, comme le philosophe ­Clément Vidal, envisagent même de se servir de nos futurs pouvoirs pour modifier le destin de l’Univers tout entier. Pour les transhumanistes, il serait rationnel, et non d’une vanité ultime, de rendre l’Univers immortel pour assurer notre propre immortalité. En réalité, le transhumanisme traduit, comme pour les religions polythéistes et monothéistes, les interrelations entre nos capacités et nos croyances. Une religion prométhéenne exaltant la toute-puissance de l’homme face aux éléments était inconcevable avant le triomphe des NBIC.
Les religions actuelles veulent bien nous aider à supporter notre mort – dans la foi –, mais en aucun cas nous aider à la supprimer ! Pour la plupart des trans­humanistes, les NBIC vont décrédibiliser Dieu et le remplacer par l’homme-cyborg. La religion de la technologie est-elle en train de remplacer la religion traditionnelle ? Y aura-t-il de violentes oppositions, voire des guerres de religions entre transhumanistes et techno-conservateurs, ou une transition douce ? En fait, de premiers ponts apparaissent entre transhumanisme et religion : le dalaï-lama se passionne pour la neuro-théologie et le contrôle cérébral des sentiments religieux. Le bouddhisme sera-t-il la religion intermédiaire avant l’ère transhumaniste ?
Ce troisième âge religieux est lourd de menaces. Dans sa passionnante conférence de 1972, à l’université de Louvain, Jacques Lacan expliquait pourquoi la mort nous aide à vivre et pourquoi la vie serait terrifiante si elle était sans fin. Quand tout est possible, l’être ­humain devient fou. La psychanalyse nous a appris à quel point l’absence de contraintes est source de ­désarroi. L’idéologie transhumaniste, qui magnifie nos fantasmes de toute-puissance, est porteuse de bien des pathologies psychiatriques. Le transhumain vivra dans l’illusion de sa toute-puissance, qui est ­mortifère pour notre psychisme. Une chose est sûre, les psychiatres ne vont pas chômer !


dimanche 29 novembre 2015

La course contre la honte (1/4)

NOTES POUR TÉMOIGNAGES à l'espace B* –  LE 23/02/14
(suite du post sur l'addiction pornoïque)

Pendant des années, j'ai caressé l'idée que c'était effectivement irréversible. Ca m'arrangeait bien, ou plutôt ça arrangeait bien le singe que je portais sur le dos et qui, avec des idées comme ça, était certain d'avoir à becqueter tous les jours. 
Je peux pas te dire que ça se soit fait en un jour avec la grande lumière et tout le tremblement. Il y a eu la prise de conscience progressive de tout ce que j'étais en train de perdre et de foutre en l'air : ma vie et celle des miens. 
Le déclic déterminant, ça a été le forum d'Orroz : au lieu de rechercher les causes personnelles, que je savais ne pouvoir atteindre sans l'aide d'un psy, je découvrais le dénominateur commun : le porno m'avait vaincu, mais j'étais pas le seul. 
D'autres témoignaient avoir été totalement sanibroyés par le même produit. 
Dans les premiers temps du sevrage, même avec des rechutes, il faut s'accrocher au connu : le contenu du site d'Orroz, et les témoignages qui convergent de partout. On sait qu'on ne vivra plus jamais la dépendance dans la résignation parce qu'on apprend qu'on peut échapper à ce mensonge un jour à la fois en se rappelant que c'en est un, et qu'il est inutile de le faire perdurer : la souffrance l'emporte immanquablement sur le plaisir.
Dès qu'on se casse la gueule, il faut l'admettre, surmonter le dégoût qu'on s'inspire car ce n'est jamais que de l'orgueil mal placé à accepter son impuissance, et recommencer le sevrage. 


 Tu peux fréquenter tous les forums du monde, et tous te serineront les mêmes évidences. A quoi bon lutter ? si tu admets la défaite, tu prends les mesures pour te protéger. Les ruses que nous mettons en place pour succomber à notre passion fatale, c'est de l'intelligence gaspillée. Tu dis "je m'arrangeais pour me retrouver 3 heures durant devant mon ordinateur et jouir des plaisirs virtuels que le web nous propose. Le même rituel à chaque fois, profonde respiration, plonger dans le porno et les cam", tu peux te poser la question : ton plaisir est-il virtuel ou réel ? es-tu toi-même quand tu te branles, ou t'estimes-tu victime d'une illusion ? quand tu prends ta profonde respiration, est-ce que tu pourrais pas en profiter pour NE PAS plonger dans le grand bain de merde dont tu ne peux ressortir que sali, honteux et encore plus frustré après qu'avant ? voir à ce sujet la méthode respiratoire de super guerrier 3000, que je trouve c'est le cas de le dire, bien inspirée.



