dimanche 29 novembre 2015

La course contre la honte (1/4)

NOTES POUR TÉMOIGNAGES à l'espace B* –  LE 23/02/14
(suite du post sur l'addiction pornoïque)

Pendant des années, j'ai caressé l'idée que c'était effectivement irréversible. Ca m'arrangeait bien, ou plutôt ça arrangeait bien le singe que je portais sur le dos et qui, avec des idées comme ça, était certain d'avoir à becqueter tous les jours. 
Je peux pas te dire que ça se soit fait en un jour avec la grande lumière et tout le tremblement. Il y a eu la prise de conscience progressive de tout ce que j'étais en train de perdre et de foutre en l'air : ma vie et celle des miens. 
Le déclic déterminant, ça a été le forum d'Orroz : au lieu de rechercher les causes personnelles, que je savais ne pouvoir atteindre sans l'aide d'un psy, je découvrais le dénominateur commun : le porno m'avait vaincu, mais j'étais pas le seul. 
D'autres témoignaient avoir été totalement sanibroyés par le même produit. 
Dans les premiers temps du sevrage, même avec des rechutes, il faut s'accrocher au connu : le contenu du site d'Orroz, et les témoignages qui convergent de partout. On sait qu'on ne vivra plus jamais la dépendance dans la résignation parce qu'on apprend qu'on peut échapper à ce mensonge un jour à la fois en se rappelant que c'en est un, et qu'il est inutile de le faire perdurer : la souffrance l'emporte immanquablement sur le plaisir.
Dès qu'on se casse la gueule, il faut l'admettre, surmonter le dégoût qu'on s'inspire car ce n'est jamais que de l'orgueil mal placé à accepter son impuissance, et recommencer le sevrage. 


 Tu peux fréquenter tous les forums du monde, et tous te serineront les mêmes évidences. A quoi bon lutter ? si tu admets la défaite, tu prends les mesures pour te protéger. Les ruses que nous mettons en place pour succomber à notre passion fatale, c'est de l'intelligence gaspillée. Tu dis "je m'arrangeais pour me retrouver 3 heures durant devant mon ordinateur et jouir des plaisirs virtuels que le web nous propose. Le même rituel à chaque fois, profonde respiration, plonger dans le porno et les cam", tu peux te poser la question : ton plaisir est-il virtuel ou réel ? es-tu toi-même quand tu te branles, ou t'estimes-tu victime d'une illusion ? quand tu prends ta profonde respiration, est-ce que tu pourrais pas en profiter pour NE PAS plonger dans le grand bain de merde dont tu ne peux ressortir que sali, honteux et encore plus frustré après qu'avant ? voir à ce sujet la méthode respiratoire de super guerrier 3000, que je trouve c'est le cas de le dire, bien inspirée.



N'oubliez pas que le désir ou le sentiment de toute-puissance que nous exerçons sur nous ou les autres n’est que la dégradation de cet état originel non-séparé (d’avec nous-mêmes) que nous cherchons à retrouver. 
Le désir de puissance n’est que la dégradation de la dégradation de la nature originelle. Qui s’étonnerait alors qu’il soit si bien accroché ?
 Les cyberdépendants combattent leur désir. Pas de chance, le désir de la pétasse sur un écran n’est que la dégradation de quelque chose de plus haut, car la jouissance sexuelle n’est qu’une version dégradée de la béatitude produite par l’union de la clarté et de la vacuité. Autrement dit, rejeter le désir, c’est jeter l’échelle qui nous permet de remonter à notre vraie nature. Et ça ne peut pas marcher.

(emprunt à la grande prêtresse du Tantra de la Main Gauche, merci à elle !)
Orroz ajoutait :"C'est pourquoi je propose aux dépendants de transformer leurs désirs de pétasses en désir vrai d'amour pour leur partenaire car en réalité c'est cette omnipotence du désir qui permet d'atteindre la vraie jouissance."


Faut pas rêver : on s'est shootés à L'EXCITATION SEXUELLE pendant très longtemps, donc tous les symptômes du manque, on les manifeste pendant des mois, et c'est l'inverse de l'excitation : apathie, dépression, aphasie, vomissements, diarrhée, saignements de nez, oedèmes pulmonaires, tumeurs scrotales..... 
bon j'arriverai pas à finir ce post, je me marre trop de ma connerie, désolé ;-(
...l'essentiel, c'est de savoir qu'on va passer par ces états dépressifs, et de s'y préparer, puis de les traverser en conscience, c'est à dire en confiance. Un truc à se rappeler quotidiennement pendant les affres du sevrage, c'est qu'on va pas en mourir, malgré qu'on sente bien que quelque chose meurt en nous, avec beaucoup de couinements d'indignation. 
Ouf , c'est pas nous : c'est l'autre.


 Re: Suite au viandage (07/04/2006)
"...poursuivre la croissance qui s'est arrêtée pour moi un jour de 1988 où j'ai vu Brigitte Lahaie faire des choses inconcevables pour le petit garçon que j'étais alors ..."
Yyyyeeessss ! t'as tout compris : le porno stoppe net le développement affectif, puis le réduit en purée sanguinolente.
 La sensibilité se dégrade en sensiblerie, et nous devenons de pauvres choses tremblotantes aggripées à l'image que des commerçants peu scrupuleux ont réussi à fourguer à nos rêves. 
Quand je dis "impuissance devant le produit", ça veut dire que le combat est perdu d'avance puisque le porno est plus fort que nous. Il ne s'agit donc plus de l'affronter mais de s'en détourner pour sauver ce qui peut l'être : puisque la dépendance consiste à effacer la douleur par ce qui la provoque, elle resserre ainsi le noeud qu'elle prétend défaire "pour un moment". 
Commercer avec un produit dans l'espoir de retrouver un plaisir qui naissait de la fortuité de la rencontre, faut vraiment être baisé de la caisse pour penser que ça peut marcher. L'addiction c'est le fait que notre raison est "incapable" de percevoir ce fait. 

Le sachant, nous pouvons mettre de la distance entre nous et le produit.



Je me demande si la compulsion au porno ne relève pas elle-même (en tout cas pour moi) d'une forme symphoniquement pathétique d'auto-apitoiement : j'ai tenté de me "consoler" de ma vie sexuelle insatisfaisante par une vie sexuelle imaginaire beaucoup plus riche. Evidemment ça s'est avéré aussi efficace que de boire de l'eau salée quand on a soif, comme dit Mathieu Ricard, qui met toujours beaucoup d'eau dans le sien. 
Il est finalement salubre que ce mensonge m'ait précipité dans l'enfer de l'addiction, puis m'en aie fait fuir épouvanté. Ce n'est pas dans l'imaginaire que nous pouvons soigner nos bobos réels, c'est en posant des actes, quel que soit le temps que ça prend pour que le sevrage nous aide à nous pardonner et à revenir à la raison, c'est à dire sortir de notre spirale délirante.






Ce petit florilège de textes issus de correspondance privée, de conversations de forums & autres blagues de cyber-comptoir a tout naturellement trouvé sa place dans le recueil de mes articles de blog relié en peau de moine tibétain que je compte offrir à ma femme pour Noël (chut, c'est une surprise) 

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Aucun aphorisme n'a été torturé pendant le tournage.

Il n'y a pour l'instant aucun commentaire client.

samedi 28 novembre 2015

Des écrivains contre la terreur (2/2)


Donner un sens à l’abîme, par Marcello Fois


LE MONDE DES LIVRES | 19.11.2015

Je suis parfois obligé de rappeler que, depuis toujours, le but d’être des personnes, et pas seulement des êtres vivants, consiste à donner un sens à l’abîme dont nous provenons. Les communautés ont appelé Histoire ce réservoir d’expériences à travers lesquelles l’homme a réussi à devenir un animal politique, et pas seulement un corps réactif, un organisme bestial.

Il m’arrive d’éprouver la frustration de me considérer comme pensant contre ceux qui ne pensent pas, de me sentir tolérant contre ceux qui ne tolèrent pas, de me sentir instruit de tout ce que ceux-là veulent ignorer. On comprend aujourd’hui combien coûte le maintien de notre propre sens, démocratique, du monde. Les faits horribles de Paris représentent une mise à l’épreuve de la puissance de celui-ci. Ce qui est mis en jeu ici, aujourd’hui, c’est la résistance de ce que nous avons défini, avec trop de superficialité, comme démocratie occidentale. Doit-on s’humilier au point de céder  ? Ou doit-on répondre avec la fermeté de la culture  ? Répond-on en ressemblant à l’ennemi ou réaffirme-t-on que rien, rien au monde, aussi horrible, aussi animal, aussi intolérant soit-il, ne peut nous faire abandonner l’idée que toute civilisation se développe dans l’expression de sa propre tolérance, de sa propre liberté  ?

Je n’ai aucun doute là-dessus. C’est à partir de la France, de la grande France, que ces valeurs, de liberté, de tolérance, de fraternité, se sont diffusées dans le monde. Ce qui explique pourquoi l’attention de ceux qui veulent imposer un modèle antilibéral, intolérant, égoïste, s’est concentrée sur ce grand pays. Il serait trop facile de céder à la résignation de la rage. Notre rage doit nous confirmer dans nos valeurs constitutives. Notre douleur, atroce, doit nous rendre plus lucides, et pas nous aveugler. C’est difficile, l’envie de céder est forte, mais cela signifierait donner raison à ceux qui nous veulent faibles, incertains, indécis, à ceux qui nous veulent, en un mot, vaincus.