N'oubliez pas que le désir ou le sentiment de toute-puissance que nous exerçons sur nous ou les autres n’est que la dégradation de cet état originel non-séparé (d’avec nous-mêmes) que nous cherchons à retrouver. 
Le désir de puissance n’est que la dégradation de la dégradation de la nature originelle. Qui s’étonnerait alors qu’il soit si bien accroché ?
 Les cyberdépendants combattent leur désir. Pas de chance, le désir de la pétasse sur un écran n’est que la dégradation de quelque chose de plus haut, car la jouissance sexuelle n’est qu’une version dégradée de la béatitude produite par l’union de la clarté et de la vacuité. Autrement dit, rejeter le désir, c’est jeter l’échelle qui nous permet de remonter à notre vraie nature. Et ça ne peut pas marcher.

(emprunt à la grande prêtresse du Tantra de la Main Gauche, merci à elle !)
Orroz ajoutait :"C'est pourquoi je propose aux dépendants de transformer leurs désirs de pétasses en désir vrai d'amour pour leur partenaire car en réalité c'est cette omnipotence du désir qui permet d'atteindre la vraie jouissance."


Faut pas rêver : on s'est shootés à L'EXCITATION SEXUELLE pendant très longtemps, donc tous les symptômes du manque, on les manifeste pendant des mois, et c'est l'inverse de l'excitation : apathie, dépression, aphasie, vomissements, diarrhée, saignements de nez, oedèmes pulmonaires, tumeurs scrotales..... 
bon j'arriverai pas à finir ce post, je me marre trop de ma connerie, désolé ;-(
...l'essentiel, c'est de savoir qu'on va passer par ces états dépressifs, et de s'y préparer, puis de les traverser en conscience, c'est à dire en confiance. Un truc à se rappeler quotidiennement pendant les affres du sevrage, c'est qu'on va pas en mourir, malgré qu'on sente bien que quelque chose meurt en nous, avec beaucoup de couinements d'indignation. 
Ouf , c'est pas nous : c'est l'autre.


 Re: Suite au viandage (07/04/2006)
"...poursuivre la croissance qui s'est arrêtée pour moi un jour de 1988 où j'ai vu Brigitte Lahaie faire des choses inconcevables pour le petit garçon que j'étais alors ..."
Yyyyeeessss ! t'as tout compris : le porno stoppe net le développement affectif, puis le réduit en purée sanguinolente.
 La sensibilité se dégrade en sensiblerie, et nous devenons de pauvres choses tremblotantes aggripées à l'image que des commerçants peu scrupuleux ont réussi à fourguer à nos rêves. 
Quand je dis "impuissance devant le produit", ça veut dire que le combat est perdu d'avance puisque le porno est plus fort que nous. Il ne s'agit donc plus de l'affronter mais de s'en détourner pour sauver ce qui peut l'être : puisque la dépendance consiste à effacer la douleur par ce qui la provoque, elle resserre ainsi le noeud qu'elle prétend défaire "pour un moment". 
Commercer avec un produit dans l'espoir de retrouver un plaisir qui naissait de la fortuité de la rencontre, faut vraiment être baisé de la caisse pour penser que ça peut marcher. L'addiction c'est le fait que notre raison est "incapable" de percevoir ce fait. 

Le sachant, nous pouvons mettre de la distance entre nous et le produit.



Je me demande si la compulsion au porno ne relève pas elle-même (en tout cas pour moi) d'une forme symphoniquement pathétique d'auto-apitoiement : j'ai tenté de me "consoler" de ma vie sexuelle insatisfaisante par une vie sexuelle imaginaire beaucoup plus riche. Evidemment ça s'est avéré aussi efficace que de boire de l'eau salée quand on a soif, comme dit Mathieu Ricard, qui met toujours beaucoup d'eau dans le sien. 
Il est finalement salubre que ce mensonge m'ait précipité dans l'enfer de l'addiction, puis m'en aie fait fuir épouvanté. Ce n'est pas dans l'imaginaire que nous pouvons soigner nos bobos réels, c'est en posant des actes, quel que soit le temps que ça prend pour que le sevrage nous aide à nous pardonner et à revenir à la raison, c'est à dire sortir de notre spirale délirante.






Ce petit florilège de textes issus de correspondance privée, de conversations de forums & autres blagues de cyber-comptoir a tout naturellement trouvé sa place dans le recueil de mes articles de blog relié en peau de moine tibétain que je compte offrir à ma femme pour Noël (chut, c'est une surprise) 

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Aucun aphorisme n'a été torturé pendant le tournage.

Il n'y a pour l'instant aucun commentaire client.