Eh bien, ils ne doivent pas y parvenir. Je suis rivé à l’écran de télévision, je pleure ces pauvres créatures massacrées, je pense à mes enfants et dans leurs yeux je lis, en quelque sorte, ma défaite. Parce qu’il est évident que, d’une façon ou d’une autre, je n’ai pas été assez efficace, j’ai vainement cru que la culture était un rempart assez fort pour résister aux assauts de ceux qui, depuis toujours, voient en elle un danger à abattre. Ensuite, j’essaie de sourire et de leur dire que la seule défense possible est dans la fermeté des principes. Leur abandon serait la vraie défaite. Le coût que nous avons à payer, le terrible coût que nous devons payer, consiste justement dans cette précise fermeté. Ils ne nous forceront jamais à rester cloîtrés à la maison, ils ne nous forceront jamais à croire sans réfléchir, ils ne nous forceront jamais à voiler et à isoler nos femmes. En aucune façon, ils ne nous forceront à entrer dans leur abîme.

Aujourd’hui, et pour toujours, nous sommes tous français.


Le monde est fou, par Pierre Pachet

LE MONDE DES LIVRES | 19.11.2015


« La guerre ? C’est quoi une ­kalachnikov ? Un kamikaze ? », me demande ma petite-fille, 17 ans. Je reviens sur le sergent soviétique ­Kalachnikov, qui, dès les années de guerre conçut cette arme automatique – « elle tire des balles à répétition  » – fiable et peu coûteuse. Les kamikazes étaient des unités de l’aviation japonaise vouées à lancer leurs appareils chargés de bombes sur la flotte américaine, en 1944, sans espoir de survie du pilote. Puis le terme fut utilisé pour qui se lance dans une attaque en y sacrifiant sa vie.

Ces deux innovations ingénieuses ouvraient le règne de l’objet portatif, de la puissance de l’individu insaisissable (me dis-je). Elle : «  Mais la guerre que tu as connue, c’était autre chose ? Avec des armées, des canons ?  » «  Bien sûr.  » Ce que je retrouve pourtant, c’est la façon dont la vie intime est interrompue et menacée par une masse obscure, lointaine ou trop proche  : pas les accidents, les maladies, le manque d’argent. La vie intime  : le souci pour les siens, le désir de retrouver l’appartement à l’odeur familière, les objets que l’on chérit, les pensées partagées ou abritées en soi. Où sont-ils  ? Ne devaient-ils pas aller ensemble à un concert dans ce quartier  ? Et jadis : pourvu qu’ils aient choisi d’aller à l’abri, plutôt que de suivre le mouvement de foule qui conduisait vers un parc qui n’était pas un objectif militaire, et qui a été sévèrement bombardé.

Les adultes se disputent. Leur monde est devenu fou. Eux qui doivent dire comment faire, et ils ne s’en privent pas, cachent peu leur incertitude. Leur devoir est de rassurer. Comme le chien de chasse de l’ambassadeur à Belgrade décrit par Malaparte dans Kaputt, que les bombardements aériens affolent, et que rassure un coup du fusil familier tiré dans le jardin. La guerre menée ailleurs avec de vraies armées, qui ne manquent pas d’agresser des civils au hasard, frappe ici dans la ville prospère, éclairée. Elle y déchire les âmes, qui doivent cependant se rassembler sur elles-mêmes pour poursuivre leur vie, sans trop se sentir coupables de le faire, garder le sens des proportions.


Une nouvelle urgence langagière, par Richard Ford

LE MONDE DES LIVRES | 18.11.2015

Aujourd’hui, j’ai découvert dans le New York Times l’interrogation toute simple d’un Parisien témoin du carnage du 13 novembre à qui un journaliste demandait ce qu’il pensait des événements. «  Pourquoi nous  ?, disait ce malheureux. Pourquoi nous, encore une fois ?  »

Quand j’ai lu cette phrase, je me suis dit que si la stupéfaction de cet homme se comprenait sans peine, sa question appartenait déjà au passé, à un passé qui nous laisse sur place. Il n’y a pas si longtemps, le 7 janvier dernier, au lendemain du massacre à Charlie Hebdo, elle était peut-être encore pertinente : nombre de citoyens, dont quelques écrivains américains de mes collègues, s’accordaient à dire qu’il y avait une logique dans ces assassinats, et qu’il nous faudrait la prendre en compte en étant, par exemple, plus respectueux de la religion des autres – le corollaire étant qu’en retour, ces autres-là auraient peut-être l’obligeance de cesser de nous tuer.

Ce raisonnement n’avait aucun sens pour moi, déjà à l’époque. D’une part, parce que je ne me crois nullement tenu de respecter la religion d’autrui (mais seulement le croyant lui-même, pourvu qu’il mérite effectivement mon respect). Et surtout parce que je n’ai jamais cru une seconde que ces attentats avaient quelque chose à voir avec la religion. Ils représentent au contraire une tentative aveugle pour s’emparer du pouvoir politique à l’arraché en s’appuyant sur le crime organisé, la psychopathologie et la pseudo-religion.

Au lendemain des événements sanglants de la semaine dernière, celui qui demande «  Pourquoi nous ?  » se trouve dans les mêmes dispositions d’esprit que les Américains qui affirment volontiers sur un ton d’excuse «  Ça n’arriverait pas chez nous  » (ce qui reste à voir, d’ailleurs) quand un assassin abject entre dans une salle de classe et massacre des dizaines d’élèves. Ces deux réactions renvoient à la nostalgie d’un temps où nous avions – quel luxe ! – une forme de prise sur les événements. L’histoire, la logique, la prévisibilité sont autant de termes qui ne veulent plus tout à fait dire la même chose aujourd’hui qu’hier, et nous ferions bien d’en prendre acte si nous ne voulons pas avoir à payer un prix effroyable. La catastrophe est lourde de conséquences qui vont beaucoup plus loin que ce qui saute aux yeux – jusque dans l’usage des mots et la formulation de questions d’une importance vitale.

Dans son superbe essai Patries imaginaires (10/18, 1995), mon ami Salman Rushdie cite le plus parisien des romanciers américains, Richard Wright : « Jadis, en Amérique, les Noirs et Blancs se sont livré une guerre sur la nature de la réalité. Leurs représentations étaient incompatibles… il a fallu trouver de nouveaux termes pour rendre compte du monde avant de le changer. » Quand bien même la plupart d’entre nous n’espèrent plus changer le monde de leur vivant, mais seulement opérer quelques rectifications propres à dissuader certains de les effacer de la carte, passer au crible les mots de tous les jours pourrait soutenir utilement ce projet louable.

Car il ne manque pas de mots à redéfinir, à réattribuer, pour qu’ils épousent au plus près cette réalité émergente ; soyons fermes avec eux, ils ne nous serviront que mieux  : il est crucial de les prendre au sérieux.

Les journalistes sont bien évidemment concernés par cette nouvelle urgence langagière, eux qui nous dispensent une information – ou une désinformation – vitale à nos yeux. Avec la concurrence des chaînes d’info en continu, où tout ce qui est rapporté semble avoir plus ou moins le même poids, le souci de la langue tend à tomber en désuétude. Pour y remédier, on peut dans un premier temps se baser sur l’approche classique du journalisme selon l’éditorialiste américain Walter Lippmann : «  Le rôle du journaliste, écrit-il, c’est de fournir au citoyen une image de la réalité qui lui permette d’agir.  »

Cette définition s’applique assez bien à tous, dans la mesure où la responsabilité civique se manifeste dans l’usage raisonné des mots, surtout quand on a le canon sur la tempe.

Donc. Par où commencer devant la nouvelle urgence ? Nous avons l’embarras du choix. Lorsque le président Hollande dit «  Nous sommes en guerre  » et affirme qu’il livrera cette guerre de manière «  impitoyable  », que veut dire le mot «  guerre  » face à cet Etat qui n’est pas une nation, sous le masque duquel opère Daech ? Et qu’indique sur nous le terme « impitoyable  » ?

Lorsque mon ami journaliste m’a dit au téléphone depuis Paris : «  Personne n’a le sentiment que ce carnage soit tout à fait fini  », entendait-il la même chose qu’hier par ce mot ? Faut-il en déduire que nous attendons ? Attendre, mais encore ? Quand un homme politique déclare qu’il veut «  restaurer la confiance  » au lendemain du drame, la confiance est-elle encore d’actualité ? Quelqu’un aurait-il le pouvoir de la restaurer ? Madame Le Pen, on le sait, s’exprime souvent en langage codé, mais enfin, concrètement et dans la vraie vie, à quoi renvoie son appel à «  réarmer la France  » ?

Et quand un responsable parisien dit qu’il tente de «  comprendre le sens de cette tragédie  », on se demande de quel «  sens  » il pourrait s’agir, mais surtout quelle démarche permettrait de le «  comprendre  ». Que veut dire « en sécurité » désormais ? Qu’est-ce qu’une « urgence » ? Le mot «  choc  » pèse-t-il encore son poids ? Avons-nous seulement le temps d’être sous le choc ? Irons-nous mieux en nous déclarant « choqués » ? Et quant à cet homme qui voulait savoir «  pourquoi nous, une fois de plus  », encore faudrait-il déterminer à qui au juste renvoie ce «  nous  », et si «  une fois de plus  » n’exprime pas qu’une redite parfaitement creuse.

«  Existentiel  » est également sur la liste. La question « de vie ou de mort », tout à fait explicite hier, est devenue «  une question existentielle  ». Il fut un temps où l’adjectif traduisait des considérations moins primaires que la simple survie. L’ami qui m’a téléphoné aujourd’hui me disait : «  Avec tous les discours des divers politiciens, il devient difficile de savoir comment exister.  » Oui, ça, je comprends. Comme pour nos amis les journalistes, les termes que nous employons devraient témoigner que nous avons conscience de nos actes, conscience de ce qu’ils entraîneront, avec les meilleures intentions. C’est peut-être ce que nous entendons par «  une question existentielle  ». Comme je l’ai dit, un drame tel que celui qui vient de mettre Paris à si terrible épreuve implique des conséquences complexes. Il change le sens des mots. Il n’y a pas grand-chose à y faire, sinon essayer de ne pas se laisser prendre de court par l’histoire.

vendredi 27 novembre 2015

L'engagement comme initiation

Qu’est-ce que je vais leur cuisiner aujourd’hui ? 
... éternel retour quotidien de la question de la ménagère de plus de 50 ans que je suis devenue, attachée au cyber-fourneau comme d’autres le sont au radiateur.
J’avais prévu autre chose, mais c'était pas tout à fait prêt, et puis les feux de l’actu en décident autrement, c’est pas grave et même tanpitanmieux, et si d’autres matins se lèvent, issus du premier matin, je trouverai bien le temps d’épuiser les stocks qui s’accumulent et les lecteurs qui se massent aux fenêtres.

Merci à Daniel de m’avoir indiqué le texte ci-dessous, il résume ce que j’essaye de transmettre en ce moment à des personnes qui me sont chères mais en ce moment les nuits sont courtes.
A des titres divers , celui-ci intéressera JMS, MW, et CD.
En tout cas je l'espère. 

-> extraits de l'article de clés :

La contre-initiation infernale

Dans la pensée traditionnelle, le profane n'a de sens que dans ses rapports au sacré ; cela va si loin que “la condition humaine participe au sacré ou bien n'existe pas”. Dans cette perspective, l'équation s'énonce comme suit : s'engager ou ne pas être. Mais cette participation, cette mise en gage de soi-même, ne se donne pas à priori comme effective ; elle se manifeste par degrés de la naissance à la mort, révélant, au rythme des passages dans la profondeur de l'être, les modalités de la psyché prenant successivement connaissance d'elle-même, du cosmos et des dieux.
”L'homme banal”, lui, nouvel habitant de la civilisation post-moderne, évolue dans un temps vidé du tragique de l'existence : l'homme, jadis prométhéen, ne s'intéresse désormais plus aux feux intérieurs des brasiers divins, il n'a plus d'inquiétude à dérober des étincelles de cette nature. Son attention se focalise sur les feux de surface, source des puissances mécaniques qui propulsent ses jouets. Les grandes migrations de l'alliance originelle ne traversent plus aucun désert, ni mer Rouge, ni quelque terre promise censés nous conduire quelque part ! L'homme “banal” a sombré dans l'animisme et l'idolâtrie des objets, l'oubli de la leçon du mythe et de l'initiation ; ceux-ci n'ont plus pour lui que valeur d'anecdote.
Ainsi la ligne du réel est brisée, et le voyage en profondeur dans les sillons de l'âme, dans les labyrinthes du cosmos et dans le secret des empyrées n'a plus cours. Le fil d'Ariane s'est rompu en courts segments, puis en points infiniment distants l'un de l'autre. Chacun pour soi !
Et nos gosses en payent le prix !

Depuis une vingtaine d'années ma vocation de philosophe thérapeute m'engage auprès des personnes dépendantes, auprès de ceux qui ont vainement tenté le “grand saut”, expérimenté des processus d'ivresses analogues à ce que la tradition nommait la “contre initiation”, à ce que j'appellerai ici le “contre engagement”, avec pour tragiques conséquences le retournement du projet initiatique, la descente aux enfers, la stagnation dans une espèce d'œuvre au noir contrefaite et indéfiniment prolongée, l'oubli de Soi, la fermeture au Cosmos et au Theos. L'engagement initiatique est une exigence de l'âme, et lorsque l'ivresse d'une telle expérience fait défaut dans une société, l'enfant digne de ce nom cherche par tous les moyens qui lui restent à réaliser la noble intensité vibratoire.
Hélas ! les stratégies sont oubliées et les itinéraires ne sont plus balisés. Les gosses se perdent dans les vertiges creux et des abîmes sans fond. Mais quel rapport entre l'ivresse et l'initiation (ou l'engagement initiatique) ? Toutes les expériences initiatiques (d'engagement), par la pensée qu'elles opèrent dans la substance du monde, modifient, de même que l'ivresse, la perception normale de “l'homme banal”. En fonction des caractéristiques particulières d'une telle initiation, des champs de conscience spécifiques développent une intelligibilité et des colorations émotionnelles très spéciales, pour le moins qu'on puisse dire. Il y a donc équivalence entre l'ivresse et l'initiation, ou plutôt, à chaque moment initiatique correspond un certain état extatique et réciproquement.
En 1931, Drieu La Rochelle écrivait cette phrase prémonitoire : “Les drogués sont des mystiques vivant dans une époque matérialiste, qui n'ont plus la force nécessaire pour animer les choses autour d'eux, pour les sublimer dans le sens du symbole ; ils entreprennent sur elles un travail inverse et réducteur au bout duquel les choses en sont rongées jusqu'à l'atteinte du noyau du néant.”

tiens, et celui-ci, et puis ça ira pour aujourd'hui.
A demain, j'ai du boulot.

jeudi 26 novembre 2015

Des écrivains contre la terreur (1/2)


Bref dictionnaire des idées reçues, par Olivier Rolin


LE MONDE DES LIVRES | 19.11.2015 à 11h30

« Ça n’a rien à voir avec l’islam. » Mais non, bien sûr. Des tueurs qui mitraillent au cri d’Allah Akhbar, ça n’a rien à voir avec l’islam. L’« Etat islamique » n’a rien à voir avec l’islam. Ce doit être une erreur de traduction. Les abominations commises chaque jour, dans le monde entier, au nom d’Allah, les égorgements, les décapitations, les crimes contre les femmes, ça n’a rien à voir avec l’islam. Soyons sérieux. Le djihadisme est sans doute une maladie de l’islam, mais il entretient précisément avec cette religion le rapport incontestable qu’a une maladie au corps qu’elle dévore.

« C’est une infime minorité. » Sans doute. Mais quelques milliers de « radicalisés » dans notre pays, ce n’est tout de même pas rien. Les groupuscules gauchistes des années post-68 (auxquels j’ai appartenu) n’étaient guère plus nombreux. Les bolcheviks russes non plus, cela ne les a pas empêchés de fabriquer un des deux grands totalitarismes du XXe siècle. (De même, d’ailleurs, aux yeux des dévots, les « crimes de Staline » n’avaient-ils rien à voir avec la pure essence du communisme soviétique…)

« Les musulmans n’ont pas à se désolidariser publiquement de la barbarie djihadiste », puisqu’ils n’en sont pas les auteurs. Ce serait accepter la fameuse « stigmatisation ». J’avoue que cette logique m’échappe. On manifeste en général contre une chose à laquelle on n’adhère pas, dont on ne se sent pas partie prenante. Les citoyens français qui manifestaient, autrefois, contre la guerre d’Algérie n’en étaient pas non plus responsables, mais on la faisait en leur nom, et c’est précisément pour cela qu’ils se sentaient tenus de manifester hautement leur opposition. Les morts de Charonne n’étaient pas à leur place ? [Le 8 février 1962, neuf manifestants contre la guerre d’Algérie ont été victimes de la violence policière au métro Charonne, à Paris.]

« Il faut déradicaliser les fanatiques. » Je crains que cette idée de modernes exorcistes ne soit qu’une blague pittoresque, germée dans des esprits qui n’ont jamais eu affaire à d’authentiques démons (pour parler comme Dostoïevski). Le hasard fait que, la veille du massacre, on m’avait invité au MuCEM, à Marseille, à parler de Blaise Cendrars. J’avais choisi de commenter, notamment, un passage extraordinaire de Moravagine, où est décrit le type du terroriste devenu machine à tuer : « Le sang veut du sang et ceux qui, comme nous, en ont beaucoup répandu, sortent du bain rouge comme blanchis par un acide. Tout en eux est flétri, mort. Les sentiments s’écaillent, tombent en poussière ; les sens vitrifiés ne peuvent plus jouir de rien et se cassent net à la moindre tentative. » Je doute qu’une équipe de psychologues et d’imams puisse faire revenir à l’humanité ceux dont le sang a brûlé l’âme. Jésus faisait sortir du corps les esprits impurs pour les fourrer dans des cochons, mais c’était Jésus.

Je respecte les croyants pacifiques, j’admire ceux, la grande majorité sûrement, qui résistent aux intimidations des fanatiques, je souhaite aussi ardemment que quiconque la paix civile, mais ce ne sont pas des subterfuges pour éviter de regarder la Mort en face qui la détourneront de nous.




Déplorer, maudire, ne pas comprendre, par Jérôme Ferrari


LE MONDE DES LIVRES | 19.11.2015 à 13h23

Peut-être sommes-nous entrés en guerre, peut-être sommes-nous entrés en résistance, je ne sais pas. Il y a sans doute bien des manières d’être en guerre et de résister. Les querelles sémantiques paraissent bien vaines. Mais je sais que Paris n’est pas Homs, et je crains fort que persister à boire un apéritif en terrasse ne transforme aucun de nous en Jean Moulin. Finalement, ce serait bien qu’on commence par se mettre d’accord sur le sens des mots. Avant d’entendre à la radio une ministre que je me refuse à accabler, j’ignorais, par exemple, que les stades de foot étaient des temples de la « fraternité », sur lesquels déferlent régulièrement, comme chacun sait, des tsunamis d’amour. De même, je ne suis pas très sûr de bien comprendre ce qu’une autre ministre, qu’il est également superflu de nommer, appelle « lieux de culture ». L’émotion est immense, elle est légitime, et elle explique évidemment que règne une certaine confusion dans le choix du vocabulaire.

Cette émotion, je n’ai aucune difficulté à la comprendre, elle est aussi la mienne, même si je demande que l’on me permette de n’en rien dire ici. J’en ai mesuré l’ampleur au cours d’un week-end sidérant passé sur Facebook. Elle est indéniablement sincère quoiqu’elle m’ait parfois semblé quelque peu ostentatoire et, pour tout dire, indécente, d’une indécence irréprochable ne provoquant qu’une nausée vague mais persistante, une gêne comparable à celle qu’on ressent lorsque, au cours d’un enterrement, des inconnus pleurent plus fort que la famille du défunt. Il me semble que respecter le deuil de ceux qui ont perdu des proches, c’est comprendre que notre peine et notre empathie, si sincères fussent-elles, ne peuvent se comparer à l’infini chagrin qui est, hélas, le leur et n’appartient qu’à eux. Mais l’horreur des attentats et la nature même des réseaux sociaux n’invitent évidemment pas à la retenue.

Il est donc nécessaire que l’émotion s’exprime, même maladroitement, mais on ne peut admettre qu’elle le fasse sous la forme coercitive d’une injonction. Car une telle injonction revient à condamner d’avance comme complice ou criminel tout effort d’exercice du jugement. On assiste, comme c’était déjà le cas en janvier, à un renversement aberrant de la maxime spinoziste : il nous serait permis de rire, déplorer et maudire mais en aucun cas de comprendre. Car « comprendre », bien sûr, c’est « excuser » – et on a honte, dans un pays qui a une si haute opinion de sa stature intellectuelle, de devoir écrire que cette équivalence est d’une insondable stupidité. Mais notre amour de la dichotomie est immodéré. On en restera donc à la dénonciation unanime de la « barbarie ». C’est effectivement très simple, et c’est plus confortable.

Cela nous évitera de nous interroger sur une société qui veut se reconnaître dans un texte, prétendument publié dans le New York Times [en réalité, un commentaire posté sous un article par un internaute], compilant les clichés les plus grotesques sur la France – et l’on voit que l’émotion n’interdit pas qu’on tire d’une tragédie un bénéfice narcissique. Qui oserait critiquer cette société si festive, si subtilement transgressive, qu’elle suscite, en raison de sa perfection même, la colère des méchants ?

Cela nous évitera de constater que lesdits méchants en sont très majoritairement des produits, et il nous sera épargné de poser cette question terrible : que se passe-t-il, en France, pour qu’une idéologie aussi répugnante que le salafisme devienne un objet de désir ? – et chercher à comprendre cela, j’ai encore honte d’avoir à l’écrire, ce n’est excuser aucun criminel, cela n’empêche même pas qu’on fasse tout pour les punir.

Cela nous évitera de nous demander si la stigmatisation aveugle et collective d’une partie de nos concitoyens n’est pas le moyen le plus sûr d’encourager la radicalisation – ce que savent bien les « barbares » qui ne font pas l’erreur, eux, de ne pas chercher à comprendre leur ennemi.


Cela nous évitera de nous horrifier en entendant une journaliste de France Inter demander en toute décontraction à un parlementaire si la proposition ignoble de Wauquiez d’ouvrir un Guantanamo à la française n’est pas, après tout, une si mauvaise idée que ça.

Cela nous évitera enfin de nous demander si ce que nous risquons de perdre maintenant, à la vitesse inouïe qui est toujours celle des catastrophes – ce que nous avons, je le crains déjà, commencé à perdre – n’est pas plus fondamental que le champagne, l’odeur du pain chaud et les cinq à sept dans un hôtel parisien.

Edit :
on n'a pas fini de se marrer :
http://www.les-crises.fr/etats-de-terreur-par-chris-hedges/

En même temps, il faut savoir raison garder :
http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2015/11/25/cinq-idees-recues-sur-l-islam-et-le-terrorisme_4817306_4355770.html

mercredi 25 novembre 2015

Le cul sur le volcan


Charlie Hebdo de cette semaine




campagne de 2012 
(filmée au bout de la rue de chez moi et garantie sans trucage)
"le changement c'était maintenant", lol

et pour finir, un bon article sur le salafisme
(le correcteur automatique me propose spontanément "satanisme", je pense qu'il faut l'envoyer en révision, à moins que ses facéties soient frappées au coin du bon sens loin de chez vous, mais c'est comme dans les mésaventures intimes où l'on passe parfois brutalement de très loin à trop près, on ne sait plus trop quoi en penser au jour d'aujourd'hui de l'heure qu'il est, surtout quand il est trop tard que tu ne penches)

et des analyses, en veux-tu en voilà.
Mais bous poubez faire vos propres rebues de presse à partir du site lemonde.fr et d'un petit piolet de moyenne montagne.






http://abonnes.lemonde.fr/emploi/article/2015/11/19/bernard-stiegler-ce-n-est-qu-en-projetant-un-veritable-avenir-qu-on-pourra-combattre-daech_4813660_1698637.html

http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2015/11/24/nazis-dans-le-metro/

mardi 24 novembre 2015

Jean-Pierre Filiu : « Contre Daech, le temps est désormais compté »


Une accumulation d’erreurs


« La montée en puissance de l’Etat islamique s’est nourrie avant tout de nos erreurs collectives accumulées. On a vu grossir ce monstre, on l’a vu devenir de plus en plus menaçant et, très honnêtement, on n’a rien fait. Je ne veux pas accabler nos responsables politiques. En France, on a fait tout ce qu’on a pu, mais à l’échelle française. Or on a beau faire tout ce que l’on peut, face à la vulnérabilité du continent européen et à cette menace transnationale à vocation globale, ça ne peut pas avoir un impact décisif…


On voit bien que les Français embêtaient tout le monde, que, dans toutes les réunions européennes ces dernières années, nos partenaires regardaient leur montre en disant : “Les Français vont encore nous parler de la Syrie, ils vont encore nous parler de Bachar Al-Assad…”


Pareil avec les Américains. Je pense que ce n’est que dans la nuit de vendredi à samedi que Barack Obama a compris que ce n’était pas des histoires de « néandertaliens » euro-arabes, mais qu’était en jeu la sécurité du continent, la sécurité du plus vieil allié des Etats-Unis. J’espère beaucoup de cette prise de conscience nouvelle. »

L’ascension de Daech

« Pour ne parler que de la période la plus récente, trois décisions ou non-décisions internationales se sont traduites par une envolée du nombre des recrues de Daech. Il y a d’abord, en août 2013, le refus d’Obama d’intervenir après l’utilisation des armes chimiques par le régime de Bachar Al-Assad. Daech met alors des photos des enfants gazés sur tous ses sites en disant : “Voilà le monde et voilà ce qu’on fait aux musulmans dans le monde. Si vous êtes une bonne musulmane, un bon musulman…” C’est la première fois que Daech recrute sur une base “humanitaire”.


Deuxième temps, août 2014, quand la coalition se contente de bombardements aériens : une situation idéale pour Daech. L’organisation compense très largement les pertes infligées par un recrutement accru.


Troisième temps, dont nous venons de payer le prix dans les rues de Paris, c’est l’entrée en jeu de Poutine et d’une forme renouvelée de la guerre sainte, avec sur le terrain des supplétifs iraniens et chiites. Il faut savoir que les avions militaires russes sont bénis par l’Eglise orthodoxe avant leurs missions. (…) Or Daech s’appuie sur un mythe fondateur, une prophétie apocalyptique, celle de la fin des temps. Dans cette vieille prophétie, il y a des batailles en Syrie, dans des endroits très précis où ont justement lieu des combats en ce moment, et puis surtout, il y a des “Roum” : les “Roum”, ce ne sont pas les Romains, ce sont les orthodoxes et, quand les Roum interviennent en Syrie… bingo ! La puissance de la prophétie se met en marche. »

Relever le défi

« On peut gagner cette guerre. Daech, c’est 30 000 combattants, 5 000 Européens, et une idéologie qui peut se démonter en un recto verso. Simplement, il faut s’en donner les moyens. Il faut commencer par faire mentir les prophéties et donc leur infliger au plus vite une défaite carabinée. Sans s’allier pour autant avec les Russes – ni avec Bachar Al-Assad, qui n’apporte rien à la guerre contre Daech. On peut reprendre assez vite les territoires tenus en Syrie par Daech. Et il faut plus que jamais aider et soutenir les “révolutionnaires syriens” qui combattent à la fois Daech et l’armée de Bachar Al-Assad. Ce sont les seuls à pouvoir l’emporter sur le terrain. Envoyer des troupes occidentales serait tomber dans l’énorme piège que nous tend Daech.


Après, il faut évidemment donner la parole aux victimes musulmanes, qui sont l’écrasante majorité, et aux dissidents de l’organisation qui ne peuvent renouer avec la vie qu’en dénonçant ce qu’ils ont vu. Et là, à mon avis, sur le plan militaire et sur le plan de la communication, on peut reprendre l’initiative assez vite, mais le temps est compté, parce que, pour l’instant, ce sont eux qui décident du calendrier, qui fixent les priorités et on voit bien qu’ils nous ont porté un coup terrible. »





Propos recueillis par Alain Frachon et Vincent Giret






lundi 23 novembre 2015

Abu Miaou : Rira bien qui mourra le dernier


De nombreux Belges ont répondu, dimanche 22 novembre au soir, avec un humour rafraîchissant à la demande des autorités de s’abstenir de partager sur les réseaux sociaux des informations sur les opérations antiterroristes en cours dans plusieurs communes bruxelloises et à Charleroi.
Sur twitter, plutôt que de diffuser des images prises par des voisins ayant vu sur ces 22 perquisitions, ou des informations sur les lieux où elles se tenaient, ils ont envahi la Toile de petits chats, sous le mot-clef #BrusselsLockdown.


http://abonnes.lemonde.fr/attaques-a-paris/article/2015/11/23/belgique-des-internautes-diffusent-des-photos-de-chatons-en-attendant-la-fin-des-operations-antiterroristes_4815242_4809495.html

Je crois que les Belges sont en train de nous donner une grande leçon de savoir-vivre, même s'ils sont le jour d'avant et nous le jour d'après, ce qui fait une sacrée différence subjective.

Peut-être nous donneront ils une leçon de savoir-mourir ?

Je ne sais pas s'il existe une telle chose que "l'humour de guerre", mais si oui il semble de meilleure qualité que l'humour de pets.







Edit

Vous avez remarqué, Thérèse, y'a comme une deuxième couche...





Edit II :  on ne s'en lasse pas, enfin, pas tout de suite...